4* Année. N° 33 25 Avril 1900
Le Christ ressuscité ne meurt plus
Le temps est le plus grand ennemi des choses humaines. Rien qui reste debout au choc des siècles; rien qui ne soit, dès sa naissance, destiné à la destruction. Nous sommes aussi emportés par le temps. De nous, que restera-t-il ? Un souvenir pieux, notre nom prononcé par quelques amis : voilà tout ; puis les années se succéderont, le temps marchera, l'oubli se fera. Peut-être l histoire garde-l-elle le nom d'un homme, mais qui l'aime encore ? qui lui obéit ? qui le craint on le respecte ? Le temps Va couvert de son ombre silencieuse, tout est fini pour lut : voilà l'homme.
Mais il est un nom qui échappe à la loi universelle de l'oubli, et l'amour le prononce toujours avec la même tendresse : le nom de Jésus-Christ.
Le Christ! voilà dix-neuf siècles que l'humanité le contemple avec admiration, le goûte avec délices, qu'elle cherche en tremblant les traces sanglantes de ses pas et qu'elle les suit sans se lasser jamais. Ce n'est pas ainsi que régnent les hommes. Aujourd'hui, pour eux, c'est le triomphe; demain, la chute! Pendant leur vie, ils régnent, on leur obéit; après leur mort, ils dorment oubliés dans la tombe.
Jésus seul continue de vivre après sa mort; il renait chaque jour au milieu des hommes; il règne sur les intelligences, et les intelligences se soumettent ; sur les passions, et les passions se plient sous le joug; sur les coeurs, et les coeurs l'aiment. Quel est donc cet homme qui échappe seul à la destinée de tous les autres hommes; qui, seul au monde, a régné /|ier, règne aujourd'hui et régnera demain ? Quel est cet homme en qui il n'est rien de périssable et rien de changeant ?
Cet homme, c'est celui-là même qu'hier nous contemplions dans ses souffrances, dans son agonie et dans sa mort, méprisé, bafoué, accablé d'outrages, qui était le rebut du peuple et pour les hommes un objet d'horreur. Et voilà que ces mêmes hommes se sont pris à l'aimer, à l'adorer, à baiser ses pieds sanglants, à recueillir pieusement le sang de -" tissures. Cet homme, c'est celui qu'on avait traîné hors de la ville commt. .:.« malfaiteur, qu'on avait chargé d'imprécations et cloué sur un gibet infâme. Et voilà que les hommes ont enlevé en pleurant ce^fâéJpîtS^Mtt baisé et 'ous, au moment de mourir, cherchent d'une main wfabmfoejtàjyisioix du supplicié, heureux de l'approcher de leurs lèvres en/rQadnl le dèrnf^soupir !
/"-M lï 1? \^\ P' GlORDANO.