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Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1898-07-15

Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328123058

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb328123058/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 15 juillet 1898

Description : 1898/07/15.

Description : Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail

Description : Collection numérique : La Grande Collecte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k557478t

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 11/04/2008

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PRISON-HOTEL

C'est de la nouvelle prison de F»snes qu'il s'agit. Nous en avons déjà dit quelques mots ici même. Le département de la Seine a vendu les terrains sur lesquels sont bâtis Mazas, la Grande-Roquette et Sainte-Pélagie, désormais désaffectés et en cours de démolition et, pour loger les hôtes de ces établissements, il a construit une immense et unique prison non loin de la Croix-de-Berny, sur l'emplacement de l'ancien hippodrome, à l'endroit appelé Fresnes-lès-Rungis. Cette prison est actuellement achevée. Elle contiendra dix-huit cents prisonniers soumis au régime dit de la séparation individuelle, c'est-à-dire enfermés chacun dans une cellule,.

Le conseil supérieur des prisons, composé des hommes les plus versés dans les questions pénitentiaires magistrats, fonctionnaires, sénateurs, députés (quelques-uns même ont été prisonniers. politiques, bien entendu), a visité cet établissement ces jours-ci. Nous devons à l'obligeance de l'un d'eux, qui est à la fois un savant et un philanthrope, ayant gardé l'enthousiasme de la vingtième année sous ses cheveux blancs, quelques détails sur cette visite. Nous les avons notés au cours de sa conversation. La prison de Fresnes, nous a-t-il dit, produit une impression étrange. Gela tient de la galerie des Machines, d'une gare de chemin de fer colossale, d'un paquebot transatlantique et chose étrange-de cet ensemble se dégage une vague idée de casino. Supposez l'immense galerie des Machines au Champ de Mars, avec son jour et sa clarté superbes, bordée d'une triple galerie de fer, formant trois étages superposés, triple galerie régnant tout du long. Sur le plancher de ces galeries s'ouvrent des portes blanches munies de bonnes serrures et d'un guichet percé d'un œil. Ce sont les portes des cellules. Ouvrez une de ces portes vous voilà dans une cellule. On dirait la chambre d'une jeune fille tout y est blanc, d'un blanc doux à l'œil, blanc d'ivoire obtenu par l'application sur les murs d'une composition nouvelle, que nous ne nommerons pas de peur de lui faire de la réclame. Dans deux ans, tous les salons de Paris, toutes les chambres à coucher, tous les bureaux de l'administration seront peints avec ce vernis. Il se lave comme le marbre, dont il a l'aspect. Chaque cellule a 3 m. 50 de long sur 2 m. 50 de large et 3 mètres de haut. L'air et la lumière y pénètrent à flots par une fenêtre, grillée il est vrai mu,p,4,,avec quelques glycines aux barreaux (et on y en mettra sûrement), ce sera une délicieuse chambrette. Une table en bois revêtue du même vernis ivoirin invite au travail. La chaise qui l'accompagne est également blanche. Deux tablettes sont fixées au mur, surmontant des têtes de porte-manteau où le pensionnaire pendra sa -garde-robe. Enfin, dans un coin, le meuble indispensable à tout être humain semble inviter aux longues méditations, tellement il est commode et propre. Lui aussi est laqué de blanc. Il n'y a pas une maison bourgeoise à Paris qui ait rien de plus confortable en ce genre. Un effet d'eau mis en action par un bouton caché dans le mur précipite tout à l'égout en un gai tourbillon. C'est charmant de simplicité, presque de discrétion. Prévost-Paradol, s'il était encore de ce monde, ne tremblerait plus devant les suites d'un article trop vif, lui qui écrivait « Je n'ai pas peur de la prison, j'ai peur du baquet, et c'est ce qui arrête ma plume. » Prévost-Paradol n'aurait plus aujourd'hui le même motif de se surveiller. Ne le regrettons pas.

Pour compléter cet ameublement, une lampe électrique avec tulipe à fil incandescent dirige ses rayons au-dessus de la table et emplit la cellule d'une vive clarté. Le prisonnier n'aûra plus à redouter ces heures sombres du crépuscule, précédant les ténèbres de la nuit, qui jetaient le trouble dans son esprit et brouillaient son pauvre cœur. S'il se déplaît dans sa cellule, ce sera la faute du remords et non celle de l'administration.

Enfin, pour les âmes timorées ou pour les nouveaux venus (les condamnés primaires, comme on dit en langage pénitentiaire) qui craindraient des défaillances ou auraient besoin de renseignements, un bouton fait sortir une fiche d'appel extérieure, et le garçon. pardon, le gardien, arrivera immédiatement et se mettra à leur disposition. Si, après avoir passé quelques mois dans cet établissement si bien compris. on n'y revient pas, ce sera de l'ingratitude. Dans tous les cas, je serais bien surpris si les pensionnaires en emportaient un mauvais souvenir. On y sera très bien. L'alimentation des pensionnaires sera merveilleusement assurée. Une cuisine qui défie, comme canalisations en tous genres, celles des plus grands hôtels.de Paris permettra de préparer des repas de dix-huit cents couverts, servis à part, puisque chaque détenu mangera dans sa chambre, comme un voyageur désireux d'incognito. Des wagonnets transporteront, en quelques minutes, les aliments d'un bout à l'autre des immenses galeries, et des monte-charge opéreront l'ascension des vivres d'un étage à l'autre. Le service ne laissera, on le voit, rien à désirer.

Enfin aux pensionnaires dont la santé serait délicate une infirmerie spéciale, vaste bâtiment entouré d'un jardin, offrira tous les secours de l'art médical, donnés par des praticiens qui se disputent déjà l'honneur de les soigner, et cela sans supplément de prix.

Les précautions hygiéniques n'ont pas

non plus été négligées, car mieux vaut prévenir que guérir, et rien ne jette plus de défaveur sur une prison qu'une épidémie témoin la prison de Barberousse. Aussi l'administration n'a-t-0ÎIe reculé devant aucun sacrifice, et une installation de douches à eau tiède,et au besoin, de douches écossaises, chaudes et froides alternativement, suivant les prescriptions médicales, donnera aux hôtes de la maison, toujours sans augmentation de prix,- à la fois le goût de la propreté et celui du bien-être.

Le très honorable et excellent homme, membre du conseil supérieur des prisons, qui nous racontait ces merveilles en avait les larmes aux yeux. C'était de l'attendrissement, est non feint, je vous l'assure, car il voyait là un progrès accompli autant dans l'ordre social que dans l'ordre humanitaire, et surtout une merveilleuse entente du régime cellulaire.

Est-ce bien sûr? Est-il bien certain que la loi du 5 juin 1875 qui a créé le régime cellulaire ait eu pour but de donner un home confortable aux condamnés? Cette loi a eu pour objet d'empêcher avant tout et principalement les communications de prisonnier à prisonnier, c'est-àdire l'enseignement mutuel du crime. La cellule est le seul moyen de faire obstacle à cette contamination, et c'est pourquoi le régime de la séparation individuelle est excellent. Mais le législateur de 1875 a eu si peu le dessein de rendre la cellule agréable qu'il a édicté une faveur considérable pour le prisonnier qui subit sa peine de la sorte. Cette loi porte, en effet, que la durée de l'emprisonnement subi en cellule sera, de plein droit, réduit d'un quart. On considérait donc alors qu'en cellule le détenu serait beaucoup plus mal, serait beaucoup plus à plaindre que ses codétenus restés dans les quartiers en commun. La cellule, de l'avis de tous, était une aggravation de peine, à telles enseignes que certains esprits proposaient de placer la reclusion en cellule au-dessus même des travaux forcés dans l'échelle des peines et de l'imposer notamment aux graciés de la peine de mort.

Mais les inventions de nos architectes, nos tendances humanitaires excessives, cette idée, qui a fait trop de chemin depuis quelques années, à $avoir que les criminels et les délinquants sont surtout des malheureux plutôt à soigner qu'à punir, tout cet ensemble d'idées sentimentales et fausses a abouti à transformer la prison cellulaire en une sorte de pension de famille avec chambres à part et service spécial pour des gens ayant le cerveau mal fait, à .qui la société doit certains soins. La prison-hôtel de Fresnes répond à cette doctrine décadente. Telle qu'elle est, tous ceux qui l'ont visitée s'accordent à dire qu'elle est extraordinaire. Elle sera, nous l'espérons, ouverte aux étrangers qui viendront nous voir en 1900 ce sera le clou de l'Exposition.

Louis Manini.

LA JOURNÉE

HIER

A l'Intérieur Célébration de la fête nationale. Les troupes sont acclamées à Aucun accident.

A l'Extérieur Capitulation de San- tiago. A une heure, rentrée dans les lycées et collèges. Reprise des grandes manœu- v r es navales dans l'Océan et dans la Méditerranée. Courses à Saint-Ouen. LE DÉNOUEMENT

Si nous n'avons pas la paix, il ne s'en faut de guère. M. Sagasta reconnaît que les colonies espagnoles, aussi bien Cuba que les Philippines

ou Porto-Rico, se trouvent, par suite de l'anéantissement de presque tous les navires qui composaient la flotte espagnole, dans la situation d'une place investie ne pouvant être ni ravitaillée ni secourue. Or il est de règle que la capitulation d'une place, dans ces conditions, est fatale à un moment donné.

La paix s'impose donc, car on ne conçoit pas ce que gagnerait le gouvernement à laisser mourir de faim l'armée de Cuba, puisque, paraît-il, elle ne saurait subsister sans l'aide du dehors.

Nous voilà ainsi arrivés au dénouement. Il était prévu dès le jour où ont commencé les hostilités, bien qu'on ne sût pas à quel point la marine espagnole se trouvait dans l'impossibilité de soutenir la lutte.

Est-ce dire, cependant, que la pauvre Espagne soit,au bout de son calvaire ou,du moins, y sera quand elle aura accepté les conditions du vainqueur? Il faudrait savoir, pour répondre, quelle sera l'attitude des partis à l'intérieur, notamment du' parti carliste, et si l'armée qui reviendra des Antilles après la paix ne devra pas être employée à la guerre civile. Ces choses-là se voient nous les avons vues en 1870. Lire la. deuxième page

LIES JOURNAUX DE CE MATIN Nous commencerons bientôt la publication d'un nouveau roman LE BONHEUR DE CLAUDINE PAR Jean RAMEAU

Il est inutile de présenter au public l'auteur de lensorceleuse, du Cœur de Régine, de la Rose de Grenade et de tant d'autres ouvrages à succès. Dans le BONHEUR DE CLAUDINE, les lecteurs du Matin trouveront des pages tout imprégnées de tend2'esse ou vibrantes d'émotion et les qualités diverses qui' ont valu en peu de temps Jean Rameau une place enviée dans la littérature française.

CAPITULATION DE SANTIAGO LES TROUPES ESPAGNP~.ES SERONT RAPA- TRIÉES

Dures mais honorables conditions Une interview de M. Sagasta Nouvelles des Philippines L'incident germano-américain La

[Santiago a capitulé. L'armée espagnole obtient des conditions très honorables. Elle sera rapatriée, et les officiers conserveront leurs épées.

Quant à la capitulation, elle comprend non seulement la place de Santiago, mais encore le territoire extrême-oriental de l'ile à par- tir d'une ligne, à peu près perpendiculaire, allant de Aserradero, au sud,. à Sagua de Tanamo, au nord. Il ne faut pas confondre ce dernier point avec Sagua la Grande, éga- lement sur la côte nord, mais beaucoup plus à l'ouest et plus près de la Havane. On dit que la place forte de Holguin, au nord de Santiago, et le port fortifié de Manzanillo, à l'ouest de cette ville, ne seraient pas compris dans la capitulation.

Cet événement va sans doute pousser le gouvernement de Madrid à ouvrir les négociations en vue de la paix. On lira, à cet égard, les déclarations très caractéristiques de M. Sagasta.]

La dépêche officielle.

Washington, 14 juillet, 8 h. soir. Santiago a capitulé.

Voici le* télégramme du général Shafter annonçant cette nouvelle

Je viens d'avoir une conférence .avec le.général rorral. Il consent à capituler à la condition qu'on le' rapatrie avec ses troupes. La capitulation vise toute la partie orientale de Cuba depuis Aserradero, sur la côte sud, jusqu'à Sagua, sur la côte nord, en passant par Yalma.

Elle affecte virtuellement tout le quatrième corps d'armée.

Les commissaires se réunissent, à deux heures et demie, pour arranger définitivement les conditions.

SlIAPTER.

Suivant d'autres renseignements, il paraît que les navires américains doivent transporter les troupes du général Torral en EsLa ligne de délimitation serait tracée de façon à exclure de la capitulation Holguin et Manzanillo, où les Espagnols auraient des forces considérables.

Les Américains exigeront des Espagnols l'engagement que les navires transportent les troupes ne soient pas inquiétés. L'amiral Sampson désire que les conditions définitives de capitulation comprennent l'enlèvement de toutes les mines sous-marines et l'évacuation de tous les ports qui ont tiré sur les navires américains.

La fièvre jaune.

PLAYA DEL EsTE, 14 juillet. Le bruit court que le général Duflieid est atteint de la fièvre jaune.

INTERVIEW DE M. SAGASTA Importantes déclarations Le gouverne ment.. espagnol désire

la paix.

MADRID, 14 juillet. De notre correspondant particulier. Interviewé par un journaliste, M. Sagasta a fait les déclarations suivantes

« Le gouvernement veut la paix, mais une paix honorable, digne de l'Espagne. Il se préoccupe en ce moment de connaître les intentions exactes des Etats-Unis. » Je suis persuadé que, si la guerre pouvait se prolonger, notre héroïque armée de Cuba finirait par triompher des Américains, mais je sais aussi, hélas 1 que l'ennemi ne lui offrira pas l'occasion de témoigner de sa valeur. L'amiral Sampson et le général Shafter n'ignorent pas qu'ils n'ont nullement besoin d'exposer leurs troupes pour arriver à leurs fins. Notre flotte est détruite, et il suffira aux Américains de maintenir le blocus étroit de Cuba pour réduire ses défenseurs par la famine.

» Certes, notre armée de Cuba est résolue à faire son devoir jusqu'au bout, mais le gouvernement, lui,, ne saurait laisser se consommer ce sacrifice inutile, et, si une paix honorable peut être promptement conclue, il fera tous ses efforts pour y arriver. » La situation serait tout autre si l'Espagne avait encore une escadre. Alors, on pourrait tenter d'introduire des vivres et des munitions à Cuba et continuer la résistance. Mais, au point où en .ont les choses, il faut traiter avec l'ennemi. »

M. Sagasta a ajouté

« Je sais que l'escadre de l'amiral Watson a pour mission de détruire l'escadre espagnole commandée par l'amiral Camara. C'est pour cela que, en dépit des critiques de la presse, j'ai ordonné à l'amiral Camara de revenir en Espagne, où il est possible qu'il soit appelé à rendre de grands services. »

M. Sagasta a dit qu'il pense que c'est lui qui négociera le traité de paix. Il n'y a pas de crise, contrairement à ce qu'ont annoncé les journaux.

Il n'y a aucune crainte à concevoir au sujet de l'attitude de l'armée de Cuba après la conclusion' de la paix; car le gouvernement ne la rapatriera pas directement, mais la laissera dans une situation sûre et avantageuse.

Ce qu'on dit à Madrid.

MADRID, 14 juillet. Le gouvernement a déclaré qu'il ne peut pas correspondre directement avec le général Torral. C'est le général Torral qui doit correspondre avec le maréchal Blanco.

Le gouvernement a télégraphié à ce dernier d'engager le général Torral à organiser la résistance à outrance.

On ajoute que le maréchal Blanco aurait de nouveau télégraphié en déclarant qu'il faut continuer la guerre.

Conseil de guerre.

MADRID, 14 juillet. On commente beaucoup la réunion des généraux qui a eu lieu, à la Havane, sous la présidence du maréchal Blanco.

Celui-ci avait réuni également les colonels des corps volontaires.

Quelques personnes de grande notoriété à la Havane se disposent a partir pour là péninsule.

Quoiqu'une réserve absolue soit gardée sur la réunion, la Epoca assure que la décision prise a été de suivre minutieusement les instructions du gouvernement.

Renforts américains.

TAMPA, 14 juillet. Un transport ayant à bord trois détachements de cavalerie, une batterie de grosse artillerie, des soldats du génie et des infirmiéres de la Croix-Rouge est parti pour Santiago hier.

L'escadre américaine.

New-York, 14 juillet (en rade de Santiago, 14 juillet)

h'Oregon et le Massactaacsetts sont arrivés de Guantanamo, où ils étaient allés faire du charbon.

Le départ de l'escadre de l'amiral Watson liera provisoirement retardé, à causu de

fièvre jaune.

l'ajournement du bombardement de Santiago par mer.

Plusieurs navires de guerre sont mainte-

LE COMMODORE WATSON

Chef de l'escadre américaine destinée à bombarder les côtes espagnoles.

nant en position devant Aguadores, prêts à tirer sur la ville par dessus les. collines. le Aux Philippines.

MADRID, 14 juillet. Un télégramme officiel daté de Manille, 9 juillet, est ainsi conçu

On confirme l'arrivée de renforts américains. Ils se sont emparés de Paso-Marianos, oû ili! ont laissé un gouverneur américain.

Les Américains attendent une autre expédition pour le 15 juillet.

La garnison de Manille et les lignes extérieures soutiennent chaque jour des combats contre les insurgés, qui reçoivent de nombrcux renforts. Nous leur infligeons de grandes pertes.

Les Américains n'osent point attaquer la place ils craignent de se rencontrer en face des rebelles et qu'il leur soit impossiblo de résister à l'avalanche.

Les Américains craignent que, si Aguinaldo et ses hommes, attaquent la, place, la population ne prenne parti pour eux.

Les Tagals sont aussi divisés entre eux les uns veulent l'indépendande les' autres, l'autonomie,

Je crois devoir me concilier les indigènes par des réformes qui sauvent la situation, Incident germano-américain.

LONDRES, 14 juillet. Le. correspondant de la Pall Mall Gazette à New-York dit que le gouvernement des Etals-Unis va informer officiellement le gouvernement allemande de l'incident de Y Irène afin d'obtenir des explications sur la conduite du commandant de ce navire.

[On se souvient peut-être que le croiseur allemand Irène, se trouvant dans le port de Subig (Philippines), aurait empëcbô les insurgés d'attaquer la petite garnison espagnole de cette ville 'et aurait embarqué une partie des troupes métropolitaines.

Remarquons que les dépêches rapportèrent déjà plusieurs incidents qui auraient été provoques par les forces navales allemandes aux Philippines et que ces dépêches furent démenties a Washington et à Berlin.]

La situation à Barcelone.

Barcelone, 14 juillet. De notre correspondant particulier. La nouvelle s'est répandue que la Banque de Barcelone allait faire transporter son numéraire dans une ville de l'intérieur. Cette mesure d'excessive prudence a augmenté l'anxiété qui s'était emparée de tous les esprits à l'annonce du départ d'une escadre américaine pour les côtes d'Espagne. Les alarmistes disent que Barcelone sera le principal. et peut-être le premier objectif des-Yankees, car ceux-ci savent bien que leur présence devant la capitale de la Catalogne peut soulever une révolution. Et puis le port de Barcelone manque de défenses, et le temps fait défaut pour construire des batteries suftisantes et les munir de canons.

Le gouverneur a convoqué les principaux industriels et les présidents des diverses corporations et ne leur a rien caché de la gravité de la situation. Il a fait appel au dévouement de tous pour se procurer les sommes énormes que nécessitent les travaux du port « Il ne faut pas compter sur le gouvernement, a-t-il dit, ni même sur le produit de la souscription nationale à laquelle vous contribuez. Vous payez, comme tous les Espagnols, les augmentations d'impôts destinés aux frais de la guerre; mais, si vous voulez mettre votre ville en état de résister, il faut que vous acceptiez d'autres impôts qui seront exclusivement destinés à la défense de Barcelone, car, je vous le répète, le gouvernement ne fera rien pour Vous. »

Ce langage peut paraître incroyable,et, cependant, il a été tenu.

-On annonce la prochaine arrivée du duc de Sollerino, porteur de nouvelles instructions de don Carlos, avec lequel il a eu de longues conférences à Bruxelles.

4 heures du matin

ACCEPTATION DÉFINITIVE

La capitulation de Santiago- Signature du général Pando.

Cap-Haïtien, 14 juillet.- Une dépêche de Cuba annonce que la capitulation de Santiago est signée.

Le gouvernement américain a accepté les conditions du général Pando.

Les troupes espagnoles se retireront avec les honneurs de la guerre.

Elles seront rapatriées immédiatement. [Dans nos précédentes dépêches, il est questiop du général Torral comme ayant signé la capitulation. Dans celle qu'on vient de lire, il s'agitdu général Pando.

Il est probable que le général Pando, qui commande toute la circonscription militaire où.,se trouve compris Santiago, a donné son approbation définitive h l'acte déjà souscrit par le général Torral, qui commande seulement la ville de Santiago.]

NOUVELLES DE MADRID

Aux Philippines-Une sortie malheu- reuse Pris par les insurgés. MADRID, 14 juillet.-A la date du 10 juillet, une dépêche olficielle du gouverneur général des Philippines annonce que la colonne du général Monet, ne pouvant tenir à Macabere, sortit sur trois embarcations remorquées par la canonnière Leyte pour venir chercher du secours.

Les trois embarcations furent d'abord arrêtées par les Américains. Elles purent aller, emportées par le courant, jusqu'à Estereros et Bulacan, mais, là, les soldats furent faits prisonniers par les insurgés d'Agonoy.

Une instruction est ouverte contre le gé- néral Monet.

«HENRI Vil! » A LONDRES

LONDRES, 14 juillet. L'opéra Henri VIII, de 'Saint-Saëns, a été donné pour

la première fois à Covent-Garden. Grand succès pour la musique et pour les artistes, notamment pour Mmes Heglon, Paccary et pour MM. Renaud, Bonnard et Journet. Les artistes ont été rappelés plusieurs fois. ™ LA QUESTION DES PHILIPPINES L'attitude de l'Allemagne Les puissances européennes et les Etats-Unis'- L'ingérence

américaine.

LONDRES, juillet. De notre correspondant particulier. Le 23 juin dernier, j'appelai l'attention des lecteurs du Matin sur l'attitude de l'Allemagne au sujet des Philippines. J'expliquai que cette attitude serait discrète et correcte tant que les hostilités continueraient, mais qu'une fois la guerre terminée les Etats-Unis n'auraient pas toute libérté d'action pour annexer ces îles sous un protectorat plus ou moins déguisé.

J'indiquai que l'action de l'Allemagne serait appuyée par'les puissances européennes et que, si les Philippines devaient échapper aux Espagnols, nous reverrions très probablement une répétition de ce qui s'est passé après la guerre entre la Chine et le Japon, lorsque la Russie, la France et l'Allemagne sont intervenues pour modifier les conditions de paix.

Ces renseignements.queje tenais de bonne source, peuvent être considérés aujourd'hui comme confirmés. La question a fait des progrès. Je ne vais pas jusqu'à dire, comme on l'a déjà prétendu, qu'une entente avait eu lieu à ce sujet entre l'Allemagne et les autres puissances continentales de l'Europe. Mais, d'après:les indications qui me sont parvenues, la diplomatie européenne agite la question, et de'nombreuses dépêchefs ont été échangées entre Berlin et les capitales des pays intéressés.

Les ambassadeurs accrédités auprès de la cour de Berlin ont fait part à leurs gouverilements respectifs de la politique allemande, qui semble parfaitement déflnie L'Allemagne désirerait le maintien du statu quo aux Philippines; mais, si, comme conséquence de la guerre, la souveraineté espagnole sur ces îles vient à disparaître, ce n'est pas la souveraineté amencaine qui doit lui succéder. Un acte international, auquel participeront toutes les puissances intéressées, doit être établi, et chacune de ces dernières doit être appelée à protéger ses intérêts.

C'est la conséquence logique de la doctrino de Monroe. Les Etats-Unis ont créé cette doctrine pour se défendre en Amérique contre l'ingérence de l'Europe celle-ci s'en sert à son tour pour se protéger contre l'ingérence américaine; Et,- qu'on ne s'y trompe pas l'Angleterre, malgré la fraternité anglo-saxonne, dont on parle tant, fera exactement comme" les autres puissances. L'impression est donc ici que les Etats-Unis seraient bien avisés de mettre une sourdine à leurs visées sur les Philippines. 5 heures du matin

CURIEUX DIFFÉREND

Les militaires et les marins américains La vie des troupes ou la perte d'un navire de guerre.

New- York, 14 juillet. Denotre correspondant particulier. Dans l'entourage du président, on se montre très heureux d'en avoir fini' avec Santiago, car la fièvre jaune menace de faire de grands ravages dans le camp américain.

Pour ne pas introduire la terrible maladie aux Etats-Unis, les troupes du général Shafter seront envoyées à Porto-Rico. La capitulation de Santiago donne, en même temps, une solution au différend qui s'était élevé entre les autorités militaires et navales, les unes représentées par le général Miles et le général Shatter, les autres par l'amiral Sampson. On voulait obliger l'amiral à forcer l'entrée du havre de Santiago.

L'amiral résistait, estimant que cette tentative ne pouvait guère s'effectuer sans de graves pertes pour la marine.

Mieux valait, selon l'amiral, prendre la ville d'assaut par terre, la mort de quelques milliers d'hommes devant être moins sensible aux Etats-Unis que la destruction d'un navire de guerre. Il faut deux ans, disait-on, pour construire un cuirassé on remplace plus facilement les soldats tués.

Ce raisonnement n'était pas du goût des généraux. Le président se montrait perplexe pour trancher le différend quand est parvenue la nouvelle de la capitulation. Mais l'incident n'en est pas moins instructif: il montre bien l'antagonisme qui existe entre les armées de terre et de mer.

L'INVASION DE PORTO-RICO

LONDRES, 15 juillet. On mande de Washington au Daily Mail

« On va préparer rapidement l'invasion de Porto-Rico, sous le commandement du général Miles.

» Le général Shafter sera gouverneur de la partie orientale de Cuba. »

L'INCIDENT DE L' IRENE »

LONDRES, 15 juillet.- On mande de HongKong au Daily Mail

« L'amiral Dewey aurait ordonné aux correspondants de journaux de ne pas communiquer de détails sur l'incident de VIrene.

» Lorsque ces détails serdht publiés, on verra que l'incident était bien plus sérieux qu'on ne le croyait. »

CURIEUSE COÏNCIDENCE

Un de nos amis nous communique un cu- rieux détail qu'il vient de relever au cours de ses lectures

Le 9 octobre l'empereur Nicolas le'' de Russie, quittant, à Prague, la famille impériale d'Autriche, dont il était l'hôte, fit brusquement une fugue à Vienne sans prévenir personne et se plut à surprendre par sa présence inattendue dans la capitale et son propre ambassadeur et les amis particuliers qu'il y avait.

Le chancelier d'Etat, prince de Metternich, seul averti par Nicolas de cette fantaisie d'autocrate, avait cependant pris soin de mettre au courant du projet de voyage du tsar deux hommes considérables à la cour de son maître l'un qui avait été longtemps ambassadeur à Londres, l'autre qui était alors premier aide de camp et confldent intime de l'archiduc Ferdinand, héritier du trône.

Le premier s'appelait le comte Esterhazy; le second, le comte de Clam.

Nous ignorons si M. le commandant du Paty de Clam est d'origine autrichienne ou hongroise. Mais le rapprochement de ces deux noms il y a soixante-trois ans n'est-il pas sin-

LA FÊTE NATIONALE BEAUCOUP DE GAIETÉ, PAS DE -̃*•̃.̃̃̃ MANIFESTATIONS

Les pèlerinages annuels La fête militaire Les bals et les illu- minations Incidents

divers.

Hier, jour de fête nationale, Paris s'est amusé. C'est bien là, eh effet. dans l'a- musement des foules braillant, buvant, dansant et festoyant, le soir venu, autour des orchestres de carefour, de ce public se réjouissant à la bonne mode rabelai-' sienne, après les cérémonies, les félicitations, les discours officiels, c'est bien là qu'il nous faut chercher, depuis quelques années déjà, la caractéristique de nos Quatorze-Juillet. Ils n'ont plus grand'chose à faire avec ces premieres joies de la fête nationale, quand celle-ci apparut, rayonnante de jeunesse, aux soleils d'artifice de la troisième République. Alors, c'étaient surtout décorations éclatantes, ornementations' municipales, aujourd'hui beaucoup oubliées, parure des rues, plaisirs orgueilleux de la nation libre enfin, parmi les fleurs, les lumières et les drapeaux.

Il est des années, cependant, où tout sentiment politique ne semble point exclu de cette vaste kermesse. Elle est l'occasion de certaines manifestations grosses de conséquences, manifestations attendues et significatives, où certains viennent affirmer l'espoir que bientôt changera le train actuel des choses. On avait beaucoup parlé, avant-hier, de ces manifestations-là. La journée du lendemain devait, paraissait-il, nous faire assister à un de ces spectacles que nous ne connaissions plus depuis une dizaine d'années. Ces sortes d'événements se passant ordinairement au « retour de Longchamp », le public parisien, qui est fort curieux, s'était massé, dès les premières heures dé la matinée, sur les routes qui conduisent au terrain de la re-'vue. Il s'était montré, cette année, plus empressé encore que les années précédentes, et les cartes qui permettent à une multitude de privilégiés de s'installer plus ou moins commodément dans les enceintes du pesage et des tribunes ont été disputées avec un acharnement qui nous reportait de deux lustres en arrièré. La vérité nous force à constater que ce furent là de vaines curiosités chez ceux qui ont fait, hier, le trajet de Longchamp pour voir autre chose que des soldats défilant admirablement devant un public charmé. La seule manifestation que nous ayons à relater est l'uni- verselle acclamation montant de la foule enthousiaste vers le flot immense de nos escadrons lancés devant les tribunes dans un mouvement magnifique d'en-

semble et grandiose dans son unité. Le grand cri sorti de toutes les poitrines a été celui de « Vive l'armée 1 Dans ces acclamations, le peuple, sur son passage, n'a pas oublié le ,chef de cette armée. Le ministre de la guerre a été salué, comme il sied, devant la Cascade, des cris amis de « Vive Cavaignac » Sur quoi, M. le ministre de la guerre a adressé à la foule des coups de chapeau d'une correction protocolaire. On a crié aussi, à l'heure où le monft'Valérien si- gnalait, de ses gros coups de canon, l'arrivée de M. Félix Faure « « Vive le président de la République. 1 On n'a pas crié « Vive M. Brisson 1 » Et cela pour une raison bien simple M. Brisson était indisposé. Il paraît, du reste, que cette indisposition n'offre aucune gravité et qu'elle ne saurait se prolonger.

La matinée.

Le 14 juillet ne serait pas la fête natio> nale, la fête de la Patrie si la journée ne débutait par un pèlerinage ému à la statue de Strasbourg, symbole de pierre de nos blessures patriotiques et de nos regretstoujours vivaces. Les manifestations qui se sont produites hier matin sur la place do la Concorde ont été plus nombreuses et tout aussi touchantes que de coutume. La consigne administrative était qu'on ne pro-' nonçât point de discours afin de ne pas éveiller certaines susceptibilités sur la nature desquelles nous n'insisterons pas. Le défilé des sociétés patriotiques a été muet, mais que d'éloquence dans ce silence 1 Tout d'abord, les membres de la Réunion amicale des anciens défenseurs de Strasbourg ont apporté, les premiers, au pied du monument la traditionnelle couronne d'immortelles aux rubans de deuil.

Puis est venu le groupe des Patriotes travailleurs du treizième arrondissement, ayant à leur tête MM. Paulin Méry et Paul Bernard, députés.

Les membres de la Schlestadtienne, société amicale et fraternelle des enfants de Schlestadt demeurés français, se sont réunis rue Saint-Honoré et se sont rendus place de la Concorde, où ils se sont rencontrés avec la délégation de l'Association amicale des Alsaciens-Lorrains et la société l'Alsacienne-Lorraine. Cette dernière société était précédée de son drapeau et de celui de la Strasbourgeoise, qui a fait la campagne de l'année terrible et figuré au siège de la ville de Strasbourg.

M. Sansbœuf, à la tête des membres de la Ligue des patriotes, n'a pas manqué à ce patriotique rendez-vous. Il a renouvelé au fronton du piédestal l'écusson prophétique qu'on y voit depuis vingt ans. Pas une parole n'a été prononcée, mais une profonde émotion a empoigné tous les assistants quand M. Sansbœuf a poussé, par deux fois, d'une voix vibrante, le cri de «Vive la France »

Le service d'ordre, très imposant, était dirigé par M. Blanc en personne, assisté de MM. Touny, directeur de la police municipale, et Orsatti, commissaire divisionnaire. A l'issue de la cérémonie, les membres des diverses sociétés se sont divisés par groupes et se sont rendus, les uns au monument élevé à la mémoire de Jeanne d'Arc, d'autres à la statue de Gambetta et au Quand même 1 deMercié, placé dans le jardin des Tuileries.

Tout s'est passé dans le plus grand calme et l'ordre le plus parfait.

A la statue de Bobillot.

Simultanément, les membres de la Société des anciens militaires coloniaux se sont rendus à l'angle des boulevards Voltaire et Richard-Lenroir, où est érigée la statue du héros de Tuyen-Quan, le sergent Bobillot.

Partis à neuf heures du dortoir-réfectoire de la société, place de la Chapelle, les anciens coloniaux se sont formés en cortège et se sont avancés, clairons en tête, groupés autour du drapeau de l'association. Après une demi-heure do marche, ils étaient au pied de la statue, autour de la-