Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 1 à 1 sur 4

Nombre de pages: 1

Notice complète:

Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1898-07-13

Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328123058

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb328123058/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 123753

Description : 13 juillet 1898

Description : 1898/07/13.

Description : Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail

Description : Collection numérique : La Grande Collecte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5574762

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 11/04/2008

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 100%.


FRANCIS GARNIER Ce fut un héros que Francis Garnier, ,de qui le monument se dressera, demain, sur la place de l'Observatoire. Non un de ces héros aveugles qui dépensent en aventures une énergie naturelle, mais un héros clairvoyant jusqu'à en être prophète. Il a laissé des oùyrages sur l'Ex• trême-Orient, qu'il visita étant officier de marine et dont il s'éprit. Ces ouvrages datent de vingt-cinq ans, d'un temps où l'avenir de l'Indo-Chine et celui de la Chine ne .posaient pas d'impérieuses questions à la politique internationale. On les dirait écrits d'hier. Ils prévoient la guerre. entre le. Japon et la Chine et l'ouverture, bon gré mal gré, de celle-ci à l'industrie'des blancs.

Tout de suite après 1870, Garnier prévoit que, de longtemps, malgré nos cris de revanche, nous n'aurons affaire aux Allemands. Il juge donc l'expansion coloniale inévitable pour fermer à moitié nos blessures d'amour-propre autant que pour provoquer de nouveaux intérêts nationaùx. En 1871, ce lieutenant de vaisseau a les desseins d'un Dupleix. Aventurier dans le bon sens du mot, il rêve d'un empire colonial de cent millions d'âmes.. Rêve désintéressé, car Francis Garnier est un savant. Il entend ne retirer qu'un profit scientifique de ses découvertes. Et le terme à-<tmbitieux, terme noble s'il en fut,bien que, tous les jours,on l'avilisse, doit lui être appliqué. Cet aventurier est le plus sage, le plus prudent, le plus modeste des hommes. Candidat pour la députation aux élections du 8 février 1871, il ne regrette pas son échec. Il a vu la guerre* Il a été au siège'de Paris. Il a été témoin de bien des faiblesses. D'autres ne seraient pas revenus de ce grand coup. Lui, il pense aussitôt à réhabiliter la France.

Tout jeune officier de marine, il avait été en Cochinchine,,remonté le Mékong, reconnu sa mauvaise navigabilité, pénétré dans le Yunnan, admiré la fertilité de cette région. Cependant, la sympathie lui était venue pour la race jaune. II aime les Chinois. Il ne cesse de vanter leurs qualités. Il veut les comprendre. II sejnet donc à apprendre leur langue. Francis Garnier est de la, race de ces conquérants pacifiques qui gagnent du terrain par l'intelligence et la bonté. Il ` n'a de Fernand Cortéz que la hardiesse. Il n'en a pas la cruauté. Il ne craint pas de désapprouver la campagne de Chine de 1860, à laquelle il a pris part. Le pillage du palais d'été le soulève d'indignation. Il dénonce comme un crime d'en- voyer des soldats en Chine pour imposer aux Chinois l'abrutissement par l'opium.

Parmi les Chinois, il distingue le peuple, industrieux, accueillant à l'étranger, quoi qu'on dise, et lés mandarins, les lettrés, les fonctionnaires. Ce sont eux qui font massacrer les Européens. Car la science européenne détruirait leur prèstige et le ruinerait. Ces mauvais Chinoislà lui rappellent la France. Ils lui rappellent nos cuistres, nos infatués des grandes écoles, nos bureaux, notre administration, notre façonnage des esprits, car Francis Garnier a pris parti dans la question du latin. Il a dit son mot contre notre système d'éducation. Ecoutez-le

« En France comme en Chine, on dédaigne le monde extérieur. L'éducation se limite au cercle du passé. Les programmes d'enseignement ne tiennent que peu de compte des progrès modernes. Fidèles à une tradition routinière, ils désignent exclusivement à l'admiration de la jeunesse les œuvres et les doctrines des écrivains de l'antiquité. Nous passons en étrangers sur le monde que nous habitons. Comme les Chinois; nous nous sommes isolés dans notre infério-'rité. Nous n'avons daigné honorer' les autres peuples ni d'une étude ni d'un regard. La géographie, cette science féconde qui est comme le cadre où viennent se placer les résultats de toutes les autres, s'est bornée chez nous à l'étude de la mer Erythrée ét du Pont-Euxin. » En 1873, envoyé en mission en Chine, il arrive à Pékin. Causeries avec les diplomates français. Ils sont charmants. Ils savent, au dessert, raconter une histoire. Mais leur ignorance commerciale déconcerte Garnier. Que transportentces milliers de jonques descendant, montant le fleuve? Il le leur demande. Ils n'en savent rien. Ils sorit absorbés par cette question L'empereur de Chine fera-t-il ce qu'il n'a jamais fait? Donnera-t-il audience aux ambassadeurs des cinq grandes puissances? Il leur donne audience. Mais, dans quelles conditions humiliantes A cinq heures et demie du matin. L'empereur leur dit en substance :« Vous avez désiré me voir. Eh bien, me voici. Etes-vous contents? »

Garnier, qui est un esprit libre, se met à rire et, ayant appris assez de chinois, se- hâte de quitter cette pétaudière. Le voilà muni d'un passeport, parcourant la Chine tout seul, restant des mois entiers sur une barque à remonter des fleuves, n'ayant pour toute compagnie européenne que deux chiens emmenés de Fra.nce et pour distraction que ses instruments astronomiques, météorologi- ques, qui le font prendre pour un sorcier. Chemin faisant, il écrit son journal. Ce grand cour s'y montre à nu. On y sent le flux et le reflux de ses ambitions, de ses découragements. Tandis que^ui curiosité scientifique le mène plus loin, toujours plus loin, la France traverse sa pensée; et sa solitude, au milieu de ces millions de riverains, le jette en des accablements mortels. Ses sentiments, il les indique d'une ligne.Çar .c'est un horà'me d'actidn et non un geignard.

Républicain, libre-penseur, l'igno-

rance des missionnaires français qu'il rencontre, en même temps qu'eue le ravit, le navre et humilie' son amourpropre national. Car les Chinois éclairés s'aperçoivent de cette ignorance, et ils en fient, « Ne vous mêlez pas, leur conseille-t-il, de faire entendre vos subtilités théologiques à ces peuples point spéculatifs. Imposez-leur par la science. Un peu d'histoire naturelle et de chimie vous fera plus de prosélytes que le CatéIl rencontre Dupuis, ce commerçant de génie qui, le premier, est allé de Canton à Hanoï par le Yunnan en descendant le fleuve Rouge. Ces deux hommes, l'un civil, l'autre militaire, sa comprennent. Et, quand, l'année suivante, l'amiral Dupré envoie Francis Garnier avec cent dix hommes reconnaître la navigabilité de ce fleuve et parlementer avec les mandarin du pays pour- qu'elle ne soit pas entravée au détriment des Français,c'est alors que l'épopée commence.

L'histoire n'en offre pas de plus émerveillante à l'imagination. Ce serait du roman si ce n'était de l'histoire. On vit Hanoï, cent mille âmes avec sa citadelle, se rendre à cinquante hommes, sur lesquels Francis Garnier en prélevait cinq, quelques jours après, pour aller sommer une autre ville de trente mille âmes de se rendre. Et elle se rendit. Une forte part du Delta tombait ainsi aux mains de Francis Garnier, qui, fort de sa connaissance de la langue et du caractère annamite, y installait un 1 gouvernement régulier. Il levait l'impôt, surveillait l'administration de millions d'indigènes. Avec ses cinquante hommes, .il percevait les douanes, dénombrait, relevait et, en même temps qu'il étudiait le, ciel, étudiait la terre.

L'astronomie et la géologie avaient également en Francis Garnier un étudiant passionné. Il raconte qu'il travaillait en désespéré. Il voulait tout connaître pour tout aimer. En lui s'alliaient les tempéraments opposés. Condottiere; il avait demandé à la Chine de l'employer pour étouffer une révolte de Chinois musulmans sur la frontière du Tibet. Il se serait résigné à voir couper des têtes de rebelles, puisque c'était un moyen de parcourir un pays inexploré. Ce n'était pas qu'il aimât le sang. Il aurait voulu être un conquérant pacifique. Le peuple l'avait pour protecteur, et il n'en voulait qu'aux privilégiès. Ceux-ci se sont vengés. Ils l'ont fait assassiner aux environs d'Hanoï. Il n'avait que trente-cinq ans. S'il avait vécu, quel vol eût pris cet homme! Il serait plus haut que tous. La destinée parfois a l'air mesquine, envieuse. On dirait qu'elle porte envie, comme les médiocres.

Edouard Conte.

LA JOURNEE.

HIER

A l'Intérieur Le conseid des minis- militaire suivi de réception, à l'Elysée. Bourse calme.

A l'Extérieur Après un nouveau bombardement de Santiago, le général fait sommer le général Torral de capituler. Celui-ci a demandé à en référer à Madrid.

AUJOURD'HUI

Célébration du centenaire de Michelet au-Panthéon. A deux heures, grande fête populaire sur la place de l'Hûtel-deville. Couronnement de la muse du travail.

NOUVEAU SPORT

La guerre devient une affaire de plus en plus compliquée. Si'nous en JOT croyons les nouvelles de Madrid, les nement à ce point qu'on a trouvé à PortoRico des obus ayant oublié d'éclater qui portaient cette inscription « 1896. PuertoRico ». Aux Philippines, l'amiral Montojo a consigné un fait semblable dans son rapport officiel. Là, « Cavité » remplaçait « Puerto-Rico ».

On. nous dit que ces obus ainsi marqués au nom de la ville à laquelle ils étaient destinés prouvent que les Américains se préparaient depuis longtemps à la guerre. Parfait. Seulement, ce qu'il faudrait savoir, c'est à quel but utile répond ce soin d'imprimer en relief la désignation des localités à bombarder sur les projectiles avec lesquels on les bombardera.

Passe encore pour les Américains ils ne visaient que trois îles et quelques ports. Mais nous autres Français, qui avons sur les bras-la triple alliance, nous voilà bien si la nécessité s'impose de préparer un assortiment d'obus adaptés à tous les cas!

C'est qu'il faut se méfier. Quand un pays est vainqueur, les autres pays copient servilement son organisation et ses méthodes de guerre, bonnes ou mauvaises, convenant ou non à leur tempérament. Nous avons vu cela après la guerre de 1â70.

Lire à la deuxième pagne

i,ES JOURNAUX DE .CE MATIN LA CLOTURE DE LA SESSION

On semble généralement croire que la session des Chambres pourra être close ce n'faudra, toutefois, qu'auparavant le Sénat fasse diligence pour voter le projet de crédits supplémentaires discuté, hier, au palais Bourbon et dont il ne sera saisi qu'aujourd'hui..

Mais on sait qu'en pareil cas la commis-.sion sénatoriale des finances se livre par avance à un examen officieux et tient sQn rapport tout prêt, comme cela s'est déjà passé, hier, pour les contributions diLE SERVICE DE DEUX ANS

M. Gervais, député de la Seine, a saisi la Chambre d'une proposition tendant à réduire à deux ans la durée du service militaire et à organiser des troupes coloniales.

SANTIAGO EN FLAMMES LES AMÉRICAINS SOMMENT LES ESPAGNOLS DE CAPITULER; Double bombardement Quatre foyers d'incendie := Le navire ,;mystérieux Est-ce la fin?

[Au point de vue militaire, un seul fait, mais décisif la reprise du bombardement de Santiago par l'escadre américaine et par l'artillerie du général Shafter. • La reddition de la place, si elle n'est pas un fait accompli, ne saurait désormais: tarder. ̃•̃•(.; A Madrid, on semble discuter non plus le principe de la paix, mais les conditions qui seraient imposées par les Etats-Unis. L'impression à peu près générale est que; si les Américains se montrent trop exigeants, l'Espagne, invoquant les souvenirs héroïques de Saragosse, continuera la lutte jusqu'au sacrifice de son dernier soldat.. Mais l'opinion publique paraît assez ner.veuse, et on signale une recrudescence de l'agitation carliste.

En ce qui concerne la crise ministérielle, on manque d'informations positives. Cependant une dépêche assure que M. Sagasta aurait réussi à remanier son'cabinet en écartant les éléments hostiles à l'ouverture des négociations avec les Etats-Unis.] Bombardement de Santiago.

• New-York, 12 juillet. -r Le bombardement de Santiago a recommencé, hier'matin, à neuf heures et demie. C'est le croiseur Newarh qui a ouvert le feu avec ses canons de 20 centimètres. Le New- York, le Brooklyn, l'Jowa ont suivi.

Le bombardement a duré deux heures*. On a signalé de terre que lés projectiles tombaient presque tous dans la baie et causaient peu de dommage. Le dernier coup, cependant, a atteint, au centre de la ville, une église qui avait été transformée en poudrièrè, et une épouvantable explosion en est résultée.

Quand les navires eurent cessé le feu, et avant que le général Shafter eût commencé l'attaque par terre, on a vu des parlementaires venir de la ville.

A deux heures, le Columbia et le Yale sont arrivés. L'amiral Sampson s'est rendu aussitôt à bord du Yale pour conférer avec le général Miles. Le Yale a ensuite rejoint Siboney.

Les adieux du captif.

New-Yobk, 12 juillet. Le départ de Portsmouth des officiers espagnols prisonniers a donné lieu, hier, à une scène touchante.

Le capitaine Moreu, commandant du Cris,tobal-Colon, avait demandé la permission d'adresser, avant de s'embarquer sur le Saint-Louis, quelques paroles d'adieu aux hommes de son équipage, qui se sont si noblement conduits à ses côtés; mais, au lieu de prononcer un discours, le capitaine Moreu passa dans les rangs, s'arrêtant devant chaque homme, lui serrant les mains et le' baisant sur la joue. Les hommes pleuraient et jetaient leurs bras autour du cou de leur capitaine. Enfin,, celui-ci leur adressa quelques mots d'adieu: pendant qu'ils l'entouraient et s'accrochaient à ses bras et à ses genoux, comme po.u,r 'l'empêcher de les quitter. Incident américano-danois.

New- York, 12 juillet. Une dépêche de Saint-Thomas àl'Evening Journal dit que le gouverneur des Antilles danoises a notifié au consul américain de Saint-Thomas, que, -le charbon qui se -trouve à Saint-Thomas étant considéré comme contrebande de guerre, son emploi par l'Amériquo serait une violation de la neutralité et qu'en conséquence les canonnières danoises en em-. pêcheraient l'enlèvement.

Le consul américain répondit que les navires des Etats-Unis enlèveraient le charbon de vive torce.

L'affaire a été soumise à Washington. Mystérieux navire.

ANVERS, 12 juillet. Cette nuit est arrivé à Flçssingue le croiseur auxiliaire espagnol Ciud ad-de-Cadiz commandant Jedenco Ebariz, venant de la Corogne.

Après avoir pris- à bord un pilote néerandais, h croiseur a remonté l'Escaut et est arrivé aujourd'hui en rade d'Austruweel, où il a jeté l'ancre. La Ciudad-deCadiz est arrivée dans notre port d'une façon mystérieuse. Le nom du navire avait été effacé ce n'est que sur une lanterne qu'on a pu le lire. Personne ne savait rien de cette arrivée.

Le commandant a le grade de lieutenant de vaisseau de Ire classe l'équipage comprend 165 hommes. Le navire a dix canons à bord, dont 4 de 12 centimètres, 2; centimètres et 4 canons-revolvers. Le bâtiment est gréé en trois-mâts sa vitesse est de 17 noeuds il se trouve ici avec un titrant d'eau do 6 mètres 25. Dans la matinée, le commandant s'est rendu en ville.

Personne n'a été admis à bord. ̃̃̃?> On garde à bord le plus strict incognito. Ce matin, lorsque le commissaire maritime et le chef du pilotage se sont embarqués pour se rendre à bord de la Ciudadde-Cadiz, ce navire a immédiatement levé l'ancre et est reparti pour une destination inconnue.

L'opinion à Madrid.

MADRID, 12 juillet. De notre con*espondant particulier. Une dépêche de la Havane dit que la question des', subsis-,tances cause de grosses préoccupations. Les denrées éommencent à atteindre des prix exorbitants, et les classes pauvres sont durement éprouvées. Des groupes nombreux parcourent les rues, demandant l'aumône. Les bruits plus ou moins fondés d'après lesquels legouvernementespagnolseraitdisposé à négocier pour la paix produisent une impression déplorable sur l'armée de Cuba. Une députation d'officiers s'est rendue chez le maréchal Blanco pour le prier de transmettre au gouvernement leurs respectueux ses représentations.

La conclusion de la paix ne saurait se justifier, selon eux. L'armée commence à, peine à combattre, et, jusqu'à présent, le sort des armes ne lui a pas été défavorable, même quand elle luttait contre des forces très supérieures. Tant qu'il ne sera pas- d^-i montré qu'elle est incapable de défèndre'iéj sol cubain contre l'envahisseur, on ne peut; traiter de la paix sans la déshonorer aux! yeux du monde. Les volontaires ne sont pas moins ardents; à demander là continuation de la guerre. « Si la paix se fait, nous ne nous soumet-:trons pas. Nous continuerons à nous battre! pour notre compte contre les Américains, ,et les insurgés.» ̃ 4 heures du matin',

SOMMATION DE CAPITULER

Les effets du bombardement à Santiago -Le général Wheeler en parlementaire.

New- York,' 12 juillet. De nombreux projectiles, tombant sur la ville de Santiago, l'incendièrent sur quatre points. L'église Saint-Michel a été réduite en miettes. Pendant que les vaisseaux bombardaient la

ville, l'artillerie de terre bombardait les tranchées. Les Espagnols ne répondaient que faiblement.

Les Américains firent alors un feu meurtrier, et les Espagnols abandonnèrent leurs [dernières tranchées.

Les, pertes des Américains sont nulles. à l'amiral Sampson de cesser Je feu, envoya au gériéral Torral le général Wheeler en parlementaire pour lui annoncer que San-: tiago était virtuellement investi, que 18,000 réfugiés mouraient de faim et que les Américains n'avaient pas les moyens de les Sustenter. En conséquence, le général Torral était prié de capituler sans condition. Le général Torral répondit que la question était si grave qu'il devait en référer à Madrid. On en était là à sept heures, heure de l'expédition de la dépêche.

NOUVELLES DE MADRID

La sommation du général Shafter Refus du général Torral.

MADRID, 12 juillet. Les ministres ont déclaré, en sortant du conseil, qu'une nouvelle sommation, qui a été repoussée, avait été faite au général Torral, commandant la place de Santiago.

Le ministre des affaires étrangères, interviewé par un journaliste, a déclaré que rien ne justifiait les nouvelles relatives à fa paix mises en circulation par les journaux. M. Patenôtre, ambassadeur de France à Madrid, a conféré avec le ministre-des affaires étrangères.

LES PRISONNIERS ESPAGNOLS

Washington, 12 juillet. Cinq chirurgiens militaires américains, assistés de deux médecins espagnols, soignent les.prisonniers 'blessés à Portsmouth (New Hampshire). vLes officiers espagnols se trouvant sans argent, on leur donnera à chacun une petite allocation journalière.

MINES INUTILES

WASHINGTON, 12. juillet. -Le département de la guerre* donné l'ordre défaire, sauter toutes les mines des ports des Etats-Unis, maintenant que le danger d'une invasion n'existe plus.

L'ESCADRE WATSON

Washington, 12 juillet,- Les officiers de l'escadre Watsori ont reçu l'ordre de rejoindre. Ils sont pourvus des cartes les plus modernes des côtes d'Espagne de la Môdp>, terranèe.

LE GÉNÉRAL MILES

NEw-YoRx, 12 juillet. Une dépêche du quartier général du général Shafter reçue par YEvening Telegram anonce, que le général Miles a pris le commandement des troupes américaines.

Le général de brigade Duffleld a été griè- vement blessé.

5 heures du matin

M. MAC K1NLEY MÉCONTENT

Les lenteurs du général Shafter Ordre d'agir promptement.

New- York, 12 juillet. De notre correspendant particulier; Le président Mac Kinley se montre très irrité contre le général Shafter, qui a accordé, aujourd'hm, un nouvel armistice aux Espagnols. M. Mac Kinley ne veut admettre que la reddition immédiate sans conditions, et il l'a fait télégraphier au général Shaftor.

Les autorités militaires de Washington craignent que l'armée espagnole n'échappe à la vigilance des Américains pour se rendre à Manzanillo.

Les misères, les souffrances sont indicibles dans le camp des réfugiés. On signale deux mille malades environ dans le camp américain.

RENFORTS POUR SANTIAGO

LONDRES, 13 juillet. Le'correspondant du Morning Post à Washington est informé que le colonel Nario, avec six mille hommes, s'avance à marches forcées de Holguin vers Santiago.

TOUCHANTE CÉRÉMONIE

Le désastre de la « Bourgogne »Un service funèbre à New-York. New-York, 12 juillet. -.De notre correspondant particulier. Ce matin, à dix heures, a eu lieu à l'église française un service funèbre solennel pour les victimes du naufrage de la Bourgogne.

M. Jules Cambon, ambassadeur de France, était venu exprès de Washington pour assister à cette touchante cérémonie. Le consul général de Russie se trouvait aux côtés de l'ambassadeur de France, ainsi que M.Bruwaert, consul général do France, entouré de son personnel.

Assistaient, en outre, à cette cérémonie M. Faguet, représentant la Compagnie générale transatlantique; le commandant Rupe et les officiers et une délégation de marins de la Bretagne. Parmi les membres de la colonie française, citons M. Lurienne, directeur du câble français.

Le P. Aigueperse, provincial des Pères de la Miséricorde, après une allocution émouvante dans laquelle il a rappejé le courage des marins de la Bourgogne morts victimes du devoir, a donné l'absoute à une affluence énorme, laquelle a manifesté aux représentants de la France et de la Russie sa respectueuse sympathie.

Nous commencerons bientôt la publication d'un nouveau roman PAR JEAN RAMEAU

il est inutile de présenter au public l'auteur de l'Ensorceleuse. du Coeur de Régine, de la Rose de Grenade et de tant d'autres ouvrages à succès. Bans le BONHEUR DE CLAUDINE, les lecteurs du Matin trouveront des pages tout imprégnées de tendresse ou vibrantes d'émotion et les qualités diverses-qui ont valu en peu de temps Jeafia Rameau uaae place enviée dans la littérature française.

LES MANOEUVRES NAVALES

BREST, 12 juillet. Les manœuvres navales de cette nuit ont été très intéressantes. Une escadre so trouvait bloquée dans la baie de Douarnenez par l'escadre du nord, se tenant au large, dans la ligne de l'île de Sein à Camaret.

Le croiseur Surcouf a tenté de forcer le blocus avec les- torpilleurs de l'escadre bloquée. Ceux-ci sont° sortis tous ensemble pour détourner l'attention de l'escadre du nord et lui couler ses bâtiments.

La manœuvre a démontré- que les torpilleurs, bien que canonnés par l'escadre, lui auraient coulé quelques navires. L'escadre est rentrée à Brest.

LES ARRESTATIONS NOUVELLE PÉRIPÉTIE DE L'AFFAIRE DREYFUS

Les poursuites contre le colonel Picquart Perquisitions Arrestation du commandant Esterhazy' Menaces-de parler-Le

sénateur et le colonel. Les termes de la7 lettre adressée par le lieutenant-colonel Picquart. à M. Brisson, président du conseil et' ministre de l'intérieur, sont encore présents à la.mémoire de tous il n'est donc point nécessaire de les rappeler.

Le conseil des ministres, réuni sous l'habituelle présidence de M.FélixFaure, a délibéré. hier matin, sur la suite qu'il convenait de donner à l'incident. La résolution prise est ainsi formulée dans la note officielle communiquée aux journaux à l'issue du conseil

Le conseil a décidé qu'une plainte serait adressée par le ministre delà guerre au garde des sceaux contré M. Picquart, pour avoir communiqué à une personne non qualifiée pour en prendre connaissance des documents intéressant la sûreté extérieure de l'Etat, et contre M. Leblois, comme complice du même délit. Ce'qui revient à dire que MM. Picquart et Leblois vont être poursuivis judiciairement en vertu du paragraphe 1er de l'article 1er de.la loi du 15 avril 1886 sur l'espionnage. L'article visé est ainsi conçu

Art. 1er.– Sera puni d'un emprisonnement de deux à cinq ans et d'une amende de 1,000 à 5,000 francs

1° Tout fonctionnaire public, agent ou préposé du gouvernement qui aura livré ou conamuniqué à une personne non qualifiée. pour en prendre connaissance des plans, écrits ou documents secrets intéressant la défense du territoire ou la sûreté extérieure de l'Etat qui lui étaient confiés ou dont il avait connaissance à raison de ses fonctions. La révocation s'ensuivra de plein droit.

2° Tout individu qui aura livré ou communiqué à une personne non qualifiée pour en prendre connaissance ou qui aura divulgué en tout ou partie les plans, écrits ou documents ci-dessus énoncés qui lui ont été confiés ou dont il aura eu connaissance, soit officiellement, soit à raison de son état, de sa profession ou d'une mission dont il aura été chargé. 31 Toute personne qui, se trouvant dans 1 un des cas prévus dans les deux paragraphes précédents, aura communiqué ou divulgué des renseihnements tirés desdits plans, écrits ou documents.

Il convient de faire remarquer qu'aux termes de l'article 8 de la loi du 18 avril 1886 toute tentative du délit prévu à l'article l«f est considérée comme le délit luimême. D'autre part, l'article 12 dit que le tribunal pourra prononcer, indépendamment des peines édictées par la loi (de cinq à dix ans de prison), l'interdiction de tout ou partie des droits civiques, civils et do famille, ainsi que l'interdiction de séjour. Enfin, l'article 463 du code 'pénal sur les circonstances atténuantes peut être appliqué.

Au parquet.

La poursuite des délits visés par la loi de 1886 devant.avoir lieu, d'après l'article 11 de cette loi, devant le tribunal correctionnel, c'est donc cette juridiction qui va être appelée à connaître de cette affaire. Le garde des sceaux a fait diligence. A peine était-il en possession de la plainte de son collègue de la guerre qu'il faisait mander téléphoniquement à son cabinet M. le procureur général Bertrand et M. Feuilloley, le nouveau procureur de la République. A une heure de l'après-midi, ces deux magistrats, auxquels s'était joint M. le juge d'instruction Bertulus, étaient en conversation avec M. Sarrien. Disons en passant que le choix de M. Bertulus pour instruire cette nouvelle "affaire, grosse de conséquences, a été repoussé. M. Bertulus connaît cependant admirablement les trames ténébreuses ourdies aussi bien par- les défenseurs que par les ennemis du traître pendant six mois, il a pâli sur des documents multiples qui ont certainement éclairé sa religion, et il. a reçu le témoignage de plus de cinq cents personnes qui, comme acteurs principaux ou comme comparses, se sont trouvées mêlées à cet obscur et toujours, passionnant imbroglio. M. Bertulus aenquêtô surdes plaintes portées contre X. et Y. par le lieuteriant-colonel Picquart, notamment au sujet des fameux télégrammes signés Blanche ou Speranza pouvait-il sans alarmes de conscience diriger une procédure contre un plaignant de la veille ? On a considéré que non, et l'affaire Picquart a été confiée à M. le juge d'instruction Jt^abre. M. Bertulus, lui, s'occupera du commandant Esterhazy, dont bn lira plus loin l'arrestation.

A quatre heures de l'après-midi, les deux procureurs et le juge d'instruction étaient xle retour au Palais de justice. «Dès lors, la plus grande animation régnait dans les couloirs. On ne rencontrait que gardes municipaux portant hâtivement des plis soigneuse-, ment cachetés, qu'agents de la sûreté se chuchotant à l'oreille d'énigmatiqu.es paroles. Dans l'antichambre de M. Feuilloley,, c'était un chassé-croisé de commissaires aux délégations judiciaires. M. Hamard, souschef de la sûreté, n'était ni le moins actif ni le moins fiévreux. De graves choses se préparaient.1 Mais encore lesquelles Mutisme sur toute la ligne Les reporters, aux ague!s et aux écoutes, se sont donné, pendant tout l'après-midi, un mal du diable pour savoir à peu près rien. Ce-n'est que dans la soirée qu'ils ont appris, non sans surprise, que le commandant Esterhazy et sa maîtresse, Marguerite Pays, avaient été arrêtés, que le lieutenant-colonel Picquart avait disparu dans des circonstances partie culiéres et que M° Leblois, dont l'incarcération était annoncée comme un fait accompli, n'avait reçu chez lui, 96, rue de l'Université, aucune visite inquiétante.

Mais procédons par ordre et entrons dans le détail des faits.

Rue Yvon-Villarceau.

Nous avons dit qu'en sortant du ministère de-la justice MM. Bertrand, procureur général, et Feuilloley, procureur de la République, étaient revenus pu Palais de justice. M. Feuilloley convoqua aussitôt à son cabinet M. Roy, commissaire aux délégations judiciaires, puis il fit, prévenir M. Fabre, juge d'Instruction.

A quatre heures moins cinq, le procureur de la République, le juge.et le commissaire aux délégations, qu'accompagnait son secrétaire, M. Chanot, montaient dans un fiacre et se faisaient conduire au domicile du lieutenant-colonel Picquart, 3, rue YvonVillarceau. Ils y arrivaient- soyons précis, car ceci est de l'histoire à quatre heures vingt minutes.

Cinq agents de la sûreté attendaient devant la porte. Sur'le trottoir étaient déjà réunis une cinquantaine de curieux. En moins de dix minutes, les badauds se trouvèrent un millier, criant éperdument: «Vive l'armée! » « A bas les juifs » etc.

M. Feuilloley fut reçu'par la concierge, une brave femme fort aimable, à laquelle il demanda

M. Picquart est-il chez lui?

Non, répondit la concierge. M. Picquart est parti à quatre heures. Il m'a dit que, si quelqu'un venait le demander, on pouvait lui dire de monter chez lui, car il avait laissé intentionnellement sà, clef sur la porte.

Les magistrats se regardèrent, un peu,

surpris par la réponse tranquille do la préposée à la loge.

Puis ils s'engagèrent dans l'escalier et arrivèrent au quatrième étage, où se trouve l'appartement, déjà décrit par nous, du- lieutenant-colonel Picquart. Tout y était parfaitement en ordre. Les clefs pendasent aux tiroirs -dû bureau, que le locatmro avait même pris la précaution de laisser entr'ouverts pour qu'on ne les fracturât point.'Les magistrats se livrèrent àleurs investigations coutumières; ils saisiront les papiers précédemment examinés par M. Aymard, commissaire de police du gouvernement militaire de Paris, et auxquets l'exlieutenant-colonel n'avait pas touché depuis qu'ils lui avaient été restitués.

L'opération fut promptement achevée; mais les magistrats ne crurent pas devoir se retirer immédiatement ils attendirent la rentrée de M. Picquart, contre lequel un mandat de comparution avait été décerné. On croyait que l'ex-lieutenant-colonel se trouvait à Ville-d'Avray, chez son beaufrère. On fit faire des recherches dans cette localité mais, à neuf heures dm soir, un té- légramme apprenait au procureur de la République que M. Picquart n'avait pas paru de la journée dans sa famille.

Les magistrats ont trompé l'ennui de cette longue attente en examinant les quelques papiers nouveaux découverts dans les tiroirs, en classant soigneusement des lettres, des cartes de visite, des photographies, dont une du tsar, une autre'de. l'empereur d'Allemagne et une troisième de Ménélik, le roi des rois d'Ethiopie.

Enfin, comme M. Picquart n'arrivait toujours pas, M, Roy; commissaire aux délégations, apposa les scellés sur un meuble fermé dans lequel la concierge affirma qu'il n'y avait que des assiettes et du linge de table. Une cassette en fer et une petite boîte fermées à clef furent également ficelées et cachetées la cire administrative.'

Les papiers saisis ont été placés dans une valise de toile grise et dans des journaux.

M. Feuilloley a ensuite prévenu la concierge qu'il reviendrait le lendemain matin, à onze heures, et qu'il ferait ouvrir les meubles, même en l'absence de M. Picquart. A neuf heures dix, les magistrats remontaient dans le fiacre qui les avait amenés. Les agents de Ja sûreté restaient en surveillance aux abords de la maison.

Pendant la durée de la perquisition, la foule s'était considérablement accrue devant le no 3 do la rue Yvon-Villarceau. Impuissants à la contenir, les gardiens de la paix durent user de violence pour maintenir le trottoir libre, et il en résulta des bousculades. Les représentants de l'autorité furent même quelque peu conspués.

Quand le procureur remonta dans le fiacre, la foule crut que, M. Picquart venait d'être arrêté e^t que les magistrats l'emmenaient. Les cris de « Mort aux juifs 1 A l'eau Picquart Vive l'armée! » redoublèrent. Les agents eurent toutes les peines du monde iL protéger la voiture, qui prit au trot la rue Copernic, où la foule, de plus en plus surexcitée, la poursuivit en criant encore « A bas Picquartl A bas les juifs Vive l'ar- mée! »

Enfin, les curieux purent être refoulés l'extrémité de la rue Copernic, et le fiacre put s'acheminer sans autre incident vers le Palais de justice.

Afin d'éviter de nouvelles scènes de désordre, il est possible que l'heure de la perquisition de ce matin soit avancée.

Le commandant Esterhazy.

Passons maintenant. au commandant Esterhazy.

A cinq heures de l'après-midi, M. Bertulus, juge d'instruction, faisait appeler M. Hamard, sous-chef de la sûreté, qui'sa rendait immédiatement au parquet en compagnie de M. Blot, son secrétaire. M% Thomas, substitut dû-procureur de la République, arrivait peu après, et des dispositions étaient prises pour qu'une perquisition fût opérée chez Mlle Marguerite Pays,49,rue de Douai. On sait que le commandant Esterhazy est depuis plusieurs années l'amant de cette personne, chez laquelle il habite.

Les deux magistrats, suivis par des agens de la sûreté, arrivaient rue de Douai à six heures- du 'soir. Outre le mandat de perquisition, M. Hamard était porteur d'un mandat d'arrêt contre le commandant. M. Bertulus et le sous-chef de la sûreté furent reçus fort aimablement par Mlle Marguerite Pays, qui ignorait le but de la visite de ces messieurs.

Nous venons perquisitionner chez vous, madame, dit le juge. Voulez-vous nous faciliter notre délicate besogne ? Toujours gracieuse, Mlle Pays se mit à la disposition de M. Bertulus et l'aida à vider ses tiroirs. Les magistrats opérèrent lentement. Ils remplirent tout d'abord une valise puis, comme les papiers abondaient, ils en firent deux ou trois gros paquets. Mlle Pays alla chercher un cartonàchapeau de dame et le mit.à à la disposition de M. Hamard, qui l'eut bientôt bourré de lettres, de journaux et de paperasses diverses,. Quand M. Bertulus eut terminé ses investigations, il demanda à Mile Pays à quelle heure rentrerait M. le commandant Esterhazy.

A neuf heures, répondit la jeune femme.

C'est bien. Nous allons l'attendre.

L'amie du commandant commença à manifester, quelque inquiétude et pressa da questions les magistrats, qui lui apprirent qu'ils allaient arrêter son amant et qu'ellemême devait se considérer comme détenue.

La jeune femme fondit en larmes..

Pendant ce temps, paraît-il, le,commandant Esterhazy se promenait sur les grands boulevards, entrait dans un café, où un ami le prévenait que la justice opérait..chez sa maîtresse.

Il aurait alors répondu:

-Oh! c'est une perquisition pour la- forme, je le sais.

Il rentrait donc vers neuf heures et trouvait l'appartement occupé. policière,ment.Dès qu'il l'aperçut, M. Bertulus fit quelque pas vers lui et dit

Monsieur, je suis obligé de vous arrêter. Voulez-vous me permettre de procéder à votre interrogatoire ici ou bien, si vous préférez, me suivre au Palais de justice? A ces mots, le commandant faillit tamber à la renverse. Il essaya de parler, mais, étranglé'par l'émotion, il ne le put. Des larmes coulèrent le long de ses joues, et il s'affaissa sur une chaise, anéanti. Il avait compris que ce n'était point une a perquisition pour la forme ».

M. Bertulus procéda à un court interrogatoire, au cours duquel le commandant aurait vivement protesté contre son arrestation et se serait écrié, d'un ton menaçant -Puisqu'il en est ainsi, moi aussi je vais parler.

Quand M. Hamard pria le commandant de le suivre, ce dernier retomba dans un abattementproiond. M. Esterhazy l'ut conduit directement à la prison de la Santé. Pendant le trajet, il n'a pas proféré une seule parole.

Mlle Marguerite Pays a pris le chemin de la prison de Saint-Lazare.

Chez Me Leblois.

Me Leblois est rentré chez lui, rue del'Université, vers huit heures et demie. Peu après, il recevait .M. Trarieux, sénateur, et Me'IIild, secrétaire de M» Labori. Après une longue conférence, MM, Trarieux et Hild s*