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Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1897-05-05

Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328123058

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb328123058/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 123753

Description : 05 mai 1897

Description : 1897/05/05 (Numéro 4815).

Description : Note : dernière édition.

Description : Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail

Description : Collection numérique : La Grande Collecte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k557040h

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 10/04/2008

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paru. IL ne resUAVqu'uo, bracelet portant son chiffre.

Le corps a été aussitôt enveloppé dans un drap, et, sur une fiche prise au commissariat de police et qui sert à-ïnscrire les signatures des commerçants, on a inscrit « Reconnue. Mme la baronne de Caruel de Saint-Martin,Elisabeth, âgée de cinquante neuf ans, demeurant 7, rue Hoche. » Peu après, un monsieur qui soulevé les bras d'un cadavre de jeune fille, horriblement carbonisé du côté droit, se lève etjdit au gardien « Voilà ma nièce. Je l'ai reconnue à son bracelet. C'est moi qui le lui ai donné, il y a huit jours. »

Le cadavre est recouvert, et l'on inscrit sur la fiche

« Mlle de Mandat-Grancey, âgée de dixneuf ans. demeurant, 6, rue Greuze. » Deux religieuses de Saint-Vicent-de-Paus'approchent d'un corps. Elles reconnaissent la robe de leur ordre.

Mon Dieu! c'est notre supérieure! Qu'est devenue la sœur qui l'accompagnait, la sœur Eugénie?

Le cadavre est recouvert, et l'on inscrit le nom

« « Soeur Ginoux de Fermo.n, supérieure de rétablissement de Saint-Vincent-de-Paul, au Raincy. » Les religieuses cherchent alors dans les quarante-huit cadavres qui sont alignés et attendent les autres, qui viennent, vynirent, toujours, et dépassent la soixantaine, puis quatre-vingts.

Les planches sont garnies, et l'on attend encore vingt ou trente cadavres. M. Mouquin ordonne à M. Màrion,' commissaire aux délégations judiciaires, d'aller, commander une centaine de bières. Il se .produit ce fait que/pour placer les cadavres que l'on décharge des voitures, on doit rectifier les positions des corps, qui sont pressés les uns contre les 'autres, et Voix.. peut aligner .sur le seul .côté gauche quarantesept corps. Au fond, on ne- place que- les cadavres défigurés, méconnaissables. C'est ainsi que nous voyons placer dix-sept corps noirs, auxquels il manque la plupart des membres. L'uri d'eux se brise et s'effrite sous la main des ambulanciers. Deux petits corps d'enfant sont décapités.

A la lueur des bougies.

Mais le nombre des gens qui viennent reconnaître les corps devient considérable. On n'y voit plus dans la salle, et il n'y a pas de lampes. Alors M. JVIourgues, en désespoir de cause, fait prendre une centaine-de bouteilles vides chez lui, fait enfoncer une bougie cans chaque goulot et placer ces bougeoirs improvisés près des corps. Des gardiens de la paix munis de torches accompagnent les visiteurs et inspectent avec euxles bijoux.

On cherche la duchesse d'Uzès, la marquise de Galliffet, l'abbé Marbot. De tous les côtés, on entend: « Je viens' voir si mon frèrp n'est pas parmi lesmorts. Monsieur le commissaire, pourriez-vous me dire si tel nom- se trouve dans votre liste' Pour faciliter les recherches, on affiche sur les portes les noms des personnes reconnues à Fhôpital Beaujon, à la Charité et au palais de l'Industrie.

Deux jeunes gens qui se trouvaient accroupis près d'un cadavre se dressent soudain, et l'un d'eux, éclatant en sanglots, S'écrie:

C'est ma sœur Je veux l'emporter Couvrez-la!

On lui fait comprendre qu'il doit attendre, et il donne le nom de sa soeur..

C'est Mlle Henriette d'Hinnisdal, demeurante, rue de Varennes

Un vieillard à barbe blanche ne veut pas que le cadavre de la personne qui est là, devant lui, soit celui de sa fille: 11 est entouré de sa famille. La gouvernante crie, au milieu de ses sanglots

Si, monsieur, c'est elle voilà la croix en or que vous lui avez donnée.

Le père regarde et hésite, mais la gouyernaute lui présente d'autres bijoux, et le père Se met 'à pleurer silencieusement, pendant que l'on, couvre le cadavre et que l'on inscrit sur la fiche «Mme la vicomtesse de Saint-Perrier, âgée de quarante-sept ans, 9, » .̃

Le comte de "Saint-Pefrièr' arrive peu après. Son beau-père ne veut pas lui laisser voir le cadavre.

Uh non, dit-il, c'est trop horrible On cherche toujours Mme Ho^kier, dont le mari est à Saint-Pétersbourg, et sa fille, Mme Kolaud-Gosselin, la femme de l'agent de change, le docteur Nitot, plusieurs membres de la famille: Moreau-Nélaton. On cherche cinq cents personnes. C'est de l'affolemcut. 11 est huit' heures, il y a quatrevingt-sept cadavres dans la sinistre salle, et il en arrive toujours.

Un reconnaît encore parmi les mortes Mine la Yicomtesse.Marlëde.Bonueval, âgée de quarante-cinq ans, demeurant, rue Las-Cases. ̃ ̃ Les cadavres qui arrivent sont encore plus maltraités que les premiers. Il 'il a Cinq petites filles dont une a la tête carbonisèe une autre n'a plus que son corset; une troisième n'a' plus qu'une jambe. Un cUdavie arrive ayëc un parapluie; un autre n'a plus qu'un chapeau de femme aplati une femme tient un livre d'heures qui, seul, » été épargné..

La nuit.

Une foule énorme, toute la nuit, a stã tonné autour du palais de l'Industrie. Le service de police était des plus sévères. Nul, à partir de dix heures du soir, ne peut pénétrer dans la salle où se trouvent exposés les cadavres. M. Girard, lui-même, le chef du laboratoire municipal, qui s'était rendu sur les lieux pour procéder à la désinfection des locaux, a eu la plus grande peine du monde à forcer le triple cordon d'agents qui défendait lés abords des palisjades.

Le dernier visiteur a été Ni, Félix Faure, qui a parcouru la lugubre salle, dont on avait préalablement éloigné les visiteurs. Après lui, vainement les parents ont supplié qu'on les laissât entrer.

Les plaintes, les gémissements ont été inutiles. La consigne étaitformelle. On les il priés de repasser le lendemain, à six heures du matin.On comprendra combien cette mesure inattendue leur' a été cruelle. On l'a, du reste, si bien compris à la préfecture, et de telles manifestations étaient à craindre qu'au deraier moment des lampes électriques ont été installées 'au palais de l'Industrie et que le délilé des familles venant. reconnaître- les- corps pu reprendre son cours interrompu. M. Félix Faure, en quittant le palais de l'Industrie, s'est rendu à l'hôpital Beaujon. Les morts reconnus.

'Le nombre des cadavres transportés au palais de l'Industrie est officiellement de cent onze. Il y a, en outre, douze lambeaux de corps.

l'oici, après vérification, les noms des victimes reconnues aupalais de l'Industrie, et pour lesquelles on a délivré, dès'hier goir, le permis d'inhumer:'

lo Mme Elisabeth Caruel de SaintMarlin, 59 ans, 7, avenue Hoche

2o Mme la vicomtesse Marie de Bonfteval, i5 ans, 30, rue Las-Cases

S» Mlle de ans, Q, rue Urcuze;

40 Soeur Ginoux de Fermon, supérieure •des Sueurs de Saint- Vincent-de-Paul, du ̃Raincy;

̃ 5» Mme la vicomtesse de Saint-Perrier, rue d'Aguesseau, 47;

19 ans, £0, rue de Vat'enues

-7» Mme Jacques Haussmann, 57, rue ;de Prony

Mme la baronne de Saint-Didier, a. s, 19, rue de la Yitle-l'Eéveque; 90 M. l'oldevin, Victor, 19, rue j$âvi10" Mme la comtesse de Mimer cl, 5 bis, Jue de Berry

11" Mme Schlumberger, 140, rue du MUe Est lier Cuvilier, 14 ans, 14, rue ^jJulps-César;,

13' MmePorgès, née Weissiïeiller, il, ftvemie'FriedîSndi •••̃-•̃-̃•̃

Bassario. Le général Munier;

Cruelles erreurs.

D'autres déclarations de reconnaissance ont été faites; mais plusieurs étaient' fausses,. des malheureux croyant que tel objet, comme une bottine, une alliance, etc.], ap-; partenait à un des leurs, alors qu'il n'en était rien. Il est arrivé ainsi qu'un corps a été reconnu par deux familles différentes. Aussi considère-t-on comme non avenues, les déclarations concernant

lo Mme Léonie Guillaumet, sœur de Saint-Vincent-de-Paul

2° Mmela vicomtesse de Beauchamp, 115, boulevard Saint-Germain;

3° MméHoskier Mme Roland-Gosselin;

50 Mme la générale Munier

Mme la comtesse des Moutis; 7° Mme d'Hunolstein. Dans le courant de la nuit, on annonce que Mme la baronne de Saint-Martin, transportée blesséechez sa fille, Mme de Pressy, 5, rue Magdebourg, est morte, et que Mme de Morado, transportée, avec ses deux filles, 18, rue de Magdebourg, est tombée dans l'état comateux.

Les sacrements, ont été administrés, à minuit, à Mme de Florès, femme, du consul kl Espagne, à .L'hôpital Beaujon, qui n'a pas t rdé à rendre le dernier, soupir;, .La préfecture de police n'a reçu encore :que'très peu de déclarations de' dispark lion., Les disparus.

On signale toujours comme disparus la ;comtesse Serurier, Mmcde Clermont, Mme jBrasier de Thuy; Mme Nitot, MmeMoreauNélaton; Mme de Carayon-Latour ̃ et son groom, Joseph Doran, âgé de quinze ans |Mmes'.laduchessed'Àlénçon,la duchesse de ^Vendôme, Mlle. Louise Giraudeau; la vicomtesse de Lignac..

Mme Buffet, belle-sœur du sénateur; Marquise d'Argens; Mme de Coffinières de Nordeck

Baronne de Luppé.

On évalue approximativement à quarante le nombre des personnes blessées plus ou moins grièvement qui se sont fait transporter directement à leur domicile et qui ont évité ainsi le recensement officiel. LES BLESSÉS ET LES DISPARUS A l'hôpital Beaujon Etat désespéré de quelques victimes Rapides interviews.

Une foule considérable n'a cessé d'encombrer, pendant toute la soirée et jusqu'à une heure fort avancéede la nuit, le trottoir de l'hôpital Beaujon, faubourgSaint-Honoré. La police a dû établir un service d'ordre et faire circuler les curieux. Nombreux étaient les parents et les amis des personnes disparues qui venaient se renseigner auprès du directeur de cet établissement; l'aimable M. Baudry avait fort à faire pour répondre 'à toutes les demandes. Cependant, le Lombre des~ blessés^quront été transportés à Beaujon est moins considérable qu'on ne l'a cru ̃ toiit. d'abord Voici leurs noms Mme la baronne Armand de Linsingeri, née de Hpnï, demeurant rue de Berne, 2; 'Mme Julliam Mme. la comtesse de Horn, née de Haber, demeurant rue de Berne, 3; et Mme de Flores, femme du ministre plénipotentiaire. '̃• .̃̃̃ En .outre, de ces dames; deux. autres blessées, Mme deLaporté et. une personne dont on n'a pas gardé le nom, ont été transportées à. l'hôpital. Be&ujon mais, après un premier pansement, ces dames, qui n'étaient que légèrement, atteintes, ont été conduites, sur leur demande, à leur domicile particulier.

M. Baudry, directeur de l'hôpital, à bien voulu nous .donner quelques renseignements sur l'état des blessées confiées à ses soins.

Mme de Linsingen et MmeJullian n'ont que des brûlures qui n'inspirent, pour le moment, aucune inquiétude. Mais Mme la comtesse. de Horn et Mme de Florès ont des brûlures générales qui présentent un caractère de gravité. Toutes ces personnes sont en traitement dans les salles de chirurgie..

Parmi les blessées, citons' encore une jeune vendeuse, Mlle Yvonne Lachaud, qui avait auprès d'elle sa mère, veuve d'un avocat à la cour de Paris, homonyme du célèbre avocat .d'assises.

Mlle Lachaud a été assez gravement brûlée à la joue et au bras. Sa mère n'a été que légèrement atteinte au front.

Toutes deux sont, d'ailleurs, rentrées chez elles.

La comtesse de Roucy, sœur du_ général Cosseron de Villenoisy, 3%, rue Washington, a été rapportée mourante chez elle. Sa fille, qui se trouvait avec elle, n'avait pas reparu à la fin delajournée.

Mme Greffulhe.

Mme la comtesse Greffulhe, âgée de soixante-douze ans, impotente, et sa fille, la marquise de Leygues, .qui tenait un comptoir de vendeuse, doivent leur salut à leur valet de pied.

Ce brave garçon,- sans mesurer le danger qu'il faisait courir à ces dames pour les sauver des ffammes^les saisit vigoureusement, l'une après l'autre, et les fit basculer par dessus le mur d'une propriété voisine. Quant au valet de pied, c'est un hasard qu'il n'ait pas péri; atteint par les flammes, il a été assez fortement brûlé.

C'est cependant la mort dans l'âme qu'il dut songer à se sauver lui-même en voyant mourir sous ses yeux une jeune fille sans pouvoir la secourir.

De nombreuses personnes se sont présentées dans, la soirée à l'hôtel du de la rue d'Astorg, où habite Mme la comtesse Greftulhe, Lée de la Rochefoucauld. Mme Grellulhe était la présidente et l'organisatrice de la vente de charité. Elle a été légèrement blessée au cours de l'épouvantable sinistre et a été ramenée chez elle en voiture. Au moment ou nous. sommes allé prendre de ses nouvelles, sa belle-tille, née de Caramân-Chimay, qui habite l'hôtel du n° 10, se trouvait à son chevet. On nous a fait répondre que l'état de la malade est des plus satisfaisants. Mme Greffulhe n'a que des blessures peu graves à la tête et aux épaules..

Mme Colette Dumas.

Mme Colette Dumas, qui achetait, avec son amie Mme Strauss, au comptoir de Mme Henri Baignières, a eu la présence d'esprit, en apercevant les flammes, de ne pas se précipiter vers la sortie du Bazar, où tout le monde s'écrasait déjà, et de courir d'un côté opposé pour chercher une issue. Là, une brèche ayant été rapidement pratiquée dans la cloison, elle put s'échapper, ainsi que Mme Strauss et une dizaine d'autres personnes. Mme Colette Dumas en a été ainsi heureusement quitte pour une très légère brûlure à la joue.

avenue de Friedland.

A onze heures, un de nos rédacteurs s'est présenté 32, avenue de Friedland, chez la duchesse d'Alençon.

Dans le vestibule se tenaient les deux sœurs, de la disparue, la comtesse de Trani et la reine de Naples, en proie à une morne désolation. Aux nombreuses dames de l'aristocratie qui venaient aux informations elles se bornaient à répondre par ces mots attristés « Nous ne savons rien A onze heures un quart arrivait enfin un prêtre, apportant les. renseignements si impatiemment attendus: M. Cochefert lui avait donné l'assurance que Mme la duchesse ci'Alençon pouvait être considérée éommé sauve; elle devait se trouver parmi les blessés. A quel endroit exactement? La police l'gnorait. On pouvait faire- utilement des recherchés aux adresses suivantes 5, rue Bayard, au palais de l'Industrie, à l'hôpital Beaujon, ou encore rue JeanGoujon, dans la maison en face du théâtre de la catastrophe.

La reine de Naples et la comtesse de Trani partirent précipitamment en vôiturc. Elles «revenaient une heure après, complètémènt désespérées :.ia duchesse, d'Alennon.ne se trouvait à aucun des endroits indiqués1 par le chef de la Sûreté.

Né»sr avons fait preudre des nouvelles

deux heures du matnullnous a'été "répondu «qu'on n'avait encore aucune nouvelle de Mme la duchesse ». -•. ••

La famille Moreau-Nèlaton.

Parmi les disparus amis de la famille Reille, on nous cite une vendeuse du comptoir de parfumerie, Mlle Louise Giraudeau, dont le corps n'a pas été retrouvé. Enfin, Mme Descours, qui dirigeait ce comptoir, a eu sa chevelure entièrement brûlée. Dans l'hôtel de la famille Moreau-Nélaton, le désespoir est navrant. Ni la mère de- M. Etienne Moreau-Nélaton, le peintre bien connu, ni sa jeune femme n'ont reparu, et, â minuit, on ne sait toujours rien.

Aucun indice, nous dit-on,n'a été encore relevé qui ait permis de reconnaître leurs corps. Malheureusement, il reste peu d'espoir, car ces dames étaient bien au Bazar de la e-harité.

Chez la duchesse d'Uzès,;un prêtre, ami de la famiHe, non? reçoit et nous donne quelques renseignements:

Mme la duchesse a été légèrement contusionnée et atteinte d'une brûlure peu grave derrière le crâne. Elle a surtout éprouvé une émotion Considérable et s'est .couchée aussitôtson retour.

Le docteur Livet à fait un premier pansement dans la soirée, et la duchesse d'Uzès, espère-t-on, sera rétablie dès demain. 'Chez la comtesse de Rochefort, on nous dit que madame et mademoiselle sont rentrées sans aucune blessure. La. comtesse .aperçut les flammes la première « Il y a le feu » s'écria-t-elle, 2t elle entraîna sa fille .'précipitamment, donnant ainsi l'alarme. -Une note. La préfecture de police nous demande l'insertion de l'avis suivant •̃,̃ « Les: familles. qui .compteraient des. personnes s'étant rendues au.Bazar de la. cha'rité et qui ne seraient pas rentrées cette iiiuità'leur domicile sont .priées d'en faire immédiatement la déclaration au commissariat de police de leur quartier. » Munies du certificat que leur délivrera le commissariat, elles devront se.présenter au commissariat du palais de l'Industrie, où elles seront aussitôt admises dans la salle où les cadavres des victimes sont exposés. »

LA SOIRÉE

L'émotion à Paris Chez le baron Reille.

Les premières nouvelles de la catastrophe ne se sont répandues par la ville que vers six heures/Et encore très rares étaient les personnes qui avaient été exceptionnellement informées de ce qui se passait rue Jean-Goujon.

Il a fallu l'apparition des éditions spéciales des journaux du soir, vers sept heures, pour que la nouvelle se répandit avec la rapidité de la foudre. Quand il fut bien acquis qu'on se trouvait en lace du plus et=froyable drame de ces quinze dernières années, on courut aux kiosques, et les. journaux furent vite enlevés. Du reste,'tes camelots se précipitaient sur les grands boulevards et criaient la catastrophe. Ils eurent" bientôt fait de « liquider leur papier Certains,' plus fortunés, n'avaient pas hésité à louer des fiacres qu'ils avaient chargés d'énormes ballots de journaux du soir et distribuaient à la foule qui leur faisait escorte les feuilles réclamées à grands cris.

Ce fat d'abord un sentiment de stupeur indicible qui saisit cette foule. Etait-il possible qu'une pareille catastrophe pût se produire, à Paris, en plein jour dans ce s conditions, alors que tout pouvait faire croire à la plus absolue sécurité? Et puis ce furent des discussions sans fin sur les responsabilités, des lamentations sur le sort des malheureuses familles qui avaient é té frappées et dont les noms commençaient à se répéter de bouche en bouche.

Devant quelques hôtels.

La foule circule encore à minuit aux abords du palais de l'Industrie, sur le cours la Reine, et des groupes stationnent devant certains hôtels où la rumeur publique a.désigné des victimes. Les cuneux sont plus particulièrement nombreux devant l'hôtel du baron Reille, avenue Latour-MauTbourg celui de la duchesse d'Uzès, avenue des Champs-Elysées; celui de Mme Moreau-Nélaton, rue du Fauhourg-Saiut-Honoré de la comtesse de Rochefort, rue Newton, -d'autres encore. Nous entrons pour avoir des nouvelles.. et d'abord on nous ré- pond chez le baron Reille «- Mme la baronne est rentrée à six heures, mais elle est ressortie, aussitôt après son diner pouraller auprès de diverses dames blessées. Le baron se trouvait dans le Bazar, à quelque distance du comptoir de parfumerie où Mme Reille vendait, lorsqu'il entendit le premier cri « Au feu! » 11 se précipita vers la. baronne, tandis que.déjà on s'enfuyait de tous côtés, et, saisissant sa femme, il l'entraîna vers la sortie, qu'elle put atteindre assez rapidement pour n'être pas blessée.

» Mais le baron revint aussitôt sur ses pas et courut à nouveau vers le comptoir pour aider diverses personnes amies à se dégager. Il put heureusement on entraîner plusieurs, leur indiquant le coin du Bazar qui ne.flambait pas encore, et lui-même est sorti à peu près sain et sauf il est seulement brûlé à la main gauche et au cou, et a reçu quelques contusions, peu graves nous l'espérons, qui l'ont obligé à s'aliter dès son retour. »

Au Théâtre-Français.

A.la' Comédie-Française,' c'était jour d'abonnement; on jouait le Monde où l'on s'ennuie; la petite doyenne y faisait sa rentrée.

L'épouvantable catastrophe avait produit de nombreux vides dans la salle. Personne dans les avant-scènes les loges de balcon, les baignoires sont désertes. Le balcon est à peu près complètementgarni; mais, à t'orchestre, un rang entier est libre. La représentation est assez morne. On a lu la nouvelle de l'incendie dans les éditions supplémentaires des journaux du soir; certaines feuilles ont donné les noms de quelques victimes, eti'on songe, en écoutant se dérouler la comédie, que le monde dont elle fait la satire vient d'être atteint par le plus atroce des deuils.

A L'HOTEL DU PALAIS

Le récit de l'hôtesse -Cent cinquante personnes sauvées Le dévouement des soeurs de charité.' Cent cinquante personnes, nous le disons plus haut, ont pu échapper à cet effroyable sinistre, grâce au service de sauvetage organise par le personnel de l'hôtel du Palais. Cet hôtel, dont la façade est située au numéro 28 du cours la Reine, bordait, le terrain sur lequel s'élevait le Bazar la poussée des victime s'e^t donc surtout produite, d'un côté, vers la rué Jean-Goujon, de l'autre vers la partie opposée au bazar, c'est-à-dire contre le mur de l'hôtel.

Mme De Sal, qui dirige cet établissement dont M. Roch est le propriétaire, nous Il conduit elle-même, ceLte nuit,, à la fenêtre par où le sauvetage fut accompli, et voici les détailsqu'elle nous donna alors: «- Je me trouvais au premier étage de l'hôtel, près de ma fille malade, et, par la fenêtre donnant sur le cours la Reine, j'entendis des cris affreux. Je me rendis compte aussitôt que le danger était derrière nous, et je descendis au rez-de-chaussée. Là, au fond d'une petite cave où l'on accède par un escalier peu commode, nous possédons uue- fenêtre grillée donnant sur la palissade élevée pour abriter le Bazar. Je me précipite, et j'aperçois les flammes qui dévoraient la palissade et le vélum, venant presque au rasde notre mur.

» Le spectacle était effroyable. Au travers du feu, renversant les planches qui flambaient, des femmes et des enfants se précipitaient contre notre mur, les vêtements en liammes et poussant des cris affreux. La 'fenêtre de laquelle je. découvrais cette catastrophe était grillée je rentrai précipitamme.it dans l'hôtel, appelant tout mon

¡personnel et demandant --des Marteaux-. Mes domestiques accourent .aussitôt, et, ,en •trois, minutes, avec,dne rapidité- extraordinaire, deux barreaux sont descellés. » Pendant ce temps, je 'réclame un gros tuyau d'arrosage que je fais adapter à la. pompe, de la cave, et nous jetons aussitôt une- quantité d'eau assez considérable pour préserver des flammes un petit tas de planches voisin de la fenêtre, et, par la trouée que nous faisons, les malheureux accourent,encore, venant grossir le nombre de ceux qui crient devant notre fenêtre.

Sauvées!

» Les barreaux tombent enfin, et des chaises sont passées de l'autre côté. Deux sœurs de charité, indifférentes au danger qu'elles courent elles-mêmes, poussent les dames, les hissent sur les chaises, et mes domestiques alors les saisissent et les entraînent dans ma cave, cela duraptvingt-cinq minutes. Les deux religieuses sont passées les dernières, vêtements en lambeaux, brûlées aux mains et à la figure, mais nous ayant aidés à sauver ainsi de cent quarante ̃à cent cinquante personnes. Les jeunes femmes formaient la grande partie de ces malheureux qui se ruaient vers nous. Il avait aussi des fillettes, et plusieurs mères se précipitaient, leurs enfants élevés dans leurs bras et criant: Prenez mon enfant Prenez mon enfant »̃ » Nous nous sommes arrêtés quand il n'y en a plus eu.. quand leurs forces ont trahi les dernières victimes et que leurs brûlures les ont abattues parmi les planches en flammes. Mais des cent cinquante personnes sauvées aucune n'a été trop grièvement -blessée. Transportées dans mon salon ou dans les chambres, ellès ont été soignées aussitôt, et deux médecins qui se trouvaient chez-moi, le docteur Iielcam, ;un médecin anglais, et le docteur Déjerine, médecin de la Salpêtrière, ont pansé les :brûlures. Puis toutes ces daines il n'y avait que cinq ou six hommes ont été reconduites chez elles. Je ne pensé pas qu'aucune ait reçu des blessures mortelles, sauf peut-être une dame, que nous avons enlevée le visage absolument brûlé et qui, certainement, restera aveugle. »

De la petite fenêtre où Mme De Sal nous fait son émouvant récit, nous découvrons à minuit l'emplacement où fument les derniers débrisde cequifutie Bazarde la charité.Aux quatre coins du terrain des sergents de ville, debout, veillent, à la lueur de petits tas de planches allumés ça et là, sur les 'bords, pour que nul ne puisse s'aventurer parmi les décombres. Tout est calme, sur te champ ou ce drame horrible jetait tout à 'l'heure le bruit et l'épouvante, et les feux qui brûlent attestent seuls que des cadavres encore inconnus gisent la.

Les sauveteurs.

Sur le premier moment de la catastrophe, un ouvrier plombier, dont nous regrettons den'avoir pas le nom, ,il fait preuve d'un grand héroïsme. Aplusicurs reprises, il s'est élancé dans ̃le brasier, ramenant chaque fois une ou deux: personnes brûlé aux mains, il se faisait panser-par le docteur Livet, puis retournait à son sauvetage après un-nouveau pansement. Il avait sauvé quarante personnes vivantes quand on lui 'fit remarquer le danger inutile auquel il allait s'exposer. Le- brave ,est 'parti modestement, les mains entourées de bandes de linge et s'est perdu dans la foule.

D'ailleurs, un grand nombre de personnes ont fait preuve, dans cette catastrophe, d'un dévouement qui recevra certainement sa récompense.

Il e;t à remarquer que les cent quinze cadavres exposés dans le palais de l'Industrie sont presque tous indemnes de brûlures sur là moitié inférieure du corps et que tous sont scalpés.

La raison de cette sorte de brûlures serait dans la fusion des papiers goudronnés qui formaient la toiture de l'édifice: le goudron enflammé tombait en- pluie sur la tête des victimes.

Communications.

M. et Mme Ernest Fouquet nous 1)rient de faire savoir qu'en raison de la catastrophe du Bazarde la charité leur réception d'aujourd'hui 5 mai, pour le contrat de mariage de leur lille,- n'aura pas lieu.

A la suite du terrible accident survenu au Bazar de la charité, la ,matinée musicale de M. Herman "Bemberg, qui devait, avoir lieu jeudi 6 mai, quatre heures, est suspendue. Le concert de 1\1\le Clara Bùtt, qui devait avoir lieu aujourd'hui, salle Erard, est remis, à cause de la catastrophe du Bazar de la Charité, a- une date ultérieure qui sera annoncée 'en temps et lieu.

DEMAIN

Le MATIN commencera la publica- tion d'un grand roman-feuilleton inédit: RIEN DES AGENCES écrit spécialement pour nos lecteurs par M. HENRI DE FONBRUNE

Dépêches de 4 heures LA GUERRE TURCO-GRECQUE

La protection des Hellènes Réponse de la Porte à la note des am-

bassadeurs.

Constantinople, 4 mai. Par service spécial. La Porte vient de faire connaitre sa réponse à la note des ambassadeurs français, russe et anglais.

Elle se déclare prête à accepter que les ambassadeurs prennent les Grecs sous leur protection jusqu'à une date déterminée, s ous la réserve que les droits. dont jouissent les Grecs en vertu d8 traités- spéciaux soient suspendus, en raison de l'état de guerre.

Les Turcs à Pharsale.

Le bruit court que les Turcs sont entrés à Pharsale.

Le colonel Smolenski.

Athènes, 4 mai, 11 h. 20 soir. On assure que le colonel Smolenski se ra promu général de brigade.

A la 3e page, lire l'historique du Bazar de la charité.

CRIME OU SUICIDE

BORDEAUX, 4 mai. D'un correspondant. Cette nuit, Mme Lapassade, gérante d'un garni rue Bense, à Bacalan, en rentrant chez elle, a trouvé devant sa porte le cadavre d'un de ses locataires.

Le crâne de la victime était écrasé et encastré dans un espace vide entre les pavés. La police, aussitôt prévenue, a commencé une enquête qui n'a pas encore permis d'établir s'il s'agit d'un crime ou d'un suicide. La victime est un nommé Renaud, manœuvre aux huileries Maurel et Prom. Son cadavre a été transporté à la Morgue il sera examiné ce matin par un médecin légiste., CHANGES

Du 3: Change sur Londres à Rio, .-Change sur Londres à Valparaiso, 17 5/8. Du Piastres Hong-Kong, 4 mois, Tael Shanghaï, 4 mois, 2.8.7/3. Change Yokohama, 4 mois, 2.0 3/16.Change Singapour, 4 mois, 2.0 3/16.. Change Penang, 4 moins, ô/16.. Change Calcutta, 6 mois (transfert télégraphique), >M/3-i.– Change Bombay, 3,mois (transfert télégraphique), 1.2 1/6, Buanos-Ayres, agio,Wi-

Dépêches de 5 heures TURCS ET GRECS

Le prince royal de Grèce Mal secondé par son entourage L'abandon de Larissa.

LONDRES, 5 mai. Par fil spécial. On télégraphie d'Athènes au Dàily Telegraph

« Les deux ministres envoyés à Pharsale disent que le prince royal n'est pas coupable et qu'il n'est nullement responsable des revers éprouvés par les Grecs. Il a pris part à,Ia bataille deReveni en hon général, il a' ̃fâ'iV preuve de grandes qualites, mais il a été mal secondé par 'son entourage. Il n'a, pas été écouté lorsqu'il conseillait de ne pas abandonner Larissa. »

A tout prix.

On mande d'Athènes au Standard: « Le colonel Smolenski s'est engagé à se maintenir à Velestino à tout prix.

» Le ministre de l'intérieur a déclaré au correspondant du Standard qu'aucune offre'de médiation- n'avait'été reçue par le gouvernement grée. » Commandement refusé.

On télégràphie'd'Athènes auDàily Neivs « Le colonel Smolènski' à refusé "le commandement de l'état-maj or, prétextant que sa présence à la'tête de sa brigade était absolument nécessaire. n Complot contre le roi Georges. On mande-de de Rome au Dàily kNews:; « Suivant une dépêche privée, le gouvernement grec aurait découvert 'un complot tendant à détrôner où même assassiner le roi Georges..

» Un volontaire étranger aurait joué le principal rôle dans l'organisation de ce complot. »

Paix prochaine.

On mande de Pharsale au 'Daily Chronicle, à la date ae lundi « Le bruit court dans le camp grec que la paix sera bientôt proclamée.,

L'intervention des puissances. Le correspondant spécial du Daily Chronicle à Athenes dit que les ministres étrangers ont offert l'intervention jdes puissances. Le gouvernement grec aurait réservé sa réponse. Prisonniers turcs.

On mande d'Athènes au 2Vmesàladate du 4

« Le gouvernement a décidé de continuer la guerre. » .Vingt prisonniers turcs sont arrivés hier au Pirée. La foulé, excitée par les bruits des mauvais traitements' subis par les prisonniers grecs, voulait écharper, ces Turcs. »

Continuation des hostilités.

Une dépêcge d'Athènes au Daily 7'elegrâpli annonce également que le gouvernement a résolu de continuer les hostilités. Vingt-trois mille hommes de troupes fraîches vont être équipées et envoyées à

LA CATASTROPHE D'HIER

Loxdres, 5 mai. Par fil spécial-. Les journaux publient des articles dans lesquels ils expriment leurs sympathies pour les victimes de la catastrophe d'hier, qu'ils considèrent comme la plus terrible des temps modernes.

Le Tinaes dit

« Nous croyons qu'il est inutile de donner à nos voisins, dans cette circonstance si douloureuse, l'assurance de nos plus sincères sympathies.

Une telle calamité touchera toujours la cOrde sensible du coeur anglais, et nous nous rappelons .que les! Français sont nos frètes en civilisation, en culture intellectuelle et en humanité. » LES 3QURNÀDOE CE MATHS RECIT. D'UN TÉMOIN

Du Gaulois

Mlle de R. qui se trouvait au Bazar de la charité au moment où l'incendie s'est déclaré nous a fait le récit suivant

Vous me voyez, monsieur, encore toute bouleversée de l'affreux malheur auquel je viens d'assister. Je revois la scène épouvantable qui s'est passée sous mes yeux, ï'atTolement du public, les cris des blessés, les flammes qui jaillfssaient comme d'une fournaise ardente. Mon Dieu! mon Dieu! quel cauchemar '̃ ̃» J'étais venue.avec ma mère dès l'ouverture des portes, car j'étais vendeuse au comptoir de Mme la duchesse d'Alençon. Un public élégant emplissait la salle et dévalisait lés comptoirs bref, la recette pour les pauvres s'annonçait bien, lorsque, vers quatre heures je ne sais au juste j'aperçus une longue flamme qui jaillissait de l'endroit où avait été installé un cinématographe. Instinctivement, je me rapprochai de ma mère et, déjà effrayée, je lui dis « Mère, mèro le feu. Quittons ia » salle. »

Nous nous dirigeâmes toutes deux, vite, courant presque, vers la porte de sortie que déjà le public assiégeait.

A ce moment, Mgr le duc d'Alençon, qui nous avait aperçues, s'avança vers nous et nous dit

» Calmez-vous Ne vous pressez pas. Sortez tranquillement.

» Mais la foule affolée ,.se précipitait vers toutes les issues, se bousculant, s'écrasafit. A partir de ce moment, je n'ai plus eu la conscience nette de ce qui se passait. Je me suis sentie poussée, portée par un flot humain. Je voyais les flammes s'élever en spirale, lécher les murs du pavillon. Une fumée intense emplissait la salle et commençait son œuvre d'asphyxie. Des cris terribles, des appels terrifiants partaient de tous côtés. C'était une panique indescriptible. Fort heureusement nous pûmes, ma mère et moi, arriver les premières à la porte de sortie il laquelle on accédait par quelques marches d'escalier. » Malheureusement, quelques personnes butèrent contre ces marches et firent la culbute: cet incident, lut cause qu'un grand nombre de personnes eurent le même sort. A leur tour, celles-ci furent renversées, foulées aux pieds, littéralement, piétinées. Ma mère n'était plus à mon côté.

LES DISPARUS

Du Figaro

Mme la générale Cheval et sa sœur Mme de Mme Michel.

Le même jo'urnal signale quelques blessés, entre autres

̃ MmeEaffaëlii, la femme du peintre, blessures peu graves à la figure

Marquise de Lubersac, très grièvement àlme M. Machiels, 157, boulevard Haussmann, brûlures graves

Mme Laniel, brûlures graves.

OBJETS TROUVÉS

Du Figaro

Tous les objets trouvés dans les décombres montres; clel's, bijoux, lorgnons, porte-monnaic ont été déposés au bureau de M. Prélat, commissaire de police, sur une table oit les intéressés pourront venir les reconnaître. Un portefeuille, trouve sur le cadavre d'une dame, contenait cinquante mille francs en billots de banque non carbonisés.

M. Mazure fils, chef du cabinet du ministre de l'agriculture, a reconnu le lorgnon et les Clefs de son pore.

On a trouvé aussi une note au nom de « Sophie Charlotte de B. 23 septembre 18J8. » RECIT DE LA SCEUR MARIA

Du Petit Parisien:

Voici, d'après un témoin oculaire, la soeur Maria, de la Congrégation de Notre-Dame-duSecours-Perpétuel, le récit de la catastrophe Je me tenais avec une autre saur auprès d'un cjmptoir de vente situé il l'extrémité du Bazar. Tout à coup, j'entendis crier «Au l'eu » én même temps qu'un remous se pro(luisait dans la foule. Je cherchai il me rendre compte du danger, mais on no m'enlaissa pas le temps. C'est a peine si je pus distinguer un léger nuage de fumée au-dessus de ma tête, une

sensation de violente chaleur et, entraînée par les premiers fuyards, je pus gagner, non sans peine, la porte située en arrière du hall. » Avec plusieurs autres dames, je pus me dissimuler derrière un tas de planches. Mais nous aurions péri si le chef cuisinier de l'hôtel du Palais, qui a aidé au sauvetage de plus de cent personnes, ne nous avait aperçues. » Comment j'ai pu arriver jusqu'à la fenêtre par laquelle on me bissa? Je ne sais. Je me rappelle-avoir entendu derrière moi les cris des malheureux qui n'ont pu; hélas échapper au terrible sinistre, et que nulle puissance humaine ne pouvait sauver. Cette scène épouvantable restera toujours présente il ma mémoire.

LES MORTS

Le Figaro affirme que les personnes dont les noms suivent sont au nombre des morts. Ces noms ne figurent pas sur ta liste officielle de la préfecture de police

Mme de Grandmaison, sœur du député da Mme. Maurice de Saint-Didier, et ses deux femmes dé chambre.

Mme Bernard du Treuil, la fille de l'ancien sénateur de la Mayenne.

Mme de Varan valle, rue de Marignan, 21. yard Montmartre^ .-̃••̃•• Le docteur Foulard et sa fille, 2, rue Saint- Georges.. o

de Màlézieux.

Les -.d;eu3ç 'filles du comte de Chevilly.

Baronne de Vatimesml.'

Marquise Maison, sœur du baron de MaC ÉMOUVANT SAUVETAGE

-Du Petit- Jjournal

i Miné i dâ-SHya,- femme d'une personnalité très connue dé la colonie 'brésilienne, était ¡dame vendeùse-aubuft'efavecrs-es deux filles, dont l'une a une vingtaine d'années et la seconde sept ou huit ans.

Quand éclata l'incendie, elle avisa une fenêtre et pensa que celle-ci donnait sur la rue. Elle en brisa le vitrage, fit passer ses deux enfants par l'ouverture et y passa elle-même non.sans de grandes difficultés. A ce moment seulement les trois malheureuses s'aperçurent qu'elles avaient un mur en face d'elles et aucune issue.

En pensant à la mort certaine qui les attendait dans ce boyau, elles trouvèrent la force de reprendre ie chemin par où elles étaient venues. Elles rentrèrent dans la salle qui, à ce moment, était complètement en flammes. Mme da Silva mit sa petite fille entre elle et sa fille ainée et, enjambant les cadavres qui déjà jonchaient le sol, toutes trois purent ga' gner la sortie..

Mme da Silva a été assez grièvement brûlée sur différentes parties du corps et sa fille aînée porte une profonde brûlure a la figure. Seule l'enfant, qui avait été protégée par les jupes de sa more et de sa saur, n'a rien eu.

MADAME LA DUCHESSE D'ALENÇON Du Figaro Mme la duchesse d'Alençon, née en était la. fille de Maximilien, duc de Bavière, et de la princesse Louise de Bavière elle était -aussila sœur de Charles-Théodore et Louis, dues de Bavière; -de l'impératrice d'Autriche, de la reine dé Naples et de la duchesse Mathilde, veuve du prince Louis de Bourbon, comte de Trani.

Elle avait épousé en 1868 Mgr le duc d'Alençon, second fils de feu le ituc-de Nemours. De ce mariage sont nés la princesse Louise, mariée au prince Alphonse: de Bavière, et Mgr le. due de Vendôme, qui a épousé, l'an dernier, la princesse Henriette, fitle de LL. AA. RR, le comte et la comtesse de Flandre.

CHEZ M. MICHEL HEINE

Du Gaulois:

Nous nous sommes rendus chez M. Mich el Heine, l'organisateur du Bazarde la Charité. C'est en proie à une profonde émotion que M. Heine nous fait la déclaration suivante: Que voulez-vous que jetasse maintenant, il est certain que nos disposons étaient mal prises et que nous aurions dd prévoir une catastrophe possible, mais nos comptoirs s'agrandissaient tous les ans et nous ne voulions pas perdre un pouce de terrain.

» Je suis désespéré et ne sais quelle décision rendre. Peut-être élèverai-je un monument à la mémoire de mes malheureux amis qui sont morts dans cette épouvantable catastrophe. LA SŒUR THÉRÈSE

Du Rappel

Tandis que les pompiers et les soldats d'in. fanterie dé figne fouillent les décombres carbonisés, nous apercevons une sœur de charité qui, affolée, cherche les restes d'une de ses compagnes.

Nous nous approchons d'elle.

-J'étais là quand l'incendie a commencé. C'est du côté du comptoir de Mme la duches se .d'Uzès que le feu a pris, il y avait un cinéma- tographe de ce côté.

» Je me suis sauvée je ne sais pas éomment, mais je-me souviens qu'une dame,vêtue d'une robe violette, m'a embrassée en me disant « Nous irons ensemble au ciel. » Puis elle m'a entourée de ses bras. Je me suis dégagés comme j'ai pu, par une petite sortie.

» La dame ne m'a pas suivie, je crois bien qu'elle est restée et qu'elle a été brûlée. Mais j'avais avec moi une sœur. Elle n'es. pas sortie, hélas 1

» (' 'est horrible, n'est-ce pas » termina-t-ella en faisant te si¥ne de la croix.

LES DISPARUES

Du Gaulois:

On si gnalait aussi, sous réserve, parmi les disparues, Mme Gier, fille do M. l'amiral Jaurès, rue de la Pompe; Mme Lennrmand, rue de la Pompe; Mme Bulfet, belle-soeur du sénateur; Mme la vicomtesse d'Armaillé, Mme d'Harcourt, Mme la marquise de Bourdcille.

On a retrouvé ,50 francs 'qui se trouvaient sous le cadavre de Mme la vicomtesse de Bonneval, au moment où on l'a déposée dans son cercueil. Détail singulier le cadavre de la malheureuse avait été placé juste au-dessous d'un groupe de marbre intitulé Pitié; et représentant un soldat français qui donne à boire à un Prussien.

LE CONSTRUCTEUR DU BAZAR

Du Radical

Nous avons été interviewer, hier soir, M. Ju meau, delà maison Jumeau et Jallot, ancienne maison .Bolloir, ,qui construisit le bazar. nous répondait

« Je ne puis vous donner que très peu de renseignements. La construction du Bazar, entièrement en bois, a été commencée par nous dans les premiers jours du mois de mars. » La clôture du Bazar était faite de planches de sapin, recouvertes intérieurement de tentures diverses. Quant à l'éclairage, vous pouvez affirmer qu'il n'y avait aucun appareil ni au gaz ni à 1 électricité.

«Pour ce qui est du cinématographe,ee n'est pas nous qui en avons fait l'installation, nous nous sommes bornés laisser libre l'endroit où il devait se trouver.

«Les comptoirs où se trouvaienllcsvendeuses étaient sommairement construits en portants en bois recouverts de' toiles de décor représentant d'anciennes auberges parisiennes du moyen âge.

Pour le côté assurance, nous étions assurés, mon associé et moi, jpour les constructions, et le comité d'organisation était assuré de son côté pour les différentes marchandises qui se trouvaient dans le Bazar.

» C'ast tout ce que je puis vous dire. »

DRAMATIQUE RECONNAISSANCE

De l'lsclto de

Au fond de la salle, au pied même d'un so-ci(, sur lequel se clresse un Rouget de Lisle deux messieurs en pardessus mastic se pen.chent sur un cadavre méconnaissable que recouvrent des lambeaux de vêtements. L'agent qui éclaire ces messieurs soulève ces débris d'étoffe et découvre un portefeuille, raccorni parla Uammc. Lps papiers qu'il contenait sont brûlés, mais un chiu're d'or est demeure in tact sur. le maroquin, et l'un des deux visitours, M. Jacques Haussmann, déclare qu'il reconnsiit le portefeuille de sa femme. Cependant, comme un doute lui reste, il demande « Regardez si vous ne trouvez pas de bagues. » L'agent se penche et déclare « Je ne trouvorien il la main droite. « Et à la main gauche n » demande M. Haussman». L'agent se relève et, d'une voix embarrassée, murmure il n'y a plus de main gauche, » M. Haussmann examine alors ce qui reste de la robe et déclare v 11 n'y a plus 'de doute, c'est bien elle! » Il s'en va blême, les lèvres contractées, au bras de son ami, qui l'entraîne.

LE GENERAL SAUSSIER

Du Figaro

Le général Saussier, gouverneur militaire de Paris, qui avait tenu à porter lui-même son obole à l'œuvre des Dominicains, a bicn failli payer cher sa générosité.

H se- retirait, à cause de la chaleur de la sàllè, quand l'incendie a éclaté-et il n'a eu que le temps de gagner la sortie,

Le léu lui a lait néanmoins quelques brû,-