LA^MTTE DU MILLIARD
PAR
J/OLES DE GASTYNE
PROLOGUE
UNE MISSION DIFFICILE
CHAPITRE PREMIER
Les murs ont des oreilles
vTs L était neuf heures du matin à peine, au mois de mai,; quand un coup de jjçjjj sonnette violent retentit, partant du cabinet du marquis de Ploeuc, gouver(22^2) neur de la Banque de France.
I/huissier de service, à demi assoupi sur un. siège de l'antichambre, se dressa en sursaut, se frotta les yeux et se dirigea vers la pièce directoriale, tout stupéfait d'être appelé d'aussi bonne heure. Le marquis ne venait pas d'ordinaire à la Banque avant dix heures. Que se passait-il donc d'anormal?
Le garçon ouvrit la porte de son maître tout tremblant et tout inquiet. Il aperçut le marquis debout, marehant de long en large, à grandes enjambées,, et paraissant en proie à une vive émotion. Il resta embarrassé et intimidé sur le seuil, n'osant pas avancer.
Le marquis le vit enfin.
— M. Paul Bridier, demanda-t-il d?une voix brève, impérative.
— Il vient d'arriver, monsieur le marquis.
— Faites-le venir tout de suite !
L'huissier s'inclina et sortit. Il avait menti en disant, à tout hasard, que Paul Bridier était arrivé. Il n'en savait rien, aussi se dirigea-t-il d'un air fort ennuyé vers le bureau du jeune homme. Le marquis ne paraissait pas en humeur de plaisanter, et si Paul n'était pas là 1...
Telles étaient, les réflexions que se faisait l'humble employé, encore sous la coup, de l'émotion produite par la vue de son supérieur, quand il poussa presque un cri de joie. Il avait aperçu Paul traversant un couloir. i: . — Monsieur Bridier ! cria-t-il. ,