INTRODUCTION.
On a bien raison de dire, ma Flavie, qu'on renonce difficilement à ses douces habitudes. A peine quelques mois se sont-ils écoulés depuis la publication de nos Contes, que tu as écrits sous ma dictée, et déjà tu me sollicites de reprendre nos chers entretiens, d'embellir nos matinées par ces épanchements mutuels, où tu prétends que, tout en badinant, je forme à-la-fois ton esprit et ton coeur Je te vois, en m'éveillant, assise devant mon bureau de travail, les yeux attachés sur les miens, et prête à tracer sur le papier tout ce qui me viendra dans la pensée... Le moyen de résistera ton aimable empressement? Eh ! comment n'être pas bien inspiré !
Va, je le ressens aussi vivement que toi, ce désir inexprimable de verser dans ton âme tout ce qui peut un jour te faire estimer et chérir. Mais, je te l'ai déjà dit, ma fille, ce n'est point avec des Contes que je puis maintenant fixer ton attention, étendre tes idées, et charmer les moments que nous passerons ensemble. Quand on voit luire, comme toi, son seizième printemps, le coeur ne se nourrit plus de chimères : il lui faut un aliment plus réel ; et la fiction , sous quelque forme séduisante qu'elle paraisse, a moins d'attraits à ton âge que la simple vérité.
Je te préviens donc, ma Flavie, que ce sont des Conseils qui vont succéder à ces Contes que le public a daigné cou-