2e Année. N° 21 25 Avril 1»05.
WX LLClSlZlCL « f Le Christ ressuscité d'entre les morts,
ne meuit plus. » (S'PAUL, Kom.,vi,9.)
Le propre de toute puissance qui fait son apparition ici-bas, est d'avoir sa lutte et son triomphe, lutte et triomphe, j'en conviens, qui n'ont pas tous la même grandeur, mais qui ont enfin cela de commun, de se produire, de se débattre, et d'arriver à quelque moment favorable qu'on appellera le succès. Ce qui est plus difficile et nécessaire pour la confirmation de la victoire, c'est de résister à la victoire elle-même. Un diplomate célèbre a dit : oc Le temps est le grand ennemi. » Eh bien l Jésus-Christ a-t-il vaincu le grand ennemi 9 Après l'idolâtrie, après l'empire romain, a-t-il vaincu celte autre puissance qui n'est que l'éternité déguisée, le temps? Au bout d'une carrière plus ou moins florissante, n'a-t-il pas comme tous, senti cette main glacée qui, tôt ou tard, déshonore /Vs événements les plus grands, et précipite de leur trône les plus solides dynasties ? N'esl-il pas visiblement atteint de celte foudre lente qui n'épargne rien 9 Non, il vit, son oeuvre est devant vous; encore qu'elle ait souffert plus ou moins d'atteintes dans ce long pèlerinage accompli sous la main révoltée des siècles, cependant elle est debout. Elle reste environnée d'assez d'éclat pour attirer tous les yeux et être encore l'objet d'une vénération à laquelle rien n'est comparable, comme aussi rien n'est comparable à l'acharnement des ennemis qui n'ont point accepté dans sa durée temporelle la preuve de son origine au sein même de l'éternité. Oui, Jésus-Christ est vivant dans son Eglise, et son Eglise est vivante en lui
Jésus-Christ a donc vaincu le temps ; il a vaincu le grand ennemi, et en le voyant au haut des siècles, dans la sérénité de son imperturbable jeunesse, je me souviens de ce mot que saint Paul disait de lui dans un autre sens : « Le Christ ressuscité d'entre les morts ne meurt plus. » Un jçur il descendit au tombeau ; mais l'humanité pour laquelle il était mort, s'est baissée vers lui, et, le levant avec un amour qui n'a jamais pu s'éteindre, elle le tient dans ses deux mains ressuscité. Regardez bien : il est vivant. Regardez encore : il ne meurt plus, il est jeune, il est roi, il est Dieu. Il a vécu en Dieu, il s'est survécu en Dieu, il s'est préexisté en Dî t. En sorte qu'il ne manque rien dans ce triple acte de la vie, vivre, se survivre, se préexister, rien en lui qui ne soit marqçi du sceau de la divinité, et qui ne me contraigne de proclamer avec la souveraineté de la certitude cette autre parole de saint Paul : « Le Christ était hier, il est aujourd'hui, il est aux siècles des siècles. »
LACORDAIRE. (De la perpétuité et du progrès du règue;dé?Jê§us;Christ ; Conférence prêchée à Notre-Da^Silc^l'ariJ.rx