11 • Année. \° i 84. 10 Novembre 1913.
BULLETIN MENSUEL
D'ÉTUDES SOCIALES & D'ACTION CATHOLIQUE
LES FLAMMES SUR LES TOMBES
Dans l'air humide et plus assourdi de novembre, J'entends le glas sonner là-bas pour rappeler Le souvenir des regards à jamais voilés, Et je songe seul dans ma chambre.
La foule emplit les cimetières jusqu'au bord, Comme un vin noir assombrissant l'or d'une coupe, Ht jusqu'au soir onduleront de nouveaux groupes Sur le sable où dorment les morts.
Aux croix, tendant leurs bras sur les tombes, s'agrafent Des couronnes de fleurs fit de perlés d'argent; Et quelque plante simple épargne aux pauvres gens Le mensonge d'une épitaphe.
Mais je connais de plus émouvant metnenU Que des gerbes couleur de printemps ou d'automne. En Italie, à l'heure où d'un flot monotone Le peuple entre au campo santo,
On peut voir les tombeaux s'illuminer de flammes, Et les flammes trembler à l'abri d'un cristal, Comme pendant la nuit frissonne le fanal D'une barque au milieu des lames.