10» Année. N° 106. .10 Mai 1912.
BUkljETIN MENSUEL
D'ÉTUDES SOCIALES k D'ACTION CATHOLIQUE
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Chez les Anciens et chez les théoriciens de 1789 (')
Une des erreurs lés plus tenaces est celle de l'existence de la liberté dans l'antiquité. Périodiquement on lit dans les journaux, ou l'on entend débiter dans les discours de nos hommes d'Etat les sentences les plus fausses, les affirmations les plus inattendues sur l'homme libre de l'antiquité. Et toutes les révolutions, mais particulièrement celle de 1789, se sont faites au nom de cette liberté qu'il fallait reconquérir, et, l'ayant retrouvée, imposer, de gré ou de forcé, comme un bienfait suprême. Ce serait un curieux chapitre de la phraséologie dé nos révolutionnaires que celui qui réunirait leurs appels à l'antiquité : tous rêvent d'être des Brutus ou des Mucius Scaevola (2); s'ils veulent, comme Boissy d'Anglas (3), que « la religion de Socrate, de MarcAurèle et de Cicéron soit la religion du monde »^ ils offrent comme idéal de bonheur ( 4) « celui de Sparte et d'Athènes dans leurs beaux
(') Nous avons trop rarement le plaisir d'entretenir nos lecteurs des cercles d'études pour ne pas saisir avec empressement l'occasion qui s'offre de montrer qu'ils sont vivants et qu'on y travaille. Parmi les travaux qui nous ont été aimablement communiqués, plusieurs offrent de sérieuses qualités d'étude et de composition. On pourra voir, par celui que nous reproduisons, que nos jeunes gens ne se livrent pas à de vaines déclamations.
(') Lettre de Osselin, ministre du culte à Saint-Aubin, dans Dauban : la Démagogie fen 1793, p. 551.
(J) Moniteur XXIII, 23, le 3 ventôse, an III.
(') Saint-Just, Moniteur XIX, 689, 23 ventôse, an II.