CHAPITRE V
L'INSULA LYGAONIA
L'île tibérine au moyen âge.— L'île tibérine est désignée dans les textes du moyen âge sous un nom nouveau : insula Lycaonia, l'île Lycaonie. Il ne nous appartient pas de raconter son histoire à cette époque. Des églises succédèrent aux temples : Saint-Jean-Baptiste, remplacé plus tard par Saint-Jean-Calybite, Saint-Barthélémy, Sainte-Marie in insula 1. Les évoques do Porto avaient l'île dans leur juridiction ; ils obtinrent des papes, au xic siècle, plusieurs chartes confirmant leurs droits, que contestaient les évoques de Selva Candida 2. En 1087 le pape Victor III, luttant à Rome même contre l'antipape Guiborf, se réfugia dans l'île tibérine 3. De grandes familles féodales y possédaient des palais fortifiés ; on peut citer au xnc siècle celte des Pierleoni''. L'ile devint, plus iard la propriété des Gaetani •"' ; ils avaient élevé à l'entrée, tout, auprès du pont Fabricius, une four qui a subsisté jusqu'à nos jours ; elle est. enclavée maintenant, dans les maisons voisines. Si nous n'avons pas à suivre les destinées de l'île tibérine au moyen âge, nous devons cependant nous efforcer d'expliquer le nom qu'on lui
1. Sur les églises de Vile tibérine, voir plus haut, Introduction, p. 4.
2. Ces chartes seront énumérées et citées plus loin.
3. Citron. Casin., dans les MONUM. GKRM. (éd. in-folio), Scriplores, f. Vil, p. 750 : Morabalur vero apud insulam Roma:; — Citron. Ilernold., dans la même collection, t. A', p. 446 : Uomnus papu aulem in insulam qiur. inler duos pontes sila est, se recepil. — Cf. JAEEK-VV'ATTKNRACU, Reqcsta ponlif. roman., Leipzig, 1SS1-1888, t. I, p. 656 (juin 1087).
4. LIBER PONTIFICALIS, éd. Duchesne, Paris, 1S80-1892, t. II, p. 311 (lexte cité plus loin).
5. Dans le commentaire de la vie du pape Gélase II, qu'a donné Costantino Gaetani en 1638 el qui est reproduit par MURATORI, Rerum ilalicarttm scriplores. Milan, 1723-1751, t. 111, p. 370, on lit: Civilalis Caietui duces... doutas suas sive palalium Romiein insula Lycaonia habuisse.