204 LE SANCTUAIRE D ESCULAPE
tuaire de l'île 1. C'est souvent en cette langue que sont rédigées, à l'époque impériale, les inscriptions de Rome dédiées à Esculape. Dans quelques inscriptions latines mêmes, il est désigné sous son nom grec, qu'on ne prend pas la peine de déguiser 2.
En Grèce le culte d'Asklépios était inséparablement lié à l'exercice de la médecine sacerdotale. Les dévots qui fréquentaient ses temples étaient des malades implorant son intercession. Les prêtres s'appliquaient à soulager leurs maux. Interprèles des volontés d'Esculape el dépositaires de sa science, ils s'efforçaient de provoquer des cures heureuses. Le dieu passait pour l'auteur des guérisons ; son sanctuaire cn recueillait tout l'honneur et le profit. Les Asklépieia servaient donc d'hôpitaux en même temps que do temples : « Avec ses vastes portiques mis à la disposition des malades, avec son prêtre et tout son personnel sacré chargé de recevoir les suppliants et de veiller à leur bien-être, l'Asklépicion nous apparaît comme un établissement de bienfaisance, fonctionnant sous le regard de la divinité et avec le concours et les encouragements de i'Elat 3. » Il en fut de même à Rome. L'Asklépieion de l'île tibérine était lui aussi une sorte d'hôpital ouvert aux malades, où les prêtres, au nom d'Esculape, pratiquaient la médecine 4.
La médecine sacerdotale à Rome. — Il faut avouer que la médecine sacerdotale ne parait pas avoir été très florissante à Home. Elle n'y rencontra pas la même faveur qu'en Grèce. Elle avait à lutter contre la concurrence à la fois de cette médecine empirique et grossière dont les Romains se contentaient avant l'arrivée du serpent d'Epidaure et de la médecinelaïque et scientifique que les praticiens grecs apportèrent en Italie dès la fin du ni 0 siècle avant l'ère chrétienne. Le temple modeste de l'île tibérine ne fut jamais aussi célèbre, aussi fréquenté que les sanctuaires d'Epidaure et de Pergame. Le silence des écrivains latins, qui ne disent rien des guérisons miraculeuses opérées dans l'île, a fait justement supposer que
1. B0UC11É-LECI.E11CQ, op. cil., t. 111, p. 297.
2. CI. L., VI, 8 : Asclepio; 13 : deo Sanclo Asclep'jo); 20 : Asclcpio cl Saluli.
3. P. GniAitn, l'Asklépicion d'Athènes, p. 12G.
4. Cf. C.-A. BoETTiOEii, der Aisculapiusdienst aufder Tiberinsel, dans SrniiXGEL, lieilriige zur Gescli. der Medicin, Halle, 1794, t. 11, p. 177, — reproduit dans les Kleine Schriften de BOETTIGEII, Dresde, 1837-lS38,t. I, p. 112.