L ARRIVÉE DU SERPENT D EPIDAURE 1G3
non te ; dès le début, Pessinonte était le but final de leur voyage et si, au passage, ils s'arrêtèrent à Delphes ce fut simplement pour demander à Apollon quel accueil leur réservait la Magna Mater, el s'ils avaient quelque chance de réussir dans leur mission près d'elle. Ovide s'est donc mépris. Les cent vingt vers qu'il a consacrés à la métamorphose d'Esculape en serpent ne nous apportent aucun renseignement nouveau et sûr. Quand le témoignage du poète s'accorde avec celui des historiens, ceux-ci ont encore l'avantage, par l'exactitude plus grande de leurs informations; quand il le contredit, il ne mérite plus aucune créance.
Appréciation de la légende. — Si l'on s'en tient aux faits que relatent Tite-Live et Valère Maxime, Aurelius Viclor et Orose, en négligeant les inventions et les fictions d'Ovide, il faut reconnaître que le récit traditionnel de l'arrivée d'Esculape à Rome présente tous les caractères de l'authenticité. Seuls quelques détails d'importance secondaire semblent contestables. L'événement s'est passé à une époque récente, en pleine lumière; la plupart des circonstances qui l'accompagnent sont tout à fait vraisemblables. Nicbuhr a raison de dire que cette légende, malgré son apparence merveilleuse, ne doit pas être confondue avec les fables des premiers siècles de l'histoire romaine 1.
La consultation des Livres Sibyllins. — La consultation des Livres Sibyllins pendant l'épidémie de 461/293 ne nous surprend point: chaque fois que la peste éclatait à Rome les duumviri ou decemviri sacris faciundis intervenaient et demandaient aux Livres de leur foire connaître un moyen d'écarter le fléau. 11 n'est pas étonnant que l'oracle ait prescrit en 461/293 de s'adresser à Asklépios. Les Livres Sibyllins, grecs eux-mêmes d'origine, conseillaient toujours de recourir aux dieux grecs. En des occasions analogues ils avaient ordonné de dédier un temple à Apollon et d'offrir des loctisternes auxquels prenaient part les grandes divinités helléniques. Il ne restait plus qu'une ressource pour conjurer la peste; c'était défaire appel au dieu de la médecine et de la guérison. Les Romains étaient préparés à recevoir son culte et devaient l'accepter aisément.
L'ambassade à Epidaure. — Faut-il révoquer en doute l'envoi 1. NiEBuini, Hisl. rom., trad. franc., Paris, 1830-lSiO, t. VI, p. 123.