LE PONT CESTIUS 119
il est difficile de se représenter le pont Ceslius en son état primitif. Son histoire contraste singulièrement avec celle du pont Fabricius. Des deux bras du Tibre le gauche a toujours été le moins important, le moins troublé par les crues et les inondations; aussi le pont Fabricius s'est-il conservé à peu près intact. Le bras droit au contraire n'a pas cessé, depuis l'antiquité, d'être le chenal principal, par où la masse des eaux se précipite avec le plus de violence, et la systématisation récente du lleuve, bien loin de lui enlever ce caractère, n'a fait que l'accentuer encore : le pont Cestius a beaucoup souffert du temps et du courant; il a fallu très souvent le réparer, et deux fois le reconstruire. Du premier pont de pierre établi entre l'île tibérine et le Transtévère il ne subsiste plus rien, sauf peutêtre une partie des blocs de tuf, de pépérin et de travertin avec lesquels on a refait l'arche centrale du pont San Barlolomco. Depuis le iv° siècle même il n'en restait que les fondations et quelques matériaux. Tout ce qu'on peut vraisemblablement supposer, c'est que, contemporain du pont Fabricius, il le rappelait et lui ressemblait, par son style, le bel appareil de ses pierres diverses, la sobriété de sa décoration. On a le droit de croire, en outre, que sa forme générale devait être celle que le pont de Gratien avait gardée : celui-ci aura été bâti très probablement, par économie, dans les mêmes proportions que le pont Cestius, comme sur les mêmes fondations ; la disposition des trois arches inégales peut être attribuée au curalor viarum Cestius. Il n'est pas permis d'en dire davantage sur le monument disparu de l'époque républicaine.