LINSULA LYCAONIA 83
quelques raisons de croire qu'au moyen âge ce saint était honoré spécialement dans les îles, comme saint Michel suites hauteurs. Ses reliques, qu'on transféra au xic siècle de Bénévent à Rome, aA'aieut été apportées d'Asie en Europe pendant le vi° siècle et déposées aux îles Lipari 1. Il est remarquable, nue. dès l'époque mérovingienne, l'île de la Cité à Paris, qui rappelle par sa position l'île tibérine de Rome, contenait une petite église Saint-Barthélémy 2. D'autre part, saint Barthélémy était considéré comme un saint guérisseur « sauveur etmédecin3». L'un des principaux épisodes de sa vie légendaire rappelle trait pour trait l'aventure de saint Emigdius à Rome' 1. Saint Barthélémy combat dans l'Inde Astaroth, qui prétendait, comme l'Esculape des Grecs et des Romains, guérir les malades. Le temple du faux dieu était rempli de suppliants venus de loin, qui attendaient en vain qu'un miracle leur rendit la santé. Le saint prend la parole pour leur dévoiler les fourberies du démon; il les convainc, le temple et les statues du dieu sont renversés; seuls les disciples du Christ tiennent du ciel le pouvoir de sauver les infirmes, d'éclairer les aveugles, de faire marcher les paralytiques, de mettre en fuite les dénions, de purifier les lépreux et de ressusciter les morts 5. L'emplacement occupé jadis à Rome par le sanctuaire d'Esculape ne convenait-il pas à merveille à la construction d'une église de Saint-Barthélémy'?... Mais ces déductions et ces rapprochements sont trop aventureux pour qu'on ose en tirer des conclusions fermes. Nous ne savons rien du culte de l'apôtre dans l'île tibérine avant le xi° siècle; les textes sont muets. En admettant môme qu'il ait ou en ce lieu une église ou une chapelle depuis une époque reculée, on ne comprendrait pas encore pourquoi la Lycaonie, de préférence aux autres pays
1. Voir les ACTA SANCTORUM, août, t. Ar, p. 39.
2. Cf. GÉRAUD, Paris sous Philippe le. Ilel (dans les Docum. ined. de l'hisl. de France), Paris, 1837, p. 293, 385, 400.
3. ACTA SANCTORUM, loc. cit., p. 40 (Oralio encomiaslica de S. liarlliolomnio uposl.olo) : Oportcbut' eos reinunerari. magisl.riim salvatorcm cl medicum.
1. Sur la légende de saint Emigdius, voir ci-dessous, p. 240.
5. ACTA SANCTORUM, loc. cil. (Acla fabulosa. S. liarllioloniaii, par le PseudoAhdias), p. 34 : In hoc idolo dannon lalis eraf qui diccrcl se curare languenles eleiccos... illitminarc ; — ibid., Clinique jam plénum csscl. languenlibus templum cl quotidie sacripcanlilnis nulluin iliircl scctindum consuetudincni responsum in/irmi e.r. longinquis regionibus ailduclijacebanl ; —p. 37 (Jésus nous a donné le pouvoir) ut. infirmos salvarentus, aecos illuminaremus, leprosos niundaremus, paralyiicos absolvercmus, dmmoncs ftigarcmus cl siiscitarcmtts morluos.