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Titre : Mémoires de la Société historique, littéraire et scientifique du Cher

Auteur : Société historique, littéraire, artistique et scientifique du département du Cher. Auteur du texte

Éditeur : J. David (Bourges)

Éditeur : Just-Bernard (Paris)

Éditeur : Dumoulin ()

Date d'édition : 1913

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328133672

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb328133672/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Langue : Français

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Description : 1913

Description : 1913 (SER4,VOL27).

Description : Collection numérique : Fonds régional : Centre-Val de Loire

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5545984n

Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2009-902

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 19/01/2011

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MÉMOIRES

DE LA

SOCIÉTÉ HISTORIQUE

LITTÉRAIRE ET SCIENTIFIQUE DU CHER

(1913)


La Société laisse à chacun de ses Membres la responsabilité des travaux publiés avec signature.


MÉMOIRES

DE LA

SOCIETE HISTORIQUE

LITTÉRAIRE ET SCIENTIFIQUE

DU CHER

( 1913 )

4E SÉRIE— 27E VOLUME

BOURGES

RENAUD, LIBRAIRE

PARIS EMILE LECHEVALIER, LIBRAIRE, 16, RUE DE SAVOIE



LISTE GÉNÉRALE DES MEMBRES

DE LA

SOCIÉTÉ HISTORIQUE, LITTÉRAIRE ET SCIENTIFIQUE DU CHER

Au 1er Juin 1 9 1 3

Présidents d'honneur

MM. le PRÉFET DU CHER. le MAIRE DE BOURGES.

Anciens Présidents :

M. le PRÉFET DU CHER (pour l'ancienne Commission. historique).

1866-1868 : M. Hippolyte BOYER (pour la nouvelle Société historique). — 1868-1875 : M. Jean-Félix LOURIOU. — 1876-1895 : M. Hippolyte BOYER. — 1896-1897 : M. Lucien JENY. - 1898-1899 : M. Antoine LE GRAND. — 1900-1901 : M. Lucien JENY. — 1902-1904 : M. Théodore LARCHEVÊQUE. —1905 : M. Antoine LE GRAND. — 1906-1908 : M. Théodore LARCHEVÊQUE. — 1909 : M. Emile TURPIN. — 1910-1912 : M. Théodore LARCHEVÊQUE.


VI LISTE GENERALE

Bureau de la Société :

MM. TURPIN (Emile) (Q I., §), chef de division honoraire de la Préfecture du Cher, Président.

GANDILHON (4> I.), archiviste du département du Cher, Vice-Président.

TOURNOIS (© I.), professeur honoraire de l'Université, Vice-Président.

DUMONTEIL, avocat à la Cour d'appel, Secrétaire général.

MORNET (Marcel), avocat près la Cour d'appel, Secrétaire adjoint.

GAUCHERY (Robert), architecte, Secrétaire adjoint.

MORNET (Albert), banquier, Trésorier.

Comité de publication :

MM. LARCHEVÊQUE (Th.), docteur en droit, avocat à la

Cour d'appel. GAUCHERY (Paul), ingénieur-architecte. PONROY (H.), avocat, membre du Conseil Général

du Cher.

Membre honoraire :

M. le Vte DE LAUGARDIÈRE (Charles), ancien conseiller à la Cour d'appel de Bourges, correspondant du Ministère de l'Instruction publique, Président honoraire de la Société des Antiquaires du Centre, à Bourges.


DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ VII

Membres titulaires :

Date d'admission

MM. THOMAS, ancien avoué, rue de la Cage-Verte, 12,

à Bourges. 6 mars 1868.

MORNET (Albert), banquier, rue des Arènes, 38,

à Bourges. 4 déc. 1868.

GOSSET, avocat au Conseil d'Etat et à la Cour

de cassation, quai d'Orsay, 11, à Paris. 5 mars 1880.

MORNET (Marcel) (# I.), pharmacien des Hospices,

rue Moyenne, 9, à Bourges. 4 mars 1881.

GAUCHERY (Paul) (0 A.), ingénieur-architecte, à

Vierzon. 13 avril 1883.

TURPIN (Emile) (§ I., §), chef de division honoraire de la Préfecture du Cher, rue de Dun, 71, à Bourges. 11 déc. 1885.

LEPRINCE (Maurice) (O. &, Q I.), docteur en médecine, rue de la Tour, 60, à Passy-Paris. 11 juin 1886.

SOUCHON (Augustin) (0 I.), architecte, rue de la

Bienfaisance, 7, à Bourges. 17 juin 1887.

NARCY (Il A.), professeur d'École normale en

retraite, cité Paponot, à Cosne (Nièvre). 13 avril 1888.

BEAUBOIS (0 I., j|), agent voyer principal, à Mehunsur-Yèvre.

Mehunsur-Yèvre. mai 1890.

TAUSSERAT, propriétaire, au château de Chevilly,

cne de Méreau (Cher). 1er mai 1891.

LARCHEVÊQUE (Th.), docteur en droit, avocat près

la Cour d'appel, rue Pavée, 2, à Bourges. 14 oct. 1892.

LOUIS (Achille), avocat, route de Bourges, 3 bis, à

Vierzon. 14 oct. 1892.

DUBOIS DE LA SABLONIÈRE (Pierre), docteur en droit, avocat, membre du Conseil Général du Cher, rue des Arènes, 61, à Bourges. 3 fév. 1893.


VIII LISTE GENERALE

Pale d'admission

MM. HERVET (#, # A.), banquier, président de la Chambre

Chambre Commerce, place de la Préfecture, 1, à Bourges. 3 fév. 1893.

TÉMOIN (&, ^ A.), membre correspondant de l'Académie de Médecine, chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu, place des Quatre-Piliers, 6, à Bourges. 3 fév. 1893. le Mis DE VOGÜÉ (C. &), ancien ambassadeur, membre de l'Académie française, château du Pezeau, par Boulleret (Cher), et 2, rue Fabert, à Paris. 7 mai 1894.

HEMERY DE LAZENAY, au château de Lazenay-surArnon,

Lazenay-surArnon, Lury (Cher). 28 janv. 1895.

le Cte DE TOULGOET-TRÉANNA (G. C. tfr, C. iji), propriétaire, au château de Rozay, par Thénioux (Cher). 28 janv 1895.

TABOUET (E.), propriétaire, à Saint-Désiré (Allier). 10 juin 1895. Mme SIRE (M. H.), imprimeur-éditeur, rue des Armuriers, 6bis, à Bourges. 16 janv 1896. MM. TOURNOIS (CJ> I.), professeur honoraire de l'Université, à Saint-Gauthier (Indre). 23 juillet 1896. SAUVAGET (|> I.), inspecteur du Service vicinal,

boulevard Auger, à Bourges. 20 janv. 1898.

le Prince Auguste D'ARENBERG, ancien député du Cher, membre de l'Institut, rue de la Villel'Evêque, 20, à Paris. 17 mars 1898.

DUVERGIER DE HAURANNE (#), maire, au château

d'Herry (Cher). 17 mars 1898.

GOLM, ASHER et Cie, unter den Linden, 13, à Berlin

(Prusse.) 15 déc. 1898.

DUMONTEIL (Alexis), avocat près la Cour d'appel,

rue Littré, 32, à Bourges. 23 fév. 1899.

le Mis DE MAUPAS, au château de Maupas, par les

Aix-d'Angillon (Cher), et ave d'Antin, 14, à Paris. 23 fév. 1899. DEVAUT (Lucien), avenue de la Gare, 53, à Bourges. 29 juin 1899.


DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ IX

MM. DE MARANSANGE, membre du Conseil Général du

Cher, au Châtelet (Cher). 23 nov. 1899.

MORNET (Daniel), professeur agrégé au Lycée

Carnot, à Paris. 14 juin 1900.

LEPRINCE (Albert) (|| A.), docteur-médecin oculiste, boulevard Gambetta, 21, à Bourges. 14 fév. 1901. MORNET (Marcel), docteur en droit, avocat près la

Cour d'appel, rue des Arènes, 38, à Bourges. 23 mai 1901. DESBOIS (Pierre) (Il A.), notaire, rue Coursarlon, 18,

à Bourges. 19 déc. 1901.

BEAUVOIS (# I.), docteur-médecin oculiste, rue

d'Orléans, 18, à Neuilly (Seine). 12 juin 1902.

PAILLAT (|| I.), notaire, place Jacques-Coeur, 5, à

Bourges. 15 janv. 1903.

BREU (Abel), avocat près la Cour d'appel, rue

Fernault, 14, à Bourges. 12 fév. 1903.

CHAPELARD (René), avocat près la Cour d'appel, rue

de l'Equerre, 4, à Bourges. 12 fév. 1903.

WARION, chirurgien-dentiste, avenue de la Gare, 7,

à Bourges. 12 fév. 1903.

GANDILHON (Il I.), paléographe, archiviste du département du Cher, boulevard Lamarck, 32, à

Bourges. 9 juin 1904.

BAILLY (Paul), inspecteur du Service vicinal en

retraite, rue Emile-Deschamps, 14, à Bourges. 20 juillet 1905. MAYNIAL (Edouard), professeur agrégé au Lycée de

Rouen. 23 nov. 1905.

BOURDIN (# A., §), sous-ingénieur des Ponts et

Chaussées, rue de Dun, 81, à Bourges. 13 juin 1907.

DÉRIBÉRÉ-DESGARDES (P.), docteur en médecine,

rue des Chartreux, 4, à Paris, et Le Haut-Cluzeau,

par Saint-Marcel (Indre). 19 nov. 1908.

PONROY (Henry), avocat, membre du Conseil

Général du Cher, rue Coursarlon, 21, à Bourges. 17 déc. 1908.


X LISTE GENERALE

MM. BRODY DE LAMOTTE (Edouard), à Saint-Amand- Date d'admission Montrond. 27 mai 1909.

JOUVELLIER, juge de paix, à Mehun-sur-Yèvre. 24 juin 1909.

GRAVET DE LA BUFFIÈRE (#), capitaine d'artillerie

en retraite, boulev. de l'Arsenal, 18bis, à Bourges. 28 oct. 1909.

MAGDELÉNAT (Henri) (§), ingénieur des Ponts et Chaussées, directeur des usines de Rosières, avenue de Bourbonnoux, 13, à Bourges. 16 déc. 1909.

MAUNY (Jules), avoué près le Tribunal de 1re instance, rue Porte-Jaune, 30, à Bourges. 16 juin 1910.

GAUCHERY (Robert), architecte, rue du Four, 11, à

Bourges. 26 janv. 1911.

ROGER (Octave)(#), ancien magistrat, rue Moyenne,

24, à Bourges. 25 janv. 1912.

GOUIN, docteur en médecine, Saint-Amand-Montrond.

Saint-Amand-Montrond. janv. 1912.

SAINMONT (Charles), avoué près le Tribunal de 1re

instance, rue Emile-Zola, 5, à Bourges. 21 mars 1912.

BAUDET (Eugène), ancien négociant, rue Coursarlon,

Coursarlon, à Bourges. 21 mars 1912.

CASSIER (Joseph), avocat près la Cour d'appel, rue

de Dun, 96, à Bourges. 25 Avril 1912.

DUPÉRON (Pierre) (||), docteur en droit, professeur

au Lycée, rue Littré, 10, à Bourges. 25 Avril 1912.

l'Abbé GRIMOIN, curé de Saint-Germain-du-Puy

(Cher). 30 mai 1912.

MARAS (Gabriel), expert-géomètre, boulevard de la

Liberté, à Vierzon. 30 mai 1912.

DUPUIS (René), secrétaire général de la Société des Usines de Rosières, place George-Sand, 5, à Bourges. 21 juillet 1912

SUPPLISSON (Maurice), ingénieur des Arts et Manufactures, rue Boursault, 25, à Paris. '21 nov. 1912.


DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ XI

MM. LELIÈVRE (Robert), notaire, rue des Arènes, 36, à

Bourges. 19 déc. 1912.

BRIOUX (Edmond), retraité de l'Administration générale de l'Assistance publique, boulevard de l'Industrie, 32, à Bourges. 23 janv. 1913.

Membres associés :

MM. LABUSSIÈRE (Guillaume), instituteur à Saint-Eloide-Gy

Saint-Eloide-Gy 15 janv. 1892.

BOULÉ, juge de paix en retraite, à Lignières (Cher). 6 mai 1892. EVÊQUE (Il I.), professeur au Collège de Châtellerault

Châtellerault 1er juillet 1892.

GODON, instituteur en retraite, rue Gaston-Cougny,

à Bourges. 1er juillet 1892.

BUCHET (Samuel), préparateur à la Faculté des

Sciences, rue Schoelcher, 4, à Paris. 14 oct. 1892.

PELLE, instituteur, à Vasselay (Cher). 16 juillet 1894.

LAMBERT, instituteur, à Raymond (Cher). 12 nov. 1894.

Mgr LORAIN, protonotaire apostolique, curé-archiprêtre

de Saint-Amand-Montrond (Cher). 23 avril 1896.

MM. BOREL, régisseur au château de Turly, commune

de Saint-Michel-de-Volangis (Cher). 23 juillet 1896.

l'Abbé DAULNY, curé des Aix-d'Angillon (Cher). 23 juillet 1896. l'Abbé BOIN, curé de Plaimpied (Cher). 29 juin 1899.

HERVELON (Louis) (Il A., |>), instituteur en retraite,

à Saint-Pierre-les-Bois (Cher). 10 mai 1900.

GAUTHIER (Patient-Alexandre) (j§), instituteur, à

Ivoy-le-Pré. 8 nov. 1900.

l'Abbé VILAIRE, secrétaire à l'Archevêché, rue

Coulon, 4, à Bourges. 17 avril 1902.

BAILLY (Henri) (||), instituteur, à Annoix (Cher). 18 déc. 1902.


XII LISTE GENERALE

MM. MORTIER (Raoul) (||), professeur d'histoire à l'Ecole Date d' admission

nationale professionnelle de Vierzon. 15 déc. 1904,

l'Abbé LELIÈVRE, curé, à Vailly (Cher). 14 juin 1906

CAZAL (U.), professeur à l'Ecole de Commerce, à

Dijon. 9 avril 1908

HARDY (Georges), agrégé de géographie et d'histoire, directeur de l'enseignement dans l'Afrique

Occidentale. 16 déc. 1909.

GALLETIER (Edouard), professeur agrégé au Lycée,

rue de Juranville, 5, à Bourges. 20 juillet 1911.

AUPET (Louis), instituteur en retraite, à Venesmes

(Cher). 20 fév. 1913.

Membres correspondants dans le département du Cher :

MM. GARBAN (Maurice), licencié es lettres et en droit, à Saint-Amand-Montrond. LENORMANT DU COUDRAY, ancien notaire, rue Coursarlon,

Coursarlon, à Bourges. MAYET, instituteur retraité, à Savigny-en-Septaine. Mlle RATIER (Emilie), impasse Saint-Louis, 4, à

Bourges. MM. CARTIER DE SAINT-RENÉ, ancien magistrat, à SaintFlorent-sur-Cher. PIVOTEAU, bibliothécaire de la Ville, à SaintAmand-Montrond.

Membres correspondants hors du département du Cher :

MM. BERTRAND, conservateur du Musée départemental de l'Allier, 10, cours de Bercy, à Moulins.


DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ XIII

MM. BOYER (Henri) (|| I., @, fy), rédacteur au Ministère de l'Instruction publique et des BeauxArts, avenue de Neuilly, 83, à Neuilly (Seine).

DUCHAUSSOY (|| I.), professeur de sciences physiques et naturelles au Lycée d'Amiens.

GAUTHIER (Gaston), instituteur, 2, rue Gambetta, Nevers.

HÉRAULT (H.), inspecteur principal des Chemins de fer Paris-Lyon-Méditerranée en retraite, à Oran.

HUBERT (|| A.), archiviste départemental, à Châteauroux.

JALOUSTRE (Élie), percepteur en retraite, à Clermont-Ferrand.

MARCHÉ (|| I.), conseiller à la Cour d'appel d'Orléans.

MEUNIER, avocat, rue du Rempart, à Nevers.

PÉRATHON (Cyprien), ancien président de la Chambre des Arts et Manufactures, à Aubusson.

PÉROT (Francis) (f| A.), 44, rue du Jeu-de-Paume, à Moulins (Allier).

POÈTE, bibliothécaire à la bibliothèque historique de la ville de Paris.

RICHARD-DESAIX (Ulrich), aux Minimes, près Issoudun (Indre).

VERMEIL, docteur-médecin, rue Jouffroy, 84, à Paris.



LISTE

DES

Sociétés savantes et des Établissements scientiliques

AVEC LESQUELS

la Société historique du Cher est en relations d'échange de publications.

Paris. Bulletin archéologique du Comité

des travaux historiques et scientifiques.

Répertoire de bibliographie scientifique du Ministère de l'Instruction publique. (Enseignement supérieur, 5e bureau.)

Archives nationales.

Université.

Société des Antiquaires de France.

Musée Guimet, 30, avenue du Trocadéro, Paris.

Polybiblion, revue bibliographique, 5, rue Saint-Simon. Allier. Société scientifique du Bourbonnais

et du Centre de la France, à Moulins.

Société d'Emulation du Bourbonnais, à Moulins.


XVI LISTE DES SOCIÉTÉS SAVANTES

Aube. Société académique d'agriculture,

des sciences, arts et belles-lettres de l'Aube, à Troyes.

Aveyron. Société des lettres, sciences et arts

de l'Aveyron, à Rodez.

Bouch.-du-Rhône. Société d'horticulture et de botanique des Bouches-du-Rhône, Marseille. Charente-Infre. Société des archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis, à Saintes.

Cher. Archives départementales.

Bibliothèque municipale de Bourges. Bibliothèque du Lycée de Bourges. Société des Antiquaires du Centre,

à Bourges. Société photographique du Centre, à

Bourges.

Côte-d'Or. Académie des sciences, arts et belleslettres de Dijon. Creuse. Société des sciences naturelles et

archéologiques de la Creuse, à Guéret. Eure-et-Loir. Société archéologique d'Eure-et-Loir, à Chartres.

Garonne (Haute-) Société archéologique de Toulouse.

Indre. Société académique du Centre, à

Châteauroux. Loir-et-Cher. Société des sciences et lettres de (Loir-et-Cher), à Blois. Loire (Haute-). Société agricole et scientifique de la

Haute-Loire, au Puy. Loire-Inférieure. Société académique de Nantes.


LISTE DES SOCIETES SAVANTES XVII

Loiret. - Société archéologique de l'Orléanais,

à Orléans. Manche. Société nationale des sciences naturelles

naturelles mathématiques de Cherbourg. Marne (Haute-). Société historique et archéologique de Langres. Nièvre. Société nivernaise, à Nevers.

Pyrénées (Basses-). Société des sciences, lettres et arts

de Pau. Pyrénées-Orientles. Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales, à Perpignan. Saône-et-Loire. Société d'histoire et d'archéologie de Chalon-sur-Saône. Société éduenne, à Autun. Seine-et-Oise. Commission des antiquités et des arts du département de Seine-etOise, à Versailles. Seine-Inférieure. Commission des antiquités de la

Seine-Inférieure, à Rouen. Sèvres (Deux-). Société botanique, à Niort.

Somme. Société des Antiquaires de Picardie,

à Amiens. Var. Académie du Var, à Toulon.

Vienne. Société des Antiquaires de l'Ouest,

à Poitiers. Yonne. Société des sciences historiques et

naturelles de l'Yonne, à Auxerre. Société archéologique de Sens. Algérie. Société archéologique de Constantine.

Constantine. Société d'histoire naturelle de Colmar.

Colmar.


XVIII LISTE DES SOCIETES SAVANTES

États-Unis Smithsonian institution, à Wad'Amérique. shington.

American philosophical Society, à

Philadelphie. Missouri Botanical Garden, à SaintLouis.


La Seigneurie et l'ancien canton

de

Saint-Florent sr Cher

DEUXIÈME PARTIE

MONOGRAPHIES LOCALES

2e SÉRIE

LUNERY

MORTHOMIERS

SAINT-CAPRAIS

LE SUBDRAY

TROUY

VILLENEUVE



La Seigneurie et l'ancien Canton

DE

SAINT-FLORENT-SR-CHER

DEUXIEME PARTIE Monographies Locales

(2e SÉRIE)

LUNERY

Topographie. — Cette commune (1) a une superficie de 3.125 hectares, figurant une plaine à vallonnements peu profonds et traversée par le Cher. Le val de cette rivière est formé d'alluvions de bonne qualité ; le reste du territoire est très varié, mais en majeure partie calcaire et argilo-calcaire.

AItitude : supérieure, 178m 80 à l'est du domaine de Lunerette ; inférieure, 127m 20 à la sortie du Cher. Le bourg est à 134 mètres.

Population. — En 1793, 668 habitants ; en 1831, 727 ; en 1851, 1.029 ; en 1881, 1.266 ; en 1891, 1.509 ; et 1.841 en 1911. Ainsi, la population a presque triplé en une centaine d'années, grâce à l'exploitation des abondantes

(1) Lunarie en 1202; Luneriaco en 1258; Luncry dès 1450.


4 LA SEIGNEURIE ET L'ANCIEN CANTON

mines de fer de Chanteloup et de La Roche, et à la création des Usines de Rosières.

Division du sol et revenu territorial de la commune. — En 1793, il n'y avait que 1.226 hectares de terres labourables ; en 1843, l' Annuaire du Berry donne : terres labourables, 1.877 hectares, estimés à 10 francs; prés, 51 hectares, estimés à 60 francs ; vignes, 6 hectares, estimés à 30 francs ; bois, 1.086 hectares, estimés 10 fr., soit, au total, 38.810 francs. En 1909, on compte : terres labourables, 1.782 hectares, que j'estime à 33 francs; prés, 100 hectares, à 80 francs ; vignes, 12 hectares, à 30 francs ; bois, 1.086 hect., à 23 francs (1), qui donnent un revenu total de 93.867 francs.

L'ancienne mesure agraire de Lunery était la boisselée, de 6 ares 25 sur la rive gauche du Cher, soit 16 à l'hect., et de 7 ares 70 sur la rive droite, qui font 13 à l'hectare.

Recensement des bestiaux.

Espèces : Chevaline Bovine Ovine Porcine Caprine Asine 1793... 63 353 560 184 ? ?

1908... 147 160 2.000 180 68 30

Le Bourg n'a de remarquable qu'une maison du XVIe siècle appelée le Grand-Bayet, mais on y a trouvé de nombreux vestiges gallo-romains, qui font supposer l'existence en ce lieu de riches villas.

En 1863, on découvrit dans le sous-sol d'une maison une belle mosaïque de 4 mètres sur 6 mètres, en très bon état, que M. Hippolyte Boyer a décrite, le premier, dans une lettre de juin de la même année, publiée par la Société du Berry, à Paris (t. X); les débris en ont été

(1) Il est surprenant de voir qu'au tableau de statistique de 1909, dressé par la. mairie, on ait inscrit autant d'hectares de bois qu'en 1843, quand on sait que les défrichements ont été continus depuis cette époque.


DE SAINT-FLORENT-SUR-CHER 5

transportés au Musée de Cluny où M. Buhot de Kersers a cru leur trace perdue ; mais des personnes de SaintFlorent les y ont récemment admirées.

Vers 1890, en recarrelant l'église, on a mis au jour un petit caveau pavé en dalles à joints serrés ; ses parois étaient en mosaïque monochrome entourée de festons, et il y avait dans ce réduit des monnaies de Posthume (257-267).

Enfin, sur les bords du bras droit du Cher, on remarque les ruines considérables du moulin du Roziau ou Roseau, ancienne propriété du Chapitre du Château de Bourges.

Le pont de Lunery, qui ne date que de 1879, a 80 mètres de long et se compose de cinq arches surbaissées de 16 mètres d'ouverture. Il en existe un autre de 20 mètres à tablier métallique sur le petit bras de la rivière.

La fête locale a lieu le dimanche après le 15 août et la foire le 8 septembre ; à Rosières, il y a assemblée le premier dimanche d'août et un marché tous les mardis.

Seigneuries. — Dès le moyen âge, Lunery dépendait pour moitié de la seigneurie de Châteauneuf, d'une part, et de celle de Masseuvre, de l'autre. En 1315, la partie appartenant à Masseuvre avait été donnée en douaire à Alix de Méry, dame de Saint-Palais et Mareuil. Les seigneurs du Coudray ayant acheté cette châtellenie en 1505 de Jean Le Groing et de Marie de Saint-Palais sa femme (1), devinrent dès lors co-seigneurs de Lunery (2).

(1) Mon Histoire de la Seigneurie de Mareuil. Paris, Chaix.

(2) C'est à ce titre qu'en 1642, Saint-Gelais Lusignan, seigneur du Coudray, ordonne des messes et fait distribuer des aumônes à Lunery comme à Civray, aux anniversaires de la mort de sa femme. Mes archiv., l. 13 : lettres autographes de Saint-Gelais Lusignan, 1642.


6 LA SEIGNEURIE ET L'ANCIEN CANTON

Eglise. — C'est un modeste édifice dont la nef est du XIIe siècle avec voûte ogivale en bois ; son abside date du XIe, ainsi que la tour du clocher, dans laquelle on trouve des traces d'incendie. L'ancien autel, qui est sous le nouveau, est supporté par six colonnettes, le tout en pierre. Le clocher possède trois cloches, dont une de 1528 et deux posées en 1900 ; la première porte celte inscription : Jésus Maria, S. Barbara, S. Prive, S. Georg., orate pro nobis.

A l'état civil, on ne trouve pas mention d'inhumations anciennes dans l'église.

En 1802, au rétablissement du culte et d'après l'inventaire du mobilier de l'église, « il n'y avait plus qu'une cloche, mais on possédait tous les ornements à dire la messe, un grand autel garni de tous ses effets, des vases et des bancs ». (Arch. du Cher, Q. 260.)

Il y a plusieurs siècles, on célébrait à Lunery la fête de saint Aubin, qui attirait un nombreux concours de fidèles, et le patron de la paroisse est saint Privat ou Privé. Lunery dépendait, avant 1791, du Chapitre de Saint-Ursin, de Bourges.

Presbytère. — La maison curiale actuelle date de 1830 ; celle d'avant 1791 avait été vendue à un sieur Plasson.

Biens du clergé. — D'après le terrier de Mareuil de 1760, la cure possédait 50 arpents de propriétés sur le territoire de cette seigneurie, et voici ce que contient le dossier incomplet des adjudications de 1791-1792 : la maison curiale, locatures, terres et prés de la cure et une autre locature à la Fabrique ; terres, bois et moulin du Roziau, au Chapitre du Château, de Bourges ; terres au prieuré de Châteauneuf ; domaine, prés et bois du Grand Rosières, à l'abbaye de la Prée ; terres et prés aux Dames de la Visitation et d'Orsan et à N.-D. la Blanche, dépen-


DE SAINT-FLORENT-SUR-CHER 7

dance de la Sainte-Chapelle, de Bourges (Q. 120, 127, 192) (1).

Curés de Lunery. — 1202, Pierre, chapelain de Lunery; 1235, Arnuphle, id. ; 1664-1682, M. Balaguet; 1682-1712, Gaillard; 1712-1714, Toubeau; 1714-1747, Bernard; 17471775, Aldigier; 1775-1778, Chauliaguet; 1778-1791, Blanchard ; 1791-1793, Deschery, curé assermenté (2) ; 18021807, service fait par M. Gabillaud, curé de Civray ; 1807-1815, Louzeau, « desservant de Lunery, Arçay et Lapan»; 1816-1821, Beigneux; 1822-1857, Renaudet ; 1857-1872. Boileau; 1872-1877, Bernet; 1877-1892, Filloux ; 1892 à ce jour, M. Marquet.

L'abbé Chauliaguet (1775-78), qui s'intitulait licencié en droit, était un peu poète et dessinateur, si l'on en juge par des vers et quelques croquis qu'il a laissés sur le registre de paroisse.

Le 12 juin 1791, l'abbé Blanchet, remplacé par M. Deschery, curé constitutionnel, ne quitta pas de suite sa paroisse ; il se retira au village de la Bruère. Dénoncé au mois de septembre, il émigra en Angleterre et l'on n'a jamais eu de ses nouvelles (3).

L'abbé Renaudet (1822-1857), était un prêtre tellement bon qu'il donnait tout ce qu'il avait, jusqu'à ses chemises ; il ne réclamait rien de son maigre casuel.

Pêchant pour se distraire de sa solitude et aussi pour se nourrir, il s'est noyé dans le Cher en jetant son épervier : les boutons de sa soutane s'étaient pris dans les mailles et il a été entraîné sans pouvoir se dégager.

(1) De plus, le curé de Lunery percevait la dîme sur 10 boisselées de terre à Jarrien, de compte à demi avec le curé de Saint-Caprais ; sur 18 dans les prés des Tubines, de compte à demi avec les curés de Saint-Caprais et Saint-Florent et sur 18 à la Brosse, dans la vallée Cornu (Bull, paroiss.)

(2 et 3) Etat civil de Lunery et Saint-Florent, passim, et Bulletin prroissial de M. l'abbé Marquet, curé de Lunery (1905).


8 LA SEIGNEURIE ET L'ANCIEN CANTON

Mairie et écoles. — La mairie et les écoles datent de 1848 et 1874 ; les archives de l'état civil de 1712, et on a les délibérations des Conseils municipaux à partir de 1816.

Voici la liste des maires de la commune : 1792-1794, Després ; 1795-1799, Imbault, agent municipal ; 1800 à 1814, Séguin, maire ; 1815, pendant les Cent Jours, Poubeau ; 1816, Pichon Jacques ; 1816-1823, Apied Claude; 1824-1840, Brault Jean; 1840-1870, de Marcillac; 1871-1876, Villebenoît ; 1876-1878, Proux Félix ; 18781884, Apied Phil. ; 1884 à mai 1912, M. Dupuis Léon ; mai 1912, M. Dupuis René.

Il y avait un instituteur à Lunery pendant la Révolution ; ensuite on n'en voit d'officiels qu'à partir de 1846 (école mixte, M. Ségaud, premier titulaire). Ce n'est qu'en 1868 qu'on créa une école de filles (Mme Vaslin, première titulaire) ; aux Usines de Rosières, il y a depuis 1907 des écoles primaires (dites de hameau), qui ont remplacé des écoles libres.

Impositions et budgets. — Total des impositions : de 1779 à 1781, 858 livres ; 1782, 660 ; 1789, 900 (C. 261).

Principal des quatre contributions : 1850, 8.017 fr. ; 1868, 6.038; 1890, 8.122; 1909, 9.855.

Centimes additionnels de 1909, 90,20.

Dépenses totales de la commune en : 1820, 405 fr. 80 ; 1831, 515,67 ; 1841, 2.597 ; 1860, 8.231,35; 1870, 12.126,75 ; 1890, 14.133; 1909, 16.500 (1).

(1) Rapports du Préfet au Conseil Général et Arch. dép. et mun.


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Villages, châteaux, ruines, retranchements et tumulus

L'Échalusse. — Cet important village, mi-partie de Lunery et de Prunelles, a été le chef-lieu d'une petite seigneurie mouvante de Châteauneuf, tout en appartenant depuis 1587 au seigneur de Mareuil. Elle a eu successivement pour possesseurs : 1400, Jean du Pin ; 1430-1586, Antoine de Saint-Avit et sa postérité ; 1586, Jean Duchesne ; 1587, Anne de Rochefort, seigneur de Mareuil ; 1633, le marquis de Brichanteau-Nangis et sa postérité ; 1710, Gorge d'Entraigue ; 1737, son gendre, Paul François, duc de Béthune-Chârost, qui en hérita avec Mareuil et Meillant ; 1739, François Joseph ; 1760, Armand Joseph, bienfaiteur du Berry ; 1800-1837, la veuve et héritière de celuici ; 1837-1881, la duchesse de Mortemart, nièce de Mme de Chârost, dont les héritiers ont vendu les biens. Aujourd'hui la forêt de l'Echalusse, qui en dépendait, appartient au Dr Témoin.

Les Rimberts. — Propriété vendue en 1614 par le seigneur de Mareuil à Jean de Culon, seigneur de Champroy (1). Propriétaires connus : 1660, Jean Gallus ; 1665, Jacq. Lebloy et sa postérité; puis, MM. Trémeau et Séguin ; enfin, la famille de Marcillac. Les Rimberts dépendaient de la seigneurie de l'Echalusse.

Champroy- — Fief mouvant de la Grosse Tour de Vierzon jusqu'au XVIIe siècle, ensuite, de celle d'Issoudun. Château moderne à deux étages, flanqué de tours en poivrière et construit sur la colline qui côtoie la

(1) Mon Hist. de la Seigneur de Mareuil.


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rive gauche du Cher. En creusant ses fondations, on a trouvé le carrelage en briques d'une villa gallo-romaine et des monnaies du IVe siècle. On voit, à côté, une petite chapelle, et en face, sur un bras desséché de la rivière, les restes d'un bâtiment très ancien qui a dû être un moulin.

Mutations successives : 1200, Hugonin du Verdier ; 1225, Raoul Pot, son gendre, seigneur de la Prugne au Pot et sa postérité ; 1524, Michel Tuyère (1) ; 1590. Jean de Culon, qui eut deux enfants, Jean II et une fille, mariée à J.-Jacq. d'ivoy (2) ; 1660, Denis Catherinot et, après lui par alliance, la famille de Sauzay ; 1800, M. de Mellony ; après lui, le comte de Lanet, son gendre ; puis, la marquise de Ferrières, sa petite-fille, qui a vendu

Champroy au Dr Témoin.

La Vergne. — Petit manoir des XVIIe et XVIIIe siècles, surmonté d'un campanile. Propriétaires depuis 1650, les

familles de Lacube, Moreau, Poubeau et Jacquier. Modeste chapelle du XVIIe siècle, ornée d'une statue

assez artistique de N.-D. de Pitié, qui tient sur ses

genoux le corps inanimé du Christ. L'année 1872, on a découvert sur les bords et au

niveau du Cher, en face de la Vergne, d'importantes

substructions, qui ont dû appartenir à un établissement

balnéaire.

Plus près de la Vergne, on trouva de nombreux

fragments de poterie, un fût de colonne, une épée dans

son fourreau de fer, des amphores, des briques d'hypocauste

d'hypocauste une magnifique urne funéraire. (3)

Enfin, au sommet d'une colline boisée, dont le flanc

abrupte domine la rivière, M. L. Martinet a révélé

(1 et 2) Mon Hist. de la Seigneurie de Mareuil.

(3) M. MORNET, Mémoires de la Société Historique, 1870.


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l'existence d'une motte de terre entourée de fossés de 15 mètres de large.

Chanteloup. — Village où M. de Kersers a signalé en 1887 la découverte d'une épée et d'un rasoir en bronze à côté d'un squelette, seul sous un tumulus. Ces objets datent de la première période du fer.

Rosières. — Sur la rive gauche du Cher, il existait déjà au XIIIe siècle (1) un moulin qui s'appelait Rosières : il dépendait de la châtellenie de Masseuvre ; en 1836, il a fait place à des forges, décrites dans la première partie de cet ouvrage (2). Aujourd'hui, c'est une agglomération de 900 habitants grâce au développement de la cité ouvrière construite par la Société des Usines. Outre les écoles mentionnées ci-dessus, il est doté d'une église et d'un presbytère édifiés aux frais de Mme Albert Dumez, veuve d'un des administrateurs.

Le Grand Rosières. — Propriété voisine qui appartenait à l'abbaye de la Prée avant 1791 ; 1791-1836, Mme Vve Séguin et ses héritiers ; 1836, M. Thouvenel, député de Lorraine, qui y construisit un château flanqué de tours à toitures de pagode ; ensuite sa veuve, M. Girardin et M. Faucheux. Dans le rôle des cinquante hommes de guerre à cheval, équipés et commandés en Bourgogne par le sire de Rochefort, seigneur de Mareuil et la Croisette en 1595, on trouve un Louis de Cornaille, seigneur de Rosières (Ann. de mon Hist. de Mareuil).

(1) Fonds de l'abbaye de la Prée. Arch. de l'Indre.

(2) La tradition rapporte qu'il y avait eu en ce lieu une petite chapelle dont les statues, recueillies en 1792 par le sieur Hervier, fermier du moulin, furent cassées l'année suivante par des énergumènes.

ton 1793, les époux Hervier ont caché, durant une semaine, un prêtre inconnu qui leur avait demandé asile ; quand on vint pour l'arrêter, la meunière lui fit traverser le Cher en bateau. Les gardes nationaux de Châteauneuf qui le poursuivaient, l'ayant aperçu au moment où il abordait l'autre rive, avaient tiré des coups de fusil sur ce malheureux sans l'atteindre.


12 LA SEIGNEURIE ET L'ANCIEN CANTON

La Grange Brûlée. — Petit hameau situé tout près de Masseuvre, à la limite de la commune de Saint-Florent.

Je suppose que c'est là qu'était la Grange des Dîmes de la châtellenie de Masseuvre. A ce bâtiment qui a disparu, probablement dans un incendie, comme le nom du hameau l'indique, était adossé un oratoire dont on a découvert les ruines en 1870 et qui était dédié, d'après la tradition, « au bon St Pardoux ». C'était un lieu de pèlerinage où l'on venait pour la guérison de la toux et où des gens de Saint-Florent ont recueilli, récemment, les restes mutilés d'une statuette en pierre, que l'on regarde comme celle de ce saint.

Bellechaume et La Bruère. — Village et ferme dont les anciens propriétaires figuraient aussi parmi les hommes de guerre du sire de Rochefort et qui dépendaient de la seigneurie de l'Echalusse.

Le Grand Malleray est un gros village dont j'ai parlé dans ma monographie de Primelles et où la commune de Lunery possède seulement deux ou trois immeubles.

La Court. — C'était une propriété qui a appartenu en 1538 à Claude Blosset, puis aux Culon de Champroy (1).

Chapet. — Hameau qui était au XIIIe siècle au Chapitre du Château de Bourges, en 1656 à Pierre Bengy et a dépendu ensuite de la Vergne.

La Tour. — Sur la rive droite du Cher, route de SaintCaprais, il y a une éminence appelée La Tour, couronnée par des ruines informes entourées d'un large fossé ; on y a trouvé une certaine quantité d'ossements humains.

(1) Mes arch., 1. 20. A de de vente devant Jean Depardieu, notaire à Bourges (1538).


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La Brosse. — En 1874, on a découvert, près de ce village, de nombreux cercueils en pierre, sans couvercles, dont plusieurs contenaient deux et trois squelettes d'hommes, de femmes et d'enfants. Date très ancienne.

La Guerne et le Bois Quillery. — Retranchements en terre. — Dans les bois de La Guerne, près de l'Echalusse, j'ai trouvé, en 1875, une enceinte pentagonale, de trente mètres de diamètre, qui est encore assez élevée et entourée de larges fossés. Leurs déblais sont relevés en dedans de l'enceinte et forment escarpe. J'ai découvert près de là, au bois Quillery, un autre retranchement, ceint de fossés sur trois faces, qui ont chacun cent mètres de longueur (1).

(1) Mon Hist. de la Seigneurie de Mareuil. Retranchements en terre, communes de Plou, Primelles, Lunery, Saint-Baudel, etc.. V. aussi Légendes et Croyances, première partie de cet ouvrage.


14 LA SEIGNEURIE ET L'ANCIEN CANTON

MORTHOMIERS

Topographie. — La commune de Morthomiers (1) a une superficie de 2.265 hectares 35 ares, en général argilo-calcaire de qualité médiocre, mais dont le soussol est très riche en minerai de fer.

Elle est arrosée par la Margelle, petit ruisseau qui prend sa source dans le vallon de la Preugne, à la limite des communes de Morthomiers et du Subdray, et se jette dans le Cher à La Madeleine, après un parcours de 9.730 mètres, dont 5.750 dans Morthomiers et 3.980 dans Villeneuve. La Margelle ne coule qu'une partie de l'année, de même que son petit affluent qui prend naissance à la fontaine d'Ignon, au nord de la commune.

Altitudes. — Supérieure, 151m 50 sur le chemin du Vernillet à la limite de La Chapelle-Saint-Ursin ; inférieure, 127m70 à la sortie du ruisseau de la Margelle. Le bourg est à 135 mètres.

Population. — En 1793, 194 habitants; 1831,153; 1841,216; 1861,366; 1870, 394; 1890, 216; 1911, 174.

Si, pendant vingt ans, la population avait presque doublé, c'est parce que les forges du Creusol, Châtillon et Commentry exploitaient alors les gisements de minerai de fer de celte commune et de La Chapelle-Saint-Ursin.

Superficie, division et revenu du sol. — Sur les 2.265 hect. 35 a. de Morthomiers, il y avait, d'après le tableau de la Mairie, en 1908: en terres labourables,

(1) En latin Mortuum mare, Morthomer en 1462.


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1.450 hectares ; en prés et pâturages, 115 hectares ; en bois, 500 hectares et en vignes 35 ares. Comme, en réalité, il n'y a pas plus de 10 hectares de prés, j'ai préféré, d'accord avec les agriculteurs du pays, la division suivante qui est plus exacte :

Terres labourables, 1.550 hectares à 28 francs l'hectare ; prés, 10 hectares à 50 francs (1) ; vignes, 35 ares à 40 francs : bois, 500 hectares à 16 francs, ce qui fait, comme revenu du sol, 51.914 francs.

En 1793, on ne trouve que 428 hectares cultivés ; en 1843, d'après l'Annuaire du Berry, on comptait 616 hectares de bois au lieu des 500 d'aujourd'hui ; les terres labourables et les bois étaient estimés 13 francs l'hectare ; au total, 28.658 francs.

L'ancienne boisselée était de 7 a. 70, soit 13 à l'hectare.

Recensement des bestiaux. Espèces : Chevaline Bovine Ovine Porcine Caprine Asine 1793... 46 165 614 39 ? ?

1908. . 37 110 483 22 22 6

Le bourg. — Avant la Révolution, le chef-lieu de cette commune était plus important qu'aujourd'hui : en outre de quelques maisons à divers habitants, il se composait de l'église, du presbytère, d'une maison de maître dite le château, et de dix locatures ou petites exploitations rurales appartenant à M. de Bonnault, seigneur de la paroisse.

On sait que c'est près de Morthomiers qu'une bande de pastoureaux a été anéantie en 1251 par les habitants de la ville de Bourges, qu'ils venaient de saccager.

Morthomiers paraît avoir possédé autrefois, à l'ouest de son territoire, des communaux que les habitants de

(1) Ce sont des prés généralement maigres.


16 LA SEIGNEURIE ET L'ANCIEN CANTON

Villeneuve se seraient appropriés (Tradition). En tout cas, le procès-verbal de lotissement des biens saisis, en 1792, sur M. de Bonnault, porte cette mention consignée par la municipalité : « C'est par surprise que les gens de Villeneuve sont venus faucher le terrain communal de Morthomiers, du côté de la Fontaine Claire » (Q. 38).

En 1837, le Préfet du Cher avait demandé au Conseil Général l'annexion de Morthomiers à la commune de Villeneuve, mais cette Assemblée s'y opposa (compterendu des séances).

Seigneurie. — Le siège de cette petite seigneurie était le château de Prunay qui appartenait, avant 1389, à une famille de ce nom.

A cette date, Jean de Méry l'achète de Jean de Prunay ; ensuite on trouve, en 1475, Jacques Leroy, seigneur de Saint-Florent, puis Jean Girard, son beau-frère, seigneur de Prunay et La Salle ; 1491 et 1503, les Sarrebourse ; 1532-1552, Jean Girard II, Jean III et Jean IV, mort sans postérité en 1600 ; François de Bonnault, son beau-frère, co-seigneur de Morthomiers avec Etienne Girard (1).

Vers 1630, les de Bonnault devinrent seuls seigneurs de Morthomiers et, en 1793, leurs biens furent saisis et vendus (2).

Ancienne église. — Depuis la Révolution, Morthomiers a cessé d'être une paroisse et dépend de Villeneuve pour le spirituel. En 1793, l'église a été vendue pour 500 francs, sans les cloches et le mobilier. On ne sait rien de ce qu'était cet édifice, dont l'abside a été démolie

(1) C. 230 et La Thaumassière, 1. VIII, ch. 49, I. XII, ch. 15,01, 82 et 100. Il est impossible d'établir une nomenclature certaine des seigneurs de Morthomiers faute de documents complets.

(2) M. de Bonnault possédait alors le château et le domaine de Prunay, ceux de la Salle et des Bordes, 000 arpents de bois et les locatures du bourg (Q. 38 et 495).


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et la net transformée en école et mairie en 1863. Il en reste comme souvenir une cloche et la statue de saint Biaise, son patron, qui ont été transportés à Villeneuve après 1802. On voit, en outre, place du bourg, deux bénitiers qui en proviennent, l'un ovale et l'autre carré, de 0m 70 de diamètre. Le cimetière était autour de l'église et, en 1863, il devint le jardin de l'école ; aujourd'hui c'est un pâturage.

Au rétablissement du culte en France, tous les effets mobiliers de l'église et de la sacristie étaient encore en place, « excepté des vases envoyés à Bourges en 1793 » (Q. 260).

Sur les registres de paroisse, j'ai relevé seize inhumations faites dans l'église de 1672 à 1767, dont celle de « damoiselle Madeleine de Bonnault, âgée de neuf mois, fille de Mre de Bonnault et de dame L. Guénois, sa femme ». M. Silvain Pijat, curé de la paroisse pendant 39 ans (de 1728 à 1767), est la dernière personne qui y ait été enterrée.

La cure de Morthomiers était à la nomination de l'archevêque de Bourges.

L'assemblée ou fête de la localité a lieu le premier dimanche de juin.

Biens du clergé. — Ceux de la cure, vendus en 1792 et 1793, comprenaient le presbytère, une terre de 8 boisselées, une autre de 7 ; 50 boisselées à la Catherine, 2 arpents de pré (encore appelé le pré de la Cure), et d'autres propriétés dont il n'est resté que des traces incomplètes, sur des lambeaux de papiers brûlés dans l'incendie des Archives départementales de 1859. La cure possédait en outre, dans la paroisse du Subdray, 17 boisselées de terre et de bois vendues au Subdray en 1791.

Le domaine du Veuilly, aux Bénédictins de Bourges, a

2


18 LA SEIGNEURIE ET L'ANCIEN CANTON

été vendu à un sieur Grassoreille, et celui de la Moutière, aux mêmes, adjugé à Mme de Folleville, propriétaire des terres de Saint-Florent et Castelneau (Q. 121 et 495).

Curés de Morthomiers. — 1672, Baudran ; 1672-1728, les registres manquent ; 1728-1767, Silvain Pijat; 1767-1770, intérims faits par MM. Boullier, curé du Subdray, et Bourgoin, curé de La Chapelle-Saint-Ursin ; 1770-1773, Bouquin; 1773-1781, Huart; 1781-1784, Jovy; 1784-1792, Maury (son dernier acte est du 26 août 1792) ; 1792-1794, Grillon, curé assermenté.

L'abbé Maury figure parmi les « martyrs du diocèse de Bourges » (1). En 1791, il refusa le serment à la Constitution civique du Clergé, et continua néanmoins son ministère jusqu'à son départ pour l'émigration, le 11 septembre 1792, après la publication du décret de déportation du 26 août.

En 1795, rentré de Savoie (2) où il s'était réfugié, il vécut deux ans à Morthomiers, entouré de l'estime de ses paroissiens ; mais il fut dénoncé et arrêté le 4 septembre 1797, conduit à Rochefort avec beaucoup d'autres prêtres sur de mauvaises charrettes et embarqué avec eux pour la Guyane, où il est mort.

Pendant la Révolution, il y avait à Morthomiers un prêtre assermenté nommé Pinoteau, qui était devenu officier municipal et s'était marié à Bourges. Il est mort très vieux, laissant plusieurs enfants.

Mairie et écoles. — On a vu à l'article Eglise que l'ancienne mairie y était installée avec l'école en 1864, mais en 1882 celles-ci ont été transférées dans une construction neuve qui a été agrandie en 1911. Avant 1864, les archives

(1) Par M. Caillaud, Vicaire Général. Bourges, 1858.

(2) Après la publication du décret du 21 février qui semblait promettre une apparence de liberté à l'ancien clergé.


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étaient chez le maire et sa maison servait de mairie : ainsi, en 1829, on la trouve au château de Prunay.

Morthomiers n'a les délibérations des Conseils municipaux que depuis 1843, mais les registres de l'état civil remontent à 1676. D'après ces documents, on voit qu'en 1780 et 1783, il y eut beaucoup de décès et que les mariages consanguins y étaient fréquents.

Liste des maires.— 1790-1793, Courteboeuf François; 1793-1794, Gautron ; Grillon, curé et officier de l'état civil (Q. 38); 1794-1800, Courteboeuf Antoine, id. ; 1800-1819, le même, maire ; 1819-1840, Pinoteau Eugène ; 1841-1848, Crépez; 1851, Tison Geslin ; 1852-1881, Garsault Félix; 1881-1884, Ciret J.-Bte ; 1884-1892, Garsault Félix, 18921912 M. Alizard Louis Albans.

Instruction. — Il n'y a eu d'instituteur primaire qu'en 1864; l'école est restée mixte depuis cette époque, et son premier titulaire a été M. Bierge. Avant 1864, c'est un habitant du village de Prunay, nommé Pinoteau, qui enseignait la lecture et l'écriture aux enfants de la commune.

Impositions et budgets. — Tailles et vingtièmes : 1776-1777, 118 liv. 16 sous ; 1778-1781, 270 liv. (1).

Principal des 4 contributions : 1840, 1579 fr. ; 1857, 1240 fr. ; 1870, 1406 fr. ; 1890, 1.430 fr. ; 1909, 1.296 fr. Centimes additionnels de 1909, 179e 30.

Dépenses totales de la commune : en 1850, 761 fr. ; 1860, 1506 ; 1870, 4.159 ; 1880, 4.163 ; 1908, 2.670.

(1) Le seigneur de Coulogne avait droit de boutage sur le vin vendu au détail dans la paroisse (E. Turpin, Les vignes et les vins du Berry, 1907).


20 LA SEIGNEURIE ET L'ANCIEN CANTON

Villages, manoirs, tumulus, souterrains

et camp romain.

Prunay. — Village qui comprend trois ou quatre maisons et un petit manoir accosté d'une tourelle, dont j'ai parlé (1) et qui appartient aujourd'hui à M. Lanchère. Sur son territoire, on voit de nombreux tumulus et des souterrains, qui ont beaucoup occupé les Sociétés savantes en 1879 et 1880. Dans un tumulus, on a trouvé plusieurs squelettes avec quelques bracelets, des bagues en bronze et un beau vase gallo-romain. Le souterrain, qui était composé de trois chambres creusées dans le tuf, était sous un autre tumulus ayant servi à de nombreuses inhumations d'une haute antiquité (2).

Les Bordes. — Dans celte propriété, qui appartient à M. Alizard, maire de Morthomiers, L Martinet a trouvé les vestiges d'un camp romain (V. le Berry préhistorique).

La Salle. — Il y a la Petite et la Grande Salle, dont la première est un village et la seconde une ferme possédant un beau colombier du XVIIIe siècle à coupole voûtée, surmontée d'une seconde toiture.

Le Pissereau. — Village voisin du bourg, où l'on voit des bâtiments très grands et très anciens servant de granges, avec de vieux murs de clôture autour de trois hectares de terrain appelé le Parc. Peut-être ces constructions servaient-elles de granges des dîmes.

(1) V. à l'art. Seigneurie, ses anc. propriétaires. De même pour La Salle ciaprès.

(2) Vol. IX. et XIII de la Soc. des Antiquaires du Centre, etc.


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SAINT-CAPRAIS

Topographie. — La commune de Saint-Caprais (1) a une superficie de 1.440 hectares ; son territoire est élevé en forme de plateau, traversé par un vallon dans lequel est construit le bourg et où coule un petit ruisseau qui sort du bois de Jarrien dans les années de grandes pluies. Sol calcaire et argilo-calcaire pour les 4/5es, argilosiliceux pour 1/5e entre les villages de Chamfraud, Valencin, et Jarrien. Le Cher côtoie Saint-Caprais sur une faible étendue, à l'ouest, et y fait mouvoir le grand moulin des Lavoirs.

Altitudes. — Supérieure, 169m 70 au sud du village de Valencin ; inférieure, 125 mètres au moulin ci-dessus ; le bourg est à 145m 50.

Population. — En 1793, 323 habitants ; 1831, 357 ; 1851, 383 ; 1881, 443 ; 1911, 405.

Superficie et revenu territorial. — En 1793, il y avait 750 hectares de terres cultivées ; en 1843, on comptait 1.118 hectares de terres labourables estimées à 8 francs de revenu moyen à l'hectare ; 3 hectares de prés à 40 francs ; 14 hectares de vignes à 40 francs et 277 hectares de bois à 13 francs. Ce qui donnait pour le revenu territorial de Saint-Caprais 14.811 francs.

(1) Sanctus Caprasius au IXe siècle, Sanctus Capracius de Nezeia en 1422, Saint-Caprais en 1488, et même Saint-Grapais dans des actes des XVIIe et XVIIIe siècles.

M. de Kersers suppose que cette localité a dû s'appeler Nérée ou Nézée avant de devenir une pa oisse sous le vocable de Saint-Caprais.


22 LA SEIGNEURIE ET L'ANCIEN CANTON

En 1908, le tableau de la mairie indique 1.065 hectares de terres labourables, que j'estime, comme M. Perreau, maire, à 30 francs de revenu moyen ; 11 hectares de prés et pâturages à 45 francs ; 29 hectares de vignes à 40 francs, et 264 hectares de bois à 16 francs ; soit un revenu total de 37.834 francs.

L'ancienne boisselée de Saint-Caprais était de 7a70 (environ 13 à l'hectare).

Recensement des bestiaux.

Espèces : Chevaline Bovine Ovine Porcine Caprine Asine

1793... 53 172 1.000 51 ? ?

1908... 81 277 2.539 75 14 18

Le bourg. — Il a été autrefois plus important qu'aujourd'hui, car on y trouve les fondations de nombreux bâtiments. Mais il eut beaucoup à souffrir des guerres de la Fronde, comme, du reste, un grand nombre de paroisses du Berry. En 1660, les habitants, absolument ruinés, avaient même adressé au roi une requête pour être dégrevés de tout ou partie de leurs tailles et gabelles (E. 577) (1).

Il y a dans la commune deux fêtes annuelles ou assemblées, l'une au bourg le troisième dimanche d'octobre, l'autre au village de Chamfraud le lendemain de Pâques.

Logis seigneurial. - En 1880, il existait encore, au nord de l'église, une ancienne construction datant du XVIIe siècle, surmontée d'un campanile et dont les corniches étaient en briques ; dans la cour, un colombier. C'était peut-être la maison seigneuriale dite des Quatre(1)

Quatre(1) 1770, il y avait un sieur Dumoutier, directeur des tabacs de Bourges, et sa femme, qui étaient à leur maison de campagne de Saint-Caprais. Un jour, corms ils avaient commencé à abattre les ormes qui ornaient la plaça de l'église, les sergents-gardes de la seigneurie ayant voulu s'y opposer, les deux époux les menacèrent de les tuer à coups de fusil et de broche, dont procès-verbal dressé contre eux (B. 3515).


DE SAINT-FLORENT-SUR-CHER 23

Fourneaux, mentionnée dans la liste des réparations à faire à Saint-Florent et à Saint-Caprais présentée en 1634 au prince de Condé (E. 2513).

Seigneurie. — Saint-Caprais a été anciennement une châtellenie distincte, puisqu'on trouve, en 1200, un Amelius et, en 1488, un Guillaume Stud qui s'intitulaient ses seigneurs. Mais celui-ci, du moins, ne devait l'être qu'en partie, car dès 1278 Pierre Leroy possédait la moitié de Saint-Caprais avec Saint-Florent, et dans la suite, toute la paroisse a passé à sa famille.

Église. — La paroisse existait déjà en 853 (B. de Kersers) et, jusqu'en 1150, l'église a appartenu à l'abbaye de Vierzon. La collation des curés a dépendu ensuite de l'abbaye de La Charité-sur-Loire, propriétaire du prieuré de Chamfraud, dont il sera parlé plus loin. Le patron de la paroisse est saint Caprais, martyr, premier évêque d'Agen.

L'abside de l'église est du XIe siècle et la nef d'une époque bien postérieure. Elle a dû être détruite pendant les guerres de la Fronde, car dans le testament du 1er septembre 1668 de Mme Popineau, veuve d'Etienne Aupic, sieur de Jarrien, on trouve un legs de soixante livres « pour aider à faire rétablir l'église » (E. 2513) La tour du clocher, qui ne possède qu'une cloche de date inconnue, est de la même époque que l'abside ; elle est voûtée à son étage inférieur et décorée d'arcades audessus. La flèche en pierre est de 1882 (1).

Il y a eu peu d'inhumations dans l'église : 1556, Mre Audebrant, qui fonda des messes par testament et

(1) Aux Archives départementales, on trouve une reconnaissance de neuf livres dix sous restant dus par les procureurs de l'église de Saint-Caprais à Cl. Brémant, brodeur à Bourges, pour solde d'une bannière en camelot ayant d'un côté l'image de Notre-Dame, de l'autre celle de saint Caprais (E. 2008).


24 LA SEIGNEURIE ET L'ANCIEN CANTON

légua à la cure, à cet effet, 5 quartiers de vigne au PuitsSaujon; 1757, Mre Maurice Louvrier, âgé de 81 ans; 1775, Mre Jean Bezard, tous curés de la paroisse (1).

Lors du rétablissement du culte, le mobilier de l'église et celui de la sacristie furent retrouvés au complet, excepté pour les cloches (Q. 260).

Saint-Caprais a dépendu de Saint-Florent pour le spirituel de 1802 à 1854, date où un curé fut installé dans la paroisse. Jusqu'en 1900, année où l'on a construit un presbytère, lui et ses successeurs ont habité des maisons de particuliers.

C'est en 1819 que le cimetière qui sert encore aujourd'hui a été ouvert ; auparavant, il était contigu à l'église.

Anciens biens du clergé et curés de SaintCaprais. — En 1616, on trouve un bail à ferme des revenus de la cure consenti à Jean Rayné, prêtre, par Jean Fériex, curé de la paroisse et chanoine de SaintPierre-le-Puellier, moyennant 60 livres tournois et 8 setiers de méteil par an (E. 2008).

En 1792 et 1793, on a vendu 146 boisselées de terres et 3 arpents de bois dépendant de la cure ; une grange el « deux places » à la Fabrique ; 4 boisselées à la cure de Sainte-Lunaise, et 400 boisselées à l'abbaye de SaintAmbroix. Le domaine de Chamfraud, aux bénédictins de la Charité-sur-Loire, avait été adjugé pour 37.100 francs dès le 15 lévrier 1791 à Mme de Folle ville (Q. 131 et 500) (2).

Liste des curés. — 1302, Pierre de Neuvy (de Kersers); 1556, Etienne Rioulle ; 1616, Jean Fériex ; 1630, Bre(1)

Bre(1) de M. l'abbé Berthelot, curé de Saint-Caprais.

(2). On a vu à la monographie de Lunery (Biens du clergé) que les dîmes de ce taines propriétés de cette paroisse étaient partagées entre la cure de SaintCaprais et des cures voisines.


DE SAINT-FLORENT-SUR-CHER 25

nichon ; 1640, Jean Mellot (E 2050) ; .... à 1651, Bonnafou ; 1651-1652, Focadant, franciscain, intérimaire ; 16521677, Thomas Brenichon (avec Loriou comme vicaire de 1652 à 1654); 1683, Etienne Veillaut; 1714-1757, Maurice Louvrier (Chassaing, vicaire de 1755 à 1757) ; 1757-1775, Jean Bezard ; 1775-1784, Nicolas Porcher; 1785-1791, Claude Goumet ; 1791-1792, Buffenach, curé assermenté; 1793, Petit-Jean, idem, non installé; Charles Brisson, idem, non installé également ; 1852-1854, la paroisse est desservie par Saint-Florent ; 1854, Miniot ; 1864, Plénot ; 1865, Poudroux ; 1866, Bonnefond ; 18661867, le vicaire de Saint-Florent ; 1867-1869, Millet ; 1869-1870, Cortin; 1871, Briault ; 1871-1872, Lagoutte ; 1873, Germain ; 1874-1877, le vicaire de Saint-Florent ; 1878-1888, Baudat; 1888-1891, Abadie; 1891-1896, Charpy ; 1896-1897, Blanchet ; 1897-1900, le curé du Subdray ; 1900-1906, Messent ; 1906-1909, Patrigeon ; 1909, 3 juillet, à ce jour, M. Eug. Berthelot.

Claude Goumet. Le 21 septembre 1791, M. Goumet, qui avait refusé de prêter le serment, s'était retiré au village du Grand - Malleray, commune de Primelles, avec MM. Jolivet, curé de Saint-Bonnet de Bourges, et Jolivet, curé de Saint-Doulchard, originaires dudit village. Là, ils purent rester sans être inquiétés jusqu'après fructidor an III, mais alors, craignant d'être arrêtés, ils vécurent cachés pendant le jour au-dessus d'une porcherie.

Mais M. Goumet fut pris le 4 novembre 1795 et incarcéré à la prison Sainte-Claire de Bourges, d'où il ne sortit qu'au mois de février 1797 (1).

(1) Tradition et certificats de résidence des citoyens Jolivet et Goumet du 6 fructidor an III (registre des délibérations de la commune de Primelles (Mon Histoire de Chârost, p. 233).


26 LA SEIGNEURIE ET L'ANCIEN CANTON

Le 15 décembre 1802, il fut nommé curé de SaintFlorent avec la charge de Saint-Caprais et du Subdray, et il est mort en 1810.

Petitjean. Avant d'être nommé à Saint-Caprais, ce prêtre assermenté était curé d'Épineuil, où il avait fomenté une émeute sanglante en prêchant en chaire le partage (les biens et le refus de l'impôt.

Arrêté et condamné à un an de prison, il fut mis en liberté par Laplanche et nommé, le 5 octobre 1793, curé de Saint-Caprais. Petitjean, qui aurait voulu être réinstallé à Epineuil, refusa d'obéir el envoya sa démission de prêtre à l'évêque Torné (1).

Charles Brisson. L'abbé Charles Brisson fut nommé à sa place. D'abord curé de Moulins-sur-Yèvre où il avait prêté le serment, puis devenu l'un des douze grands vicaires de Torné, « ce prêtre grenadier », dit une brochure du temps, fut, sur sa demande, nommé desservant de Saint-Caprais après la suppression des vicaires métropolitains, sur son refus d'aller à Subligny qu'il trouvait trop loin de Bourges. Le 23 brumaire, il abjurait son ministère pour épouser une ancienne religieuse, Catherine Boulet (2).

Mairie et écoles. — La mairie actuelle date de 1876 ainsi que l'école. Les registres des délibérations du Conseil municipal ne remontent qu'à 1827, mais ceux de l'état civil datent de 1652. M. Buffenach, curé assermenté de la paroisse, les a tenus de 1791 au 1er janvier 1793 (État civil et L. 181).

(1) L. 44. Il se retira dans sa première paroisse et la tradition rapporte qu'il y vécut misérablement avant d'aller mourir dans un hôpital.

(2) Cet abbé Brisson était le grand-oncle de feu M. Henri Brisson, et non son grand-père, comme on l'a éciit dans les journaux (Mes Archives et Etat civil de Bourges).


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Maires de Saint-Caprais. — 1791-1793, Poubeau ; 1793, S. Deschamps ; 1794, G. Baraché, Jean Boyer, agents municipaux ; 1795, Silv. Brançon, id. ; 1798, Léon Perronnet, id. ; 1800, François Brançon, maire ; 1804, Jean Sallault; 1813, Alex, de Montaigu ; 1816, Silvain Poubeau ; 1827 à 1830, vacance, Jean Joly, adjoint ; 18301837, Marie - Philippe Duchapt ; 1837-1860, Gourgon Perreau; 1870, Nouvellon ; 1871-1912, René Perreau; 1912, 5 mai, M. Rapeau (M. Perreau ne s'est pas représenté).

Instruction. — Saint-Caprais a été réuni à SaintFlorent pour l'instruction primaire de 1791 à 1867 ; à cette date, sur l'engagement pris par le Conseil municipal d'entretenir une école mixte, l'Administration décida qu'à partir du 1er juillet celte école serait ouverte; le premier instituteur de la commune a été M. Millet, curé de la paroisse, et le second M. Aupetit en 1871.

Impositions et budgets. — Vingtièmes : 1768-1770, 47 liv. 2 sous ; 1771, 45 liv. 15 sous ; 1775, 20 liv. 17 sous; 1782, 377 liv. 5 sous.

Taille : 1736, 670 liv. (C. 244).

Principal des quatre contributions : en 1880, 2.142 fr. ; 1890, 2.237 fr. ; 1900, 2.778 fr. ; 1909, 2.258 fr.

Dépenses totales de la commune : en 1850, 991 fr. ; 1860, 885 fr. 51; 1870, 1.689 fr. 50; 1880, 5.124 fr. 54 ; 1890, 3.708 fr. ; 1896, 3.525 fr.

Prestations : en 1909, 1.149 fr. ; Centimes additionnels : 85,90.


28 LA SEIGNEURIE ET L'ANCIEN CANTON

Villages et manoirs ; grand moulin des Lavoirs.

Chamfraud (Campus Froaldi). — Ce village est l'agglomération principale de la commune ; il compte 40 maisons et 140 habitants, et avec la partie dépendant de Saint-Florent, il y en a 255.

Chamfraud a été une minuscule seigneurie ; en 1695, c'est Huart Délabrasse, avocat au Parlement, qui en était le bailli, lieutenant du prieur de la Charité (B. 3547).

En 1111, ce village et sa métairie étaient à Bartholomée de Mur. Son fils, moine de la Charité-sur-Loire, en fil don à son abbaye, qui y créa un prieuré dont il reste quelques bâtiments conventuels. La maison d'habitation a gardé jusqu'en 1909, au-dessus de la porte, l'écusson en pierre des armes du monastère : sous l'écu entouré de feuillages on lisait : « Sumptibus conventus beatae Marix de Charitate, 1723 ». Celte pierre a disparu en 1910, quand on a réparé la maison.

La chapelle, simple rectangle de 10 mètres sur 5, qui sert aujourd'hui de grange, est du xXIVe siècle et elle a conservé les chevrons du berceau lambrissé, mais ses deux fenêtres ont été enlevées pour être placées en 1860 à la chapelle du château de Saint-Florent. Il y reste encore quelques traces très altérées de fresques.

Au XVIIIe siècle, le curé de Saint-Caprais disait la messe une fois par semaine à Chamfraud, ce qui indique que le prieuré n'était plus habité. Cette propriété a été réunie à la terre de Saint-Florent en 1793 et vendue récemment à M. Soubiran, de Castelneau.

Valencin. — Village près duquel se trouve un petit manoir du XVIIIe siècle, a appartenu de 1480 à 1568 avec


DE SAINT- FLORENT-SUR-CHER 29

Poupelin à la famille Chaumeau. Jean II, qui publia son Histoire de Berry en 1566, y était né ; il n'a laissé qu'une fille mariée en 1572 à François Le Maréchal et décédée en 1604 (La Thaumassière, XII, p. 385).

En 1650, Valencin était aux Perrotin, seigneurs du Grand-Moutet, et leur postérité jusqu'en 1807.

Gabrielle Perrotin, leur dernière héritière et veuve de François de Montaigu, légua ses biens au neveu de son mari, qui en hérita en 1807. Il a vendu Valencin à la famille de Marcillac.

Poupelin.— Ce village possède une ancienne maison de campagne de la fin du XVIIIe siècle avec une petite chapelle de la même époque.

Anciens et nouveaux propriétaires : 1516, Nicolas Riglet et sa postérité, puis Mathieu Perrotin (E. 2232) et, en 1667, Etienne Aupic et ses descendants (E. 2513 et 1712, état civil de Saint-Florent) ; les Gassot de Champigny et des Chaux, enfin la famille de Bengy (1).

Jarrien. — Village formé de deux petites agglomérations, le Grand et le Petit-Jarrien, et où se trouvaient deux propriétés dont voici les mutations : 1634-1785, la terre de Saint-Florent (E. 2513 et bail de la seigneurie de 1775), et successivement les familles Perrotin et Aupic jusqu'en 1795, année où le Grand-Jarrien devint, par alliance, la propriété de la famille Duchapt. En dernier lieu, M. Fournier, sénateur, et sa femme, née Duchapt, ont acheté l'autre domaine de M. de Trémiolles, qui le tenait d'un M. Pilté.

Moulin des Lavoirs. — Cette usine, qui a fait partie de la terre de Saint-Florent jusqu'en 1831, a été recons(1)

recons(1) la liste des citoyens rayés des listes d'émigrés du 22 pluviose an II figure Bengy (Silvain-Charles-Pierre), demeurant à Saint-Caprais (L. 158).


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truite par le Marquis de Travanet, qui en a fait le grand établissement qui existe aujourd'hui.

Il l'a vendue à M. Deshays-Bonneau, et les héritiers de celui-ci à M. Vrinat-Petit en 1883 ; elle appartient aujourd'hui à M. G. Vrinat fils (1).

La Bonnauderie. — Village où les Lemort de la Forest possédaient une métairie. Elle appartenait déjà à un Lemort, sieur d'Aubinges, au Xve siècle.

(I) V. Première partie, industrie moderne, détails sur ce moulin.


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LE SUBDRAY

Topographie. — La commune du Subdray (1), dont la superficie est de 2.050 hectares, représente une plaine traversée par un vallon qui va de l'est au nord-ouest en contournant le bourg. Ce vallon est sillonné par un petit ruisseau intermittent nommé la Rampenne, qui ne coule qu'à la suite de plusieurs mois de pluies et se jetle dans la Margelle, commune de Morthomiers. Sol en général argilo-calcaire, avec quelques terres plus légères du côté du Châtellier, commune de Saint-Florent.

Altitudes. — Supérieure, 170 mètres au château de Coulogne; inférieure, 143m40 à la sortie de la Rampenne ; le bourg est à 162 mètres.

Population. — En 1793, 342 habitants ; 1831, 334 ; 1851, 427 ; 1861, 579 ; 1881, 507 ; 1890, 365 ; 1911, 366.

Comme à Morthomiers, Villeneuve, etc., la population n'a augmenté que pendant la grande période d'extraction des mines de 1er dans les communes voisines.

Revenu territorial. — L'an II, on comptait 770 hectares de terres cultivées ; en 1843, on trouve : en terres labourables, 1.356 hectares estimés 13 francs l'hectare ; en vignes, 10 hectares à 24 francs ; en bois, 614 hectares à 9 francs ; soit un revenu territorial de 23.420 francs.

En 1909, le tableau de la mairie indique, en terres

(1) Cildriacum au XIIe siècle; Subdrayum, au XVe et Le Suudray depuis le XVIe.


32 LA SEIGNEURIE ET L'ANCIEN CANTON

labourables, 1.542 hectares que j'estime 33 francs l'hectare, ainsi que 76 hectares de prés et pâturages qui ne sont en réalité que des prairies artificielles; en vignes, 20 hectares à 30 francs; en bois, 387 hectares à 17 francs (1); soit au total un revenu de 60.573 francs.

La boisselée du Subdray était de 7a70, ce qui fait 13 à l'hectare.

Recensement des bestiaux. Espèces : Chevaline Bovine Ovine Porcine Caprine Asitie

1793... 40 158 550 40 ? 12

1909... 97 140 1.310 38 6 10

Le bourg. — Le bourg du Subdray forme une coquette agglomération située sur une petite éminence. Au moyen âge, le Chapitre de Montermoyen, propriétaire du censif du bourg, y possédait un four banal où les habitants étaient tenus de cuire leur pain ; mais, en 1455, il leur octroya la faculté d'avoir un four chez eux (2). De 1792 à 1848, presque tout le chef-lieu de la commune a appartenu aux Brulass, famille d'imprimeurs de Bourges, qui y avait comme propriétés la cure, les métairies de Bois-Rollel et de La Brosse, et, tout à côté, celle de Semeaux (3).

L'assemblée du Subdray se tient le dimanche après le 15 août.

L'église est romane avec une voûte du XVe siècle et précédée d'une belle tour du XIIe, dont le porche est gothique. Cette tour, percée à l'étage supérieur de baies élégantes, est surmontée d'une flèche en pierre flanquée de quatre clochetons à jour.

(1) On remarquera l'énorme écart qu'il y a entre la contenance forestièie de 1813 et celle de 1909 : en 66 ans, on a arraché 227 hectares de bois sur 614.

(2) Fonds de Montermoyen. Le Subdray, inventaire de 1724.

(3) Ces biens sont encore à ses descendants.


DE SAINT-FLORENT-SUR-CHER 33

A gauche et à droite de l'abside, il y a une chapelle seigneuriale, dont l'une était celle des seigneurs de Coulogne et l'autre aux seigneurs du Solier.

Celle des Coulogne a été fondée en 1495 par Jean Pelourde V ; il y est enterré ainsi que Guillemette de Lion, sa femme. Dans l'autre chapelle, il y a des tombes des seigneurs du Solier.

La paroisse possède deux patrons, saint Roch et Notre-Dame de la Colombe, qui a une belle et très vieille statue la représentant avec l'enfant Jésus tenant une colombe. Il y a une confrérie de Saint-Roch qui fut autrefois très florissante ; au XVe siècle, on s'y rendait en procession de Saint-Pierre-le-Guillard de Bourges.

L'église avait été entretenue avec soin pendant la Révolution, et tout ce qui est nécessaire au culte y était resté, excepté une des cloches envoyée à Bourges (Q. 260). Une seconde cloche a été installée dans le clocher en 1869 et bénite par Mgr de la Tour d'Auvergne. Mais après 1802, l'édifice tomba peu à peu. en mauvais état. En 1851, 1852 et 1853, la commune s'imposa de gros sacrifices pour le réparer et construire un presbytère et, en janvier 1854, elle demanda au gouvernement à être érigée en succursale. L'ancien cimetière était contigu à l'église ; le nouveau a été créé en 1874.

Seigneuries. — La paroisse dépendait de deux seigneuries, Cologne et le Solier, dont je parlerai à l'article Villages et Châteaux.

Biens du clergé et curés. — Biens de la cure : maison, cour et jardin, 34 boisselées de terre et de bois indivis avec la cure de Morthomiers, la locature de Grenouillat, 2 arpents et 3 quartiers de bois, 2 arpents de vignes, 265 boisselées dites la Maison Turichon, le champ de Semeaux, la Grosse-Pierre, la vigne à la Bon3

Bon3

2


34 LA SEIGNEURIE ET L'ANCIEN CANTON

nette, le champ du Mort, le champ des Lièbes, les Fervées, la Vallée-Foye, le Grand et le Petit Champin, la Brosse-Thibault, le Champ-Rouge, enfin trois autres pièces de terre sans désignation situées paroisse de Saint-Florent.

Biens de la Fabrique. — 172 boisselées, dont 114 au Grand Champin.

— Enfin, on a vendu la locature de la Faix ou Foux el le domaine du Chaumoy aux Dames de la Visitation, une terre de 74 boisselées au Grand Séminaire, et 72 autres à la Chapelle Saint-Jean, « faubourg de la Montagne », à Bourges (Q. 124 et 499).

Curés du Subdray. — 1524, Philippe Montignon; 1529, René Grainmont (1) ; 1595, Martin Au petit ; 1639, Mézord ; 1688, Annet Aupetit (2) ; 1702, Guill. Graillat ; 1711, Nérault; 1713, Dubois; 1718-1755, Goutelle ; 1758, Ch. Morin ; 1767, Boullier ; 1772, J.-Jacq. Fouquet ; 1773, Ragueau ; 1781-1791, Jean Huard (3) ; 1792, Braudouy, assermenté. Vacance jusqu'en 1854. 1854, Coudert; 1856, Dubois; 1874, Ducroux ; 1879, Batailler; 1885-1886, intérim par le curé de Saint-Caprais ; 1886, Perret 1903, Lalande ; 1905 à aujourd'hui, M. Perrot (4).

M. Huart, curé de 1781 à 1791, était précédemment à Morthomiers. Il refusa de prêter le serment, et la tradition rapporte que le prêtre qui se cacha pendant une partie de la Terreur à Valencin, commune de SaintCaprais, n'était autre que le curé du Subdray (5). Arrêté au bout de quelques mois et incarcéré à Bourges, il fut

(1) Fonds de Montermoyen.

(2) E. 2251.

(3) Etat civil du Subdray et Saint-Florent.

(4 et 5) Renseignements de M. l'abbé Perrot, curé, et Bulletin paroissial du même.


DE SAINT-FLORENT-SUR-CHER 35

transféré au Havre le 27 septembre 1792 et probablement déporté en Angleterre (L. 158).

Mairie et écoles. — La mairie et l'école datent de 1860; les archives de l'état civil remontent à 1721, les délibérations du Conseil municipal à 1852.

Liste des maires. — 1792, François Morand (le curé Braudouy, secrétaire) ; 1793-1794, Jean Gréguy ; 17951800, François Morand, officier municipal ; 1800-1805, J. Gréguy, maire (1); 1805, Fr. Morand; 1830, Alexis de Montaigu ; 1835, Jn-Bte Saint-James ; 1843, Ad. Mignan ; 1857, Romain Martin ; 1868, Ad. Mignan ; du 4 septembre 1870 à 1871, Casimir Morand et Ursin Morand; 18711904, André Mignan ; 1904, Lalande ; 1905-1912, François Jolivet ; du 5 mai 1912 à ce jour, M. Morand.

Instruction. — Le premier instituteur primaire a été M. Charles, en 1864. Auparavant, les enfants allaient soit à Saint-Florent, soit à une petite école libre tenue à Pissevieille, commune de Bourges, par un M. Pinoteau.

Impositions et budgets. — Total des impositions : 1768-1772, 85 liv. ; 1775-1777, 87 liv. ; 1778-1779, 472 liv. ; 1783-1786, 642 liv. ; 1789, 470 liv.

Principal des quatre contributions : en 1850, 2.697 fr. ; 1880, 2.851 fr. ; 1890, 2.834 fr. ; 1900, 2.811 fr.; 1909, 2.731 fr.

Centimes additionnels : en 1909, 39.

Dépenses totales : 1850, 3.700 fr. ; 1860, 2.406 fr. ; 1870, 6.630 fr. ; 1890, 5.450 fr. ; 1909, 5.183 fr.

(1) L. 181 et Q. 260.


36 LA SEIGNEURIE ET L'ANCIEN CANTON

Villages, châteaux, tumulus et margelles.

Coulogne ou Cologne. — C'est un village composé notamment de deux domaines et de deux maisons de maîtres dont l'une date du XVIIe siècle. Coulogne, seigneurie mouvante de la Grosse Tour de Bourges, s'étendait sur une partie des paroisses du Subdray, Trouy, Morthomiers, Arçay, Lapan et Saint-Pierre-le-Guillard. La terre de Belair, commune d'Arçay, en dépendait.

Il y a peu d'années, on a détruit sur son territoire, entre le village de la Margelle et le Châtelier, huit buttes de pierres gazonnées placées en ligne droite au bord du vallon. Sous ces mamelons, qui ont été employés à l'empierrement des chemins, il y avait des débris de squelettes.

La plus ancienne famille seigneuriale connue de Coulogne est celle des Pelorde ou Pelourde, qui l'a possédé de 1260 à 1605.

En 1605, les filles de Jean VII, dernier du nom, vendirent celte terre à Thomas Robin, qui eut deux fils, Charles et Pierre. Le premier eut Coulogne ; Pierre hérita de Belair, paroisse d'Arçay, et maria sa fille à Charles de Rivière.

1644, Josué Robin, vicomte de Coulogne, capitaine, tué à Utrech en 1672. Charles de Rivière, tuteur de ses enfants, vendit Coulogne en 1677 à Louis Roger, trésorier de France ; la postérité de celui-ci jusqu'en 1771 (1).

1771 à la Révolution, deux membres de la famille Catherinot.

En l'an VIII, la propriété passa à François Chertier

(I) LA THAIMASSIÉRE, I. XI, eh. 40; et Arch. dép.. E. 2049. 2232, 2237, 2240, 2259, 2287.


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puis à son fils ; et, en 1832, à M. Saint-James, ingénieur entrepreneur du canal de Berry. En 1858, ses deux enfants se partagent Coulogne, et en 1868 les enfants de celui qui a hérité du château et d'un domaine vendent leur part à M. Buthaud, dont M. Cothenet, son gendre, en est aujourd'hui le propriétaire. L'autre part a été achetée par M. Conte et c'est M. Chirade, son gendre, qui la possède actuellement.

Le Solier (1). — Village et propriété dont dépendait le Châtellier au XVIe siècle. La maison de maître, datant du XVIIIe siècle, a une porte d'entrée encadrée de pilastres doriques avec un fronton. Mutations successives :

1266, Arsende ; 1400, Jacques de Léron ; 1450, Georges de Léron ; 1493, François de Bridiers et sa postérité (2) ; 1552-1701, Gilles Heurtault (3) et ses successeurs.

1701, Guillaume Anjorrant, gendre du dernier des Heurtault ; 1720, Jacques Claude ; 1735, Philippe ; 1760, Jacques-Philippe Anjorrant, membre du directoire du district et notaire à Bourges.

Après la Révolution, le Solier a passé, avec les domaines du Chaumoy et de la Vallée, à M. Pilté ; en 1840, à M. Porcheron, notaire à Bourges ; en 1842, à M. Balleraud, son collègue, ensuite à sa veuve et enfin à M. Chénon de Léché.

Le Tronçay. — Petit village et ancien chef-lieu d'une terre importante au XIIIe siècle, qui possédait la forêt de Tronçais en Bourbonnais.

(1) Solerium, 1266, arch. de Saint-Ursin

(2) Dans La Thaumassière, on trouve dans le même temps Philibert Babou de la Bourdaisière, seigneur de Vouillon et Pruniers et du Solier ; il était peut-être beau-père d'Antoine de Bridiers, et il n'en est plus fait mention ensuite.

(3) LA THAUMASSIÈRE, 1. III, eh. 89 et 125 ; 1. VIII, eh. 40, et Journal des Lelarge et E. 2268.


38 LA SEIGNEURIE ET L'ANCIEN CANTON

Il ne reste plus de la maison d'habitation qu'un rezde-chaussée datant du XVIIIe siècle et un grand colombier.

Il y a dans la garenne du « château » les restes d'une enceinte considérable que M. L. Martinet a signalée dans son Berry préhistorique et qui n'a pas encore été étudiée.

Propriétaires successifs : 1484-1510, famille Pelorde ; 1510-1680, X. Hodeau et ses héritiers.

A cette famille a succédé celle des Boursault : 1725, Philippe Boursault, sieur de Lisy, trésorier de France : 1750, Etienne, mousquetaire; 1771, Philippe-Etienne, brigadier aux mousquetaires, chevalier de Saint-Louis, qui eut deux fils, Charles-Etienne et Philippe-Etienne, marié en 1788 à Catherine Aupic du Breuil.

Les deux frères n'émigrèrent pas au début de la Révolution, et leurs biens du Tronçay furent vendus comme biens nationaux en l'an VII (Q. 499).

Le Tronçay ayant fait retour à cette famille après la Révolution, je trouve : 1804, Charles Boursault du Tronçay, puis Charles, son fils, père des demoiselles du Tronçay, possesseurs actuels.

Le Chaumoy. — Propriété qui a dépendu de la terre du Solier de 1791 à 1840.

Il y a sur son territoire plusieurs tumulus dont le plus grand a été ouvert et ne contenait qu'un squelette. La Société des Antiquaires du Centre y a découvert un seau en bronze d'un travail d'assemblage remarquable, et en 1889, MM. Roger et Ponroy ont trouvé sur la même propriété un ciste à cordons de même métal.

Propriétaires connus : 1530, Louis Gougnon et sa postérité jusqu'au XVIIIe siècle (1). Après la Révolution,

(1) LA THAUMASSIERE, 1 - XI. eh . 22, et XII, ch. 73. Cet auteur cite néanmoins, en 1631, René de Vélard comme gendre de Philippe Heurthault, seigneur du Chaumoy.


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M. Pilté ; en 1840, M. Porcheron ; en 1842, M. Mignan et, depuis, ses héritiers.

La Vallée. — Propriété qui a dépendu de la terre du Solier jusqu'au XVIIIe siècle. Propriétaires depuis la Révolution : M Pilté, et ses héritiers ; 1845, Mme veuve Porcheron; 1876, M. Duranton ; 1894, M. Neveu ; 1897, M. Hénault, qui le possède aujourd'hui.

La Margelle. — C'est un village dont le nom vient d'excavations faites de main d'homme, et que l'on considère comme devant avoir une origine militaire très ancienne. Les margelles ont cela de remarquable qu'elles ont une forme régulière, que les eaux n'y séjournent pas, attendu que la couche argileuse en a été percée à dessein, et qu'on ne voit alentour aucun vestige des déblais qui en ont été extraits. La plupart de ces cavités ont été à demi-comblées de siècle en siècle par le soc de la charrue (1). C'est ce qui est arrivé pour celles de ce village.

(1) M. MORNET. Mém. de la Société Historique.


40 LA SEIGNEURIE ET L'ANCIEN CANTON

TROUY

Territoire. Topographie. - Le territoire de Trouy représente une plaine peu accidentée de 2.283 hectares et arrosée par la Rampenne. Ce ruisseau prend sa source dans la commune de Saint-Germain-des-Bois et se jette dans l'Auron, après un parcours de 11.500 mètres dans celle de Trouy (1).

Altitudes. — La plus basse est de 129 m. 40 à Mazières, la plus haute est de 174 mètres au hameau de la Lognasse; le bourg est à 168 m. 20, le seuil de la porte du cimetière à 172 mètres.

Terrains aux deux tiers argilo-siliceux et d'un tiers argilo-calcaire.

Il y a cinquante ans, la commune possédait 150 hectares de vignes au lieu de 20 aujourd'hui.

Population. — En 1793, 601 habitants ; 1831, 556; 1851, 659 ; 1881, 731 ; 1908, 642; 1911, 677.

Division et revenu du sol. — L'an III, il y avait 1.871 hectares cultivés ; en 1843, l' Annuaire du Berry en indiquait 2.058, dont : terres labourables, 1.945 hectares, estimés 12 francs l'hectare ; prés, 10 hect., estimés 50 fr. ; vignes, 134 hect., estimés 40 fr. ; bois, 69 hect., estimés 13 fr. ; soit un revenu territorial de 30.097 francs.

En 1909, le tableau de la mairie donne 2.242 hect. 89 de terrains en culture que j'estime ainsi : terres labourables, 2.149 hect. 15, à 35 francs l'hectare ; prés, 9 hect., à 50 fr. ; vignes, 20 hect., à 40 fr. ; bois, (54 hect. 64, à

(1) C'est par conséquent un autre ruisseau que celui qui passe au Subdray.


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17 fr. ; soit un revenu territorial de 77.569 francs. La mesure agraire était à Trouy de 7 ares 70 centiares.

Recensement des bestiaux. Espèces : Chevaline Bovine Orine Porcine Asine Caprine 1793... 43 144 1.483 80 ? ?

1908... 156 223 1.990 45 35 9

Le bourg de Trouy, qui s'est appelé Troï et Trohi de 1100 à 1600, a dû être, jadis, plus peuplé qu'aujourd'hui, car on découvre, aux alentours, de nombreuses traces de maisons et de puits ; il y avait aussi des moulins à vent, depuis longtemps disparus.' A son extrémité nord, un petit groupe d'habitations s'appelle le Château-Gaillard, en souvenir, probablement, d'une ancienne construction féodale.

Fêtes du pays ou assemblées : les 1ers dimanche de mai et d'octobre.

Sur le territoire de Trouy, on a découvert un cercueil de pierre taillé au moyen âge dans une borne militaire.

D'après les inscriptions de cette borne, celle-ci paraît provenir de l'ancienne voie d'Avaricum à Poitiers. Le nombre VII de mesures itinéraires qu'elle indique par rapport à la direction de Bourges, décompté en milles romains, équivalant à environ 10 kilomètres, appuierait l'hypothèse de sa plantation près du Subdray admise par Buhot de Kersers, hypothèse basée, en outre, sur l'interprétation, par cet auteur, des autres distances ne s'appliquant pas aux localités situées sur la voie romaine de Bourges à Clermont qui traversait le territoire même de Trouy.

Eglise (1). — Elle a une abside du XIIe siècle et une nef rectangulaire, voûtée au XVIIe ; son porche a été reconstruit en 1810 dans le style roman. A gauche

(1) Elle était sous le patronage de N.-D. de Montermoyen.


42 LA SEIGNEURIE ET L'ANCIEN CANTON

du choeur se trouve celle plaque : « Ci-git Jacques Debrielle, esc, ci-devant seigneur de Trouy, et Dame Blanche Guérin, sa femme, 1693 ». II y a une chapelle de chaque côté de l'abside, et dans celle de gauche on voit une inscription funéraire ainsi conçue :

« Ici gisent feux Jean Gouault, Denise sa femme, et Mre Jean Gouault, prêtre, leur fils, natifs de cette paroisse, lequel fit faire cette chapelle en 1479. »

Dans l'autre chapelle, qui a été restaurée par la famille Vergne, on lit : « Cette chapelle a été bâtie, ornée et enrichie par noble Pierre Rose, seigneur de Trouy, et Dame Serette Marchand, son épouse, 1696 ». On y voit, en outre, l'écusson de son fondateur.

En 1802, lors du rétablissement du culte, le mobilier de l'église existait au complet (Q. 260).

L'église a été agrandie et son clocher reconstruit en 1856 ; on y a fait encore certaines restaurations en 1858. Les cloches datent de 1876 et ont été achetées par souscription.

Lors du transfèrement de l'ancien cimetière, on y a trouvé enterrée une statue sans tête de saint Pierre dans sa chaire, aujourd'hui patron de Trouy.

Seigneurie. — Elle relevait de la Grosse Tour de Dunle-Roi, bien que dépendant de Coulogne, seigneurie mouvante de la Grosse Tour de Bourges (C. 842).

Le château primitif était voisin de l'église et on en reconnaît encore les fossés ; celui qui l'a remplacé date du XVIIe siècle ; il a été construit un peu plus loin par Jacques Debrielle et transformé par M. F. S. Vergne, grand-père de son actuel propriétaire.

Seigneurs de Trouy. — Le plus ancien seigneur connu doit être Pierre de Mur, dont fait mention une charte de 1201 de N.-D. de Montermoyen. Ensuite, on trouve :


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1326, Guillaume, seigneur de Trouy et Soye-en-Septaine ; 1380, Guillaume de Bily ; 1396. Alexandre Sarrebourse ; 1457, Jean Pelourde et sa postérité ; 1550-1684, Jacques Debrielle et ses héritiers ; 1684, Pierre Rose ; 1708, François Tribard-Rose (E. 2271) ; sa belle-soeur Marie Rose, femme de M. Maillet de Nizerolle, Léon Guindant, et. en 1782, Charles-Joseph Damours, vicomte d'Arçay, ensuite sa veuve ; 1785, Jean-Baptiste Collet de Messine, d'Issoudun, membre de l'Assemblée du Tiers-État en 1789, et qui maria en 1793 sa soeur à l'évêque Torné.

En l'an III, la propriété du château passa à Mme Vve Duperrin ; en 1812, à M. Silvain Vergne, ancien membre du conseil du district et notaire à Bourges ; puis, à François-Silvain, son fils, et à son petit-fils, le Comte Arthur Vergne, possesseur actuel.

Biens du clergé vendus en 1791, 1793 et l'an IV. — 155 boisselées de la cure, dont 5 quartiers de vigne et 1 quartier de bois ; une pièce de terre de la Fabrique ; vigne au Pied-Saujon, de la cure des Givaudins ; trois pièces de terres du Chapitre Saint-Ursin ; terres du Chapitre de la Sainte-Chapelle et du Château ; deux prés aux daines de la Charité ; domaine et locature de SaintJoseph, aux Ursulines de Bourges, avec leurs bois de Germigny ; enfin, une autre locature aux mêmes religieuses (Q. 124 et 499).

Curés de Trouy. — 1534, Jean Masson, Laurent, vicaire (1) ; 1624, Besse ; 1637, Berthet Michel (2) ; 1649, Fanthan ; 1670, Barbier ; 1682, Chéroux ; 1684, Chasseloup ; 1695; Mériot ; 1696, Duchesne ; 1699, Porel ; 1711.

(1) Coutumes de Trouy (La Thaumassière).

(2) E. 1627. En 1637, ce curé avait passé à Bourges pardevant notaire un accord avec un abbé Picbon, qui s'engageait à le remplacer pendant un an movennant 36 livres.


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Dubois ; 1731, Amenault ; 1750, Goutelle, desservant du Subdray, intérimaire ; 1757, Maillet, desservant de Lissay, intérimaire ; 1769, Babou, desservant de Lissay, intérimaire; 1779, Gorguereau ; 1784, Ducré ; 1785-1792, Buffault ; 1833, Raynal, vicaire de la Cathédrale, intérimaire ; 1840, Cochet , 1846, Grélat ; 1854, Salle, curé d'Arçay, intérimaire ; 1857, Gouttenoire ; 1860, Barois ; 1865, Hugault ; 1869, Jourdain ; 1874, Mingasson ; 1883, Frugier; 1890 à ce jour, M. Galléyrand (1).

Le curé Buffault prêta le serment constitutionnel le 24 nivôse an Ii. Il le répudia sans doute presque aussitôt, car il fut obligé de se cacher peu de temps après.

Le 2 brumaire, le commandant de la garde nationale de La Celle-Bruère, accompagné de quatre hommes, vint à Trouy pour l'arrêter, mais il put lui échapper et ne fut pris qu'en 1795. On le déporta à l'île de Ré en 1796, après une détention d'un an à Sainte-Claire de Bourges. A la suite de son arrestation, un autre prêtre venait en secret le remplacer, et la tradition rapporte qu'il passait quelquefois des heures entières enfermé dans une armoire ou un coffre. Son nom ne s'est pas conservé jusqu'à ce jour, mais ce devait être M. Huard, curé du Subdray (L. 900 et arch. mun.).

L'an XII, la municipalité avait loué une maison pour y installer M. Razier, prêtre libre, qui s'engageait à faire le service du culte moyennant un traitement de 48 livres et deux poulets. Mais ce prêtre resta peu de temps dans la commune, où il s'était rendu « indigne du ministère », dit une délibération du Conseil municipal ; et il était parti en défendant au sacristain de remettre au maire les clefs de l'église. Furieux contre lui, les habitants s'ameulèrent et sonnèrent le tocsin ; le préfet en(1)

en(1) civil et registre de paroisse.


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voya 6 soldats avec 2 gendarmes pour rétablir l'ordre, et l'on apposa les scellés sur les portes de l'église.

Le culte n'a été rétabli régulièrement qu'en 1833 et un desservant à poste fixe installé seulement en 1840.

Maires et écoles. — En 1791, la municipalité s'était installée dans une salle du presbytère et avait loué le reste de la maison avec ses dépendances ; mais le presbytère ayant été vendu en l'an VIII, les archives furent transportées chez M. Babou, maire de l'an VIII à 1821, puis chez ses successeurs jusqu'en 1857. A cette date, la commune loua une maison où elle s'installa avec l'école primaire ; enfin, en 1869, on construisit la mairie et l'école actuelle des garçons.

Les registres d'état civil remontent à 1624 et les délibérations du Conseil municipal au 8 floréal an II : on en verra plus loin un résumé. Le cadastre date de 1812.

Liste des Maires. — 1791-1792, Firmin Prouteau, maire ; an II, Denis Devaux, inaire, Julien, agent municipal, Chouzier et Baronnet, officiers municipaux, Frat, Giet, Richoux, Leront, conseillers, Baronnet, greffier (Etat civil et L. 181) ; an III à an VIII, .1. Prouteau, agent municipal ; an VIII à 1821, Babou, maire, et successivement, en 1821, Bord de Grandfont; 1823, Babou; 18241832,François-Silvain Vergne; 1832-1836, Souchard; 18361848, Gréguy ; 1848-1856, François Vergne ; 1856-1870, Cte Arthur Vergne ; 1870-1871, Deschàtres ; 1871-1888, Cte A. Vergne ; 1888-1892, Piffault ; 1892-1896, Berthault ; 1896-1912, Cte A. Vergne ; 1912, Frat.

Voici quelques notes prises sur le registre des délibérations de l'an II à l'an X :

An II. A la fin de l'an II, on ne voulait déjà plus être payé en assignats et les cultivateurs soldaient en boisseaux de froment leurs ouvriers, le cordonnier,


46 LA SEIGNEURIE ET L'ANCIEN CANTON

l'épicier, et même l'instituteur. — 29 floréal. Prix des journées fixé par la municipalité : vignerons, 2 livres ; moissonneurs, 2 livres et nourris ; laboureurs, 37 sous 6 deniers par boisselée ; faucheurs, 3 francs par jour et nourris ; — par boisselée 5 sous 4 deniers, nourris, ou 8 sous non nourris. Le tambour de la mairie était payé 10 livres pour 3 ans. — 16 thermidor. Jean Fleury, de Trouy, est guillotiné à Paris comme suspect d'incivisme (Moniteur universel). — An III. Le maire Devaux, puis François Prévost, successivement nommés par les habitants assesseurs du juge de paix de Marat-sur-Cher (Saint-Florent). — An IV. Louis Legrand, instituteur et conseiller municipal, est nommé capitaine de la garde nationale. — Le curé Gaspard Buffault prête serment à la Constitution : « Je reconnais pour souverain l'uni» versalité des citoyens français ; et je promets soumis» sion aux lois de la République. » Signé Edme Buffault, maistre du culte catholique. — Même serment prêté par lui le même mois au chef-lieu du canton. — Louis Devaux, percepteur, rend ses comptes des charges locales, qui montent à 182 livres. — De l'an IV, le registre passe à l'an IX. — An IX. Adjudication au rabais de la perception des 4 contributions, moyennant 3/4 de centime par franc perçu. — An X. Les brebis d'un domaine de M. de Durbois ayant la gale, on leur coupe les oreilles pour les guérir, en exécution d'un arrêté préfectoral.

Instruction. — Il y avait un instituteur à Trouy en l'an II, et l'an IV, c'était le sieur Louis Legrand (1). Après lui on ne trouve plus de traces de maîtres d'école jusqu'en 1836, époque où la municipalité décida un M. Pilleux, propriétaire au village du Mai, à ouvrir une école libre en attendant mieux.

(1) Ci-dessus nommé.


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Le premier instituteur primaire a été M. Bégassat, ins tallé seulement en 1857, et l'école des filles n'a été ouverte qu'en 1872.

Impositions et budgets. — Total des impositions : en 1768, 271 liv. ; 1774, 302 liv. ; 1783-1786, 990 liv. ; 1789, 726 liv.

Principal des 4 contributions : en 1880, 4.402 fr. ; 1890, 4.716 fr. ; 1900, 4.585 fr. ; 1909,4.617 fr.

Centimes additionnels : 50.

Dépenses totales annuelles : an IV, 182 liv. ; 1850, 3.351 fr. ; 1870, 22.991 fr. ; 1890, 4.806 fr. ; 1900, 4.792 fr. ; 1909, 6.334 fr.

Redevances seigneuriales. Coutume de Trouy. —

Avant 1790, Trouy était régi par le droit coutumier de Dun-le-Roi, mais il avait en outre ses coutumes fiscales particulières. Ces coutumes étaient notamment : le quartelage, ou redevance en nature sur la récolte ; la trousse, ou droit de charnage sur les moutons ; le cornage et la laude, perception par couple de boeufs (La Thaumassière).


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Villages et Châteaux.

Le Mai. — Village d'une dizaine de maisons qui a appartenu en grande partie, jusqu'en 1830, à la famille Babou.

Mazières. — Une partie du territoire de Mazières, près de Bourges, est de la commune de Trouy, notamment la route de Bourges à Saint-Amand, et la moitié des deux domaines du Marquis de Vogüé, propriétaire de l'usine. Mazières compte 90 habitants du ressort de Trouy.

La Grange Saint-Jean. — Ancien fief mouvant de la Grosse Tour de Bourges (C. 818 et La Thaumassière, XII, p. 512), composé d'un manoir avec sa chapelle, d'une importante métairie et d'assez grands bois.

Mutations successives. — 1515-1700, Etienne Duchesne et sa postérité ; 1701, Françoise-Antoinette Minard, qui en fait restaurer la chapelle (E. 2264, 2266 et suiv.) ; en 1721, Marie Lelarge, Vve de J.-B. Henri, trésorier général des Galères, (E. 2285) ; 1741, Mme de Gergis et le Marquis d'Avrincourt, son gendre (E. 2200) ; 1787, Collet de Messine, qui venait d'acheter la terre de Trouy ; 1790, Bord de Grandfont, membre du conseil de district de Saint-Amand, puis le sieur Duponceau, son gendre, le Cte de Saint-James, M. Humbert, ancien régent de la Banque de France, décédé en 1892. Alors cette propriété a été achetée partie par M. Berthault et l'autre par M. Gohin, dans le lot duquel se trouve l'habitation de maître.


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Le Grand Lac. — Domaine et maison de campagne possédés, à la fin du XVIIIe et au commencement du XIXe siècle, par la famille de Marcilly, ensuite par la famille Fournier. M. Fournier, juge de paix de Bourges, les a vendus à M. Guyot, propriétaire actuel.

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50 LA SEIGNEURIE ET L'ANCIEN CANTON

VILLENEUVE-SUR-GHER

Topographie. — La commune de Villeneuve présente une plaine déclive traversée par le Cher à peu près en deux parties égales, descendant en pente douce vers la rivière. Elle a une superficie de 2.533 hect. 50, et le sol en est généralement argilo-calcaire avec quelques seclions siliceuses ; le val du Cher est formé d'excellentes alluvions. Le ruisseau intermittent de la Margelle, qui vient de Morthomiers, se jette dans le Cher au nord de la commune. A l'est, il y a une maison appelée la Fontaine Claire, sous laquelle se trouve une source d'eau très pure qui jaillit à l'extrémité de l'habitation.

Altitudes. — Supérieure, 158m 70 à la limite des communes de Villeneuve et de Saint-Florent, sur le chemin du Petit Breuil ; inférieure, 118m 06 à la sortie de la rivière du Cher. Le bourg est à 125 mètres.

Population. — En 1793, 544 habitants; 1831, 623; 1846, 594 ; 1856, 794 ; 1861, 800 ; 1908, 590 ; 1911, 545.

Division du sol, revenu territorial. — Sur les

2.533 hect. 50 de la commune il n'y avait, en 1793, que 860 hectares de terres labourables ; en 1843 on comptait : en terres labourables, 1.093 hectares estimés 13 francs de revenu à l'hectare ; 99 en prés et herbages à 60 francs ; 11 en vignes à 24 francs, et 1.207 en forêts à 14 francs ; ce qui fait un total de 37.331 francs.

En 1908, le tableau de la mairie indique: 1.131 hectares de terres labourables que j'estime à 40 francs ; 71 h. 50


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de prés à 80 francs ; 40 hectares de pâturages et pacages à 30 francs ; 5 hectares de vignes à 30 francs, et 1.216 hectares de forêts à 20 francs, qui font un revenu territorial de 76.630 francs.

L'ancienne mesure agraire de Villeneuve était la boisselée de 7a70.

Recensement des bestiaux. Espèces : Chevaline Bovine Ovine Porcine Caprine Asiue

1793... 46 273 148 135 ? ?

1908... 114 289 2.987 149 32 8

Le bourg. — Le nom de Villeneuve (Villanova) indique une origine romaine, et, en 1867, la Société des Antiquaires du Centre y a mis au jour une villa dont on a déblayé les substructions ; cette ancienne habitation avait un sol bétonné, un hypocauste, etc. (1).

Le gué de Villeneuve était considéré comme un point stratégique important ; on voit que dans son traité de 1196 avec Richard Coeur de Lion, Philippe-Auguste fut autorisé à le fortifier et, de l'autre côté de la rivière, M. de Kersers a signalé l'existence d'une petite enceinte quadrilatérale, entourée d'un large fossé, qui a bien pu être un fortin élevé par Richard pour en surveiller le passage.

Le bourg est situé sur la rive droite, et jusqu'en 1886, date de la construction d'un pont, les habitants de la rive opposée ne communiquaient avec leur chef-lieu que par une passerelle en planches. Quand il y avait des crues, ils étaient obligés d'aller à Saint-FIorent, pour le culte, en prenant un chemin qui remontait le côté gauche du Cher jusqu'au pont de cette localité (2).

(1) A signaler ici une molaire de mammouth trouvée à Villeneuve et qui est au musée de Bourges.

(2) Etat civil et cadastre de Saint-Florent.


52 LA SEIGNEURIE ET L'ANCIEN CANTON

Le pont de Villeneuve a 75 mètres d'ouverture ; il se compose d'un tablier métallique sur voûtes en briques reposant sur deux piles.

Il n'y a à signaler dans le bourg qu'une haute construction carrée, appelée la Tour. C'est un bâtiment aux murs épais, avec un escalier en spirale et des fenêtres à appuis saillants. Il appartenait aux Dames de la Visitation de Bourges en 1791, et a été vendu nationalemenl. Enfin, il existait en amont de la localité un moulin qui s'appelait le Moulin du Cutortu, à cause de sa forme biscornue, et qui a disparu depuis plus d'un siècle.

Château. — Il est situé au sud et à une petite distance du bourg. Il n'en reste qu'un grand bâtiment d'habitation et une tour datant du XVe siècle ; une petite chapelle, adossée au mur du nord, est du XVIIIe : elle est surmontée d'un campanile et au fronton de la porte on voit l'écusson de Vincent Soumard, le propriétaire qui l'a construite. Joli parc avec de belles charmilles au bord du Cher.

Seigneuries. — La paroisse dépendait de deux seigneuries séparées par le Cher : celle de droite était la seigneurie de Villeneuve, et la rive gauche était du duché-pairie de Chârost. La seigneurie de Villeneuve s'étendait aussi sur une partie de Morthomiers, et voici la nomenclature de ses titulaires connus :

En 1217, Humbert de Villeneuve; 1221, Guillaume; avant 1250, Jean des Barres ; 1250-1473, Pierre Leroy et sa postérité; 1473, Pierre Chevrier et ses descendants; 1530-1670, famille Chevrier du Roux (1) ; 1670, Claude

1I) Du vivant de Jean III, dernier des Chevrier du Roux, les chasseurs des enviions faisaient, paraît-il, de fréquentes incursions dans ses terres et on le voit charger les curés de leur en faire, aux prônes, l'expresse défense. En Kil'.l, celui de Saint-Pierre-le-Cuillard rayant oublié on ayant refusé, il lui signifia par sommation d'huissier de lire en chaire les lettres de monitoire qu'il l'avait chargé de publier à ce sujet (E. 1848).


DE SAINT-FLORENT-SUR-CHER 53

Barathon, échevin de Bourges, et après les Barathon, la famille Soumard (1755-1860).

En 1790, René Soumard était commissaire du roi au tribunal du district de Bourges et membre du Conseil Général et du Directoire du département (1). M. Soumard et sa femme, arrêtés comme suspects en 1792, ont été relâchés l'année suivante.

En 1860, le dernier propriétaire du nom de Soumard, a laissé trois filles, mariées à MM. Léon Girard de Villesaison, Couasnon et Moreau des Breux, qui se sont partagé ses biens. Le château a été vendu en 1903 par Mmes Ducoux et Pénin, légataires de Mme Couasnon, à M. Aubrun, de Bourges, l'actuel propriétaire.

Justice. — La liasse B. 3548 fournit certains renseignements intéressants sur l'ancien bailliage de Villeneuve :

Ordonnance du 2 octobre 1579, qui interdit aux cabaretiers et aubergistes de « bailler » à boire ou à manger aux gens de Villeneuve, et une autre qui défend aux habitants de la seigneurie de porter devant d'autres justices les causes qui sont du ressort de celle-ci. Ces ordonnances devaient être lues au prône et placardées à la porte de l'auditoire « ou au pilori proche ». — Enfin les audiences avaient lieu le deuxième jour de chaque mois.

Baillis. — 1579, Martinet ; 1700, René Thébault ; 1737, François Dumont, avocat, professeur de droit à l'Université de Bourges ; 1752, le même ; 1768, Louis Bernard, procureur au bailliage de Berry ; 1769-1782, François Dumont fils; 1786-1788, LouisToubeau de Maisonneuve, avocat, juge au Présidial de Bourges, tous faisant fonctions de bailli en l'absence du titulaire.

L'Eglise, qui a été très bien réparée en 1869, est de

(1) Avec MM. de Vélard, Bonnet de Sarzay, Cartier de Saint-René, Petitjean et Soumard de Boisroux (Almanach de 1791).


54 LA SEIGNEURIE ET L'ANCIEN CANTON

l'époque de transition (1); ses voûtes de pierre sont en berceau ogival avec arcs-doubleaux, et l'un des pilastres a un curieux chapiteau à pal mettes orné de deux corbeaux à tètes énormes. L'ancienne chapelle seigneuriale est à gauche de l'abside, et, dans le mur de la nef, on lit l'épitaphe de Pierre Chevrier qui y est inhumé.

Une dalle porte une croix latine avec inscription : « Ci gist très honneste homme, Messire Gérard Bru» laire, prêtre curé de Villeneuve, décédé le 14 lévrier » 1702(2). »

Dans le choeur, se trouvent les statues de saint Fiacre, patron de la paroisse, et de saint Blaise, patron de Morthomiers, et qui provient de l'ancienne église de celte commune.

L'église possède trois cloches dont l'une vient de l'église de Morthomiers, et l'autre, qui est hors d'usage, a été donnée en 1734 par Vincent Soumard, et a eu pour parrain et marraine Messire Charles de Rivière, seigneur de Belair, et sa femme.

En 1802, il n'y avait que celte cloche sur les deux qui existaient auparavant « l'autre avait été transportée à Bourges, et il ne manquait que du linge de toute espèce pour l'exercice du culte » (Q. 260).

Cependant, en 1793, on avait envoyé au district, pour être adressé à l'hôtel des Monnaies d'Orléans, un calice en vermeil, avec une patène, un ciboire, une custode et un soleil sans pied en argent (L. 232).

(1) Au Xe siècle, l'église qui a précédé celle-ci avait été construite par le Chapitre de Saint-Ursin et lui appartenait, mais le seigneur de Villeneuve s'en était emparé et c'est Richard, 59e archevêque de Bourges, qui l'obligea à la lui restituer. (Charte du Chapitre Saint-Ursin de 1079. La Thaumassière, liv. IV, eh. 70). L'église de Villeneuve est restée sous le patronage de ce Chapitre jusqu'à la dévolution.

(2) Cependant on trouve aux Archives départementales : « 1693, apposition des scellés au décès de Gérard Brulaire, curé ». B. 3548.


DE SAINT-FEORENT-SUR-CHER 55

Il y a à Villeneuve une confrérie très ancienne sous le vocable de Saint-Fiacre, qui passe pour guérir les enfants de leurs coliques. Le jour de la fête de ce saint, on orne sa statue d'ex-voto consistant en fruits de toute espèce.

Le cimetière a existé autour de l'église jusqu'en 1851.

L'assemblée ou fête du pays a lieu fin août, le dimanche qui suit la Saint-Fiacre.

Biens du clergé et curés. — Adjudications du 20 décembre 1791 au 18 fructidor an IV.

Le presbytère et son enclos, « le fonds de cure », 16 arpents de bois, le tout à la cure ; 13 arpents de bois et 60 boisselées de terre à la Fabrique ; le domaine de La Lande et une locature à Villeneuve, aux dames de la Visitation ; 600 boisselées de terre et 14 arpents de bois au Séminaire ; 2 mou liées et 8 boisselées de terre au Chapitre de Saint-Étienne (Q. 135 et 507) (1).

Curés connus. — 1510, Quantin; 1596, Thibault; 1636, Duchesne; 1654, Lelièvre ; 1659, Pipault; 1559-1669, Bouquin; 1670-1674, Macé ; 1692-1702, Brulaire; 1711, Lebloy; 1736, Lelarge; 1751-1756, Macary; 1767, Gabard; 1780, Bodin; 1783, Servier ; 1785-1791, Regnault ; 1792, Degond, curé assermenté; 1802, Lecrec ; 1816-1821, intérim par le curé de Saint-Florent ; 1821-1828, Morin ; 1828-1831, intérim par le curé de Saint-Florent ; 18341838, Demoulin ; 1838-1862, Pommier ; 1862-1863, Berthuel ; 1863-1877, Renoir ; 1877-1878, Rabatte ; 1878-1884, Ducroux ; 1884 à ce jour, M. Mallet.

Parmi les ecclésiastiques pensionnés au commencement de la Révolution, figuraient, comme on l'a vu, dans la première partie, trois prêtres assermentés habitant

(1) Dans ces adjudications, ne figurent pas celles de 300 arpents de bois au Chapitre de Saint-Étienne et de 14 arpents aux Religieuses de Saint-François dont il est parlé au bas de l'état des grains récoltés on l'an II (L. 179).


56 LA SEIGNEURIE ET L'ANCIEN CANTON

Villeneuve, les citoyens Degond, curé, Ursin Richard et Jean Vitass : ce Vitass est sans doute le même qui avait acheté le presbytère en 1791.

Mairie et écoles. — Le registre des délibérations du Conseil municipal date de ventôse 1794, et ceux de l'étal civil remontent à 1636, mais il y a des lacunes et un incendie récent en a détruit une partie, notamment la période révolutionnaire.

Liste des maires et agents municipaux connus. — An II et an III, Fournier, maire, François Bauchard, agent municipal, Blin, officier municipal (L. 181) ; an IV, François Besland ; an V, François Bouchard, agents municipaux ; 1815 à 1848, Philippe Soumard ; 1848-1851,

Léon Girard ; 1852-1856, Hipp. Blin ; 1856-1870, Moreau des Breux ; 1870-1871, Germain Chirade ; 1871-1890, Moreau des Breux ; 1890 à ce jour, M. Paul Girard.

Instruction. — En l'an IV, François Besland était instituteur communal en même temps qu'officier de l'élal civil, et le premier instituteur primaire a été M. Bierge (1845). En 1872, l'école a cessé d'être mixte et ce sont des soeurs qui ont tenu celle des filles. Aujourd'hui, outre les écoles primaires de filles et de garçons, il y a une école libre de filles.

Impositions et budgets. — Rôle de la taille : 1732, 760 liv. ; 1746, 1.100 liv.

Vingtièmes : 1768-1773, 76 liv. ; 1778-1780, 603 liv.

Principal des quatre contributions : en 1880, 3.546 fr. ; 1890, 3.572 fr. ; 1900, 3.554 fr. ; 1909, 3.551 fr.

Centimes additionnels de 1909, 84,30.

Dépenses : en 1850, 4.944 fr. ; 1870, 14.876 fr. ; 1880, 10.070 ; 1890, 16.290 fr. ; 1909, 9.966 fr.


DE SAINT-FLORENT-SUR-CHER 57

Villages, châteaux, ruines et dolmens.

Châtillon. — Village de la rive gauche du Cher dont deux maisons sont à la commune de Civray.

La Rairie. — Gros hameau près duquel se trouve un terrain nommé le « Champ de Bataille ». A Jarroy, ferme voisine, il y a une source intermittente qui n'apparaît qu'après de longs mois de pluies, et à intervalles très éloignés.

Moulinneuf (1). — Grande propriété dont il ne reste qu'une partie de l'ancien manoir. Le château actuel date de 1860 : c'est une belle construction avec de grandes lucarnes du XVIe siècle et, au centre de la façade du sud, une tour polygonale en brique et pierre.

Vers 1850, le propriétaire, M. Léon Girard, a découvert dans un champ des monnaies romaines et une quantité de squelettes d'hommes et d'animaux.

Moulinneuf a appartenu aux Leroy jusqu'en 1629 ; 1629 à 1668, à Jean de Cougiry ; Jean, son fils et son petit-fils, qui épousa Marie Riglet, fille du sieur de Galifard ; 1670, Robert de La Presle, son gendre ; 1704, de Sainthorent, gendre du précédent, qui maria sa fille à Philippe Girard, dans la famille duquel cette propriété est restée jusqu'à ce jour.

Galifard. — Hameau où se trouve un petit castel du XVIe siècle, flanqué de deux tours, et dont la porte est

(I) V. La Thaumassière, I. VIII, eh. 59. Famille Girard.


58 LA SEIGNEURIE ET L'ANCIEN CANTON

voûtée en plein cintre. Au premier, les cheminées sont à montants cannelés du XVIIe siècle (1).

Plotard.— Village situé à cheval sur les communes de Villeneuve et de Sainle-Thorette : on y montre une porte par laquelle passaient les processions des rogations de chaque paroisse. Il y a une ancienne chapelle de plein cintre qui sert de cellier, où se trouvent au fond les statuettes d'un saint et d'une sainte (2).

Bourray.— Propriété voisine, qui appartenait en 1500 à la famille de Pigny, en 1526 à son gendre, Jean Huet, ensuite à Jean Foucheret et enfin aux Gassol.

L'ancien manoir de Bourray était entouré d'une enceinte dont il reste des vestiges, avec une grande porte ogivale accostée d'une plus petite. Beau colombier rond. Tout est construit en pierre rouge très ferrugineuse. qu'on ne trouve qu'à l'église et dans les anciens murs d'enceinte de Chârost.

Le Vieux Château. — Au sud de Moulinneuf, existe une ferme appelée le Vieux Château; on y reconnaît des fossés et une butte faite de main d'homme, où l'on a trouvé un ancien four.

Menhir de la Pierre qui danse. —M. de Kersers a signalé à Villeneuve l'existence d'une grosse pierre qu'il croit être un menhir ; elle est dans un champ, près du cimetière, à cinq mètres de la route de Villeneuve à Morthomiers. Ce monument mégalitique a encore 2 mètres de long, lm10 de large et 0m 40 d'épaisseur.

Allée Couverte.— Sur l'ancien chemin de Villeneuve à Saint-Florent, et à deux kilomètres de celte localité, on voit, dans les bois, un monument celtique appelé,

(1, 2) V. mon Histoire du duché pairie dev Chdrost pour les mutations de propriétaires.


DE SAINT-FLORENT-SUR-CHER 59

dans le pays, la Pierre de la Roche, et qui n'est autre qu'une allée couverte. Ce dolmen, que les archéologues considèrent comme le plus important en ce genre du centre de la France, a été malheureusement mutilé récemment par des mauvais sujets qui ont trouvé amusant de jeter bas la pierre principale à l'aide de leviers (1).

Dés fouilles incomplètes faites sous ce dolmen en 1869 ont amené la découverte d'assez nombreux ossements humains.

La Tour de Bort. — Dans la même forêt se trouvent des ruines connues sous le nom de Tour de Bort ou de Bau, recouvertes de broussailles et que M. Narcy a examinées aussi bien que possible. Elles se composent d'un assez vaste rectangle et de débris de murs circulaires, avec un grand puits au centre (2). La tradition rapporte que c'était une ancienne forteresse dont les seigneurs étaient souvent en guerre avec ceux du Coudray.

L. CARTIER DE SAINT-RENÉ.

(1) Ce monument Mégalithique mesure 10 mètres de long et la roche qui a été cassée a 3 in. 33.

(2) Mémoires de la Société Historique du Cher, 4e série, vol. 7.



ESSAI

DE

BIBLIOGRAPHIE BERRDYÈRE

TOPO-BIBLIOGRAPHIE

(SUITE)

Bourges, ch.-l. du département du Cher, ancienne capitale du Berry.

PLANS, GUIDES, VUES

ALBUM de vues de Bourges, (s. d.). [B. de B. F, 1325-1336, 1re série, n° 107]. — BARREAU. Guide du voyageur dans la ville de Bourges et spécialement dans la cathédrale. B. Pigelet, 1863, in-12. — BOURGES (Vue de) avec légende : In Gallia, in loco plano et amena, alque fertilis sita, grav. in-fol. [B. de B.|. — BOYER (Hip.). Guide de l'étranger dans la ville de Bourges. B., 1852 ; nouv. édit. en 1874, av. carte. — BUHOT DE KERSERS. Petit guide complet de l'étranger dans la ville de Bourges. B., Pigelet, 1870, in-32, 69 pag. ; réimp. en dernier lieu en 1892, in-16, 82 pag. — CHAMPGRAND (Labbe de). Guide de l'étranger dans la ville de Bourges, précédé d'une notice historique. 1871. [B. de B. F. 1443]. — CHASTILLON. Vue de la ville de Bourges et de sa grosse tour. (Extr. de la Topog. de la France, 1615). — CHEVALIER DE SAINT-AMAND. Notice sur l'ancienne topographie de Bourges (Le Novateur). — CHEVALIER et NADDIN. Plan de la ville et des faubourgs de Bourges, levé sous la direction de M. de Panette. B., 1838, g. in-fol. ; — Réduction dudit plan. B., Vermeil. 1838, in-fol. [B. de B. E.]. — DELAFOSSE. Plan de la ville de Bourges et de ses faubourgs. Paris, Monrocq, 1886, in-fol. ; — Réduction de ce plan, in-4, 1886 ; — Carte kilométrique des environs de Bourges à l'échelle de 1/50.000. Paris, Monrocq, 1900. — DUPONT. Bourges-Panorama. B. Pigelet. (s. d.), in-18 oblong, 16 pag. avec 10 photo. [15. de B. E. 1405]. — DUREY DE BOURNEVILLE.


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BOURGES : ARCHÉOLOGIE GAULOISE 63

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64 BOURGES : ARCHÉOLOGIE GALLO-ROMAINE

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ARCHÉOLOGIE GALLO-ROMAINE

BARRAL (O. de). Notice sur les murs d'enceinte de la ville de Bourges (d'après les manuscrits du gén. Vte de Barral) av. 7 pl. B., Jollet-Souchois, 1852, in-8. — BERRY. Les inscriptions romaines du IIIe siècle. (Bullet de la com. d'hist. et d'archéol. du diocèse de Bourges, 1807, p. 30). — BLANCHET (Adrien). Les camées antiques de Bourges, fig. et pl. (Congrès archéol. de France, 65e session, 1898, p. 236). — BOYER (Hip.). Notice archéologique sur une inscription funéraire trouvée à Bourges en 1852. B., Jollet-Souchois, 1852, in-8. [B. de B. E, 1236] ; —Notice archéologique sur les fouilles pratiquées aux murs d'enceinte de Bourges, près l'archevêché, (s. d.), [1859], in-8, 4 pag. [B. de B. E. 1351] ; —Cimetière gallo-romain et mérovingien de Bourges et découverte d'inscription funéraire au cimetière des Capucins. (Revue archéol., tom. II, 1865, p. 392); — Notice sur les pierres sépulcrales du cimetière des Capucins. (Mém. de la com. histor. du Cher, 1861, p. 1); — Les enceintes de Bourges, B., Sire, 1889, in-8. (Ext. des Mém. de la Soc. histor. du Cher, 1889, p. 37). - BUHOT DE KERSERS. Note sur les aqueducs romains de Bourges. (Congrès archéol. de France, tom. XXXV, 1868, p. 56) ; — Steles romaines récemment découvertes à Bourges. (Ibid. p. 60) ; — Notes sur les sépultures romaines découvertes à Bourges (Mém. de la Soc. des antiq. du Centre, 1878, p. 1) ; — Notes sur les sculptures romaines récemment découvertes à Bourges. (Ibid. 1881, p. 73) ; — Epigraphie des sépultures antiques du boulevard de l'Arsenal. (Ibid. 1882. p. 63, av. 3 pl.); — Stèles découvertes à Bourges en avril 1886. (Ibid. 1886, p.21, av. pl.) ; — Ruines romaines découvertes à Bourges en 1883, chez M. Lacave près Séraucourt. (Ibid. 1890, p. 37, av pl. et fig. ;

— Stèles romaines découvertes à Bourges en 1890. B., Pigelet, 1892, in-8, (Extr. des Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1891, p. 39) ;

— Sépultures mérovingiennes trouvées à Bourges, (Ibid. 1892, p. 51 ) ;

— Note sur les stèles découvertes à Bourges, boulevard de l'Arsenal, en janvier 1893. (Ibid. 1895, p. 17); — Inscription romaine trouvée


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à Bourges, (liullet. de la Soc. des Antiq. de France, 1882, p. 204) ; — Stèles romaines avec bas-reliefs et inscription. (Ibid. 1886, p. 173) ; — Stèles et sépultures trouvées à Bourges. (Ibid. 1893, p. 132) ; — Découverte de stèles antiques à Bourges. (Bullel. archéol. du Comité des trav. histor. 1891, p. 46) ; — Découverte d'une sépulture mérovingienne à Bourges. (Ibid. 1892. p. 220) ; Bulletin numismatique. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre de 1867 à 1895). — CAUMONT (A. de). Rapport verbal sur l'enceinte gallo-romaine de Bourges, 1859, in-8, av. pl. ; — Note sur les ruines d'un grand monument romain découvert à Bourges en 1860, av. fig. et sur l'état actuel du musée lapidaire de cette ville. (Bullet monum. de la Soc. franc, d'urchéol. tom. XXVII, 1861, p. 379). — DUMOUTET (J.). Fouilles des caves du palais du duc Jean de Berry. (Comité, des trav. histor. el scientif., mém. lus à la Sorbonne, archéologie, 1863, p. 105, av. pl. [B. de B. E. 1326]; — Mémoire sur les stèles d'un cimetière galloromain du faubourg de Brives et sur l'église conventuelle sise au même lieu. (Mém. lu à la Sorbonne, archéologie, tom. IV, 1886, p. 81); — Rapport sur les fouilles de substructions gallo-romaines Bourges, 1861, in-8. (Voir: Monuments). — DUPLESSIS. L'enceinte galloromaine de Bourges, (liullet. du Comité d'hist. et d'archéol. du diocèse de Bourges, 1872, p. 2931. — GIRARDOT (de). Inscriptions recueillies dans le Livre noir qui se conserve aux archives de Bourges. (Bullet. du Comité de la langue, de l'hist. et des arts de la France, tom. IV, 1857, p. 943); — Cimetière gallo-romain de Séraucourt, fouilles de 1848, objets recueillis et dessinés par M. de Girardot, in-fol. 1 pag. de texte et 7 pl. [1863]. — GOY (Pierre de). Sépultures antiques du boulevard de l'Arsenal à Bourges. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1882, p. 63) ; — Vases romains découverts au Fin-Renard (Ibid. 1884, p. 187) ; — Stèles romaines découvertes à Bourges en 1888. (Ibid. 1888, p. 143). — HAZÉ (A). Constructions militaires. Enceinte murale de Bourges, dessins à la sépia. B., 1861, in-8 [B, de B. E. 1329], — HÉRON DE VILLEFOSSE (Antoine). Inscription romaine trouvée à Bourges. (Bullet.de la Soc. des Antiq. de France, tom. XXIX, 1885, p. 96). — HIVER et BOYER. Notice sur les pierres sépulcrales du cimetière des Capucins de Bourges, avec 6 pl. (Mém. de la Com. histor. du Cher, 1864, p. 1). — JOHANNEAU (Eloi). Nouvelle restitution et explication d'une inscription gréco-latine du IVe siècle, sur un vase de terre cuite trouvé à Bourges en 1848. Paris, 1850, in-8. — LA CHAUSSÉE (A. de). Notice sur des sépultures gallo-romaines du faubourg de Charlet. (Mém. de la Com. histor. du Cher, 1857, p. 207). — LA CHAUSSÉE (de). (Voir : Monuments). — LAUGARDIÈRE (Ch. de). Note sur un cachet d'oculiste romain. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1891, p. 359); — Deux inscriptions romaines (Ibid. 1897, p. 59, av. pl.). — LKCLERC. Objets romains trouvés à Bourges.

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66 BOURGES : ARCHÉOLOGIE DU MOYEN AGE

(Bullet. du Com. d'hist. el d'archéol. du diocèse de Bourges, 1872, p. 322). — LENOIR (L'abbé). Sur les églises romaines du diocèse de Bourges. (Congrès archéol. de France, tom. XXV; 1868, p. 24). — MARÉCHAL. Note sur les aqueducs qui aboutissaient à Bourges. (Ibid. tom. XVI, 1849, p. 34). — MARGUERYE (de). Stèles romaines ; sépultures mérovingiennes du cimetière des Capucins ; — Sépultures de l'ancien cimetière de la place Saint-Jean. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, tom. XVIII, 1891, p. 39, 51 et 64). — MATER (D.). Sur un mérel de la Sainte-Chapelle de Bourges. (Mém. de la Soc. histor. du Cher, 1873, p. 368) ; — Monnaies de Bourges, les immobilisations carolingiennes berruyères. (Mém. de la Soc. des Anliq. du Centre, 1889, p. 229) ; — Nouvelles découvertes au cimetière du Fin-renard. (Ibid. 1897, p. 7). — MUTRÉCY-MARÉCHAL. Tracé et description de l'aqueduc romain qui amenait à Bourges les eaux de la fontaine de Tralay. (Bullet. du Comité de la langue et de l'hist. de France, 1857, p. 428). — ROGER. Note sur une inscription romaine du IIIe siècle. (Bullet. de la Com. d'hist. et d'archéol. du diocèse de Bourges, 1867, p. 30) — ROMAGNÉSI. (Voir : Monuments). VALLOIS (G.). Les voies romaines d'Avaricum. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1892, p. 51). — VIOLLET-LE-DUC. Découverte de constructions gallo-romaines à Bourges. [Communication de M. Dumoutet]. (Rev. des Soc. savantes des départements, tom. VI, 1861, p. 178).

ARCHÉOLOGIE DU MOYEN AGE

ABBAYE de Saint-Sulpice. Monasticon gallicanum. Edit. PeignéDelacourt, in-fol. [B. de B. E. 1316]. — ANULI (Barthol.) [Aneau]. Descriptio basilicae sancti Stephani bituricensis. [Vers latins[. Lugduni, 1554 (et Thaumas de la Thaumassière. Hist. du Berry, édit. de 1865, tom. I, p. 217). —ASSELINEAU. Hôtel Jacques-Coeur : Façade sur la rue, vue sur la cour, dessins artistiques. [B. de B. E. 1339] ; — Façade de la cathédrale de Bourges, dessinée par Asselineau, gravée par Millot (n° 250 de La France de nos jours). — AUBER et THÉVENOT. Rapport sur le portail méridional de la cathédrale de Bourges. (Congrès archéol. de F rance, tom. XVI. 1849, p.111). — BALTHAZAR. Discours au roy à propos de la démolition de la grosse tour, le 13 octobre 1651. B., Cristo, 1651. — BARBERAUD. Protestation contre la démolition de l'église des Carmes. Observations soumises au Conseil municipal de Bourges. B., Patureau, 1876, in-8, 14 pag. — BARRAL (L'abbé de). Description et explication de l'horloge astronomique de la cathédrale de Bourges. Châteauroux, Nuret, 1879, in-8, 7 pag. et pl. — BARREAU (L'abbé). Petit guide dans la cathédrale de Bourges et autres monuments de la ville. B., Pigelet, 1881, in-16, 22 pag. avec plan et vue ; — Description des vitraux de la cathédrale


BOURGES : ARCHÉOLOGIE DU MOYEN AGE 67

de Bourges. Châteauroux, 1885, in-8. (B. de B. 1re S. 865] ;— Travaux de restauration dans la cathédrale de Bourges. (Bullet. de la Soc. académique du Centre, tom. III, 1897, p. 230 et 334; tom. IV, 1898, p. 193). — BASSET. Frontispice donnant la vue du grand portail de l'église cathédrale de Bourges, XVIIe siècle, in-fol. [B. de B. E. 1339].

— BASTARD (Auguste de;. Prétendu coffret d'Agnès Sorel (de la fin du XVe siècle) conservé à Bourges. (Bullet. du comité des arts et monuments, tom. II, 1850, p. 106). — BAUDOIN (Mme Agathe). A l'ombre de la cathédrale de Bourges, poésie B., Pigelet, 1870, g. in-8. — BOISSIER-DURAN. Les deux inscriptions rappelant des réparations faites en 1663 et 1665 à l'orgue de la cathédrale (Bullet. de. la comm. d'hist. et d'archéol. du diocèse de Bourges, 1870, p. 209) ; — Les orgues au Moyen Age (Ibid. 1870, p. 239) ; — Sur l'ancienne horloge de la cathédrale de Bourges. (Ibid. 1875. p. 380). — BOISSOUDY (Alfred de). Le grand orgue de la cathédrale de Bourges. B., Sire, 1883, in-8, 32 pag. ; — La cathédrale de Bourges. B , Sire 1884, in-8, 16 pag. ;

— La Sainte-Chapelle de Bourges. B., Sire, 1884, in-8, avec pl. — BOYER (Hip.) Description d'un exemplaire des Heures de Bourges, de 1568, trouvé à Dun-Ie-Boi en 1868. (Mém. de la Soc. hist. du Cher, 1873, p. 370); — La monnaie de Bourges. B., 1868, in-8, 46 pag. (Extr. des Mém. de la Soc. hist. du Cher, 1868, p. 83); — Filigranes de papier du XVe siècle aux armes des familles Coeur et de Bastard. 1860, g. in-8, 18 pag. av. fig. ; - Rapport sur cet écrit par M. A. Pérémé. (C. R. des trav. de la Soc. du Berry à Paris, 1860-61, p. 162) ; — Nouvelles observations sur le papier au filigrane de Jacques Coeur, nouv. édit. avec additions par M. Vallet de Viriville. (Revue archéologique, 1861) ; — Le Château-les-Bourges. (Mém. de la Soc hist. du Cher, 1890, p. 85) ; — L'Hôtel de Ville. (Journal du Cher, 5, 6 et 7 février 1863). — BRUNET (A.) Vue de Notre-Dame de Bourges, gravure d'après une peinture du salon de 1869, in-fol. [B. de B ]. — BUHOT DE KERSERS. L'enceinte dite de Philippe-Auguste. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1869, p. 47) ; — Stèles découvertes à Bourges en 1875 et 1876. (Ibid., 1877, p. 94); — Fouilles à l'église de la Comtale [Salle du Lycée] (Ibid., 1897, p. 49); — Plaque de bronze émaillée du XIVe siècle. (Bullet. de la Soc. des Antiq. de France, 1885, p. 159); — La cathédrale de Bourges [vers]. Janvier 1866. (Ibid., tom. IV, 1868, p. 336); — Communication sur la date de construction du pont du Moulon. (Ibid.,tom.XIV, 1878, p. 217); —Communication sur la crypte sépulcrale des archevêques de Bourges. (Semaine religieuse, tom. XV, 1879, p. 79) ; — Les chapelles absidiales de la cathédrale. (Bullet. monum. de la Soc. d'archéol. 1874, p. 417, avec 3 pl.) ; — La numismatique moderne. Paris, 1898, in-8, 6 pag. (Extr. de la Revue de Numismatique).

— CAHIER et MARTIN (Les RR. PP). Monographie de la cathédrale de Bourges, Impartie, Vitraux du XIIIe siècle. Paris, 1841-44, in-fol. 320 pag.


68 BOURGES : ARCHÉOLOGIE DU MOYEN AGE

de texte et 232 pl. dont 74 en couleurs. — CHABOUILLET (Anatole). Jeton de cuivre trouvé à Bar-le-Duc. [Fabriqué pour le bureau des finances de la Généralité de Bourges]. (Revue des Soc. savantes des Départements, tom. VIII, 1862, p. 197); — Diptyques de la cathédrale de Bourges. (Ibid., tom. XV, 1863, p. 619) ; — Documents relatifs à la fabrication des médailles à Bourges. (Ibid., t. XVII, 1864, p. 316); — Bas-relief de l'hôtel de Jacques-Coeur. (Ibid., tom. XXII, 1867, p. 94); — Médaille impériale grecque, de bronze, trouvée à Bourges. [Communiqué par M. de Girardot]. (Ibid., tom. XLIX, 1882, p. 319). — CHAMPEAUX (A. de) et GAUCHERY (P). Les travaux d'art exécutés pour Jean de France duc de Berry, avec une étude sur les artistes employés. Paris, in-4, avec 44 pl. gravées, 1894. — CHAMPGRAND (De). Tapisseries du XVIe siècle, représentant des scènes de la vie de saint Ursin, et conservées à Bourges. (Bullet. du com. d'hist. et d'archéol. du diocèse de Bourges, 1870, p. 177). — CHAPUY. Vue de la façade de la cathédrale de Bourges ; — Vue du portail, côté méridional, grav. sur cuivre 45x60. [B. de B. E. 1239 et 1463]; —Hôtel Jacques-Coeur, cour intérieure, photographie artistique [B. de B. E. 1339 bis]. — CHENNEVIÈRE (Ph. de). Jehan Lafrimpe, sculpteur. Marché pour la chapelle de Montigny, dans la cathédrale. [1618]. (Arch. de l'art franc., tom. 1, p. 277). — CHEVALIER DE SAINT AMAND. Notice historique sur l'hôtel Lallemant. B., Vermeil, 1842, in-8, 16 pag. [B. de B E. 1348]. — CLÉMENT (Pierre). Fournitures faites par Jacques Coeur à l'amiral Prégent de Coëtivy [Siège de Dolce aqua, 1319]. (Hev. de Soc. savantes des départements, tom. XIII, 1862, p. 388). — CLÉMENT et GUITARD. Vitraux du XIIIe siècle de la cathédrale de Bourges, avec 54 pl. B. Pigelet, 1900, in-18. [B. de B. S. 1762); — La cathédrale de Bourges et ses richesses artistiques. Saint-Amand, 1893, in-8. — COMPLAINTE de la pauvre église des Carmes de Bourges. 1878, in-8, 4 pag. — CORBIN DE MANGOUX. Des différents styles d'architecture et de la conservation des antiquités de la ville de Bourges. (C. R. des trav. de la Soc. du Berry à Paris, 1862-1863. p. 70). — COUGNY. Note sur un vitrail ancien de la cathédrale de Bourges. (Bullet. monum. de la Soc. franc, d'archéol., tom. XXXIX, 1873, p. 624). — CROSNIER (L'abbé). Promenade monumentale à Bourges. Visite de la cathédrale. (Congrès archéolog. de France à Bourges, 1849, p. 91). — - DELISLE (Léopold). Les livres d'heures du duc de Berry. Paris, 1884, in-8 avec pl. ; — Notes sur la bibliothèque de la Sainte Chapelle, 1855, in-8, 10 pag. (Bibl. de l'Ecole de Chartres, tom. XVII, 1856, p. 142. — DERON. Cour intérieure de l'hôtel Jacques-Coeur. Photo, artist. [B. de B. E. 1339 bis]. — DES MÉLOIZES. Les vitraux de la cathédrale de Bourges postérieurs au XVIIIe siècle, avec une introduction par Eugène de Beaurepaire. Paris, 1801-97, 10 liv. g. in-fol. pl. en chromo. [B. de B. 1336 ] ; — Note sur un très ancien vitrail de la


BOURGES : ARCHÉOLOGIE DU MOYEN AGE 69

cathédrale, avec 4 pl. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1870, p. 193); — Une inscription inédite de la cathédrale. (Ibid. t. XV, 1887-88, p. 123) ; — Le compte des obsèques d'un chancelier de France sous Louis XII, ] 1512]. (Ibid. 1895, p. 103) ; — Les vitraux de Bourges. (Congrès archéol. de France, 1898, p. 280). — DIDRON. Restauration du tympan de la porte principale de la cathédrale. (Bullet. archéol. du Comité des arts et monuments, 1842- 1843, p. 172); — Documents sur les artistes du Moyen Age et de la Renaissance, concernant la cathédrale. (Ibid. p. 458); — Devis des orgues de la cathédrale. (Ibid. 1847, p. 197) ; — Tableau sur bois représentant la messe de saint Grégoire. (Ibd. p. 280). — DUMOUTET (J.). Mémoire sur les diptyques de la cathédrale, avec pl. (Comité des trav. hist. et scient. Mém. lus à la Sorbonne, 1863, p. 229); — Sur l'orgue de la cathédrale. (Bullet. du com. d'hist. et d'archéol. du diocèse de Bourges, 1871, p. 209). — DUPLESSIS. Médailles représentant des scènes du déluge. (Bullet. du Com. d'hist. et d'archéol. du diocèse de Bourges, 1872, p. 318) ; — Squelettes trouvés dans l'Eglise des Annonciades de Bourges. (Ibid., 1874, p. 344). — GAUCHERY (P.). Le palais du duc Jean, à Bourges. B., 1888, in-8. — GEMALHING. Notice historique sur l'hôtel Lalemant. (C. R. des trav. de la Soc. du Berry à Paris, 1857-1858, p. 172). — GÉVRY. Abrégé de l'histoire du couvent des frères prêcheurs de Bourges, d'après un manuscrit de 1696. B., Sire, 1877, in-8. [B. de B A. 502].— GILBERT. Remarques sur plusieurs monuments du Moyen Age et de la Renaissance observés dans un voyage fait à Bourges et dans ses environs, en 1829. (Mém. de la Soc. des Antiq. de France, 1836, p. 247). — GIRARDOT (Bon de). Anthoine et François Garnault (15991623) ; — Marché passé avec la ville de Bourges pour la confection de la croix de Moult joye. (Arcfi. de l'art français, 1855, p. 129); — Les artistes de Bourges depuis le Moyen Age jusqu'à la Révolution. Paris, 1861, in-8 ; — Histoire et inventaire du trésor de la cathédrale. [1537]. (Mém. de la Soc. des Antiq. de France, 1859, p. 192) ; — Description des sculptures de la cathédrale avant leur restauration. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1878, p. 249). — GIRARDOT (A. de) et DURAND (Hip.). La cathédrale de Bourges. Description histor. et archéol. avec plan, notes et pièces justificatives. Moulins, 1849, in-12. [B. de B. E. 1335].— GUILHERMY (F. de). Epitaphe de Jean de Morcesses, orfèvre du duc de Berry. [1400], à N.-D. du Fourchaud, à Bourges. (Bullet. du Comité de la langue, de l'hist. et des arts, 1860, p. 175). — HAZÉ et LEGOURBE. Album du Berry, 1er livraison. La cathédrale, avec pl. lithogr. B., Jollet. 1835, g. in-8. [B. de B. E. 1326 et 1339. (3)]. - HIVER DE BEAUVOIR (Le Président). Le bas-relief de la chambre du trésor à l'hôtel Jacques-Coeur. Scène tirée du roman de Tristan. (Comité des trav. histor. et scientif. Archéologie, Mém. lus à la Sorbonne, 1868, p. 277); — Sur le tombeau de Jean duc de Berry, conservé à Bourges.


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(Annales de l'institut des provinces, 1858. p. 244); — Description du trésor du duc Jean à la grosse tour de Bourges, i Bullet. de la comm. histor. du Cher, 1857, p. 1) ; — Notice, d'après un manuscrit de la bibliothèque de Sainte Geneviève, des joyaux d'église trouvés dans la grosse tour de Bourges, (s. d.). [B. de B. E. 1344,bis] ; — Description, d'après la teneur des chartes, du trésor en reliquaires et joyaux ou ornements d'église et livres, donné par Jean duc de Berry à la Sainte Chapelle de Bourges. 1855, in-8. [B. de B. E. 1344 bis]. — HORLOGES (Les) remarquables. Cathédrale de Bourges [XVe siècle]. (La nature, 1889, t. I. p. 143). — HÔTEL (L') Jacques Coeur, avec grav. (L'Illustration, 3 novembre 1849). — JENY (Lucien). [Xavier Mystaire]. La cathédrale de Bourges, poésie, B., Sire, 1883, in-8, 3 pag. — LABOUVRIE. La monstre des mystères des saints apôtres, avec inventaire de la Sainte Chapelle de Bourges. B., Manceron. 1836, in-8. (Voir : HISTOIRE : THIBOUST). — LAGUÈRE (Alph. de). Note sur un collier à grelots du XVe siècle. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1879, p. 175). — LA TOUR D'AUVERGNE ( Mgr de). Sur une inscription arménienne trouvée dans la cathédrale. (Bullet. du Comité d'hist. et d'archéol du diocèse de Bourges, 1871, p. 254).— MARC (O.). La cathédrale de Bourges. Châteauroux, Nuret, 1880, in-8, 12 pag. (Extr. de la Revue du Centre). — MATER (D.). Les tapisseries de l'ancienne collégiale de Saint-Ursin ; avec pl. (Congres archéol. de France, 65e session, 1898, p. 294) ; — Bulletin numismatique et sigillographique. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1897 et années suivantes). — MÉNAGE (Barthélémy). Mémorial de l'église métropolitaine de Bourges. In-fol manuscrit. [B. de B.]. — MÉNAGÉ [G.-L.-M.]. Notice sur l'église métropolitaine de Bourges, 1836, in-12, 36 pag. — MÉRINDOL (J. de). Grand portail et portail septentrional et méridional de l'église cathédrale. 3 pl. in-fol. [B. de B. E 1333 et 1339] ; — Maison de Jacques Coeur, détails, coupe de la chapelle, 2 pl. in-fol. — MERLE (Robert). Vue de la cathédrale de Bourges, côté sud, avec le palais de l'archevêché, 40 x 47. [Musée de Bourges]. — PALUSTRE (Léon). Un projet de vandalisme (l'église des Carmes). (Bullet. monum. de la Soc. franc, d'archéol. 1872, p. 772). — PÉROT (Fr.) Note sur les vases pharmaceutiques d'un apothicaire de Bourges au XVIIe siècle. (Mém. de la Soc. hist. du Cher, 1888, p. 165).— PÉTITION de l'administration supérieure du département du Cher, suivie d'un arrêté du citoyen Laplanche, autorisant l'échange des bâtiments du ci-devant évèché, contre la ci-devant intendance. B. Brulass, 1793. in-4, 8 pag. [B. de B.E. 14211. — PIERQUIN DE GEMBLOUX. Lettre à M. Mourrain de Sourdeval sur le premier propriétaire de la prétendue maison de Louis XI à Bourges. Châteauroux, Migné, 1842, in-8, 14 pag. — PLAN du palais archiépiscopal de Bourges calqué par le chanoine Augonnet, aux archives nationales. [B. de B. Suppl. n° 84]. — PONROY (P.). Note


BOURGES : ARCHÉOLOGIE DU MOYEN AGE 71

sur des objets d'orfèvrerie émaillée, avec pl. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1886-1887, p. 307).— RAYNAL (Louis). Notice sur l'ancien hôtel de ville de Bourges. B., Jollet, 1840, in-8. — RHODIER (Paul). Notice historique sur l'hôtel Cujas. (Mém. de la Soc. hist. du Cher, 1884, p. 249, avec 4 pl) ; — Rapport tendant au classement comme monument historique de la maison dite de la Reine Blanche à Bourges, rue Saint-Sulpice. [Manuscrit appartenant à la famille Rhodier]. — RIBAULT DE LAUGARDIÈRE (Ch.). La rue de Fontmorigny à Bourges, étude sur les possessions de N.-D. de Fontmorigny dans la ville de Bourges. B., 1853, in-8. — ROBILLARD DE BEAUREPAIRE (Eugène). Les vitraux peints de la cathédrale de Bourges. Caen, Delesque, 1898, in-8, 44 pag. — ROCHEREAU. (H.). Notice historique sur l'Eglise de Saint-Pierre-le-Guillard. B., in-8. (Extr. du Droit commun). [B. de B., E. 1330. (2)]. — ROCHETTE (Désiré-Raoul). Tombeau d'un évêque trouvé sous un pan de muraille de l'ancienne église des Jacobins, à Bourges, 1823. [B. de B. E. 1328bis]. — ROGER (Octave). Rapport de Didron sur les travaux exécutés à la cathédrale de Bourges avant 1848. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1889, p. 171) ; — Note sur les sépultures de Jean et Jacques Mercier à l'église de l'Oratoire de Bourges. B. Pigelet, 1869, g in-8, 22 pag. et pl. ; — L'ancien jubé de la Cathédrale de Bourges. Mémoire lu à la réunion des délégués des Sociétés savantes à la Sorbonne en 1891, avec 12 pl. B. Pigelet, 1892, in-8. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1891, p. 77). — ROMELOT(J.-L). Description historique et monumentale de l'église patriarcale, primatiale et métropolitaine de Bourges. B., Manceron, 1824, in-8. — SAINTE CHAPELLE de Bourges. Arrêt de la cour de Parlement du 21 avril 1718, portant règlement. Paris, 1719, in-4, 60 pag.; — Vues de la Sainte Chapelle, côté nord et côté sud, 2 toiles de 80cm [Musée de B.] ; — Modèle en plâtre en relief de la Sainte Chapelle. [Musée de B.]. — SALMON. Rapport sur les manuscrits conservés dans les dépôts publics de Bourges. (Congrès archéol. de France, Bourges, 1849, p. 55). — SOYER (Jacques). Les chartes fausses de l'abbaye des Bénédictins de Saint-Sulpice-les-Bourges. (Mém. de la Soc. hist. du Cher, 1896, p. 320); — Etudes sur trois documents apocryphes de là période franque aux archives du Cher. (Ibid., 1900, p. 217.) — SOUCIET (Etienne). Lettre [inédite] à l'Abbé Merrier de Grilly, demandant une dissertation sur les diptyques de Bourges, 18 septembre 1730. (Chevalier. Notes manuscrites). — THEVENOT. Note sur l'essai de restauration des vitraux de la cathédrale. (Congrès archéol. de France, Bourges, 1849, p. 83). — TOUBEAU. Ecclesiae patriarchalis [vue de la cathédrale, frontispice d'un bréviaire], 1676. [B. de B E. 1339 (2) ]. — VALLET DE VIRIVILLE. Filigranes de papier aux armes de Jacques Coeur. (Bullet. de la Soc. des Antiq. de France, 1859, p. 184). — VITET (Ludovic). Lettre sur la date probable de la


72 BOURGES : HISTOIRE, XVIe-XVIIIe SIÈCLE

cathédrale de Bourges. (Bullet. de la Soc. d'antiq., hist. et statist. de Bourges, 1836, p. 1, avec 2 pl.). — VIOLLET-LE-DUC. L'Hôtel JacquesCoeur, Description, avec 3 pl. (Diction. d'Architecture, t. VI, p. 277, édit. de 1863).

HISTOIRE, XVIe-XVIIIe SIÈCLE

ANCILLON et BRAULT. Un épisode de la Saint-Barthélémy à Bourges.

(Mém. de la Soc. histor. du Cher, 1876, p. 261). — ARMES de BOURGES.

Voir : Aymé Cecyl, Balaillard, Lettre, Maussabré (Nouveau mémoire).

ARRÊT du Conseil d'Etat du Roy, du 11 janvier 1685, au sujet des

octrois (s. l. n d.), in-4, 4 pag. — ARRÊT du Conseil d'Etat du Roy,

qui maintient le maire de la ville de Bourges dans les privilèges à lui accordés par le roy Louis XI, 10 février 1756, in-4, 2 pag. —

ARRÊTÉ du Conseil d'Etat du Roy qui ordonne aux greffiers des hôtels de ville de communiquer à Antoine de la Barre, ses commis

et préposés, les titres et concessions des privilèges des dites villes....

20 octobre 1705. B., Toubeau, in-4. — ASSISTANCE aux pauvres à Bourges. Voir : Ordre, Pauvres, Simonnet. — AYMÉ CÉCIL [ADRIENNE DEPUICHAULT]. Le sac aux armes de Bourges. Légende, in-8. (Catal. de la Soc. des gens de Lettres, 1889). — BATAILLARD (Ch ). Examen de deux locutions proverbiales: «Les armes de Bourges, les ânes de Beaune ». (Annuaire de la Soc. philotechnique, 1872, p. 51). — BATEREAU (Jean). Chronique de Bourges, 11457-1510). (Cabinet historique 1882, n° 5 et Revue historique, 1883, 1er nov.). — BERNARD (Dr). Discours sur les eaux médicinales de Bourges, 1085. — BOHIER (Nicolas). Consuetudines inclite civitatis et septenc bituricensis per egregium virum Nicol. Boerium. Parisiis, 1508, in-8 goth. [B. de B. 957, 960]; réimp. en 1510, 1517, 1526, 1543. — BOYER (Hip.). Ordonnance de police de la ville de Bourges de 1502. (Mém. de la Soc. histor du Cher. 1860, p. 213) ; — Documents relatifs au régime de l'artillerie de la ville de Bourges au XVIe siècle. (Bullet. du Comité de la langue, de l'hist et des arts de la France, 1855-1856, p. 641); — Lettres de Charles VII au bailly de Berry (1484), avec commentaire (Mém. de la Com. hist. du Cher, 1857, p. 215'; — Note sur l'ancienne organisation du corps médical à Bourges ( C. B. des trav. de la Soc. du Berry à Paris, 1862, p. 211, — Notice sur l'ancienne corporation des notaires de Bourges. B., Sire, 1893, in-4, 16 pag. ; — Lettres patentes pour le transfert de la monnaie de Bourges, 1592. (Bul. de la Soc. Nivernaise, 1869, p 8) ; — Le procès de la médaille entre les maire et échevins de Bourges et le marquis de l'Hospital [1728-1768]. (Journal du Cher, 22, 27 et 29 oct. 1853) ; - Un épisode de protestantisme à Bourges. (Droit commun, 20mai 1856) — BREF et sommaire recueil de ce qui a esté faict et de l'ordre tenu à la joyeuse entrée de François, frère unique du Roi, duc de Berry


BOURGES : HISTOIRE, XVIe-XVIIIe SIÈCLE 73

le dimanche 15 juillet 1576, en la ville de Bourges. B., 1576, in-18.

— CAPITULATION de la reddition de Bourges du 30 août 1562. (Mém. de Condé, 1565, tom. II, p. 44). — CATHERINOT (Nicolas). Calendrier historique de Bourges, années 1656 et 1657; — L'escu d'alliance avec pl. [1680], in-8, 20 pag. [B. de B. F., n° 15 et B. Nle Res. Z., 1521] ; - Le vray Avarie, 17 mai 1683, in-4, 15 pag. [B. de B. E. 109 et B. Nle Rés. E. 1497] ; Nouv. édit. B., Jollet, 1874, in-4, 11 pag. ; — Les fastes consulaires de Bourges, 27 septembre 1684, in-4, 4 pag. [B. de B. F. 109 et B. Nle Rés. Z., 1526] ; - Le siège de Bourges de 1562. B. oct. 1684, in-4, 4 pag. [B. de B. F. 109]. — CHARLEMAGNE. Les anciennes institutions municipales de Bourges. [B., Tardy-Pigelet, 1889, in-8. [B. de B. 1re série, 1060]. — CHAUVET (Gilles). La surprise de Bourges du 27 mai 1562 et la Ligue à Bourges de 1569 à 1591. (Journal de Jean Glaumeau, publié par le président Hiver, p. 149).

— CHEVALIER DE SAINT-AMAND. Histoire des Chevaliers de la Table ronde de Courges. B., Ménagé, 1837, in-8, 20 pag. [B. de B E. 1448]. - CHENU (Jean). Privilèges octroyés aux maire, échevins, bourgeois et habitants de la ville de Bourges, avec les blazons. Paris, 1603, in-8 ; nouv. édit. avec les noms des familles nobles. Paris, 1621, in-4. — CLÉMENT (abbé S.). Les lagunes de Bourges. (Revue du Centre, 1881, p. 165). [B. de B. 1152]. — CORPS médical de Bourges. Voir : Boyer, Dupérin, Ordre de police. — COUSTURIER (Dr Etienne). Traité des eaux minérales de la fontaine de Fer. B. Toubeau, 1683, in-12, 36 pag. —CRITIQUE historique sur le carnage de Vassy, la surprise de Bourges et autres événements contemporains, avec préface et notes par Louis Lacour. Paris, Meyrneis, 1857, in-8, 36 pag. (Bullet. de l'hist. du protestantisme en France, 1857, p. 382 et 507). — DETTES de la ville de Bourges : arrêt du Conseil d'Etat en forme de règlement pour leur liquidation, 1669-1672. Paris, Hilaire, 1673, in-4, 14 pag. — DIDRON. Entrée de la reine Anne de Bretagne à Bourges, 1493. (Bullet. de la Com. archéol. des arts et monuments, 1845, p. 412). — DISCOURS de l'ordre tenu à l'entrée de Mgr le Duc, fils de France et frère unique du roi en sa ville de Bourges, ville capitale du pays et duché de Berry, le 9 juillet 1576, Lyon, 1576, in-12. — DISCOURS sur l'entreprise et conspiration faite par ceux de la nouvelle opinion, portant les arme» contre le roi, sur la ville de Bourges et le succès de ladite entreprise en 1569. Paris, Chesneau, 1570. (Almanach du Cher, Pigelet, 1888.)[B. de B. C. 118]. — DOUET D'ARCQ. Lettre de rémission pour Jean Brunet, prévôt de Bourges, 1334. (Biblioth. de l'Ecole des Chartes, 1856, p. 54). — DUPÉRIN. Récit historique des petites véroles traitées à Bourges. B., 1702, in-12. — DUPRÉ (L'abbé). Essai sur l'histoire civile et ecclésiastique de la ville de Bourges. (Raynal. Histoire du Berry, tom. IV p. 228). [Manuscrit]. — EAUX minérales de Bourges. Voir : Bernard ,Dupérin, Mercier, Montreuil, Vannier.— EDIT portant suppres-


74 BOURGES : HISTOIRE, XVIe-XVIIIe SIÈCLE

sion des hôtels des monnaies de Caen, Tours, Poitiers, Toulouse, Reims, Dijon, Rennes. Troyes, Amiens, Bourges, Grenoble et Besançon. Paris, 1772. [R. de B. E. I3I6]. — ESTAT et ordre de ce qui se pratique en l'hôtel et maison commune de cette ville de Bourges durant le cours de chaque année, etc.. B., Chaudières, 1661, in-4; le même, B., Boyer, 1725, in-4. — EXTRAIT du registre de la Cour des Aydes, du 10 juin 1671, pour le paiement des nouveaux droits de détail sur le vin. B. 1671, in-4, 4 pag. — FEUX (Les) de joye de Lyon, Orléans, Bourges et aultres villes, qui se sont remises en l'obéissance du Boy. Lyon, 1594, in-8. (Biblioth. N>», Catal, de l'hist. de France, p. 385). - FINANCES de Bourges. Voir : Arrêt, Estat, Dettes, Edit, Extrait, Mémoire, Ordonnance, Tarif, Toubeau. — FRONDE (La) à Bourges. Voir : Journal, Lelarge, Réception, Réjouissances, Véritables nouvelles. — FOURNIER (Henri). La justice des bonnets verts à Bourges. B., 1868, in-8. (Mém. de la Soc. hist. du Cher, 1868, p. 1). — GIRARDOT (Bon de). Mystère des actes des apôtres représenté à Bourges en avril 1536. Paris, Vve Didron, 1845, in-4, 40 pag. (Bullet. du Comité hist. des arts et monuments, 1845, p. 464); — Relation de l'entrée de Mgr le Duc, fils de France et frère unique du Roi, en sa ville de Bourges, juillet 1576. (Ibid. p. 414). (Almanach du département du Cher, 1845). — GLAUMEAU (Jean). Journal de 1541 à 1562, publ. avec introd. et notes par le président Hiver. B., 1858, in-8. [B. de B. E., 1313] ; — Notice sur le journal de Jean Glaumeau, prêtre de Bourges, au XVIe siècle, lu à la Soc. des Antiq. de France, par Félix Bourquelot. (Mém. de la Soc. des Antiq. de France, 1855, p. 191). — GOY (P. de). Note sur la résidence des parlementaires à Bourges, d'après deux anciens plans. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1881, p. 301). — GRÉBAN (Frères). L'Ordre du triomphant mystère, joué à Bourges, en juillet 1536. B., Alabat, 1537, 2 vol., pet. in-fol. goth. réimpr. en 1541. — GRELLET-DUMAZEAU. La société parlementaire. Les exilés à Bourges. Paris, Plon, 1892, in-8, av. portrait. — HODEAU (Robert). Privilèges de la ville de Bourges et confirmation d'iceux B., Chaudières, 1646, pet. in-4 de 96 feuillets, av. frontispice et armoiries gravées ; — Mémoires inédits de Robert Hodeau, ancien maire de Bourges, publ. avec une introduction et la généalogie de sa famille, par Paulin Bifté. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1879, p. 205). — JONGLEUX (H.). Esquisses historiques : Jules César, Jacques Coeur, Cujas. B., in-8, 109 pag. — JOURNAL de ce qui s'est passé à Bourges depuis le 27 juillet dernier [1650], entre les troupes du Boi et celles des Princes mécontents, etc.. Paris, août 1650, in-4. [B. de B. E., 1329]. — LELARGE (Journal des) Chroniques berrichonnes du XVIIe siècle [1621-1694], publ. par Jongleux. B., 1881, in-8, av. armoiries. [B. de B. E. 1321]. — LETTRE au sujet du proverbe « Les armes de Bourges et l'âne en chaise ». (Mercure de France, août


BOURGES : HISTOIRE, XVIe-XVIIIe SIÈCLE 75

1746 et mars 1749). — LETTRE d'érection de l'hôtel de Limoges de Bourges en titre de fief, du 23 novembre 1720. [B. de B. 1245]. — LIGUE (La) à Bourges. Voir: Boyer, Critique, Capitulation, Catherinol, Chauvet, Discours, Feux de joye, Girardot. — MARGUERYE (R. de). Le grand incendie de la cathédrale de Bourges en 1559. Moeurs administratives au XVe siècle. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1889, p. 177). — MATER (Daniel). Histoire de la médaille due par la ville de Bourges au marquis de Châteauneuf. B., Pigelet, 1884, in-8, 32 pag. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1884, p. 245, av. 4 pl.). — MAUSSABRÉ (F. de). Les anciennes armes de Bourges (C. R. des trav. de la Soc. du Berry à Paris, 1857-58, p. 197). — MÉMOIRE au sujet du différend des échevins de Bourges avec M. de l'Hôpital de Châteauneuf, au sujet de la médaille. B., 1752, in-4. — MÉMOIRE des maire et échevins de la ville de Bourges pour le rétablissement des foires dites du Palais, in-8, 8 pag. (s. d.), [B. de B. E. 1447]. — MERCIER (Dr Etienne). Discours sur les eaux minérales de Bourges. B., 1613; nouv. édit. 1619. — MONTREUIL (Maurice de). Fontaines minérales de la ville de Bourges. B., 1631, in-8. — MYSTÈRES des actes des apôtres. Voir : Girardot, Gréban, Thiboust. — NOUVEAU mémoire sur les ânes de Bourges, adressé aux auteurs du Mercure, 1748. — ORDRE de police establie pour le règlement et la nourriture des pauvres de la ville de Bourges, 1586, in-12. [B. de B. E , 1450]. — ORDRE de police de la ville de Bourges, sur les dangers et inconvénients de la peste, 1597, in-12 [B. de B. E, 1450bis]. — PARLEMENTAIRE (Les) exilés à Bourges. Voir : Goy (de), Grellet, Ubicini. — PAUVRES de la ville de Bourges. Lettres patentes, B. de B. E., 1252]. — Secours accordés par le comte d'Artois. [B. de B. E. 1252 (3e s.) et 1452] ; — Souscription en faveur des pauvres, [B. de B. E., 1423 (6)]. — PONROY (Henry). Journal de Mathieu Perrot, chanoine prébendé de la cathédrale, 1662-1703. B., 1895, in-8. — PRIVILÈGES de la ville de Bourges et confirmations d'iceux, suivi de : Bref récit de ce qui s'est passé en l'élection de MM. les maire et échevins de Bourges. B., Chaudière, 1660. pet. in-4. av. pl. d'armoiries; — Autres éditions de 1661, 1678, 1689, [B. de B E., 1444, 1445, 1446, 1447. — RÉCEPTION (La) et séjour de L. L. Majestés à Bourges et dans les autres villes où elles sont passées pour aller à Poitiers. Paris, 1650. — RÉCEPTION faite au duc de Saint-Aignan à Bourges, ensemble la reddition de la grosse tour avec les articles de la capitulation, etc.. Paris, 25 février 1650. [B. de B. E., 1322]. - RECUEIL des privilèges de la ville de Bourges avec les armoiries gravées, 1615, sans nom d'imp., 212 feuillets, in-4. [B. de B. E.]. — RÈGLEMENT de la chambre des notaires de Bourges (en 20 articles), 21 février 1675, in -8. — RÉJOUISSANCES faites dans la ville de Bourges pour la délivrance des princes et l'entrée de la princesse de Condé et du duc d'Enghien. Paris, 25 mars 1651. [B. de B. E., 1321]. —


76 BOURGES : HISTOIRE, PÉRIODE RÉVOLUTIONNAIEE

RIBAULT DE LAUGARDIERE La Fête-Dieu à Bourges en 1771. (Almanach du Cher, Pigelet, 1869). [B. de B. E., 1350 (4)] ; — Notice historique sur la ville de Bourges. (Almanach du Cher, Pigelet 1858). — ROBILLARD DE BEAUREPAIRE. Une mission de la ville de Bourges à la Cour en 1667, in-8, 20 pag. — SIMONNET (B.) Les pénitents bleus de Bourges, 15841601. (Mém. de la Soc. hist. du Cher, 1892, p. 1).— TARIF du droit appelé d'augmentation du vingtième du prix de vente en détail qui se prélève dans la ville de Bourges et faubourgs ou hameaux en dépendant. B., Levez (s. d.), in-4, 16 pag. [B. de B. catal. supp. 331]. — THIBOUST (Jacques) sieur de Quantilly. Relation de l'ordre de la triomphante et magnifique monstre du mystère des SS. Actes des apôtres, par Arnoul et Simon Greban, suivi de l'Inventaire de la Sainte-Chapelle de Bourges, d'un recueil de faits historiques sur Bourges, etc. . pub. par Labouvrie, 1836, in-8, av. grar. [B. de B. D., 1090]. — TOUBEAU (Jules). Institutions consulaires ou privilèges de jurisprudence commerciale. B., Toubeau, 1682, in-4. [B. de B. B., 113] ; nouv. édit. 1700 et 1708 ; — Les aydes royales et impositions municipales de la ville de Bourges. B., Pigelet, 1878, in-8. (Mém. de lu Soc. des Antiq. du Centre, 1875-1876, p. 129). — TRIBUT de Bourges au marquis de Châteauneuf. Voir : Boyer, Catherinot, Mater, Mémoire, Nouveau mémoire. — UBICINI. Bourges et l'exil des Parlementaires en 1753 et 1754. (C. R. des trav. de la Soc. du Berry à Paris, 1863-1864, p. 265). — VANNIER. Analyse des eaux minérales de Bourges, 1762, in-12. — VÉRITABLES (Les) nouvelles arrivées à Bourges touchant tout ce qui s'y est fait à la réception du Roy le 7 du courant et en la sortie de M. le prince de Conty, 1650, in-4 (réimp. dans Chevalier, Recherches sur Saint-AmundMontrond).

HISTOIRE, PÉRIODE RÉVOLUTIONNAIRE

ADRESSE à l'Assemblée nationale, volée le 24 février 1790 par l'assemblée générale des citoyens de la ville de Bourges pour l'installation des affaires municipales, in-4, 3 pag. [B. de B. E. 1421, tom. 1, n° 2]. — ADRESSE de la Société des Amis de la Constitution à toutes les sociétés patriotiques, in-4, 4 pag. [B. de B. E. 1421, tom. I, n° 33], — BONNAIRE. Adresse aux citoyens, lue â la Société des amis de la Constitution. [B., 1790], in-8 ; — Discours sur les dangers de la Patrie, le 22 juillet an IV. IL, Manceron, in-8. [B. de B.] ; — Discours prononcé devant l'autel de la Raison, dans le temple de l'Unité, etc.. de la Commune de Bourges, le jour de l'inauguration. B., Brulass, 1793, in-4, 11 pag. [B. de B. 1421, tom. 2].— BRUNEAU (Marcel). Les élections et les cahiers du Tiers-Etat de Bourges en 1789. (Mém. de la Soc. histor. du Cher, 1889, p. 267). — CENTENAIRE de 1789. Assemblée provinciale du Berry, tenue à ourges les 0, 1 et 2 mai 789, voeux


OURGES ISTOIRE, PÉRIOD EVOLUTIONNAIRE 77

et rapports. ., Tardy-Pigeet, 1889, in-8, 93 pag. — CÉRÉMONIE pour l'ouverture du temple de théophilantropie à Bourges. B., an. VI. Brulass, in-16. [B. de B.]. — CITOYEN (Le) F. A. D. de Bourges à son concitoyen et ami D. V., Paris, 4 ventose an III, in-16. — COMPTE RENDU du Comité de surveillance établi à Bourges par le citoyen La Planche, représentant du Peuple, en 1793, in-4. — DÉLIBÉRATION de l'administration municipale du canton de Bourges sur le mauvais état des pavés des rues et l'obligation, pour les riverains, d'exécuter les travaux nécessaires. 1er juillet 1796, in-4, 4 pag. — DISCOURS prononcé par un membre de la députation des amis de la Constitution, à l'assemblée du Couseil du département du Cher le 12 septembre 1791. B., Cristo, in-4. [B. de B. E. 1421]. — DUMONTEIL. Notes sur une émeute à Bourges en 1789. (Mém. de la Soc. histor. du Cher, 1878, p. 397). — EMEUTE à Bourges dirigée contre les négociants en drap et toile, Tourangin. Procès-Verbal dressé par le prévôt de la maréchaussée le 27 juillet 1789. [Arch. du Cher. B. 2.693]. — EXTRAIT du registre de la Société populaire de Bourges du quintidi 25 brumaire an II, in-4, 22 pag. [B. de B. E. 1423], — JONGLEUX. Bourges et la Révolution, 1789-1806. B., Léon Renault, 1895, in-8. [B. de B. 2e S. 550]. — L EBAS (Dr) Essai sur l'hygiène des habitants de Bourges, présenté à l'Ecole de médecine de Paris, le 29 nivôse an II. Paris, an XI, in-8. [B. de B. E. 1355]. — LEMAS (Th.) Les Théophilanthropes à Bourges en l'an VI. (Le Nouvelliste de Saint-Amand, 1888). — LETTRE PATENTE du roi, du 1er mai 1790, concernant la contribution de 20.000 livres à lever à Bourges pour le soulagement des pauvres. Paris, 1790. [B. de B. E. 1252 et 1257]. — ORDRE d'administration pour le soulagement des pauvres de la Ville de Bourges in-4, 8 pag. [B. de B. E 1421 et E. 1252 (3)]. — PROCÈS-VERBAL de la séance publique tenue à Bourges par les représentants du Peuple Laurenceot et Guerrier, le 28 germinal an III, in-4. — PROCLAMATION du citoyen Laplanche représentant du peuple en mission dans le Cher, in-4. — RÉFLEXIONS d'un citoyen de Bourges sur les rigueurs de l'hiver de 1788-89. [B. de B. E,]. — RÉFLEXIONS d'un citoyen de Bourges sur les arrêtés de mai 1793 portant établissement d'un impôt d'un million, in-4, 8 pag. [B. de B. E. 1252 (4)[. — RÈGLEMENT de la Société des amis de la Constitution, 10 juin an II [1791], in-8, 13 pag. — SOUSCRIPTION eu faveur des pauvres de la ville de Bourges, in-4, 4 pag. (s. d.). [B. de B. E. 1421, n° 3]. — TORNÉ. Discours prononcé au moment où le buste de Mirabeau a été déposé sur l'autel de la Patrie, in-4 ; — Discours et lettre à l'assemblée électorale du district de Bourges du 22 mai 179 1, in-8 ; — Discours sur l'inscription civique : la Nation, la Loi, le Roi, prononcé à Bourgesle 14 juillet 1791, in-4. — TRIBUNAL civil de Bourges : son installation et son organisation le 4 brumaire an IV (26 octobre 1795). B., Manceron, 1795, in-4, 4 pag. — VILAIRE


78 BOURGES : HISTOIRE ET STATISTIQUE XIXe SIÈCLE

(Abbé). La ville et commune de Bourges pendant la période révolutionnaire. Châteauroux, 1903. (Extr. de la Soc. académique du Centre).

HISTOIRE ET STATISTIQUE XIXe SIÈCLE

BRISSON (Eugène). Exposé financier de M. le Maire, séance du

9 mai 1883. Rapport de M. Pinot au nom de la Commission des finances, 16 juin 1883. Rapport de M. Aubrun sur les frais de casernement, 1er août 1883; sur les modifications à apporter au budget supplémentaire de 1833, 31 août 1883. B., 1883, in-8. — BUREAU DE BIENFAISANCE. Extrait du règlement d'ordre intérieur, sur le service des secours à domicile. B., 1846, in-8, 13 pag. — BUREAU DE CHARITÉ, distribution des secours. B. 1816. [B. de B. E, 1252]. —CHEVALIER DE SAINT-AMAND. Notice sur.le séjour de don Juan Escoïquiz en la ville de Bourges. B., 1814 in-8. — COMITÉ libre de Charité de Bourges, Appel. B., 1878, in-8. — COMITÉ sectionnaire, à Bourges, de la Société de secours aux blesssés militaires. B., 1871, in-8, 44 pag. — DUCHAUSSOY (H.) La météorologie à Bourges d'après quinze années d'observations, 18671881. B., Senen, 1882, in-16, 88 pag. [B. de B. 2e S. 534]. — ETAT des cent plus imposés de la commune de Bourges du 22 décembre 1802, in-fol. 4 pag. — FINOT (Bon) Discours de M le Baron Finot, préfet du Cher, le 28 juin 1828, pour l'installation de M. Soumard, maire de Bourges. B., 1828, in-4, 7 pag. — FOUCHARD. Bulletin de la Commission météorologique du Cher pour 1889. B. Senen, in-8, 80 pag. — GARDE NATIONALE. Consigne générale de la garde Nationale. B., Jollet. [B. de B. E. 1520]. Relation de la cérémonie du 17 octobre 1830 à l'occasion de la remise du drapeau B., Vve Souchois, 1830, in-8, 11 pag. [B. de H. S. 231]; - GRANDIN (G.). Voyage de LL. MM. Impériales dans le Centre de la France, séjour à Bourges.

10 et 11 juillet 1862. B., Jollet, 1862. in-8, 28 pag. (Extrait du Journal du Cher) ; — Bourges, son passé, son présent et son avenir. A Sa Majesté Napoléon III. B., Jollet, 1862, in-8. — GYMNASTIQUE. Statuts de la Société de gymnastique de Bourges, (s. d.), in-8, 17 pag ; — Livret officiel contenant le programme des fêtes et des concours de gymnastique et de musique, des 15 et 16 août 1892. [B. de B. suppl 105] ; — La Biturige, société de gymnastique et d'instruction militaire. Bulletin trimestriel, juillet 1894, in-4, 8 pag. ; — Bulletin de la Berrichonne, société de gymnastique, décembre 1898. Châteauroux, 1896, in-8. — HYGIÈNE et Salubrité. Rapport sur les travaux du Conseil d'hygiène et de Salubrité de Bourges pendant l'année 1888. B., Jollet, 1889, in-8, 40 pag. ; — La fontaine de fer par le Dr Berthollet. (s. d.), in-8, 7 pag ; par les D 15 Prud'homme et Lavaud (s. d.), in-8 ; par le Dr Bipart, 1846, in-8. [B. de B. E. 1452, 1462]. — Considérations générales sur les fièvres qui régnent à Bourges. B., 1827, in-4. — JENY


BOURGES : HISTOIRE ET STATISTIQUE XIXe SIÈCLE 79

(Lucien). Fêtes patriotiques de Jeanne d'Arc à Bourges, 28-29 mai 1898, avec le livret des fêtes. B., Sire, 1898, in-8, 20 pag. ; — Jeanne d'Arc à Bourges, (à propos de la fête du 29 mai). B., 1898, in-8. — JOURNAL souvenir de Bourges aux blessés du Tonkin, fête de bienfaisance des 5 et 6 juin 1885, av. 9 grav. B., 1885, in-4, 8 pag. — LAURENT. Voyage de S. A. I. le prince Louis-Napoléon dans les départements du Centre et du Midi de la France. Paris, 1852, in-8. (Passage à Bourges, p. 14).

— LOGES maçonniques (Documents relatifs aux) de Bourges. B., Souchois, 1809, in-18. [B. de B. E.]; — Règlement de la R. L. SaintJean, sous le titre du district de la Liberté de Bourges. B., Souchois, 1809. — MAYET-GENETRY. Discours prononcé à sa seconde nomination de maire de la ville de Bourges. [B. de B. E. 1452 bis] ; — Note explicative sur le mode de contribution aux dépenses du pavage de la ville. B., Jollet, 1837, in-8, 28 pag. [B. de B. E. 1452 (9)]. — MOREUX (Abbé). Halo lunaire en forme de croix observé à Bourges le 26 mai 1896. (Mém. de la Soc. histor. du Cher, 1897, p. 220, av. 2 pl.). — NOTAIRES (Chambre des) de l'arrondissement de Bourges. Règlement du 10 mai 1831. B., 1831, in-4, 18 pag. ; — Projet de tarif des honoraires des notaires de l'arrondissement de Bourges. B., Manceron, 1833, in-4, 2 0 pag. — OCTROI de Bourges. Projet de règlement suivi d'un tableau et tarif des droits à percevoir par la Ville de Bourges, pour subvenir aux dépenses municipales et des hospices. (13 novembre 1800). B., Brulass. 1800, in-8, 41 pag. ; — Règlement pour l'octroi municipal et de bienfaisance de la ville de Bourges du 7 septembre 1803. in-4, 22 pag. ; 1812, in-4; 1814, in-8. [B. de B. E. 1453 et 1454] ;

— Questions d'octroi, délibération du Conseil municipal du 2 avril 1870, in-8, 23 pag. — PERROT (L. J. H.) Etablissement hippique du Centre établi à Bourges. Statuts, août 1866, Paris, P. Dupont, 1866, in-8, 14 pag. — RAPIN (Edmond). Les registres de l'Etat civil à Bourges. B., Pigelet, 1870, in-8, 26 pag. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre. 1869, p. 67). — RAYNAL (Dr). Rapport sur la situation de la Société de la charité maternelle de Bourges pour l'année 1813, lu en séance solennelle le 3 mars 1814. B., J. B. Brulass, 1814, in-4, 11 pag. [B. de B. E. 1252 (9)]. — RÈGLEMENT de police de la ville de Bourges. B., Jollet, 1845, in-4, 16 pag. [B. de B. 1452]. — SECOURS MUTUELS. Statuts de la Société de secours mutuels de Bourges. (S. 1. n. d.), [1857], in-8, 9 pag. [B. de B. E.] ; — Rapport pour les années 1876 et suiv. in-8 ; — Conférence pédagogique à Bourges les 6 et 7 avril 1883. Compte rendu des opérations de la Soc. de Secours mutuels des instituteurs et institutrices du Cher pour l'année 1883. B , Senen, 1883, in-8, 96 pag. [B. de B. 1re S. 702]; — Statuts de la caisse de secours mutuels et de retraite établie à Bourges entre les adhérents du Syndicat des agriculteurs du Cher, 1898, in-8; — Rapport sur la situation de la Société de charité maternelle de Bourges pour 1815.


80 BOURGES : TRAVAUX PUBLICS

B., Souchois, 1816. [B. de B. E. 1252 (9)] ; - Rapport sur les travaux des Sociétés maternelles de secours mutuels par M. L. Raynal. (C. R. des trav. de la Soc. du Berry à Paris, 1862-1863, p. 50) ; — Statuts de la Société « la Prévoyante » des personnes employées dans les manufactures de porcelaine, li., Jollet, 1855, 32 pag. [B. de B. E.]. — VACCINE (Conseil de) de Bourges. Règlement du 12 mai 1818. B., Souchois, 1818, in-8, 13 pag. — VILI.ÉRON. Le voyage désiré ou le village du Berry. Divertissement composé en l'honneur et joué en présence de LL. AA. Madame et Mgr le duc d'Angoulême lors de leur passage à Bourges le 28 février 1815 ; mis en musique par M. Naud. B., Manceron, 1815, in-8, 20 pag. (1)

TRAVAUX PUBLICS

ANDRÉ ]Ed.] Les jardins publies à Bourges. (C. R. des irav. de la Soc. du Berry à Paris, 1863-1864, p. 46). — BARRAL (Vve de) Notice sur quelques anciens aqueducs et sur la possibilité de procurer de l'eau de fontaine aux habitants de la ville de Bourges. B., 1810, in-8; nouv. édit. 1835. [B. de B. E 1408]. (Voir sur le même sujet : Bourdaloue. Distribution, Grandin, Laitre (de). — BLONDEL. Pétition qui expose aux autorités de Bourges que, par suite d'une brèche â l'écluse de Chappe etc.. B., 1793, in-4. [B. de B. E. 1421 ou 1423]. — BOURDALOUE. Projet d'amener des eaux à Bourges. B., Jollet-Souchois, 1852, in-8, 14 pag; — La richesse des eaux. Rapport à la Société d'agriculture. B., Jollet. 1857, in-8, 7 pag [B. de B. E. 1452 bis] : — Première notice sur les eaux de la ville de Bourges. B., 1857, in-8, 6 pag. [B. de B. E. 1452 bis] ; — Deuxième notice sur les eaux de la ville B., Jollet, 1859, in-8, 22 pag. ; — Nivellement général de la ville de Bourges. B., Jollet, 1856, in-8. [B. de B. E. 1452 bis (5)]. — BUSSIÈRE. Projet d'Hôtel de ville à construire sur la place de la Mairie, (pl. Jacques Coeur). 29 novembre 1859, plan n° 360, pet. in-fol.; le même, sur l'emplacement de la recette générale, 22 novembre 1859, plan n° 361, pet. infol. ; le même, sur la place Saint-Jean (acquisition 140.000 frs.) 10 décembre 1859, plan n° 363, pet. in-fol. ; le même, sur la place de l'Arsenal, 22 novembre 1859, plan g. in-fol. n° 365. (Voir sur le même sujet : Chénon, Corbin, Gallicher, Note, Rapport). — CAHIER des charges, clauses et conditions générales imposées aux entrepreneurs des travaux publics de la ville B., Manceron, 1828, in-4. 16 pag. ; le même, B., Prot 1894, in-4 [B. de B. cat. supp.]. (Voir sur le même sujet : Duplan, Embellissements, Enquête, Lecomte, Paquet, Service.) — CHÉNON (Ed.) Rapport fait au Conseil municipal le 6 mars 1861 par la commission de l'hôtel de ville. B., 1861, in-4, 20 pag. [B. de

(1) Voir pour l'histoire religieuse de Bourges à : Diocèse de Bourges.


BOURGES : TRAVAUX PUBLICS 81

B.] ; — Note sur les projets de construction de l'hôtel de ville. B., 1862, in-4, 10 pag. av. plan teinté. [B. de B. E. 1408] — CORBIN. Un dernier mot sur la question de l'hôtel de ville. B., Jollet, 1860, in-4, 16 pag. — DÉGAGEMENT (Le) de la Cathédrale, les rues de l'Impératrice et de Napoléon. B., Jollet, 1864, in-8, 12 pag. — DESFOUGÈRES. Approbation de différents projets et devis de travaux à exécuter à Bourges pour ateliers de charité. B., 1793. [Arch. du Cher, layette 78]. — DISTRIBUTION d'eaux. Cahier des charges, clauses et conditions pour la concession et l'exploitation de la fourniture des eaux de la Ville. B., Jollet, 1863, in-8, 15 pag. — DUPLAN (Paul). Défense générale de la France. Les établissements militaires à Bourges, juillet 1861. B., Vermeil, 1861, in-18 ; Nouv. édit. Paris, Dentu, 1866. [B. de B. E. 1421 (4)]. (Voir sur le même sujet : Enquête, Gallicher, Lagrange, Marmier, Mercier, Note.)

EMBELLISSEMENT de la ville de Bourges. Observations d'un habitant sur l'enquête ouverte pour la rectification des routes impériales dans la traversée de la ville. B., Jollet, 1869, in-4, 20 pag. — Enquête sur les grands travaux projetés à Bourges. B., Jollet, 1878, in-18, 14 pag. — FIGUIER (Abbé). Mémoire au Conseil municipal de Bourges au sujet de l'alignement qui lui a été donné contre l'opposition de M. Guillot, avocat. B., Manceron, 1838, in-4, 10 pag. — FONTAINE (Projet de) décorative à ériger sur la place de l'Arsenal. Programme du concours. B , Jollet, 1869, in-4, 9 pag. av. plan. [B. de B. 3e série, 61]. — GALLICHER (Louis). Rapport au Conseil municipal au nom de la Commission de l'Hôtel de Ville, 6 décembre 1859. B., Jollet, 1859, in-4, 15 pag. ; — Un dernier mot sur la question de l'Hôtel de Ville. B., Jollet, 1859, in-8, av. plan. [B. de B. E. 1408 bis] ; _ Projet d'Hôtel de Ville Rapport de la Commission, séance du 14 mars 1863. B., Jollet, 1863, in-4, 18 pag; — Rapport sur les grands établissements militaires de Bourges. B., 1861, in-8. — GRANDIN (Gustave). Bénédiction et inauguration du château d'eau de Bourges, le 18 avril 1867. B., Jollet, 1867, in-8, 12 pag. [B. de B. E. 3e S. 56]. — JULLIEN. Programme d'un abattoir pour la ville de Bourges, du 31 mai 1837. Projet de M. Jullien, 1840, in-8 ; Projet de M. Roger, in-4, 39 pag. et pl. ; Projet de M. Rossi, 1836, in-4, 40 pag. [B. de B. E. 1408 (3)]. — LAGRANGE (Th.). La lumière sur les canons du monde et la vérité sur les expropriations pour les établissements militaires du centre de la France. B., Pigelet [1862], in-16, 47 pag. [B. de B. E. 1410]. — LAITRE (de). Rapport de la Commission des eaux, 11 juillet 1863. B, Jollet (s. d.) in-8. [B. de B. 3e série. 60]. — MARCHÉ couvert à Bourges. Rapport de M. Périé. B., Baranger, 1878, in-8, 38 pag. — MARMIER (Colonel). Communication sur l'origine des établissements militaires de Bourges. (C. R. des frai), de la Soc du Berry à Paris, 1866-67, p. 211) ; — Défense intérieure de la France. Bourges considéré comme centre

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82 BOURGES : COMMERCE, INDUSTRIE, AGRICULTURE

du système. Paris, Chaix, 1867, in-8, 16 pag. ; — Mémoire adressé à la Chambre pour autoriser le département du Cher à emprunter 200.000 francs pour créer à Bourges une école d'artillerie. Paris, 1836, in-8. — MAYET-GENETRY. Monument à élever à Cujas à Bourges. B., Jollet, in-4. [B. de B. E. 1478] ; — Projet de souscription pour le monument à élever à Cujas à Bourges, (s. d.) in-8, 4 pag. [B. de B. E. 1452 (6)]. — MENU, LEBEL et NOBLET, entrepreneurs de la Halle. Mémoire à M. le Maire et â M.M. les Conseillers municipaux au sujet de la Halle. B., Manceron, 1836, in-4, 39 pag. ; — Adresse à M. le Maire et à M.M. les Conseillers pour réclamer un dédommagement en supplément de prix de leur adjudication. B., Manceron, 1842, in-4, 39 pag. [B. de B. E. 1408]. — MERCIER (E ) A messieurs les Membres du jury d'expropriation au sujet du Polygone. B., Jollet, (s. d.), in-4, 6 pag. [B. de B. E. 1408 bis (8)]. — PAQUET. Mémoire présenté au Conseil municipal de Bourges sur les travaux. B., Patureau, 1875, in-4, 12 pag. — SERVICE des travaux communaux. Série de prix pour les années 1890 et suivantes, in-4. [B. de B. Catal. suppléai.].

COMMERCE, INDUSTRIE, AGRICULTURE

ANDRÉ (E.). Projet d'une société d'horticulture à Bourges. Projet de règlement. (Revue du Berry, 1865, p. 117). — BOULANGERIE mutuelle de la ville de Bourges. Règlement, B., Jollet, 1867, in-18, 16 pag. ; — Statuts, 1868, in-18, 14 pag.. ; — Réglement, 1869, in-32, 16 pag. — BOYER (Hip.). Histoire de la boucherie et de la poissonnerie de Bourges. (Extr. du Journal du Cher, 1854-1855). B., Jollet, 1855. in-8, 31 pag. [B. de B. E. 1351 (3)] ; — Les oublieurs d'autrefois. B., 1855, in-8. (Extr. du Courrier de Bourges): — Notes historiques suites confréries d'archers, arbalétriers et arquebusiers de Bourges. B., 1857, in-8, 47 pag. (Extr. des Mém. de la Com. hist. du Cher, 1857, p. 157) ; — Monographie des anciens billets de mort à Bourges. (C. R. des trav. de la Soc. du Berry à Paris, 1861-1862, p. 191) ; — Splendeur et décadence du commerce à Bourges. (Revue du Berry, 1864, p. 16, 89, 170, 264, 294, 341 ; 1865, p. 42, 94, 123, 172, 205, 218; 1866, p. 21, 68, 124, 140, 172, 177) ; — Recherches sur les anciennes voitures publiques dans le Berry et surtout à Bourges. B., Sire, 1880, in-4, 74 pag. (Mém. de la Soc. hist. du Cher, 1882, p. 143) ; — Le corps des marchands à Bourges, du XVIe au XVIIIe siècle. (Mém. de la Soc. hist. du Cher, 1882, p. 375) ; — Histoire de l'industrie et du commerce à Bourges. Colbert et la manufacture, la liberté du travail et de l'échange. (Ibid, 1884, p. 215) ; — L'ancien compagnonnage à Bourges. (Ibid, 1891, p. 171). [B. de B., 2e série, 685]. — BOURSE du travail de Bourges. Bulletin, organe des syndicats adhérents. B., Brossé, 1899, in-4, 4 pag. — CHAMBRE de Commerce de Bourges. Procès-verbal et rapport de


BOURGES : COMMERCE, INDUSTRIE, AGRICULTURE 83

M. Brisson (Eugène) président, relatif au rachat des chemins de fer par l'Etat. B., Senen, 1881, in-8, 93 pag. ; — Extraits des procèsverbaux, lettres et mémoires de la Chambre, du 31 décembre 1880 au 31 décembre 1899. 1883-1899, vol. I à XI. B., Senen et Sire, in-8;

— Réponse à l'enquête parlementaire sur la situation commerciale et la condition des ouvriers de l'agriculture et de l'industrie. B., Senen, 1884, in-8, 51 pag. ; — Chemins de fer. Leur rachat par l'Etat. Rapport de M. Brisson, président. B., Senen, 1887, in-8;

— CHAUCHARD. Société des courses du Cher, fondée à Bourges en 1863-1864. Ecole de dressage du dépt du Cher, fondée en 1865. B., Pigelet (s. d.), in-32, 80 pag. — COMICE agricole de Bourges. Règlement de l'année 1837, in-8 ; — Règlement de l'année 1861, in-8 ; — Règlement de l'année 1885, in-8, 12 pag. — CONCOURS régional agricole de Bourges, mai 1855. Catalogue général des produits et instruments exposés. B., Jollet, 1855, in-4, 8 pag ; — Rapport à la Société d'agriculture du Cher sur le concours de 1855, par M. Gallicher ; — Le Brésil à Bourges, exposition régionale de Bourges. Notice sur la section brésilienne, in-8, 63 pag. [B. de B. E. 1243, 1389, 1393]. — CONCOURS régional agricole de mai 1862. Arrêté. Paris, février 1862, in-8, 8 pag. ; — Catalogue des animaux, instruments et produits agricoles exposés. Paris, 1862, g. in-8, 61 pag. ; — CONCOURS régional agricole de mai 1870. Circulaire au sujet de l'exposition industrielle. B., 1870, 4 p. in-4 ; — Catalogue des animaux, intruments et produits agricoles exposés. Paris, 1870, g. in-8, 77 p.

— CONCOURS régional agricole de mai 1879. Catalogue des animaux, instruments et produits agricoles exposés. Paris, 1879, in-8, 70 p. — CONCOURS régional agricole du 8 au 16 mai 1886. Catalogue des animaux, instruments et produits agricoles exposés. Paris, 1886, in-8, 64 p. ; — Guide du visiteur au concours régional de Bourges de 1886. B., Sire, 1886, in-32, 76 p., avec plan de la ville. — CONCOURS régional de Bourges du 15 au 23 mai 1897. Catalogue général des animaux, instruments et produits exposés. Paris, 1897, in-8, 119 p. ; — Liste des prix décernés. B., Sire, 1897, in-8, 74 p. ; — Leçons de choses faites au concours régional de Bourges de 1897, sous la présidence de M. E. Menault, inspecteur général de l'agriculture. B., Sire, 1898, in-8. — CONCOURS régional hippique de Bourges du 20 au 23 juin 1897. Catalogue général. B., Sire, 1897, in-8. 32 p. ; — Liste des récompenses, in-8, 16 p. — CONCOURS spécial de la race ovine berrichonne, tenu à Bourges en mai 1895. Compte rendu des opérations. B., 1895, in-8, 32 pag. — DRAPERIE (La) de Bourges rétablie sous le règne de Louis XIII, gouvernement de Henry de Bourbon, maire : P. Bengy, suivi des arrêtés. B., Levez, 1621, in-4, 48 p. [B. de B. E. 1244 et 1248] ; — Règlements, statuts et arrêté pour le rétablissement de la draperie de Bourges. B., Toubeau, 1666, in-4, 48 p. ; — Régle-


84 BOURGES : COMMERCE, INDUSTRIE, AGRICULTURE

ment et attributions de juridiction à MM. les Maire et Echevins pour les procès et différends, 16 octobre 1669. B., in-4, 16 p. ; — Statuts et ordonnances pour les marchands drapiers, merciers et épiciers. B., Toubeau, 1673, in-4. [B. de B. E. 1244 ] ; — Lettres patentes du roi portant règlement pour la fabrication des étoffes de laine de la Généralité de Bourges, du 22 juillet 1780, in-4, 8 p. [B. de B. S. 1637] ; — Mémoires et lettres de Lesage, entrepreneur de la manufacture royale de Bourges. B., Cristo, 1790. [B. de B. E. 1252 (6)]. — FORGES ET FONDERIES de Bourges. Statuts et acte de fondation de la Société. Mai-juin 1839. B., Manceron, in-4, 8 p. [B. de B.J ; — A MM. les Maire et Membres du conseil municipal à propos du dégrèvement des droits d'octroi pour l'usine métallurgique du faubourg d'Auron. B., Jollet, 1838, in-4, 3 p. ; — Notes explicatives au conseil d'administration sur les travaux de la fonderie de Bourges. B., Jollet, 1841, in-4, 40 p. [B. de B. E. 1408 (6)] ; — Mémoire de M. le Mls de Travanet à MM. les Actionnaires, sur la situation de l'établissement. B., Manceron, 1841, in-4, 26 pag. [B. de B. E. 1408]. - GALLICHER (Louis). Rapport à la Société d'agriculture de Bourges, sur les concours de machines à battre tenus à Bourges et notamment sur la machine de Gérard de Vierzon. B., in-8, 1853. —INSTRUCTION aux habitants de la ville de Bourges qui voudraient planter des mûriers. B., Vve J. Boyer, 1762. [B. de B. E. 1243]. — SÉGUIN et FOURCROY. Extrait d'un rapport sur un nouveau procédé de tannage. B., Brulass, an IV, in-8, 15 p. — SOCIÉTÉ d'agriculture établie en la ville de Bourges. Mémoire lu à la première séance, 1762 [B. de B. E. 1243 |.— SOCIÉTÉ des amis de l'agriculture et des arts, séante à Bourges. B., Brulass, an III, in-4, 4 p. [B. de B.] ; — Invitation aux citoyens amis de l'agriculture à fonder une société des arts, du commerce et de l'agriculture. Signé : Fouquet, président, Legrand, secrétaire. B., Brulass, an VII, in-4, 7 p. [B. de B. E. 1421, t. III, n° 106]; — Procès-verbal de la séance publique de la Société d'agriculture, du commerce et des arts de Bourges. B., 5 nivôse an IX, in-4, 12 p. — SOCIÉTÉ des courses vélocipédiques. Règlement du 5 juillet 1864. B., Marguerith-Dupré, 1864, in-12, 6 p. — TOUBEAU (Jean). Mémoire pour faire connaître au conseil du rov la facilité et la nécessité qu'il y a de rétablir le commerce de la ville de Bourges, B., 1678, in-4, 8 p. [B. de B. E. 1447 (1)] ; — Mémoire pour les maire et eschevins pour le rétablissement des foires dites du Palais à Bourges. B., 1678, in-4. [B. de B. E. 1447]. — TOUBEAU DE MAISONNEUVE (E.) Les anciennes corporations ouvrières à Bourges, cahier des règlements et ordonnances sur plusieurs estais et métiers (1591-1633), avec note et introduction. B., Pigelet, 1887, in-8. [B. de B., 1er, S. 599] ; — Histoire du Syndicat de l'ameublement de Bourges. B., Marguerith-Dupré, 1898, in-8. 37 p. [B. de B., 1523].


BOURGES : ARTS 85

ARTS

BARRAL (Abbé Adrien de). Création d'un musée diocésain à Bourges. B.. 1840, in-8, 16 pag. [B. de B. E. 1330]. — BOYER (Hippolyte). Le Théâtre à Bourges. Comptes rendus des représentations théâtrales. (Journal du Cher, mai, juin, juillet, août 1845 ; mai, juin 1855); — Antiquités et livres offerts au musée de Bourges et à la bibliothèque par M. Laisnel de la Salle. (Journal du Cher, 18, 21 juillet 1863) ;

— Engagement d'une actrice au théâtre de Bourges en 1645. (Mém. de la Soc. histor. du Cher, 1888, p. 283) ; — L'ancien théâtre à Bourges. Le théâtre du collège. B, 1892, in-8, 33 pag. (Mém. de la Soc. histor. du Cher. 1892, p. 33). — CHARMEIL (D.) Catalogue du musée de Bourges, peinture, 394 numéros. B., Jollet, 1869, in-8' 55 pag. — COMPTE RENDU de la conférence tenue à Bourges par les délégués des Sociétés provinciales d'architecture française, le 13 octobre 1869 et jours suivants. Nice, Gauthier, 1889, in-8, 60 pag. — CONCOURS musical de la ville de Bourges, des 6 et 7 juin 1897. Livret officiel, in-8, 32 pag. ; Programme des prix, in-8, 8 pag. [B. de B. 1226 et 1227]. —DES MÉLOIZES (Marquis). OEnochoé en bronze du musée de Bourges. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1897, p. 1, av. pl.) ; — Sur les moules en terre cuite des médaillons de J. R. Nini. (Cong. archéol. de France, 1868, p. 67). et (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1868, p. 307). — ECOLE DES BEAUX-ARTS de Bourges. Inauguration par M. Guillaume, inspecteur général, délégué du ministère. B., Senen, 1882, in-8, 22 pag. [B. de B. 1re S. 489]. — EXPOSITION artistique de la ville de Bourges en 1870, 3e section. Exposition rétrospective B., Jollet 1870, in-8, 31 pag. ; — EXPOSITION des BeauxArts de 1877. Circulaire de M. Boyer avec approbation de M. le Maire. B., 1877, in-4, 4 pag. ; — Lettre de M. le Maire, à M. Boyer, président de la Société historique, relative à l'organisation d'une exposition artistique, avec les règlements. B., Senen, 1879, in-4 4 pag. ; — Catalogue de la première section: Beaux-arts et arts appliqués à l'industrie. B., Marguerith-Dupré, 1879, in-8, 37 pag.;

— EXPOSITION artistique et rétrospective de 1886. 1re série, BeauxArts. Catalogue. B., Senen, 1888, in-8, 36 pag. ; — EXPOSITION des Beaux-arts de 1897, Livret-guide officiel, 15 mai, 15 juillet 1897. Liste des exposants et des objets exposés, avec notice sur Bourges, 1 vol. in-8 ; — Exposition scolaire au concours régional de Bourges de 1897. Rapport général et liste des récompenses. B., Sire, 1897, in-8, 52 pag. — GIRARDOT (Bon Th. de). Les artistes de la ville et de la cathédrale de Bourges depuis le moyen âge jusqu'à la révolution. Nantes, 1861, in-4, autog. av. pl. ; nouv. édit. Paris, Jouaust, in-8, 88 pag. (Archives de l'Art français, 1861, p. 209). — HUILLARD-BRÉ-


86 BOURGES : BELLES-LETTRES, ENSEIGNEMENT

HOLLES. Paul (de Limbourg), peintre du duc Jean de Berry (février 1434). (Archives de l'Art français, 1858-1860, p. 216 et 408). — LA GUÈRE (Vte Alph. de). Un masque de femme en marbre du XVe siècle au musée de Bourges. B., Pigelet, 1885, in-8, 15 pag. (Extr. des Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1885, p. 167). — LA GUÈRE (Cte R. de). Bracelets de bronze, (Ibid. p. 81. av. 2 pl.). — MATER (D.). Les tapisseries de l'ancienne collégiale de Saint-Ursin à Bourges, av. pl. (Congrès archéol. de France, 1898, p. 294). B. Pigelet, 1898, in-8, 5 pag. [B. de B. E. 1412] ; — Catalogue descriptif de quelques séries monétaires du musée de Bourges. (Mém. de la Soc. histor. du Cher, 1882, p. 345) ; — Collection sigillographique du musée de Bourges, av. appendice et pl. (Ibid. 1884, p. 335) ; — Description des bronzes figurés antiques du musée de Bourges. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1892, p. 31 et 1895, p. 1, av. 7 pl.). — MUSÉE (Création à Bourges d'un) départemental d'antiquités, d'histoire naturelle, etc. (Actes administ. de la Préfecture du Cher, 1834, n° 24). [B. de B. E. 1344]. - MUSÉE lapidaire de Bourges (Catalogue du). (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1870-72, p. 1 ; 1e r supplément, 1884, p. 1 ; 2e supplément, 188889, p. 67). — PIERQUIN DE GEMBLOUX. Notice sur le musée de la ville de Bourges. B., J. Bernard, 1840, in-8, 24 pag. — ROCHE (Abbé Aug.). Note sur saint Chalan à propos de son sarcophage conservé au musée lapidaire..(Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1889-90, p. 43). — ROGER (Octave). Sur trois épitaphes de la famille Mercier (XVIIe siècle), conservées au musée de Bourges. (Bul. de la com. d'hist. et d'archéol. du diocèse de Bourges 1869 p. 105). — THÉÂTRE (Salle du) de Bourges. Discours prononcé le 4 octobre par M. Planchat, maire, à l'occasion de la pose de la première pierre de la salle de spectacle. B., Jollet, 1858, in-8 (Extr. du Journal du Cher, 1858). [B. de B. E. 1452]. — La nouvelle année théâtrale à Bourges par G. Grandin et Fromentin, pièce-revue en 2 actes et 3 tableaux. B. Jollet, 1863, g. in-8, 8 pag. — Programme théâtral du Théâtre de Bourges, paraissant le jeudi et le dimanche, du 27 septembre 1874 au 7 février 1875. [B. de B. 3e S. 164].

BELLES-LETTRES, ENSEIGNEMENT

BARROIS. Bibliothèque protypographique ou librairie des fils du roi Jean, Jean de Berri, Charles et Philippe de Bourgogne, 1830, in-4, av pl. — BOYER (Hippolyte). Les Bibliothèques de Bourges. (Journal du Cher, mars, mai, juin et juillet 1854) ;— Histoire des imprimeurs et libraires de Bourges B , 1854, in- 8 [B. de B.]; — Les origines du journal à Bourges. B., 1855, in-8. (Le Courrier de Bourges, 1855). — BRUNEAU (Marcel). L'enseignement secondaire supérieur à Bourges de 1762 à 1792. Le collège Sainte-Marie. La


BOURGES : BELLES-LETTRES, ENSEIGNEMENT 87

faculté des Arts. (Mém. de la Soc. hist. du Cher, 1890, p. 1). — CATHERINOT (Nicolas). Annales académiques de Bourges, 23 septembre 1684, in-8, 4 pag. [B. de B F. tom. II, 8] et [B. Nle, Rés. Z, 1485]; — Scolarum bituricarum inscriptio. 1672, in-4, 12 pag. [B. de B. F. tom. II,24] ; — Annales typographiques de Bourges,23 juillet 1683, in-4, 8 pag. [B. de B. F. tom. I, 24] et [B. Nle, Rés. Z, 1488]; réimpr. B., Jollet, 1875, in -4, 8 pag. — COLLÈGE SAINTE-MARIE. Histoire du collège de Sainte-Marie de Bourges. Collection de pièces manuscrites relatives à sa fondation. Constitution, Statuts et ordonnances des escoles du collège de Navarre, premièrement instituées et fondées par Mme Jeanne de Champagne, jadis reyne de France, etc. collationnées par Jacques Thiboust de Quantilly, etc.. 1542. [Manuscrit de la Bibliothèque de Bourges]. — Récit de ce qui s'est passé à Bourges le 28 juillet 1604, lorsque M. de La Châtre remit les Jésuites en possession du collège. [B Nle, vo l 74, de la collection Dupuy ].

— Arrêt de la Cour du Parlement portant fixation des honoraires du principal, des régents et professeurs du collège de Bourges, du 4 décembre 1766. B., Vve Boyer, 1766, in-4. [B. de B. E. 1258]. — Compte rendu par le P. Rolland aux chambres assemblées concernant le collège que les soi-disant Jésuites occupèrent à Bourges, du 17 juin 1764. [B. de B. E. 1258]. — Mémoire instructif pour M. le Procureur du Roi au bailliage du Berry contre l'Université de Bourges et le sieur Duperron, principal du collège Sainte-Marie par Vermeil, avocat du Roi, avec les observations du recteur de l'Université. B., Vve Boyer, 1774, in-4, 28 pag. ; — Seconde consultation du Sr Vermeil, avocat, pour l'Université de Bourges et le principal du Collège, 19 mars 1774, in-4, 38 pag. [B. de B. E. 1258]. — Procèsverbal d'installation des PP. de la doctrine chrétienne en remplacement des PP. Jésuites, 1786. [Archives du Cher, D. 38]. — Exercice littéraire par les écoliers de seconde du collège royal de Sainte-Marie, des prêtres de la doctrine chrétienne. B , Cristo, 1787. ]B. de B. E., 1258]. — Arrêt du Parlement en faveur du collège, qui enlève à l'université de Bourges le droit de connaître de la police intérieure dudit collège, 1788. [Archives du Cher, D. 39]. — ECOLE CENTRALE de Bourges. Programme des Professeurs. B. Brulass, 1794, in-4, 16 pag.; — Adresse des professeurs de l'Ecole centrale à leurs concitoyens, particulièrement aux pères de famille, rédigée par le citoyen Bonnaire, professeur, 10 germinal an IV. In-8, 19 pag. ;— Procès-verbal de l'inauguration solennelle de l'Ecole centrale de Bourges. 25 prairial an III (1795), in-8, 34 pag. [B. de B. E. 1259ter] ;

— Procès-verbal de la fête célébrée en l'honneur des arts, à l'occasion de l'ouverture de l'Ecole centrale. B., Brulass, 1798, in-4, 31 pag.

— ECOLE NORMALE (Historique de l') d'instituteurs de Bourges par Sauvageot. (Mém. de la Soc. hist. du Cher, 1890, p. 67). — ECOLES


88 BOURGES : BELLES-LETTRES, ENSEIGNEMENT

PRIMAIRES. Nouvelle rédaction de trois projets de résolution sur les écoles : 1° sur les écoles primaires par Heurtault-Lammerville; 2° sur les écoles centrales par Bonnaire; 3° sur la police et surveillance des écoles publiques et privées. Paris, imp. Nle, an VII (1799), in-8 [B. Nle, Catal, de l'Hist. de France, tom. VI, p. 434, n° 2801]. — CATÉCHISME français ou principes de philosophie, de morale et de politique républicaine, à l'usage des écoles primaires. B., Manceron, an VI, in-18, 16 pag. (en vers). — ECOLE (L') supérieure au chef-lieu de canton. Discours prononcé à la Chambre des Députés, le 31 juillet 1876, par M. H. Brisson. Paris, 1876 (Extr. du Journal officiel, 1er août 1876); — Comment les cléricaux fondent les écoles, comment les autres les détruisent. Châteauroux, Migné, 1874, in-8, 23 pag. — BÉTHUNE-CHAROST (DUC de). Vues générales sur l'organisation de l'instruction rurale en France. Paris, an III, 1794, in-8, 26 pag. — INSTITUTION DE SAINTE-MARIE. Discours prononcé à la distribution des prix, le 28 juillet 1870 (Monographie de l'ancien couvent des Jacobins), par M. l'abbé Menu. B., Marguerith-Dupré, 1870, in-8, 8 pag. — Les origines de l'Institution de Sainte-Marie, discours prononcé à la distribution des prix le 28 juillet 1883, par M. l'abbé Rebrioux. B., Pigelet, 1883, in-8, 27 pag. — LYCÉE D'ÉMULATION de Bourges. Procès-verbal de la première séance, 20 germinal, an IX (10 avril 1801). B., Manceron, in-12, 23 pag. [B. de B. E. 1344]; - Règlement avec cette devise « Vires acquirit eundo ». B., Manceron (s. d.), [1801], in-4, 4 pag. [B. de B. E. 1344]; — Rapport des travaux du Lycée d'émulation de Bourges du 1er pluviôse au 25 thermidor an IX. B., in-8, 8 pag. — LYCÉE de Bourges. Le Banquet de la Saint-Charlemagne au Lycée de Bourges, pièce de vers par M. Félix Ratier. B., 1861, in-8, 4 pag. [B. de B. 3e série, 151];

— Association amicale des anciens élèves du Collège et Lycée de Bourges. avis aux anciens élèves et projet de statuts. 1877, in-4, 4 pag. ; — Circulaire pour inviter les anciens élèves à faire partie de l'association. 1880, in-8, 4 pag. ; — Comptes rendus des réunions annuelles avec liste des adhérents, années 1883 et suivantes, in-8;

— Souvenirs intimes du Collège de Bourges, par Louis Roubet. Châteauroux, 1884. [B. de B. suppl. n° 980]. — OMONT (Henri). Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque publique de Bourges. (Catal. général des manuscrits des biblioth. publiques de France, tom IV, 1886, p. 1). — SYNDICAT DES SOCIÉTÉS SAVANTES de Bourges à l'effet d'affermer à la Ville, l'Hôtel Lallemant, pour y transporter le siège de leurs Sociétés B., Jollet, 1877, in-8, 14 pag. ; — Pétition adressée à MM. les Membres du Conseil municipal pour l'installation du Musée dans l'ancienne église des Carmes. B., Jollet, 1877, in-8, 14 pag. av. pl. — SILHOUETTES de Bourges. Le Cercle JacquesCoeur, par son vice-président [M. Aufrère], B., Marguerith-Dupré, 1890,


BOURGES-BANLIEUE 89

in-18, 27 pag. — UNIVERSITÉ DE BOURGES. Jurisprudentia a primo et divino sui ortu, ad nobilem Biturigum academiam deducta. Lugduni, 1554, in-8. [Poème anonyme en 65 pag. avec épître dédicatoire de Barth. Aneau (Anulus). [B. de B. D. 726] et [B. Nle]. - Transaction faite entre les maire et échevins de la Ville de Bourges et MM. de l'Université, du 27 juillet 1581. B., 1654, in-4. — De Universitate Biturigum. (Extr. de : Notitia regni Francice, par de Limmoeus. 1655, 2 pet. in-fol., tom. II, p. 281). — Transaction faite entre les maire et échevins de la Ville de Bourges et MM. de l'Université, du 27 juillet 1754. B., Cristo, 1754, in-4. [B. de B. E. 1260]. - DUCHASSENET. De l'Université de Bourges et de la magistrature des Parlements. (Revue du Berry, 1866, pp. 55, 97, 129 et 161]. — DUPUIS (F.). Rapport sur un diplôme délivré au XVIIIe siècle à un étudiant allemand de l'Université de Bourges. [Bul. de la Soc. Archéol. de l'Orléanais, 1870, p. 96]. — FOURNIER (Marcel). L'ancienne Université de Bourges (1453-1500). (Mém. de la Soc. histor. du Cher, 1893, p. 1). — GRANDMAISON Y BRUNO (Félix de). De la splendeur de l'ancienne école de droit de Bourges et de l'importance de son rétablissement. B., Vermeil, 1829, in-8, 60 pag. — HIVER DE BEAUVOIR. L'enseignement d'Alciat et de Duaren à Bourges. (XVIe siècle). (Comité des Trav. hist. et scientif. Mémoires lus à la Sorbonne. Histoire, tom. VII, 1869, p. 405). — QUINCEROT (de). Mémoire de ce qu'il m'en a coûté pour recevoir le bonnet de docteur. (Note de M. Bonnet, reçu docteur à Bourges, le 24 novembre 1739). (Bul. de la Soc. Académ. du Centre, tom. IV, p. 283). — RAYNAL (Louis). De l'enseignement dans l'ancienne Université de Bourges. Discours du 4 novembre 1839, in-8, 32 pag. (Journal du Cher, 1839). [B. de B. E. 1475 ou 1259].

Bourges-Banlieue

ANCILLON (Alfred). Asnières-les-Bourges et le tombeau de lady Fotheringham. (Mém. de la Soc. histor. du Cher, 1882, p. 227). — BAILLY (François). L'incendie d'Asnières-Ies-Bourges dans la nuit du 11 août 1853. (Vers). B., 1853, in-8, 12 pag. [B. de B.] ; — Le triomphe des trois cloches de l'horloge d'Asnières, ensemble cinq prophéties. B., Jollet, (s. d.), in-32, 8 pag. — PLAINTES, doléances et remontrances présentées par les syndics et les habitants d'Asnières, paroisse de Saint-Privé de Bourges, mars 1789. (Archives du Cher).— BUHOT DE KERSERS. Stèles romaines découvertes à Saint-Aoustrille, près Bourges, en 1890. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1892, p. 39.)


90 BOURBONNAIS — BOUZAIS

Bourbonnais, ancienne province du royaume de France, dont la partie nord-ouest a longtemps fait partie du Berry. Le Bourbonnais a été composé au XIIIe siècle, au détriment des provinces voisines : Berry, Marche, Auvergne et Nivernais, pour agrandir l'apanage des ducs de Bourbon.

ALLIER (Achille), Louis BAPTISSIER, Adolphe MICHEL. L'ancien Bourbonnais, suivi d'une excursion pittoresque sur les frontières (Berry et Marche), 1833-37, 2 vol. in-fol. [B. de B., E. 1231]. - AUROUX DES POMMIERS. Coutumes générales et locales du pays et duché de Bourbonnais, avec Commentaires. Paris, 1732, in-fol. ; nouv. édit. 1741, in-fol. — BROC DE SÉGANGE (DU). Les anciennes communautés de cultivateurs dans le Centre de la France, avec fig. (Soc. d'émulaty. du Bourbonnais, 1898, pag. 211, 253, 382). — CLÉMENT (L'abbé). Les cryptes bourbonnaises, Bilty, Domerat, Saint-Désiré, Vicq. (Ibid., 1896, pag. 36. 66, 102). — DOCUMENTS inédits relatifs à Jean 1er, duc de Bourbon, 1430-1433. (Bullet. de la Soc. d'émulal. de l'Allier, 1846-50, pag. 317). — NICOLAY (Nicolas DE). Générale description du Bourbonnais, manuscrit de la Bibliothèque Nationale [XVIe siècle], publié avec introduction et table des noms par Veyssières. Moulins, 1889, 2 vol. in-8, avec planches. — PERROT (Francis). Jeanne-d'Arc en Bourbonnais. Orléans, 1889, in-8.

Boussae, Creuse, chef-lieu d'arrondissement (anc. duché de Berry)

AUCAPITAINE (Henri). Notes historiques sur la ville, le château de Boussae et la famille de Brosse. Paris, Dumoulin, 1853, in-8. — CALLIER (G.). Notes sur les tapisseries de Boussae. Guéret, Amiault, 1888, in-8, 24 pag. avec fig. — CHASTILLON (Claude de). Vue de la ville de Boussac. (Extr. de la Topog. de la France. Paris, 1615). [B. de B. E. 1240].— DEGRANDCHAMP (Ch.). Soixante heures au château de la Terrade. Chambon, Rousselot, 1866, in-8, 48 pag. — Du SOMMERARD (E.). Tapisseries du XVe siècle provenant du château de Boussac. (Bul. du Com. des Trav. histor. et scientif. tom. I, 1882, p. 323). — GEORGE SAND (Jeanne), chap X. — GUIZARD. Sur des monnaies des Comtes de la Marche, trouvées à Malleret, XIIIe siècle. (Mém. de la Soc. des Sciences et d'Antiq. de la Creuse, tom. I, 1847, p. 5).

Bouzais. Cher, canton de Saint-Amand. commune.

SAINT-VENANT (J. DE). Tumulus à Bouzais, près Saint-Amand. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1891, pag. 17).


BRÉCY — BRENNE (LA) 91

Bréey, Cher, canton des Aix, commune.

CHENU (Jean). Le procès des sorciers de Bréey en Berry. (Fait partie de : Notables et singulières questions de droit, 1620. in-4). [B. de B., 1re série, 326]. — DUMOUTET. Sur le château et l'église de Bréey. (Bull, de la Com. d'hist. et d'archéol. du dioc. de Bourges, 1874, pag. 317).

Brenne (La). Partie occidentale du département de l'Indre, située entre les deux rivières la Creuse et l'Indre.

BÉNARD (Emile). Essai sur les améliorations agricoles à faire en Brenne, particulièrement au point de vue du reboisement des landes et des mauvaises terres de cette contrée, 1862, in-8 ; — Rapport sur les améliorations à faire dans les diverses natures de brandes et de sables secs de la Brenne. (C.-R. des trav. de la Soc. de l'Indre à Paris, 1855-56, pag. 96). — BERNARD. Rapport sur le projet de M. Aristide Dumont pour l'assainissement de la Brenne. (C.-R. des trav. de la Soc. de l'Indre à Paris, 1855-56, pag. 76 ; — Rapport sur le drainage et sur l'ouvrage de M. Hervé Mangon. (Ibid., 1859-60, pag. 56). — BERTRAND. De la Brenne au point de vue médical. Thèse pour le doctorat. Paris, 1857, in-8. — BOURDIN. DU dessèchement de marais et terrains submergés. Paris, Imp. Nationale [1793], in-8. — CATTINI DE VALÈRE. Les petites passions, à propos des marais de la Brenne, réponse à M. E Bénard, maire de Buzançais. Poitiers, 1862, in-8. — CHATIGNIER. Mesures administratives dont les étangs de la Brenne pourraient être l'objet au point de vue de la salubrité publique. (C.-R. des trav. de la Soc du Berry à Paris, 1857-58, pag. 76); — Législation applicable aux étangs de la Brenne, rapport de mai 1862. (Ibid., 1861-62, pag. 48) ; le même. Paris, Chaix, 1862, in-8 ; — Des associations syndicales relatives aux irrigations. (Ibid., 1864-65, pag. 325). —CHAUVIGNÉ. Géographie historique et descriptive de la Champagne tourangelle et de la Brenne. (Bull, de géog. hist. et descrip., 1894, pag. 179, av. cartes). — DESPLACES (Auguste) Lettre à M. de Sainte-Beuve sur la Brenne. (Revue de Paris, 29 mars 1841). — DUMONT (Aristide). Etude sur la Brenne ou petite Sologne. Paris, 1852, in-8. — Esquisses pittoresques de l'Indre, édit. de 1882, in-4, pag. 285. — GAUDON (Dr Constantin). De la Brenne et de ses étangs. Paris, 1860, in-8. — GIGOT. Sur la nature des émanations marécageuses de la Brenne et de la Sologne. (C.-R. des trav. de la Soc du Berry à Paris, 1858-59, pag. 172). — LAMBRON (Dr Ernest). Etude sur les fièvres intermittentes dans le département de l'Indre, 1852. [B. de B., 1re série, 82]. — LANCOME DE BRÈVES. Rapport au Conseil Général de l'Indre sur les moyens d'assainir la Brenne et d'y améliorer la race


92 BRETAGNE — BRIANTES

chevaline [1855], Châteauroux, in-8. — LA TRAMBLAIS (DE). Considérations sur la Brenne du département de l'Indre. Châteauroux, Migné, 1877, in-8. [B. de B, E. 1357]; — Notice sur les routes agricoles de la Brenne. (C.-R. des trav. de la Soc. du Berry à Paris, 1859-60, pag. 85). — LEHON (Dr). La Brenne. Recherches sur les fièvres intermittentes, le dessèchement et la mise en culture des terres marécageuses. Paris, Bouchard-Huzard, 1862, in-8, 31 pages. — LESCOT DE LA MELLANDRIE. Assainissement de la Brenne. Proposition au Conseil Général de l'Indre. Châteauroux, 1860, in-8. — MARIVAULT (DE). Des étangs de la Brenne et de la nécessité d'une législation nouvelle pour en régler le mode de possession. Paris, 1826, in-8, 53 pages ; — De la Brenne et de son avenir. Châteauroux, 1845, in-8, av. p1. — MAURENCQ. Rapport sur la Brenne et son assainissement. (C.-R. des trav. de la Soc. de l'Indre à Paris, 1853-54, pag. 45) ; — Fondation d'une Société d'encouragement pour l'assainissement de la Brenne. [1855]. [B. de B., E. 1457bis]. — RIGODIN (Dr). Des fièvres intermittentes en général et en particulier de celles qui ravagent la partie du département de l'Indre appelée la Brenne. Poitiers, 1853, in-8. — SICOT. Assainissement de la Brenne, construction de routes agricoles, avant-projet, rapport évaluatif et explicatif, avec plan. (C.-R. des trav. de la Soc. du Berry à Paris, 1858-59, pag. 85). — VORYS (DE). Dagobert en Brenne, chronique du vu» siècle, (Revue du Bas-Berry, 1875, pag. 15).

Bretagne, Indre, canton de Levroux, commune.

HUGUENOT (L'abbé). Un cimetière gallo-romain à Bretagne. (Bull, de la Soc. acad. du Centre, 1884, pag. 116).

Briantes, Indre, canton de La Châtre, commune.

BOURDEAU DE FONTENAY. Histoire de Notre-Dame de Vaudouan, 1761. (Manuscrit appartenant à M. Hipp. Baucheron, de La Châtre). — CAILLAUD (Abbé). Histoire de Notre-Dame de Vaudouan, gB., tPigelet, 1858, in-8. [B. de B., E. 1273]. — DESPLANQUES. Du pillage de quelques abbayes du Berry. (C.-R. des trav. de la Soc. du Berry à Paris, 1859-60, pag. 174). — Esquisses pittoresques du département de l'Indre, édit. de 1882, p. 112. — FAUCONNEAU-DUERESNE. Le pèlerinage de Vaudouan. (Revue du Berry, 1878, pag. 20). — POLI (Oscar DE). Vaudouan, chronique du Bas-Berry. Paris, 1865, in-12; nouv. édit. B., Pigelet, 1874, in-18 (avec tous les chants de la procession et le cantique du Bon Pèlerin). — [PORCHER DE LISSONAY], Histoire de NotreDame de Vaudouan par P. L. C. D. L. La Châtre, Arnault, 1817, in12. [B. de B.. E. 1273], — VILLEBANOIS, de Sainte-Sévère. La véritable histoire de N -D. de Vaudouan, sa chapelle, son pèlerinage et ses


ERIDIERS — BRUÈRE-ALLICHAMPS 93

faits miraculeux, mise en lumière d'après le manuscrit authentique composé en 1679, publié par E. Demay, petit-neveu de l'auteur. Châteauroux, Majesté, 1896.

Bridiers. Voir : LA SOUTERRAINE.

Brion, Indre, canton de Levroux, commune.

AUTORDE. Inauguration d'une foire à Brion, province de Berry, le 20 décembre 1598. Châteauroux, Nuret, 1876, in-8, 16 pages. (Revue du Centre, 1876, pag. 346). — LA TOUR DU BREUIL (DE). Rapport sur la plantation du vignoble de la Croix-des-Bunes, commune de Brion. (C.-R. des trav. de la Soc. du Berry à Paris, 1858-59, pag. 123).

Brives, Indre, canton d'Issoudun, commune.

DES MÉLOIZES (Mis). Pierre tombale mérovingienne découverte à Brives, av. pl. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1889, pag. 165).

Brosse (Forteresse de). Voir : CHAILLAC.

Brouté (Château de). Voir : TENDU.

Brout-Vernet, Allier, canton d'Escurolles, commune (ancien duché de Berry, ancien diocèse de Bourges).

BOUDANT. Un épisode des guerres de religion ou les ruines de l'ancienne ville d'Ecole. Moulins, Desrosïers (s. d.), in-8, 8 pages. [B. de B., E. 1323]. (Extr. de l'Art en Province, 1854).

Bruère-Allichamps, Cher, canton de Saint-Amand, commune.

AMBERT. Notice sur la propriété et l'orphelinat de l'abbaye de Noirlac Saint-Amand, 1884, in-12, 16 pages. — AYMÉ CÉCYL [Adrienne Depuichault]. La légende de Noirlac. Tournai, 1866, in-12, 72 pages. — BERRY. Sur un écusson en cuivre trouvé à Allichamps. (Bull, de la Com. d'hist. et d'archéol. du diocèse de Bourges, 1868, pag. 99). — BUHOT DE KERSERS. Observations sur l'église de Noirlac. (Semaine religieuse du Berry, 1877). — CARTIER SAINT-RENÉ. M. Pajonnet, curé d'Allichamps et le duc de Chârost, découvertes et lettres inédites. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1875-76, pag. 283). — CHASTILLON (Claude DE). Vue des ville et château de Bruyères. (Extr. de la Topog. de la France, 1615). [B. de B., E. 1240]. — GIRARDOT (Bon DE). Correspondance de M. Pajonnet, prieur d'Allichamps, avec divers savants, XVIIIe siècle. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1877, pag. 299) ; — Pose du milliaire d'Allichamps sur la place de Bruère. (Ibid., 1877, pag. 323). — GRANDMAISON Y


94 BUÉ — BUZANÇAY

BRUNO (Félix DE). Le moine de Noirlac et le seigneur de Montrond. Saint-Amand, 1842, in-18. — LALANDE (Marcel). Conférence historique sur Noirlac, juin 1900. Saint-Amand. 1900, in-8, 8 pages. [B. de Saint-Amand]. — LEFÈVRE-PONTALIS (Eugène). L'abbaye de Noirlac, av. 7 pl. (Congrès archéol. de France, tenu à Bourges en 1898, 1898, pag. 223). — LEFORT (Louis). Sur le milliaire d'Allichamps. Bull. de la Soc. des Antiq. de France, 1878, pag. 235). — LÉGENDE du plan de redressement de la route de Saint-Amand à Bourges, contenant le plan de la place du milliaire d'Allichamps, 1797. [Archivés du Cher]. — MOYNE (L'abbé). Restauration et conservation de l'abbaye de Noirlac. Saint-Amand (s. d.) [1894], in-8. — PAJONNET (Abbé François). Dissertation à l'occasion d'une lettre écrite au rédacteur des Affiches du Poitou. (Affiche de Bourges, décembre 1787 et janvier 1788). — RAPPORT de la 22e Commission d'intérêt local sur un projet de loi tendant à rectifier les limites des communes de La Celle-Bruère et d'Allichamps, 29 mai 1884, in-4, 6 pages. — ROLLET (Louis). Note sur Allichamps. (Mém. de la Soc. hist. du Citer, 1874, pag. 167). — VOYAGE à Noirlac (Les Annales de Loigny, n° 102, mai 1897). [B. de SaintAmand] .

Bué, Cher, canton de Sancerre, commune

JENY (Lucien). Le pays de Bué-en-Sancerre, histoire et légende, avec documents inédits. Sancerre, Pigelet, 1895, in-8, 78 pages.

Bussières (La), Vienne, canton de Saint-Savin, commune (ancien duché de Berry).

RAPPORT sur les fouilles de La Bussiere. (Mém. de la Soc. des sciences et d'antiquités de la Creuse, 1847, pag. 37).

Buxières-la-Grue, Allier, canton de Bourbon-l'Archambault, commune (ancien duché de Berry et ancien diocèse de Bourges).

GRÉGOIRE. Notes météorologiques tirées des registres de Buxièresla-Grue (1783-1798) et du Veurdre (1789). (Soc. d'émulation du Bourbonnais, 1894, pag. 83).

Buzançais, Indre, chef-lieu de canton.

BOUTET (Camille). Quelques notes sur les dîmes dues par les terre et comté de Buçanzais. (Bull, de la Soc. acad. du Centre, tom. IV, pag. 288). — CAMÉLÉON (Aimé-Joseph). Carte du comté et grandesse de Buzançais, Arçay et Paleau, à M. Paul de Beauvilliers, duc de SaintAignan. (Carte de 0m 75 sur 0m 90). [Arch. NIes, série N, n° 8]. — CHASTILLON (Claude DE). Vue des ville et château de Buzançais. (Extr.


BUZANÇAY 95

de la Topog. de la France, 1615). [B. de B., E. 1240]. — CLAUDIUS. La Motte d'Anjou près de Buzançais. (Revue du Centre, 1880, pag. 15). — COUR D'ASSISES de l'Indre. Affaire de Buzançais. Pillage, assassinat, incendie, etc.. Acte d'accusation, déposition des témoins. Arrêt de la Cour.. Paris, Chassaigne (s. d.) [1847], in-fol. [B. Nle, Calai, de l'Hist, de France, tom. III, pag. 791]. [B. de B., E. 1476]. — DAMOURETTE (L'abbé). Origines de la famille d'Hervé de Buzançais, trésorier de la collégiale et constructeur de la basilique de SaintMartin de Tours. (Congrès archéol. de France, tom. XL, 1873, pag. 621). — Esquisses pittoresques du département de l'Indre, édit. de 1882, p. 381. — PLAN de l'arrondissement du grenier à sel de Buzançais comprenant toutes les paroisses de l'arrondissement, [Arch. Nles, série D, n° 211].

(La suite au prochain volume)



JOURNAL

de

Jacques - François - Etienne LEBOYS DES GUAYS

Brigadier au 24e Régiment de Chasseurs

PENDANT LA CAMPAGNE DE 1813

7



NOTICE BIOGRAPHIQUE

Jacques-François-Etienne Leboys des Guays (1) naquit à Châtillonsur-Loiug, le 18 octobre 1794. Il était fils de Jacques-François Leboys des Guays, ancien officier de la Maison du Roi, et de AnneFrançoise Roberet.

En 1812, il s'engagea dans la cavalerie. Il assista aux batailles de Leipzig et de Waterloo. Après son licenciement, il étudia le droit et devint, en 1827, juge au Tribunal de Saint-Amand, fonctions qu'il conserva jusqu'en septembre 1830. Entre temps il collaborait avec succès à un journal de droit la Thémis. Il épousa à Saint-Amand, le 14 octobre 1827, Clotilde-Louise Rollet, fille de Pierre-Charles Rollet et de Anne-Agathe Taboüet, d'une ancienne famille de SaintAmand (2).

Le 27 août 1830, il fut nommé sous-préfet de Saint-Amand, mais il ne tarda pas à être destitué à cause de ses opinions libérales (27 septembre 1831). En 1848, on voulut lui donner la fonction de commissaire du Gouvernement pour Saint-Amand, il n'accepta pas. Il siégea au conseil municipal de Saint-Amand de 1834 à 1849 (3).

Par suite de circonstances fort curieuses, M. Leboys des Guays s'enthousiasma des doctrines du théosophe suédois Swedenborg et fit une grande propagande en faveur de la religion la Nouvelle Jérusalem ou Nouvelle Eglise du Seigneur. Il traduisit en français tous les ouvrages de Swedenborg, fonda une revue la Nouvelle Jérusalem, et écrivit un grand nombre d'ouvrages concernant cette religion. Sa femme et son beau-frère, Eugène Rollet, qui fut député du Cher, furent ses collaborateurs dévoués.

M. Leboys des Guays mourut à Saint-Amand, le 18 décembre 1864.

EDOUARD BRODY DE LAMOTTE.

1. LACROIX. Leboys des Guays, 1859, in-8. (Extrait du Panthéon littéraire).

HARLÉ. Notice sur Leboys des Guays (2e volume des Mélanges de J. F. E. Leboys des Guays). Saint-Amand, Destenay, 1865.

CHEVRIER. H istoire sommaire de la Nouvelle Eglise. Saint-Amand, Destenay, 1879.

VAPEREAU. Dictionnaire Universel des Contemporains, 1865.

Louis ROLLET. Essai de Bibliographique berruyère. (Mém. de la Soc. Hist. du Cher. 1885-1886.)

(2) Généalogie de la famille Bollet, par Louis ROLLET, revue et augmentée par Edouard Brody de Lamotte. Saint-Amand, Pivoteau 1911.

(3) Sa lettre de démission est conservée aux archives municipales de SaintAmand. (Série K. L. 7 k. 3, Elections municipales.)



INTRODUCTION

Après le désastre de son armée en Russie, Napoléon partit pour Paris où il arriva subitement le 18 décembre 1812, à minuit, dans le but de demander à la France de nouveaux sacrifices. Par la voie des sénatus-consultes, il leva 100.000 hommes sur les conscriptions de 1809 à 1812 et appela, par anticipation, d'abord 150.000, puis 90.000 conscrits de la classe de 1814 qui devaient rejoindre, dans les dépôts, les 137.000 conscrits de la classe de 1813. Leboys des Guays, qui s'était, engagé en 1812, faisait partie de cette classe de 1814.

C'est le 30 août 1813, d'après son propre témoignage, qu'il arriva à Leipzig. A ce moment, la situation de l'Empereur était critique. Si la campagne de printemps fut heureuse à Lûtzen et à Bautzen, la campagne d'automne, au contraire, s'annonçait mal. Au lendemain de l'armistice de Pleswitz — suivi du Congrès de Prague — Napoléon avait été victorieux des Autrichiens à Dresde (26-27 août); mais ses lieutenants étaient partout écrasés : Vandamne, chargé de poursuivre les Autrichiens de Schwarzenberg dut capituler à Kulm en Bohème (29-30); Macdonald fut battu par BlùCher, commandant de l'armée de Silésie, sur les bords de la Katzbach(26 août); trois jours auparavant, Oudinot, qui menaçait Berlin, était repoussé par le prussien Bulow, lieutenant de Bernadotte à Gross-Beeren ; son successeur, Ney, ne fut pas plus heureux à Dennewitz (6 septembre). Berlin était sauvé. A la suite de ces combats, les armées des coalisés, épuisées de fatigues, passèrent le mois de septembre autour de Dresde, sans engagements sérieux.

Quel sera le rôle de Leboys des Guays? Il fait partie d'un escadron isolé du 24e chasseurs à cheval; le reste de son régiment, probablement sous les ordres de Sébastiani, avait été très éprouvé à la bataille de la Katzbàch et se retirait sur Dresde. Avant de rejoindre le 24e, Leboys des Guays ne cessera, du 30 août au 7 octobre, de rayonner autour de Leipzig, afin de disperser les éclaireurs ennemis qui harcèlent sans cesse les Français; le 2 septembre, avec ses compagnons


102 JOURNAL DE LEBOYS DES GUAYS

d'armes, il entre sans coup férir à Wurtzen, à cinq lieues de cette ville, retourne à Leipzig le 4, participe le 10 à l'expédition de Düben sur le chemin de Berlin, revient à Leipzig le 12; le 15, il se dirige, cette fois, sur la route de France, passe à Lützen, se bal pour la première fois, la nuit, et nous fait connaître ses impressions : « les gémissements et les cris des mourants ajoutaient encore à l'horreur des ténèbres et me glaçaient d'effroi... » Le 16, de retour à Leipzig, il faut recommencer les mêmes chevauchées, car « le nombre des partisans qui inondaient les environs augmentait chaque jour ». Le 23, il repart pour Weissenfels occupé de nouveau par l'ennemi; là, il rencontre beaucoup « d'éclopés » de son régiment — décimé à la Katzbach — qui vont à Francfort-sur-le-Mein. Le 27, nouvelle alarme, marche sur Lützen, retour le 29 à Weissenfels, où l'hostilité de la population et du 2 e régiment badois fait courir un grand danger aux Français. Le 30, avec une patrouille composée de dragons, de cuirassiers et de lanciers, il explore la route de France du côté de Naumbourg et observe « que l'insolence des habitants augmente de jour en jour... » De graves événements se préparaient.

A ce moment, en effet, les trois armées ennemies — du Nord avec Bernadote, de Silésie avec Blücher et de Bohême avec Schwarzenberg — formaient un demi-cercle et se proposaient d'envelopper Napoléon afin de lui couper la route de France en l'enfermant en Saxe. L'Empereur, naguère si lucide et si résolu, paraît hésitant et fantasque ; menacé d'être débordé par les alliés qui débouchent de tous côtés en arrière de Dresde, il se décide enfin à concentrer ses forces dans les plaines de Leipzig où allaient se jouer les destinées de l'Empire et aussi de la France.

Le 5 octobre, Leboys des Guays reçoit l'ordre de rejoindre son escadron et ensuite son régiment. Il traverse Leipzig, arrive à Colditz sur la Mulda, retrouve ses camarades qui le croyaient mort, passe à Meissen et, non loin de Dresde, est incorporé définitivement au 24e chasseurs. Il revient sur ses pas, rencontre l'ennemi le 9 octobre — sans pouvoir fixer l'endroit où fut livré le combat — se trouve le 12 près de Wittemberg, constate que la discipline se relâche en même temps que se développe la maraude. Le 14, au lieu de marcher sur Berlin, il prend la route du sud-ouest et, le 15,


PENDANT LA CAMPAGNE DE 1813 103

s'arrête « au sud-est de Leipzig ». Le lendemain devait avoir lieu ce choc formidable de 500.000 soldats qui dura quatre jours et qu'on a appelé la bataille des Nations.

La lutte commence le 16 octobre au matin. Au sud, sur le plateau de Wachau — où combat Leboys des Guays — Napoléon, avec les corps d'Augereau, Victor, Lauriston, Macdonald, secondés par la cavalerie de Latour-Maubourg et de Sébastiani — dont fait partie sans doute le 24e chasseurs — défend énergiquement, contre Schwarzenberg, les positions de Mark-KIoeberg et de Lieberwolkwitz ; puis, faisant avancer les réserves de la garde avec Mortier et Oudinot, lançant les cuirassiers de Murat et les dragons de Kellermann dans une charge terrible, il refoule l'ennemi jusqu'à Gulden-Gossa où le général Maison s'arrête avec les débris de sa division : « Mes enfants — s'écrie cet héroïque soldat — c'est aujourd'hui le dernier jour de la France; il faut que nous soyons tous morts ce soir.» De 9 heures de matin à 2 heures du soir, Leboys des Guays prend part à quatre charges successives : « la terre, dit-il, était couverte de shakos, de carabines, de sabres, de pistolets, de harnachements de chevaux, de cadavres palpitants... » Il nous fait un tableau déchirant des souffrances des blessés : « la mort n'eût-elle pas été mille fois plus douce pour eux!... »

Au nord, Marmont avec 20 000 hommes contre 60.000, abandonne à Blücher le village de Moeckern et se retire derrière la Partha, tandis que Margaron défendait à l'ouest, contre Giulay, le pont de Lindenau et la route de Lützen qui formait la seule ligne de retraite.

Le lendemain, comme le constate avec raison Leboys des Guays, « il y eut une sorte de trève ». Des deux côtés, on était épuisé et Leboys accablé de fatigue, avoue qu'il avait beaucoup souffert du froid et de la faim.

Les négociations engagées avec les alliés par l'intermédiaire du général autrichien Merfeldt ne pouvaient réussir : «je vous plains avait-il dit, en quittant nos avant-postes, vous êtes enfermés comme dans une souricière ».

Pour comble de malheur, les 110.000 hommes de l'armée de Bernadotte se joignent aux coalisés. Napoléon semble envisager l'idée de la retraite et ramène en arrière, plus près de Leipzig, ses différents corps.


104 JOURNAL DE LEBOYS DES GUAYS

La journée du 18 va être décisive : les ennemis sont prêts à faire tous les sacrifices pour vaincre, et reprennent vigoureusement l'offensive; A gauche, malgré la trahison des Saxons, Napoléon résiste aux attaques de Bernadotte. Au centre et à droite, les Français conservent leurs positions menacées par une formidable canonnade qui impressionne vivement Leboys des Guays : son régiment est très éprouvé; beaucoup d'officiers sont morts. Il s'aperçoit avec inquiétude que « les batteries ennemies nous serrent de plus en plus ». A 6 heures du soir, le bruit de la retraite commence à circuler dans les rangs. L'armée entière était bloquée par toutes les forces de l'Europe. Il ne restait plus qu'à «garder la position que nous occupions jusqu'à ce que la route de France fût ouverte. »

Ici s'arrête brusquement le journal de Leboys des Guays. Mais on connaît le dénouement de cette tragédie sanglante.

Il était impossible de renouveler une telle résistance car les munitions étaient épuisées : on avait tiré, dans les trois jours 320.000 boulets ou obus et il n'en restait plus que 16.000. Ordre fut donc donné de commencer la retraite dans la nuit. Malheureusement, dans la journée du 19, pendant que l'arrière-garde disputait pas à pas les faubourgs de Leipzig; l'unique pont de l'Elster — comme celui de la Bérésina — fut détruit trop hâtivement : 30.000 soldats restèrent prisonniers, une partie s'échappèrent à la nage, d'autres se noyèrent.

Plus de 120.000 hommes étaient tombés dans cette funèbre plaine; mais l'Allemagne était libre et Napoléon, vaincu, regagnait la France, poursuivi impitoyablement par les alliés : selon un mot célèbre, il n'avait plus qu'un fantôme d'armée, à peine capable d'un fantôme de résistance.

P. DUPÉRON


JOURNAL

Août-Septembre 1813 (1).

Les alarmes étaient si fréquentes qu'il nous

était impossible de nous écarter des écuries ; nos chevaux restaient sellés toute la nuit et nous étions obligés de coucher auprès d'eux, sabre au côté, carabine au crochet, bottés, la bride au bras (2).

Le nombre des Cosaques (3) qui harcelaient Leipsick augmentait continuellement; de jour en jour, ils devenaient plus insolents, et il ne se passait pas de nuit qu'il n'y eût des alarmes vraies ou fausses, car les hommes n'ont pas assez des maux qui les accablent, il faut encore qu'ils s'en forgent d'imaginaires. Enfin, pour leur résister plus facilement, on forma de toute la cavalerie qui se trouvait dans la ville quatre régiments provisoires ; notre escadron fut compris dans le second ; les quatre régiments allaient tous les matins manoeuvrer ensemble dans les plaines qui entourent la ville, autant pour dresser les jeunes conscrits, que pour intimider les partis de Cosaques qui rôdaient çà et là.

Le 2 septembre, nous changeâmes de logement et, pour plus de commodité, nos chevaux furent placés dans le même faubourg. Le lendemain soir, en revenant du fourrage, nous reçûmes ordre de monter à cheval et

(1) Les quatre premières pages manquent.

(2) Les indications suivantes du manuscrit précisent qu'à ce moment Leboys des Guays se trouvait à Leipsick.

(3) Leboys des Guays explique plus loin que l'on donnait le nom de Cosaques à toutes les troupes ennemies.

(3 sept.)


106 JOURNAL DE LEBOYS DES GUAYS

d'aller chasser les Cosaques qui venaient de s'emparer de Würtzen, petite ville à cinq ou six lieues de Leipsick. Il était quatre heures lorque nous partîmes de la ville et nous arrivâmes sur les neuf heures auprès de Würtzen. La nuit était obscure et nous laissait à peine distinguer les objets, lorsque plusieurs feux que nous aperçumes au loin nous apprirent que nous n'étions pas éloignés de la ville et que les ennemis, ainsi qu'on l'avait dit, en étaient en possession. Nous fîmes halte pour charger nos armes et nous nous remîmes en route en observant le plus grand silence ; nous approchions insensiblement des feux qui nous semblaient être de l'autre côté de la ville et nous redoublions d'attention, quand, tout à coup, nous entendîmes partir deux coups de carabine. Notre chef d'escadron fit aussitôt arrêter la colonne. Nous n'étions que deux cents hommes et nous ignorions les forces de l'ennemi ; il n'aurait donc pas été prudent de s'avancer plus avant sans connaître le nombre des Cosaques qu'il y avait dans la ville. Il nous fit cacher dans un chemin creux et envoya un peloton à la découverte. Les ennemis, soit qu'ils ne fussent pas en nombre, soit qu'ils nous crussent plus considérables que nous n'étions en effet, ne furent pas plutôt instruits par les coups de carabine de notre approche, qu'ils défilèrent sans trompette. Le peloton que l'on avait envoyé en avant les ayant aperçus de loin se sauver, en vint avertir le chef d'escadron, et nous entrâmes un moment après dans Würtzen. Il était près de onze heures du soir, nous bivaquâmes dans la principale rue; les paysans nous apportèrent des vivres et du fourrage. Après en avoir fait la distribution, nous allâmes, un maréchal des logis, un brigadier et moi, dans une des belles maisons de la ville, nous nous fîmes ouvrir la porte et traiter de la belle manière. Nous sortîmes de la ville sur les deux


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heures après minuit ; nous primes un autre chemin que celui par lequel nous étions venus, et nous marchâmes toute la nuit. Nous ne nous arrêtâmes qu'une demiheure dans un petit bois pour prendre un peu de repos et nous arrivâmes à dix heures à Leipsick. Le contour que nous avions fait, pour tâcher de rencontrer l'ennemi, avait allongé notre chemin de trois lieues.

Nous rentrâmes, en arrivant de la ville, dans le même logement. Un jour que nous étions au fourrage les chasseurs de notre compagnie, n'ayant pu emporter tout d'une seule fois, notre maréchal des logis en chef me dit : « Brigadier, ayez soin qu'on ne touche pas au fourrage qui reste, je reviens à l'instant avec mes hommes. — Ça suffit, maréchal des logis, lui dis-je », et je me jetai sur deux bottes de foin pour me reposer.

J'examinais jouer les militaires, lorsque deux lanciers qui se tiraillaient depuis un quart d'heure vinrent se jeter sur mon las de fourrage. — « Lancier, m'écriai-je, en adressant la parole à l'un d'eux, retirez-vous, je vous prie, et ne gâtez pas ces bottes de foin, car je... — Eh ! c'est toi, Leboys, s'écria le lancier qui m'avait reconnu à ma voix, que je suis aise de te revoir ! eh ! ne te mets pas en colère, je t'en prie. — Et toi aussi, à Leipsick, lui dis-je, embrassons-nous donc, comment te portes-tu ? Sais-tu des nouvelles de Châtillon ? As-tu de nos amis dans ton régiment ? » Une question n'attendait pas l'autre, tant nous étions contents l'un et l'autre de nous voir! car c'était un jeune homme de mon pays, nommé Gorjon, qui avait tiré et était parti avec moi de Châtillon.

Nous apprîmes réciproquement beaucoup de choses et nous nous donnâmes rendez-vous au fourrage, où nous nous rencontrâmes souvent dans la suite.

J'étais beaucoup aimé de notre chef d'escadron qui m'appelait son petit brigadier. Je travaillais souvent

(4 sept.) (6 sept.)


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chez lui avec les fourriers ; il me fit un jour appeler dans sa chambre : — « Mon petit brigadier, me dit-il, en me voyant entrer, j'ai songé à vous. Le général de division Jumilhac m'a prié de lui trouver un secrétaire. J'ai jeté les yeux sur vous, je vous connais assez pour être assuré qu'il sera satisfait de mon choix; allez le trouver, diteslui seulement que vous venez de ma part; c'est tout ce qu'il faut. Voilà son adresse. »

Je remerciai dans les termes les plus respectueux, M. Duc (c'était le nom du chef d'escadron), du vif intérêt qu'il me témoignait, et je me rendis à l'hôtel du général ; je le trouvai seul. — « Général, lui dis-je, je viens de la part du chef d'escadron du 24e régiment de chasseurs ; vous me voyez prêt à exécuter vos moindres ordres. — Vous êtes sans doute le jeune brigadier dont me parlait hier le commandant. —Oui, mon général ! — Il m'a fait un bon rapport de vous, c'est un brave' homme que ce commandant, il ne m'a jamais trompé, et j'espère que vous ne démentirez pas la bonne opinion qu'il m'a donnée de vous. — Général, je ferai toujours mon possible pour tâcher de vous contenter et de conserver votre estime. — Bien, mon ami. Vous avez, m'a-t-il dit, fait vos éludes ? — Oui, général ! — Bon, vous ferez mon affaire. » Puis il ajouta : « Si, comme je l'espère, je suis content de vous, je vous exempte de tout service, et vous n'appartiendrez plus qu'à moi; mais en attendant que je vous relire de votre régiment, donnez-moi votre adresse, afin que je puisse vous faire venir, lorsque j'aurai besoin de vous. »

(8 sept.)

(9 sept.)

Je lui écrivis le même jour plusieurs lettres, et je me retirai ensuite dans mon logement. Le lendemain il m'envoya chercher par son laquais. Je lui fis sa correspondance, il fut très coulent de moi ; mais il était écrit dans ma destinée que je devais rester dans le 24e régi-


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ment de chasseurs ; et je ne fus pas longtemps avec mon général. Tout, comme nous allons le voir, semblait . s'accorder à nous éloigner. Nous allâmes le lendemain à la manoeuvre. Il arriva, sur ces entrefaites, un ordre au général qui commandait notre brigade. On demandait pour notre régiment un officier, un maréchal des logis, deux brigadiers et vingt-six chasseurs; c'était à mon tour à marcher. Le chef d'escadron n'était pas là, et je ne voulais pas faire de représentations au capitaine, ce qui aurait passé pour une lâcheté; qui plus est, nous ignorions où nous devions aller, et toute excuse aurait été inutile.

Nous prîmes, en sortant de Leipsick, la route de Berlin, nous la quittâmes ensuite pour aller sur une petite ville éloignée de Leipsick de sept lieues qui, disait-on, venait d'être prise par les Cosaques ; son nom était Düben. L'infanterie nous suivait de près. Nous arrivâmes aux portes de la ville de bonne heure. Les ennemis, qui avaient des espions de tout côté, avaient évacué la ville aussitôt qu'ils avaient eu vent de notre marche. Nous entrâmes dans Düben sans aucune difficulté, mais nous n'y étions pas beaucoup en sûreté, car l'ennemi pouvait venir en plus grand nombre pendant la nuit. Pour prévenir toute surprise, on doubla les postes ; je fus nommé de garde à celui qui était sur le chemin qui conduisait à Leipsick. La pluie tomba à verse pendant toute la nuit ; nous n'avions malheureusement rien pour nous mettre à l'abri, de sorte que les gens du poste étaient aussi maltraités par la pluie que ceux qui étaient en vedette, et pour comble d'infortune, la terre et le bois étaient si mouillés, que nous ne pûmes parvenir à allumer du feu. Nous fûmes relevés au point du jour.

(10 sept.)

(11 sept.)

Sur les six heures, comme nous faisions l'appel avec le maréchal des logis, je fus agréablement surpris de


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me voir accoster par un jeune homme que je ne remis pas d'abord, mais que je reconnus bientôt. C'était Guilbert, un de mes intimes amis ; nous avions de tout temps été voisins et camarades. Nous étions du même âge et nous étions partis ensemble. Il était d'abord entré dans la garde départementale d'Orléans et était passé, de là, dans le 96e régiment de ligne. Instruit du régiment dans lequel je m'étais engagé, il n'eut pas plutôt appris qu'un détachement du 24e de chasseurs était à Düben qu'il vint s'informer si j'y étais aussi. La joie que nous ressentimes l'un et l'autre, en nous voyant, ne peut guère s'exprimer. Après toutes les questions qu'on a coutume de se faire dans de pareilles reconnaissances, la conversation tomba, comme c'est encore l'ordinaire, sur le mauvais temps qu'il faisait.

— « A propos, me dit-il, j'ai bien mal passé la dernière nuit.

— Et moi aussi, lui répondis-je, car j'étais de garde à un maudit poste sur le chemin de Leipsick, où nous n'avions rien pour nous mettre à l'abri.

— Comment, reprit-il avec surprise, tu étais de garde à ce poste au delà du pont? C'est ce dont je voulais te parler, j'y étais aussi, moi ; mais, dis-moi, à quelle heure as-tu été relever tes vedettes ?

— A deux heures après minuit.

— Précisément, c'était l'heure où j'étais en faction en avant du poste de la cavalerie et tu ne pouvais ni sortir de ton enclos ni y rentrer, sans que je le criasse : « Qui vive ! » et je t'avoue que lorsque tu me répondis : « 24e régiment de chasseurs à cheval », je songeai à toi et je sentis une certaine impression dont j'ignorais alors la cause principale.

— Ainsi, lui répondis-je, si malheureusement tu eusses ignoré mon régiment comme j'ignorais celui


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dans lequel tu venais d'entrer, nous nous fussions vus dans l'obscurité, nous eussions parlé ensemble, sans nous reconnaître et sans même jamais nous douter que nous eussions été si près l'un de l'autre ; mais puisqu'un heureux hasard nous rejoint, sachons en profiter. »

Il me restait, par bonheur, sur moi trois ou quatre billets de logement. Je conduisis Guilbert dans l'un d'eux où nous nous fîmes traiter en café ; nous allâmes ensuite dans un autre, où l'on nous servit des saucissons, puis nous nous quittâmes pour aller chacun à notre besogne. Je le vis le soir ; je voulais le faire souper avec moi, mais il me remercia et me promit pour le lendemain. Ils reçurent pendant la nuit des ordres pour partir, et le lendemain je ne trouvai plus personne.

(12sept.)

Nous quittâmes le même jour Düben pour revenir à Leipsick. Je me trouvai fort indisposé pendant toute la route ; mais, en arrivant à la ville, nous fûmes fort surpris ne n'y plus trouver notre escadron. Nous apprîmes que notre compagnie était logée dans un village à une lieue de là, sur la droite de la route de Berlin. Nous allâmes la rejoindre. La bourgade était peu importante, mais les paysans y paraissaient très aisés, car nous fûmes bien traités. Cependant, le lieu n'était pas sûr. Une compagnie de dragons, qui l'avait occupé avant nous, venait d'être surprise et taillée en pièces par les Cosaques (je dis Cosaques, parce que c'était le nom que l'on donnait communément à toutes les troupes ennemies). C'est pourquoi nous reçûmes ordre, le lendemain, d'aller joindre la 3e compagnie qui était à une demi-lieue de nous. Le village qu'elle occupait et qui nous servit de cantonnement était comme un grand boyau, accolé à la gauche de la route de Berlin qui le longeait d'un bout à l'autre, il n'était qu'à une lieue de Leipsick.

(13 sept.)


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(l4 sept.) Nous manoeuvrâmes le lendemain tout près du village; mais, il en résulta un inconvénient : les troupes des villages voisins nous prirent pour un parti de Cosaques et nous fûmes involontairement cause d'une alarme ; pour y remédier, le général résolut de donner un lieu de rendez-vous, afin que toute la division pût, des différents endroits qu'elle avait pour cantonnement, s'y rendre pour manoeuvrer. Nous allâmes le jour suivant à l'endroit indiqué, notre manoeuvre dura deux heures et nous revînmes nous reposer dans noire logement.

(10 sept.) Notre repos fut de peu de durée, car il arriva sur les deux heures l'ordre de partir de suite pour Leipsick. En arrivant dans le faubourg de cette ville, je rencontrai Guilbert qui était à la porte de son logement, je n'eus que le temps de lui donner la main. Aussitôt arrivés à la place d'armes, on nous distribua des cartouches et nous partîmes en prenant la route de France.

Nous entrâmes à six heures dans la petite ville de Lützen, fameuse par la victoire qu'y remportèrent les Français le 4 mai 1813. Nous continuâmes notre route sans nous y arrêter et nous arrivâmes, sur les dix heures du soir, auprès de la ville que nous devions surprendre. Nous fîmes halte pour attendre l'infanterie qui venait derrière nous et pour prendre les mesures convenables à notre entreprise.

A onze heures, le maréchal des logis de mon escouade, nommé Gentil, s'offrit pour commander le peloton qui devait entrer le premier dans la ville, et qui était composé de l'élite des cuirassiers, chasseurs et lanciers ; les cuirassiers et les lanciers devaient suivre le peloton d'élite et notre escadron devait entrer dans la ville par la porte opposée à celle par laquelle entreraient les cuirassiers, afin de couper toute retraite aux ennemis. L'infanterie, qui était arrivée sur ces entrefaites, prit les


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devants pour s'opposer ainsi que nous à la retraite. Tout étant ainsi réglé, nous fîmes demi-tour, et nous nous portâmes avec rapidité sur l'endroit désigné.

La nuit était très obscure ; nous ne suivions aucun chemin, et la terre que nous traversions était remplie de rochers. Tantôt nous rencontrions une haie, une autrefois c'était un chemin creux qu'il fallait traverser. Tantôt nous marchions par peloton, quelque fois par quatre, et souvent même les issues étaient si mauvaises que nous étions obligés d'aller un à un, c'est alors qu'il fallait que la queue galopât pour atteindre la tête qui continuait sa marche au trot. Que de chutes il se fit cette nuit-là ! Combien d'hommes tombèrent par terre avec leurs chevaux ! Mais la nuit qui leur était si funeste, leur devenait par la même raison favorable. En effet, comment auraient-ils supporté la raillerie de leurs camarades, si l'obscurité de la nuit n'eut caché leur mésaventure? Ils tombaient et se relevaient sans dire mot.

Une fusillade que nous entendîmes nous fit juger que les cuirassiers et les lanciers avaient précipité leur marche et étaient maintenant dans la ville aux mains avec les Cosaques. Nous redoublâmes notre marche et nous atteignîmes l'infanterie, qui avait pris le pas sur nous, au moment où elle faisait un feu de file sur l'ennemi qui fuyait. J'avoue que cette fusillade me fit une certaine impression dont je ne fus pas le maître ; car la nuit, comme je l'ai dit, était très noire et j'ignorais si le feu venait de l'ennemi ou des nôtres ; ajoutez à cela que je n'avais, jusqu'à présent, vu que le feu de la cuisine ; les gémissements et les cris des mourants ajoutaient encore à l'horreur des ténèbres et me glaçaient d'effroi.

A peine notre chef d'escadron eut-il entendu le feu de l'infanterie, qu'il nous commanda le galop; nous déchar8

déchar8


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geâmes d'abord nos carabines, puis nous saisissant de nos sabres et de nos pistolets, nous taillâmes en pièces tous ceux que nous rencontrâmes. Nous descendîmes ensuite dans la ville que je reconnus pour être Weissenfels, cette même ville qui était vulgairement appelée dans notre escadron, la ville aux pantalons de bivac, parce que nous y avions reçu ces effets.

La perte de l'ennemi n'était pas aussi considérable qu'elle aurait dû être ; car il n'en devait pas échapper un seul. Mais la précipitation et le courage de Gentil furent salutaires à l'ennemi. Aussi impatient de combattre que les braves qu'il commandait, les minutes leur semblaient des heures et, persuadés que le temps prescrit pour l'attaque est écoulé, ils s'élancent au galop, s'emparant du poste, entrent dans la ville et la traversent sans rien apercevoir.

L'ennemi éperdu et troublé monte vite à cheval. Gentil à la tête de ses braves, étonné de ne rien voir, revient sur la place au moment où les cuirassiers qui doivent le soutenir y arrivent, et que l'ennemi s'y rend aussi, pour tâcher de se rallier. Il se fait alors des deux côtés une décharge épouvantable sur les Cosaques effrayés qui, profitant de l'obscurité et de la connaissance des lieux, s'échappent comme ils le peuvent ; mais ils ne sont pas plutôt sortis de la ville, qu'ils se trouvent barrés par notre infanterie qui fait un feu de file sur eux, et poursuivis ensuite par notre escadron qui achève leur déroute. Leur perte fut évaluée à une cinquantaine d'hommes. Nous ne perdîmes qu'un officier de cuirassiers qui reçut une balle dans la hanche et un tambour ; tous deux furent malheureusement mis hors de combat par les nôtres, à la première décharge qui se fit sur la place. (16 sept.) II était un peu plus de minuit lorsque nous rentrâmes.


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Comme nous devions passer la nuit, dans la ville, nous nous rendîmes au magasin de fourrage, que nous mîmes sens dessus dessous. Après avoir pansé nos chevaux, il était juste que nous pensassions à nous ; aussi le fîmesnous. Je pris avec moi trois chasseurs de mon escouade et je me rendis dans une des meilleures maisons que j'eus le soin de me faire indiquer. Je fis remplir plusieurs paniers de vivres et de schnapps, sorte de liqueur qui remplace notre eau-de-vie, et je les fis porter par les domestiques de la maison aux gens de mon escouade. Après m'être restauré avec eux, je me fis un lit avec plusieurs bottes de foin, et je dormis jusqu'au jour.

A mon réveil je fus commandé pour aller à la découverte avec un peloton sous les ordres du maréchal des logis Gentil. Mais quel spectacle s'offrit à nos yeux en sortant de la ville ! De quelle subite horreur ne fus-je pas saisi en voyant ces corps inanimés étendus sur la terre qu'ils ont baignée de leur sang ? Je n'étais pas encore habitué aux horreurs de la guerre, c'était pour la première fois que j'en voyais les effets ; jugez donc de l'effroi que j'éprouvai à cette vue ! Nous vîmes ensuite l'endroit qui avait servi de passage aux Cosaques qui nous avaient échappés. Je ne sais comment ils ont pu faire pour passer par un lieu si escarpé, mais en vain plusieurs chasseurs voulurent y faire mouter leurs chevaux : ils n'y purent jamais parvenir, tant nos chevaux sont inférieurs aux leurs en légèreté ! Nous apprîmes à une lieue de Weissenfels que l'ennemi s'était retiré dans un village tout près. Nous n'étions pas assez forts pour l'en chasser, et notre mission étant achevée, nous revînmes dans la ville.

Nous en sortîmes à dix heures pour retourner à notre cantonnement; mais à peine étions-nous sur les hauteurs de Weissenfels, que nous aperçûmes l'ennemi qui


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s'avançait de l'autre côté du château, et qui semblait nous braver. Nous fîmes aussitôt demi-tour. A la vue de ce mouvement, l'ennemi se retira. Nous nous remettons à marcher, il s'avance de nouveau ; notre commandant s'apercevant de ce jeu laisse un peloton sous les ordres d'un sous-lieutenant (M. Castaing)et fit continuer la route. Le peloton nous rejoignit à Leipsick. Nous apprîmes qu'ils avaient mis deux Cosaques à terre, mais qu'un des nôtres qui avait un peu bu, s'étant trop avancé, avait été fait prisonnier. Nous arrivâmes au village à la nuit. (23sept.) Le nombre des partisans qui inondaient les environs de Leipsick augmentait de jour en jour. Nous n'étions pas trop en sûreté dans notre village, nous nous barricadâmes le plus que nous pûmes. Nous ne désellions nos chevaux que pour les panser, et encore les pansions nous les uns après les autres, crainte de surprise, et nous couchions à leurs pieds, bride au bras, Nous nous rendions tous les jours à la manoeuvre générale, qui se faisait près de la ville, et nous faisions souvent des courses pour intimider les partis ennemis.

Telles étaient nos occupations dans ce village, lorsqu'un jour nous reçûmes ordre de partir pour Weissenfels, afin d'en chasser l'ennemi qui en était en possession et qui, par ce moyen, interceptait les transports passant par cette ville. Nous partîmes du village, au nombre de quarante, ayant à notre tête le capitaine Papi. Nous nous joignîmes à Leipsick aux autres troupes qui devaient être de noire expédition, et parmi lesquelles se trouvaient deux régiments complets de troupes badoises (infanterie), ayant pour général le prince de Bade qui commandait toute la colonne. Nous entrâmes dans Weissenfels sans coup férir, l'ennemi l'avait quitté au bruit de notre arrivée. Une partie des


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débris de l'armée qui avait été défaite le 26 août (1) auprès de Berlin passa le même jour dans cette ville. Nous y rencontrâmes beaucoup de chasseurs du 24e. Les uns étaient blessés, les autres avaient été démontés, et ils allaient tous à un petit dépôt établi du côté de Francforlsur-le-Mein. Nous apprîmes d'eux que noire régiment avait été beaucoup maltraité et qu'il se portait maintenant sur Dresde. Une partie des troupes qui étaient venues avec nous continuèrent leur route pour escorter les bagages et les blessés. Il ne resta dans Weissenfels que les deux régiments d'infanterie badoise avec à peu près quatre cents hommes de cavalerie de différents corps et de différentes armes.

Notre service dans cette ville n'était pas bien considérable ; nous n'étions astreints à aucun appel, mais seulement obligés de nous rendre le matin sur la place. Aussitôt que nous étions arrivés, on commandait des patrouilles pour visiter les quatres routes principales. Lorsque les patrouilles étaient rentrées, on nommait un piquet qui devait rester sur la place et quatre postes, savoir, l'un sur la route de France, l'autre auprès du château, le troisième sur la route de Leipsick, et le quatrième de l'autre côté du pont couvert. Nous nous retirions ensuite dans nos écuries où le pansage des chevaux se faisait à volonté.

Notre tour pour monter la garde, revenait à peu près tous les trois jours. Et nous avions ainsi deux jours francs dont nous pouvions disposer à notre gré. Mon principal amusement était alors de lire Virgile et Horace, que j'avais eu soin d'emporter avec moi, et qui n'avaient jamais quitté le fond de mon schako.

(1) Il s'agit de la bataille de la Katzbach gagnée par Blüclier (26 août); Macdonald est arrêté dans sa marche offensive et contraint à une retraite désastreuse jusqu'au Bober, dans un terrain marécageux et par une pluie torrentielle.


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(26 sept.) Un jour que j'étais de garde près du moulin qui est au-dessus du pont couvert, ennuyé d'attendre mon dîner que mon collègue avait coutume de m'envoyer par un chasseur, je monte à cheval, pique des deux et arrive en un quart d'heure au plus proche village, je le traverse au galop, et je demande en mauvais allemand à un paysan assis sur sa porte, où est la demeure du bourgmestre. Il m'y conduit. Je me fais d'abord donner à boire et à manger. Après m'être totalement rassasié, je lui demande s'il n'a vu aucun Cosaque rôder aux environs. Sur sa réponse négative, je fais remplir les poches de ma schabraque de vivres et ma bouteille de bran-de-vin, monte à cheval, galope, arrive au poste et partage entre mes hommes de garde ce que j'ai reçu du bourgmestre.

(27sept.) Le lendemain, sur les deux heures, il y eut une alarme dans Weissenfels; nous montâmes tous à cheval, et nous partîmes avec les deux régiments Badois qui ne laissaient pas de nous paraître suspects. Nous arrivâmes à la nuit auprès de Lützen, et nous la passâmes dans un champ à proximité de la ville. Nous ne savions pas encore ce que c'était que le bivac, et nous connaissions encore moins la maraude; c'est ce qui fit que nous primes une peine infinie pour trouver du bois et des vivres, et que nous fûmes plus encore embarrassés pour avoir du fourrage et de l'avoine. Mais à tout il y a commencement ; si nous ne nous en acquitâmes pas bien cette fois-ci, on pourra voir par la suite que nous nous fîmes au métier.

(28sept.) Nous nous mîmes en route, le lendemain, à dix heures du matin; mais, à peine étions-nous à une demi-lieue de Leipsick, que nous reçûmes contre-ordre, nous revînmes sur nos pas, et nous arrivâmes très tard à Lützen. Nous passâmes cette nuit-ci comme la précédente, et nous bivaquâmes dans le même endroit ; nous en par-


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fîmes le 29 de bonne heure et, en arrivant à Weissenfels, nous reprîmes notre ancien logement.

Les habitants de la ville, peu disposés en faveur des Français, n'attendaient que le moment favorable pour faire entrer l'ennemi dans leur cité; nous ne l'ignorions pas, et nous tâchions de prévenir leurs mauvaises intentions en redoublant de soin et d'attention. Mais ce qui nous inquiétait le plus, c'était les deux régiments badois qui étaient traités par les citoyens comme des frères, tandis que nous avions une peine infinie à nous faire donner notre nécessaire et nous avions grand'peur qu'ils ne nous tournassent casaque, à l'exemple de la plus grande partie des peuples de l'Allemagne. (30 sept.) Le lendemain de notre retour à Weissenfels, je fus commandé pour faire patrouille sur la route de Naumbourg ou de France, comme on voudra l'appeler. J'avais avec moi un cuirassier, deux dragons et un lancier. Aussitôt que nous fûmes sur les hauteurs de la ville, nous aperçûmes de l'autre côté de la rivière un nombre infini de feux. Je laissais les deux dragons sur la route, et je m'avançai avec les deux autres du côté de la rivière, pour découvrir quelles étaient ces troupes ; mais sitôt que je fusa portée de les mieux examiner, je vis bien qu'elles appartenaient à l'armée française, et je me rendis alors avec plus de sûreté jusque sur le bord de la rivière. Là, ceux que j'interrogeai m'apprirent qu'elles formaient la division du général Lefebvre, qu'elles avaient, la veille, engagé un combat dont l'ennemi était sorti victorieux, et qu'elles avaient passé la nuit dans ce bivac qu'elles espéraient quitter avant deux heures. Hors de crainte de ce côté, j'allais retourner sur la route rejoindre mes compagnons, lorsque j'aperçus non loin de moi un petit village que des montagnes et des bois cachaient à ceux qui voyageaient sur la route; je le


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fis remarquer à mes deux hommes, et nous prîmes bien garde à sa position. Arrivés auprès des deux dragons, nous leur fîmes part de notre découverte, ce qui les mit dans une joie difficile à exprimer; car il faut vous dire, que le plus proche village à notre connaissance était à deux lieues de là, et par conséquent trop éloigné pour que nous pussions y aller, et que nous aurions été obligés, sans la découverte de celui-là, de retourner à la ville, sans avoir ni bu, ni mangé, ce qui n'entrait pas trop dans notre système. Nous nous mîmes donc de suite à galoper du côté où nous semblait être situé le village en question ; nous prîmes justement le chemin qui y conduisait, et au bout d'un quart d'heure nous étions chez le bourgmestre. Nous lui demandâmes d'abord s'il avait aperçu des Cosaques dans les environs. Il nous répondit qu'il ne se passait pas de jour qu'il n'en vint quelques-uns rôder çà et là ; mais ce n'était pas là le principal but de notre visite ; nous lui fîmes bientôt comprendre nos besoins, et qu'il nous fallait un billet de logement pour cinq hommes. Le bourgmestre, sans répliquer, nous conduisit chez un paysan à qui il commanda de nous nourrir. Après avoir amplement déjeuné, un des dragons qui paraissait assez luron, nous fil emplir nos bouteilles de bran-de-vin et nous partimes. En arrivant à la ville, je rendis compte de ma patrouille et nous nous retirâmes dans nos logements.

L'insolence des habitants augmentait de jour en jour, et leurs émissaires instruisaient l'ennemi de tout ce qui se passait dans la ville. Nous avions aussi les nôtres, et (3 oct.) nous apprîmes le 3 octobre que plusieurs partis de Cosaques s'étaient réunis dans le dessein de s'emparer de la ville el de la garnison. Nous vîmes bien alors qu'il n'y avait plus de sûreté et qu'il fallait nécessairement sortir de Weissenfels. Nous montâmes à cheval, et nous pla-


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çâmes notre bivac sur l'avenue qui est, en sortant de la ville, sur la route de Leipsick, et cela en attendant que nous eussions reçu des ordres.

(4 oct.) Nous passâmes la nuit sur cette avenue. Le lendemain

j'allai, avec plusieurs autres sous-officiers, dans la ville chercher des provisions pour mon escouade. Des bruits sourds qui s'étaient élevés de la ville augmentaient insensiblement, les habitants devenaient plus insolents, il y en eut même qui poussèrent la hardiesse jusqu'à refuser les contributions qu'on leur demandait ; mais leur témérité leur coûta cher. Enfin je ne sais pas quelles luttes seraient survenues entre les troupes françaises et les habitants de Veissenfels, mais heureusement pour les deux partis, nous reçumes le même soir des ordres pour aller rejoindre notre escadron. Nous partîmes vers la nuit, nous ne nous arrêtâmes pas à Lützen, et nous allâmes bivaquer dans un village entre cette petite ville et Leipsick.

(5 oct.) Nous sortîmes de notre bivac au point du jour ; en

arrivant à Leipsick nous nous rendîmes sur la place d'armes ; un moment après nous prîmes la route de Dresde, et nous n'avions pas encore fait une lieue que nous rencontrâmes notre major (M. Dufay) qui venait de passer colonel dans un autre régiment. Tous les chasseurs qui connaissaient M. Dufay ne furent pas fâchés d'apprendre ce changement, car sa méchanceté l'avait fait généralement haïr. Nous arrivâmes à la nuit close dans une ville dont j'ai oublié le nom, ou pour mieux dire nous y restâmes si peu de temps que je ne l'ai jamais su (1). La ville est petite, nous rencontrâmes avant que d'y entrer, une rivière assez forte, que nous passâmes sur un pont qui venait d'y être jeté tout récem(1)

récem(1) appris depuis que cette ville se nommait Colditz et la rivière la Mulda.


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ment. Nous fûmes bien surpris, en entrant dans cette ville, de rencontrer plusieurs chasseurs du 24e régiment. Mais ce qui m'étonna le plus, fut d'entendre prononcer plusieurs fois mon nom. Tous ceux que nous rencontrions ne nous faisaient que cette question : « Où est donc Leboys des Guays? Est-il vrai qu'il soit mort? ».

Il y eut même plusieurs chasseurs qui ne me reconnaissant pas dans l'obscurité, me firent cette question à moimême. J'étais on ne peut plus surpris ; mais mon étonnement redoubla, lorsqu'étant arrivé sur la place, je me vis entouré de tous mes amis qui me félicitèrent sur ma résurrection. Notre lieutenant (M. Dechamois), jeune homme de 18 ans, qui me protégeait, vint aussi savoir de mes nouvelles. Lorsqu'ils furent revenus de leur surprise, ils nous apprirent que depuis que nous avions été détachés de l'escadron, ils n'avaient eu de nos nouvelles qu'indirectement; que huit jours après, on avait annoncé comme nouvelle certaine qu'étant de garde à un poste avancé, j'avais été surpris et massacré avec mes quatre chasseurs ; et que c'était là le motif des questions réitérées que l'on nous avait faites. Passant ensuite à des choses plus intéressantes, ils nous instruisirent de tout ce qui s'était passé depuis notre séparation ; trois jours après notre départ, ils avaient été obligés de sortir du village, pour aller à la recherche de l'ennemi qu'ils avaient rencontré auprès de Hall ; le lendemain ils avaient eu avec lui une affaire un peu chaude, dans laquelle ils avaient eu six hommes tués et dix blessés ; et maintenant, ils allaient rejoindre le régiment qui était dans les environs de Dresde.

La ville était remplie de militaires, ce qui fut cause que nous eûmes beaucoup de peine à loger nos chevaux ; ayant à la fin trouvé une espèce de hangar pour mettre ceux de mon escouade à l'abri, je me rendis avec


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Dezaages dans mon logement ; après y avoir soupe je retournai dans la maison où nos chevaux étaient logés, je désellai le mien, et je m'enveloppai dans ma couverte pour passer la nuit.

(6 oct.) Aussitôt que le jour parut, nous sellâmes nos chevaux

et nous nous mîmes en route. Après avoir fait six lieues par le mauvais temps, car la pluie nous avait pris au sortir de la ville, nous arrivâmes à Sellershausen. J'étais logé chez un cordonnier à qui je donnai mes bottes à raccommoder, et bien m'en prit, car ce fut le dernier jour que nous logeâmes en ville. Depuis ce moment nous n'avons pas quitté le bivac, comme vous allez le voir.

(7 oct.) Le lendemain nous poursuivîmes notre route, et nous

arrivâmes d'assez bonne heure à Meissen. Cette ville située sur la rive gauche de l'Elbe, est assez considérable, mais laide, mal bâtie. Le pont qu'elle avait sur la rivière, venait d'être coupé ; nous ne fîmes que passer, et nous allâmes nous mettre en bataille au dessus de la ville, sur la route de Dresde. Notre colonne était considérable : nous étions à peu près 4.000 hommes, la plupart conscrits, de différents corps et de différentes armes. Nous attendîmes chacun notre régiment, pour nous joindre à lui lorsqu'il défilerait.

Voyant que le nôtre tardait à arriver, je me joignis à plusieurs autres sous-officiers, etnous allâmes au-devant de lui ; nous fûmes jusqu'à Dresde sans rien apercevoir, mais en entrant dans cette ville, nous découvrîmes la tête de la colonne. Nous passâmes jusqu'à notre régiment, et nous eûmes par ce moyen, le loisir de voir une partie de cette ville qui me parut grande, belle, riche et commerçante ; mais quoique plus considérable que Leipsick, elle ne me sembla pas aussi jolie ni aussi agréable. Les sous-officiers avec qui j'étais ayant déjà fait plu-


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sieurs campagnes, avaient beaucoup de connaissances dans le régiment ; pour moi, je n'étais particulièrement connu que de Girardin, dont j'ai déjà parlé dans la première partie de ces mémoires. Nous nous revîmes avec le plus sensible plaisir ; il apprit avec joie que j'étais brigadier. Pendant toutes ces reconnaissances, la colonne avançait toujours, et nous arrivâmes au coucher du soleil auprès des différents escadrons qui attendaient leurs régiments. Ils étaient au-dessous de Meissen, entre l'Elbe et la grande route, et à mesure qu'un régiment défilait, l'escadron ou la compagnie qui en dépendait allait à sa suite. Lorsque le nôtre passa, notre escadron le suivit, et ainsi de tous les autres.

Nous descendîmes dans Meissen à nuit close, nous traversâmes la ville au galop ; mais au lieu de prendre le chemin de Selbershausen par lequel nous étions venus, nous en suivîmes un pratiqué sur la rive gauche de l'Elbe. Nous cotoyâmes ce fleuve pendant deux ou trois heures, après quoi, nous le laissâmes à droite pour franchir la chaîne des montagnes que nous avions à notre gauche. Mais quel nouveau spectacle s'offrit à ma vue lorsque nous fûmes sur le haut de ces montagnes. De quelle agréable surprise ne fus-je pas saisi, en apercevant plus de mille feux autour de moi ? Il me semblait que la terre voulait à son tour éclairer le firmament ; toute la voûte céleste était en feu, on eût même dit que le soleil était sur le point de se lever et cependant nous étions au milieu de la nuit. Tout cela provenait de l'infanterie, qui formait la tête de la colonne, et qui, étant arrivée avant nous, avait placé son bivac sur ces montagnes couvertes, la plupart, de forêts. Je ne pouvais me lasser d'admirer ce charmant spectacle, et j'étais encore à le considérer lorsque nous entrâmes dans un gros bourg au delà duquel nous devions bivaquer.


PENDANT LA CAMPAGNE DE 1813 125

Notre régiment fut placé dans un verger ; on distribua à chaque compagnie sa portion de terrain et nous parfîmes pour le fourrage. Notre escadron, peu accoutumé à bivaquer, ignorait toutes ces ruses si familières aux vieux militaires et qu'ils savent employer si à propos ; aussi fûmesnous très étonnés, en revenant du fourrage, de les voir arriver portant les uns du mouton, les autres des oies et des poulets, sans oublier les pommes de terre et le pain. Nous nous promîmes bien d'en user dorénavant de même, et on pourra facilement voir par la suite, que ce métier ne fut pas long à apprendre. Lorsque le jour parut, nous finies une recherche dans le village, mais n'y ayant rien trouvé, et ayant aperçu un hameau à une demi-lieue plus loin, nous y courûmes. Se précipiter dans la ferme, mettre la maison sens dessus dessous, s'emparer du pain que l'on trouva, tordre le cou aux oies et aux poules qui tombaient sous nos mains fut l'affaire d'un instant ; mais malgré la précipitation de cette opération, nous fûmes en retard, et en arrivant au bivac, nous trouvâmes noire régiment sous les armes, car il s'agissait d'amalgamer notre escadron dans les différentes compagnies du régiment. Notre colonel nous gronda un peu, sur notre retard, et défendit expressément de marauder. Le fourrier Genglet et moi restâmes dans la quatrième compagnie, à la satisfaction de notre maréchal des logis en chef Lafond. Girardin se trouvait alors dans la septième.

(8 oct.)

(9 oct.)

Nous passâmes le reste de la journée dans noire bivac, et nous n'en sortîmes que le lendemain matin. Après une marche de trois ou quatre heures, nous aperçûmes plusieurs corps ennemis qui semblaient se replier, et dès que nous fûmes arrivés au premier village qui n'était distant que d'une demi-lieue, nous vîmes toute l'armée ennemie rangée en bataille. A peine fûmes nous


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en leur présence, qu'ils commencèrent à nous canonner. Nos pièces leur répondirent

Le combat venait de s'engager, lorsque nous arrivâmes; le colonel nous fit aussitôt organiser les pelotons et compter par quatre, ce qui ne demanda qu'un moment. Nous étions dans une belle position, mais nous ne la gardâmes pas longtemps, car, une demi-heure après, nous reçûmes l'ordre d'aller nous placer derrière un village qui était à trois quarts de lieue de nous, et il nous fallait pour cela passer entre les deux armées qui se canonnaient. Pour surcroît de malheur, une partie du terrain s'étendant entre notre armée et celle de l'ennemi était très marécageuse, et nous fûmes obligés de passer deux à deux sur une petite chaussée, ce qui fut cause que nous restâmes plus longtemps exposés entre deux feux. Cependant nous perdîmes peu d'hommes dans ce passage. Au delà de la chaussée était un petit taillis, derrière lequel nous allâmes nous mettre en bataille ; nous nous trouvions de cette manière hors de la vue de l'ennemi, ce qui s'accordait bien avec la marche cachée que nous avions mission de faire pour le surprendre. Il nous restait encore un quart de lieue à faire pour arriver au village, mais il fallait user de précautions pour n'être pas découverts par l'ennemi, et nous mîmes pour cet effet une bonne demi-heure à le faire.

Notre intention était de traverser le village et de prendre l'ennemi en arrière ; mais il s'était passé bien des choses en une demi-heure. L'ennemi ne pouvant résister au feu de notre artillerie, s'était replié peu à peu, et au lieu de le trouver entre le village et l'armée française, comme nous l'avions espéré, nous fûmes bien surpris de nous trouver nous-mêmes entre les deux armées et à portée du feu des ennemis que nous ne pûmes supporter, car à peine ils nous eurent aperçus


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qu'ils dirigèrent leurs batteries sur nous. Nous n'avions point de pièces ; en venir aux mains avec eux, aurait été imprudent, car, outre leur canon, nous aurions été encore exposés aux batteries françaises qui tiraient sur eux. Il fallut donc rebrousser chemin et traverser le village avec précipitation. La canonnade était si forte que plusieurs maisons furent renversées par le boulet.

Il y eut plusieurs chasseurs de blessés. Les chirurgiens les pansèrent pendant que l'on forma de nouveau les pelotons. On en fit partir un pour examiner les mouvements de l'ennemi ; mais à peine était-il dans le village que nous entendîmes sonner les fanfares de victoires; nous ne différâmes plus à traverser le village qui nous avait été si funeste et je ressentis en entrant dans la plaine le plaisir que cause une victoire. L'ennemi, sans être en pleine déroute, ne se soutenait qu'avec peine, la plupart de ses pièces étaient démontées et la cavalerie française, qui fondit sur lui de tous côtés, allait infailliblement le cerner, s'il n'eût pris le seul parti qui lui restait : la fuite. Une forêt, qui se trouvait à une demi-lieue du champ de bataille, le déroba à noire poursuite ; il se jeta dedans, et nous le perdîmes bientôt de vue.

Soit que nos chevaux fussent trop fatigués du combat, soit qu'on n'ait pas jugé à propos de poursuivre les fuyards, nous allâmes bivaquer auprès d'un hameau à une lieue de là ; mais à peine le jour commençait à poindre, que nous étions déjà à cheval. On trotta toute la journée et, sur les trois heures, nous arrivâmes au lieu où l'ennemi avait passé la nuit. Le bivac était encore rempli de fourrage ; on fit halte pour faire rafraîchir les chevaux et, une demi-heure après, on se remit en route. Nous allâmes passer la nuit proche un

(10 oct.)


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village assez fort. Je ne savais pas précisément où nous étions, mais d'après les observations que j'avais faites sur le chemin que nous avions tenu, après avoir examiné la carte d'Allemagne que j'avais dans mon portemanteau, je jugeai que nous devions être entre Leipsick et Torgau, place forte sur l'Elbe.

(11 oct.) Le lendemain, on continua la poursuite de l'ennemi. Après avoir traversé une forêt immense au galop (car, en Allemagne, les forêts n'étant composées que de pins et de sapins très élevés et distants les uns des autres, le cavalier peut y galoper aisément), nous arrivâmes dans une ville peu considérable, dont je n'ai pu savoir le nom. Nous mîmes pied à terre au delà de la ville, pour faire rafraîchir nos chevaux. La soirée fut pluvieuse, les chemins devinrent abominables et nous fûmes obligés de bivaquer à côté du premier village rencontré, encore heureux d'en trouver un !

(12 oct.) Dès qu'il fil jour, la trompette sonna à cheval et nous partîmes. Notre régiment arriva sur le midi dans un bourg considérable. On descendit de cheval pour aller au fourrage, et l'ordre fut que chaque cavalier prit du foin et de la paille pour deux jours. J'avais perdu ma corde à fourrage el je ne m'étais pas inquiété de m'en procurer une, parce qu'étant brigadier, je n'étais pas obligé d'aller fourrager; je fus donc fort embarrassé pour lier mes deux fagots. Notez, de plus, que c'était la première fois que j'en faisais. Les ayant attachés le mieux possible avec des liens de paille, je les mis sur mon cheval et je montai par dessus; mais je n'avais pas encore fait une lieue, qu'il ne me restait plus rien de mon fagot de droite. Celui de gauche s'en allait aussi par morceaux, de sorte que je fus obligé, pour conserver le peu qui me restait, de le mettre sur le pommeau de ma selle, et de le tenir avec mes mains.


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Après avoir marché toute la journée, nous arrivâmes sur les trois heures du soir, sur les bords de l'Elbe, visà-vis la ville de Wittenberg. La place était occupée par les Français. Un nombre considérable d'ouvriers travaillaient aux fortifications que l'on faisait en deçà du fleuve. Nous le passâmes sur un très beau pont dont le parapet, construit en bois, s'élevait à la hauteur de quinze pieds. La ville me parut jolie et considérable; mais on voyait bien qu'elle avait beaucoup souffert des ravages de la guerre. Tous ses faubourgs venaient d'être rasés, il ne restait pas pierre sur pierre, et on entendait encore, en les traversant, pétiller les feux dans les fondations. Nos chevaux mêmes, effrayés, reculèrent plus d'une fois à la vue des affreux décombres qui s'avançaient sur le chemin et qui le laissaient à peine apercevoir.

Nous traversâmes à la hâte ces lieux remplis d'effroi où régnaient naguère la joie et l'allégresse; mais ce ne fut pas sans déplorer le sort des peuples infortunés qui se trouvent victimes des funestes effets d'une guerre désastreuse. Nous avions pris en sortant de la ville le chemin nord-est, qui devait nous conduire à Berlin, mais la nuit nous ayant surpris peu après, nous fûmes obligés de bivaquer auprès d'un village, à trois lieues de Wittenberg. Je fus, le même soir, commandé de piquet à la porte du général de division Exelmans, avec douze chasseurs du 24e. Lorsque les détachements des différents régiments furent arrivés, le piquet se trouva composé de plus de quatre-vingts hommes. Il y avait, en outre, un capitaine, deux sous-lieutenants, quatre maréchaux des logis et huit brigadiers. Une garde ainsi composée, ne pouvait être fatigante, aussi je dormis toute le nuit, excepté que sur les deux heures du matin, je fis patrouille autour du village. (13 oct.) Nous restâmes dans notre bivac toute la journée; cha9

cha9


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cun s'occupa à nettoyer ses effets; mais la conformation du soldat est telle, que s'il reste un seul moment sans occupation, il est rare qu'il ne fasse pas quelques sottises. Nous en eûmes un exemple ce jour-là. Chacun, comme je l'ai dit, était occupé à se nettoyer, mais aucun ordre n'y forçait ; quelques mauvais sujets qui ne laissent jamais échapper l'occasion de faire du mal, profitèrent de ce moment de repos pour dérober les effets de leurs camarades. L'un d'entre eux qui venait de dévaliser un portemanteau fut pris sur le fait et condamné à être fusillé sur-le-champ. Un chasseur qui, la veille, avait tué son cheval, de dessein prémédité, fut en même temps condamné à mort, ainsi qu'un autre lancier qui avait insulté et frappé son lieutenant.

Nous sortîmes à cheval de notre bivac, pour aller nous mettre en bataille dans la plaine. Toute la division forma le cercle autour des coupables, et le général, après nous avoir adressé un long discours, prononça la sentence de mort qui fut exécutée sur-le-champ.

Il commençait à faire nuit lorsque nous rentrâmes dans notre bivac. Ma jument n'avait pas bu de la journée. Je ne mis pas pied à terre et j'allai de suite chercher un endroit pour la faire boire. Il y avait au sud du lieu où nous étions campés une petite rivière que je n'avais fait qu'apercevoir, car le matin j'étais allé à l'abreuvoir du village où j'avais été de piquet. J'y courus, mais à peine étais-je à cinquante pas du ruisseau, que ma jument s'abattit, et je me trouvai au milieu d'un marais ; je sautai le plus légèrement que je pus, et je me retirai avec beaucoup de peine de cette fange marécageuse. Plusieurs militaires qui étaient venus avec la même intention que moi, s'arrêtèrent en me voyant tomber et m'aidèrent à retirer mon cheval de ce bourbier. Un grand nombre de cavaliers qui s'étaient engagés dans


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cette prairie marécageuse aussi inconsidérément que moi, ne s'en tirèrent pas aussi heureusement, car plusieurs chevaux furent obligés d'y rester. Disons aussi que la nuit était très sombre et qu'on ne voyait guère à se conduire.

(14 oct.)

Le lendemain, la pluie ne cessa presque pas de la journée. Nous espérions passer encore quelques jours dans notre bivac, lorsque l'après-midi nous reçûmes ordre de monter à cheval. Je m'attendais à continuer notre marche sur Berlin, mais je vis à mon grand étonnement que nous prenions la direction sud-ouest et que nous retournions sur nos pas. Peu de temps après, j'aperçus Wittenberg et je n'eus plus lieu de douter que les ordres que nous avions reçus étaient très pressants, lorsque je vis la précipitation avec laquelle on nous fit repasser le fleuve de l'Elbe. Nous continuâmes de marcher jusqu'à la nuit qui nous suprit à quatre lieues de Wittenberg, auprès d'une petite ville dont je n'ai pu savoir le nom. Nous avions trotté toute la journée, et nos chevaux étaient très fatigués; cependant, nous ne restâmes qu'une partie de la nuit dans notre bivac, car il était à peine trois heures du matin que nous étions déjà à cheval. Nous galopâmes une bonne partie de la journée et, après avoir traversé plusieurs bourgs et deux ou trois villettes, nous arrivâmes dans de grandes plaines que je reconnus pour être celles qui entouraient Leipsick. Peu de temps après, j'aperçus dans le lointain les hauts édifices de cette ville, quoique j'en fusse encore éloigné de plus de cinq lieues, car ces plaines immenses n'ont que de très petits monticules qui laissent à la vue la liberté de s'étendre autant qu'elle le peut.

Notre division s'arrêta auprès d'un village considérable. Aussitôt qu'on eût mis pied à terre, notre capitaine donna ordre de nommer dix hommes par escouade

(15 oct.)


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pour aller au fourrage ; mais huit jours de bivac nous avaient suffisamment appris ce que c'était que la maraude ; et au lieu de nommer dix hommes par secouade, nous en nommâmes seize, en leur recommandant de se séparer lorsqu'ils seraient dans le village et d'aller, les uns au fourrage, les autres à la volaille. Nos hommes exécutèrent ponctuellement ce qu'on leur avait commandé, et nous les vîmes revenir une demi-heure après, les uns des moutons sur leurs épaules, les autres traînant avec peine des cochons; quelques-uns portaient des oies et des poulets, mais ils n'eurent pas plutôt aperçu les nobles fardeaux de leurs camarades que, honteux de leur capture, ils la déposent précipitamment dans leur escouade et revolent au village.

Tandis que nos champions retournent dans la bourgade, ceux qui sont au bivac ne manquent pas de besogne. Il leur arrive à tout moment, soit un mouton, soit un cochon qu'il faut dépecer. Ce n'est pas que l'exécution fut longue, car couper le cou à l'animal, lui ôter sa peau, le tailler en quatre, n'était que l'affaire d'une minute; mais il en arrivait tant, que l'occupation ne manquait jamais. Enfin le nombre augmenta à un tel point, qu'on ne sut bientôt plus où les mettre. Les besaces, les sacs, les poches de schabraques de tous les chasseurs étaient remplis de viandes et de volailles. On alla même jusqu'à mettre des quartiers de mouton sur les portemanteaux. Bref, on fut obligé de défendre d'apporter quoi que ce soit au bivac, car on aurait été forcé de le laisser sur la place, faute de pouvoir l'emporter

La Saxe fut de tout temps le théâtre de la guerre, et ses habitants y sont quasi accoutumés, si on peut s'en faire une habitude. Nos paysans, bien loin de se lamenter et de se désoler de la perte qu'ils viennent de faire, sortent de leur village, se rendent à notre bivac, épiant


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le moment où nous monterons à cheval, pour se disputer et s'arracher les peaux de leurs moutons. Ils semblent encore contents de n'avoir pas tout perdu.

Le village que nous venions de quitter était au nordest de Leipsick ; nous changeâmes de direction, et nous allâmes bivaquer à quatre lieues de là auprès d'un hameau au sud-est de la même ville. Nous nous trouvâmes dans un enclos rempli d'arbres. Le premier soin de notre capitaine, en arrivant, fut de chercher un four, pour faire cuire nos provisions qui étaient considérables; car nous avions pour notre escouade (25 hommes) huit moutons, deux cochons, onze oies et vingt-trois poulets. Il s'en trouva précisément un dans la maison la plus proche de notre bivac. On nomma aussitôt trois hommes par escouade pour présider à la cuisson.

Je crois qu'il serait nécessaire, avant de passer plus loin, de dire un mot sur la situation où je me trouvais alors. Depuis notre arrivée à Leipsick, c'est-à-dire depuis le 30 août, nous n'avions pas passé une seule nuit tranquillement, toujours obligés, crainte de surprise, de coucher armés et bottés auprès de nos chevaux, et je n'avais ôté mes bottes que le jour que je les fis raccommoder. Cependant, nous étions nourris par les paysans, nous prenions nos repas à des heures réglées, et si nous couchions sur la paille, au moins étions-nous à l'abri du vent et de la pluie ; mais depuis que nous avions rejoint notre régiment, nous n'avions pas cessé de bivaquer. Nous allions toute la journée plus souvent au trot qu'au pas, et à peine étions nous arrivés bien fatigués et bien las, auprès d'un village que l'obscurité de la nuit nous laissait à peine distinguer, qu'il fallait de suite courir au fourrage, au bois et à la paille, avant de songer même à se procurer de la nourriture. Une partie de la nuit se passait ainsi à aller chercher dans le village et aux


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environs de quoi nourrir le cheval et l'homme ; de retour au bivac, le cheval se jetait avec avidité sur le fourrage qu'on lui donnait, mais l'homme n'était pas encore à la fin de ses fatigues : il lui fallait faire cuire le peu de viande qu'il avait trouvé, et s'il voulait passer à l'abri quelques heures qui lui restaient à peine pour sommeiller, il était obligé de se fabriquer une baraque avec de la paille et des branches d'arbres. Lorsque le jour commençait à paraître, on sonnait à cheval, et il fallait partir. On peut bien penser qu'ayant toujours été d'un tempérament faible et délicat, mon corps ne fut pas longtemps sans se ressentir de ce nouveau genre de vie ; je maigrissais à vue d'oeil, et mes jambes peu accoutumées à être toujours resserrées dans des bottes, commençaient à enfler.

Notre maréchal des logis en chef nous avertit qu'on allait passer une revue, pour s'assurer si toutes les armes étaient en étal de faire feu, parce qu'il devait se livrer le lendemain une bataille décisive dans les plaines de Leipsick. J'appris cette nouvelle avec la plus grande indifférence. Je m'occupais à nettoyer mes armes, tandis que nos vivres étaient au four. Aussitôt qu'ils furent cuits, nous prîmes chacun un morceau de mouton, que nous mangeâmes.. On donna ensuite à chaque chasseur de la viande pour le lendemain, et le reste fut confié à ceux qui avaient des besaces. J'avais oublié de dire que nous avions trouvé dans le village un peu de farine, qui nous servit à faire du biscuit, et que chaque homme en eut près d'une demi-livre pour sa part. Mon repas ne fut pas long, car j'étais tellement accablé de fatigue et d'insomnie, que je me jetai sur le premier tas de fourrage que je rencontrai, tenant ma carabine d'une main et mon morceau de mouton de l'autre. Je n'avais cependant pas mangé de la journée; mais chez moi le besoin de sommeil l'a toujours emporté sur la faim.


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(16 oct.) Le lendemain matin, 16 octobre, nous sortîmes de notre bivac à 7 heures. A peine avions-nous fait une lieue, que nous entendîmes, dans le lointain, une musique qui était tout à la fois mélodieuse et guerrière. A mesure que nous avancions, la musique augmentait, mais bientôt nous ne l'entendîmes plus, et elle fit place à une autre musique un peu plus grossière. Mais je n'ai pas l'intention de faire ici une description pompeuse de cette fameuse journée ; assez d'autres l'entreprendront sans moi ; car ce n'est pas la campagne de 1813 que j'ai dessein d'écrire, mais seulement des mémoires, sur ce qu'il m'est arrivé de plus particulier dans cette campagne, et je ne prends la peine de le transcrire sur le papier, qu'afin de ne pas l'oublier et pour me rappeler sans cesse que, si j'existe encore, je le dois aux bienfaits de la Providence,

Le canon venait de succéder à la musique, lorsque nous arrivâmes au rendez-vous. D'abord ce fut peu de chose, les boulets atteignaient à peine les escadrons sur lesquels ils étaient lancés ; ensuite les troupes avancèrent peu à peu, le feu augmentait dans la même proportion, et il devint bientôt si violent qu'on ne pouvait plus distinguer aucun coup de canon, tant les coups étaient multipliés. Dans le même instant, on demanda un peloton du 24e chasseurs, pour aller en tirailleur; on prit celui de gauche, commandé par le lieutenant Robin; mais, un moment après, nous vîmes revenir plusieurs chasseurs qui venaient d'être démontés, trois autres étaient restés sur le champ de bataille ; enfin il n'y avait pas encore une demi-heure que M. Robin était parti lorsqu'il vint nous rejoindre avec sa petite troupe bien éclopée et bien diminuée.

Le feu confinait toujours avec la même vigueur, sans qu'il y eut aucun avantage de part et d'autre; cependant


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sur les dix heures les batteries ennemies parurent fléchir un peu, nos canonniers qui s'en aperçurent redoublèrent la canonnade, en gagnant du terrain. Notre régiment, qui n'avait fait aucun mouvement depuis que l'affaire était engagée, prit alors une position plus avancée. L'infanterie nous précédait, la grosse cavalerie, au contraire, venait derrière nous pour nous soutenir. Les pièces de l'ennemi, quoique inférieures aux nôtres, ne cessaient pas, néanmoins, d'éclaircir les rangs. Notre régiment vit alors tomber, à cent pas de lui, un fantassin d'une manière étonnante : c'était un tambour qui venait de quitter son bataillon, pour vaquer sûrement à de certains beso ns ; il avait sa caisse derrière le dos, un boulet lui emporte la tête, il tombe, mais sa caisse le tient en respect, et il demeure assis ; un événement si extraordinaire excite le rire de la plupart de nos vieux maréchaux des logis, qui s'empressent d'aller examiner la position de ce malheureux tambour.

Un particulier ne pourrait voir un semblable spectacle sans frémir d'horreur, ses cheveux se hérisseraient sur sa tête ; tandis que le soldat, qui devrait avoir un plus grand sujet de trembler, puisqu'il est sur le point d'épouver le même sort, l'examine sans éprouver le moindre saisissement. L'homme se fait une habitude de tout et voit avec la plus grande indifférence les choses dont il n'aurait peut-être pas pu supporter la vue auparavant. Moi-même, je me sentais déjà bien différent de ce que je m'étais vu il y avait un mois; mais revenons sur le champ de bataille.

L'ennemi, comme je viens de le dire, ne soutenait qu'avec peine le feu de notre artillerie et se repliait peu à peu, lorsque, tout à coup, j'aperçus notre infanterie qui s'était portée en avant de notre régiment, marcher


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au pas de charge sur les pièces de l'ennemi. Un moment après, notre colonel nous fit faire un quart de conversion ; puis, s'adressant au régiment :

— « Mes amis, nous dit-il, voilà le moment de montrer votre valeur et de faire connaître ce que peut le 24e régiment de chasseurs : ayez de la fermeté, ne vous désunissez pas et vous verrez bientôt fuir devant vous ces hordes de brigands, que vous redoutez à tort. D'ailleurs, ils ne peuvent vous échapper, et vous n'aurez qu'à frapper. »

Ce peu de mots donne au soldat une nouvelle ardeur. On part, d'abord au trot, puis au galop. Le régiment qui, en trottant, s'était toujours tenu bien serré, commença un peu à se débander lorsqu'il fallut galoper. Mais ce fut bien autre chose quand nous rencontrâmes la route que nous avions à traverser (car les Cosaques étaient de l'autre côté) ; elle avait deux larges fosses qui se trouvèrent d'autant plus difficile à franchir, que les chevaux galopaient déjà depuis un quart de lieue. Ce nouvel incident mit beaucoup de désordre dans les rangs par les chutes que firent plusieurs chasseurs. Joignez à cela que le guéret, dans lequel nous entrions, était si humide que nos chevaux enfonçaient jusqu'à mi-jambe, que l'ennemi que nous allions attaquer, et qui nous attendait de pied ferme, était monté sur des chevaux une fois plus léger que les nôtres, et qui touchaient à peine la terre en galopant.

Toutes ces difficultés ne ralentissent pas notre courage, nous rallions le mieux possible, et nous tombons sur l'ennemi, en faisant retentir les airs du cri répété de : Vive l'Empereur ! L'ennemi ne s'opposa pas à notre premier choc, il fuit, mais avec prudence, sans se débander. Puis s'apercevant que nos chevaux fatigués ne le poursuivent plus avec la même vigueur, il tombe sur


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nous en criant : Hourra ! hourra ! Nous ne nous attendions pas à cela, cependant nous ne prenons point d'épouvante et nous le recevons à grands coups de sabre. On se mêle, le carnage devient affreux. Mais la plupart des régiments renfermait un grand nombre de jeunes conscrits qui voyaient les Cosaques pour la première fois. Leurs grandes lances, plus semblables à des perches qu'à des armes, leur costume bizarre, leur longue barbe, firent impression sur plusieurs de ces jeunes imberbes, qui prirent la fuite; ils entraînent avec eux ceux qui depuis longtemps désiraient se retirer, mais qui n'osaient commencer. Ces derniers furent suivis des moins braves d'entre les vétérans. Cela se fit si promptement que la plupart des crânes se trouvèrent en un instant enveloppés par l'ennemi ; ceux qui ne voulurent pas fuir furent massacrés et ceux qui s'en retirèrent ne durent leur salut qu'à la vitesse de leurs chevaux. Les Cosaques continuèrent leur poursuite avec acharnement, tous ceux qu'ils atteignirent tombèrent sous leurs coups ; mais, heureusement, la grosse cavalerie nous suivait de loin pour nous soutenir en cas de déroute. Nous allâmes nous rallier derrière elle, et les Cosaques qui s'étaient arrêtés en l'apercevant, furent à leur tour poursuivis par de nouveaux régiments de troupes légères qui n'avaient pas encore donné.

Disons un mot sur ce que j'éprouvais dans ce nouveau genre de combat, car je me battais pour la première fois à l'arme blanche. Sitôt que nous tombâmes sur l'ennemi, en criant: Vive l'Empereur ! je crus notre victoire assurée, et je ressentis dans mon coeur tous les mouvements d'allégresse qu'éprouve tout bon Français. J'étais au premier rang, et j'eus encore le plaisir de frapper sur l'ennemi ; tant que les Cosaques nous tournèrent le dos, je ne fis aucune attention à leur costume,


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mais lorsqu'ils firent demi-tour et qu'ils se jetèrent sur nous avec leurs grandes lances, j'éprouvais un certain mouvement d'horreur dont je ne fut pas le maître. Cependant je ne perdis rien de ma fermeté, je les attendis de sang-froid et ne songeai à me retirer que lorsque je vis qu'une partie des nôtres nous avaient abandonnés.

Je ne dirai pas, comme certains fanfarons, qui dans l'action sont souvent les plus lâches, que je me précipitai au milieu de l'ennemi, pointant l'un, taillant l'autre, et que je me retirai couvert de sang et de poussière. Non, je ne suis pas de ce caractère-là ; en outre, puisque je n'écris que pour moi, et uniquement pour suppléer au défaut de mémoire, et pour me rappeler jusqu'aux moindres circonstances qui me sont arrivées dans ma campagne, je n'ai nul intérêt à déguiser la vérité, et je dirai les choses comme elles se sont passées. Tout neuf dans l'art de combattre, je portai toute mon attention à considérer ce qui se passait autour de moi, je vis fuir les premiers sans songer à suivre leur exemple, parce que mon devoir était d'être avec le plus grand nombre ; mais lorsque je vis la plupart des chasseurs faire demi-tour, je ne voulus pas résister au torrent : je tournai la bride de mon cheval, je piquai des deux et en un moment je me trouvai au niveau de ceux qui avaient fui les premiers, La vitesse de mon cheval m'évita plusieurs coups de lance, dont j'aurais été infailliblement lardé si j'eusse été monté sur une rosse.

La perte que nous fîmes dans cette première charge fut considérable ; parmi les chasseurs dont nous n'entendîmes plus parler se trouva le maréchal des logis de mon escouade, ce même Gentil, qui s'était si bien montré à Weissenfels et que son courage perdit à Leipsick. La plupart des Allemands qui se trouvaient dans notre


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régiment disparurent aussi dans ce premier choc, soit qu'ils y eussent péri, soit qu'ils fussent passés à l'ennemi. La cavalerie légère qui, en nous succédant, avait chargé les Cosaques, les poursuivit jusqu'à leur première ligne. A la vue de leur grosse cavalerie elle s'arrêta et fut, à son tour, poursuivit par de nouveaux escadrons de Cosaques. Nous avions eu, pendant cette seconde charge, tout le temps, de nous rallier, et de former les pelotons : aussi à peine eûmes-nous aperçu les Cosaques que nous les chargeâmes avec impétuosité ; ils fuient, nous les poursuivons, tous ceux qui restent en arrière sont massacrés, mais les autres se retirent et sont à leur tour remplacés par de nouvelles troupes, et nous sommes obligés de rebrousser chemin. Ceux d'entre nous qui ont le malheur d'être mal montés sont à leur tour taillés en pièces par l'ennemi.

Nous allons nous rallier derrière les cuirassiers qui étaient demeurés immobiles. Ceux que nous avions remplacés avaient employé le temps de notre charge à se mettre en état de nous seconder; ils nous succédèrent donc. Cette sorte de combat qui m'avait d'abord paru désagréable, commença alors à m'amuser; il me semblait être dans la cour de notre collège, et jouer aux barres. C'était en effet la même chose, les mêmes règles étaient aussi à peu de choses près observées, à l'exception que ceux qui se faisaient prendre, étaient un peu plus maltraités : ils étaient massacrés sans quatier.

Dans la troisième charge que nous fîmes (vers midi), il en fut de même que dans les deux premières; nous poursuivîmes l'ennemi jusque dans sa première ligne, et nous fûmes ensuite poursuivis par de nouvelles troupes. Mais lorsque nous fûmes au milieu de la carrière, nous nous aperçûmes qu'elles ralentissaient beaucoup leur poursuite. Nous profitâmes de l'avance que nous avions


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sur elles pour faire demi-tour, et nous les attendîmes de pied ferme ; ells nous attaquent, nous nous défendons ; Français et Cosaques, tout se mêle; l'ennemi ne peut faire usage de sa lance, tant la mêlée est considérable. Le carnage dure un bon quart d'heure, sans aucun avantage départ et d'autre.Mais un moment après, je ne pus m'empêcher de rire en voyant les Cosaques fuir d'un côté et les Français de l'autre, laissant la place libre et croyant avoir chacun l'ennemi à sa suite. Les cuirassiers ont beau nous crier : « Mais ils fuient ! A quoi pensez vous donc, chasseurs, lanciers, hussards? Ils fuient, faites donc demi-tour! » Nous les entendons à peine, tant nous sommes troublés. Enfin, frappés des cris redoublés des cuirassiers, nous exécutons notre demi-tour et, honteux de voir que nous ne sommes pas poursuivis, nous courons sur les Cosaques dans le moment que, s'apercevant sans doute de leur erreur, ils font aussi demi-tour. Alors nous nous choquons une seconde fois, le combat devient plus opiniâtre, chaque parti veut laver son affront ; et l'affaire eut été longtemps indécise, si la plupart des régiments qui étaient derrière nous ne fussent arrivés en sonnant des fanfares de victoire.

J'avais toujours été si animé que je n'avais pas fait attention à ce qui se passait loin de moi, et je fus fort étonné, en jetant mes yeux sur la plaine, de voir l'ennemi fuir de tous côtés. Car, tandis que nous nous battions à l'arme blanche, le canon avait toujours continué son feu avec vigueur. Plusieurs batteries ennemies venaient d'être démontées pendant notre dernière charge et enfin, au moment où nous étions aux mains avec les Cosaques, l'ennemi, ne pouvant plus soutenir, avait été obligé d'abandonner le reste de ses pièces et de prendre la fuite. Ceux que nous avions eu à combattre, s'étant


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aperçu de la déroute des leurs, ne tardèrent pas à nous tourner le dos ; nous eûmes alors tout le loisir de frapper et nous les poursuivîmes un bon quart de lieue. Nous nous ralliâmes ensuite (vers 2 heures) et nous dirigeâmes notre marche sur le monticule où ils avaient abandonné une partie de leurs pièces. On nous fit faire halte lorsque nous fûmes arrivés dessus.

Cependant, quoique l'ennemi fut en pleine déroute, il ne laissait pas que de nous tirailler de temps en temps, car il y avait à peine une minute que nous étions arrêtés, qu'une balle traversa un pan de ma shabraque et alla casser le bras droit de celui qui était à ma gauche. Plusieurs chasseurs, dans les charges que nous avions faites, étaient tombés à côté de moi, sans que j'y fisse attention ; mais j'avoue qu'en voyant la blessure que cette balle, qui venait de m'effleurer, avait faite à mon camarade, je réfléchis un peu au danger que j'avais couru, et je remerciai la divine Providence de m'en avoir préservé.

Nous restâmes quelque temps en observation sur cette montagne, après quoi on nous fit mettre pied à terre. Mon premier soin, en descendant de cheval, fut de parcourir la partie du champ de bataille la plus voisine de l'endroit où nous nous étions arrêtés. Ce serait ici le lieu pour un historien de faire en termes pathétiques et pompeux la triste description de cet endroit effroyable ; mais je ne me sens pas assez de force pour l'entreprendre et, d'ailleurs, une telle description serait hors de place dans ces mémoires. Je dirai donc seulement que la terre était couverte de schakos, de carabines, de sabres et de harnachements de chevaux, qu'on voyait çà et là des cadavres palpitants que dépouillaient d'impitoyables soldats qui, pour la plupart, devaient être bientôt dépouillés à leur tour. Je parcourus rapi-


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dément ces lieux remplis d'effroi, déplorant en moimême les malheureux effets de la guerre

Mais le tableau le plus déchirant pour l'humanité, celui qui me fit le plus d'impression et qui me causa le plus de pitié fut celui des malheureux blessés. Les cris aigus des uns, les sourds gémissements des autres, perçaient également mon coeur, j'oubliai alors toute ma peine passée et toute celle que me laissait entrevoir un avenir affreux, pour ne songer qu'au sort malheureux qui attendait ces victimes infortunées. Abandonnées des leurs, en un pays ennemi, qu'allaient-elles devenir ? La mort n'eût-elle pas été mille fois plus douce ?

Je tournai ensuite mes pas vers les pièces que nous avions prises : après les avoir examinées, je revins auprès du régiment. Mais, en arrivant, je trouvai mes compagnons occupés à ramasser des paquets de cartouches, car l'ennemi s'était retiré avec tant de désordre que le monticule était couvert de leurs munitions et, comme nous commencions à en manquer, on avait donné ordre dans le régiment de s'en pourvoir. Lorsque nos provisions furent faites, on sonna à cheval, et nous partîmes. L'ennemi, sur ces entrefaites, avait pris une position assez avantageuse qu'il semblait vouloir conserver; nous nous approchâmes pour l'en chasser, mais, au premier mouvement que nous fîmes il l'abandonna et se relira plus loin.

Le jour cependant commençait à baisser et l'air était devenu plus piquant ; notre capitaine permit alors, à ceux qui avaient froid, de mettre leur capote (car nous l'avions eue toute la journée en bandoulière). Presque toute notre compagnie l'endossa de suite, mais moi, soit hasard heureux, soit qu'ainsi le voulut ma destinée, je différai un moment, trouvant qu'il ne faisait pas assez froid. Ce délai me sauva la vie, car un moment après,


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comme nous passions auprès d'un village, je fus atteint à la poitrine d'une balle qui traversa six plis de ma capote. La secousse que je reçus fut si grande que je faillis tomber de cheval. La balle cependant ne m'avait pas atteint et était restée dans le manteau. Cet événement et beaucoup d'autres qui m'arrivèrent dans la suite, contribuèrent beaucoup à me confirmer dans la croyance que j'ai toujours eue pour la prédestination ; ces idées que plusieurs regarderont comme chimériques, ne laissèrent pas que de m'être d'une grande utilité, car elles furent cause que jamais je ne me désespérai. Non seulement je croyais que si je ne devais pas être tué dans les combats je ne le serais pas, mais encore je m'étais tellement persuadé que je reverrais mon pays, que je ne pensais nullement au trépas que nous bravions tous les jours.

La balle que j'avais reçue venait du village auprès duquel nous passions ; l'ennemi qui l'occupait nous ayant aperçu défiler, se mit à nous tirailler par les fenêtres, et sans ma capote, j'aurais été rendre une visite au noir Pluton. J'en fus donc quitte pour la peur. Comme notre dessein était de chercher un village auprès duquel nous puissions passer la nuit, notre colonel ne fit pas attention à ces tirailleurs, et nous continuâmes notre route, en précipitant la marche. Après avoir erré pendant une demi-heure, je ne dis pas dans l'obscurité, car les feux qui commençaient à s'élever de tous côtés, suffisaient pour nous conduire, mais dans la cruelle perplexité de rencontrer des ennemis ou des Français, après, dis-je, avoir pendant une demi-heure, redouté de tomber dans quelque colonne ennemie, nous arrivâmes heureusement sur les huit heures auprès d'un village où nous résolûmes de passer la nuit. Nous plaçâmes notre bivac dans un enclos à côté de ce village et


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aussitôt qu'on eût mis pied à terre, on se rendit dans les principales maisons pour aller chercher du fourrage.

Lorsque nos chevaux eurent à manger, on alla chercher du bois et des provisions de bouche, car il ne nous restait plus guère de celles que nous avions faites la veille. J'ai dit plus haut que chaque chasseur avait eu de la viande pour un jour, avec à peu près une demilivre de pain, et que le reste des provisions avait été confié à ceux qui avaient des bissacs. Le malheur voulut que la plupart de ces chasseurs-là fussent tués ou démontés. Ceux d'entre eux qui avaient échappé au carnage, se trouvant embarrassés de leurs besaces dans les différentes charges que nous fîmes, les jetèrent sur le champ de bataille, pour que leurs chevaux, moins chargés, pussent galoper avec plus de vitesse, de sorte que nous nous trouvâmes ne plus rien avoir. Il ne me restait plus de ce que j'avais reçu la veille qu'une demilivre de mouton et une cuisse de poulet; quant au pain, j'avais consommé pendant la journée la demi-livre de biscuit qu'on m'avait donnée.

Nous eûmes même beaucoup de peine à trouver quelque chose dans le village ; cependant, après de grandes recherches, nous nous vîmes en possession de quelques volailles. On alluma un grand feu, je nommai un chasseur pour veiller à notre cuisine, et j'allai, abattu par la fatigue et l'insomnie, me jeter sur le tas de fourrage de notre compagnie. A peine étais-je étendu sur la paille, que le sommeil vint s'emparer de mes membres fatigués, mais hélas ! il fut de peu de durée, car sur les deux heures du matin je me trouvai réveillé par un bruit confus de bombes et d'obus qui pleuvaient sur notre bivac. Je me lève encore à demi endormi pour reconnaître la cause de ce vacarme ; mais quel est mon

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(17 oct.)


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étonnement en voyant le bivac en feu et mes camarades déjà à cheval ! mon assoupissement avait été si profond que je ne m'étais pas de suite aperçu de la canonnade. Je cours à mon cheval ; le brider, monter dessus et atteindre le régiment déjà en marche n'est que l'affaire d'un instant; je me félicite déjà qu'on ne se soit pas aperçu de mon retard, mais ma joie est de peu de durée et je vois avec la plus grande surprise que je n'ai ni sabre, ni carabine. Comment exprimer les divers sentiments de honte et de douleur que je ressentis dans ce moment? Je cède précipitamment mon cheval à un chasseur qui se trouve le plus proche de moi, et je revole au lieu où nous avions bivaqué. Après avoir longtemps erré parmi les différents bivacs qui entouraient le village, je trouvai le nôtre et je me rendis en un moment au lieu où je m'étais endormi. Lorsque je m'étais jeté sur le fourrage, il tombait une pluie très fine, et dans la crainte qu'elle n'augmentât pendant la nuit, j'avais mis mes armes sous la paille ; mais mon réveil avait été si tumultueux, et la vue de mes compagnons à cheval m'avait tellement troublé que je courus à mon cheval sans songer à mes armes. Je les trouvai donc à la place où je les avais laissées ; ensuite, jetant un coup d'oeil sur notre cuisine, je vis plusieurs brosseurs qui se disputaient quelques poulets, car l'alarme avait été telle que l'on n'avait pas songé aux vivres. Mais il ne me vint même pas à l'idée de prendre quelque chose, tant j'étais agité, et je me hâtai de rejoindre mon régiment. Mon chasseur m'attendait en arrière, je remontai à cheval et personne ne s'aperçut de mon accident.

Cependant, la canonnade venait de cesser et on n'entendait plus que quelques coups par-ci par-là. On nous fit alors arrêter au milieu d'un champ. Nous descendîmes de cheval et un grand nombre de chas-


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seurs, des plus robustes, coururent dans la plaine à la recherche de quelque village où ils pussent trouver du fourrage pour leurs chevaux. J'aimais bien mon cheval, j'avais aussi assez de raison pour savoir que mon cheval était ma vie et que je devais en avoir plus de soin que de moi-même ; mais dans ce moment, la nature épuisée l'emporta sur la raison. Je passai la bride de mon cheval dans mon bras et je m'étendis à ses pieds, sur le guéret bourbeux. Ceux qui avaient été au fourrage revinrent bientôt avec des bottes de paille et de l'avoine, qu'ils donnèrent aux pauvres animaux qui s'étaient battus et avaient partagé avec eux les périls de la journée. Mon cheval et la plupart de ceux des conscrits n'avaient rien à manger et faisaient tous leurs efforts pour s'en procurer. Le mien, qui était robuste, s'achemina vers le tas le plus voisin me traînant après lui et moi j'étais tellement accablé de fatigue et de sommeil que je m'apercevais à peine des mouvements qu'il me faisait faire ; quelquefois même, il me marchait sur les pieds, sans pour cela me tirer de mon assoupissement si semblable à une léthargie que je ne sentais pas même le froid, quoique les nuits fussent alors très froides et que nous n'eussions pas de feu.

Lorsqu'il fit jour, on sonna à cheval, plusieurs chasseurs de mon escouade que j'avais priés de me réveiller, y parvinrent avec beaucoup de peine; néanmoins, je montais sur mon cheval, qui heureusement avait trouvé le moyen de se nourrir sans mon secours, ce qui lui donna de nouvelles forces. Quand je fus totalement réveillé, je me trouvai aussi un autre homme ; car, le peu de sommeil que j'avais pris avait opéré en moi un si grand changement, que j'avais de la peine à me reconnaître ; mais, le froid dont je m'étais à peine aperçu pendant mon sommeil se fit alors sentir avec rigueur


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et la faim commençait aussi à m'aiguillonner. Si je ne pouvais pas remédier au premier de ces maux, il était au moins en mon pouvoir d'adoucir le second, car il me restait encore, ai-je dit, un peu de mouton et une cuisse de poulet. Je mangeai donc la moitié de mon morceau de mouton sans pain, bien entendu, car on n'en voyait plus depuis longtemps.

Après avoir marché pendant une demi-heure, on nous fit faire halte, mais nous ne descendîmes pas de cheval et nous restâmes en observation. L'ennemi de son côté ne faisait aucun mouvement et semblait devoir garder la position qu'il occupait. Nous demeurâmes ainsi dans le même endroit jusqu'à midi. Le 11e régiment de hussards, qui était de la même brigade que nous, avait une assez jolie musique, qui joua pendant tout le temps que nous fûmes en observation. Mais, tandis que nous nous livrions à la gaîté que nous inspiraient ces fanfares, il vint s'offrir à nous le spectacle le plus déchirant pour l'homme sensible. Le bruit des instruments nous avait empêché d'entendre jusqu'ici les gémissements que poussait depuis longtemps un malheureux blessé. Lorsque nous vîmes tout à coup cet infortuné se traîner vers nous en redoublant ses cris, son corps était entièrement mutilé, il n'avait plus qu'un bras et ses entrailles sortaient de son ventre. Nous ne pûmes arracher de lui que ces paroles : « Otez moi la vie ! ôtez moi la vie ! » Quelques chasseurs, qui avaient sur eux du schnapps, descendirent de cheval et lui en firent prendre ; mais, il s'évanouit aussitôt qu'il en eut avalé quelques gouttes. Le colonel touché du déplorable état de ce malheureux, le fit porter à l'ambulance par quatre chasseurs qui le virent expirer dans leurs bras. Quelles douleurs aiguës cet infortuné n'eut-il pas à souffrir? Car, il avait passé la nuit dans un fossé, et ce n'est qu'en nous apercevant


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si près de lui, que par un dernier effort de la nature, il s'était traîné jusqu'à nous.

Vers midi, nous changeâmes de position et nous mîmes pied à terre pour donner à manger à nos chevaux. Je n'avais point de fourrage à donner au mien, mais il se sentit du grade de son maître et il mangea à la communauté. Lorsque tout le fourrage fut. consommé, ce qui ne fut pas long, nous remontâmes à cheval et nous y restâmes jusqu'à la nuit. Il y avait eu une espèce de trêve pendant la journée, mais, nos chevaux n'en avaient pas moins fatigué puisque nous avions été tout le jour dessus ; nous-mêmes nous avions eu à souffrir le froid, la pluie et la faim. En effet, j'épargnais beaucoup mes vivres, et quoique je n'eusse mangé depuis vingtquatre heures qu'environ une demi-livre de mouton, il ne me restait que ma cuisse de poulet pour dernière ressource.

Lorsqu'il fit nuit, nous nous mîmes en marche pour tâcher de trouver un village pour bivaquer, nous marchâmes de cette manière pendant une heure, mais soit qu'on ne voulût pas s'exposer à coucher dans un village, soit que nos chefs eussent reçu ordre de bivaquer dans la plaine on nous fit arrêter au milieu d'un champ. Nous descendons de cheval, mais nous n'avons pas de fourrage; nous sommes, outre cela, éloignés des villages, la nuit est très sombre, et on ne peut s'écarter sans courir risque de tomber dans quelques bivacs ennemis. Pourtant nos chevaux, après les fatigues qu'ils ont essuyées, ne peuvent pas se passer de nourriture ; s'ils ne mangent pas, ils seront incapables de recommencer le combat le lendemain. Dans ces extrémités, on se résoud à envoyer un capitaine et quatrevingts hommes à la recherche de quelque village où ils pussent fourrager. Je ne me trouvai pas, heureusement


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de ce nombre; ils partent à cheval, et nous nous restons dans notre bivac en attendant leur retour.

Le lieu où nous étions était si dépourvu de bois, que nous eûmes les plus grandes difficultés à trouver des pieux pour attacher nos chevaux, quant au feu, il fallut nous en passer; je m'enveloppai donc dans mon mane au et je m'étendis, comme à l'ordinaire, aux pieds de mon cheval pour dormir. Quoique le froid fut excessif et que j'eusse les pieds glacés, je m'endormis néanmoins, mais pas aussi profondément que la nuit précédente, car j'étais de temps en temps obligé de me lever et de marcher à grands pas pour me réchauffer. Cependant il est minuit, et les fourrageurs ne sont pas encore de retour. On fait tous les signaux possibles, mais personne n'arrive ; à deux heures, à quatre heures, on n'a encore aperçu qui que ce soit ; il règne à leur sujet dans le bivac la plus grande inquiétude, on ne compte même plus sur leur retour, quand tout à coup nous les voyons arriver tout chargés de fourrages. L'allégresse est alors à son comble, on distribue la paille et le foin aux chevaux, qui se jettent avec avidité dessus, et le soldat à jeun jouit du plaisir de voir manger le compagnon de ses travaux. L'ignorance des lieux, l'obscurité de la nuit et les sinuosités que les fourrageurs avaient été obligés de faire pour découvrir quelques villages, leur avaient fait perdre la direction de notre bivac, et avait été cause de leur retard.

Quelle douce consolation pour nous de revoir des amis sur qui nous ne comptions déjà plus ! On s'embrasse on se questionne, on rit, on chante, on oublie que l'on est à jeun, et qu'il ne reste plus rien à manger ; mais surtout ce qui nous cause le plus d'allégresse, c'est de voir avec quelle avidité, les chevaux se précipitent sur le fourrage.

(18 oct.)


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Mais hélas, que notre joie fut de courte durée ! A peine le jour commençait-il à paraître qu'il fallut quitter le bivac : un moment après le canon se fit entendre et cette première canonnade fut si vive, qu'il ne nous fut pas difficile de conjecturer que l'affaire allait devenir générale, et peut-être décisive. Notre régiment ne fut pas longtemps sans prendre part à l'action ; à 9 heures, il traversa un petit village, et vint se mettre en bataille derrière la batterie la plus avancée afin de la soutenir. Le feu de l'ennemi était vigoureux, nos pièces tâchaient de lui repondre sur le même ton, et ne perdaient pas un pouce de terrain ; mais après une heure de lutte continuelle, il devint si terrible, que l'on fut obligé de céder un peu. Nous nous replions petit à petit sur la gauche, sans néanmoins cesser le feu, et nous venons nous emparer d'une position qui paraissait avantageuse et que nous résolûmes de conserver.

A peine l'ennemi s'était-il aperçu de notre mouvement rétrograde, qu'il fit avancer ses pièces. Le feu recommence de part et d'autre avec plus d'acharnement. La plupart de nos pièces sont démontées, le régiment est» massacré ; la mort vole de peloton en peloton, la terre est jonchée de cadavres palpitants et l'air retentit dés gémissements des blessés. Quelle différence de ce combat aux diverses charges que nous avions faites la surveille ? Le 16, nous nous étions presque toujours battus à l'arme blanche, et notre courage et notre ardeur joints aux différentes courses que nous faisions, nous empêchaient d'envisager la mort et de songer au danger. Mais aujourd'hui, c'était bien différent ; nous étions pour soutenir les pièces et obligés de rester immobiles, les bras croisés, attendant de sang-froid que la mort vint nous renverser de dessus nos chevaux. Je me trouvais brigadier de la droite du peloton de gauche,


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et c'était précisément sur ce peloton que le boulet faisait le plus de ravages, parcequ'il se trouvait le plus près des pièces. Sur 24 hommes qui le composaient il n'en restait plus que 6. C'est alors que je me crus perdu sans ressource et je l'aurais infailliblement été, si, heureusement pour moi, le colonel n'eut fait exécuter un mouvement rétrograde au régiment pour dérouter les pointeurs ennemis.

Ce mouvement eut tout le succès qu'en attendait le colonel. Le régiment fut au moins cinq minutes sans être atteint par le boulet ; je profitai de ce moment de calme pour me réjouir de mon bonheur et pour que la réjouissance fut complète, je résolus de manger la seule cuisse de poulet qui me restait pour toute nourriture. C'était peu de chose pour un homme qui n'avait pas mangé de la journée et qui, la veille, n'avait eu qu'une demi-livre de mouton pour toute pitance ; mais néanmoins, je me sentis beaucoup plus fort, après mon petit repas et je ne songeai plus au danger.

Notre changement de position, comme je viens de le dire, nous avait quelques instants préservés de la canonnade ; mais notre bonheur fut de peu de durée, et, vers 11 heures, le feu devint pour ainsi dire plus terrible, puisque toutes nos pièces furent démontées ; le régiment fut plusieurs fois obligé de faire demi-tour pour se reporter plus en arrière. L'ennemi enfin se disposait à nous charger, lorsque nous fûmes secourus par de nouvelles batteries.

Jamais pièces ne vinrent plus à propos, on les charge à mitraille ; mais un nouvel incident vient retarder leur effet. Les tirailleurs, qu'on avait renforcés à mesure que notre feu s'était ralenti, sont tellement acharnés qu'il est difficile de les faire rentrer dans leurs rangs, pour faire jouer la mitraille. On a beau leur crier :


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« Tirailleurs, à vos rangs ! » ils n'entendent rien. Plusieurs sous-officiers se détachent pour les faire rentrer : mais ils n'y parviennent qu'avec peine et plusieurs restent encore à se tirailler, soit trop grand acharnement, soit désobéissance, soit enfin faute d'entendre ce qu'on leur dit. Mais les instants passaient, il s'était déjà écoulé une demi-heure depuis l'arrivée des pièces, sans qu'elles puissent jouer. L'ennemi de son côté nous harcelait fort, et ses tirailleurs étaient sur le point d'arriver sur nos pièces : il n'y avait plus à balancer. Les canonniers prirent avec peine le seul parti qui leur restait et la mitraille balaya Français et ennemis.

Ceux des Français qui ne furent pas victimes de cette première bordée, se voyant entre deux feux, reconnurent la faute qu'ils avaient faite et ne furent pas longs à se rendre chacun à son corps. La mitraille continua son jeu et nous gardâmes assez longtemps cette position.

Jusqu'à ce moment, nous n'avions eu affaire qu'à une seule batterie, plus forte à la Abrité que la nôtre ; mais les pièces à mitraille qui venaient de nous arriver avaient fait une telle brèche sur les troupes qu'on envoyait nous charger, qu'elles ne purent résister et se débandèrent. Le bataillon carré fut rompu dès la seconde bordée de mitraille, il en resta plus de la moitié sur le terrain ; les autres furent obligés de regagner à la course leur batterie pour se rallier derrière. Les troupes qu'on avait envoyées pour s'emparer de nos pièces, ayant ainsi été en partie balayées par la mitraille et en partie forcées de se replier sur leur ligne, on cessa de charger à mitraille et on tira à boulet sur les pièces qui nous étaient opposées.

Mais nous ne conservâmes pas longtemps l'avantage que nous venions de remporter. La déroute du bataillon carré avait sûrement attiré l'attention du principal chef


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de l'armée ennemie, car, peu de temps après, la batterie sur laquelle nous tirions reçut de nouvelles pièces et nous nous trouvâmes exposés à un feu terrible ; nous fûmes de nouveau obligés de lâcher de temps en temps du terrain. La canonnade était devenue si intense que nous distinguions à peine le bruit des pièces qui tiraient sur nous ; la vaste plaine dans laquelle nous nous trouvions était couverte de batteries; enfin de quelque côté que l'on tournât les yeux, l'on ne voyait que canons et régiments, que fumée et poussière. Bientôt, sur les 3 heures, nous fûmes exposés à une seconde batterie qui ne nous prit pas précisément en flanc, mais qui était placée, par rapport au régiment, d'une façon telle que sa ligne de mire pouvait faire sur notre escadron de droite un angle de 45 degrés. On fut obligé, pour répondre à la nouvelle batterie, de diviser la nôtre en deux parties, afin de faire face des deux côtés.

La position des autres régiments n'était pas plus avantageuse que la nôtre ; le mouvement rétrograde se faisait sentir dans toute l'armée française. En se repliant sur Leipsick, les divisions françaises étaient obligées par la nature du terrain de s'approcher réciproquement les unes des autres. L'armée ennemie, au contraire, cherchait à nous envelopper, et la tendance naturelle de chaque portion de notre armée à se porter sur Leipsick, ne lui en donnait que trop les moyens. Cependant sur les quatre heures du soir, nous prîmes une position que nous résolûmes de garder quelque temps, comme plus aArantageuse que toute autre : nos pièces se trompaient sur un terrain assez favorable, et le régiment à quelques pas d'elles, était placé dans un ravin qui pouvait mettre seulement à l'abri du boulet ennemi les jambes de nos chevaux ; c'était un grand point.

Le feu ennemi était toujours aussi violent, mais moins


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meurtrier; notre nouvelle position avait sans doute dérouté leurs pointeurs. Je me trouvai exténué de faim et de fatigue, je n'avais plus rien à manger ; j'ignorais quand je combat finirait, et le cheval m'avait tant fatigué, que je ne savais comment me placer. Plus je regardais autour de moi, plus je voyais augmenter la mêlée ; enfin les pensées qui m'absorbaient alors étaient tellement noires et lugubres que je désirais la mort. Je l'invoquai de grand coeur ; mais ce fut en vain, et je fus réservé à de nouvelles misères. Pour la première fois je perdis courage et me crus à mon dernier jour. « Infortuné, me disais-je alors, tu ne verras donc pas s'accomplir tes dix-huit ans? (1) Mourir si jeune et si loin de son pays sur un terrain ennemi ! Quelles angoisses vont peut-être précéder une mort prématurée et affreuse? »

Après ce monologue, je repris mes idées de sanssouci : « Que la mort vienne, si elle veut, me dis-je, ne songeons qu'au temps présent; je n'ai rien mangé depuis longtemps, je ne sais quand je pourrai me procurer des vivres ; mais qu'y faire? tâchons, s'il se peut, d'oublier que nous n'avons rien dans l'estomac et rien pour y mettre. Mais je suis exténué de fatigue, je n'ai pas dormi depuis l'instant où je fus réveillé par des bombes, ne pourrais-je profiter de la position que nous semblons vouloir garder, pour m'abandonner dans les bras de Morphée? Eh pourquoi non ? Dormons, puisque nous le pouvons ; si pendant notre sommeil la mort vient nous frapper, eh bien ! nous ne la verrons pas arriver, et ce premier sommeil deviendra éternel sans que nous ayons le temps d'y réfléchir ». En même temps je passai mes rênes dans le bras droit que j'appuyai sur la

(1) Il y a sans doute là un lapsus du narrateur qui, né le 18 octobre 1794, allait accomplir ses dix-neuf ans, en 1813.


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schabraque de ma selle; puis, soutenant ma tête avec ma main droite, je fermai les yeux et quelques minutes après je perdis connaissance. J'ignore au juste le temps que je dormis ; d'après toutes mes conjectures, je l'évaluai à une bonne demi-heure ; mais que d'événements s'étaient passés pendant cet intervalle! Je fus réveillé par le ravage que venait de faire un boulet tout près de moi ; après avoir fracassé la tête du cheval qui se trompait à ma gauche, il avait été frapper un cavalier, puis un autre cheval de notre peloton. La secousse occasionnée par la chute du premier cheval avait été cause de mon réveil. Lorsque je fus revenu du premier mouvement d'effroi que j'éprouvai en ouvrant les yeux, je m'adressai à mon voisin de droite et lui demandai ce qu'était devenu le chef du peloton que je trouvai remplacé par un autre officier : — « Il vient d'être blessé. » me répondit-il, puis il ajouta : « Vous êtes bien heureux d'avoir pu dormir ; vous avez eu le double avantage de prendre du repos et de n'être pas témoin des pertes que nous venons de faire ; notre colonel a été frappé d'un boulet qui lui a coupé la botte et emporté trois doigts du pied gauche. La plupart de nos officiers sont hors de combat et, outre ce boulet qui vient de tuer un chasseur et d'en démonter deux autres, notre peloton, depuis que je vous vois dormir, a été atteint par deux autres boulets qui n'ont pas fait moins de ravages. Je crois vraiment que nous sommes perdus ». — J'étais de son avis, et je ne doutais plus de notre perte lorsque je portais mes regards sur la plaine. Les batteries ennemies nous serraient de plus en plus, leurs feux étaient terribles. A droite, plusieurs corps commençaient à charger sur les Français; à gauche, on voyait s'avancer de nouvelles pièces pour finir de nous cerner. Notre régiment, cependant, gardaittou jours la même position malgré l'approche


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successive des deux batteries qui nous étaient opposées et auxquelles la nôtre pouvait à peine répondre, lorsque nous nous aperçûmes que nous allions encore être exposés au feu d'une nouvelle batterie que l'ennemi venait de faire filer sur notre gauche. En effet, un instant après, elle joua et ses premiers boulets furent pour nous.

Il n'était plus possible de conserver la position que nous venions de garder si longtemps ; tout le régiment s'impatientait fort de ne pas recevoir d'ordre, lorque, à 6 heures, le bruit se répandit que l'Empereur avait résolu d'effectuer une retraite par Leipsick, la seule alors qui lui fût possible, et qu'il venait, à cet effet, de se porter avec des forces considérables pour ouvrir la route de France. Cette nouvelle, toute mauvaise et désavantageuse qu'elle était pour l'armée française, fut néanmoins reçue indiA'iduellement avec un certain plaisir. La plupart des Français n'avaient ni mangé, ni dormi depuis trois jours ; notre armée entière se trouvait bloquée par les forces réunies de l'Europe, et chacun ignorait quand finirait la lutte qui durait depuis ces trois jours. On ne fut donc pas fâché d'apprendre que Napoléon songeait à la retraite, et quelque lueur d'espérance renaissant dans les coeurs qui, pendant onze heures entières, avaient eu à affronter de sang-froid la mort, on ne songea plus au danger qui cependant augmentait de plus en plus ; il ne fut plus question que de braver l'ennemi et de garder la position que nous occupions jusqu'à ce que la route de France fût ouverte.



HISTOIRE

DES

CORPORATIONS & CONFRÉRIES

D'ARTS ET MÉTIERS DE BOURGES

(SUITE)

Épiciers et Confiseurs

En somme, l'épicerie fut et reste encore, surtout dans les petites localités, un commerce aux limites assez mal définies, et qui avait pour caractère de tenir à peu près tous les objets de consommation ; car, à mesure qu'il alla et que les moeurs et les goûts du public devinrent plus exigeants, la nomenclature des articles débités par l'épicier ne cessa de s'allonger. Sans doute, ce furent toujours les objets d'alimentation qui firent le fond de ce débit ; mais combien d'autres ne s'y mêlèrent-ils pas successivement? Près des condiments, des saulces, de la moutarde et de maints autres agréments de la table, c'étaient la cire et la chandelle, en même temps que les drogues. On vit même, aux deux derniers siècles, ce commerce absorbant adjoindre à tout le reste la vente des couleurs, de la clouterie et de la ferronnerie, du charbon, des sabots, du jambon fumé, des graines, etc.

Mais, dès l'origine, ce qui constitua spécialement ce commerce, ce fut l'article dont il prit le nom pour enseigne. L'épice (ou les épices, dont le sucre faisait partie) était une denrée d'autant plus prisée qu'elle était


160 HISTOIRE DES CORPORATIONS ET CONFRÉRIES

rare et chère, parce qu'elle venait de loin. Depuis les croisades, l'Occident était devenu tributaire de l'Orient pour toutes les friandises, à peu près inconnues à la grossièreté des siècles précédents, et considérées alors comme tellement précieuses, qu'elles s'offraient en cadeau de préférence à toute autre chose, et que leur nom se vit employer pour désigner le moyen le plus sûr que le justiciable eût de s'attirer la faveur du juge (1).

Dépositaire de l'épice et du sucre, l'épicier fut naturellement confiturier ou confiseur, suivant le nom qu'on donnait à ceux des officiers, dans les maisons princières, auxquels était confiée la garde des provisions de fruits et la charge de les préparer en conserves. Apothicaire, épicier, confiseur, ce fut d'abord tout un.

On lit dans l'ordonnance de Blois de 1579, article 87 : « Que nul ne puisse confire à Paris s'il n'est sceu (reconnu) du maistre du mestier. » C'est du métier d'apothicaire qu'il s'agit.

Les confitures se divisaient en sèches et en liquides. Sous le premier de ces noms, on comprenait les sucreries solides et les dragées ; sous celui de confitures liquides, on entendait les sirops simples, le miel, et ce que nous nommons spécialement confitures. D'autre part, grâce à la fourniture de certaines pâtisseries légères, comme massepains, biscuits, meringues, le métier de l'apothicaire-confiseur confinait à celui de pâtissier.

Voici, à l'appui de ce qui précède, quelques notes d'apothicaires empruntées aux vieilles archives de la mairie de Bourges :

« A Pierre Gibieuf appoticquaire à Bourges, la somme

(1) On sait qu'on avait fini par appeler épiées les honoraires des charges judiciaires, même alors, qu'ils étaient versés en numéraire.


D'ARTS ET MÉTIERS DE BOURGES 161

de quarante trois escuz trente sols pour avoir fourny et livré XLII sortes de confitures sèches et liquides pour servir audict festin (1). »

» A sire Estienne Paulin, appoticquaire, la somme de quatre escuz vingt sols pour avoyr fourny et livré quatre livres de massepain et quatre livres confitures de Germes. »

Le confiseur, cela va de soi, était liquoriste, même alors qu'il ne se qualifiait pas encore de ce titre, par la bonne raison que les liqueurs n'existaient pas encore, mais seulement les vins épicés, aromatisés et sucrés, connus sous le nom d'hypocras.

Noël Dufail, dans ses Contes d'Eutrapel (ch. XXXIV), parle d'un apothicaire d'Angers qui ne faisait guère autre chose de son métier que fabriquer de l'hypocras, et louer des accoutrements de masques.

Dans les comptes de l'Hôtel de ville de Bourges, où cet article figure constamment pour les grandes cérémonies, nous le voyons toujours fabriqué et fourni par un des apothicaires du pays. Le compte de 1610-1611 mentionne une fourniture de madère par l'apothicaire Paulin. C'est la première fois qu'un vin exotique figure officiellement chez nous entre l'hypocras et le clairet. J'y vois un indice de l'influence espagnole.

Avec les progrès de la chimie, la distillation vint enrichir le prospectus du liquoriste d'une foule d'alcoolats inconnus jusque-là. Ratafias, fruits à l'eau-devie, entrèrent dans la consommation courante, où ils se trouvèrent désormais classés avec ces boissons nouvelles : le chocolat, le café et le thé. Ces derniers articles

(1) Dans cet article et dans le suivant, empruntés au registre des comptes de l'exercice 1588-89, CC. 449, il s'agit du festin donné par la ville, le jour de carême prenant (mardi gras) de l'année 1589, à la fille de M. de La Châtre, pour son mariage avec le sieur de Lignerac.

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162 HISTOIRE DES CORPORATIONS ET CONFRÉRIES

étaient, il est vrai, presque uniquement consommés sur la table de famille, mais les liqueurs purent l'être et le furent sur le comptoir. (Arrêts du Parlement des 6 septembre 1731 et 5 juillet 1738.)

L'art du confiseur, associé d'abord plus spécialement à la pharmacie, s'en détacha à mesure que celle-ci, prenant de plus en plus conscience d'elle-même, devint de plus en plus étrangère à ces manipulation et à ces commerces, d'un ordre un peu inférieur. L'épicier profita de cet abandon. L'épicier-confiseur est connu dans notre pays et mentionné dès les premières années, au moins, du siècle dernier. En 1725, à l'occasion du mariage du roi, il y eut création d'un certain nombre de maîtrises extraordinaires, parmi laquelle figurent, pour Bourges, celles de confiseur-épicier-cirier, ce qui justifie le fait avancé par nous (1).

(1) Archives départementales du Cher, fonds judiciaire. Police. I. B. 24-99.


Ghandeliers-Ciriers.

Un métier que nous sommes habitués à voir marcher de front avec l'épicier est celui du cirier ou chandeliercirier, ainsi qu'on le désignait autrefois.

A l'origine, la chandellerie et l'épicerie furent complètement distinctes l'une de l'autre, bien que se rapprochant singulièrement par la plupart des objets de leur commerce, ainsi que nous allons le voir. Il y a plus ; à Paris, au XIIIe siècle, le métier de chandelier se classait tout à fait à part de celui du ciergier, chacune des deux substances que l'un et l'autre manipulaient ayant un emploi particulier suffisant pour ne pas permettre de confondre ceux qui coulaient le suif avec ceux qui moulaient la cire.

Il n'y avait probablement que les « chandeliers de suif », comme on disait alors, qui fussent réunis en jurande. En tout cas, ils sont les seuls à figurer dans le Livre des métiers d'E. Boileau, où ils occupent le chapitre LXIV. Quant au métier de cirier, il devait jouir d'un relief particulier, tenant à ce qu'il était un peu d'église. Il serait inutile de chercher à démontrer combien le commerce des torches de cire et des cierges avait plus d'importance que de nos jours. La consommation que fait aujourd'hui l'Eglise, du dernier de ces deux articles, ne rappelle en rien celle qu'elle en faisait autrefois. Qu'on réfléchisse à cette fréquence de messes, de services religieux, de processions et de cérémonies, toujours éclairées de ce luminaire dans les nombreuses


164 HISTOIRE DES CORPORATIONS ET CONFRÉRIES

églises, chapelles, collégiales et couvents de la ville et des faubourgs, à ces ex-voto nombreux, qu'un rien motivait, et qui, la plupart du temps, se confectionnaient de la même substance ; qu'on se rappelle que la moindre circonstance, dans la vie dévotieuse de ces époques, appelait l'achat et l'offrande d'un cierge ; que c'était l'une des natures d'amendes les plus fréquentes parmi les confréries des métiers, et l'on comprendra quelle activité ce commerce devait entretenir dans sa fabrique. D'autre part, que l'usage de la cire pour l'éclairage des maisons ne fût pas employé par le peuple, qui se couchait à l'heure du couvre-feu pour se relever au point du jour et qui, en cas de besoin, ne s'éclairait qu'au suif des chandelles ou à la résine des pétrelles, que la législation somptuaire même en interdît l'usage à tous autres qu'aux nobles et aux riches, cela n'empêchait pas les torches de cire d'être d'un emploi fréquent dans les intérieurs aristocratiques et dans les nombreuses fêtes et festins dont la noblesse ou la haute finance cherchaient à égayer leur existence, sans compter que la bourgeoisie elle-même, le riche commerce, bravaient les règlements de police pour assurer au marchand cirier un débit d'autant plus grand (1).

Pour donner une idée de l'énorme consommation de cire que faisait autrefois l'Eglise, nous allons rapporter le statut du luminaire pour celle du Château lès Bourges. « Nous ordonnons, y est-il dit, que la même église soit parée honnestement de cire et que l'on suive l'ordre que nous prescrivons. Aux premières et secondes vespres, matines et grande messe des fêtes annuelles et de sous(1)

sous(1) ordonnance de Philippe le Bel de 1294 sur l'ordre et la police du royaume porto que « nul bourgeois, nulle bourgeoise, s'ils ne sont prélats ou personnages en dignité, n'auront torche de cire. » Ont sait ce qu'ont valu tous les lois contre le luxe. Les premiers moments passés, autant en emportait le vent.


D'ARTS ET MÉTIERS DE BOURGES 165

chantre, le luminaire sera de vingt cierges pesant chacun deux livres, dont quatre sur le grand autel, quatorze sur la perche devant le grand autel, et deux dans les chandeliers d'argent des enfants de choeur. Aux premières et deuxièmes vespres, matines et grande messe des fêtes doubles, le luminaire sera composé de dix cierges pesant chacun deux livres, dont deux dans les chandeliers d'argent des enfants de choeur et les huit autres sur le grand autel. Aux premières et secondes vespres, matines et grande messe des fêtes de neuf leçons, le luminaire sera composé de quatre cierges de deux livres sur le grand autel. Aux premières et secondes vespres, matines et grande messe des fêles de trois leçons, le luminaire sera de deux cierges pesant chacun deux livres sur le grand autel. Dans le vase de cuivre devant le grand autel, sera un cierge de deux livres qui y brûlera pendant les premières et secondes vespres, matines et grande messe de toutes les fêtes susdites et

aux autres fêtes et toujours Nous voulons aussi que

les matriculaires distribuent aux dépens d'un chapelain de ladite église pour dire matines, depuis la fête de Saint-Remy jusqu'à Pâques, quatre chandelles de cire aux quatre lutrins du choeur, deux d'un côté, deux de l'autre; une autre à l'aigle du choeur pour lire les leçons et les oraisons, une à chaque matriculaire et une autre à celui qui les distribuera, d'un poids suffisant pour achever lesdites matines Nous voulons aussi que le luminaire des anniversaires solennels soit le même que celui des fêtes doubles, et celui des anniversaires simples semblable à celui des fêtes de neuf leçons, excepté que l'on réduira le luminaire de la perche aux anniversaires solennels à quatre cierges de deux livres chacun, que l'on mettra dans quatre chandeliers autour de la châsse. Nous voulons aussi que le cierge pascal pèse quarante-


166 HISTOIRE DES CORPORATIONS ET CONFRÉRIES

deux livres ou environ ; qu'on l'allume depuis la veille de Pâques inclusivement; qu'on l'allume aux premières vêpres, matines et grandes messes des fêtes annuelles, de sous-chantre et doubles jusqu'à la fête de la SainteTrinité inclusivement, et qu'on l'allume la veille de la Pentecôte, et qu'il brûle sans interruption comme nous l'avons ordonné la veille et le jour de Pâques (1). »

Voici maintenant un état des cierges distribués à la Sainte-Chapelle de Bourges pour la procession de la Chandeleur, d'après une ordonnance du Chapitre général de 1547. « Le trésorier ou son remplaçant, une livre; chaque chanoine, demie livre; aux chapelains et vicaires, demie livre, à ceux qui officient à la grande messe, un quarteron aux autres ; au maire, demie livre ; à chacun des échevins, demie livre; au lieutenant général du bailliage, une livre ; au lieutenant particulier, demie livre ; à l'avocat du Roi, demie livre ; au procureur du Roi, idem; au prévôt de Messieurs de la seizaine de mai, demie livre; au conservateur, idem ; au prévôt de Bourges, idem; à chacun des trois élus en Berry, idem; à leur procureur du Roi, idem ; à l'enquêteur, idem ; à chacun des pensionnaires de l'Eglise, idem ; au procureur de l'Eglise, idem ; au solliciteur, idem; au greffier du Chapitre, idem ; au procureur et notaire du Chapitre, idem; à l'official de l'Eglise, idem ; au receveur de l'Eglise, idem ; au procureur du Roi en la cour d'Eglise, idem ; au contrôleur de l'Election, idem ; au greffier du trésorier, un quarteron ; à son promoteur, idem ; au varlet de la confrairie de Saint-Sauveur, idem ; au brodeur de l'Eglise, idem; au maître de grammaire des enfans de choeur de l'Eglise,

(3) Extrait du msc. intitulé : Les fastes de l'église collégiale et séculière de Sainte-Austrauqésile du Château-les-Bourges, par le chanoine Louis Désormeaux, XVIIIe siècle, p. 142. — Archives du Cher, fonds de l'Eglise du Château.


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idem, au barbier de l'Eglise, idem; à l'orfèvre de l'Eglise, idem ; aux deux bâtonniers, idem ; au souffleur d'orgue, idem; au faiseur de baudriers de cloches, idem; aux quatre portiers de ville, idem ; au receveur des grandes boucheries, demie livre ; au scelleur de Monseigneur de

Bourges, idem; au maître maçon, un quarteron »;

plus une douzaine d'autres distribués à divers (1).

Pour compléter ce détail, je transcris dans le budget municipal de 1607 le chiffre de la cire fournie à la ville par son cirier dans le cours d'une année. « A Estienne Noirat, marchant cirier et ciergier, la somme de deux cens soixante livres cinq sous six deniers, pour la fourniture par luy faicte depuis le premier jour d'octobre MVIC six jusques au lendemain de la feste de Pasques, qui a esté le quinziesme d'avril MVIC sept, de trois cens cinquante neuf livres de cire neufve non bedochée, à

raison de XIIII sous VI deniers la livre et icelle

employée lant à ung service faict en l'église cathédralle Saint Estienne à l'intention de feu Mr de Beaune vivant archevesque de Bourges, obsèques du feu sieur Tuilier prévost de Bourges, que distribution faicte es festes de Toussainctz et Noël MVIC six, Puriffication, Nostre Dame et Pasques oudit an MVIC sept

» A luy la somme de troys cens treize livres douze sols six deniers pour la fourniture par luy faicte depuis la susdite feste de Pasques MVIC sept jusques au jour Saint Michel ensuivant, de quatre cens vingt six livres troys carierons de ladite cire neufve à la susdite raison de XIIII sous VI deniers la livre, et laquelle fourniture a aussy esté faicte pour la ville et employée tant à une torche faicte pour allumer le feu de joye faict le vingtiesme d'avril pour la réjouissance de Mgr le duc d'Or(1)

d'Or(1) fonds de la Sainte-Chapelle. Rég. de délibérations du Chapitre.


168 HISTOIRE DES CORPORATIONS ET CONFRÉRIES

léans, distributions faictes ès festes de Pentecoste et Assumption Nostre Dame, procession Ste Elizabeth et réduction de Normandie, que luminaire fourny pour la grande procession du Saint Sacrement où a esté employé troys cens trente livres cire desdits IIIIc XXVI livres III carierons (1). »

Mais, en province au moins, le ciergier était en même temps chandelier. C'était, si l'on peut dire, le côté laïque du métier.

Primitivement, les chandeliers allaient dans les maisons fondre le suif, que les bourgeois mettaient en réserve pour en faire des chandelles qui suffisaient à l'usage de la famille. (V. l'art. IX des statuts des chandeliers de 1633) Cette indication se trouve déjà dans ceux des chandeliers de Paris au XIIIe siècle, avec la même injonction d'avoir à aller travailler eux-mêmes en ville, en se gardant bien d'y envoyer les compagnons à leur place.

On y lit encore : « art. XIV. Nul valles (compagnon) chandelier ne peut faire chandoiles chez regratier à Paris pour ce que li regratier i metent leur suif de tripes et leur remanans (reste) de leur oinz, et tele cevre n'est ne bone ne loiax. »

C'était à la boucherie de la Porte-Neuve, ou audevant, que devaient se vendre les suifs de la vrille. Suvant les statuts des chandeliers-ciriers, les bouchers et les chevrettiers devaient fondre les leurs au fur et à mesure, sans les garder plus d'un mois, et il leur était interdit de mêler ensemble les suifs provenant d'animaux différents.

Au siècle dernier, les mesures policières à cet égard se précisent davantage. On lit dans une ordonnance de

(5) Archives de l'hôtel de ville. Comptabilité. Reg. de l'exercice 1606-1607. CC. 468.


D'ARTS ET MÉTIERS DE BOURGES 169

police du 18 janvier 1719 : « Nous défendons tant auxdits bouchers que autres de garder leurs graisses plus d'un mois ; leur enjoignons de les fondre à mesure qu'ils en auront et d'en porter tous les lundis des échantillons pesant cinq à six livres à dix heures du matin à la place des Carmes, pour y rester jusqu'à trois heures, et de donner à chaque fois aux commissaires des quartiers un mémoire certifié véritable des quantitez de suifs qu'ils auront fondus ou la déclaration de ceux qui n'auront fait aucunes fontes, sans pouvoir faire aucun mélange de leurs suifs et d'en vendre en branche ou rame et ailleurs qu'à ladite place et aux chandeliers seulement et non à aucunes autres personnes, pas même aux communautez et particuliers sans nostre permission par écrit ; lesquels chandeliers n'en pourront acheter et avoir chez eux plus de douze cens livres, tant en nature qu'en chandelles,,et n'en achèteront d'autres avant d'en avoir vendu les deux tiers. Faisons défenses en exécution des anciens réglements et ordonnances, et conformément à l'article 7 des statuts desdits chandeliers, à tous bouchers, chaircuitiers et autres de faire amas et réserve de suifs, d'en transporter hors de cette ville, ni d'entreprendre d'euxmêmes de faire de la chandelle sur peine de confiscation et de cinquante livres d'amende. » (1).

Cette ordonnance, avec les prescriptions qu'elle contient, peut être considérée comme un type pour toutes celles qui ont précédé et suivi sur cette matière, et nous dispense de les rappeler (2).

(1) Ibid, Arts et métiers. HH. 22.

(2) Nous nous contenterons de reproduire les deux articles suivants de l'ordonnance municipale du 9 février 1578 :

" I. Aussy leur (aux bouchers) est deffendu de garder le suif qu'ils auront, ne icelluy saller, ains leur est enjoinct le porter es marchez de ceste dicte ville par chascune sepmaine, ou bien l'exposer en vente el l'estaller publiquement, sans


170 HISTOIRE DES CORPORATIONS ET CONFRÉRIES

Les suifs comptèrent parmis les matières les plus anciennement imposées. « Quiconques, dit l'ancienne loi fiscale du pays, amaine remaine suif pour revendre et il soit dehors, il doit de chascun cent pesant deux deniers parisis. — Quiconques vent cire à Bourges il doit du cent pesant six deniers parisis, et cil de Bourges ne doivent que chascune feste de Noël un denier parisis tant seulement. » (1)

Ce droit, qui se levait ainsi au XIVe siècle, se partageait entre le duc Jean et l'abbé de Saint-Sulpice-lès-Bourges.

Ce ne fut pas le seul procédé que le fisc trouva pour tirer parti de cette marchandise, au plus grand profit du Trésor. En l'année 1693, les besoins d'argent, si fréquents

en faire réserve, ou ne entreprendre d'en faire eux-mesmes chandelles par eulx ou par personnes interposées, sur peine de huict escuz et ung tiers d'amende et confiscation de ladicte marchandise.

« II. Est aussy deffendn auxdicts bonchiers mesler ledirt suif, ains leur est enjoinct de vendre séparément celuy de chascun bestail sans corrompre de grosses detrippes, a une ou autres, et, ledict suif achapté audict marché, ne pourront le délivrer à l'achapteur qu'il n'aye esté poisé au poix du Roy de reste dicte ville, où l'on a acoustumé poiser, et pareillement n'aye esté visitté par gens qui seront par nous depputez. Le cent duquel suif ne pourra estre vendu par les dicts bourbiers et autres marchants à plus hault pris que de quatre escuz soleil sur les dictes peines. » (Reg. des délibérations de l'Hôtel de Ville de 1592 à 1598. BB. 1?.)

Le registre de la juridiction de l'Hôtel du 22 octobre au 31 décembre 1636, (FF. 21.) contient une sentence rendue par la mairie contre le boucher Yves Rousset du faubourg Saint-Sulpice pour avoir vendu de la chandelle qu'il avait fait fabriquer sur le banc qu'il occupait à la boucherie dudit Saint-Sulpice.

le dispositif de la sentence est celui-ci : « Nous l'avons condempné en vingt sols d'amende et à luy faict et faisons inhibitions et deffence à l'advenir de vendre dans cette ville ny dans ledict faulxbourg de Sainct bulpice, veu ce qui résulte des status des mes chandelliers, tous des] eus réservez. » En même temps le délinquant avait à répondre aux poursuites qui lui étaient faites pour le même objet devant le juge de l'abbaye Saint-Sulpice.

(1) Voir les coutumes du duc Jean Berry sur les habitants de Bourges dans le recueil dos coutumes locales de la Thaumassière. p. 332. — Dans le texte imprimé r omaine se lit par erreur pour remaiz (saindoux).


D'ARTS ET MÉTIERS DE BOURGES 171

sur la fin du grand règne, firent créer, parmi tant d'autres offices, simples prétextes d'impôts extraordinaires, celui de contrôleur visiteur des suifs. Emploi aussi ridicule qu'inutile ; mais cet office se vendait, c'était le point important.

Une chose remarquable, c'est que les plus anciens exemples qui nous restent de la taxation des matières alimentaires ou autres portent sur l'épicerie et la chandellerie. Voici les prix fixés par une ordonnance municipale de 1578 pour quelques articles de ce commerce : La livre de chandelle, 3 sols tournois. Idem de vieil oing, 4 sols.

Idem de beurre, salaisons d'Orléans et de Bretagne, 5 sols.

Idem de salaisons du pays, 4 sols. La pinte d'huile de noix, 6 sols.

Cette ordonnance est intéressante parce qu'elle touche à la question des sophistications, qui paraissent avoir déjà fait leur apparition, car on y lit à la fin : « Enjoignant très expressément à tous les dicts marchans de ne mesler dedans ladicte huille eaue, vin ne autres choses qui la puissent corrompre. » (1) Voilà, il faut en convenir, d'étranges procédés de fraude. Que de progrès en ce genre nous avons faits depuis!

Quant à la taxation des suifs, je n'en connais pas d'exemple avant le XVIIIe siècle. Une ordonnance de police de la ville, du 18 janvier 1719, fixe, pour prix des suifs vendus par les bouchers aux chandeliers : le cent de suif de boeuf et mouton loyal marchand et sans aucun mélange de graisse ni de beurre, jusqu'à 30 lires. Neuf ans plus tard, l'ordonnance du 10 novembre 1728 porte le prix à 34 livres.

(1) Archives de la ville. Registre des délibérations de l'Hôtel déjà cité. BB. 12.


172 HISTOIRE DES CORPORATIONS ET CONFRÉRIES

Aussi la livre de chandelle, dont le prix, dans le premier cas, est fixé à 7 sous 6 deniers, est augmentée cette fois d'un sou ; et elle est portée, par ordonnance du 20 avril 1730, à 9 sous, 6 deniers.

Une des grandes préoccupations de la police, à cette époque, était de veiller à ce que la vente des suifs, entre bouchers et chandeliers, se fît sans intermédiaires, dont l'intervention intéressée vînt en hausser le prix.

Jusque vers le milieu du XVIIe siècle, le métier de chandelier-cirier ne fut pas juré à Bouiges; mais en 1633, les maîtres s'entendirent pour demander à être érigés en jurande. Nous renvoyons à la requête qu'ils présentèrent à cet effet, et qui est imprimée à la suite des statuts du métier. Voici, au surplus, le résumé du règlement qu'ils soumettaient à l'approbation de la mairie.

Après avoir constitué leur confiérie en l'honneur de la Purification de la Vierge, les maîtres décidèrent qu'un procureur et un juré seraient nommés tous les deux ans, pour administrer la communauté, lesquels alterneraient, dans leurs fonctions, d'une année à l'autre. Ils devaient visiter les maîtres quatre fois par an. — Les maîtres du métier, seuls autorisés à fabriquer cierges et chandelles, continuaient, en outre, à joindre à cette fabrique leur commerce d'objets variés, dont nous donnerons plus loin le détail. — L'apprentissage de deux ans et le chef-d'oeuvre étaient d'obligation pour arriver à la maîtrise. — Il était interdit de vendre la chandelle hors des boutiques. — Interdiction aux bouchers et charcutiers d'amasser des provisions de suif et de faire de la chandelle. — Interdiction à tous de mélanger les suifs et pour ce, visites des chandeliers chez les bouchers. — Les chandeliers pouvaient faire de la chandelle pour les bourgeois avec leur suif et à domi-


D'ARTS ET MÉTIERS DE BOURGES 173

cile. — Toute chandelle apportée du dehors devra être visitée par les jurés. — Toute la communauté devra assister aux coirvois des maîtres défunts. — Exemption du chef-d'oeuvre pour les fils de maîtres et de la moitié seulement pour les compagnons épousant filles ou veuves de maîtres. — Ces dernières, pendant leur viduité, pourront continuer leur commerce.

Les statuts furent approuvés, et, jusqu'au milieu du siècle dernier, formèrent la loi du métier.

Nous avons parlé plus haut de la diversité des marchandises tenues par les chandeliers-ciriers de Bourges ; à cet égard ils différaient de leurs confrères de Paris, au moins des ciriers, qui bornaient leur commerce aux articles auxquels la communauté devait, son nom. Chez nous, outre la chandelle et la cire sous toutes les formes, les chandeliers détaillaient les objets les plus incompatibles, tels, par exemple, qu'étoffes de soie et dentelles. Comment l'usage de ces ventes contradictoires s'était-il introduit? Je l'ignore; toujours est-il que, lorsque, en 1665, se réorganisa le corps des marchands, en dehors duquel resta le métier de chandelier, ceux-ci réclamèrent contre le tort qui pourrait résulter pour eux des empiétements que les statuts accordés au nouveau corps devaient autoriser sur leur partie. Des commissaires furent nommés pour examiner leurs droits et, sur leur rapport, une sentence fut rendue, le 26 août 1665, qui maintint explicitement les chandeliersciriers dans le débit de tous les articles dont ils avaient l'habitude de faire commerce. Or, voici le détail de ces marchandises, d'après l'énumération qu'en fait ladite sentence :

Cierges, cires, chandelles, cerneaux, marée de toutes soites, beurre et épiceries de toutes sortes, teintures diverses, fil, soie, toiles et dentelles de toute espèce,


174 HISTOIRE DES CORPORATIONS ET CONFRÉRIES

épingles, aiguilles, fers, peignes, laines de toutes couleurs ; paille, foin, graines, charbon, fruits de carême, savon, coton, huiles, vinaigre, verjus, eau-de-vie, etc.

On se demande, en dehors de cela, ce qui restait à l'épicier que le chandelier ne pût vendre.

Du reste, il faut noter que les chandeliers, qui prétendaient continuer par la vente des articles ci-dessus énumérés, la concurrence qu'ils faisaient aux merciers, drapiers et épiciers, entendaient bien ne pas se mêler en s'associant à eux. Déjà, en 1618, le procureur du corps des marchands, que nous savons avoir compris l'épicerie, avait tenté de faire inscrire les chandeliers sur les rôles du corps comme épiciers-chandeliers, afin de les soumettre au paiement des droits que subissaient les membres de la corporation. Ceux-ci déclinèrent cet onéreux honneur. L'affaire fut portée devant le maire. Les chandeliers dirent pour leur défense « qu'ils sont marchands chandeliers et non merciers, et quand ils le seroient que non, le demandeur n'est fondé ne recevable en ses conclusions pour n'estre ledit mestier juré, ne fabriquant aucune chose de marchandise de la qualité de mercerie et ne peut estre ledit mestier juré, ne pouvant dire en quoy consiste la jurande (1) ».

Si la profession du ciergier parisien n'apparaît pas associée, comme en province, à d'autres commerces, c'est qu'elle était également distincte de la chandellerie. Ceux de cette dernière partie sont, de bonne heure, désignés dans les statuts des métiers parisiens sous les noms de chandeliers-huiliers-moutardiers, et leurs statuts, ainsi que divers arrêts réglementaires, leur reconnaissent le droit de débiter huiles, graines, objets de chauffage, vinaigre, fourrages, clous, sabots, farine, fruits et légumes secs, savon, épices, fromages, images,

(1) Ibid. Fonds des Arts et métiers. HH. 16.


D'ARTS ET MÉTIERS DE BOURGES 175

des articles de mercerie, et en général de toutes choses de regrat, c'est-à-dire de revente au détail.

Au surplus le chandelier parisien se prétendait antérieur à l'épicier, dont le commerce n'aurait été qu'un rameau détaché du sien.

Lorsque, en 1732, comme nous le verrons plus loin, les chandeliers-ciriers de Bourges demandèrent la modification de leurs statuts, le Corps des marchands, par l'intermédiaire de ses grandes gardes, s'éleva contre l'incompatibilité qu'il y avait à vendre « avec suifs et chandelles, des étoffes d'or, d'argent et de soie, des toiles d'Hollande et autres avec du lard, des draps d'Angleterre et autres manufactures de France avec les huiles de rabette, des dentelles, soit de Malines ou autres, avec des vieux oings et du charbon »; ils prétendaient, en conséquence, que l'extension du métier de chandelier-cirier fût restreinte à celui des chandeliers-ciriers de Paris. J'ignore si les marchands eurent gain de cause. En admettant qu'il en ait été ainsi, ce qui est fort douteux, l'usage se serait chargé plus tard, de faire tomber en désuétude un pareil amalgame de vente, qui rappelle moins les entassements hétéroclites des grands bazars actuels, que les associations bizarres de marchandises dans les commerces des petites Ailles et les provinces excentriques.

Lors des démarches entreprises en 1732 par la communauté des chandeliers-ciriers auprès de l'Intendant, pour la confirmation de leurs statuts modifiés, ils publièrent un mémoire, dans lequel ils confirmaient ce que nous avons déjà entendu avancer par leurs confrères de Paris sur l'antériorité de la chandellerie à l'épicerie (1).

(1) Réponse que font les marchands cirier s et chandelliers de la ville de Bourges à l'opposition faite à l'art. XVII de leurs statuts par les marchands épiciers de la ville. Arcb. du.Cher. Fonds de l'Intendance. C. 317.


176 HISTOIRE DES CORPORATIONS ET CONFRÉRIES

Les premiers d'entre ceux-ci qui leur auraient fait concurrence en s'établissant épiciers, suivant eux, l'auraient fait sans titre, et, pour ainsi dire, en cachelle. Cette manière d'être originaire rapproche singulièrement les épiciers primitifs des regratliers, et il est probable qu'ils ne furent en effet que des regrattiers étendant leurs opérations. Cette extension de commerce ne fit qu'augmenter avec le temps; et, lorsque s'établit le Corps des marchands (en 1665), l'épicier avait pris dans le commerce local une importance qui lui permit d'aspirer à l'honneur de faire partie de cette aristocratie commerciale, tandis que le chandelier-cirier restait en dehors avec les commerces du second rang. Voilà comment on désigna la grande corporation sous le titre de corps des marchands drapiers, merciers, épiciers, confiseurs, joailliers et quincaillers.

Par leur union avec les drapiers, chefs du Corps des marchands, les épiciers, garantis dans leur existence à part, se virent en outre admis à partager les privilèges de leurs nouveaux confrères. Cela n'eut pas lieu, d'ailleurs, sans une opposition de la part des maîtres chandeliersciriers, qui opposaient leur privilège incontesté de vente si étendue que nous connaissons, mais ils eurent le sort des majestés vieillies luttant contre les usurpateurs, dans toute la force de leur position acquise. La lutte ne fit que consacrer le droit qu'ils avaient d'ancienneté d'étendre leur commerce à mille produits divers, mais ils n'obtinrent pas de reprendre à l'épicerie les conquêtes qu'elle avait faite sur leur ancien domaine.

Ainsi se justifia l'ancienne séparation de la chandellerie et de l'épicerie en deux professions distinctes, bien que semblables.

Maintenant il convient que nous disions quelques mots sur la modification apportée au siècle dernier dans


D'ARTS ET MÉTIERS DE BOURGES 177

les statuts de la chandellerie dont nous venons de parler.

Les premières lettres-patentes obtenues à ce sujet par la communauté, en septembre 1633, n'avaient pas été renouvelées depuis. En 1732 les maîtres réclamèrent le droit de modifier leur ancien statut. On trouvera le nouveau projet dressé par eux, à la suite des statuts de 1633.

Ce projet fut adopté avec quelques modifications. Et, d'abord, sur la plainte des bouchers, il fut permis à ceux-ci, ainsi qu'à tous autres particuliers, de faire ou faire fabriquer de la chandelle pour leur usage. On conserva, quant aux visites des jurés, l'article ancien, en y ajoutant que les visiteurs feraient leur rapport, après visite opérée, au juge de police, lequel, conséquemment, statuerait ce qu'il appartiendrait. Quant au chef-d'oeuvre, à supposer qu'on crût devoir en conserver l'obligation, il consisterait en quatre cierges de différents poids à usage d'église, et six livres de chandelles, au lieu des cent livres précédemment exigées.

Or, il arriva que la lutte entre la chandellerie et le Corps des marchands fut l'occasion d'une scission dans l'épicerie de Bourges, et que, tandis qu'une partie des maîtres entraient dans le nouveau corps, une autre portion s'unissait à la communauté des chandeliers. En 1741, nous la voyons désignée sous le nom de communauté des maîtres chandeliers, ciriers et épiciers.

Mais la réforme de Turgot ayant aboli le Corps des marchands, il ne se reforma pas lors de la reconstitution des corporations industrielles et commerciales, en 1777, après la chute du célèbre ministre. Cette reconstitution mit fin à la scission des deux communautés en les réunissant sous le nom collectif de marchands épiciers, chandeliers, ciriers.

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178 HISTOIRE DES CORPORATIONS ET CONFRERIES

C'est sous ce nom que nous voyons la communauté nouvelle, en 1789, poursuivre plusieurs individus coupables d'avoir vendu du fromage au mépris de son privilège (1).

(1) Arch. départementales. Plumitif du greffier de la police. 1786-1790. B. 2522.


Regrattiers.

Après ce que nous venons de dire, on ne peut douter que, en réalité, ce qu'on a appelé depuis l'épicier, c'est ce que nos pères du XIIIe siècle nommaient le regrattier (1). Ce mot, par la suite, changea un peu de signification et ne servit plus qu'à désigner le revendeur au détail, et notamment le revendeur de sel à la petite mesure.

On connaissait anciennement à Paris deux classes de regrattiers : le regrattier à pain et à sel, le regrattier à fruits et à légumes. Cette double désignation spécifie suffisamment les articles de vente des uns et des autres, mais par le fait ils se confondaient, car, parlant de la première de ces deux classes, le Livre d'Etienne Boileau porte écrit : « Quiconques a achaté le mestier de regraterie de pain à Paris il peut vendre poisson de mer, char (chair) cuite, sel à mines et à boisseaus, à estai et à fenestre, et pomes et toute autre manière de fruit crut en règne de France ; aus, oingnons et toute autre manière d'aigrun, dates, figues, et toute manière de raisins,

(1) On s'explique ainsi comment il se fait que les statuts de l'épicerie ne figurent pas dans le Livre des métiers d'Etienne Boileau, où il n'est question que du regrattier. C'est sous ce dernier nom qu'il faut rechercher ce qui représente l'épicier proprement dit, duquel se distinguait une spécialité, qui s'y confondit plus tard, celle du février (poivrier), littéralement : marchand d'épices. D'ailleurs, on sait quel embarras on éprouve à ces époques d'organisation confuse des métiers, où l'on a souvent tant de peine à distinguer en quoi ils se rapportent. Il est à remarquer, en effet, que, tandis que le pévrier vendait le poivre, la canelle et le réglisse étaient débités par le regrattier.


180 HISTOIRE DES CORPORATIONS ET CONFRÉRIES

poivre, coumin (cumin), canelle, régulisse et cire qui ne soit ouvrée (1) »

Nous avons vu d'ailleurs que les anciens règlements de police se préoccupaient des rapports des chandeliers avec les regrattiers au point de vue de la pureté de fabrication de la chandelle. Ce qui témoigne que le regrattier, outre la cire « non ouvrée », vendait également le suif brut (2).

Le sens propre du mot regrattier, comme nous l'avons dit, est revendeur. On lit à l'art. III de l'édit du 10 septembre 1549 sur les gabelles : « Défendons expressément

à tous marchands, facteurs et entremetteurs que

dores en avant ils n'aient plus à achapter aucunes espiceries ne drogueries regratées et revendues. (3) »

Le plus ancien monument de l'histoire des métiers en France est, à noire connaissance, l'autorisation accordée en 1061 par Philippe Ier aux chandeliers-huiliers de Paris de jouir du bénéfice de regrat, c'est-à-dire d'être autorisés à vendre au détail des marchandises achetées en gros (4). Ceci témoignerait d'une organisation particulière du métier.

Le principal objet de regrat était le sel, denrée dont l'importance se mesurait à son utilité et qui avait, en conséquence, été de bonne heure l'objet de mesures fiscales. Aussi, ne sera-t-il pas déplacé de dire ici un mot sur le système de la vente du sel qui, de tout temps, fut régie par une législation spéciale. Le fisc, ayant trouvé une source de bénéfices considérables dans ce monopole, avait, dès les temps anciens, tenu à la garder dans sa

(1) Le Livre des Métiers, l. IX, des Regratiers, art 2.

(2) Voir à litre de complément, notre chapitre des Marchés dans l' Histoire du Commerce à Bourges, où nous traitons des revendeuses publiques.

(3) GRÉNOIS. Conférence des ordonnances, t. I, p. 868.

(4) Recueil d'Isambert, t. 1., p. 104.


D'ARTS ET MÉTIERS DÉ BOURGES 181

main. L'impôt sur le sel, un des tributs que légua au monde moderne la fiscalité romaine, disparut sous la domination franque ; mais, avec le retour de l'esprit administratif des empereurs, il fut rétabli en France, les uns disent par Philippe le Long, d'autres par Saint Louis. La perception, toutefois, n'en fut définitivement régularisée que par Philippe de Valois, qui établit des greniers à sel dans toute l'étendue du domaine royal. Philippe VI, pressé de subvenir aux frais de la guerre contre les Anglais, obligea, en 1331, les habitants des Ailles où il institua des greniers à sel à venir s'y approvisionner, tous les ans, d'une certaine quantité de cette marchandise, proportionnée au nombre des membres de leurs familles (1). Le roi Jean ne supprima cette obligation en 1350 que pour la rétablir en 1355, toujours par les mêmes motifs, et ce fut son fils Charles V qui, en les réunissant à la couronne d'une manière définitive, ordonna que les droits prélevés sur le sel régulièrement rentreraient dans la classe des autres impôts. Sous Charles VI, le prélèvement du fisc sur chaque muid était de 20 livres d'or ; Charles VII y ajouta 6 deniers, Louis XI 22 deniers, et François 1er porta le taux à 24 livres. Il en arriva, au XVIIe siècle, à dépasser 52 livres.

En vertu d'un ancien privilège, la ville de Bourges avait le fournissement du sel qui se débitait au grenier royal, et elle le mettait en ferme aux enchères. Mais ce privilège lui ayant été enlevé, elle obtint de prélever

(1) Il arriva parfois, comme lors des troubles de la Ligue, que les marchands, qui avaient pris à bail la fourniture des greniers, ne pouvaient remplir leurs engagements en temps convenable. Alors, jusqu'à ce que les greniers fussent fournis, la vente du sel redevenait libre. Mais, les faits de ce genre n'ont jamais été que momentanés. Ainsi, dans l'édit de reddition de Bourges, à son obéissance en 1594, Henri IV n'oublia pas de porter que tous seraient tenus de prendre leur sel dans les greniers de leur ressort.


182 HISTOIRE DES CORPORATIONS ET CONFRÉRIES

5 sols sur chaque minot de sel sortant du grenier. Ce privilège lui fut confirmé de règne en règne. L'octroi était d'ailleurs indépendant du droit de gabelle, qui revenait à la commune.

Cet impôt de la gabelle fut un de ceux qui pesèrent le plus lourdement sur les populations, d'autant qu'il était un de ceux qui comptaient le moins d'exempts, même parmi le clergé très souvent privilégié pourtant du franc salé. (1)

La loi, on le sait, était impitoyable pour le faux saunier. « Toute personne, dit la vieille coutume de Bourges, qui vend sel non gabellée, ladicte sel est confisquée au Roy, et pour le corps en la mercy du Roy. Et en ont la moitié les accenseurs (fermiers) qui tiennent ladicte sel et qui l'accensent aux gens du Roy. » (2) Et, plus on alla, plus la loi fut dure et plus la contrebande s'exerça sur ce point.

On comprend à quelles exactions le prélèvement d'un pareil impôt pouvait donner lieu, et les plaintes, non moins que les colères qu'il devait provoquer. L'écho en est rarement parvenu jusqu'à nous ; citons pourtant ce fait qu'en 1603 les habitants de Bourges se plaignaient à la mairie des poursuites exercées contre eux, et surtout contre les campagnards, sous le prétexte qu'ils ne prenaient pas la quantité de sel exigée chez les marchands fournisseurs de la généralité. La Cour des aides à Paris était encombrée de ces sortes d'affaires. Les plaignants invoquaient les privilèges séculaires de la ville, violés

(1) On pourrait citer notamment un arrêt du Conseil du 18 septembre 1555, rendu contre les religieux de Saint-Ambroix, pour qu'ils eussent à prendre leur provision de sel au grenier, bien qu'ils se prétendissent pourvus du privilège de franc-salé.

(2) LA THAUMASSIERE. Coutumes de la ville et Septaine de Bourges, chap. 134, dans les Coutumes locales, p. 290.


D'ARTS ET MÉTIERS DE BOURGES

183

en cette circonstance, et qui défendaient formellement qu'ils fussent attirés devant d'autres juridictions que les leurs propres. (1)

Aussi ce fut un cri général de soulagement lorsque l'impôt de la gabelle fut supprimé par le décret de l'Assemblée nationale du 30 mars 1790.

HIPPOLYTE BOYER.

(A suivre.)

(1) Archives de l'Hôtel de ville. Reg. des délibérations de l'Hôtel de 1603 à 1612. BB. 13.

V. également Remontrances et requête au Roy dans le reg. des délibérations de l'Hôte de ville de 1580-1584. BB. 10, et sur la question générale : GUÉNOIS, Conférence des ordonnances, 1. X., tit. 18 : De la Gabelle du sel ensemble du faict et gouvernement des offices d'icelle.



MONOGRAPHIE

de

CHALIVOY-MILON

(Suite)

CHAPITRE VIII XVIIe siècle

§ I. — FAITS HISTORIQUES

Les annales locales, où sont seulement enregistrés, avec les grands événements généraux, les faits les plus marquants de la région, relatent, au cours de ce siècle, un certain nombre de calamités qui affligent périodiquement les populations. L'imagination de nos pauvres paysans en est parfois obsédée, et appréhende la vengeance céleste, par exemple, dans l'apparition d'une aurore boréale (5 et 6 septembre 1603) ou à l'approche d'une éclipse de soleil (12 août 1654).

A l'automne de 1607, le marché de Dun est interdit aux forêtains qui y viennent vendre leurs fruits et risquent d'y apporter la dysenterie et la peste régnant déjà dans le nord de la province. La défense porte comme sanction une amende de 30 livres et la confiscation des marchandises, charrettes et chevaux des vendeurs comme des acheteurs.

L'hiver suivant, particulièrement rigoureux, fut appelé le « gros hiver ». Du 21 décembre 1607 au 22 janvier 1608, il y eut tellement de verglas que personnes ni

13


186 MONOGRAPHIE

bêtes ne pouvaient sortir qu'on n'eût semé par les chemins et les champs de la paille, des fenasses ou des cendres. Les blés furent endommagés et les noyers gelés, d'où une augmentation de prix sur le pain et l'huile.

En 1609, rétablissement d'un grenier à sel à SaintAmand jette la confusion dans les circonscriptions de vente de cette denrée et donne lieu à des récriminations.

En 1630 les récoltes sont encore nulles et les marchés connaissent des troubles de toute sorte.

La grêle, à son tour, vient ruiner du 21 au 31 août 1642 ce qui n'a pas été récolté; elle tombe même si grosse qu'elle tue plusieurs personnes et nombre de bestiaux (1).

L'année suivante un arrêt du Conseil porte que les contribuables taxés au-desous de 30 sols pourront nourrir une vache sans qu'elle soit imposée à la taille ; c'est un léger soulagement à la misère générale (2). On venait encore d'être éprouvé, le 4 février, par un ouragan qui avait causé d'immenses dégâts (3).

En mai 1644 et en avril 1659, la gelée détruit partout la récolte des vignes, et ces désastres partiels ont leur fâcheuse répercussion habituelle sur la situation économique du pays.

On peut en voir la preuve dans les mesures de rigueurs prises par l'Intendant de la province Barrin, qui, précisément en 1644, envoie une compagnie de fusiliers de paroisse en paroisse loger chez les malheureux contribuables pour en obtenir les tailles, de la perception desquelles les receveurs généraux et particuliers se trouvaient dépossédés (4).

(1) Journal des Le Large (1631-1694). Chroniques berrichonnes du xvue siècle.

(2) Arch. du Cher, C 1027, Expéditions du greffe du Bureau des finances.

(3) Journal des Le Large.

(4) Ibid. — Rappelons que Chalivoy-Milon, de l'archipréveré de Dun-le-Roi, faisait partie de l'élection de Bourges. Voy. Arch. du Cher, C 714.


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Les impôts continuent à être très lourds, et malgré les dures sanctions nos paysans s'insurgent encore dans la suite, en maints endroits, refusant de les payer. Les agents du roi ne suffisant plus à faire rentrer les rebelles dans le devoir, les principaux seigneurs et gentilshommes de la province, parmi lesquels le seigneur d'Yssertieux sont invités, par une lettre émanée du Bureau des finances (1649), à leur prêter main forte (1). On comprend que ces actes extrêmes de l'autorité ne faisaient qu'aggraver le mal, carie plus souvent les auxiliaires armés se livraient sans frein à des déprédations (mai 1650)(2). D'autres fois, les gentilshommes, lassés eux-mêmes par les exactions, défendent à leurs fermiers de payer les tailles, et s'attirent les foudres du Conseil (3).

Nous voici d'ailleurs à l'époque funeste de la Fronde qui jette le Berry dans l'anarchie et l'expose à tous les excès de la guerre civile. Les campagnes en gémissent plus particulièrement, car elles fournissent de force la plus grande partie des combattants ; et c'est sur leurs cultures que royalistes et condéens se vengent de leurs mutuels échecs (4).

A cette époque se rattache la destruction de la grosse tour de l'archidiacre, à Yssertieux, par un incendie. Jean VI de La Porte la remplaça par un corps de bâtiment construit entre les deux tours latérales de l'enceinte.

En février 1652, le fermier d'Acon, François Reau, assigne en résiliation François du Coing, seigneur du lieu, en raison des pertes que lui ont fait subir les gens du siège de Mont-Rond. « On lui a ravi pour plus de

(1) Arch. du Cher, C. 1031.

(2) Journal des Le Large.

(3) Arch. du Cher, C 1032.

(4) MOREAU, Histoire du canton de Dun, p. 384, 386.


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5.000 livres de bétail, pêché ses étangs de la Font et de la Cloix, et démoli une de ses métairies (1).

Du 24 au 30 août de cette même année, il y a autour de Montrond, à cinq lieues à la ronde, plus de 4.000 hommes; partout on est dans l'alarme et on sonne le tocsin. Montrond capitule le 1er septembre ; ce sera désormais la paix pour notre région, mais une paix chèrement payée. Les campagnes épuisées implorent miséricorde auprès du fisc, qui est forcé de leur accorder décharge de l'arriéré et réduction sur les tailles pendant quelques années. Mais le pays est dépeuplé et il faudra la main puissante de Colbert pour laider à se relever de ses ruines.

Cependant les victoires remportées par Louis XIV jettent leur splendeur sur ce tableau sombre et notre église, qui a vu bien des fois accourir les fidèles éplorés, résonne maintenant du chant du Te Deum.

Mais l'espoir rendu par la paix aux paysans n'est que passager : les saisons mauvaises reviennent et, avec elles, les récoltes peu abondantes ou nulles et la vie chère. En 1662, le blé vaut jusqu'à 16 livres le boisseau, et beaucoup de pauvres gens se nourrissent, chez nous comme ailleurs dans la province, d'herbes et de racines, et même de bestiaux mourants (2). Fort à propos. les Dames de la Charité de Paris envoyèrent dans nos campagnes des Frères de la Mission de Saint-Lazare qui apportaient aux âmes la parole de Dieu dont elles vivent, et aux corps les secours en argent, en pain et sel, sans lesquels ils auraient péri (3). Pour comble de

(1) MOREAU, Histoire du canton de Dun. p. 389. Transaction reçue Berthon en 1659.

(2) Journal des Le Large, 1662. — Voir aussi Arch. du Cher, C. 722, Etat des récoltes.

(3) Journal des Le Large, 1663-1664.


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malheur, l'année suivante (1663) est marquée par un hiver qui gèle vignes et noyers, au point que ces arbres doivent être coupés en pied.

Dans de telles conditions, l'impôt qui croissait avec les guerres, devient encore plus onéreux, et chacun crie bien haut qu'il ne serait pas sage de l'exiger ; et l'on semble être généralement persuadé du succès des doléances. Le gouvernement ne saurait sans danger laisser croire à l'annihilation de ses moyens financiers, et une ordonnance paraît en 1664 qui défend à toute personne de faire courir le bruit de la remise des tailles (1). Force lui est cependant de renoncer en partie à ses exigences ; et l'année suivante paraît un arrêt dn Conseil portant que le cinquième des bestiaux donnés à cheptel ne pourra être saisi que jusqu'à concurrence du taux des chepteliers (2).

On verra même le gouvernement avoir égard spécialement aux familles nombreuses : une déclaration de 1669 ordonne des pensions à prendre sur les deniers des tailles en leur faveur. Les gentilshommes qui ont douze enfants vivants devront recevoir 200 livres tournois par an ; ceux qui en ont dix, 100 livres; les roturiers, 60 livres (3). Ne faut-il pas voir aussi une conséquence de la pénurie générale dans le fait que la charge du ban et de l'arrière-ban, pour la guerre de la Ligue d'Augsbourg, nécessite, en 1690, le versement anticipé à vingt-quatre gentilshommes de la province d'un subside global de 1.200 livres?

L'État s'était, au surplus, ingénié à créer de nouvelles taxes pour satisfaire à ses charges grandissantes ; on avait vu apparaître, en 1673, un impôt dit des formules,

(1) Arch. du Cher, C. 1047.

(2) Arch. du Cher, C. 1048.

(3) Journal des Le Large, 1669.


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contre ceux qui ont des affaires au Palais, et, en avril 1674, sur toute sorte de papier. Au début de 1676, un arrêt du Conseil de Bourges portait établissement des droits de jauge sur les fûts à raison de 22 sols par tonneau (1).

L'État veillait, d'ailleurs, à ce que les titres féodaux ne fussent pas une source d'abus au point de vue des exemptions fiscales. C'est ainsi qu'une ordonnance, rendue vers 1690, enjoignait aux Bénédictins de SaintSulpice de rapporter, dans les six semaines, les litres de propriété des biens qu'ils détenaient depuis cent ans, sous peine d'y être contraints par la saisie desdits biens (2).

Nous ajouterons à ce tableau un trait qui peint l'état des moeurs, en montrant, à la fin du règne de Henri IV (1608), la force brutale encore substituée entre particuliers aux règles tutélaires de la justice. Nous voulons parler de l'homicide commis le 5 juillet à Dun-le-Roi par le seigneur d'Yssertieux, Pierre de La Porte, sur la personne de Jean du Chèvre, seigneur d'Acon. Nous n'entrerons pas dans les détails de ce crime et de son procès qui conduisirent l'auteur à la prison de la Conciergerie : ils ont eu leur historien (3). Disons seulement qu'à la suite d'une discussion d'intérêts à propos de la seigneurie de Rhimbé (paroisse de Bannegon), le seigneur d'Acon fit des menaces au seigneur d'Yssertieux (4).

(1) Journal des Le Large, 1673, 1674, 1676.

(2) Arch. du Cher, C. 1060.

(3) Voir l'intéressante brochure de M. l'abbé Duruisel : Deux seigneurs berrugers à la Conciergerie, 1608-1612, extraite des Mémoires de la Société des Antiquaires du Centre. 1899.

(4) Les lettres de rémission nous apprennent que « Jehan du Chièvre était porté au mépris de notre noblesse et de nos lois et défenses primitives du port d'armes, lesquelles il transgressoit par trop licencieusement ».


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Les deux ennemis s'étant rencontrés à Dun un jour de marché, du Chèvre aborda de La Porte le pistolet braqué contre sa poitrine et proférant des paroles de mort. Des gens cherchent à les séparer. Du Chèvre les écarte de son épée et s'apprête à faire feu sur de La Porte. Mais le pistolet rate, et le seigneur d'Yssertieux, mis en état de légitime défense, porte à son adversaire un coup d'estocade mortel. Attaqué à ce moment par Ragot, serviteur, que du Chèvre avait posté sur son passage, et blessé au bras et à la main, Pierre de La Porte étend ce nouvel assaillant mort auprès du corps de son maître.

A la suite de ces faits s'ouvrit un procès qui dura trois ans et dont le premier acte fut un décret de prise de corps contre de La Porte par le lieutenant de Dun, et la saisie de ses biens. Le meurtrier, qui avait réussi à s'échapper, fut jugé et condamné par contumace. Il savait que la veuve de Jean du Chèvre et le tuteur de sa fille mineure, Etienne du Chèvre, sieur de la Grange Saint-Jean, avec la mère de Ragot, le poursuivaient d'une haine implacable. Aussi, tandis que les siens demandaient en sa faveur des lettres de rémission, il jugea prudent de se mettre à l'abri en se constituant prisonnier. Il ne profita d'un élargissement qu'en février 1611, date des nouvelles lettres signées du jeune roi et de la régente, qui, en lui rendant la liberté, le condamnaient à verser six cents livres tournois par moitié à la veuve et aux enfants du sieur d'Acon, et deux cents livres tournois à la mère de Ragot, pour dommages et intérêts, chacun devant supporter pour sa part les frais du procès. Le sieur de La Porte devait, au surplus, aumôner quatre-vingts livres parisis au pain des prisonniers de la Conciergerie du Palais, somme à prélever sur les sept cent cinquante livres qu'il avait consignées


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entre les mains du receveur des amendes de ladite Cour. Ce dernier acte est du 7 juillet 1611 (1).

§ II. — LA SEIGNEURIE DE CHALIVOY.

Nous avons mentionné au chapitre précédent les vicissitudes par lesquelles dut passer au XVIe siècle la seigneurie de Chalivoy, dont les religieux de Saint-Sulpice avaient été jusqu'alors les puissants et paisibles titulaires. Comment s'était-elle constituée et était-elle arrivée au développement que nous révèlent les trois volumineux terriers que nous allons avoir à dépouiller ? C'est l'histoire de tous les biens d'église : des donations l'ont fondée, des acquisitions successives et des fondations nouvelles l'ont accrue.

En 819, l'abbaye possédait à Chalivoy un « manse » bien peu considérable, puisque l'usufruit laissé à Wuibode ne rapportait aux religieux que trois sols annuels. En 884, l'abbé Addolen, en échange de quelques terres situées à Yssertieux, reçoit de Milon toutes ses possessions de Faucillières, plus quelques parcelles situées à Chalivoy. Déjà, la mense prieuriale se double d'une mense paroissiale. Il y a également les possessions de Notre-Dame de Limoges et de Notre-Dame de Sales. Mais la puissance seigneuriale s'attache à celles de SaintSulpice, mieux assises autour du prieuré, et sans doute aussi mieux protégées.

Nous avons dit ailleurs que cette puissance ne s'était pas développée sans obstacles, et nous avons montré au Xe siècle l'accaparement par les laïcs du « fief presbytéral » de l'église de Chalivoy, c'est-à-dire des revenus les plus canoniquement réservés à l'organe paroissial relevant de l'abbaye.

(1) Extrait des Lettres de rémission accordées par les rois Henri IV et Louis XIII et entérinées en Parlement le 7 juillet 1611.


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Mais dès le premier tiers du XIe siècle, les restitutions remettent peu à peu la paroisse (1) Saint-Silvain de Chalivoy en possession de ses biens usurpés. La seigneurie de Chalivoy s'étend sur les biens que l'abbaye concède ou fait donner à ces « filles » dont elle reste mère et maîtresse.

D'ailleurs, l'abbaye, tout en assurant la vie du prieuré et puis celle de la paroisse, continue à se réserver une part des fruits des propriétés dont elle les dote. Les liens sont étroits et, à première vue, il est difficile de démêler la vie propre de ces « personnes morales » qui grandissent sous la protection des religieux de Saint-Sulpice de Bourges.

Il est vrai que l'agrandissement de cette puissance seigneuriale ne va pas sans charges. Les restitutions ressemblent assez souvent à des échanges, voire même à des acquisitions ; ou bien quand un fonds est rendu, les fruits ou les revenus en sortent partiellement.

Les biens donnés à l'abbaye, au prieuré, à l'église, sont ordinairement grevés de fondations pieuses ou charitables. Certains n'étaient pas exempts de la dîme due aux seigneurs dont ils relevaient. Jusqu'en 1126 la famille des Raymond perçut la moitié de la censiveet de la dîme des biens qu'elle avait restitués après une injuste détention; et encore cela ne se fit pas sans de sérieuses gratifications de la part de l'abbé de SaintSulpice. En 1257, la dîme de Chalivoy (2) dépendait encore de la seigneurie d'Yssertieux puisque Hébert de la Faye l'achète à Etienne de Meillant pour l'ajouter à la dot de sa fille mariée à Humbault de la Porte. Si le

(1) Notons que, de même que le prieuré est membre dépendant de l'abbaye de Saint-Sulpice, l'église originairement chapelle des religieux vivant dans le prieuré est une filiale de l'abbaye.

(2) Archives d'Yssertieux, v. chap. V.

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prieuré de Chalivoy a des droits de cens sur la terre de Sanceaux (Cornusse), l'abbaye de Fontmorigny (Nérondes) en a aussi sur la dîme de Chalivoy par une charte de rente aumônée par Etienne de la Porte (1220).

En même temps que les religieux prenaient possession de la justice (1330) et de l'hôtel ou château de Chalivoy (1332), ils administraient un hospice (1347) et secouraient à domicile tous les pauvres gens.

Entrant d'ailleurs dans la voie des affranchissements, généralement suivie à l'époque par les seigneurs, ils arrentaient à perpétuité des terres à leurs serfs pour favoriser leur mariage (1386), et consentaient à des rachats de leurs droits féodaux moyennant de minimes redevances.

Somme toute, au XVIIe siècle la seigneurie de Chalivoy nous apparaît assez florissante, à travers les terriers ou lièves de 1611, 1620, 1665-1670, malgré les guerres de religion qui, au siècle précédent, ont démembré le prieuré. Nous avons vu alors le domaine de ce prieuré passer (1570) des mains des princes de Condé et de Navarre en celles d'Amador de La Porte, seigneur d'Yssertieux, à qui il avait été adjugé une première fois, le 21 octobre 1563, sans doute en vertu de l'édit de la même année qui autorisait le clergé à engager une partie de son temporel pour fournir des ressources au Trésor public. Le seigneur d'Yssertieux l'avait rétrocédé aux religieux en janvier 1564. Comment s'était opérée la seconde mutation qui mit les princes en possession du même domaine, et à quelle date revint-il dans la possession de l'abbaye? Le terrier de la seigneurie de Chalivoy établi en 1574 au nom des religieux fait supposer que le retour aurait suivi de près l'achat par le seigneur d'Yssertieux que nous Amenons de mentionner.


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D'ailleurs, dans cette partie de notre étude, nous nous proposons de donner seulement une idée générale de l'importance de la seigneurie de Chalivoy, telle qu'elle se trouA'ait encore à l'époque où nous sommes arrivés. Dans ce but, nous nous bornerons à l'analyse complète du plus intéressant des trois documents auxquels nous faisons ci-dessus allusion.

Le premier en date est celui de 1611-1616 (1), confectionné par les soins du notaire royal Denis Rondet. Il comporte 87 reconnaissances individuelles d'un ou plusieurs cens ou rentes. Une déclaration par les religieux de Saint-Sulpice y a été ajoutée en 1625, pour l'inventaire de leur domaine en biens fonds et droits seigneuriaux divers.

Le troisième document, aussi en forme de terrier, dressé par le notaire Etienne Berthon, pour la période 1666-1669, est composé comme le premier (1). En tête sont les lettres-royaux du 5 février 1656, autorisant à « vacquer à la faction du terrier » ; nous les retrouvons au début du deuxième registre, autorisant les Religieux à « requérir la faction, renouvellement et perfection de leur terrier ».

Ce terrier comporte 74 reconnaissances, dont la première, celle de messire Germain Montagu, prêtre, curé de Chalivoy, y demeurant, est du 5 mai 1665; la dernière est celle du 27 mars 1670, toutes reçues par le notaire Berthon. Outre l'inventaire du domaine sei(1)

sei(1) du Cher, G, cote 965. La cote 966 est donnée au terrier original, le précédent n'étant que la copie. L'original endommagé a pu être reconstitué pour la première feuille à l'aide de la copie ; la fin manque, toutefois la dernière page porte une énumération de rentes partiellement supprimée de la copie.

(1) Archiv. du Cher, G. 967 et 968 « Papier terrier de la justice et seigneurie de Chaillivoy-Millon pour les Relligieux, Abbé et Couvent de Saint-Sulpice de Bourges » en deux registres.


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gneurial proprement dit, ce terrier contient la déclaration des héritages appartenant à la vicairie perpétuelle, dont les fruits sont partagés entre le titulaire de la paroisse et l'abbaye.

En dehors du manoir de la cure avec les maisons, grange, jardin, cour, prés, terres, vignes et autres héritages à plein énoncés dans la reconnaissance ordinaire des cens dus par le curé aux seigneurs de Chalivoy, cet ecclésiastique jouissait des biens ci-après :

Trois boisselées de terres, au lieu dit les Fouines, paroisse de Blet ; — trois autres boisselées, appelées le Chetif-Champ, au terrouer du Plaix ; — quatre autres boisselées, au Beuvoir, paroisse de Chaumont ; — trois autres boisselées, près la pièce de Villers; — un morceau de terre, aux Pellissons ; — la moitié du pré dit des Agoules « à partir à fourche et rasteau » avec la dame d'Issertieux.

Le vicaire perpétuel avait droit encore, — et c'était là peut-être une. portion importante de ses revenus, — à la quatrième partie de toutes les dîmes dépendant du prieuré et appartenant aux seigneurs de Chalivoy. Quelques novales (1), près du village de Villers, représentant environ quatre boisseaux de blé par an, complétaient les revenus de la cure.

Tout en nous réservant de relever plus loin en détail les particularités de ces terriers relatives aux domaines seigneurial et vicarial, nous choisissons pour l'analyser le document intermédiaire intitulé Extrait de la liève déclarative des cens et rentes deubs à la seigneurie de Chalivoy-Milon, de 1620 (2).

(1) L'expression de novales désigne à la fois les terres nouvellement défrichées (depuis moins de quarante ans) et les dîmes perçues sur ces terres. Coutumes du Berry, titre X, art. XVII. — Comment, de LA THAUMASSIÈRE.

(2) Le fonds de Saint-Sulpice étant actuellement en rangement et la liève en


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Cet extrait est conforme, en principe, au terrier de 1611-1616, et, d'après les nombreuses annotations qu'il a reçues, même postérieurement au terrier de 1665-1669, il présente, de plus, une comparaison du chiffre des revenus a\rec le terrier Douart de 1578. Il offre aussi l'avantage du groupement des déclarations nominatives par censitaires, en distribuant les redevances par articles sous chaque nom. Il nous a semblé intéressant de transcrire l'essentiel de chacun de ces articles, de manière qu'on puisse se faire une idée de l'étendue des fonds, de la nature des cultures au XVIIe siècle, de l'importance des revenus de la seigneurie, en notant les termes intéressants au point de vue de la condition des personnes, de la géographie locale, etc.

Les 16 premiers articles énumèrent les redevances que paye chaque année, à la Saint-Sulpice de janvier, le sieur Amador de Guyon, écuyer, sieur d'Aumont :

1. — 13 s. 5 d. (1) et 1/3 de poule de cens accordable et rente foncière sur une maison, cour, jardin, terres et pré, le tout joignant ensemble et formant six arpents; trente boisselées de terre à la Rouesse-Polart, avec dîme et terrage ; et deux septerées de terre aux Grands-Champs, également avec dîme et terrage.

2. — 1 s. de rente et 6 d. de cens sur douze boisselées de terre à la Croix-du-Boudet.

3. — 9 s. de rente et 6 d. de cens sur un demi-arpent de pré, le Pré-à-la-Merlotte, et sur dix-huit boisselées de terre à l'Ouche-Boideau (ou Baudeau).

4. — 1 d. de cens sur un arpent et demi de bois taillis au Bois-des-Filles.

question n'ayant pas encore été cotée, il ne nous est pas possible de fournir l'indication nécessaire pour s'y reporter.

(1) Rappelons que la valeur moyenne relative du denier au XVIIe siècle était d'environ 0f02 et celle du sou 0f25.


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5. — 2 s. de rente et 1 d. de cens sur six boisselées de bois taillis au Corbereau.

6. — 2 s. 6 d. de rente et 3 d. de cens sur dix boisselées de terre aux Petites-Crées, avec dîme et terrage. (Pour cet article et les suivants, nous lisons en marge : A M. Claude Reau, héritier pour un tiers, par succession de défunte Louise Laliborde, femme du sieur d'Aumont, décédée depuis, en l'année 1667 ou 1668, et pour un autre tiers avec Françoise Lilleverte, comme héritière de défunte Paquette Laliborde, tante dudit Reau, à cause de sa femme décédée en 1679.)

7. — 5 s. 2 d. et 1/3 de poule de cens sur une maison, cour, ouche, appelée la Maison-de-la-Fontaine ; sur une septerée de bois taillis dite le Marry ou la Taille-dela-Forêt ; sur deux septerées de terre nommées le PréJacquet ; et sur une pièce de terre au Breuil, avec dîme et terrage.

8. — 5 s. 6 d. de cens et rente sur une pièce de terre et bois appelée le Jarry.

9. — 6 d. de cens et rente sur six boisselées de terre et bois et buissons « au maindre feux » avec terrage.

10. — 2 d. de cens sur une grange, jardin, pré et terre, à la Rue-Creuse ; douze boisselées sur trente boisselées de terre aux Petites-Crées, avec dîme et terrage.

11. — 12 d. de cens et rente sur six boisselées aux Grands-Champs.

12. — 2 s. 7 d. de cens et renie sur quinze boisselées de terre aux Ecoupes.

13. — 2 s. 9 d. de cens et rente sur quinze boisselées de terre dite le Champ-Chauvé ou la Phelipolerie.

14. — 3 s. 3 d. de cens et rente sur six boisselées de terre, jardin et vigne, au terroir de Cassecol (jadis du Gerbaut).


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15. — 6 d. de cens sur deux boisselées de vigne appelées la Bouloterye.

16. — 4 d. de cens sur vingt-deux boisselées de terre aux Grandes-Crées, avec dîme et terrage.

Nous poursuivons cette énumération en inscrivant les noms des censitaires en tête de la série des articles les concernant :

17. — François Gorgeron et Jean Claveau, de la paroisse de Thaumiers, laboureurs : 3 d. de cens sur un arpent de pré à la Maderelle.

18. — 2 s. 2 d. de cens sur dix boisselées de terre à la Rouesse-Paulart, avec dîme et terrage.

19. — 5 s. 2 d. de rente et cens sur onze boisselées de terre, dites les Terres-Fortes.

20. — Jean Martin, laboureur, 9 s. de rente et 8 d. de cens sur un chezal, présentement en masure, de treize septerées, à la Perolle.

21. — 3 d. de cens et rente sur six boisselées de bois, même lieu.

22. — 15 d. de rente et 14 d. de cens sur six boisselées de terre, aux Tureaux.

23. — 16 d. de rente et 2 d. de cens sur quatre boisselées de terre, aux Tureaux.

24. — 6 s. de rente et 2 d. de cens sur quinze boisselées de terre, au Crot-du-Loup, avec dîme et terrage.

25. — 8 d de cens et rente sur seize boisselées de terre, au terroir des Grands-Champs.

26. — Pierre Tissier, laboureur, 8 d. de cens et rente sur cinq boisselées de bois et buissons.

27. — Claude Monteux, laboureur, 4 s. 2 d. de cens et rente sur une septerée de terre, appelée la Milloterye, avec dîme et terrage.

28. — 7 s. 6 d. de cens et rente sur trois septerées de terre, appelées le Champ-du-Corbier.


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29. — 18 d. de cens et rente sur dix boisselées de terre, aux Grands-Champs.

30. — Jean de Betuzet, écuyer, sieur de Lamothe, Jean Perrichon, et Denis Camuzet, laboureurs, 2 s. 6 d. de rente et 1 poule de cens, sur trois septerées de terre, bois et buissons, au terroir de l'Aiguière, avec dîme et terrage.

31. — 35 s. de rente et 2 d. de cens sur un « faity » de maison, étable, cour, jardin et chénevière, de l'étendue de dix boisselées, au bourg de Chalivoy, (jadis aux

Bergerons), et sur 18 boisselées de terre aux Murgets.

32. — Jean de Betuzet, à lui seul, 9 s. de rente et 8 d. de cens sur une maison, cour, jardin, chénevière et terre (huit boisselées), au bourg de Chalivoy.

33. — 2 s. de rente et 3 d. de cens sur un arpent de vigne, au terroir du Cloux.

34. — 2 s. 6 d. de rente et 1 d. de cens pour deux arpents du Pré-de-la-Place ou Pré-Piat.

35. — 2 s. 1 d. de rente indivisible sur un arpent et demi de pré au Comble.

36. — 3 d. de cens sur une pièce de terre, maintenant « désertine » le Champ-Roudoux.

37. — 2 s. de rente et 2 d. de cens sur une maison ou masure et chénevière, en tout deux boisselées, appelées la Main-de-la-Fille ou de la Chaume.

38. — Demoiselle Françoise du Sillat, veuve de Jacques Taillandier, écuyer, sieur des Valliers, 12 d. de cens et rente sur une maison et jardin, au bourg de Chalivoy.

39.—9 d. de cens et rente sur 5 boisselées de terre, dites le Champ-Cardinal et anciennement l'Ouche-à-l'Ane.

40 — 7 s. 9 d. de rente et cens sur trois septerées de terre, au Cloux, avec dîme et terrage.

41. — 2 d. de cens sur trois boisselées de pré, à la « commune » du Boudet.


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42. — 5 s. de rente et 2 d. et 2 poules de cens sur une maison, chénevière et ouche, le tout tenant ensemble et formant dix boisselées.

43. — Item sur une pièce de terre, jadis en vigne, au terroir de Chatillon, dite actuellement la Billoterie.

44. — 4 d. de cens sur dix-huit boisselées de terre, près la commune de la Place.

45. — 2 s. 6 d. de cens et rente indivisible sur une septerée de terre, aux Ogiers.

Tous les articles de Françoise du Sillat appartinrent ensuite à Germain Compain, et sont reconnus au terrier Berthon, folios 22, 28 et 29.

46. — Antoine Monude, laboureur, 6 s. 6 d. de rente et cens sur six boisselées de terre, jadis en vigne, au terroir des Petites-Crées ; plus tard à Jean Bardin, ter. Berthon, fol. 30.

47. — Claude Poully, laboureur, et Laurence Vannier, veuve de Pierre Pouly, 15 d. de rente et 4 de cens sur une pièce de terre, aux Tureaux.

48. — 5 d. de cens et rente sur une autre pièce de terre, au même lieu.

49. — 12 d. de cens et rente sur six boisselées de terre, au Poisart ; par la suite à Jean Cadot, ter. Berthon, fol. 31.

50. — 20 d. de rente et 2 de cens sur une pièce de terre, en bois et buissons, d'une septerée, au Plessis; plus tard à François et Jeanne Roussat, ter. Berthon, fol. 32.

51. — Ledit Poully, 1 d. de cens sur deux septerées de terre et bois taillis, dites la Charbonnière.

52. — 1 denier de cens sur une septerée et demie de bois, appelée le Bois-Carranet.

53. — 2 s. 3 d. de cens et rente sur une septerée de bois et buissons, en Soulangy.


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54. — Françoise Charrier, veuve de défunt Louis Alleaume, 2 s. 2 d. de cens et rente sur un chezal, près le bourg; plus tard à François Cadot, ter. Berthon, fol. 33 et 34.

55. — 6 d. de cens et rente sur six boisselées de terre, sises au terroir de Chalivoy.

56. — 2 d. de cens sur deux boisselées de terre, au verger Bart; plus tard à Laurent Giraud et à Louis Alleaume, sabotier.

57. — Jean Guesnault, journalier, demeurant au bourg de Chalivoy, 2 d. de cens sur une pièce de terre, sise aux Brunes (?); plus lard à la veuve Jean et Claude Reau, ter. Berthon, fol. 35, et, en attendant, à Pierre Fleury, « gendre au Monleux, mestayer de Madame ».

58. — 4 d. de cens et rente sur six boisselées de terre, au Champ- de-Chalivoy ; plus tard à François Cadot, et, en attendant, aussi à Pierre Fleury, ter. Berthon, fol. 35.

59. — 1 d. de cens sur deux boisselées de bois, au Plessis ; plus tard à François Roussat, et, en attendant, à Pierre Fleury, ter. Berthon, fol. 35.

60. — 3 d. de cens sur une portion de bois taillis, au Corbereau, dit le Bois-des-Filles.

61. — Claude Poully et Laurence Vannier, 2 poules et 1 d. de cens sur une vigne, grange et terre, le tout tenant ensemble (8 boisselées), à la Feuille ; plus tard à la veuve Roussat, 1er. Berthon, fol. 37.

62. — (Manque).

63. — Amador de Guion, et demoiselle Marguerite Joing, 3 s. 1 d. de cens et rente sur deux pièces de terre : trois septerées, dites la Charbonnière, à de Guion, et un arpent et demi de pré, dit le Pré-à-Dieu», près le bourg, à Marguerite Joing; plus tard à la veuve et Claude Reau, ter. Berthon, fol, 38.


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64. — De Guion et Vincent Rognoux, tuteur des enfants de François de Boyeau de Saint-Julien, marchand, 11 s. de rente et 3 d. de cens sur un arpent de pré, appelé le Pré-de-la-Grande.

65. — Sur le Champ-Jacquier d'une septerée et demie.

66. — Et sur huit boisselées de terre, Champ-de-laCroix-aux-Morts.

67. — Messire Germain Montagu, prêtre, curé de Chalivoy, 12 d. de cens sur une maison, grange, terre, pré et cour, de l'étendue de 4 arpents.

68. — 3 d. de cens sur quatre boisselées de terre et buissons, au Plessis, anciennement la Chaume-desCrots.

69. — 2 d. de cens et 7 s. de rente sur un arpent et demi de vigne, dite La Pinette.

70. — 3 d. de cens sur dix boisselées de terre, entre Chalivoy et le Frouez.

71. — 1 d. de cens sur un quartier de pré, au bourg.

72. — 2 d. de cens sur huit boisselées de terre, au terroir de Cassecol.

73. — 1 d. de cens sur six boisselées de terre, entre Chalivoy et le Frouez.

74. — 1 d. de cens sur dix-huit boisselées de terre, au Poisart.

75. — Et sur une septerée de terre, au Champ des Genêts.

76. — 3 d. de cens sur deux arpents de pré, près le bourg, et sur huit boisselées de terre, sur le chemin de la Feuille.

77. — 1 s. 2 d. sur quatre boisselées de terre, au Poisart.

78. — Demoiselle Marguerite Joing, femme de Jean du Bois, écuyer, sieur d'Uglinoy, 3 s. 6 d. de rente et 6 d. de cens sur une maison, jardin, chénevière,


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courtillage et terre par derrière, soit quatre boisselées tenant ensemble, appelées le Chezal-des-Grosguenins ; plus tard à Pierre Rotillon, ainsi que les trois articles suivants, ter. Berthon, fol. 45 et 46.

79. — 2 s. 1 d. de cens et rente sur un arpent d'ouche ou chénevière, près le bourg.

80. — 1 s. 6 d. de cens et rente sur trois boisselées de terre, même lieu.

81. — 2 d. de cens sur trois boisselées de terre ou chénevière, appelées jadis Le Vignoux.

82 — 12 d. de cens et rente sur un arpent et demi de vigne avec masure de loge, au verger Bart ou Cassecol.

83. — 3 s. 11 d. de cens et rente sur un demi-arpent de vigne, au vignoble des Epinettes.

84. — Et sur deux boisselées de chénevière, sur le chemin de Chalivoy à Dun ; modo François Cadot, ainsi que le suivant, ter. Berthon, fol. 46 et 47.

85. — 3 d. de cens sur deux boisselées de terre, au bourg.

86. — 2 d. de cens sur trois boisselées de chénevière, sur le chemin de Dun.

87. — 7 s. 11 d. de rente et 1 d. de cens sur deux arpents de pré, près le bourg; modo les mineurs Plisson, ter. Berthon, fol. 48.

88. — 5 s. 1 d. de cens ou rente sur trois boisselées de chénevière, au bourg; modo Plisson, puis Cadot, ter. Berthon, fol. 48, verso.

89. — 16 d. de cens et rente sur un arpent de vigne, dit la Vigne-Mouche, avec dîme et terrage ; modo les mineurs Peizan, ter. Berthon, fol. 48, verso.

90. — 1 d. de cens sur deux boisselées de terre, au Poisart; modo les mineurs Peizan, ter. Berthon, fol. 49.

91. — 2 s. 6 d. de cens ou rente sur une septerée de terre au Poisart ; Girot jouit par accense ; François


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Cadot jouit du présent article et des trois suivants, ter. Berthon, fol. 49-50.

92. — 2 d. de cens sur trois boisselées de terre, sur le chemin du Frouez.

93. — 3 s. 6 d. et 1/3 de poule de cens et rente sur une septerée de terre, aux Grands-Champs; Girot jouit par accense.

94. — 1 s. 6 d. de cens et rente sur huit boisselées

de terre, aux Grands-Champs; Girot jouit par accense.

95. — 25 s. 4 d. de cens sur un demi-arpent de pré, appelé le Pré-de-l'Étang et jadis l'Ouche-à-la-Nourrice ; Germain Compain, au ter. Berthon, fol. 50; — sur-dix boisselées de terre, aux Tureaux ; Anne Riffault, veuve Gerbe, ter. Berthon, fol. 50; Girot jouit actuellement; — et sur dix boisselées de terre avec masures, près le bourg; les héritiers Peizant en jouissent, ter. Berthon, fol. 50.

96. — 12 d. de rente et 4 d de cens sur une pièce de terre jadis en vigne, au terroir des Plantes, autrement dit les Crées; modo Joseph Rotillon jouit du présent article et des six suivants, ter. Berthon, fol. 52-53.

97. — 12 s. 2 d. et 1 poule de cens sur trois septerées de terre appelées le Jarry.

98. — 2 s. 8 d. de cens et rente sur seize boisselées de terre, sur le chemin d'Acon.

99. —4 d. de rente et 1 d. de cens sur trois boisselées de terre, aux Petites-Crées.

100. — 2 s. 8 d. de cens et rente sur un arpent de terre, jadis en vigne (1).

101. — 15 d. de rente et cens sur six boisselées de terre, aux Petites-Crées; Girot jouit par accense; Compain; Rotillon.

(1) Les noms de Fresne et de Compain sont inscrits en face de tous ces derniers actes.


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102. — 10 s. 1 d. de cens et rente sur une pièce de terre ou chénevière, jadis en chezal, où sont encore des masures, de l'étendue de quatre boisselées, sur le chemin de Sagonne; modo Germain Compain, ter. Berthon, fol. 53-54.

103. — 2 s. 6 d. de cens sur deux pièces de terre : l'une de trois boisselées en lerre et pâtureau, près le bourg; l'autre de deux septerées appelée auparavant le Champde-l'Homme, et maintenant le Champ-de-la-Croix, dont jouit François Cadot, ter. Berthon, fol. 54.

104. — 15 d. [de renie] et 4 de cens sur deux septerées de bois et pré, dites les Combles, dont jouit Anne Riffault, veuve Gerbe, ainsi que l'article suivant, ter. Berthon, 55.

105. — 25 s. de rente sur une pièce de terre avec masures de grange et chezal, appelée la Désertine, d'une septerée, sur le chemin du Frouez.

106. —2 s. 8 deniers de cens et rente sur une septerée de terre dite le Pré-Chasset; les mineurs Peizan jouissent par Tondeux de cet article et des trois suiv., ter. Berthon, 55-56.

107. — 3 s. 2 d. de cens et renie sur un arpent ou dix boisselées de terre, voisine de la précédente.

108. — 4 d. de cens sur six boisselées de terre encore voisines.

109. —2 d. de cens sur un demi-arpent de terre appelé la Rouesse-Barbe, même lieu.

110. — 3 s. 2 d. et 1 poule de cens et rente sur le Champ-de-la-Désertine, terre, chénevière et masure, ensemble trois septerées ; modo Anne Riffault, veuve Gerbe, et son fils Jean Gerbe, ter. Berthon, fol. 57.

111. — 5 s. 2 d. de cens et rente sur trois pièces de terre, formant quinze boisselées, aux Trois-Bornes ; Anne Riffault, veuve Gerbe, ter. Berthon, 58; sur un arpent de


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terre, à la Croix-aux-Morts ; et sur un autre arpent de terre, au même lieu. Les Reaux jouissent de ces deux, articles et du suivant, ter. Berthon, 58 et 59.

112. — 9 d. de rente et 1 de cens sur trois boisselées de terre, jadis en vigne, au Verger-Bart, ou Cassecol.

113. — 14 d. de rente et cens sur une pièce de terre, au Crépon ; mineurs Peizant, ter. Berthon, 60.

114. — (Manque).

115. — 15 d. de rente et 5 de cens sur le Champde-la-Porte, seize boisselées; modo Joseph Rotillon, ter. Berthon, fol. 59.

116. — 2 s. 6 d. de rente et 2 deniers de cens sur un arpent et demi de bois, au terroir de la Petite-Forêt ; les mineurs Peizan, par Tondeux, ter. Berthon, fol. 60 ; et 4 de cens sur le bois Dufaure, trois septerées ; modo, Mme de la Mothe, ter. Berthon, fol. 106.

117 (1). — 22 s. de rente et cens sur un quartier de pré dont jouit Cadot au ter. Berthon, fol. 60; et sur un demi-arpent de terre au bois Dulac ; modo Joseph Rotillon, pour Compain, ter. Berthon, fol. 60.

118. — 22 d. de cens et 2 de rente sur une septerée et demie de terre, aux Grandes-Crées, avec dîme et terrage ; modo, les mineurs Peizan, par Tondeux, ter. Berthon, fol. 61.

119. — 2 d. de cens sur un demi-arpent de chénevière, aux Grosguenins ; modo, les mineurs Peizan.

120. — 8 d. de rente et 2 de cens sur une maison, jardin, ouche (ensemble un demi-arpent), sur le chemin de Sagonne ; modo, Germain Compain, ter. Berthon, fol. 61.

121. — 2 s. 6 d. de rente et 5 d. et 1/2 poule de cens sur un chezal consistant en verger, grange, cour et

(1) Cet article est dû par un Peizant qui en jouit à la place de Marguerite Lhéritier.


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deux maisons dont l'une est partagée avec Marguerite Lhéritier; François Cadot jouit de cet article et des quatre suivants, ter. Berthon, fol. 63-65.

122. — 2 s. 6 d. de renie et cens sur une maison et masure avec jardin (ensemble deux boisselées), sur le chemin de Sagonne ; et sur six boisselées de terre au verger Bart ; Peizan doit parce qu'il jouit à la place de Marguerite Lhéritier.

123. — 1 s. 6 d. de cens et rente sur une septerée de terre (faisant partie de trois) à l'Aiguière, avec terrage ; M. le curé, puis Cadot.

124. — Avec Jean La Chaise, 2 s. de rente et 2 d. de cens sur le Pré-Jacquet, une septerée et demie de terre; Cadot, puis Mansat.

125. — 7 s. 6 d. et une poule de cens et rente sur deux septerées de terre, aux Tureaux, avec dîme et terrage; Milet, puis Peizan, puis Cadot.

126. — Amador de Guion, 1 d. de cens sur deux septerées et demie de terre, aux Trois-Bornes ; les Reaux, puis Mlle de la Forêt, ter. Berthon, 66.

127. — Escouché, journalier, 14 s. 5 d. et une poule de rente et cens sur une maison rouge, à la ChaumeAraulx (trois septerées) ; une pièce de terre, au Fournage ; quinze boisselées de terre au verger Bart ou au Poisart ; les Reaux; Jean Lamy, ter. Berthon, 68.

128. — 30 s. 2 d. et une poule de cens et rente sur quatre septerées de pré, terre et buissons, jadis en chezal, appelé la Chiennerie ; Godequin, puis Jean Lamy.

129. —14 d. de rente et 1 de cens sur un arpent de terre à la chaume Arrault.

130. — 7 s. de cens et rente sur une pièce de terre, aux Grands-Champs.

131. — 15 d. de cens et rente sur un arpent de terre,


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même lieu, dit le Carroy-des-Grands Champs, avec dîme et terrage.

132. — 2 d. de cens sur une septerée de terre, près de la Chiennerie.

133. — 6 d. de cens et rente sur un arpent de terre, au Terroir-des-Tureaux ; Anne Riffault, veuve Gerbe, ter. Berthon, fol. 70.

134. — 3 d. de cens et rente sur un arpent et demi de pré, à la Marderelle (en marge, autrement : les héritiers Godequin, Jean Lamy).

135. — Claude Gibereau et Mary Cosson, manoeuvre, 3 d. et 3 chapons « bons et recepvables » de cens sur, une maison et terre où est un puits, sise à Chalivoy-laNoix, dite le Champ-Gaultier, de huit boisselées (en marge : Petit et ses héritiers, ter. Berthon, fol. 72) ; François Champsel, notaire de Bannegon, reconnaît au ter. Berthon de 1669, fol. 106).

136. — Thomas Bardin et Philippe Gonnin, laboureurs, 5 s. 5 d. de cens et rente sur une septerée de terre, jardin et vigne, aux Petites-Crées, jadis aux Plantes (en marge, Bardin et Gonnin habitent la paroisse de Cogny).

137. — Martial Bergeron, 5 s. de cens sur une maison, jardin et cour par derrière, sur la rue Grivette; Jean Bergeron, ter. Berthon, fol. 74 (1).

138. — Ursin France, laboureur, 2 s. 12 d. de cens et rente sur quatre septerées et demie de terre au terroir et climat (?) des Augiers (en marge : François France ; à présent Claude Dhérisson, laboureur, et Jean Gravelon, aussi laboureur à Vailly ;) — et sur un arpent de pré, dit le Pré-Mercier, aux Augiers.

(1) Robert Bergeron, huissier, et François Morlon, couvreur, demeurent au bourg de Chalivoy en 1683 : il est question d'une assignation contre eux au sujet de cette possession.

15


210 MONOGRAPHIE

139. - 1 denier de cens sur une septerée un quart de bois (en marge, Simon François et Antoine Gravelon).

140. — Jean Dubouys et Pierre Merly, journaliers, 2 s. 6 d. de rente et 6 d. de cens sur une maison, jardin et terre (ensemble trois boisselées), à la Chaume de la Croix, jadis la Chaume de la Jarrye (en marge : Dubouys dit qu'il paye à Blet et a eu procès avec Godequin pour la possession qui est demeurée indéfinie).

141. — 3 d. de cens sur un demi-arpent de bois, à Soulangy.

142. — 25 s. et 1 poule de rente et 10 d. de cens sur dix boisselées de terre labourable, au bourg de Chalivoy.

143. — 8 d. de rente et 1 d. de cens sur un arpent de vigne, au vignoble de Chalivoy; Cadot, puis Dubouys.

144. — 1 d. de cens sur cinq boisselées de terre, au Breuil ; Cadot, puis Petitjean ; Jean Lamy possède les héritages de Jean Dubouys, ter. Berthon, fol. 77-78.

145. — Jean Lachaise, maréchal, 2 s. 6 d. de rente et 5 d. et 1/2 poule de cens sur une maison, cour, vigne et grange (ensemble trois boisselées), près le bourg ; — et sur une septerée de terre, au Poisart, jadis au VergerBart; Cadot; Jean Lamy possède les héritages de Jean Lachaise, ter. Berthon, fol. 79-80.

146. — Avec le sieur de Saint-Julien sur une maison au Boudet et une pièce de terre au Chaillou, 4 s. de rente et 3 d. de cens sur un demi-arpent de terre, aux Ecouppes ; Mme de la Mothe, M. de Saint-Julien, autrement M. de Villefranche, ter. Berthon, 80.

147. — 3 d. de cens et rente (partie de 10 d.) sur trois boisselées de terre, à la rouesse Polart (partie de 9) ; Cadot, puis Mansat en jouit.

148. — 1 d. de cens sur un arpent de bois, au Boisdes-Filles, jadis au Corbereau ; Cadot.


DE CHALIVOY-MILON 211

149. _ 7 d. de rente et 1 de cens sur une septerée de terre, bois et buissons, dite le Champ-Popinet, avec dîme et terrage ; Cadot, puis Mansat qui l'a délaissée à MM. de Saint-Sulpice et refuse de payer.

150. — 2 s. 6 d. et 1 poule de cens et rente sur trois septerées de terre, aux Petites-Crées (en marge : Aiguère) avec dîme et terrage ; Cadot, puis M. Minard, d'Acon.

151. — 13 d. de rente et 1 de cens sur un arpent de vigne en désert, au verger Bart ; Cadot, puis Mansat.

152. — 1 denier de cens sur un arpent de terre, aux Tureaux; François Cadot jouit des six articles précédents, ter. Berthon, fol. 81-83.

153. — Jean Dhérisson, laboureur, 1 d. cens sur un demi-arpent de bois, au terroir des Charbonnières ; Tondeux, pour les Peizan.

154. — 1 d. de cens sur une pièce de terre, au terroir des Aiguères ; mineurs Peizan, ter. Berthon, fol. 84,

155. — Pierre Rondet, laboureur, 1 d. de cens sur une pièce de bois taillis, dite le Bois-Commet, vers la Croix-aux-Morts ; Anne Riffault, veuve Gerbe.

156. _ 2 d. de cens sur neuf boisselées de terre, à la Croix-aux-Morts, terroir des Aiguères ; modo Anne Riffault, veuve Gerbe, ter. Berthon. fol. 85-86.

157. — 20 d. de rente et 1 de cens, avec Pierre Pouly et Jean Guesnault, sur deux septerées de bois, au Plessis ; François Roussat.

158 — 1 d. de cens sur la susdite pièce de pré (?) ; François Roussat possède ces deux derniers articles, ter. Berthon, fol. 86.

159. — Pierre Marly, fendeur, 10 d. de cens sur cinq boisselées de terre, dite la Crosette ; Jean Letereau, demeurant à Villaine, paroisse de Charly, métairie de


212 MONOGRAPHIE

la dame Regnaud, qui a épousé la veuve de Marly, ter. Berthon, fol. 87-88.

160. — Ledit Marly, comme tuteur des enfants de defunte Anne Rigault et Jeanne Lecoeur, 25 s. de rente et 17 d. de cens sur une maison, jardin et terre (ensemble six boisselées, au bourg de Chalivoy;) Étiennelte Rigaull et François Tondeux, ter. Berthon, fol. 99.

161. — 2 s. 6 d. de rente et 1 poule de cens, avec la veuve Gerbe (en la même qualité que précédemment) sur trois septerées de taillis, aux Aiguères, avec dîme et terrage; modo François Cadol, ter. Berthon, fol. 90.

162. —Christo Manca, 15 d. de rente et 5 d. de cens sutdix boisselées de terre aux Chezelles ; la fabrique de Chalivoy; la Riffault, veuve Gerbe.

163. — 7 d. de rente et cens sur un demi-arpent de terre, dit le Champ-de-l'Aumône ou Petit-Champ ; la fabrique, ter. Berthon, fol. 91-92.

164. — Gilbert Gelinet, journalier, doit 3 d. de cens sur un arpent de terre, aux Haies ou près la Chaumede-Vailly; les Roussats, ter. Berthon. fol. 93; la Riffault a la moitié de cet article.

165. — Pierre Riffault, marchand, 32 s. 6 d. de rente et 3 s. 2 poules de cens sur un chezal consistant en maison, grange, étable, cellier, cour, jardin (ensemble un demi-arpent), au bourg de Chalivoy; — et sur deux septerées de terre, au terroir des Chezelles; — et aussi sur un demi-arpent de terre ou chénevière, près ladite vigne ; — et enfin sur un arpent de terre, dit le Champde-la-Porte.

166. — 5 s. 1 d. de cens et rente sur une septerée de terre, dite le Champ-des-Cierges.

167. — 1 d. de cens sur un arpent et demi de pré, dit le Mary.


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168. — 14 s. de rente et 5 d et 1 poule de cens sur une maison, cour, jardin, grange, étables, prés et terres (ensemble trois septerées), à la « commune » du Boudet; Compain et la Rigault, avec Riffault, Pierre Lecygne (?) mari de Catherine Riffault; Jean Lamy, ter. Berthon, fol. 98.

169. — 5 d. de cens et rente sur un tiers de septerée de terre, au Breuil ; A. Riffault, veuve Gerbe.

170. — 2 deniers de cens sur six boisselées de terre, même lieu.

171. — 4 d. de cens sur trois boisselées de terre, bois et buissons, au Pré-au-Faure.

172. — 2 d. de cens sur seize boisselées de terre.

173. — 2 s. 6 d. de rente et 5 d. de cens sur trois septerées de terre, dites le Champ-à-Dieu ; François Roussat, ter. Berthon, fol. 99.

174. — 2 s. de rente et 2 d. et 1 poule de cens sur trois septerées de terre, bois et buissons, dites les VignesLonges.

175. — Avec Marguerite Joing, 2 s. 6 d. de rente et cens sur deux septerées de bois, dites le Bois-Clair; tous les articles de Pierre Riffault appartiennent à Anne Riffault, veuve Gerbe, excepté ceux de Me Barathon, Jean Lamy, et François Roussat, ter. Berthon, 94-101.

176. — 3 s. 1 d. et 1 poule de cens et rente sur deux pièces de terre : ledit Riffault, trois boisselées et ladite Joing, une septerée, près la garenne des Seigneurs; modo Jean Simonnet, ter. Berthon, fol. 102. (La dernière de ces terres est à Mme d'Yssertieux, et l'autre à Compain qui la gère pour Mme d'Yssertieux et Messieurs de SaintSulpice).

177. — Guillaume Petitpierre, laboureur, 7 s. 6 d. de rente et une poule et 1 denier de cens sur quinze boisselées de terre labourable, aux Grands-Champs;


214 MONOGRAPHIE

Sulpice Claveau, métayer du sieur Minard en jouit ; puis François Cadot; et le sieur d'Aumont.

178. — 4 d. de rente et 1 de cens sur dix boisselées de terre, à la Rouesse-Paulart; le sieur d'Aumont, puis Cadot.

179. — 2 s. 6 d. de rente et 1 d. de cens sur dix boisselées de terre, même lieu, avec dîme et terrage; aux mêmes.

180. — 2 s. de rente et 1 d. et une poule, de cens, sur un chezal et masure, au village de la Brosse, avec chénevière et jardin (un demi-arpent); Cadot; M. le Maréchal de Villeroy, à cause de son domaine des Saupins; Escouché, métayer, en jouit.

181. — Pierre Petit, 3 d. de cens sur deux boisselées de terre, au bourg; au sieur de la Mothe; Jacques Arnoux jouit; François Cadot jouit des héritages de Guillaume Petitpierre, ter. Berthon, fol. 103-104.

182. — Vincent Rognoux, marchand, 22 s. 6 d. de rente, et 23 d. et 4 poules de cens sur cinq septerées de terre, pré, étang et bois, en un seul tenant, au terroir du Chaillou ; Mme de la Mothe.

183. — 14 s. 2 d. et 1 poule de cens et rente sur une maison, grange. cour, ouche, jardin et terre, appelés la Grande-Marne, en un seul tenant; id.

184. — 4 s. 3 d. de rente et cens sur une maison, vigne, terre et pré appelé le Pré-de-la-Place, au Boudet, en un seul tenant (trois septerées) ; id.

185. — 5 s. 1 d. et 1 poule de cens et rente sur dix-huit boisselées de terre dites le Champ-de-la-Nouë ; id.

186. — 2 d. de cens sur cinq quartiers de bois, au Pré-au-Faure ; id. ; et Feon ; Mme de la Mothe jouit des cinq articles précédents ; ter. Berthon, fol. 107-109.

187. — 5 d. de cens et rente sur trois septerées de terre au Breuil ; Me Barathon, ter. Berthon, 109.


DE CHALIVOY-MILON 215

188. — 1 d. de cens sur une pièce de terre dite le Champ-des-Trembles ; id., id.

189. — 3 d. de cens sur une pièce de terre dite le Champ-des-Eguillons, aux Aiguères ; Reau pour les enfants de Guion.

190. — 2 d. de cens sur deux boisselées de terre, au Breuil.

191. — 7 d. de cens et rente sur cinq boisselées de terre, à la Forêt ; les mêmes ; la Renard ; les de Guion jouissent des trois précédents articles, ter. Berthon, fol. 110; Mme de la Mothe jouit des trois suivants, ter. Berthon, fol. 111-112.

192. — 3 d. de cens et rente sur un demi-arpent de terre, à la Chaume-des-Crots.

193. — 20 d. de rente et 1 de cens sur douze (ou deux) boisselées de terre aux Petites-Crées, jadis le Champdes-Chaumes.

194. — 11 s. 3 d. de cens et rente sur dix boisselées de terre dites le Champ-Jacquet; Amador de Guion, les Reaux, pour les mineurs ; et sur un arpent de terre dit le Pré-de-la-Grange, aux Ouches-Molles ; id., ter. Berthon, fol. 113.

195. — Daniel Rousselet, 2 s. 6 d. de cens et rente sur une septerée de terre dite les Champs-Pruniers et à présent la terre à la Croix-aux-Morts ; François Roussat, à présent M. Frédéric Rousselet, tuteur des mineurs dudit Daniel, qui habitent Blet.

196. — 4 d. de cens sur une pièce de terre, au Plessis de l'Aiguère ; id. ; Etienne Bouillet, laboureur, demeurant à Chassy (Blet) ; François Roussat jouit de ces héritages, ter. Berthon, fol. 118-119.

197. — Pierre Rondet, châtelain, 21 s. 3 d. de rente et 4 de cens sur un chezal consistant en maison, grange, chénevière, étables et terres, tenant ensemble, appelé


216 MONOGRAPHIE

le Chezal-Soissons ou la Veraille (trois septerées, derrière la Justice-de-Chalivoy) ; François Chomereau, laboureur, demeurant aux Plissons.

198. — 5 s. de rente et 2 d. de cens sur trois arpents de pré dits le Grand et Petit-Pré de la Veraille en ladite Justice.

199. — 10 s. de rente et 2 d. de cens sur quatre septerées de terre et bois, dites le Champ-Chêne, à la Forêt, avec dîme et terrage.

200. — 2 d. de cens sur quatre septerées de terre dite le Champ-Pinton, Chavet ou Murgel.

201. — 25 s. de rente, 1 poule et 2 d. de cens sur quatorze septerées de lerre dite le Carré-du-Champoret ou le Grand-Champ-des-Plissons, avec dîme et terrage.

202. — Et sur quatre septerées de terre sur le chemin de Chalivoy aux Plissons, avec dîme et terrage.

203. — 3 s. 2 d. de rente et cens sur deux arpents de taillis dit le Taillis-aux-Rondets.

204. — 12 s. 6 d. de rente et 5 d. et 1 poule de cens sur un chezal consistant en maison, grange, étables, jardin, pré el terre, appelé les Vignes-Longues et Terredu-Breuil, le tout en un seul tenant (neuf boisselées) au Boudet, avec dîme et terrage ; ledit Chomereau en jouit.

205. — 2 s. 6 d. de rente et 4 d. de cens sur quinze boisselées de terre et pré, tenant ensemble, aux Augiers.

206. — 2 d. de cens sur une septerée de terre, au Poisard, avec dîme et terrage.

207. — 3 d. de cens sur deux septerées de terre, dites le Champ-Jacquet; — et sur dix-huit boisselées de terre, appelées la Milloterye ou la Merlotte, au terroir de la Perolle.

208. — 2 d. de cens sur deux arpents de pré, dits le Pré-Mercier, aux Élis.


DE CHALIVOY-MILON 217

209. — 11 d. de cens et rente sur dix boisselées de terre, aux Tureaux.

210. — 15 d. de rente et 2 de cens sur deux septerées de terre, même lieu.

211. — 3 d. de cens sur trois septerées de terre, au champ de Chalivoy.

212. — 3 livres tournois de cens et rente sur dix septerées de terre, jadis en vigne, dites la Vigne-de-Champoret.

213. — 5 d. de cens et 15 d. de rente sur une septerée de terre, jadis en vigne, dite le Champ-de-laPorte ; tous les articles de Pierre Rondet appartiennent à Me Barathon, ter. Berthon, 114-fin.

214. — Jacques Riffault, 10 d. de rente et 2 de cens sur trois arpents de terre, bois et buissons, à la Croixaux-Morts ; à la veuve Gerbe, fille de Riffault.

215. — 2 d. de cens sur une septerée de terre, dite le Champ-Palot ; la même, M. Compain; ter. Berthon de 1669, fol. 129.

216. — Le sieur Champsel, 5 d. de cens sur dix boisselées de terre, dites le Champ-de-Saint-Martin, ter. Berthon de 1669, fol. 103. — M. d'Acon doit au total 59 s. 6 d. : le ter. Berthon porte quatre redevances, dont la somme dépasse 4 livres et quelques sols, fol. 107.

217. _ Les hoirs du sieur d'Acon, 7 s. 6 d. de rente et 5 d. et 1 poule de cens sur une maison, bergeries, étables, vignes et terres (ensemble dix boisselées), sur le chemin de Chalivoy à Dun,

218. — 15 d. de rente et 2 d. de cens sur deux septerées de terre, jadis en vigne, aux Petites-Crées.

219. — 14 d. de rente et 2 de cens sur un demiarpent de terre, au Bois-du-Lac ; et 2 s. de rente et


218 MONOGRAPHIE

5 d. de cens à cause d'un quartier de vigne, au vignoble de Chalivoy.

220. — 6 s. de rente et 5 d, de cens sur un arpent de terre, dit le Champ-des-Crots.

221. — 21 d. de rente et cens sur dix boisselées de terre, aux Petites-Crées.

222. — 22 d. de cens et rente sur une septerée de terre (8 boisselées), aux Grandes-Crées.

223. — 5 s. de rente et cens sur vingt boisselées de terre, jadis en vigne, dites la Plante.

224. — 2 s. 6 d. de cens et rente sur un demi-arpent de terre, aux Petites-Crées.

225. — 19 d. de. rente et cens sur un taillis, dit le Taillis-de-la-PeroIle ; cette redevance figurait déjà au terrier Rondetde 1611, loi. 6; et figure encore au terrier Berthon de 1669, fol. 107, sous le même nom.

226. — 2 s. 8 d. de cens et rente sur un arpent de terre, dit le Champ-Chavet ; — plus 2 s. 5 d. de rente et

6 d. de cens à cause d'un demi-arpent de terre venu de Jean Fondy, jadis en vigne ; — et 10 d. de rente et 1 de cens, à cause de deux boisselées de terre, Avenues dé Paul Blanchet, alors en vigne, sur le chemin de Chalivoy à Acon.

227. — 7 s. 6 d. de rente et 5 d. et 1 poule de cens sur un chezal et masure qui fut à Simon Repousset (une septerée) sur le chemin de Sagonne à Dun,

Le contenu en la présente liève monte en rente et cens à la somme de 55 liv. 5 s. 61 poules, évaluées à 8 s. et les 4 chapons à 10 s.

Au terrier Douart (1578), les rentes montaient à 41 l. 17 s. 3 d. 2 poules, les cens à 3 1. 8 s. 1 d. 8 jaux blancs et 31 poules; total argent : 44 l. 5 s. 4. d.

228. — Plus chaque habitant du bourg de Chalivoy doit, par feu, 2 deniers de cens et devoirs seigneuriaux


DE CHALIVOY-MILON 219

pour jouissance des usages dudit Chalivoy, sanctionnés et spécifiés dans les terriers entiers, et ce à chaque fête de Saint-Sulpice de janvier.

A ce tableau des redevances foncières, provenant des concessions individuelles de biens, nous ajouterons l'inventaire du domaine proprement dit avec le relevé des droits fiscaux que l'abbaye percevait à titre général, d'après les circonstances, et dont l'énumération termine les deux terriers de 1611-1616 et 1665-1669. On peut rapprocher ces indications de celles de l'acte d'achat de la seigneurie de Chalivoy de 1570 par Amador de La Porte, analysé au chapitre précédent.

Les religieux, abbé et couvent de Saint-Sulpice, seigneurs spirituels et temporels de la terre et seigneurie de Chalivoy, y exerçaient toute justice, haute, moyenne et basse, avec les droits suivants :

1° Gruerie ou pâturage du gland, par jouissance directe au profil de leurs bestiaux ou par accense aux habitants ;

2° Accordements, lots et ventes fixées à 2 sols tournois par livre sur la valeur vénale et les cens, échus au jour du contrat, en cas de vente ou échange de biens dans les limites de la seigneurie ;

3° Bannie du vin, autrement dit monopole de la vente du produit des vignes du domaine seigneurial pendant trois semaines avant et trois semaines après la Saint-Jean-Baptiste ;

4° Coutume de la boucherie, comportant l'obligation de soumettre à une visite préalable les animaux à abattre, dont la langue était due au seigneur (nous avons déjà vu le droit de halle et de boucherie reconnu dans un arrangement entre les religieux et les bouchers, daté du 22 mai 1548 et cité dans le chapitre précédent).

5° Exemption pour les habitants de Chalivoy du


220 MONOGRAPHIE

péage sur la terre seigneuriale de Bannegon « enclavée au ressort de Berry » et tenue en fief des seigneurs de Chalivoy ;

6° Banalité du four entraînant une taxe annuelle de 2 s. 6. d. sur chaque habitant ;

7° Bannie ou droit de fixation, par mesure de police, de l'époque des vendanges.

Voici, d'autre part, le détail des possessions foncières des religieux de l'abbaye :

a) Manoir seigneurial de Chalivoy, contenant belle chapelle et cave, — autre maison avec four et étables, — troisième maison à cheminée, — grange, — colombier avec deux prisons au-dessous, — grande cour, — pêcherie, — verger, — courtillage, — chénevière, — garenne ;

b) petit étang ;

c) Plusieurs terres, qu'ils baillent par accense, en argent, à dîme et terrage, quand et à qui bon leur semble, en plusieurs endroits de la paroisse et justice de Chalivoy et ailleurs, et d'autres terres, vignes, bois et broussailles baillées à renies et cens accordables à perpétuité, comme il appert de leurs lettres et terriers.

d) Plusieurs pièces de prés qu'ils gardent pour eux ou leurs fermiers et spécialement une pièce située dans la paroisse de Bannegon, appelée le Grand-Pré-del'Abbé, rendant 25 charretées de foin. La Preherie de Bannegon comprend encore une autre pièce dite le Grand-Arpand, contenant 4 charretées de foin ; une autre nommée les Cinq-Andins, donnant 1 charretée; une autre appelée, le Cartier, fournissant 1/2 charretée; le pré de la Planche, 4 charretées; le pré Guilly, 1 charretée ; le pré Bouchard (ou Bouffardin), 4 charretées.


DE CHALIVOY-MILON 22l

Dans la paroisse de Blet, 4 arpents de pré dits le Pré-aux-Moynes, près le village de Villeneuve.

Dans la paroisse de Chalivoy, 6 arpents de pré appelés également le Pré-aux-Moynes.

Dans la paroisse de Thaumiers, le pré .Mestier, 1 arpent 1/2 ; un autre 1/2 arpent qui se partage « à la fourche et au râteau » par moitié avec la dame d'Yssertieux ; et le pré Bordireulx (ou Bordereaux), 1 arpent.

Les Religieux ont encore le soin de mentionner dans les terriers qu'ils sont seigneurs patrons de l'église de Chalivoy, qu'ils ont à ce titre le droit de conférer le bénéfice au vicaire perpétuel en le présentant à l'investiture de l'archevêque de Bourges, et que la moitié des oblations, ainsi que de toutes autres choses de la vicairie, leur est réservée.

Enfin, ils renouvellent non moins soigneusement l'affirmation de leur droit sur l'importante dîmerie de la totalité de la justice de Chalivoy, sur celles de la justice d'Acon, au pays de Bourbonnais et de la seigneurie de la Feuille, dans la justice de Blet (avec dîme spéciale du vin) et sur les terres d'au-delà le bois d'Yssertieux, situées dans la même justice.

Un travail précis de récapitulation des terrains par cultures n'est pas possible, à cause des énonciations collectives dans bon nombre d'articles et de l'absence de contenances pour certains fonds. Voici, en gros, les superficies quant aux propriétés arrentées ou en censives (suivant le rapport de dix boisselées à l'arpent et de huit à la septerée, trouvé aux articles 107 et 222) :

Terres : 17 arp., 125 sep., 722 boisselées; total : 1.892 boiss. Prés : 21 arp., 2 quartiers, 3 boisselées; — 218 —


222 MONOGRAPHIE

Vignes : 7,5 arp., 5 boisselées ; total : 80 boiss. Jardins, ouches, chénevières : 3,5 arp.,

19 boisselées ; — 54 —

Bois : 7 arp., 5 quart., 17,75 sept., 22 boiss. ; — 256 —

Fonds mélangés : 13 arp , 24 sep., 78 boiss.; — 400 —

Nombre de fonds sans indication de contenance : 27.

Mentionnons ici plusieurs actes d'affermage du prieuré et de la seigneurie de Chalivoy :

Le 3 février 1639, par devant le notaire Guyard, les Religieux accensent à Messire Goutard, prêtre, curé de Flavigny, y demeurant, pour sept ans, moyennant 430 livres par an, tous les revenus, clos de vigne et droits d'église quelconques du prieuré et seigneurie de Chalivoy, à la charge de laisser jouir le vicaire perpétuel de Chalivoy de la quarte partie de toutes les dîmes de ladite terre et seigneurie, même dans l'enclos de vigne appartenant aux Religieux, etc. Goutard devra faire donner à la vigne toutes les façons voulues : les Vénérables pourront faire visiter la vigne et voir si elle est duement bêchée, pesselée et garnie de pesseaux de charme qu'ils lui fournissent. Il devra faire desservir à ses dépens le prieuré, taire dire le service divin dû et accoutumé, sans omission quelconque, faire exercer la justice de Chalivoy, payer les officiers, payer l'amende du fol appel desdits officiers. Il jouira des amendes qui seront adjugées si tant est que les fermiers précédents soient tenus au payement de toutes les amendes. Il est exempté du septier de froment que le prieuré de N.-D. du Bourg prélevait sur le prieuré de Chalivoy. Il sera tenu de fournir les Pères de Saint-Benoit toutes les fois qu'ils viendront pour leurs affaires. Il sera tenu aussi de résider ou de faire résider dans les bâtiments du prieuré le personnel capable et de bonne vie et moeurs, à peine


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de tous dommages et intérêts. Aucun héritage ne sera accense pendant le présent bail à moindre prix qu'ils ne sont, ou tout au moins le prieur ne sera pas tenu de dédommager. Toutes les accenses devront être faites au nom du prieur pour sept ans : une copie devra lui en être délivrée dans les six mois aux dépens de l'accensataire. S'il y a des accords pour mutations et nouvelles seigneuries, il ne pourra les recevoir que devant le notaire qui fera reconnaître les droits du prieuré, les joutes et limites, et en fournira le double aux Vénérables. Il entretiendra l'auditoire de la justice clos et fermé sans y pouvoir faire aucun banquet, la pêcherie que le fermier précédent est tenu par son bail de maintenir en « la poisle » et grandeur convenable, les bancs et sièges de la justice avec le bois que fourniront les Vénérables. Il ne pourra céder ni transporter le présent bail sans leur consentement, sauf l'accense des dîmes et ferrages à titre « lais et non nobles » dont il fournira copie. Il devra ramasser les bois pourris et tombés, les faire ouvrager en le faisant savoir aux Religieux, les faire charroyer à ses frais dans leur cour pour qu'ils en fassent ce que bon leur semblera ; il en retiendra cependant 12 deniers par livre. — Outre sa pension, il devra chaque année au vicaire perpétuel trois septerées et demie de blé par tiers, froment, méteil et marsèche (mesure de Chalivoy) et en rapporter acquit aux Religieux. Il jouira des héritages retirés à messire Denis Rondet et des biens de main-morte advenus au prieuré. Il a promis, en outre, de payer 40 livres pour la sacristie de l'abbaye. Il a élu domicile en la maison de messire Pierre Bonnet, avocat au Parlement, à Bourges. Fait à Bourges en présence des Religieux et de Me Jean Torchon, leur receveur (1).

(1) Arch. du Cher, Fonds de St-S., Prieuré de Chalivoy-Milon, liasse 11e, cote 6e.


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Le 12 novembre. 1648, une autre accense, signée de Guyard, est laite dans la même forme et teneur à Antoine Thévenin, fermier et receveur de la seigneurie de la Forêt-Thaumiers, y demeurant, pour sept ans, moyennant 500 livres par an, de tous les revenus du prieuré, terre, justice et seigneurie de Chalivoy (1).

Du 24 décembre 1648, nous avons une copie collationnée et en forme, sur papier, signée du notaire Girard, d'une sous-ferme reçue Berthault, aussi notaire, faite par le susdit Thévenin, comme fermier de Chalivoy, à Jean Martin et Mathurine Jacotat, sa femme, de la ferme de Chalivoy, par lui tenue desdits Religieux aux mêmes conditions que dessus. Martin, marchand, demeure aux Plissons. L'acte est passé à Thaumiers. — Le 22 janvier 1671, la minute de la grosse du présent acte fut collationnée par le notaire royal et remise à la Areuve dudit Berlhault (2).

Une autre accense signée Guyard pour 7 ans fut faite le 20 avril 1657 par les religieux de S. S. à Messire Jean Gerbe, moyennant 500 livres par an, de tous les droits et revenus de là terre, justice et seigneurie de Chalivoy. — On n'y comprend pas les droits et profits qui sont échus et pourront échoir pendant ces sept années à raison des fois, hommages et mutations de la seigneurie de Bannegon et autres fiefs dépendant de la terre et seigneurie de Chalivoy. — Toutes les charges précédentes sont maintenues. — Le procureur du Roy en Berry est, à cette date, Gabriel Bouffel, écuyer, sieur de la Gravolle; le prieur de l'Abbaye de S. S. Dont François de Vilmonteye. — Le bail est fait à l'Abbaye (3).

(1) Arch. du Cher, Fonds de St-S., Prieuré de Chalivoy-Milon, liasse 11e, cote 7e.

(2) lbid., cote 8e.

(3) lbid., cote 9e.


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Le 26 mai 1663, les religieux signent avec Marguerite Joing, veuve du susdit Messire Jean Gerbe, la continuation de cette accense, aux mêmes prix et charges. — L'acte est passé à Dun, devant Berthon (1).

Et le 27 janvier 1673, encore devant Berthon, mais cette fois, à l'Abbaye, les Religieux accensent pour

29 ans, aux mêmes prix et charges, à dame Elisabeth de Faverolles, dame d'Yssertieux, au nom et comme caution de Pierre Roy, vigneron, demeurant en la ville de Blois, les dits revenus du prieuré de Chalivoy. — La dame d'Yssertieux s'y engage même à donner à la sacristie de Chalivoy un ciboire d'argent du prix de

30 livres, et à faire dire des messes ou à verser 50 livres par an pour les réparations de l'église, et à mettre en vigne un quartier qui est en chaume. — A cet acte est joint un sous-seing privé du 17 novembre 1672 (2).

Le. 9 août 1683, ce qui prouve que la précédente accense n'a pas duré 29 ans, les Religieux font, en leur abbaye, par devant Imbert, notaire, un bail de sept ans à Silvain Bezard, marchand à Bourges, paroisse de SaintJean-des-Champs, et à sa femme Françoise de Redinet, moyennant 700 livres par an, du prieuré régulier de Chalivoy, aux mêmes charges que ci-dessus (3).

Ce bail fut renouvelé le 18 avril 1690, par devant Pontois, notaire, à l'Abbaye et ratifié par sa femme (4).

Et en 1697, le 16 septembre, le même bail est fait avec Joseph Rotillon, boulanger à Dun, et sa femme, Marguerite Page. — Le preneur a fait élection de domicile en la maison où pend pour enseigne « les Trois Maures », faubourg de Bourbonnoux, paroisse de Saint-Ursin : il

(1) Arch. du Cher, Fonds de St-Sulpice, Prieuré de Chalivoy, liasse 11e, cote 10e.

(2) lbid., cote 11e.

(3) lbid., cote 12e. (4) lbid.

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est cautionné par Jérôme Page, marchand tailleur, demeurant à Chalivoy. — Le preneur s'engage aussi à verser 10 livres pour la sacristie. — Le bail est fait à l'Abbaye (1).

§ III. — JUSTICE ET PROCÉDURE.

Les religieux de Saint-Sulpice avaient à pourvoir à l'organisation et à l'exercice de leur justice seigneuriale de Chalivoy. Et nous avons en effet des provisions d'offices émanées de l'abbaye (2). En voici deux de procureur fiscal :

La première est du 3 mars 1625. Le R. P. abbé Jean Sarsat, sur le rapport favorable qui lui a été fait, désigne Me Pierre Poncet, le jeune, procureur au siège royal de Dun, pour être procureur fiscal de la terre, justice et bailliage de Chalivoy, à la charge d'y conserver, sa vie durant, son père Vincent Poncet.

Sur la deuxième, du 1er janvier 1652, l'abbé Joseph Séguin, désigne Me Etienne Berthon, successeur de Pierre Poncet à Dun, pour lui succéder aussi à Chalivoy.

Nous avons aussi deux nominations de bailli :

Le 21 août 1627, l'abbé Claude Fouchier, confie cette charge à Me Vincent Bienne, licencié ès-lois, avocat au siège royal de Dun ; et le 15 novembre de la même année, à Me Etienne Pellisson, aussi licencié ès-lois et avocat au siège royal de Dun.

En 1602 (acte du 7 décembre), Chalivoy a un notaire du nom de Sanguenin ; en 1698 (acte du 21 novembre), deux : Girard et Douart.

Un registre des actes civils porte la mention que voici :

(1) Arch. du Cher, fonds de St-Sulpice, prieuré de Chalivoy, liasse 11e, cote 12e.

(2) lbid., cote 13e, n°1 1, 2, 3 et 4.


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« Aujourd'hui, quinziesme jour de janvier mil six cent quatre-vingt-quatre. Nous, Pierre Berault, escuier, seigneur de Fontbon, conseiller du Roy, président, lieutenant-général civil et criminel au baillage et siège royal de Dun-le-Roy, avons cotté et paraphé le présent livre pour servir à enregistrer en la paroisse de Chalivoy, les baptesmes, mariages et sepultures qui se feront en laditte parroisse à commancer du premier jour de laditte année 1684 jusques au dernier décembre de ladilte année inclusivement, ledit livre contenant six feuillets pour servir de minutte et demeurer entre les mains dudit sieur curé de Chalivoy, duquel sera faict coppie pour être apportée laditte année expirée en notre greffe, au préalable par nous cottée et paraphée (1). »

Les greffiers et sergents de la justice nous seront désignés par les actes dont nous allons maintenant indiquer la teneur.

A la date de 1641, Cyprien Bouer, sieur de Ladois (2), vend à Me François Busson, greffier au bailliage de Dun-le-Roy, les greffes de plusieurs paroisses, entre autres ceux de Chalivoy-Milon, Chaumont, etc., à raison de 25 livres tournois par greffe (3).

En 1642, à la suite d'un « bail du droit de six sous par livre dans la généralité de Bourges », passé par Edme Millin, marchand à Aubigny, pour quatre années, au prix de 4.000 livres par an, on lit : association au bail

(1) Les actes de l'état-civil se bornaient alors aux inscriptions par le curé sur un registre que nous appellerions aujourd'hui « de catholicité ». C'est là que les intendants de justice et les généalogistes durent longtemps encore puiser leurs renseignements. Nous possédons ainsi les noms de tous ceux qui naquirent, se marièrent ou moururent sur l'étendue de la paroisse de Chalivoy de 1636 à 1792 (Archives communales de Chalivoy, registres)

(2) Ladois est une métairie de la paroisse de Gron.

(3) Arch. du Cher, E. 2467. Registre notullaire de Aymé Doulcet, notaire à Bourges, fol. 20.


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précédent de Gilbert Rouzay, fermier du prieuré de Sancoins et greffier de la prévôté dudit lieu, dans la circonscription comprenant entre autres paroisses Chalivoy-Milon, etc.. (1).

Par acte du 21 juin 1614, Me Denis Rondet, notaire royal demeurant à Chalivoy, avait été mis en possession et « garantaige » d'un « mas » de terre, aux conditions ordinaires de paiement du cens et de la renie foncière (3 livres) et aussi de l'entretien des terres en état de vigne ou de terres ensemencées. Ces conditions n'ayant pas été remplies pendant plusieurs années, les religieux de Saint-Sulpice exerçant leur droit, dépossédèrent Rondet. Mais pour y arriver il fallut instrumenter, comme en témoignent les lettres de recision datées du 3 mars 1628(2).

Les religieux obtiennent également, le 2 septembre 1637, du bailli des terre, justice et seigneurie de Chalivoy, notaire à Dun, une sentence contre Claude Gannal pour leur droit de bannie de vin. Le fermier de la seigneurie Jean Gerbe accusait Gannat d'avoir, au mépris de ce droit, vendu du vin à pois dans sa maison dans les six semaines avoisinant la Saint-Jean, et réclamait pour ses maîtres une indemnité de 20 livres. Gannat, déclarait au contraire, qu'il n'avait jamais dénié aux seigneurs ce droit de bannie ; mais les officiers de ville étant venu chez lui percevoir leur dîme, il leur avait servi à manger, et comme on n'avait pu trouver chez le demandeur que du vin bouté il avait vendu du sien. Le défendeur accepte de verser les 20 livres comme dédommagement, et le procès est terminé (3).

(1) Arch. du Cher, E. 1067. Registre notullaire de Pierre Archambault (30 feuillets, papier).

(2) lbid. Fonds de Saint-Sulpice, justice de Chalivoy, procédures. Parchemin muni de son sceau écrasé.

(3) lbid. Fonds de Saint-Sulpice, justice de Chalivoy, procédures.


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En 1641, les religieux sont en procès avec leur vicaire perpétuel, Martial Gerbe, sur la question des novales(1). Le sieur Gerbe prétendait au droit de novales sur certaines terres nouvellement défrichées, disant qu'elles lui appartenaient au total comme curé de la paroisse. Les religieux soutenaient au contraire qu'il ne pouvait pas émettre de prétention sur plus d'un quart, ainsi que poulies dîmes de la paroisse, selon que ses prédécesseurs en avaient joui jusqu'alors d'après des transactions antérieures. Pour obvier à un procès et entretenir de bonnes relations, les deux parties consentent et signent le 27 février l'accord suivant. Les religieux concèdent au vicaire perpétuel, pour sa vie curiale seulement, le quart des novales dans toute l'étendue de la paroisse, et en plus deux septiers de blé par tiers à la mesure de Dunle-Roy (froment, méteil et marsèche). De son côté Messire Gerbe reconnaît aux religieux le droit sur les trois autres quarts de toutes les novales, présentes et à venir, dans toute l'étendue de la dimerie de la paroisse, ainsi que de temps immémorial ils ont joui de ces dîmes. Le premier terme de ce payement est fixé à la Saint-Michel suivante. — Le fermier des religieux est présent et s'engage sur ses biens à exécuter la transaction pour le temps de son bail. — L'acte est passé à Chalivoy, en l'hôtel du châtelain devant Poncet, notaire royal. Il nous apprend que Messire Gerbe avait lui-même un vicaire, MessireAntoine Ygonnet.

Du 31 mai 1656, est un procès-verbal fait en la justice de Chalivoy, à la requête du procureur fiscal de Messieurs les religieux de Saint-Sulpice, seigneurs de ladite justice, dans le bois de Perolle appartenant auxdits religieux. Messire Jean de la Porte, seigneur d'Yssertieux

(1) Arch. du Cher. Prieuré de Chalivoy, 1re liasse, cote 11e.


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avait de son autorité privée fait scier, couper et enlever douze à quinze piles de chênes ou chenaux versés à la suite d'un grand vent et d'un orage extraordinaire qui avait également endommagé plusieurs maisons, granges étables et autres bois de ces quartiers. Le bailli des terres et justice de Chalivoy, Jean Poncet avocat au Parlement, se transporte sur les lieux avec le susdit procureur, et Etienne Charanton, commis du greffier (1). 1656-1658 (2). Publicat fait à l'issue des messes paroissiales de Chalivoy, signé Robellet, curé de ladite paroisse, les 9, 16 et 23 janvier 1656, portant avertissement à tous ceux qui possèdent des terres à droit de terrage des Religieux de Saint-Sulpice, vacantes depuis trois ans et un mois, d'avoir à les cultiver et labourer dans le jour de Saint-Georges de l'année présente ; faute de ce faire, les Religieux reprendront ces terres, conformément à la coutume du pays du Berry et aux reconnaissances inscrites dans leur terrier.

A ce publicat est jointe une assignation, posée le 16 juillet 1658 à la requête desdits Religieux à Jacques de la Rivé, sieur de la Motte, à comparoir par devant le Conservateur des privilèges royaux octroyés à leur abbaye, pour répondre à la reprise et au défrichement faits par les Religieux, conformément à leurs droits, d'une pièce de terre de vingt boisselées, sise aux Thureaux, paroisse et justice de Chalivoy. Cette terre avait été donnée par les prédécesseurs des Religieux, à titre de terrage; comme depuis sept à huit ans elle était abandonnée et inculte, les métayers des Religieux l'ensemencèrent de blé. Mais le sieur de la Motte fit enlever de force et indûment, le 12 juillet, une bonne partie des

(1) Arch. du Cher, Fonds de St-Sulpice, Prieuré de Chalivoy, 10e liasse, cote 8.

(2) lbid., 13e liasse. Procédures.


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gerbes de blé. Les Religieux demandaient donc la restitution, sans délai, à eux ou à leur métayer, du bien qui leur était injustement enlevé et défendaient au sieur de la Motte de s'immiscer désormais en aucune façon dans la jouissance de la susdite terre. L'exploit est du 16 juillet; le 19, le sieur de la Motte ne s'était pas encore exécuté, puisqu'il est pris défaut contre lui (1).

Déjà, l'année précédente, ledit sieur avait eu maille à partir avec les Religieux. A la date du 15 septembre 1657 (2), Mercier, sergent de la justice de Chalivoy, lui a posé une assignation, en vertu des committimus de l'abbaye de Saint-Sulpice « à comparoir par devant Mrs tenans les requestes du Pallais à Paris » pour se voir condamner à exhiber aux Religieux les titres en vertu desquels il possède une maison située dans la justice et censive de Chalivoy ayant appartenu à Jacques Bongard, écuyer, sieur de Chambrun; après quoi les Religieux prendront les conclusions que bon leur semblera (3).

Cette façon de procéder va devenir fréquente à partir de l'année 1663, où fut donnée aux Procureurs du Roi commission pour faire assigner les propriétaires des biens aliénés du temporel de l'Eglise à en venir faire la foi et l'hommage au Bureau des Finances, et les gens de mainmorte à rapporter leurs lettres d'amortissement (4).

La question du traitement du vicaire perpétuel entraîne de fréquents conflits entre les Religieux et le prêtre investi de cette mission.

(1) Arch. du Cher, Fonds de St-Sulpice, Prieuré de Chalivoy, 13e liasse, cote 1re.

(2) lbid., cote 2e.

(3) L'acte lui-même porte un renvoi à une copie collationnée du contrat de vente desdits héritages : 9e liasse, cote 7, n° 1.

(4) Arch. du Cher, C, 1046.


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Par acte du 5 janvier 1667, Germain Montagu, recteur et vicaire perpétuel de Chalivoy, quitte et abandonne aux Religieux de Saint Sulpice, seigneurs décimiers de Chalivoy, une quantité considérable de petits lopins de terre dont il jouissait. En retour ceux-ci s'engagent à lui fournir par eux-mêmes ou par leur fermier des dîmes de la paroisse, la portion congrue qui sera bientôt ordonnée par la Déclaration du Roi (9 février 1686) (1). Mais le cas est prévu d'un refus ou d'un retard dudit Montagu à exécuter l'échange; et dans ce cas c'est devant la justice que l'affaire suivra son cours et devant laquelle le vicaire perpétuel devra justifier de tous les obiit et fondations qui lui ont établi des droits sur ces propriétés (2).

Et en effet, messire Germain Montagu fut obligé d'assigner en justice les Religieux pour leur faire augmenter la portion de la dîme qui lui était accordée, de manière à atteindre le minimum de 200 livres par an. La transaction est du 15 septembre 1667 (3).

Par un autre acte daté du même jour et portant les mêmes signatures, messire G. Montagu offre aux Religieux de leur abandonner ce qu'il retire de la maison curiale et de son enclos, des dîmes et des novales, pour recevoir sa portion congrue en espèces. Mais les Religieux soutiennent que le revenu vaut plus de 240 livres et rejettent l'échange proposé, comme non équivalent (4). L'échange cependant est repris par le successeur, messire Guillaume Gaucher, et cette fois accepté par les Religieux (5 mai 1677) qui s'engagent par devant notaire

(1) Arch. du Cher, R, 58.

(2) lbid., Fonds de Saint-Sulpice, Prieuré de Chalivoy, 1re liasse, cote 12e.

(3) lbid., cote 13e.

(4) lbid., cote 14e.


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à payer annuellement 200 livres à leur vicaire perpétuel (1).

Et le 7 mai 1688, un nouveau traité est passé entre eux. Pour vivre en bonne intelligence et prévenir tout procès, les Religieux accordent à messire G. Gaucher la jouissance, pour tout le temps qu'il sera curé, du petit pré qui se trouve au bout de son jardin presbytéral et de la vigne de la cure, sans prélèvement de dîme sur ces biens (2).

Il y a néanmoins de la brouille, puisque le 15 juin 1694 « pour terminer les différents mus entre les contractants et en prévenir d'autres » les Religieux accordent à messire Gaucher un petit pré situé proche du jardin et touchant la terre du Poisart et une vigne contenant un arpent, dite « la Vigne de la Cure », et en plus un demiarpent de vigne (3) appartenant audit sieur curé et touchant la Vigne de la Cure ; les vignes sont exemptées de la dîme. Ils lui accordent en plus le bois de chauffage nécessaire à son usage personnel, et 17 livres par an que lui payera le fermier de l'abbaye pendant le bail courant fait avec le sieur Silvain Bezard. — En retour le curé s'engage à abandonner aux Religieux toutes les novales précédentes, et celles qui se feront pendant tout le temps qu'il sera curé de Chalivoy. Il s'oblige aussi à payer 10 livres par an au fermier Silvain Bezard durant son bail pour la jouissance desdits prés et vigne, et promet de donner à l'église « une chasube blanche, un corporalier garni de trois corporaux, un voile de damas noir et un misselle. » Tous les frais et dépens faits jusqu'alors entre les contractants demeureront compensés. Ce traité

(1) Arch. du Cher, Fonds de St-Sulp., Prieuré de Chalivoy, 1re liasse, cote 15e.

(2) Ibid , cote 16e.

(3) Ce sont bien les conditions faites en 1688 ; elles auront été enfreintes de part ou d'autre, puisqu'on les renouvelle après un procès.


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engage les successeurs du curé ; s'ils ne le tiennent, les Religieux pourront reprendre la vigne et le pré, et même le demi-arpent de vigne qui lui appartient (1).

Ces Religieux, si pointilleux dans l'exercice de leurs droits seigneuriaux vis-à-vis de ceux qui relèvent de leur seigneurie, ont eux-mêmes à se défendre contre des exigences suzeraines bien ou mal fondées. Nous les trouvons assemblés en chapitre, le 9 février 1673, et donnant à leur cellerier, Dom Placide Graveau, pouvoir puissance et mandement spécial de se présenter par devant MM. les Trésoriers Généraux de France en la Généralité de Berry, en leur bureau de Bourges. Le sujet est la saisie féodale, laite à la requête de M. le Procureur du Roy et par le ministère du sergent Turpin, d'un étang (l'étang de Mirebeau), d'un péage (le péage long, près de Dun-le-Roi) et aussi du prieuré de Chalivoy-Milon « ou quoi que ce soit de la justice et seigneurie d'icelluy ». Le prétexte de la saisie a été la foy et l'hommage dus au Roi. Le mandataire des Religieux est donc chargé de dire et « remonstrer » que par les traités et contrats passés entre les prédécesseurs de Sa Majesté et le clergé de France, par les avis, déclarations et arrêts rendus en conséquence, les ecclésiastiques « nommément payans décimes ont esté deschargés desdits foy et hommage, aveux et denombrements prétendus, pour raison des fonds, héritages et biens immobiliers de leurs bénéfices mouvans immédiatement tant en fief qu'en censive de Sa Majesté, en conséquence des amortissements par eux obtenus tant généraux pour tout ledit clergé de France qu'en particulier pour ceux

(1) Arch. du Cher, Fonds de St-Sulp., Prieuré de Chalivoy, 1re liasse, cote 17e.


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de ce diocèse au moyen des sommes notables de finance par luy payées pour cet effet ». Dom Graveau pourra donc soutenir que la saisie ne pouvait et n'aurait pas dû être faite, et conclure à la décharge de la demande entière du Procureur, et, avec d'autant plus de raison, que dans un cas précédent et semblable, les sieurs Trésoriers ont déjà donné raison aux Religieux contre le Procureur du Roi. Si, néanmoins, lesdits sieurs Trésoriers faisaient difficulté cette fois de les décharger de la foi et hommage, les Religieux consentent à ce que leur procureur, pour eux et en leur nom, prête et rende ce devoir, non seulement pour les biens saisis, mais pour tous les fiefs et seigneuries dépendants de leur abbaye tenus et mouvans immédiatement de Sa Majesté, tant à cause de sa Grosse Tour de Bourges que de celle de Dun-le-Roy ou autrement. Ils y mettent toutefois cette condition : « C'est sans tirer à conséquence et sans que pour raison de ce lesdits constituans puissent être obligés de bailler homme vivant et mourant, adveux et denombrement, et moins encore payer aucuns finances, droits et devoirs, n'entendans iceux constituans par foy et hommage préjudiciel' aux droits, franchises, libertés, exemptions et amortissements accordés audit clergé tant généraux que particuliers, portés et contenus es susdites déclarations, es dits traités et contracts et arrests, même par protestation de s'en pouvoir servir et aider, et d'autres moyens qu'il appartiendra en cas de besoin ». Le procureur devra faire délivrer acte de ce qu'il aura cru bon de faire dans ces limites : les Religieux l'auront pour agréable et n'y contrediront pas (1).

(1) Arch. du Cher, E. 2497, n° 27.


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Une longue procédure s'engage en 1685 entre Me Silvain Bezard, marchand, fermier du prieuré de ChalivoyMilon, et Marthe Gannat, veuve de Pierre Riffaull (1).

Le 27 juin, Bezard fait assigner par le ministère de Siteau, sergent royal, ladite Gannat par devant le bailli de Chalivoy pour se voir condamner à payer aux demandeurs la série des cens inscrits sous les articles 158 à 168 du terrier et s'élevant ensemble à 3 livres 5 sols 8 deniers 4 poules.

A cette assignation, Marthe Gannat répond qu'elle reconnaît devoir et avoir l'habitude ancienne de payer à Bezard la somme de 3 livres, mais elle ajoute qu'elle a « surpayé » de 50 sols au demandeur avant l'assignation, en 30 sols d'une part, pour dépense, etc.

Bezard répond qu'il a accordé 34 sols demandés par Marthe Gannat, mais nie le surplus.

Là-dessus intervint une sentence de la justice de Chalivoy, du 29 août 1685, qui condamna Marthe Gannat à payer 5 livres 8 sols 6 deniers y compris les poules, déduction faite toutefois des choses accordées par le demandeur. (Voir 9e liasse, cote 9) (2).

(1) Arch. du Cher, Fonds de S.-S., 13e liasse, procédures, cote 3e (1685-1694).

(2) Voici la sentence enregistrée par Berthon : « Partyes ouyes (Bezard est représenté par Douart, Marthe Cannât par Bureau), avons ladite défenderesse condamnée à payer par provision les cens et renies, énoncés en l'exploit dudit Bezard, fait Deguyon et Slalhellin, le 27 juin, se moulant à 108 sols, 6 deniers, y compris les poulies, et ce en argent ou quittance à la déduction toutesfois de 28 souls recongneus par le demandeur à ladite deffanderesse de despances faites en son cabaret, et 6 souls pour du pain fourni à la femme du demandeur. Et quant aux 24. souls prestendus deus par le demandeur pour réponse faicte par ledit demandeur de dépenses laides par son vigneron et par ce qu'il a juré n'avoir répondu à ladite somme nous le l'avons renvoyé ahsous à rest esgard. — Et quant aux 20 chanois de fumier après que ledit demandeur a juré n'avoir acheté aulcuns fumiers de ladite défenderesse et que c'est de la boue qu'il a fait ramasser dans les rues du bourg nous l'avons semblablement renvoyé et condamné ladite deffanderesse aux despens taxés à 31 souls non compris ces présentes. Mandons etc. » Signifié le 10 décembre.


DE CHALIVOY-MILON 237

Ladite Gannat ayant appelé de cette sentence au bailliage de Dun, il y fut rendu, le 29 avril 1686, une sentence contradictoire à l'appel par le lieutenant-général dudit bailliage. (Voir 9e liasse, cote 11) (1).

Ce double échec ne rebute pas l'appelante qui s'adresse au gouverneur de la province (2).

Marthe Gannat mourut, mais la cause fut reprise par Philippe du Bouy, curateur à la succession vacante de feue Marie Maillet, héritière de Marthe Gannat par bénéfice d'inventaire. Celui-ci interjeta appel devant le Parlement; les Religieux prirent alors fait et cause pour leur fermier, et la sentence fut confirmée par un arrêt du 30 juillet 1694. (Voir 9e liasse, cote 12) (3).

(1) Sentence du 29 avril 1686, rendue par Pierre Berault, écuyer, seigneur de Fonthon, conseiller du Roi, lieutenant-général civil et criminel au bailliage de Berry, siège royal, prévôté et ressort de Dun-le-Roy, et commissaire examinateur

et enquêteur en chacun desdits sièges : « Disons que sans qu'il soit besoin

de faire droit sur la cause d'appel évoquant le principal différent d'entre les deux partyes que nous avons condamné et condamnons l'appelante à payer à l'inthimé

108 sols 6 deniers et ce par provision à la caution donnée à la déduction de 28+ 6 sols (ci-dessus), révoquant par ledit inthimé et au principal tant dudit article que des aultres contestations; avons appointé lesdites partyes respectives à informer tant par tittres que tesmoingt dans les dellais de l'ordonnance, despens réservés, sera la liève des présentes payée par moitié, sauf à recouvrer en fin de cause. Mandons etc. " Signifié le 19 septembre.

(2) Une autre sentence du 21 août 1688 émane de François de Rohan, prince de Soubise, capitaine et lieutenant de la compagnie des 200 gens d'armes de la garde ordinaire du Roi, lieutenant général des camps et armées de Sa Majesté, bailli, gouverneur et lieutenant général de Sa dite Majesté au pays et duché de

Berry, etc. : « Tout considéré, disons que nostre dite sentence de provision

demeurera en définitif les caullions des charges, condamnons ladite Gannat aux despens tant de la cause principale que d'appel selon nostre taxe et en cas d'appel ou opposition sans y faire préjudice sera nostre jugement exécutté par provision à la charge de l'ordonnance. Mandons etc. » Signifié le 10 décembre.

(3) Extrait des registres du Parlement, sur une feuille de parchemin de 13 sols, pour deux rôles, servant aux expéditions des greffiers : « Ouy le Procureur du Roi que la Cour a mis et met l'appellation a néant, ordonne que ce dont a esté :


238 MONOGRAPHIE

Le fermier des Religieux poursuit simultanément d'autres revendications entre 1691 et 1694, contre Claude Boulassier, fermier du Seigneur d'Aumont, et Me Claude Reau. Et à celte date la procédure est menée par les Religieux « pour suite et diligence de Silvain Bezard ».

a) Le 16 janvier 1691, les Religieux ont fait ajourner ledit Boullassier par devant le bailli de Chalivoy, pour se voir condamner à leur payer un cochon de lait, pour le droit de dîme sur la « cochettée d'une truie », comme aussi le droit de terrage qu'il avait refusé de payer l'année précédente sur une terre de 8 boisselées « les côtes Pollard » qu'il tient du Seigneur d'Aumont. — Boullassier répond que, vers le mois de juillet, sa truie ayant cochetté, la femme de Bezard vint en son logis et emporta un cochon de lait pour son droit. Sur le second chef d'accusation, il s'excuse en disant que, simple adjudicataire, il ignore si le terrage est dû ou non; et, en effet, Amador de Guyon, seigneur d'Aumont, et propriétaire de la terre, intervenant et prenant fait et cause pour le défendeur, dit que c'est contre lui que la contestation doit être formée (1). (Il ne paraît point de suite de cette affaire),

b) Claude Reau a été ajourné par devant le juge de Chalivoy pour se voir condamner à payer aux Religieux

appelle sortira effet, condamne l'appellant en demande et aux despens. » Fait en Parlement, 5e chambre des enquêtes, signé Du Tillet. — Et sur une autre feuille de parchemin de 8 sols, servant aussi aux expéditions des greffiers : « Lettres du Roy donnant au 1er huissier royal commission de faire verser audit appellent 216 livres 15 sols 9 deniers, compris le controlle de 6 deniers pour livre. » Donné en Parlement.

(1) Arch. du Cher, Fonds de S.-S., Prieuré de Chalivoy-Milon, 14e liasse, procédures, cote 1.

Cette procédure est écrite sur de petites feuilles de la Généralité de Bourges, dont la 1re est datée du 20 janvier 1691, la 2e du 29 mars, la 3e du 4 avril, et les 2 dernières du dernier avril; elles sont signées Monicault ou Bureau, et contresignées Barbarin.


DE CHALIVOY-MILON 239

ou à leur fermier 15 boisseaux de marsèche pour droit de terrage revenant au sieur Bezard pour du blé enlevé sans avertissement dans une pièce de terre de 26 boisselées « les Petites-Crées ». Me Reau, après avoir payé pendant plusieurs années à Bezard le droit de terrage, l'avait refusé l'année précédente. Il est requis également de passer un nouveau titre et de nouvelles reconnaissances, puisqu'il a hérité des droits de feu Amador de Guyon, seigneur d'Aumont, qui avait reconnu les droits des Religieux. — Me Reau alléguait au contraire que cette pièce de terre n'était point sujette au terrage.

Il ne s'exécuta point, puisque, à la requête des Religieux, il fut fait une saisie chez lui, le 15 juillet 1693, en vertu d'une sentence du Bailly de Chalivoy du 11 dudit mois (1). (Il ne paraît point de suite de cette affaire).

(1) Arch. du Cher, Fonds de S.-S., Prieuré de Chalivoy-Milon, 14e lias, procédures, cote 2e. — Citons à titre de curiosité les nombreuses pièces de procédure de cette affaire : 1° du 3 janvier 1691, exhibition des titres des Religieux au payement dudit droit de terrage; — 2° du 20 août 1691, exploit d'huissier, signé Siteau; — 3° du 13 décembre 1691, exploit de Bérault, de la part de Robert Bureau, procureur de Bezard; — 4° du 18 décembre 1691, exploit de Coppé. de la part de Reau, contre les Religieux; — 5° du 26 janvier, acte de Bureau, signifié par Bérault; — 6° du 29 février 1692, exploit de Bérault, poulies Religieux; — 7° du 5 mars 1692, extrait des registres du greffe du Bailliage de Chalivoy, pour Messieurs de S.-S., signé Berthon; — 8° du 2 mars 1693, instance des Religieux contre Reau qui ne comparaît par procureur que pour un dire insignifiant ; — 9° même date, inventaire (en double exemplaire) de production des pièces du procès par les Religieux; — 10° du 15 juillet 1693, exploit de l'huissier Charenlon; — 11° même date, exploit d'un autre huissier (signature illisible); — 12° du 28 juillet 1693, acte donné à Reau de son instance contre les Religieux; — 13° du 20 août 1693, extrait des registres du greffe du Bailliage de Chalivoy; — 14° du 7 décembre 1693, exploit d'Etienne Girard, procureur dudit Reau, contre les Religieux; — 15° du 23 août 1694 acte de Bureau pour Reau contre les Religieux.

Voici la sentence du Bailly de Chalivoy, du 11 juillet 1693, signée Berthon : « Vu l'instance d'entre MM. les Vénérables de St-Sulpice, seigneurs haults-justiciers, rentiers, censiviers, dixmiers etterragiers de cette terre, justice et seigneurie de Challivoy-Millon, à la poursuite et diligence de Me Silvin Bezard leur fer-


240 MONOGRAPHIE DE CHALIVOY-MILON

mier, etc.. (suit l'énumération des actes qui ont marqué la procédure)... ledit Reau n'ayant produit de sa part dont il est demeuré forclos. Tout considéré, disons que fautte par ledit Reau d'avoir satisfait à nostre appointement en droit du 5 mais 1692, signifié à son procureur le 2 mais dernier, et suivant icelluy d'avoir produit, nous l'avons déclaré forclos et de bon droit le torchons : ce faisant, nous avons icelluy Reau condamné à reporter, exhiber, et communiquer les titres et contracts en vertu desquels il possède les héritages mentionnés en la recognoissance, de laquelle coppie a esté dellivrée, et ce dans huictaine. Le temps passé, permis à Messeigneurs ou audit Bezard d'en lever des expéditions aux dépens dudit Reau. Lesquels titres et contracts raportés et le tout produit par devant nous, sera fait droit sur les arrérages des cens et rentes demandés par Messeigneurs et ledit Bezard audit Reau, despens réservés en définitif, sauf la Visitation et levée de ces présentes qui seront payées par ledit Reau, et en cas d'appel ou d'opposition.. .. sera notre jugement exécutté par provision ».

Abbés C. LELIÈVRE et F. VILAIRE.

(La suite au prochain volume./


NOTICE NÉCROLOGIQUE

SUR

M. le Docteur SÉGUIN

Il est des existences qui semblent avoir formé un pacte indéfini avec la santé : l'homme marqué de cette faveur donne l'impression d'une force capable d'affronter toutes les fatigues, en même temps qu'elle aide ses facultés intellectuelles à atteindre à leur plénitude ; jusque dans son automne, il garde sa première sève, il continue, avec une ardeur qui rappelle les élans de la jeunesse, à suivre, confiant et serein, le chemin de la destinée, quand, le choisissant pour victime, la mort, brusquement, surgit impitoyable, brise son activité, l'arrache aux intérêts, aux affections, aux rêves, et l'emporte, laissant ceux qui l'entouraient dans l'indicible angoisse de la désolation mêlée à la stupeur...

C'est ainsi que, le 9 août dernier, disparaissait presque soudainement, au début d'une nouvelle tâche, le docteur Séguin qui, en prenant sa retraite comme médecin-major, nous avait quittés depuis deux mois à peine, sans rompre nos liens littéraires, pour aller exercer la médecine civile dans l'Indre. Au reçu de la fatale nouvelle, nous nous refusions à y croire ; il nous était impossible de nous faire à l'idée de cette perte imprévue, tant notre confrère, si alerte, si spirituel, si dévoué, était présent à notre souvenir. En faisant part, dans notre séance de rentrée, de ce décès que plusieurs

17


242 NOTICE NÉCROLOGIQUE

d'entre nous, dispersés par les vacances, ignoraient encore, mon honorable prédécesseur provoquait d'autres douloureuses surprises, et il traduisit avec une éloquence émue notre sentiment unanime, en rendant à la mémoire du regretté défunt un hommage auquel j'ai accepté la mission difficile d'ajouter un commentaire.

Edme-Charles-Daniel SÉGUIN naquit le 8 janvier 1857, à Clamecy, petite ville située dans une trouée de la chaîne du Morvan, au milieu d'une nature agreste et puissante, dont l'influence se manifeste sur la race qui l'habite et avec l'indépendance de laquelle cadrent ses vastes horizons. Il devait demeurer l'unique enfant de parents qui possédaient une modeste teinturerie et qui firent les premières dépenses de son instruction en le plaçant au collège local. Ses progrès furent rapides et attirèrent sur lui l'attention de ses professeurs. L'un d'eux le voyant toujours plus avide de savoir, lui témoignait une sollicitude particulière ; et, joignant à ses travaux scolaires le bénéfice des leçons de choses si goûtées des jeunes esprits, il l'emmenait, les jours de congé, visiter les terrains des environs afin de l'initier à la géologie. L'élève se passionna vite pour cette science et préluda même, par une petite collection de minéraux fossiles, aux recherches importantes qui le placèrent, plus lard, au rang des paléontologues les plus distingués.

Bientôt ses éludes régulières le faisaient parvenir à la somme des connaissances que pouvait procurer l'établissement secondaire de son pays natal, limité à la quatrième. Les frais d'une pension ailleurs eussent été trop lourds pour ses parents ; mais, afin de mieux assurer à sa vive intelligence la voie qui s'ouvrait


SUR M. LE DOCTEUR SÉGUIN 243

devant elle, ses maîtres s'étaient plu à la cultiver à part, en l'orientant vers le concours des bourses, dont il subit très heureusement les épreuves. Au lycée de Sens, où il fut admis, ses mérites lui gagnèrent encore l'estime et l'affection du personnel et lui valurent finalement le brillant succès du double baccalauréat.

Le voilà sur le marchepied des professions libérales ; ses parents désireraient le voir se destiner à l'enseignement, tandis qu'il vise la médecine, pour laquelle il se sent une véritable vocation. La conquête d'une situation dans cette carrière l'oblige à se iourner vers Paris, ce centre des lumières et des richesses, si redoutable à ceux qui, dans leur foi novice, viennent y engager le combat pour la vie. Le nouvel étudiant, ne voulant pas être une charge pour les siens, devine les difficultés qu'il va rencontrer. Mais il s'est, sans doute, répété le mot de Virgile : Audentes fortuna juvat ; et, après un court stage comme répétiteur au collège d'Auxerre, il part, armé du courage le plus terme, que soutiennent les espérances de la jeunesse.

Dès ses premières inscriptions à la Faculté commencent les préoccupations matérielles de son existence. Il tâche d'y répondre d'abord avec le produit de leçons particulières maigrement rétribuées ; puis il se fait accepter comme maître-répétiteur à Fontenay-aux-Roses et ensuite à l'institution de Ménorval, à Paris ; enfin il réussit à entrer, au même titre, au collège Sainte-Barbe. Là, le problème de ses besoins est à peu près résolu ; et s'il doit consacrer à ses fonctions la majeure partie de son temps, il trouve — compensation opportune — dans la chambre qu'on lui réserve la tranquilité indispensable aux travaux essentiels qui attendent ses rares moments de liberté.

Soit qu'il se penche sur ses livres dans cet isolement


244 NOTICE NÉCROLOGIQUE

favorable, soit qu'il suive les cours théoriques et pratiques en fréquentant l'Ecole, les amphithéâtres, les salles d'hôpitaux, il restera partout l'étudiant possédé du feu sacré pour l'art savant qui analyse l'admirable structure du corps humain, et découvre les causes d'altération de sa force en opposant à chacune le remède.

Un de ses amis dévoués et fidèles, qui l'accompagna plus d'une fois à l'Hôtel-Dieu, à la Charité, à SaintLouis, où les grands praticiens formulaient leurs démonstrations et leurs conseils, en examinant et en opérant les malades, nous témoignait récemment de sa valeur originale; on le voyait alors donner toute sa pénétration, toute son âme aux questions agitées, et il étonnait souvent ses camarades et les maîtres eux-mêmes par ses observations et ses réflexions judicieuses.

De si remarquables facultés paraissent lui avoir fait caresser le projet d'arriver un jour à l'agrégation. Mais contraint par les nécessités matérielles de se créer rapidement une situation, il se décide enfin pour la médecine militaire. Reçu docteur le 9 novembre 1883, il entrait le lendemain à l'Ecole d'application du Val-de-Grâce pour en sortir, le 1er novembre 1884, avec le n° 16 sur 72.

Nous ne pouvons qu'esquisser ici les services du docteur Séguin dans le corps de santé. Attaché au 6e régiment de dragons, d'abord comme aide-major de 2e classe (3 novembre 1884) à Joigny, puis de 1re classe (3 novembre 1886) à Evreux, il est envoyé dans la province d'Oran avec ce dernier grade au 2e régiment de spahis, stationné à Géry ville (14 octobre 1887), et de là comme médecinmajor de 2e classe au 2e régiment de zouaves, tenant garnison à Lalla-Marnia (13 juillet 1891). Dans l'intervalle de plus de dix ans qui le sépare d'un nouvel avancement, il passe au 90e régiment d'infanterie, à Châteauroux (23 octobre 1892), vient à Bourges affecté au 1er régiment


SUR M. LE DOCTEUR SÉGUIN 245

d'artillerie (5 novembre 1899), est détaché à la direction d'artillerie (25 du même mois), et enfin (12 octobre 1901) classé au 37e régiment d'artillerie qu'il ne devait quitter qu'à sa retraite. C'est dans ce nouveau poste qu'il reçut la décoration de chevalier de la Légion d'honneur (30 décembre 1901) et qu'il fut promu médecin-major de 1re classe (2 avril 1902).

Ceux qui ont pu l'apprécier dans ses fonctions, et dont nous avons recueilli le sentiment, s'accordent à le montrer comme l'homme scrupuleux de ses devoirs, qu'il n'hésita jamais à étendre de la manière la plus désintéressée en dehors des exigences officielles. Chez lui la ponctualité était un acte non seulement de discipline, mais surtout de conscience et de dévouement. Dans l'exercice de son art difficile, il apportait un zèle contenu par la prudence; il préférait s'exagérer la gravité d'un cas, plutôt que de l'envisager sous l'angle optimiste. Avec cela, nulle affectation, point d'attitude ni de mise en scène pour en imposer; — sa valeur s'affirmait d'ellemême; et tout en sachant, à l'occasion, choisir dans les ressources de la thérapeutique les plus efficaces et les plus neuves pour lutter contre la maladie, il ne manquait pas de relever et d'affermir les énergies morales, même avec des bourrades affectueuses, pour arriver à la vaincre aussi bien qu'avec les remèdes dont il ne prônait jamais l'infaillibilité.

Sans négliger un instant sa mission auprès de la grande famille militaire, et tout en perfectionnant d'abord sa science médicale, le docteur Séguin, préparé par une enfance et une jeunesse ardemment studieuses et par la paix du foyer qu'il s'était créé avec joie en se mariant dès 1887 (12 février), se sentait porté à utiliser ses loisirs et sa puissance de travail au développement des études paléontologiques qui l'avaient séduit de si bonne


246 NOTICE NÉCROLOGIQUE

heure ; et son goût naturel pour les choses artistiques allait grandir, en même temps, par l'admiration des oeuvres du passé. On devine ce que sa formation intellectuelle sous ce dernier aspect, après l'initiation due aux promenades à travers les merveilleuses collections de Paris, put gagner à la mobilité de sa vie d'officier. Aux anciens pays des Sénones et des Eburovices, qui donnèrent à ses débuts de garnison l'intérêt de leurs souvenirs gallo-romains, dans son grand détour par les régions couvertes des vestiges de la civilisation arabe, et enfin au coeur du sol biturige, plein de richesses archéologiques, que d'occasions — en ajoutant toutes celles que lui procuraient les tournées de service, les itinéraires de manoeuvres aux étapes parfois prolongées par des excursions volontaires — que d'occasions offertes à son esprit toujours en éveil de découvrir, comparer, apprécier les curiosités antiques, et aussi d'emporter, dans un coin de sa valise, la pièce rare achetée, pour en savourer la possession !

Lorsqu'au lieu d'aboutir à la manie de l'entassement, la passion de l'amateur s'attache à des choix sévères, après avoir distingué les caractères et le style des objets, déterminé leur école, vérifié leur attribution personnelle et dégagé leur beauté intrinsèque, elle devient la noble auxiliaire de l'histoire par l'évocation des moeurs et du génie des époques dont elle identifie les productions.

Mais c'est surtout en paléontographie que le docteur Séguin devait briller. Ses connaissances générales dans le domaine ardu de la géologie constituaient un fonds solide sur lequel il s'orienta avec assurance vers l'étude approfondie des différentes espèces d'échinides fossiles, dont le calcaire séquanien offrit de nombreuses espèces à son ingéniosité sagace qui touchait à l'intuition. Pendant son séjour à Châteauroux, ses affinités scientifiques


SUR M. LE DQCTEUR SÉGUIN 247

l'avaient mis en rapport avec les membres de la Commission du Musée, auxquels il prêta une collaboration officieuse, hautement appréciée entre autres par le savant abbé Jouve, président de la section d'histoire naturelle, qu'il aida, avec un zèle éclairé, dans la révision du classement des collections que possédait cet établissement.

Peu après son installation à Bourges, il se sentit attiré naturellement vers la Société Historique, où il fut conduit par un ami de vieille date. Admis dans nos rangs, comme membre titulaire, le 14 février 1901, il répondit à notre accueil sympathique avec une cordialité qui créa immédiatement entre nous un lien que des relations constantes allaient resserrer de plus en plus.

Apportant à suivre nos séances toute l'assiduité que lui permettaient ses obligations professionnelles, il ne tarda pas à faire estimer la variété de son savoir, la justesse de son coup d'oeil, la sûreté et la promptitude de son jugement dans les questions qui alimentent nos délibérations. Aussi, dès le premier renouvellement du bureau (déc. 1911), était-il désigné par nos suffrages pour remplir les fonctions quelque peu ingrates de membre du Comité de publication, dans lesquelles nous l'avions maintenu depuis et qu'il cumula, en 1905-1906, avec celles de vice-président du bureau de la Société.

Au milieu des discussions, nous goûtions son habileté à trouver la définition vraie, à formuler la réflexion courte et claire, à lancer, au besoin, le trait incisif, adouci par la rondeur toute militaire de ses allures. Parfois son devoir de censeur, sévère aux autres comme à lui-même, le faisait insister sur la distance qui pouvait séparer certaines oeuvres de cette perfection, à laquelle ne cherche pas toujours à atteindre l'érudit soucieux, avant tout, de la documentation et pris du légitime


248 NOTICE NÉCROLOGIQUE

désir de ne pas laisser perdre, pour le monde savant, de simples matériaux accumulés dans l'intérêt de l'histoire ou de la science locale. Les plus débonnaires étaient alors frappés de la profondeur de ses aperçus, de la précision de ses arguments qui empruntaient à la franchise et à la chaleur de son raisonnement une puissance séduisante, même lorsqu'il lui arrivait de ne pas vaincre tous les scrupules confraternels.

Par une méthode rigoureuse qui dérivait de ce principe de sévérité, il formait, en ajoutant et en éliminant sans cesse, une collection particulière de fossiles qu'il porta au chiffre d'environ quinze cents échantillons, tous remarquablement choisis. Quant à ses travaux écrits, il ne voulut livrer à la publicité que quelques fragments qui lui parurent assez mûris sous l'action de sa critique, pour donner l'impression d'un savoir arrivé à la maîtrise. En 1905, nous insérions dans nos Mémoires ses Recherches sur l'identité de l'hemipigus tuberculosus (de Cotteau) et de l'hemicidaris grenularis (de Lamarck); et dans ceux de 1908, son Etude sur les échinides de l'argovien du Berry. La même année, il faisait paraître dans les Feuilles du jeune naturaliste (n° 456, du 1er octobre), sa Note sur les anomalies dans l'apex chez glyplicus Lamberti. Ces seules éludes ont exigé de leur auteur une grande somme d'observations qu'il a minutieusement contrôlées et résumées de manière à éclairer un côté du problème obscur de l'évolution de la faune marine, dont les couches profondes de notre globe ont conservé les premiers types. A quelques-uns d'entre eux, sa plume descriptive a su rendre ainsi la vie mystérieuse qui leur fut versée aux premiers âges de la création.

Ces recherches, ces travaux et sa large part personnelle dans l'instruction de ses enfants remplissaient,


SUR M. LE DOCTEUR SÉGUIN 249

avec ses devoirs de médecin-major, un temps qui ne lui ménageait plus l'espoir d'arriver au principalat. D'après certaines confidences intimes qui nous sont vaguement revenues, sa carrière, où la valeur du praticien même devait demeurer disciplinée, aurait à l'origine éprouvé des entraves. Dans la rencontre des idées et des habitudes, sa bouillante raison heurta-t-elle trop rudement des amours-propres ? La pénétration aiguë de son jugement dépassa-t-elle ça et là le but ? Nous savons, du moins, que sa combattivité n'était pas étroitement ombrageuse ; elle naissait de convictions solides, qu'il défendait avec une vivacité, une fougue alliée à la bonne foi. — Alors qu'une trop grande part d'adresse fausse si souvent les relations sociales, nous ne pouvons regretter que le plateau de la droiture ait penché dans la balance de ses qualités morales. Mais surtout nous nous plaisons à proclamer la hauteur de sa conscience qui ne connut ni capitulations, ni compromissions, la fière indépendance de son caractère incapable de se plier à la moindre sollicitation, même en dehors des voies occultes, pour accélérer par la faveur la récompense que n'obtient pas toujours simplement le mérite.

Tels furent les traits généraux de la personnalité du Dr Séguin, qui nous attachèrent à lui par les liens de la plus sincère estime, pendant les années où nous eûmes la bonne fortune de le compter parmi nous. Sans amoindrir sa juvénile ardeur pour la science, l'âge et l'expérience avaient calmé ses sursauts devant les erreurs du sort ; depuis longtemps, il regardait d'un oeil serein la chute ancienne de ses illusions. Mais sa philosophie, toute empreinte de spiritualisme, lui évita les amertumes stériles du misanthrope ; il savait s'abstraire des contingences mesquines pour considérer l'humanité avec sa noblesse et ses misères, la société avec ses


250 NOTICE NÉCROLOGIQUE

besoins et ses lois inéluctables ; chez lui enfin, le bon citoyen palpitait toujours sous l'uniforme en face des grands problèmes qui intéressent l'avenir de la patrie.

Notre association occupait aussi dans ses pensées une place choisie ; il avait le souci de noire réputation qu'il contribuait, pour sa part, à soutenir avec le meilleur esprit de solidarité. Ses connaissances variées, toujours au niveau du mouvement scientifique et littéraire, témoignaient autour de lui de sa valeur et, même sans se synthétiser dans des travaux, elles ajoutaient, en quelque sorte, au rayonnement de notre foyer intellectuel. Plusieurs d'entre nous en gardent l'impression, au souvenir vivant des causeries pleines d'un amical abandon, qui prolongeaient nos séances du soir pendant que nous regagnions nos demeures, et au cours desquelles il abordait les sujets les plus divers. Le silence nocturne laissait notre attention toute entière repliée sous nos clartés intérieures pour ne rien perdre d'un raisonnement original, d'une appréciation imagée, présentés tour à tour avec. la sûreté d'information et le bon sens qui rendaient ses remarques si précieuses. Il y ajoutait une verve grâce à laquelle nous devinions dans l'ombre le jeu expressif connu de sa physionomie, surcroît de charme qui nous faisait oublier la longueur du chemin et dépasser le seuil des logis où nous devions nous égrener.

Le départ de Bourges de notre excellent confrère vint, en interrompant ces relations, nous causer un premier chagrin. Ne voulant pas que la séparation fut complète, nous répondions à sa lettre de démission comme membre titulaire en l'inscrivant au rang de nos correspondants, avec l'espoir que ses nouvelles occupations lui laisseraient encore la possibilité de poursuivre


SUR M. LE DOCTEUR SÉGUIN 251

ses études favorites et de nous en réserver quelques fruits.

Ces occupations, nous comprenions quelle en serait l'importance. Si le docteur Séguin devançait l'heure de la retraite imposée, une telle résolution de sa part ne pouvait être interprétée comme l'aspiration peu courageuse à un repos prématuré, que l'on voit des censeurs à courte vue prêter parfois à de bons serviteurs du pays. Il n'abandonnait une tâche que pour rechercher dans une autre des avantages légitimes qui lui avaient manqué. Préparé de bonne heure à tous les dévouements par une profonde piété filiale, adorant sa famille à laquelle sa vieille et vénérée mère était venue se réunir, il n'aurait trouvé aucune charge trop lourde pour assurer l'avenir, en particulier, de ses enfants.

C'est à la rude profession de médecin de campagne qu'il va demander les moyens d'atteindre son but. Pour l'exercer, il distingue dans le Bas-Berry la contrée de Saint-Denis-de-Jouhet, une des plus déshéritées sous le rapport des secours ; là, même quand c'est la vraie maladie qui le sollicite, l'homme de l'art, éloigné et affairé, ne peut souvent apporter ses soins que s'ils sont demandés quarante-huit heures à l'avance — presque un délai commercial — le temps quelquefois de mourir !

Le nouveau médecin arrive dans ce centre où l'appelaient les voeux des habitants. Son activité ingénieuse a tout prévu, tout organisé : le voici à chaque heure à la disposition de tous ; des courses régulières lui permettent de répondre au premier appel ; ici et là on le guette au passage : partout l'allégement est enfin près de la souffrance qui échappe aux risques de l'empirisme; la parole cordiale et autorisée du praticien remonte les courages. La confiance générale est la pre-


252 NOTICE NÉCROLOGIQUE

mière récompense de ses efforts ; et avec la joie de faire naître ce sentiment, c'est le dédommagement positif de ses peines, première réalisation du rêve de sa sollicitude pour les siens...

Quelques semaines seulement s'écoulent, de cette prospérité riante, qui va soudain hélas ! sombrer dans le deuil le plus cruel. Au cours d'une de ses tournées, le docteur Séguin ressent l'aggravation d'un état chronique, assez commun, dont on ne s'alarme pas d'ordinaire. Rentré chez lui, il tente de se soulager de ses propres mains. Mais ce sont des secours spéciaux qu'il lui faut et qui manquent près de cette localité où il est venu se multiplier.

Le danger, qui n'avait pas d'abord paru extrême, croît bientôt ; les crises se succèdent, faisant redouter une issue fatale ; et quand l'habile chirurgien, qu'avait réclamé sa confiance, accourt, il ne trouve qu'un moribond se prêtant, dans une dernière lueur de vie et de courage, à un essai d'opération qui ne pouvait plus le sauver...

La veille de sa mort, au milieu de ses souffrances, le docteur Séguin essayait encore de se lever pour une consultation qu'on venait lui demander. Ce poignant effort, cette preuve suprême d'héroïque abnégation, achève de grandir dans notre souvenir celui dont nous déplorons la perte, en nous le montrant, d'une manière saisissante, tombé dans l'accomplissement de son devoir professionnel. Nous sentons mieux ainsi le vide profond que creuse la brusque disparition d'une telle existence, précieuse non par une large place vainement occupée, mais par la probité de l'intelligence, la sincérité du dévouement, l'ardeur de la vaillance concentrées dans un cercle sagement restreint.

Les exemples qu'il laisse ne seront point perdus pour


SÛR M. LE DOCTEUR SEGUIN 253

sa famille, pour ses enfants, pleins de la force d'âme qui adoucit les déchirements du coeur, pour ses confrères et ses amis, dont les regrets ont ici leur écho sympathique et au témoignage desquels nous nous associons pour conserver la mémoire de celui qui sut honorer si dignement la science, la famille et la patrie !

EMILE TURPIN.




DANIEL MATER

(1844-1912)


Daniel MATER

SA VIE, SON OEUVRE

Le 2 décembre 1912, après une longue et douloureuse maladie, M. Daniel Mater était enlevé à l'affection des siens !

Le surlendemain une foule émue et recueillie accompagnait ses restes mortels à sa dernière demeure ; et avant que la tombe se referme, pour toujours, sur celui qui avait tenu un si grand rôle dans la plupart des sociétés savantes et groupements de la ville de Bourges, diverses personnalités rappelèrent ses mérites : M. Paul Commenge, adjoint au maire, au nom de la ville de Bourges ; M. Paul Lucas, pour les anciens Mobiles du Cher ; M. de Verdon, au nom de ses amis, et nous nous fîmes nous-même l'interprète de la Commission du Musée, ainsi que des associations auxquelles le défunt avait appartenu.

M. Claude-Daniel Mater, fils de M. Alphonse Mater, Conseiller à la Cour d'appel et petit-fils de l'illustre Premier Président et Député du Cher — Claude-Denis — était né à Cosne (Nièvre), le 2 mai 1844.

Après d'excellentes études au lycée de cette ville, il conquit brillamment le diplôme de licencié en droit, marque obligée de la lignée des savants jurisconsultes dont il était issu.


256 DANIEL MATER

En 1866, il prêtait serment comme avocat devant la Cour Impériale, se faisait inscrire au Barreau, après la guerre, en 1871, et pendant vingt années y tint une place des plus honorables, étudiant à fond les affaires qui lui étaient confiées, les discutant toujours avec une énergie tenace, entaillant aussi ses plaidoiries d'humoristiques saillies.

Après l'avoir plusieurs lois nommé du Conseil de l'Ordre, ses confrères, en 1888, le plaçaient à leur tête, en l'élisant Bâtonnier.

A la date du 5 décembre 1892, il abandonnait le Barreau, pour consacrer non point seulement ses loisirs, mais tout le temps dont il pouvait disposer aux éludes archéologiques et numismatiques, et aussi et surtout au Musée de la ville, dans la commission duquel il était entré le 21 février 1872, en remplacement de M. Henri Fournier, son parent, qui fut sénateur du Cher.

Sa prédilection pour cet établissement s'expliquait par ses goûts artistiques, ses connaissances spéciales, et tout particulièrement par la tradition familiale qu'il devait se faire un devoir de recueillir et de prolonger. En effet, cet établissement, qui pendant un certain temps fut appelé Musée Mater, avait été fondé en 1834 par son éminent grand-père, qui, jusqu'à son décès (1862), avait présidé la Commission de surveillance.

Son père avait succédé au fondateur comme président de la Commission, et l'avait, à son tour, dirigée durant seize années !

Partout, dans les registres des délibérations, les inventaires des collections données ou acquises, et jusque dans leur classement se retrouvaient les traces de ces remarquables administrateurs de notre précieux dépôt artistique.


SA VIE, SON OEUVRE 257

M. Daniel Mater était tout indiqué pour recueillir leur charge. Aussi, en fut-il investi le 14 avril 1881.

Et, sans diminuer le mérite de ses deux devanciers qui, au cours de trente huit années, consacrèrent tant d'heures, tant de travail à notre Musée et le dotèrent de ses premières richesses artistiques, on peut affirmer que, durant les trente et une années de présidence de notre ami, sous son active impulsion, les collections prirent une extension exceptionnelle, et de beaucoup plus considérable que lors de la création de l'établissement, à une époque cependant où l'on se procurait bien moins facilement les objets rares ou curieux.

Elles furent méthodiquement exposées, rangées avec goût parfait.

Il enrichit surtout, augmenta considérablement par d'heureuses acquisitions et les dons qu'il sut provoquer, la rare collection numismatique et sigillographique dont le noyau avait été formé par l'aïeul vénéré; cabinet de monnaies, médailles et jetons, aujourd'hui classé avec le plus grand soin, et qui contient d'inappréciables séries.

Ainsi, pendant un long espace de quarante ans, et jusqu'à ses derniers jours, tant comme membre qu'en qualité de président de la Commission de surveillance, notre ami regretté n'a cessé de s'occuper avec le plus grand désintéressement du Musée de Bourges, qui, par ses habiles et inlassables recherches, s'est élevé au niveau des plus riches et importants musées de province, et mérite bien le nom du Berry, qu'on lui a finalement attribué.

Mais en dehors de son goût inné pour les choses anciennes, Mater avait une culture d'esprit générale, des connaissances spéciales qui devaient forcément se manifester d'une autre manière.

18


258 DANIEL MATER

Admis dès 1873 au nombre des membres de la Société historique, littéraire et scientifique du Cher, il était de suite élu secrétaire adjoint par ses confrères, et, en 1876, choisi comme secrétaire, titre qu'il conserva plusieurs années. Il devint vice-président de la Compagnie en 1891 et 1893, puis en 1907 et 1908.

La Société historique a publié un certain nombre d'oeuvres de D. Mater.

Son premier travail, fut une note donnée en 1873 sur un mérel de la Sainte-Chapelle de Bourges. Il produisit successivement le résumé des anciens procès-verbaux de la Société; une note sur une épée gauloise; un catalogue descriptif de quelques séries monétaires du Musée, puis un autre de la collection sigillographique. Mais c'est principalement son oeuvre comme biographe et historien, que l'on rencontre dans les Mémoires de la Société historique.

En 1888, parurent sa notice nécrologique sur M. F. Dumonteil et son travail très documenté et fort intéressant sur J. R. Hébert, l'auteur du Père Duchène, avant la journée du 10 août 1792.

Vint ensuite (1898) une étude très complète, très attachante sur M. Hippolyte Boyer, dont les importants travaux tiennent une si grande place dans les lettres locales.

En 1904, autre production de notre confrère : « Les lettres du capitaine Claude Pugel » avec une analyse de documents où la physionomie de cet acteur de l'épopée napoléonienne revit dans un cadre habilement tracé.

Enfin, l'année suivante, il commençait la publication de la première partie d'une oeuvre qu'il terminait deux ans plus tard : « Le Musée de Bourges, notes, documents et souvenirs sur sa fondation et son histoire ».

Ce très consciencieux ouvrage sera toujours consulté


SA VIE, SON OEUVRE 259

par les Bernryers qui s'intéressent aux hommes et aux choses de leur région. Il retrace les circonstances de la création de l'établissement et les phases diverses de sa gestion, en donnant les noms de toutes les personnalités, qui, dès la première heure, ont contribué à la réunion des collections si patiemment amassées, les listes des premiers donateurs, les compositions de la commission, les transformations successives, changements de noms, de locaux, etc., etc..

C'est par cette étude que Daniel Mater, un des doyens de la Société historique, a terminé sa large et utile collaboration à cette Compagnie, dont pendant un si long temps il suivit assidûment les travaux.

Ce travailleur infatigable fut aussi un des membres les plus distingués de la Société des Antiquaires du Centre, où il entra en 1883. Peu après, notre excellent ami faisait partie du Comité de rédaction, était élu vice-président et, en 1909, après la mort prématurée et si profondément regrettable de M. le marquis Albert des Méloizes, il devenait président.

C'était un périlleux honneur, dont Mater sentit tout le prix et la charge, que de succéder à d'éminents érudits comme les de Kersers, de Laugardière, des Méloizes, dont les travaux sont connus de tous les savants.

Hélas ! notre nouveau président, au vif regret de ses confrères, atteint déjà de la maladie inexorable qui devait l'emporter, ne resta pas assez longtemps à leur tête ! La Société ne put recueillir tous les fruits que son expérience et son savoir lui eussent donnés, s'il avait été permis à ses collaborateurs de travailler plus longtemps sous son habile direction.

Toutefois, pendant sa trop courte présidence, heureux et (pourquoi ne le dirions-nous pas?) fier aussi de son


260 DANIEL MATER

litre, il se donna avec le plus entier dévouement à la Société des Antiquaires où il avait conquis toutes les sympathies.

Il assistait exactement aux séances mensuelles, de même qu'à toutes les réunions du Comité de rédaction. Puis, lorsque ses forces affaiblies ne lui permirent plus de se rendre au siège de la Société, voulant malgré tout continuer jusqu'au bout son rôle, c'est chez lui qu'il tenait les séances, luttant contre le mal, et le dissimulant avec une constante énergie.

Et si, craignant pour lui la fatigue, quelqu'un risquait une observation, il priait de ne pas insister, de ne point le priver de ses dernières joies !...

Lors de son entrée dans la Compagnie, il collabora de suite au Bulletin numismatique que M. de Kersers avait eu l'heureuse idée de publier en fin de chaque volume dès la fondation de la Société, et après la mort de M. de Kersers, il le continua, à son tour, jusqu'à son décès, peut-on dire, puisque c'est quelques semaines seulement avant de mourir, que son manuscrit fut remis à l'impression.

C'est en raison de la publication régulière de ce bulletin, que la Société des Antiquaires du Centre fut honorée d'un prix par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (1), honneur qui revient en très grande partie à son président Maler.

Depuis 1883, une trentaine de ses études de divers genres furent insérées dans les Mémoires de la Société des Antiquaires du Centre.

La première porta sur la numismatique de même qu'à la Société historique ; elle concerne la médaille due par la ville de Bourges aux marquis de Châteauneuf(1)

Châteauneuf(1) Allier de Hauteroche décerné le 3 mars 1911.


SA VIE, SON OEUVRE 261

sur-Cher. Après de patientes recherches, M. Mater parvint à trouver et décrire vingt-deux de ces remarquables médailles dont un très petit nombre avaient été antérieurement signalées. Il continuait par des travaux du plus grand intérêt sur les monnaies de Sancerre ; sur celles de Bourges au Xe et XIe siècles ; sur les monnaies gauloises bituriges et les billets de confiance émis dans le département du Cher en 1791 et 1792.

M. Mater eut aussi l'heureuse idée de donner (de même qu'il l'avait fait pour les monnaies) des catalogues descriptifs de séries particulières d'objets du Musée. Il décrivit une suite de petits monuments antiques de bronze acquis au cours des dernières années, et les bronzes figurés antiques du même établissement.

Vinrent ensuite ses études sur un bassin de jaspe rouge provenant de la Sainte-Chapelle de Bourges, sur les monuments, stèles et objets funéraires de l'époque gallo-romaine, entrés au Musée en 1909 et 1910, etc., etc.

D'ailleurs, les fréquentes découvertes faites au cimetière gallo-romain du Fin Renard furent aussi, pour le président de la Commission du Musée, un motif à d'intéressantes communications et publications que nous trouvons dans les Mémoires.

De nombreux sujets d'un autre ordre furent également l'objet des travaux variés de celui qui se plaisait à étudier tout ce qui présentait une particularité archaïque, artistique ou littéraire.

C'est ainsi qu'il donna l'édition d'un curieux et naïf livre-journal d'Etienne Azambourg, de l'Enfournet-enConcressault (1700-1758) en collaboration avec M. l'abbé Chambois ; l'année suivante, une description du remarquable livre d'heures d'Anne de Mathefelon (XVe siècle) (l);

(1) Cet admirable missel appaitient à Mme Bonnelat, de Bourges.


262 DANIEL MATER

puis, des notes historiques sur les anciennes tapisseries de la calhédrale de Bourges et sur la décoration de la chapelle de la Vierge à la cathédrale, avant la Révolution.

Enfin, en qualité de président de la Société des Antiquaires du Centre, il eut à exposer, dans des rapports annuels, la situation morale et financière de la Compagnie, et ceux trop peu nombreux qu'il eut à fournir furent rédigés avec une rare compétence.

On voit par cette rapide énumération des oeuvres de Mater, quel précieux concours cet homme de haute valeur apporta par son incessant labeur aux Sociétés savantes locales et combien d'utiles travaux il eût pu produire encore si la Providence lui avait donné une plus longue existence !

En dehors de ce qui le rattache particulièrement à ces Sociétés, nous devons signaler, de notre ami regretté, deux études publiées par la Société française d'archéologie dans le volume (1900) consacré aux Congrès archéologiques de France. M. Mater prit une part active au Congrès qui se tint à Bourges en 1898. Il y présenta de judicieuses observations et donna lecture aux congressistes de deux ouvrages, qui furent écoulés avec le plus vif intérêt, sur les voies romaines dans le département du Cher et les tapisseries de l'ancienne collégiale de Saint-Ursin (1).

Le savant nuinismatiste qu'était Mater fut, en outre, un des collaborateurs de la Gazette numismatique française et en 1906, il publia dans cette revue un travail très documenté sur notre région, ayant pour titre : « Etude sur la numismatique du Berry; les médailleurs et graveurs ».

(1) M. D. Mater reçut à l'occasion de ce Congrès de la Société française d'Archéologie une médaille de vermeil.


SA VIE, SON OEUVRE 263

Cet ouvrage qui contient une longue liste des artistes auxquels sont dues les monnaies du Berry, apporte un large contingent aux études de MM. Baudot et Mazerolle et il sera toujours consulté avec fruit.

Plus tard, il faisait paraître dans la même revue des notes et documents sur la Monnaie de Bourges, en particulier, qui durent exiger de la part de l'auteur de très longues recherches. On y trouve une foule de renseignements inédits sur le personnel de la Monnaie, la liste par ordre alphabétique des officiers monnayeurs et ouvriers, et le tableau systématique du même personnel, de 1359 à 1774.

Nombreux sont encore les documents que Mater avait réunis au point de vue sigillographique et qui malheureusement, sans doute, ne verront jamais le jour !

L'un de ses projets de publication portait sur les sceaux des Archives du Cher, intéressant le Berry ; tous les dessins et documents nécessaires étaient rassemblés pour cet intéressant travail; et s'il n'a pas été édité, c'est au prix excessif des planches de semblables ouvrages qu'il faut uniquement l'attribuer.

L'activité, le dévouement de M. Daniel Mater ne se sont pas seulement manifestés en faveur de l'archéologie, de la numismatique et de l'histoire; sa grande expérience des affaires, aussi bien que son grand savoir, fut précieuse dans des rôles divers.

En 1889, ses concitoyens l'avaient envoyé siéger au Conseil municipal de Bourges, et jusqu'à l'expiration de son mandat, qui, par suite de raisons politiques, ne lui fut pas renouvelé, il rendit de réels services à notre ville.

Il faisait partie du Comité départemental de Secours aux blessés militaires (Croix-Rouge française) depuis


264 DANIEL MATER

1897. Jamais il ne manquait aux séances de ce groupement, où ses connaissances approfondies étaient très appréciées.

En ces dernières années, il fut Président du Souvenir français, dès la création d'un rameau de celte oeuvre dans notre ville; et, là encore, tant que ses forces le lui permirent, il multiplia les preuves de sa féconde activité.

Du reste, Mater avait été soldat et il fut toujours un ardent patriote.

Lors de la fatale guerre de 1870, il partit comme lieutenant dans la Mobile du Cher, et de même que tous ses compagnons d'armes, il fil simplement, mais vaillamment son devoir.

Il prit part à la sanglante bataille de Juranville, vit tomber autour de lui nombre de nos braves compatriotes mortellement frappés, des amis et des parents, le commandant Martin, le capitaine Jarlot, le lieutenant Girardin, et tant d'autres !

Il continua la lutte dans l'Est, et connut les angoisses et les souffrances qui précédèrent l'internement des débris de notre armée en Suisse.

C'est en celte qualité d'ancien combattant des Mobiles, que bien des années plus lard, il fut nommé président du Comité formé pour élever un monumentaux Enfants du Cher, morts pour la Patrie ! Avec son culte ardent du souvenir, il montra en celle circonstance tout particulièrement son dévouement et son énergique ténacité.

Il ne recula devant aucune difficulté — et Dieu sait s'il en eût à vaincre ! — pour mener à bien celle grande entreprise. Il réussit, et sut donner un incomparable éclat à l'érection de la statue, due à l'habile ciseau du grand sculpteur berrichon Baffier, qui se dresse imposante au bas de l'esplanade Marceau. Une foule immense accourue de tous les points de la ville et du département,


SA VIE, SON OEUVRE 265

assista à la grandiose cérémonie d'inauguration, et tous les remerciements, toutes les félicitations allèrent au président Mater, qui était parvenu à doter la ville de Bourges du pieux monument qui perpétuera son souvenir comme celui de ses frères d'armes, auquel il était consacré !

A des heures semblables il est d'usage que les gouvernements remercient les hommes d'élite placés en avant par les services signalés qu'ils ont rendus à leurs concitoyens, à leur petite patrie....

Il eut été bien naturel, absolument légitime, qu'en cette circonstance la croix de la Légion d'honneur, parfois pourtant si facilement donnée, fut décernée au président du Comité !

Mais, Mater n'était point du nombre des quémandeurs toujours prêts à subordonner leurs convictions aux contingences de la politique. En gardant les siennes intactes, il ne facilitait pas l'attribution d'une récompense dont l'opinion publique le proclamait digne. Nous sommes bien certain qu'il ne l'a jamais regretté.

Nous avons parlé du savant et du citoyen. Que dire maintenant de l'homme privé, si ce n'est que sa nature droite, sa délicatesse de sentiments, la fidélité de ses affections choisies, lui avaient conquis les sympathies de tous ceux qui l'approchaient et qui vécurent dans son commerce.

Homme de bonne compagnie, esprit fin, délié, parfois caustique, il tenait par ce côté de son grand-père le Premier Président, dont les mots, les reparties spirituelles parfois cinglantes, ont été si souvent rapportés ! Sa conversation, ses observations étaient le plus souvent relevées par des saillies vives et naturelles. Jusqu'à ses derniers jours, qu'il savait pourtant comptés, malgré les douleurs qu'il devait fatalement ressentir, durant la


266 DANIEL MATER

marche progressive d'une maladie dont la gravité ne lui avait pas échappé, Mater accueillait toujours ses amis en souriant et en continuant à semer les traits d'un esprit original qui allait, trop tôt hélas, s'éteindre dans la mort !

Après une vie si bien remplie, trop courte cependant pour sa famille qu'il adorait et pour la science, ce parfait chrétien qui avait fait le sacrifice de sa vie, s'est éteint, entouré des siens, après une douloureuse agonie, emportant les regrets unanimes de tous ceux qui l'ont connu, et sauront conserver fidèlement sa mémoire.

HENRY PONROY.


SA VIE, SON OEUVRE 267

Bibliographie

1. — Notes sur un mérel de la Sainte-Chapelle de Bourges. (Mém. de la Soc. hist., 1873, 2e sér., IIe vol ).

2. — Résumé des anciens procès-verbaux de la Société. (Ibid., 1876, 2e sér., IIIe vol.).

3. — Note sur une épée gauloise et un éperon du Moyen âge. (Ibid.)

4. — Catalogue descriptif de quelques séries monétaires du Musée de Bourges (Ibid., 1882, 3e sér., IIe vol.).

5. — Collection sigillographique du Musée de Bourges, avec un appendice contenant la description des sceaux appartenant à divers amateurs. (Ibid., 1884, 4e sér., Ier vol., pl.).

6. — Histoire de la médaille due par la Ville de Bourges aux marquis de Châteauneuf-sur-Cher. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1884, XIe vol., pl.).

7. — Étude sur la numismatique du Berry — Sancerre. (Ibid., 1887-1888, XVe vol., pl., tirage à part).

8. — P.-F. Dumonteil, notice nécrologique. (Mém. de la Soc. hist., 1888, 4e sér., IVe vol.).

9. — J. R.Hébert, l'auteur du Père Duchéne, avant la journée du 10 août 1792. (Ibid., tirage à part).

10. — Étude sur la numismatique du Berry. — Les monnaies de Bourges aux Xe et XIe siècles. — Les immobilisations carolingiennes berruyères. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1889-1890, XVIIe vol., pl., tirage à part).

11. — Bulletin numismatique. (Ibid., 1891, XVIIIe vol., pl., tirage à part).

12. — Description d'objets antiques en bronze, récemment acquis par le Musée de Bourges. (Ibid., 1992-1893, XIXe vol.).

13. — Musée de Bourges. — Description des bronzes figu-


268 DANIEL MATER

rés antiques. (Ibid., 1895-1896, XXIe vol., pl., tirage à part).

14. — Nouvelles découvertes au cimetière romain du FinRenard. (Ibid., 1877-1878, XXIIe vol.).

15. — Bulletin numismatique et sigillographique. N° 20 (Ibid. 1897-1898, XXIIe vol., pl. tirage à part).

16. — Hippolyte Boyer. Son oeuvre. (Mém. de la Soc. hist. 1898, 4e sér. XIIIe vol., portrait).

17. — Les billets de confiance émis dans le département du Cher en 1791 et 1792. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1899, XXIIIe vol., pl.).

18. — Les voies romaine dans le département du Cher. (Congrès archéologique de France, 65e session ; séances générales tenues à Bourges en 1898 par la Société française d'archéologie. Caen, 1900).

19. — Les tapisseries de l'ancienne collégiale Saint-Ursin. (Ibid. pl., tirage à part).

20. — Bulletin numismatique et sigillographique. N° 21 (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1900, XXIVe vol , pl., tirage à part.)

21. — Livre-Journal d'Etienne Azambourg de l'Enfourneten-Concressault. 1700-1758, présenté par MM. l'abbé Chambois et Mater, avec une introduction et des notes de M. Mater (Ibid., 1901, XXVe vol.).

22. — Le livre d'heures d'Anne de Mathefelon, (Ibid., 1902, XXVIe vol., pl., tirage à part).

23. — Bulletin numismatique et sigillographique. N° 22 (Ibid., 1902, XXVIe vol., pl., tirage à part).

24. — Nouvelles découvertes au cimetière romain du Fin-Renard. (2e sér.). (Ibid. 1903, XXVIIe vol., pl.).

25. — Les anciennes tapisseries de la cathédrale de Bourges. — Pierre de Crosses. (Ibid., 1903, XXVIIe vol., pl.).

26. — Le capitaine Claude Puget. (Mém. de la Soc. hist., 1904, 4e sér., XIXe vol.).

27. — Etudes sur le musée de Bourges (1er article). Bassin de jaspe rouge de la Sainte-Chapelle. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1904, XXVIIIe vol.).

28. — Notes historiques sur la décoration de la chapelle


SA VIE, SON OEUVRÉ 269

de la Vierge à la cathédrale de Bourges avant la Révolution. (Ibid., 1904, XXVIIIe vol.).

29. — Bulletin numismatique et sigillographique. N° 23 (Ibid., XXVIIIe vol., pl., tirage à part).

30. — Le musée de Bourges, notes, documents et souvenirs sur sa fondation et son histoire. 1834-1864. (Mém. de la Soc. hist., 1905, 4e sér., XXe vol., tirage à part).

31. — Etudes sur le musée de Bourges (2e article). — L'Annonciation florentine de Claude Maugis. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1905, XXIXe vol., 1 pl.).

32. — Numismatistes berruyers. (Ibid., 1906, XXXe vol.).

33. — Bulletin numismatique et sigillographique. N° 24 (Ibid., 1906, XXXe vol., tirage à part).

34. — Etudes sur la numismatique du Berry. Médailles, méreaux, jetons, matrices sigillographiques et autres du Berry. leurs médailleurs ou graveurs. (Gazette numismatique française, Châlons-sur-Saône, 1906, pl , tirage à part).

35. — Nouvelles découvertes au cimetière romain du FinRenard (3e série). (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 19071908, XXXIe vol., 1 pl.).

36. — Etude sur le musée de Bourges (3e article). Note sur un ancien mors de bride. (Ibid., 1907-1908, XXXIe vol., pl.).

37. — Bulletin numismatique et sigillographique. N° 25 (Ibid., 1907-1908, XXXIe vol., pl., tirage à part).

38. — Le Musée de Bourges. Notes, documents et souvenirs sur sa fondation et son histoire (1864-1881), 2e partie. (Mém. de la Soc. hist., 1908, 4e sér., XXIIe vol., tirage à part).

39. — Rapport sur la situation financière et morale de la Société des Antiquaires du Centre, année 1909. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1909, XXXIIe vol.)

40. — Notice biographique sur le marquis Albert des Méloizes. (Ibid., 1909, XXXIIe vol.).

41. — Le livre de raison de la famille Theurault, d'Ainayle-Château. — Le siège de Montrond. (Ibid., 1909, XXXIIe vol.).

42. — Note sur Pierre-Jean du Rabot. Son cours de droit français à l'Université de Bourges, en 1738. (Ibid., 1909, XXXIIe vol.).


270 DANIEL MATER, SA VIE, SON OEUVRE

43. — Bulletin numismatique et sigillographique. N° 26 (Ibid., 1909, XXXIIe vol., tirage à part).

44. — Etudes sur la numismatique du Berry. Notes et documents sur la monnaie de Bourges. (Gazette numismatique française, Chalon-sur-Saône, 1909, tirage à part).

45. — Rapport sur la situation financière et morale de fa Société, année 1910. (Mém. de la Soc. des Antiq. du Centre, 1910, XXXIIIe vol.).

46. — La momie du Fin-Renard. (En collaboration avec le Dr Témoin.) (Ibid., 1910, XXXIIIe vol.)

47. — Monuments, stèles et objets funéraires de l'époque romaine, entrés au Musée de Bourges pendant les années 1909 et 1910. (Ibid., 1910, XXXIIIe vol.).

48. — Bulletin numismatique et sigillographique. N° 27 (Ibid., 1910, XXXIIIe vol., pl., tirage à part).

49. — Rapport sur la situation financière et morale de la Société des Antiquaires du Centre, année 1911. (Ibid., 1911, XXXIVe vol.).

50. — Bulletin numismatique et sigillographique. N° 28 (Ibid., 1911, XXXIVe vol., tirage à part).


notice nécrologique sur M. Lelièvre

Sur la liste des membres titulaires que la mort a enlevés à la Société historique du Cher, en 1912, il nous a fallu inscrire le nom d'un des plus anciens et des plus dévoués :. celui de M. Albert Lelièvre, notaire à Bourges, qui, présenté par moi, avait été élu le 3 juillet 1885 et faisait, par conséquent, partie de notre Société depuis plus de vingt-huit ans.

Des liens de parenté et une amitié qui date de notre plus tendre enfance me font un devoir de retracer, en quelques lignes, l'existence si digne et si honorable de celui qui nous resta attaché pendant si longtemps et s'intéressait vivement à nos travaux.

M. Lelièvre est né le 27 juillet 1844, à Mehun-surYèvre, où son père était docteur-médecin et où son grand-père paternel avait été notaire; sa mère était originaire d'Issoudun; il était donc doublement berrichon. Il fit ses classes élémentaires au collège d'Issoudun où habitait son grand-père maternel, n'entra au Lycée de Bourges qu'en quatrième, en 1859, et y termina ses études. C'était un élève sérieux, attentif et travailleur, très aimé et estimé de ses camarades qui furent, par la suite, pour lui des amis dévoués avec lesquels il entretint, pendant toute sa vie, les plus cordiales et affectueuses relations.

Il fut reçu bachelier es lettres au mois d'août 1863, à


272 NOTICE NÉCROLOGIQUE

sa sortie de la classe de philosophie, commença de suite ses études de droit et les termina en 1866 par un magnifique succès : il n'eut que des boules blanches à son examen de licence.

Se destinant au notariat, il entra en 1867 dans une étude à Orléans où il avait de la famille. C'est là qu'il se trouvait quand éclata la guerre de 1870; il avait alors vingt-six ans. Incorporé dans la Garde nationale mobilisée, 1re légion, 2e bataillon, 5e compagnie, il fut choisi comme lieutenant; cette compagnie avait pour capitaine M. Roret, ancien sergent de l'armée active. Il se consacra alors tout entier à l'instruction militaire de ses hommes, à la direction et à l'administration de sa compagnie dont il fut la cheville ouvrière. On lui avait assigné pour logement la maison que ma famille occupait alors rue des Arènes, et que nous occupons encore. Je me souviens de tout le travail qu'il accomplissait, de toute la peine qu'il prenait pour mettre promptement en état de faire campagne des hommes de plus de vingtcinq ans qui, pour la plupart, n'avaient jamais servi et ne connaissaient rien du métier militaire. On était alors au mois de novembre, il partait le matin de bonne heure pour les exercices ; quand il revenait à la nuit, très fatigué, il rédigeait des rapports, des états de situation, des demandes pour obtenir ce qui manquait à l'équipement ou à l'armement, etc..

C'est au milieu du mois de janvier 1871 que son bataillon reçut l'ordre du départ ; il faisait partie de la 1re brigade, 2e division, du 26e corps d'armée qui devait opérer dans le département de Loir-et-Cher. Quelques jours après, il se trouvait à peu de distance de Blois qui était au pouvoir des Allemands. Je ne saurais mieux faire que de transcrire ici la relation faite par le lieutenant Lelièvre, dans une demande de secours qu'il


SUR M. LELIÈVRE 273

adressait après la campagne pour la mère d'un sergent de sa compagnie tué dans le combat :

« Le 28 janvier dernier, le 2e bataillon des mobilisés du Cher, organisé depuis moins de deux mois, avec de simples fusils à piston, mal vêtu, ayant bivouaqué la nuit précédente pour la première fois, après une marche pénible, par une température rigoureuse et sur un sol couvert de neige, recevait dans l'après-midi le baptême du feu en marchant contre l'ennemi embusqué dans le faubourg de Vienne-les-Blois.

» Dans cet engagement, qui a terminé par un succès pour nos armes cette guerre désastreuse, les mobilisés du 2e bataillon, ayant à leur tête le colonel de la légion et entraînés par le bel exemple de.leur commandant, ancien officier en retraite, dont l'âge avait pour ainsi dire rallumé la bravoure, montrèrent dans ces circonstances si défavorables presque autant de sang-froid et d'énergie qu'on eût pu en attendre de vieilles troupes. La part prise par le 2e bataillon à cette affaire fut réellement active, il eut neuf morts et trente-trois blessés ; elle fut aussi glorieuse, car après avoir essuyé pendant plus de deux heures un feu de mousqueterie continu, les mobilisés entrèrent avec les chasseurs à pied du 7e bataillon de marche, les premiers, dans le faubourg de Vienne d'où l'ennemi fut délogé.

» Les récompenses justement accordées au colonel de la légion, au commandant, ainsi qu'à plusieurs officiers et gardes blessés du 2e bataillon, attestent hautement l'exactitude des faits que je viens de relater ».

Ce que ne dit pas le lieutenant Lelièvre dans cette relation, c'est qu'il fut un de ceux qui montrèrent le plus de courage dans cette reprise du faubourg de Blois; le commandant Vermeil blessé, le capitaine Roret, qui eût la mâchoire fracassée, tombèrent à ses côtés ; il

19


274 NOTICE NÉCROLOGIQUE

s'en fallut de peu que Lelièvre fut également atteint, car une balle perça le manteau qu'il tenait sous son bras gauche.

Ce fut un succès sans lendemain : nos troupes non appuyées ne purent conserver la position conquise et durent se replier ; d'ailleurs l'armistice était signé quelques jours après et les mobilisés n'eurent pas à prendre part à d'autres engagements.

La paix conclue, M. Lelièvre revint à Orléans reprendre chez Me Guérin la place qu'il n'avait quittée que pour faire son devoir dans la défense de la Patrie ; il termina son stage de clerc chez MeThillier, également à Orléans. En mai 1875, il acheta l'étude de Me Gravelle, notaire à Bourges, et devint notre concitoyen pour le reste de ses jours.

Dans l'exercice de sa profession, il fut le type accompli de la probité et de l'honnêteté. Travailleur acharné, il ne ménageait ni son temps ni sa peine ; aucun acte n'était signé sans avoir été revu par lui avec le plus grand soin ; c'était la perfection absolue. Certaines liquidations très compliquées et difficiles, véritables infolios, oeuvres de bénédictin, attestent hautement sa puissance de travail et ses connaissances approfondies dans la science du notariat.

Ainsi que le disait fort justement, le jour des obsèques, Me Laine, alors Président de la Chambre des Notaires : « il se fit remarquer de tous par un travail incessant et consciencieux, par l'étendue de ses connaissances juridiques, par son équité, par son caractère toujours bienveillant.

» Pendant cette période de trente-sept ans, il a su acquérir et conserver l'estime et l'affection de ses confrères qui l'appelèrent dix fois à la présidence de leur Chambre.


SUR M. LELIÈVRE 275

» Ils avaient en lui une confiance telle que tous, jeunes et vieux, venaient le consulter dans les cas embarrassants, certains qu'ils étaient d'avoir la solution cherchée. »

Le notariat était pour lui un véritable sacerdoce, il s'y dévouait corps et âme, prenant les intérêts de ses clients avec plus de soin que les siens, s'usant jour et nuit au travail. En vain lui conseillait-on de prendre un peu de repos, de ne pas attendre pour céder son étude que les années s'accumulent sur sa tête et que sa santé soit perdue ; il ne pouvait se décider à quitter les affaires et continuait son oeuvre.

Non seulement il la continuait, mais il y avait, en outre, ajouté depuis peu de temps d'autres charges; à la mort de M. Saint-Clivier, il avait accepté la présidence de l'Association Amicale des Anciens Élèves du Lycée de Bourges dont il faisait partie depuis sa création et dont il était depuis plusieurs années vice-président. Pendant sa trop courte présidence, il donna à cette oeuvre si utile un regain de vitalité et amena dans ses rangs un certain nombre d'adhérents.

En 1911, une École de notariat ayant été fondée à Bourges, M. le Premier Président de la Cour d'Appel le choisit comme directeur; il accepta cette nouvelle fonction. L'organisation et la mise en marche de cette école lui occasionnèrent un gros surcroît de travail, alors qu'il était déjà arrivé à un âge où il faut songer au repos et qu'il ressentait les premières atteintes de la maladie qui devait l'emporter.

Les forces humaines ont leurs limites; au mois de juin 1912, il présidait l'assemblée générale de l'Association amicale, mais il ne put assister au banquet et se fit remplacer par le général Tournier, vice-président, disparu également depuis. Peu à peu sa santé s'altéra pro-


276 NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR M. LELIÈVRE

fondement, il fut obligé de garder la chambre ; mais il luttait avec énergie et continuait à s'occuper de la direction de son étude; tant que sa main put tenir sa plume, il signa ses actes. Le mal impitoyable faisait toujours des progrès; quand il sentit approcher ses derniers moments, il réunit près de lui ses quatre enfants, leur fit, ainsi qu'à son épouse vénérée, ses derniers adieux et s'éteignit doucement le 9 septembre, en pleine connaissance, avec la sérénité du devoir accompli, et la conscience tranquille d'un homme de bien, ayant puisé dans une foi sincère en la religion catholique l'espoir de l'au-delà !

Son nom d'ailleurs lui survivra; son fils aîné, qui lui a succédé, continuera les traditions d'honneur et de probité que son père a inculquées au fond du coeur de tous ses enfants.

A celui qui fut pour moi, pendant toute sa vie, le meilleur et le plus dévoué des amis, j'ai au moins l'ultime satisfaction d'apporter ici le faible témoignage de ma reconnaissance et de ma profonde affection.

A. MORNET.


VOEUX

de la Société Archéologique de Tarn-et-Garonne

1913

« Felicem Dominus det nobis omnibus annum » Tu, soror, hoc donum pretiosum visne merere? AEtatis cole cum zelo monumenta vetustae : Quas rude vulgus amat res varias sperne superbe Felix qui potuit veterum memorare labores, Et fastos patrum doctis celebrare libellis ! Sed parvae patriae praesertim gesta referre, Est pius atque sacer labor amplo dignus honore ! Nidum quem fecit sua mater cantat hirundo ! Sit tuus ille labor nonnunquam, sicque tuorum Majorum in gelidis gaudebunt ossa sepulcris ! Quin etiam forsan tua laus ascendet ad astra !

RÉPONSE

Lorsque sur l'avenir le nouvel An se lève Pour verser à nos coeurs la douceur de son rêve, Fille de la Science et de l'Art, tu parais Près de lui, gracieuse ; et d'un esprit agile Formant ton verbe d'or aux échos de Virgile, Tu redis à tes soeurs de précieux souhaits...

J'admire, dans la sphère ouverte à nos pensées, Le tour harmonieux des phrases cadencées Que tu sais revêtir d'un charme évocateur ; Et leur groupe, traçant le chemin le plus rare Sur le cercle du temps que le sort nous prépare, Vers un pur idéal emporte mon ardeur.

Oui ! la joie et l'honneur récompensent l'éloge

Des fastes du Passé ! Souvent je l'interroge ;

A l'exalter déjà mes labeurs se sont plu.

Qui donc en nos destins par lui ne pourrait croire ?

O race généreuse ! ô triomphe! La gloire

A fait de notre peuple, à jamais, son élu !

Mais surtout comme toi. dans l'amour attendrie, J'adore avec ferveur la petite patrie ; A l'espoir, sous son ciel plus haut nous renaissons : C'est qu'intime pouvoir de leurs noms, de leurs pierres, Les champs et les clochers, les tours et les chaumières De mille souvenirs proclament les leçons...

Ce culte met toujours à l'unisson nos âmes ;

Car si d'autres efforts parfois nous nous lassâmes,

Chacune de nous garde, avec un soin pieux,

L'héritage grossi dès l'époque lointaine

Où le trésor moral que fondait Aquitaine

Vint, de deux nobles parts, enrichir nos aïeux !

La Société Historique du Cher. Janvier 1913.





N °46. — JUIN 1912.

Séance du 30 Mai 1912

PRÉSIDENCE DE M. LARCHEVÈQUE, PRÉSIDENT.

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.

M. le Président fait l'éloge de M. Léon Dupuis, président honoraire de la Chambre de Commerce, récemment décédé. Bien que sa santé ne lui permît pas d'assister régulièrement aux séances, M. Léon Dupuis s'intéressait néanmoins très vivement aux travaux de la Société historique dont il était membre titulaire depuis 1898.

M. l'abbé Grimoin, curé de Saint-Germain-du-Puy, présenté par MM. Larchevèque et Dumonteil, et M. Gabriel Maras, expert-géomètre à Vierzon, présenté par MM. Larchevèque et Achille Louis, sont élus membres titulaires.

M. Paul Gauchery donne lecture du testament d'Edme de La Châtre, dont il a découvert une copie à l'hospice de Nançay.

Il est daté du 26 mai 1645 et a été écrit au moment du départ d'Edme de La Châtre pour l'Allemagne où il est mort, au mois de septembre suivant.

Par ce testament, Edme de La Châtre instituait son épouse, Françoise-Anne Decugnac ou de Cugnac, légataire universelle en usufruit de tous ses biens, et entre autres conditions de cette libéralité, il la priait d'achever la construction, commencée à Nançay, d'un hôpital ou maison de charité pour les pauvres.

Telle est donc l'origine de l'hospice de Nançay.

Dans ce même testament, il « supplie » Mre Cosme Savary, marquis de Montevrier, et Mre Thomas Franquelot, conseillers du roi, de vouloir bien être ses exécuteurs testamentaires et de «garder pour l'amour de lui», le premier, une « Judith » qui est à Nançay et le second, une « Lucrèce » qui est à Bourcart.


M. le Président donne, à l'occasion de cette communication, d'intéressants détails sur cette « Judith ». Ce tableau existe encore et est la propriété d'un de nos compatriotes, originaire de Neuvy-sur-Barangeon, habitant Gand. Il représente une femme, à mi-jambe, grandeur naturelle, vêtue d'un justaucorps assez largement décolleté, à manches courtes, garni de riches passements, sous lequel se voit une fine collerette avec fraise. La tête est couronnée d'un diadème; chaque oreille et le milieu du front s'ornent d'une perle oblongue et le cou est garni d'un collier de perles. Judith tient d'une main un large cimeterre et de l'autre la tête d'Holopherne. Ce tableau, qui a subi des restaurations, n'est pas signé : il est attribué à Jean Boucher. Il a été vraisemblablement peint au château de Nançay dont J. Boucher avait décoré la chapelle.

M. le Président lit la fin du Journal de Jacques-FrançoisEtienne Leboys des Guays, brigadier au 24e régiment de chasseurs pendant la campagne de 1813.

L'ennemi qui « inondait » les environs de Leipsig tenait constamment tes troupes françaises en éveil et les obligeait à des marches et des contre-marches qui énervaient les soldats. Ceux-ci se vengeaient, en quelque sorte, des privations et des fatigues qu'ils enduraient en usant sans ménagement des droits de la guerre. On a vu qu'au commencement de la campagne les troupes se faisaient « traiter de la belle manière » ; elles ne tardèrent pas à se bien traiter ellesmêmes ainsi qu'il ressort à chaque page du récit de Leboys des Guays. Un exemple entre plusieurs. Le 8 octobre, raconte-til, lorsque le jour parut, nous fîmes une recherche dans un village, mais n'y ayant rien trouvé et ayant aperçu un hameau à une demi-lieue plus loin, nous y courûmes. Se précipiter dans la ferme, mettre la maison sens dessus dessous, s'emparer du pain que l'on trouva, tordre le cou aux oies et aux poules qui tombaient sous nos mains, fut l'affaire d'un moment. .. » Aussi, Leboys des Guays est-il obligé de reconnaître que les Français étaient mal vus dans le pays, ce qui ne saurait étonner !

Le 9 octobre, l'armée française se trouva en présence de l'ennemi. C'était la première fois que Leboys des Guays voyait une bataille rangée. Il ne se rendit pas compte de toutes ses phases et ne rapporte que les « différentes évolutions du 24e et le peu d'observations que son trouble lui permit de faire pendant l'action ».

Son récit vaut surtout par les réflexions personnelles que font naître en lui les fatigues endurées ou la vue de cama-


rades tués ou blessés, car il ne nous donne que peu de renseignements, faute de cartes suffisantes, sur les lieux où se déroulèrent les événements auxquels il a pris part.

La suite du journal de Leboys des Guays est relative à la bataille de Leipsig, ou plutôt sur « ce qui lui est arrivé de plus particulier au cours de ces fameuses journées ».

Le 16 octobre, c'est-à-dire le premier jour de la bataille, le 24e régiment de chasseurs fut fortement engagé. Le récit de son contact avec l'ennemi ne manque pas d'un certain piquant sous la plume du narrateur. Les « Cosaques sont abordés aux cris de « Vive l'Empereur ! » Ils s'enfuient à toute vitesse ; mais bientôt ils font volte-face en poussant des « hourras » impressionnants. « Leurs grandes lances, plus semblables à des perches qu'à des armes, leurs costumes bizarres, leur longue barbe remplirent d'effroi les jeunes imberbes qui prirent la fuite. Ils entraînèrent avec eux ceux qui depuis longtemps désiraient se retirer mais qui n'osaient commencer. Ces derniers furent suivis des moins braves d'entre les vétérans; cela se fit si promptement que la plupart des "crânes » se trouvèrent en un instant enveloppés par l'ennemi ; ceux qui ne voulurent pas fuir furent massacrés et ceux qui s'en retirèrent ne durent leur salut qu'à la vitesse de leurs chevaux. .. »

Quant à Leboys des Guays, tout neuf dans l'art de combattre, il ne prétend pas, « comme certains fanfarons », qu'il se précipita au milieu de l'ennemi, «pointant l'un, taillant l'autre»; il vit fuir les premiers sans songer à suivre leur exemple, mais lorsqu'il s'aperçut que la plupart des chasseurs faisaient demi-tour, il tourna lui-même la bride de son cheval, dont la vitesse lui évita plusieurs coups de lance dont il eut été infailliblement lardé, s'il « eût monté une rosse ».

Toutefois, le 24e chasseurs put se reformer plus loin. Il fit une deuxième charge, puis une troisième qui fut couronnée de succès avec l'aide de plusieurs régiments qui arrivèrent opportunément en sonnant des fanfares de victoire.

Le champ de bataille que Leboys des Guays eut le loisir de considérer ensuite offrait un tableau lamentable, à tel point qu'en le contemplant chacun oubliait sa peine et toute celle «que laissait entrevoir un avenir affreux » pour considérer « cette jeunesse étendue, par terre et sans vie ». — « Pour ma part, je ne savais, dit Leboys des Guays, si je devais la plaindre ou lui porter envie, tant l'abîme des maux qui nous étaient réservés nous semblait profond ».


C'est à la fin de cette journée qu'il fut atteint d'une balle qui traversa les plis de la capote qu'il portait en bandoulière. Le choc fut violent, bien que la balle fût restée dans le manteau. Cet incident le confirma dans sa croyance à la prédestination ; elle le soutint dans tous les combats qui suivirent, car il était absolument persuadé qu'il reverrait son pays.

Le lendemain, 17 octobre, dès 2 heures du matin, la bataille recommença par une canonnade qui bientôt prit fin, et pendant toute la journée, à part quelques engagements, les deux armées restèrent en observation.

Le 18, « l'affaire devint au contraire générale». Le 24e chasseurs prit part à faction dès 7 heures du matin et fut bientôt obligé de rétrograder avec toute l'armée sous un feu terrible ; « de quelque côté que l'on tournât les yeux, on ne voyait que canons et régiments, que fumée et poussière ! » Pour la première fois, avoue Leboys des Guays, je perdis courage et crut à mon dernier jour. Les pertes de son régiment étaient telles, en effet, qu'il ne doutait point que la journée s'achèverait dans un désastre. Bientôt, du reste, le bruit se répandit que l'empereur avait résolu d'effectuer une retraite vers Leipsig, la seule voie qui lui fut possible ; cette nouvelle fut accueillie « avec un certain plaisir », car la plupart des «Français n'avaient ni mangé ni dormi depuis trois jours ».

Dès lors, aucun des combattants ne songea plus à braver l'ennemi, et tout le monde tourna les yeux vers la route de France !

Le journal du brigadier Leboys des Guays se termine sur ce dernier épisode de la bataille de Leipsig, au cours de laquelle, comme on sait, Napoléon avait soutenu une lutte héroïque avec 180.000 hommes, contre 300.000 alliés.


N° 47. — JUILLET 1912.

Séance du 20 Juin 1912

PRÉSIDENCE DE M. LARCHEVÈQUE, PRÉSIDENT.

Le procès verbal de la précédente séance est lu et adopté.

MM. Paul Gauchery et A. Dumonteil se sont excusés de ne pouvoir assister à la séance de ce jour.

Présentation est faite d'un nouveau membre titulaire ; il sera voté sur son admission à la prochaine séance.

M. le docteur Séguin, membre titulaire, qui doit prochainement quitter Bourges, est nommé membre correspondant.

Au nom de la Société, M. le Président adresse à notre confrère, M. Sauvaget, les félicitations les plus sincères à l'occasion de sa promotion au grade d'Inspecteur du Service vicinal du Cher.

M. Daniel Mornet fait hommage à la Société de son livre : « Le Romantisme en France au XVIIIe siècle ». M. Galletier veut bien accepter d'en donner prochainement l'analyse.

M. Achille Louis signale à la Société, par l'intermédiaire de M. le Président, la découverte qu'il a faite, aux environs de la Grande-Grêlerie, commune de Vouzeron, d'un chêne porteur de gui. On sait que cette plante parasite croît surtout sur les peupliers et les vieux arbres fruitiers et si rarement sur le chêne que le fait mérite d'être signalé quand if se produit.

M. le Président donne lecture d'un travail du regretté M. Le Grand, ancien Président de la Société historique, intitulé « Géographie botanique du Berry ».

Bien qu'if soit resté malheureusement inachevé, il présente, néanmoins, un intérêt très réel et mérite de fixer l'attention.

Les quelques pages qui le composent sont, à l'heure actuelle en la possession de M. Lambert qui, très aimablement, a bien voulu en donner communication à la Société.


C'est en quelque sorte une statistique botanique appliquée à la circonscription topographique délimitée par le Cher et l'Indre. Ces deux départements présentant de telles analogies au point de vue physique, qu'ils constituent un groupement géographique naturel.

Le sol y est en général peu mouvementé, et les quelques massifs montagneux qui tranchent sur sa monotonie ne sauraient avoir d'effet bien appréciable au point de vue botanique, à cause de leur peu d'élévation. Au point de vue géologique, il comprend une zone granitique qui forme la lisière du Plateau Central et qui s'étend de Vesdun et de Sidiailles à Eguzon et à Saint-Benoît-du-Sault. Cette zone comprend quelques représentants de la flore montagnarde.

A la base de cette zone on rencontre, sur une étroite bande, des terrains permiens et triasiques, puis presque parallèlement, dans toute la partie médiane du Berry, suivant un axe inclinant du Sud-Ouest au Nord-Est, de Mézières à Sancerre, la plupart des étages du terrain jurassique. C'est la partie stérile du pays connue sous le nom de Champagne berrichonne.

Le terrain crétacé inférieur et supérieur s'étend irrégulièrement entre Graçay, Sancerre et Vailly ; tes terrains tertiaires forment la Brenne et la Sologne. Enfin, les limons pliocènes forment le pays du Bois-Chaud, de Saint-Gaultier à Ardentes et Lignières, et une zone à l'Est entre Sancoins et Sancergues.

A cette diversité dans les formations géologiques du Berry, correspond une flore extrêmement variée, dont le groupement par espèces, en des endroits déterminés, constitue ce que les botanistes nomment « station ». A chaque station correspond donc une constitution physique et chimique du sol particulière.

M. Le Grand passe en revue les plantes qu'on trouve habituellement dans les différentes stations du Berry, qu'il divise de la façon suivante :

1° Coteaux, rochers, friches, pelouses sèches, dont la végétation présente une association d'espèces presque constante dans les terrrains calcaires;

2° Murs, où se reproduisent quelques-unes des plantes des. rochers et rocailles;

3° Forêts, bois, futaies, taillis, réputés pour leur excellent aménagement, et qui sont de plus ou moins belle venue suivant qu'ils ont pu croître sur des sols siliceux ou calcai-


res. Ils renferment, pour une même nature de terrain, une flore différente suivant l'âge des coupes.

L'auteur s'étend sur cette périodicité de réapparition des plantes sylvatiques et en donne une nomenclature très complète.

Il cite comme type de la végétation des bois calcaires très secs ceux de La Chapelle-Saint-Ursin, vers Villeneuve et Saint-Florent : ces localités sont d'ailleurs devenues classiques ;

4° Landes, marais, étangs de Sologne et de Brenne... Après avoir constaté la grande similitude de la Sologne et de la Brenne, M. Le Grand étudie les principaux caractères de la première de ces régions.

C'est à ce point que son travail est resté inachevé.

Il faut d'autant plus le regretter que les pages dont la Société historique a eu connaissance présentent un très réel intérêt scientifique.

Publications reçues depuis l'impression du dernier Bulletin :

Bulletin of the Geological Institution of the University of Upsala edited by Hj. Sjogren, vol. XI, 1912.

Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 3e série, t. II, 4e trimestre 1911.

Revue horticole de la Société d'horticulture et de botanique des Bouches-du-Rhône, avril 1912.

Revue du Berry et du Centre, mai et juin 1912.

Mémoires de la Société académique d'agriculture, des sciences, arts et belles-lettres du département de l'Aube, t. XLVIII, 3e série, 1911.

Missouri botanical Garden, twenty-second annual report, 1911.

Lignières-en-Berry, janvier 1909.

Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest, t. IV, 3e série, 1910.

Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, t. XVII, 1906-1911.

Mémoires de la Société des Sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, t. XXVIII, 1re partie, 1911.


Bulletin trimestriel des Antiquaires de Picardie, année 1912, 1er trimestre.

Comité des Travaux historiques et scientifiques. Comptesrendus du Congrès des Sociétés savantes de Paris et des Départements tenu à Caen en 1911. Section des Sciences.

Revue de Saintonge et d'Aunis, XXXIIe vol., 3e livr. 1912.

Bulletin de la Société botanique des Deux-Sèvres, 23° année, 1911-1912.

Bulletin de la Société nationale de France, 1911.

Mémoires de la Commission des Antiquités du département de la Côte-d'Or, t. XVI, 1er fascicule, 1910-1911.

Mémoires de la Société nationale des sciences naturelles et mathématiques de Cherbourg, t. XXXVIII, 1911-1912.


N° 45. — OCTOBRE 1912.

Séance du 20 Juillet 1912

PRÉSIDENCE DE M. TOURNOIS, VICE-PRÉSIDENT.

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.

M. le Président présente les excuses de MM. Larchevèque, A. Mornet, Cassier et Dumonteil.

M. René Dupuis, présenté par MM. E. Turpin et Magdelénat, est élu membre titulaire.

M. E. Turpin reprend la lecture de l'histoire de la Seigneurie et de l'ancien canton de Saint-Florent, par M. Cartier de Saint-René. La partie générale de cet ouvrage a paru dans nos Mémoires de 1910 ; la seconde en est formée des monographies des huit communes de la circonscription ; celles de Saint-Florent et de Civray ont fait l'objet d'une communication dans la séance du 20 juillet 1911.

L'auteur nous présente aujourd'hui les monographies de Lunery, Morthomiers et Saint-Caprais. Suivant le plan qu'il s'est tracé pour les précédentes, il donne le résumé obligé des faits connus, en y ajoutant beaucoup de renseignements statistiques et biographiques empruntés aux archives publiques ou particulières et à la tradition : la chronologie des curés et des maires, un aperçu des charges communales à diverses époques, les modifications successives de la valeur du sol, viennent augmenter l'intérêt de ses études locales. Nous devons borner notre analyse à une esquisse générale.

Pour Lurery, M. de Saint-René rappelle que ce point paraît


avoir été l'un des séjours favoris des Romains sur les bords du Cher ; outre des épées, des amphores, etc., on y a trouvé d'importantes substrictions qui paraissent provenir d'un établissement balnéaire, ainsi que les traces de nombreuses villas ; l'une d'elle était pavée d'une mosaïque remarquable dont une partie est déposée au musée de Cluny. Cette commune, qui comptait 668 habitants au début du XIXe siècle, en a aujourd'hui 1.881, grâce à la création en 1836 et au développement des forges de Rosières, devenues un de nos plus florissants établissements industriels.

La commune de Morthomiers s'est également signalée à l'attention des archéologues par la découverte de tumulus renfermant des sépultures gauloises et de souterrains accusant une plus haute antiquité. Indépendamment d'objets plus ou moins précieux datant de l'ère gallo-romaine, les fouilles ont mis au jour un oenochoé en bronze attribué à l'art étrusque, et que l'on a considéré comme un témoin des migrations de nos ancêtres. M. de Saint-René note encore les vestiges d'un camp près de la chaussée dite de César qui allait d'Avaricum à Poitiers; il mentionne la destruction, aux environs du bourg, de la bande de Pastoureaux qui avait saccagé Bourges en 1251. Morthomiers, autrefois paroisse, est reliée pour le culte à Villeneuve ; sa population, qui avait doublé au plus fort de l'exploitation de ses riches mines de fer (1870) est maintenant descendue au-dessous du chiffre de 1793.

Saint-Caprais avait dépendu de la seigneurie de SaintFlorent depuis le XIIIe siècle et faisait partie de la circonscription cantonale de ce nom, avant sa réunion à celle de Levet en l'art IX ; sa population a augmenté de 25 % en cent ans. La paroisse existait dès 853 ; l'abside et la tour de l'église remontent au XIe siècle ; la nouvelle flèche qui surmonte le clocher date de 1882; quant à la nef, probablement détruite lors des guerres de la Fronde, qui ont ravagé le bourg, elle a dû être construite au XVIIe siècle, car on trouve trace d'un don fait en 1668 pour la rebâtir.

L'évêque constitutionnel Torné avait nommé à SaintCaprais le curé Petitjean qui sortait de prison pour avoir fomenté une émeute à Epineuil, où il exerçait son ministère, en prêchant le partage des biens et le refus de l'impôt. Ce prêtre démissionna et fut remplacé par Charles Brisson, ancien curé de Moulins-sur-Yèvre, puis l'un des vicaires généraux du métropolitain, qui ne tarda pas non plus à renoncer au sacerdoce. Charles Brisson était le grand-oncle de


feu M. Henri Brisson et non son grand-père comme on l'a prétendu.

Saint-Caprais a vu naître Chaumeau, notre vieil historien du Berry.

Publications reçues depuis l'impression du dernier Bulletin :

Bulletin de la Société archéologique de Sens, t. XXVI, 1911.

Revue du Berry et du Centre, juillet, août et septembre 1912.

Revue horticole de la Société d'horticulture et de botanique des Bouches-du-Rhône, mai, juin, juillet et août 1912.

Bulletin de la Société des fettres, sciences et arts de la Corrèze, 2e livraison 1912.

Bulletin de la Société d'études des Hautes-Alpes, 3e série, n°s 40, 41 et 42.

Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 3e livraison 1911.

Proceedings of the american philosophical Society held at Phifadelphia for promoting useful knowledge, januarymarch 1912.

General Index to the Proceedings of the philosophical Society wel at Philadelphia for promoting useful knowledge, volumes 1-50, 1838-1911.

Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, 1911.

Revue scientifique du Bourbonnais et du Centre de la France, n° 2, 1912.

Revue du Berry et du Centre : Bulletin du Musée municipal de Châteauroux, avril et juillet 1912.

Société d'Emulation d'Abbeville, bulletin trimestriel 1 et 2, 1912.

Bulletin de la Société archéologique du Midi de la France, nouvelle série n° 39, 1909, et n° 40, 1912.

Revue de Saintonge et d'Aunis, XXXIIe vol., 4e livraison, 1912.

Lignières-en-Berry, février 1909.

Annales de l'Académie de Mâcon, 3e série, t. XV, 1910.

Bulletin archéologique, historique et artistique de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne, t. XXXIX, 1911.

Bulletin trimestriel de la Société des Antiquaires de Picardie, année 1912, 2e trimestre.


Recueil des notices et mémoires de la Société archéologique du département de Constantine, 5e série, 2e vol. 1911.

Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, t. XLI, 1911.

Bulletin de la Société historique et archéologique de Langres, t. VI, n° 87, 1912.

Mémoires de la Société des Antiquaires de l'Ouest, t. V, 3e série, 1911.

Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 3e série, t. II, 1er et 2e trimestres 1912.

Bulletin de la Société d'Emulation du Bourbonnais, n°s 1 à 6, 1912.

Mémoires de la Société d'Emulation d'Abbeville, t. V. Documents inédits relatifs à l'histoire du chapitre et de l'église de Saint-Vulfran d'Abbeville, 1912.

Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 2e livraison 1912.


N° 49. — NOVEMBRE 1912.

Séance du 24 Octobre 1912

PRÉSIDENCE DE M. LARCHEVÈQUE, PRÉSIDENT

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.

M. Dupéron s'est excusé de ne pouvoir assister à la séance de ce jour.

M. le Président prononce l'éloge de M. Lelièvre et de M. le docteur Séguin, récemment décédés.

Bien que ne prenant pas une part active aux travaux de la Société en raison de ses occupations absorbantes, M. Lelièvre s'intéressait vivement à toutes les questions historiques se rattachant au Berry, et plus d'un de nos confrères est allé, pour se documenter, puiser à ses souvenirs.

M. le docteur Séguin avait été Vice-Président de la Société historique et il faisait partie du Comité de publication. Avant son départ de Bourges, il fréquentait assidûment les séances mensuelles où ses qualités lui avaient conquis toutes les sympathies. C'était un érudit, et ses travaux sur les Echinides fossiles avaient attiré sur lui l'attention des savants qui se sont spécialisés dans cette branche de la zoologie et parmi lesquels il avait très rapidement pris rang avec honneur.

La Société décide que des notices nécrologiques seront consacrées, dans le prochain volume des Mémoires, à MM. le docteur Séguin et Lelièvre ainsi qu'à M. Léon Dupuis dont elle a eu également cette année à déplorer la perte.

M. le Président dépose sur le bureau un exemplaire : 1° du dernier rapport de M. A. Gandilhon sur le service des Archives départementales ; 2° du tirage à part de l'étude de M. Maurice Supplisson sur Les véritables armoiries de la ville de Sancerre ; 3e de la Note sur le langage berrichon, de M. Tur-


pin, lue au Congrès régionalisle de Bourges de 1911. Des remerciements sont adressés aux auteurs de ces travaux qui ont bien voulu en faire hommage à la Société historique.

M. le Président donne lecture du rapport qu'il a adressé à M. le Préfet du Cher, au sujet de l'emploi de la subvention que le Conseil général a bien voulu accorder à la Société.

En rappelant la note de M. Godon sur quelques bornes anciennes qui vient d'être insérée dans le volume de 1912, avec une addition relative aux bornes marquées du monogramme de Saint-Etienne de Bourges et signalées au village de l'Etang, commune de Beaulieu (Loiret), M. E. Turpin fait passer sous les yeux de ses confrères le croquis de celles-ci, au nombre de deux, qu'un correspondant de l'endroit a bien voulu lui adresser. Il pense que l'attention de la Commission de notre Musée départemental pourrait être appelée sur ces vestiges existant aux contins de la province du Berry, et dont l'un, tout au moins, semblerait avoir sa place indiquée auprès des anciennes bornes déjà recueillies.

M. R. Gauchery, à cette occasion, annonce qu'il a retrouvé une autre borne de l'abbaye de Saint-Sulpice près du château de Vouzay et du Moulin-Bâtard.

A l'aide des énonciations d'un acte privé datant de l'an XI, M. Devaut identifie les deux rues qui s'y trouvent mentionnées sous les noms de Tricolore et de l'Attache-Jarretière : la première dénomination avait été donnée par les édiles de la période révolutionnaire à la rue Porte-Jaune ; la seconde était appliquée à la portion de la rue du Four actuelle reliant la rue Porte-Jaune à la rue Molière (ancienne rue Porte-Saint-Jean).

M. E. Turpin reprend la lecture de l'Histoire de la Seigneurie et de l'ancien canton de Saint-Florent, par M. Cartier de Saint-René, avec les monographies du Subdray, Trouy et Villeneuve qui terminent l'ouvrage.

Après une description topographique sommaire, l'auteur établit, pour chaque commune, la comparaison habituelle des données économiques depuis la lin du XVIIIe siècle. Pour la population, le chiffre est revenu au niveau du recensement de 1793, descendant d'une courbe dont le maximum, atteint de 1861 à 1881, représentait, au Subdray et à Villeneuve, une augmentation d'environ 50 %, due à l'exploitation des mines de fer de la région. Les superficies cultivées se sont étendues principalement au Subdray, où elles ont doublé. Dés avant la Révolution, la commune de Trouy


se distinguait de ses voisines dans la culture de la pomme de terre; c'est à ses habitants que le duc de Béthune-Chârost distribua le plus de ses primes pour la vulgarisation de ce tubercule. L'accroissement de la richesse en bestiaux a été surtout sensible en ce qui concerne la race ovine, dont l'effectif pour l'ensemble des communes a presque triplé.

Comme dans les autres monographies, l'auteur a condensé les renseignements essentiels sur les origines connues des bourgs, sur les églises, offrant au Subdray un des plus remarquables clochers romans du Berry et à Trouy une abside du XIIe siècle. Il a dressé le tableau des biens du clergé à l'époque de leur nationalisation et mêlé à la chronologie des curés des traits intéressants de la vie de quelques-uns d'entre eux.

Précédant la nomenclature des maires, un autre groupement de chiffres indique, pour une série de dates, les parts de contributions directes versées par chaque commune à l'Etat dans l'ancien et le nouveau système d'impôts, et le montant des budgets dont la marche ascensionnelle résulte du développement considérable des services municipaux, plus encore que la dépréciation du numéraire. Le registre des délibérations de Trouy de l'an II à l'an X a fourni à l'auteur la matière de curieuses éphémérides concernant le prix des journées, le paiement en grains des salaires et des fournitures, l'élection de magistrats, l'adjudication de la perception des impôts, etc.

Ses notices sur les villages et les châteaux nous ramènent à la trame générale de l'histoire et de l'archéologie du pays. Sa chronologie des possesseurs de fiefs rappelle à nos souvenirs les vieilles familles des Pelourde, des Anjorrant, des Gougnon, des Soumard, etc., avec encore le nom de Collet de Messine, acquéreur en 1785 de la terre de Trouy, dont la soeur devait épouser l'évêque Torné. Il relate les coutumes particulières de Trouy et parte de la justice seigneuriale de Villeneuve en citant ses baillis.

Enfin, il nous donne l'inventaire des antiquités en mentionnant le passage sur Trouy de l'ancienne voie d'Avaricum à Néris et à Clermont ; sur le Subdray, de celle d'Avaricum à Poitiers, d'où provient la belle borne milliaire placée au Musée lapidaire de Bourges ; les restes, au Tronçay, même commune, d'une enceinte signalée par M. Martinet dans son Berry préhistorique, et non encore fouillée; les tumulus du Chaumoy d'où on a extrait des objets en bronze ; sur le territoire de Villeneuve, les substructions d'une villa, des re-


tranchements en pierre, un menhir et une allée couverte importante qui a été naguère malheureusement détériorée ; — ensemble intéressant de témoins laissés par les civilisations celtique et romaine dans celte partie de fa vieille contrée biturige.

La lecture du travail de M. Cartier de Saint-René étant terminée, M. le Président remercie à nouveau l'auteur de sa communication et rend hommage à ses consciencieux efforts. Il constate l'intérêt que présente son étude d'histoire locale, bien que le cadre des Mémoires de la Société auxquels elle était destinée l'ait obligé à la restreindre aux choses essentielles.

Comme suite à l'histoire de la seigneurie de Saint-Florent, M. E. Turpin signale à la Société, d'après des renseignements tout récents de M. de Saint-René, l'existence, aux environs du Subdray, d'un terrain dont la topographie semble être celle d'un ancien camp. Il est décidé, en principe, qu'une délégation de la Société s'y transportera afin de procéder à l'examen de cet emplacement.

En raison de l'heure avancée, M. le Président remet à la prochaine séance la lecture de l'analyse faite par M. Galletier de l'ouvrage de M. D. Mornet sur Le Romantisme en France au XVIIIe siècle.


N° 50. — DÉCEMBRE 1912.

Séance du 21 Novembre 1912

PRÉSIDENCE DE M. LARCHEVÈQUE, PRÉSIDENT

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.

Se sont excusés de ne pouvoir assister à la séance de ce jour : MM. Dumonteil, Paul Gauchery, Maras et H. Ponroy.

Présentation est faite d'un nouveau membre titulaire. Il sera voté sur son admission dans fa prochaine séance.

M. le Président donne lecture du programme arrêté par la Commission des travaux historiques et scientifiques, en vue du Congrès des Sociétés savantes qui se tiendra à Grenoble en mai 1913. Ce programme est tenu par le Secrétaire de la Société à la disposition des membres qui désireraient en prendre connaissance.

M. le Président signale dans la Revue du Centre et du Bourbonnais la mention d'une nouvelle station de la Farsetia clypeala, près de Marvejols.

Notre très honorable confrère, M. le marquis de Vogué, membre de l'Académie française et de l'Académie des inscriptions et belles-tettres, a bien voulu faire hommage à la Société historique de la réédition d'une de ses oeuvres : Une famille vivaroise, précédemment tirée à un très petit nombre d'exemplaires en 1905.

Cette histoire de la famille de Vogué n'était pas destinée primitivement au grand public : c'est un récit fait par un père à ses enfants, exaltant le respect des traditions et le culte des souvenirs de la famille. Comme M. de Vogué l'indique luimême, c'est donc avant tout un livre de piété familiale et de bonne foi : il est écrit avec cette rare distinction qui fait le charme des oeuvres du savant auteur.


Mlle Jane Hazon de Saint-Firmin a offert à la Société historique une étude: Un assassin du duc Henri de Guise, François II de Montpezat, baron de Laugnac. Ce travail fort documenté présente un très réel intérêt que M. le Président a tenu à signaler. Des remerciements sont adressés à l'auteur.

M. l'abbé Vilaire signale une note parue dans la Semaine Religieuse du diocèse de Bourges, n°s 44 et 45, sous la signature de M. H. Fournier, curé de Vignoux-sur-Barangeon (Cher). Elle concerne Marie Kasimire, reine de Pologne, née paroisse de Vignoux-sur-Barangeon, au château de Villemenard, dont il ne subsiste plus que le débris d'une tour et un large fossé à demi comblé.

La terre de Villemenard appartenait, il y a quelques années, à M. de Laboulaye, ancien ambassadeur de France à ta cour de Russie, sous Alexandre III, qui fut membre de notre Société. Il aimait à rappeler les souvenirs historiques qui se rattachaient à notre compatriote Marie Kasimire de la Grange d'Arquien, devenue reine de Pologne.

M. Supplisson, membre associé, est, sur sa demande, nommé membre titulaire.

M. Galletier donne lecture de l'analyse de l'ouvrage de M. Daniel Mornet sur Le Romantisme en France au XVIIIe siècle.

Il est à peine besoin de rappeler quels sujets d'étude le romantisme et les romantiques ont, depuis quelques années, fournis à nos critiques. Non seulement on a, par de patientes recherches, jeté une lumière plus vive sur la vie et sur l'oeuvre des auteurs, mais on s'est efforcé aussi de mieux connaître l'état d'âme du public qui les accueillit. Une révolution littéraire ne s'improvise pas. Et si aujourd'hui nous ne voyons plus dans les « poètes chevelus » de 1820 les légitimes héritiers de la Pléiade, du moins sommes-nous persuadés qu'ils doivent au dix-huitième siècle plus qu'eux-mêmes n'auraient osé l'avouer.

C'est là ce que M. Daniel Mornet vient de prouver excellemment dans Le Romantisme en France au XVIIIe siècle.

Dans la première partie de son ouvrage, Inquiétudes romantiques, M. Mornet nous montre les âmes du XVIIIe siècle, même celles de la première moitié du siècle, en proie aux vagues aspirations qui feront plus tard les délices d'un Obermann ou d'un René. Presque tous souscriraient à ce mot de Mme de Luisieux (1750) : « Vivre sans passion, c'est dormir toute sa vie et rêver que l'on boit, que l'on mange, que l'on marche,


que l'on parle. Il faut être remué par quelque affection pour être. » L'émotion, voilà désormais ce que vont rechercher ■ces esprits inquiets qui, en peinture, ne se contenteront plus des paysages calmes et « composés » du grand siècle, mais aimeront à voir prodiguer les farges horizons, les torrents mugissants, tes rocs pendants, les arbres échevelés et qui, dans l'ornementation de leurs parcs, délaisseront les lignes réguiières et harmonieuses d'un Le Nôtre pour les caprices du jardin anglais, et sèmeront dans leurs jardins des ruines artificielles, les autels de la rêverie et les tombeaux. Le goût du paysage romantique, le goût de l'Alpe et des ascensions, le besoin d'aller méditer et rêver sur la plage battue des fiots, la vogue de Shakespeare et de Young, des romans violents et macabres, tout cela traduit à merveille le dédain de la vie monotone, l'amour de l'exagéré et du frisson.

Le Romantisme n'est pas seulement pour nous une exaspération du sentiment. Nous aimons à y trouver aussi, suivant le mot de Sainte-Beuve, « des émotions légères et douces », la rêverie et la mélancolie. Ce ne sont point là choses inconnues au XVIIIe siècle, si nous en croyons la seconde partie du livre de M. Mornet. N'était-il pas digne de vivre au début du siècle passé ce prince de Crouy qui quittait Versailles à trois heures du matin pour aller à son Ermitage voir se lever l'aurore et se réveiller la vraie nature? Rousseau n'a-t-il pas passé sa vie loin des hommes, conversant avec les plantes, peuplant la nature de ses rêves? Sont-ils du XVIIIe siècle ou des contemporains de Sénancour, ces personnages réels ou fictifs, Julie de Lespinasse, Loaisel de Tréogate, Liebmann, Werther, qui trouvent une douceur infinie à pleurer et prennent déjà cette attitude distinguée où s'étudieront plus tard les héros en proie « au mal du siècle ».

La Poésie Romantique semblait donc prête à éclore au ■cours du XVIIIe siècle. Malgré la résistance des classiques et des humanistes, les règles de la critique se faisaient plus larges, la poésie commençait à s'affranchir des sévérités du grand siècle. En 1834, Hugo proclamera bruyamment qu'il osa le premier disloquer « ce grand niais d'Alexandrin » et « fit fraterniser la vache et la génisse ». Mais Delille, Roucher, Fontanes avaient déjà fait plus qu'on ne croit généralement pour la liberté des vers, et l'auteur des Jardins avait réhabilité bien des mots dont le XVIIe siècle avait fait des parias. Qu'at-il donc manqué au XVIIIe siècle ? des poètes moins froids, moins soucieux de décrire pour le plaisir de décrire et moins amis de la rhétorique.


Voilà ce que nous apprend le livre de M. Mornet. Comme tout ce que fait l'auteur, c'est un livre solide, documenté et neuf. II faut ajouter, pour être juste, que des idées nouvelles ne perdent rien à s'exprimer dans une langue claire, précise et colorée — et que les belles pages, finement pensées et joliment écrites, ne manquent pas dans le dernier ouvrage de M. Mornet.

En fin de séance, M. le Président rappelle qu'il sera procédé dans la prochaine réunion à la nomination du bureau pour l'année 1913.

Aux termes de l'article 10 des Statuts, le vote par correspondance est admis.

Le Président est éligible pendant trois années consécutives, et les vice-Présidents le sont pendant deux ans. Ils ne peuvent être réélus qu'un an après l'expiration de leurs pouvoirs.

Le Secrétaire général et le Trésorier sont nommés pour cinq ans; les Secrétaires adjoints et les Membres du Comité de publication pour un an : ils sont indéfiniment rééligibles.

En conséquence, M. Larchevèque, Président, étant arrivé à l'expiration de ses trois années de présidence, n'est pas rééligible. MM. Gandilhon et Tournois, vice-Présidents, nommés en 1911, sont rééligibles, ainsi que MM. Marcel Mornet et Robert Gauchery, Secrétaires adjoints, et MM. Ponroy et Turpin, Membres du Comité de publication. M. le Dr Séguin, décédé, Membre de ce Comité, est à remplacer. Le Secrétaire et le Trésorier, élus en 1908, ne sont pas arrivés à l'expiration, de leur mandat.


N° 51. — JANVIER 1913.

Séance du 19 Décembre 1912

PRÉSIDENCE DE M. LARCHEVÈQUE, PRÉSIDENT

Le procès-verbal de la précédente réunion est lu et adopté.

Se sont excusés de ne pouvoir assister à la séance de ce jour MM. Bourdin et Octave Roger.

M. Robert Lelièvre, notaire à Bourges, présenté par MM. A. Mornet et Th. Larchevèque, est élu membre titulaire.

Présentation est faite d'un nouveau membre titulaire ; il sera procédé à son admission dans la prochaine séance.

M. le Président rappelle en quelques mots élogieux que M. Ducrot, récemment décédé, était, à titre de maire de Bourges, président d'honneur de la Société historique, et avait toujours témoigné envers elle un bienveillant intérêt; la Société partage donc pleinement les regrets causés par sa disparition.

M. le Président fait également part du décès de M. Mater, un de nos doyens, puisqu'il était membre titulaire depuis le 12 novembre 1869. Archéologue distingué et numismate de haute valeur, M. Mater occupait la présidence de la Commission du Musée du Berry et celle de la Société des Antiquaires du Centre. A maintes reprises, on avait voulu le placer à la tête de la Société Historique ; mais, trop absorbé par ses travaux, il avait toujours décliné cet honnneur et s'était contenté d'exercer la vice-présidence. Il nous a donné de nombreuses études dont la dernière, concernant le Musée et parue dans nos Mémoires de 1906 et 1908, avait été particulièrement remarquée.

Les membres présents s'associent aux paroles de M. le Président pour déplorer le vide que M. Mater laisse après


lui dans le monde savant. Une notice nécrologique sera consacrée à notre regretté confrère.

M. le Président dépose sur le bureau :

1° Un opuscule de M. le Mis de Vogué intitulé : « La citerne de Ramleh (Palestine) », extrait des Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (vol. XXXIX), concernant l'une des savantes études de notre éminent compatriote sur les arts anciens de l'Orient ;

2° Un exemplaire de « Notre vieux Bourges », ouvrage de MM. Paul Gauchery et A. de Grossouvre, formant un nouveau guide des plus autorisés et des plus clairs pour l'inventaire des richesses archéologiques de notre cité.

Des remerciements sont adressés aux auteurs pour l'hommage qu'ils ont bien voulu nous faire de ces volumes.

Sur la proposition de M. le Président, la Société envoie ses félicitations à deux de ses membres : M. l'abbé Lorain, élevé à la dignité de protonotaire apostolique, et M. Bourdin, qui vient d'être nommé chevalier du Mérite agricole.

M. Paul Gauchery signale un travail de M. Louis-Eugène Lefèvre intitulé : « OEuvres d'art diverses disparues ou existantes dans les églises d'Etampes. » Outre le mérite de faire sentir la nécessité de recherches semblables sur tous tes points de fa France, ce travail offre pour nous un intérêt spécial en résumant une étude de l'auteur sur la cloche donnée à l'une de ces églises, celle de Notre-Dame, par le duc Jean de Berry.

Cette cloche fut fondue en 1401, avec le métal d'une plus ancienne et une certaine quantité d'autre fournie par le duc. On sait qu'il dota de cloches et de timbres d'horloges de nombreuses églises (Bourges, Niort, Poitiers, etc.) C'était une des formes de libéralité qui lui plaisaient le plus.

M. le Président commence la lecture d'un chapitre du travail de M. H. Boyer sur les Corporations des arts et métiers de Bourges, relatif aux « Métiers du bois ».

Les « travailleurs du bois » étaient désignés au Moyen âge sous le titre générique de « charpentiers ».

On les classait, au XIIIe siècle, sous six chefs : les charpentiers grossiers ou charpentiers proprement dits, les huchiers ou faiseurs de meubles, tes tourneurs, les tonneliers, les charrons, les charretiers (carrossiers), les cochetiers ou fabricants de coches d'eau (bateaux).

Dans ce chapitre, il n'est question que des charpentiers proprement dits, qui jadis occupaient dans l'art du bâtiment


une place plus importante qu'aujourd'hui, les constructions en pierre n'étant que l'exception, surtout dans les villes du Nord et du Centre.

Jusqu'au grand incendie de 1487, Bourges, en particulier, avait été une « ville de bois », car la charpente dominait presque exclusivement non seulement dans l'habitation du bourgeois et du populaire, mais encore dans le palais royal, le logis du roi, comme on disait alors.

Toutefois, avec le temps, le luxe du confort relégua peu à peu le charpentier dans le « travail de la grande cognée », si bien que sa part se réduisit bientôt à la confection du gros oeuvre : toiture, escaliers, etc., tandis que les intérieurs devinrent du ressort de la menuiserie.

Les statuts des charpentiers se modifièrent bientôt en conséquence et durent faire la part de chacun (1648).

Comme métier distinct, la charpenterie de Bourges avait sa confrérie, et comme patron saint Michel. Sa chapelle se trouvait dans l'église des Jacobins. Le compagnonnage y était fortement organisé et jouissait de privilèges qui n'existaient pas dans tes autres professions.

Le chef-d'oeuvre de la charpenterie était des plus sérieux et se composait de trois épreuves distinctes : les deux premières comportaient une interrogation sur les bois et sur la géométrie ; dans la troisième épreuve, toute pratique, l*'aspirant opérait des assemblages. En 1697, toutefois, une seule expérience suffit pour fa réception.

Pour devenir maître, il fallait justifier d'une origine française et être de bonnes vie et moeurs.

Au point de vue des habitudes, il est à remarquer que tes charpentiers se sont toujours fait remarquer au Moyen âge par leur rudesse et leur esprit de mutinerie. Il en est résulté qu'à maintes reprises l'autorité dut employer vis-à-vis d'eux des procédés « peu goueux ».

Vers 1700, les charpentiers de Bourges formaient encore, sinon la totalité, du moins la tête d'une corporation.

En fin de séance, il est procédé au renouvellement partiel du Bureau pour l'année 1913.

M. Ponroy, élu comme Président, ayant déclaré ne pouvoir accepter en raison de ses nombreuses occupations, un second scrutin désigne pour ces fonctions M. E. Turpin.

MM. les Vice-Présidents et Secrétaires adjoints actuels sont maintenus. Comme membres du Comité de publication, avec M. Ponroy maintenu, sont élus : MM. Larchevèque et Paul


Gauchery en remplacement de M. Turpin, nommé Président, et de M. Séguin, décédé.

Le Bureau se trouve ainsi composé :

Président : M. E. Turpin ;

Vice-Présidents : MM. Tournois et Gandilhon ;

Secrétaire général : M. A. Dumonteil ;

Secrétaires adjoints : MM. Marcel Mornet, avocat, et Robert Gauchery;

Trésorier : M. Albert Mornet;

Membres du Comité de publication : MM. Th. Larchevèque, Ponroy et Paut Gauchery.

Publications reçues depuis la séance de novembre :

Revue scientifique du Bourbonnais et du Centre de la France, n°s 3 et 4, 1912.

Comité des travaux historiques et scientifiques. — Bulletin historique et philologique, année 1911, n°s 3 et 4 ; Bulletin archéologique, année 1912, 2e livr.

Mémoires de la Société Nationale des Antiquaires de France, 8e sér., t. I, 1911.

Revue horticole de la Société d'horticutture et de botanique des Bouches-du-Rhône sept., oct. et nov. 1912.

Proceedings of the american philosophicat Society held at Philadelphia for promoting useful knowledge, april, june, july, august., sept. 1912.

Revue de Saintonge cl d'Aunis, XXXIIe vol., 5e et 6e livr., 1912.

Lignières-en-Berry, mars 1909.

Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons, t. XXVIIe, 3e sér. 1910.

Bulletin de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, t. XVI, 1er et 2e trim. 1912.

Mémoires de la Société d'histoire el d'archéologie de Chafon-sur-Saône, 2e sér., t. IV, 2° partie, 1912.

Catalogue des collections de la Société d'histoire et d'archéologie de Chalon-sur-Saône, 1re partie : Archives, classées par Pierre Besnard, 1912.

Congrès des Sociétés savantes. Discours prononcés à la séance de clôture, le samedi 13 avril 1912, par M. Steeg, ministre de l'Intérieur, et par M A. Lacroix, membre de l'Institut.


Mémoires de la Société historique et archéologique de Langres, t. IV, n° 2, 1912.

Mettensia VI. Mémoires et documents publiés par la Société Nationale des Antiquaires de France. Fondation Auguste Prost. Fasc. 3, 1911.

Bibliographie annuelle des travaux historiques et archéologiques publiés par les Sociétés savantes de la France, par Robert de Lasteyrie, 1908-1909.

Bibliographie générale des travaux historiques et archéologiques publiés par les Sociétés savantes de la France, par Robert de Lasteyrie, t. V, 4e livr , 1911.

Bulletin de la Société académique de Brest, 2e sér., t. XXXVI, 1911-1912.

Revue du Berry et du Centre. — Bulletin du Musée municipal de Châteauroux, oct, nov. et déc. 1912.

Annales de la Société Académique de Nantes et de la LoireInférieure, 1er sem. 1912.

Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, année 1911.

Bulletin de la Société des lettres, sciences et arts de la Corrèze, 3e livr., 1912.

Bulletin de la Société d'études des Hautes-Alpes, 4e sér., 3e et 4e trim. 1912.

Bulletin mensuel de la Société archéologique d'Eure-etLoir, n° 11-12 1911 et 3 à 9 1912.

Bulletin de la Société d'agriculture, lettres, sciences et arts du département de la Haute-Saône, 1912.

Comité archéologique de Senlis. Comptes et mémoires, 5e sér., t. III, 1911.

Société des Antiquaires de Picardie. Dictionnaire historique et archéologique de la Picardie. II. Arrondissement d'Amiens, cantons de Corbie, Hornoy et Molliens-Vidame, 1912.

Société des Antiquaires de Picardie. Fondation Edmond Sayez. La Picardie historique et monumentale, t. V, n° 1. Arrondissement de Doullens, ville et canton de Doullens, notices par M. Ph. des Forts, 1912.

Société des Antiquaires de Picardie. Fondation Henri Debray. Documents inédits sur l'abbaye, le comté et la ville de Corbie. Atlas : Bulle sur papyrus par Benoît III pour l'abbaye de Corbie (855), publiée par M. Clovis Brunel, 1912.

Bulletin de la Société d'histoire naturelle de Colmar, nouvelle sér., t. XI, années 1911 et 1912.



N° 52. — FÉVRIER 1913.

Séance du 23 Janvier 1913

PRÉSIDENCE DE M. E. TURPIN, PRÉSIDENT

A l'ouverture de la séance, M. E. Turpin remercie ses confrères de l'honneur qu'ils ont bien voulu lui faire en lui confiant la direction des travaux de la Société.

C'est une lourde tâche qu'il aurait voulu voir en d'autres mains. Puisqu'il n'a pu s'y dérober, il s'efforcera, dit-il, de la remplir de son mieux avec le concours de tous et en particulier de MM. les Membres du Bureau, en s'inspirant des leçons de son honorable prédécesseur qui, pendant la dernière période triennale, a apporté à la gestion de notre petite république des lettres un savoir, une prudence et un zèle auxquels il est heureux de rendre, au nom de tous, un hommage reconnaissant. II termine en exprimant l'espoir qu'une émulation féconde multipliera, de plus en plus, les recherches et les travaux que la Société a pour mission d'encourager.

M. le Président profite de l'installation du Bureau pour remercier MM. Devaut et Godon des soins qu'ils donnent à fa conservation de notre bibliothèque, et pour les prier de vouloir bien les continuer.

Le procès-verbal de la réunion du 19 décembre 1912 est adopté après lecture.

MM. Devaut et Gandilhon se sont excusés de ne pouvoir assister à la séance de ce jour.

Des félicitations confraternelles sont adressées à M. Dupéron, élevé à la 3e classe du professorat dans sa chaire d'histoire au lycée ; à MM. Gandilhon et Paillat, promus officiers de l'Instruction publique ; à M, Hervet, réélu Prési-


dent de la Chambre de Commerce, et à M. Magdelénat, élu membre titulaire de la même Compagnie.

A noter, parmi la correspondance que M. le Président communique, les souhaits de nouvel an adressés par la Société archéologique de Tarn-et-Garonne, dans la forme distinguée qui lu est habituelle ; lecture est donnée de la réponse.

M. le Président annonce que selon un voeu déjà exprimé, il se propose de relever, avec la collaboration de ceux de ses confrères qui pourront consacrer quelques loisirs à ce travail, et de signaler par la voie du Bulletin mensuel, sous le titre de : travaux à consulter, celles des matières intéressant le Berry qui sont contenues dans les publications que nous recevons du dehors en échange des nôtres. Il s'agit d'indications purement bibliographiques, qui, sans fournir toujours de l'inédit, pourront, à des degrés divers, par les dates, faits, etc., servir de références pour les études concernant les personnages, les auteurs ou les choses de notre ancienne province.

M. Edmond Brioux, retraité de l'Administration générale de l'Assistance publique, à Bourges, présenté à la séance de décembre par MM. Th. Larchevèque et E. Turpin, est élu membre titulaire.

Présentation est faite d'un nouveau membre associé ; il sera voté sur son admission dans la prochaine séance.

M. Paul Gauchery profile de la circonstance de la démolilion de la maison sise au pied de la tour de la Cathédrale, et à l'encognure de laquelle se trouvait la pierre du XVIIe siècle, portant l'inscription : Icy se donne le gris, pour faire un court résumé des interprétations plus ou moins hasardées (pain gris, sel gris, vin gris, drap gris, petit-gris, cri public) que cette inscription a provoquées jusqu'à ces dernières années, et confirmer l'opinion qu'il a précédemment soutenue (V. les Mémoires de 1909) de concert avec M. E. Turpin. Celte pierre, par sa position et sa forme, n'est pas une enseigne, et nul doute sur sa signification ne peut exister en présence de la locution : On vend du gris, recueillie avec le sens de : Il fait grand froid, par un grammairien contemporain de la sculpture, Antoine Oudin, dans ses Curiosilez françaises, (1649). Une élude récente de M. A. L'Esprit (V. La Cité 19111912) explique aussi, de nouveau, par cette locution, le symbole de la statue du Vendeur de gris qui existait à Paris sur le parvis de Notre-Dame, et où l'on envoyait les niais se prendre à la farce de son commerce imaginaire.


Si la pierre de Bourges doit, comme on le dit, être replacée sur le mur du nouvel alignement de la rue élargie de plus de dix mètres, le sens de l'inscription qu'aidait à comprendre le courant d'air continuel causé jusqu'alors dans l'étranglement du passage, par la hauteur et l'ombre de la tour, ne s'imposera plus de lui-même avec autant de force à la réflexion du passant. Il en sera, sans doute, un peu de ce vestige comme de la pierre de Sainte-Colombe (Nièvre), dont la place actuelle n'a rien de commun avec le problème philologique qu'elle pose ; et seule, à notre connaissance, l'inscription du défilé du Donjon, à Dun-sur-Auron, gardera rigoureusement la justification topographique de l'idée qui l'a inspirée.

La parole est donnée à M. Albert Mornet, pour la reddition de son compte de l'exercice 1912. Après examen, ce compte est approuvé, à l'unanimité, dans toutes ses parties et des remerciements avec félicitations sont votés à M. le Trésorier pour le dévouement et le soin remarquables qu'il ne cesse d'apporter depuis longtemps à la gestion financière de la Société.

Le projet de budget pour 1913, qu'il soumet ensuite à l'Assemblée, est également adopté sans modification.

M. Galletier analyse et commente la relation de l'aventure survenue en Berry, l'an 1573, à Martial Deschamps, médecin ordinaire de la ville de Bordeaux. C'est une histoire bien dramatique et bien édifiante.

Notre héros s'était, à cette date, fait chevalier servant de deux femmes veuves de Bordeaux, Jeanne de la Geard et sa fille Jeanne de ta Chassaigne, qui devaient défendre leurs droits sur le domaine de Châtelus-le-Marcheix, (près Bourganeut), contre un de leurs parents et surtout contre un hobereau dénué de scrupules, Gaspard Foucauft sieur de Beaufré. Décidé à soutenir devant le Parlement de Paris les droits des deux femmes, Deschamps partit de Bordeaux, se rendit d'abord au château de Châtelus et songea de là à gagner Paris : il passa donc successivement à Bourganeut, Guéret, La Châtre, mais fut, avant Issoudun, aux environs d'Ambrault, assailli par des gens du sieur Foucault, et emmené dans la forêt de Châteauroux où les brigands le jetèrent, en pleine nuit, dans un étang avec son compagnon de route, après leur avoir soigneusement lié bras et jambes.

Les victimes parvinrent cependant à se dégager et purent se réfugier en lieu sûr ; elles obtinrent en 1576 un arrêt de mort contre leurs agresseurs.

Martial Deschamps s'est fait lui-même le narrateur de


l'événement, dans un petit livre diffus et pédantesque dont la conclusion, un peu inattendue, est toute religieuse. L'auteur s'efforce, en effet, d'y prouver contre les philosophes athées et matérialistes, que leur salut était humainement impossible et que seule l'intervention de la Providence pouvait les arracher à une mort inévitable. Et il conclut que les Français devraient s'unir dans une commune adoration de la Divinité plutôt que de s'abandonner à l'athéisme ou aux erreurs coupables de la Réforme.

Le récit de Deschamps est généralement accompagné d'une Monodia tragica, composée par te poète latin Dorat, l'un des membres de la Pléiade, oeuvre déclamatoire et prétentieuse, qui nous montre pourtant quel retentissement eut à travers la France l'acte de brigandage commis au pays de Berry.

En raison de l'heure avancée, la fin de l'ordre du jour est renvoyée à la prochaine séance.

Publications reçues depuis l'impression du dernier Bulletin :

Société agricole, scientifique et littéraire des PyrénéesOrientales, 53° vol., 1912.

Revue horticole des Bouches-du-Rhône, décembre 1912.

Société d'émulation d'Abbeville, bulletins n°s 3 et 4, 1912.

Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron. Procèsverbaux des séances du 24 février 1910 au 28 décembre 1911.

Revue photographique du Centre, 3e et 4e trim. de 1912.

Travaux à consulter :

1° Bulletin archéologique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1912, 2e liv. : Communication de MM. de Goy et le colonel Thil sur la découverte de stèles romaines à Saint-Ambroix (p. LXXX).

2° Revue scientifique du Bourbonnais et du Centre, n° 4, 1912 : Les tirs contre la grêle, par M. l'abbé Th. Moreux, avec note critique de M. E Olivier (p. 93).

3° Bulletin de la Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne, 65e vol., 1911 : Histoire de la ville de SaintFlorentin, par M. Camille Hermelin. — Généalogie des comtes de Champagne (pour la seigneurie de Sancerre) (ch. II, p. 303,


304, 317, 320). — Note biographique sur Jean d'Aumont, comte de Châteauroux (ch. VI, p. 426). — Note biographique sur l'archevêque de Bourges, Renaud de Beaune (ib. p. 429).— Note relative à l'archevêque Phélypeaux d'Herbaut (ch. XI, p. 541).

4° Société agricole, scientifique et littéraire des PyrénéesOrientales, 53e vol., 1912 : Le passage du Perthuis, par M. Jacques Freixe. — Commandement du Grand Condé (IIe partie, p. 455).

5° Société d'émulation d'Abbeville, bulletins n°s 3 et 4, 1912 : Les seigneurs de Francière, par M. le comte de SaintPol. Quetques fettres du duc de Béthune, prince souverain d'Henrichemont et de Boisbelle (XVIIIe s., cotes 1, 10, 15).



N° 53.. — MARS .1913.

Séance du 20 Février 1913

PRÉSIDENCE DE M. E. TURPIN, PRÉSIDENT

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.

MM. Dumonteil, A. Mornet et l'abbé Vilaire se sont excusés de ne pouvoir assister à la réunion.

M. le Président souhaite la bienvenue à M. Brioux, nouveau membre titulaire, et adresse un salut cordial à M. Octave Roger, que ses occupations empêchent de prendre part aux travaux de la Société aussi souvent qu'il le désirerait, mais qui se déclare heureux de continuer ici une tradition de famille dont elle sait tout le prix.

Remise est faite au Comité de publication des renseignements recueillis pour compléter la notice historique sur Lebois des Guays, dont le Journal paraîtra dans les Mémoires de cette année. Un résumé historique des opérations militaires accomplies pendant la période sur laquelle porte cette relation (1er septembre-18 octobre 1813), sera rédigé pour être placé comme éclaircissement en tête du texte.

M. Aupet, instituteur en retraite à Venesme, présenté par MM Th. Larchevèque et E. Turpin, est élu comme membre associé.

Sur l'initiative de plusieurs membres, l'Assemblée examine l'opportunité de provoquer et d'encourager la confection de tables générales pour certaines publications périodiques du Berry, dont le besoin est reconnu. Diverses solutions sont envisagées ; on y reviendra après plus ample informé.

M. H. Ponroy communique une notice historique présentée par M. Jouvellier sur quelques anciens fiefs mouvants du château de Mehun-sur-Yèvre ; la lecture de cet ouvrage sera inscrite à l'ordre du jour de la prochaine séance.


M. Th. Larchevèque reprend la lecture du chapitre sur les ouvriers du bois compris dans l'histoire des corporations et confréries d'arts et métiers de la ville de Bourges, par feu M. Hippolyte Boyer.

Jusqu'à la fin du XVe siècle tout charpentier fut menuisier, et ce n'est qu'au XVIIe siècle que la séparation entre ces deux corps d'état peut être considérée comme définitive.

Le mot menuisier dans le sens où nous l'employons encore aujourd'hui remonte au XVIe siècle. Il se disait déjà des ouvriers qui s'occupaient de menus ouvrages sur bois ; à cette époque, les menuisiers étaient également désignés sous les noms de huchiers ou bahutiers, et plus tard ébénistes quand ils se servaient du bois d'ébène. Ces derniers, à partir du XVIIe siècle, eurent la spécialité de la marqueterie et du placage ; quand aux layetiers ou coffretiers, ils assemblaient les coffres et les layettes ou boîtes.

Ces différentes branches de la menuiserie eurent successivement leur vogue : le coffre fut tout d'abord le meuble indispensable ; bientôt il fut détrôné par le bahut, qui luimême fit place à des meubles plus élégants, ornés de cuivre; d'applications de marqueterie, etc., dans la confection desquels le célèbre Boule est resté sans rival.

Dès lors, l'ébéniste se sépara nettement du menuisier proprement dit, auquel il laissa la fabrication des portes, fenêtres et lambris, pour se réserver la confection du mobilier.

Les premiers statuts des menuisiers remontent à 1585 ; d'autres furent rédigés en 1612. Chaque année, les menuisiers célébraient la fête de leur patronne sainte Anne et se cotisaient pour subvenir aux dépenses dont cette fête était l'occasion. Cette cotisation, qui était primitivement de 2 sous 6 deniers, se trouvant à peine suffisante pour couvrir les frais du service religieux, fut, dans la suite, portée à 4 sous 6 deniers.

Un droit de confrérie, différent suivant les grades, était également perçu.

La corporation des menuisiers était, d'ailleurs, de celles qui avaient à supporter le plus de charges résultant de créations d'offices et de maîtrises extraordinaires.

En certaines villes, la communauté des menuisiers avait une marque officielle déposée à l'hôtel de ville, en général un M accompagné d'une équerre avec les armes de la ville.

Cette marque ne pouvait être apposée qu'à la suite d'une vérification sévère des jurés qui ne se contentaient pas de


visiter les ateliers, mais se rendaient encore chez les bourgeois où les menuisiers pouvaient être occupés.

Le chef-d'oeuvre pour l'aspirant en menuiserie devait consister dans la confection soit d'un coffre de forme spéciale, soit d'un buffet à pans, ou bien d'un cabinet à retraite sur quatre colonnes. Le chef-d'oeuvre restait la propriété de son auteur ; quant aux fils et gendres des maîtres et aux seconds maris de leurs veuves, ils étaient privilégiés en ce sens qu'il leur suffisait de faire « un coffre à pied couvert ».

Plus tard, au lieu du chef-d'oeuvre, on imposa à tous les candidats à la maîtrise de coopérer à l'ornementation de la chapelle des Jacobins affectée à la corporation depuis que celle-ci avait abandonné l'église des Carmes.

L'aspirant devait, en outre, avoir fait un stage d'une année chez un maître de fa ville « sans subterfuge ».

En 1623, la communauté des menuisiers comprenait 32 maîtres, et en 1630, 22 seulement.

Dans la reconstitution, en 1777, des métiers en groupes plus compacts, elle prit le titre de communauté des menuisiers, ébénistes, tourneurs, layetiers, tonneliers, boisseliers, etc., et compta, de ce fait, 12 maîtres et 52 agrégés.

Publications reçues depuis l'impression du dernier Bulletin :

Mémoires de la Société des Antiquaires du Centre, XXXIVe vol., 1911.

Revue horticole des Bouches-du-Rhône, janv. et févr. 1913.

Revue de Saintonge et d'Aunis, XXXIIIe vol., 1er livr.

Bulletin historique et philologique, 1912, n°s 1 et 2.

Revue du Berry et du Centre, Société académique du Centre, fév. et mars 1913.

Bulletin de la Société d'émulation du Bourbonnais, juill.- déc. 1912.

Bulletin de la Société nivernaise des lettres, sciences et arts, XXIVe vol., 3e fasc.

Bulletin de la Société des lettres, sciences et arts de la Corrèze, 4e livr., 1912.

Lignières-en-Berry, n° 74, avril 1909.

Revue scientifique du Bourbonnais, 1913, n° 1.

Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire de Béziers, vol. XLII, 2e livr.

Bulletin trim. de la Société des Antiquaires de Picardie, 1912, 3e et 4e trim.


Travaux à consulter dans les publications ci-dessus :

Revue de Saintonge et d'Aunis. La fin de la déportation ecclésiastique dans les îles de Ré et d'Oleron, par M. P. Lemonnier. Noms des prêtres du Cher et de l'Indre compris dans les dernières libérations à la suite du Concordat de l'an X.

Bulletin de la Société d'émulation du Bourbonnais. — 1° XIVe Excursion. A travers la châtellenie de Belleperche; VII. Le parc de Baleine. Station de l'Helodea canadensis (p. 288). (Cf. Mém. de la Soc. hist. de 1884, p. 203) ; VIII. Le Riau. Aveu de la vicomte de Bourges aux religieux de S. Sulpice en 1506 (p. 297). — 2° La Seigneurie de Champaigue et ses possesseurs, par M. Dénier. Généalogie de la famille de Troussebois, originaire du Berry (pp. 354 et suiv.).

Bulletin de la Société nivernaise. Le Nivernais pendant la Guerre de cent ans, par M. de Flamare. — Période de 1404 à 1425. Guerre civile des Armagnacs (parti de la France, avec le duc Jean de Berry) et des Bourguignons (parti de l'Angleterre, avec le comte de Nevers). — Incursions dans le val de la Loire ; défense du château de Sancerre, etc., etc. Passim.


N° 54-. — AVRIL 1913.

Séance du 27 Mars 1913

PRÉSIDENCE DE M. E. TURPIN, PRÉSIDENT

MM. Dumonteil, Gravet de la Buffière, Th. Larchevèque et A. Mornet s'excusent de ne pouvoir se rendre à la convocation.

Le procès-verbal de la séance du 10 février est lu et adopté.

M. le Président communique : 1° la lettre de remerciement de M. Aupet, élu membre associé ; 2° l'accusé de réception, par le Ministère de l'Instruction publique, de l'envoi des volumes de nos Mémoires de 1912 distribués par ses soins aux Sociétés correspondantes ; 3° l'invitation de la Société des Sciences et Lettres de Loir-et-Cher à la fête du 80° anniversaire de sa fondation, qui aura lieu à Blois le 13 avril prochain, sous la présidence de M. Paul Vitry, conservateur au Musée du Louvre. MM. Paul Gauchery et Gravet de la Buffière sont délégués pour représenter la Société à cette commémoration.

M. Devaut présente à l'Assemblée un curieux petit cabinet ancien en marqueterie, qui pourrait avoir constitué un chefd'oeuvre exécuté pour l'accès de la maîtrise dans une corporation d'ébénistes.

M. Aupet signale la découverte récente des ruines d'une villa gallo-romaine, près du village de Sçay, commune de Venesmes. Les premières fouilles ont mis au jour quelques objets en bronze et en fer, plusieurs monnaies et des débris de poterie et de verre. L'assemblée remercie et félicite notre confrère de son zèle et le prie de continuer ses bons offices auprès du propriétaire, en vue de la poursuite méthodique


des recherches et de la conservation des trouvailles, en attendant qu'une délégation de la Société se rende sur les lieux pour les études utiles.

M. le Président communique une lettre caractéristique adressée le 7 février 1787 par le chirurgien Pérussault, d'Henrichemont, à M. de Bengy, lieutenant général à Bourges, à propos de l'opération de la taille sur un jeune homme de la paroisse de Morogues. On voit dans cette lettre la trace de la lutte que l'homme de l'art, même en offrant des soins gratuits, subit contre l'influence des charlatans et empiriques, quasi ouvertement préférés d'abord par la famille ; quand, après plus d'un an, il est enfin réclamé, il déclare l'opération urgente en opposant le temps de nécessité à ce qu'on appelait alors le temps d'élection (printemps et automne), pour ces sortes d'opérations auxquelles on n'avait commencé à se livrer en France qu'au XVIe siècle et qui étaient toujours fort délicates, malgré les perfectionnements déjà apportés aux instruments. Rien d'étonnant à ce que, le long affaiblissement du malade diminuant encore les chances de succès, le praticien de campagne, soucieux de ménager sa responsabilité, ait proposé de le confier aux chirurgiens de l'Hôtel-Dieu.

Le chirurgien Pérussault était originaire du Menoux (Indre). Il mourut à Henrichemont en 1819.

La parole est donnée à M. Ponroy pour la lecture de l'étude de M. Jouvellier sur d'anciens fiefs qui relevaient du château de Mehun. Partant de la « Description du pais et duché de Berry », écrite par de Nicolay en 1567, M. Jouvellier s'est spécialement attaché à ceux des vingt-six fiefs énoncés au chap. XXXIII de cet ouvrage, qui se trouvaient compris dans l'enceinte de la ville et les faubourgs. Aux deux qui y sont indiqués, il a pu, par de patientes et minutieuses recherches, en ajouter quelques autres omis par de Nicolay, bien que renfermés dans le périmètre de Mehun et dont trois, au moins, existaient au temps de cet auteur.

Les deux premières notices lues concernent les fiefs de l'Hôtel Barbarin et de l'Hôtel Pucelle. L'histoire de la succession des droits seigneuriaux assis sur ces propriétés s'accompagne d'un abondant contingent de renseignements généalogiques des plus intéressants, qui embrassent une période remontant jusqu'au XIVe siècle.


La lecture de la suite de celle étude est renvoyée à une réunion ultérieure.

Publications reçues depuis l'impression du dernier Bulletin :

Mémoires de la Commission des Antiquités du département de la Côte-d'Or, t. XVIe, 2e fasc. 1911-1912.

Bulletin de la Société archéologique et historique de l'Orléanais, t. XVI, n° 203 (3e et 4e trim. de 1912).



N° 55. — MAI 1913.

Séance du 17 Avril 1913

PRÉSIDENCE DE M. GANDILHON, VICE-PRÉSIDENT

M. le Président présente les excuses de M. E. Turpin, empêché de présider la séance de ce jour.

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.

M. Larchevèque annonce le décès, survenu à Vierzon, de M. Sélim Bodin, membre titulaire de la Société. Bibliophile éclairé et chercheur averti, M. Sélim Bodin s'était consacré depuis de longues années à l'étude des langues et à des travaux d'érudition littéraire.

Des félicitations sont adressées à M. Octave Roger, membre titulaire de la Société, à l'occasion de sa nomination comme Président de la Commission du Musée.

M. le Président dépose sur le bureau les ouvrages suivants :

1° Un Saint-Amandois célèbre, Godin des Odonais, explorateur (1713-1792), par M. de Laguérenne.

2° La Renaissance littéraire dans les provinces du Centre, particulièrement en Berry, par M. Henri Brun (de Briare).

3° La Notice nécrologique sur M. Urbain Guérin, économiste, né à Bourges, contenue dans le Bulletin de l'Association amicale des Anciens Elèves du Lycée de Bourges (1912-13) et dont M. Sifflet, directeur honoraire des Contributions directes, est l'auteur.

Il fait ressortir l'intérêt tout particulier de ces ouvrages pour lesquels des remerciements sont adressés aux auteurs et donateurs.

M. le Président annonce que M. Cartier de Saint-René, membre correspondant, a entrepris la confection d'une


table spéciale aux matières historiques et littéraires de la Semaine Religieuse du diocèse. Il constate toute l'utilité que peut présenter ce travail pour les érudits et les chercheurs, et, en leur nom, il exprime le voeu de le voir mener très rapidement à bonne fin.

Les membres présents prient M. le Président de transmettre à M. le Préfet du Cher un voeu relatif à la réintégration, dans la Cathédrale de Bourges, d'un certain nombre de panneaux de vitraux qui, vers 1883, ont été transportés à Paris et se trouvent maintenant au Trocadéro. Ces vitraux appartiennent incontestablement à la Cathédrale d'où ils ont été enlevés sans l'assentiment des parties intéressées, et l'identification d'un certain nombre d'entre eux est d'autant plus facile, qu'ils ont été jadis reproduits dans l'ouvrage des PP. Cahier et Martin.

M. P. Gauchery rend compte de la fête du 80me anniversaire de la fondation de la Société des sciences et lettres de Loiret-Cher, à laquelle il a pris part comme délégué de la Société Historique du Cher. Dans la séance d'ouverture, M. Vitry, conservateur au Musée du Louvre, a fait une remarquable conférence sur les monuments de Blois comparés aux monuments construits à la même époque, tant en France qu'à l'étranger. Une visite de Blois a suivi cette conférence, et M. Gauchery a pu faire d'intéressants rapprochements entre l'hôtel d'Alluye, en particulier, et l'hôtel Lallemant.

Communication est donnée du programme de l'Exposition des Beaux-Arts et des Arts décoratifs qui sera ouverte à Châteauroux du 1er au 12 juin prochain.

M. Ponroy entretient la Société des fouilles de Sçay, commune de Venesmes, et donne lecture d'un rapport, avec croquis à l'appui, adressé par M. Aupet, sur les découvertes qui ont été faites à cet endroit.

Sur un plateau dominant la côte de Sçay, dans un champ cultivé, M. Lemaire a trouvé les fondations d'une construction qui était, semble-t-il, assez importante, et dont les murs avaient une largeur de 1 m. 25 en moyenne et assez souvent supérieure. Elle devait avoir environ 38 mètres de longueur et 20 mètres de largeur. Dans un des angles de celte construction, M. Lemaire a recueilli trois petites pièces de monnaie en bronze à l'effigie de Constantin ; d'après les empreintes laissées sur les pierres entre lesquelles elles étaient placées, elles devaient être au nombre de six. Au même point, des morceaux de la base et d'une partie du.


fût d'une colonne en pierre étaient placés sur la maçonnerie. M. Lemaire a en outre trouvé, parmi les fragments de tuiles à rebord, de grandes briques et de dalles en pierre : 1° une sorte de petit couvercle en bronze ; 2° des morceaux de verre irisé ; 3° un objet qui pourrait être le fond d'un vase en plomb ; 4° un couteau à briques; 5° une certaine quantité de dents et d'ossements d'animaux ; 6° des gros clous ; 7° un gond, etc., etc.

Cette découverte semble confirmer la tradition, qui a persisté jusqu'à présent sans preuves parmi les habitants du village d'En-bas, proche du lieu exploré, qu'il existait anciennement dans cet endroit une agglomération appelée Villecomble.

Les membres présents, après avoir écouté avec un vif intérêt le rapport de M. Aupet et les explications de M. Ponroy, remettent à la prochaine séance la décision relativement à la participation de la Société Historique aux fouilles entreprises par M. Lemaire.

M. Dumonteil donne lecture du brevet de nomination de Jean-Charles Talleyrand de Périgord de Chalais, comme lieutenant général du duché de Berry et « capitaine gouverneur de la Ville et Tour de Bourges ». Cette nomination est datée du 16 novembre 1736 ; on pourrait, par suite, s'étonner qu'il y soit fait mention de la charge de « capitaine de la Tour », la Tour de Bourges ayant été détruite à la fin de l'année 1651.

Il faut chercher la raison du maintien de cette formule dans ce fait que Louis XIV, tout en ordonnant la démolition de cet important ouvrage de défense, avait néanmoins décidé que « les hommages pour les fiefs mouvants de ladite grosse Tour relèveraient à l'avenir de son logis et château de Bourges et se feraient au bureau des finances ». (Voir registre de la Ville, 1651-1658, et Raynal, t. 4, p. 345.)

La grosse Tour a donc subsisté fictivement après 1651, en tant que signe de l'autorité suzeraine.

M. E. Turpin, dans le même ordre d'idées, a du reste relevé que les Actes de foi et hommage du XVIIIe siècle, conservés aux Archives départementales, mentionnaient tous, pour la mouvance de Bourges, le château et grosse Tour, ou seulement la grosse Tour.

M. Dupéron donne ensuite lecture de l'introduction qu'il s'est chargé de préparer pour la publication du Journal de Leboys des Guays, précédemment communiqué. En voici le résumé :


Après la désastreuse campagne de Russie, Napoléon dut demander, une foi de plus, de lourds sacrifices à la France : Leboys des Guays s'était engagé avant la levée par anticipation de la classe de 1814 dont il faisait partie.

Il arrive le 30 août 1813 à Leipzig, au moment où les lieutenants de Napoléon étaient partout vaincus : à Gross-Beeren, à Dennewitz, à la Zatzbach et à Kulm. Pendant tout le mois de septembre, il ne cesse — avec son escadron du 24e chasseurs à cheval — de rayonner autour de la ville afin de repousser les éclaireurs ennemis de plus en plus audacieux.

Napoléon, malgré sa victoire de Dresde, se retire sur Leipzig pour ne pas être débordé par les coalisés ; il ne peut empêcher la jonction des trois armées du Nord, de Silésie et de Bohême, et le 16 octobre a lieu ce choc formidabte de 500.000 soldats qu'on a appelé fa bataiile des Nations.

Leboys des Guays participe à cette lutte meurtrière de quatre jours et échappe, comme par miracle, à une épouvantable canonnade qui t'impressionne profondément.

Il nous fait un tableau saisissant et pittoresque des horreurs du champ de bataille couvert de morts et de mourants ; mais son journal s'arrête brusquement : il ne nous parle pas de la retraite du 19 octobre. Comment Leboys des Guays a-t-il pu échapper au désastre? Il eut été intéressant de le savoir. Quoiqu'il en soit, ce journal renferme des renseignements précieux — parce qu'ils sont « vécus » — sur cette période de la campagne d'Allemagne qui devait décider du sort de l'Empire et aussi de la France.

Sur la proposition d'un certain nombre de membres, il est décidé que les séances mensuelles de la Société commenceront dorénavant à huit heures un quart très précises.

Publications reçues depuis l'impression du dernier Bulletin :

Polybliblion, 2e sér., t. 77e, 4e liv., 1913.

Bulletin de la Société historique et archéologique de Langres, t. VI, n° 88, avril 1913.

Bulletin de la Société des lettres, sciences et arts de la Corrèze, 1er liv., 1913, janvier-février-mars.

Bulletin du Comité des travaux historiques et scientifiques. Section des sciences économiques et sociates. Congrès des Sociétés savantes de 1910, tenu à Paris.


Revue des études historiques, 78e année 1912.

Revue de Saintonge et d'Aunis (de la Soc. des archives histor.), XXXIIIe vol., 2e liv., 1er avril 1913.

Revue horticole (de la Société d'horticulture et de botanique) des Bouches-du-Rhône, 59e année, mars 1913.

Revue du Berry et du Centre (bulletin de la Société académique du Centre et du Musée de Châteauroux), avril 1913.

Mémoire de la Société académique de Cherbourg, vol. XIX.

Travaux à consulter dans les publications ci-dessus (en dehors de celle du Berry)

Bulletin du Comité des trav. histor. — Congrès des Soc. savantes. Intervention de M. Paul Hazard dans la discussion sur deux mémoires : 1° Principes qui distinguent le contrat de travail entre particuliers et les rapports du Gouvernement ou des administrations publiques avec leurs agents (séance du 30 mars 1912, p. 109) ; 2° La traite des blanches (séance du 1er avril, p. 174). — Le rôle de la sténographie dans le monde moderne. Cours de M. Chénon, professeur à la Faculté de droit de Paris, sténographiés par lui-même. Observation de M. Nicault (même séance, p. 185).

Revue des études historiques. — Isabelle de Montmorency, duchesse de Châtillon et de Mecklembourg, par M. P. Fromageot. Ses relations politiques et sa correspondance avec le Grand Condé. (Passim). — Compte-rendu critique de l'ouvrage de M. Henri Marion : La dîme ecclésiastique en France au XVIIIe siècle, rédigé en partie d'après les documents des archives du Cher (p. 586).

Revue de Saintonge et d'Aunis. Analyse de la biographie ayant pour titre : Eugène Pelletait; l'homme et l'oeuvre, d'après des documents inédits, par M. Edouard Petit. Appréciation du rôle de Pelletan comme précepteur de Maurice Sand, de sa correspondance avec George Sand (p. 73), de sa brochure : Elisée, voyage d'un homme à la recherche de luimême, récit de ses voyages faits notamment en Berry (p. 78).



CATALOGUE DES PUBLICATIONS

DE LA SOCIETE

De 1852 à 1913

Commission Historique du département du Cher

Fascicule n°s 1 et 2, année 1852, pages 1 à 57 prix. 1 fr.

— n° 3, — 1854, — 58 à 81 (incomplet) » 50

— n° 4, — 1856, — 85 à 116 (gravures) » 75

(Ces quatre fascicules forment un premier volume in-8° de 116 pages)

Mémoires de la Commission Historique du département

du Cher

1re série, 1er vol. année 1857, VI-225 pages in-8° (épuisé) » »

— 2e — — 1860, 280 — avec gravures — » »

— 3e — 1er fasc. année 1861, pages 1 à 64 1 »

_ _ _ 2e — — 1864, — IX et 65 à 284, in-8° 2 50

Mémoires de la Société Historique, Littéraire et Scientifique

du Cher

2e série, 1er vol., année 1868, xx-392 pages, in-8° carré 5 »

— 2e — — 1874, XVI-373 - - 5 »

— 3e — — 1876, XXVII-323- — 5 "

3e série, 1er — — 1878, 1 vol. in-8° colombier de 400 pages avec gravures (épuisé) » »

— 2e — — 1882, un vol. en 3 fasc. in-8° colombier, 400 pages 7 »

4e série, 1er — — 1884, in-8° raisin, XX-405 pages 6 »

— 2e - - 1886, — XX-387 — 5 »

— 3e — — 1887, — 346 — .... (édition épuisée) » "

— 4e — — 1888, — XXIII-335— 6 »

— 5e — — 1889, — XXII-380 — (édition rare) 8 »

— 6e — — 1890, — XXIII-328— — 8 »


CATALOGUE OU PRIX-COURANT DES PUBLICATIONS

4e série, 7e vol., année 1891, in-8° raisin, XXIII-221 pages (épuisé) » »

_ 8e — — 1892, — XXIII-235 — (édition rare) 8 »

_ 9e _ _ 1893, — XVII-210 — (épuisé) » »

_ 10e — — 1895, — XVII-335 — ....... (édition rare) 8 »

_ 11e _ _ 1896, — XVII-347 — 6 »

_ 12e - — 1897, - XVI-233 — 6 »

_ 13e _ _ 1898, — XVI-314 — 6 »

_ 14e — — 1899, — XVI-286 — 6 »

_ 15e _ _ 1900, — XXVIII-269 — 6 »

_ 16e — — 1901, — XXVIII-254 — 6 »

_ 17e _ __ 1902, — XXXIV-352 — 6 »

— 18e — - 1903, — XX-258 — 6 »

_ 19e _ _ 1904., — XVIII-310 — 6 »

_ 20e — — 1905, — XVIII-406 — 6 »

_ 21e — —1906-1907,- XVIII-328 — 6 ».

_ 22e — - 1908, — XVIII-358 — 6 »

_ 23e — — 1909, — XXXII-188 — 6 »

_ 24e — — 1910, — XVIII-256 — (avec les bull. mens.). 6 »

_ 25e — — 1911, — XVIII-304 — _ 6 »

_ 26e _ — 1912, — XVIII-288 — _ 6 »

_ 27e — — 1913, — XVIII-280 — — 6 »

Monuments Gallo-Romains de la ville de Bourges. Fragments d'architecture et de sculpture provenant des fondations do l'ancienne enceinte. — 12 planches lithographiées de 0m40 sur 0m54 prix. 6 fr.

Réduction de 50 % sur les prix indiqués ci-dessus, en faveur des Membres de la Société, pour les volumes antérieurs à 1905 jusqu'à concurrence du disponible.

N. B. — Les prix ne sont portés qu'à titre d'indication et ne comportent aucun engagement de la part de la Société.


TABLE DES MATIÈRES

PAGES

Liste générale des Membres de la Société V

Liste des Sociétés correspondantes XV

La Seigneurie et l'ancien Canton de Saint-Florent-surCher. — 2e partie. Monographies locales ; 2e série : Lunery, Morthomiers, Saint-Caprais, Le Subdray, Trouy, Villeneuve, par M. C. DE SAINT-RENÉ 1

Essai de Bibliographie Berruyère. Topo-Bibliographie

(suite), par M. Louis ROLLET 61

Journal de Jacques-François-Etienne Leboys des Guays, brigadier au 24e régiment de chasseurs, pendant la campagne de 1813, avec une notice biographique par M. E. BRODY DE LAMOTTE et une introduction par M. P. DUPÉRON 97

Histoire des Corporations et Confréries d'Arts et Métiers de Bourges (suite), par M. Hippolyte BOYER .. 159

Monographie de Chalivoy-Milon (suite), par MM. C.

LELIÈVRE et F. VILAIRE 185

Notice nécrologique sur M. le Dr Séguin, par M. E.

TURPIN 241

Daniel Mater, sa vie, son oeuvre; avec bibliographie,

par M. H. PONROY. (Portrait.) 255

Notice nécrologique sur M. Lelièvre, par M. A. MORNET. 271

Voeux de la Société Archéologique de Tarn-et-Garonne

pour 1913. — Réponse 277

Bulletins mensuels de la Société (séances de juin 1912

(n° 47) à mai 1913 (n° 56) 281

Catalogue des publications de la Société de 1852 à 1913.