<PRE£MIÈRÈ 'PARTIE
LA FEMME, L'AMANT ET LE MARI
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NciT D'ÉTÉ, 1 NUIT D'AMOUR!
L'histoire que nous allons raconter est trop récente encore pour que nous puissions dire exactement le lieu où elle s'est passée; la plupart des gens qui en ont souffert sont vivants et désespérés; il serait inhumain d'ajouter à leur douleur, de rouvrir des plaies à peine cicatrisées.
Mettons que là première scène de notre drame se passe à Àuteuil, dans un de ces charmants petits pavillons construits au milieu d'un jardin mignon, clos sur la rue par une grille que masquent des lilas touffus.
La maison a deux étages sur un rez-de-chaussée élevé de quelques marches; elle est toute ficelée de lierre et de plantes pariétaires; cette verdure qui la couvre la rend gaie comme un nid.
C'est la demeure d'Hilaire Ténard de Marby, ex-capitaine de cavalerie, que des blessures nombreuses ont obligé de donner sa démission pour entrer dans les bureaux du ministère de la guerre. Ténard de Marby dit qu'il a passé la cinquantaine. C'est vrai, il l'a bien passée, il est même du mauvais côté.
Il se croit encore vigoureux parce qu'il est brusque, brave parce qu'il est insolent. Il vit dans la petite maison d'Auteuil avec sa femme Aurélie, une blonde admirable qui vient d'atteindre sa vingt-quatrième année, et la soeur de sa femme, Élise, une enfant chétive, ayant dix-sept ans et n'en paraissant pas quinze. Pauvre belle qu'une terrible maladie, la variole, a failli enlever; elle n'a échappé au fléau que pour vivre misérable et souffrante; elle est grêle, le dos se voûte, elle tousse souvent, le visage livide est légèrement gravé, au coin de la bouche, et cela lui donne un constant sourire; ses grands yeux noirs, cerclés de bistre, . ressortent étincelants dans la pâleur livide de son teint.
Le capitaine dit que c'est un monstre; il a dû la prendre à la mort de la mère de sa femme, et, de ce jour, la pauvre petite est devenue la Cendrillon de la maison.
La maison du capitaine Ténard de Marby est charmante à l'extérieur, à demi