Siluminures
avec des bois gravés par l'auteur
IL CA ÉTÉ TI1{É 1)É CE VOL UME : 3 exemplaires sur papier de Chine, numérotés de i a 3; 3 exemplaires sur papier impérial du Japon, numérotés
de 4 à 6 ; et 25o exemplaires sur papier de Hollande, numérotés de y à 256. EXEMTL&lIliE n° 164
DU MEME cAUTEU% : Dominical & Salutations,
dont d'angéliques -fc En Symbole vers l'Apostolat 4f Stac chansons de pauvre homme pour célébrer la semaine de Flandre #
EN cPcRÉcPoAeKsAriON : Les Sept OEuvres de ^Miséricorde
Enluminures
- Paysages - Heures - Vies - Chansons f] - Grotesques
par Max Elskamp.
Paul Lacomblez, éditeur BRUXELLES. MDCCCXCVIII
C'est qu'il y avait une petite ville, et peu de gens dedans, contre laquelle est venu un
grand roi, qui l'a investie, et quia bâti de grands forts contre elle. (Ecclésiaste IX. 14.)
Ici c'est un vieil homme de cent ans
qui dit, selon la chair, Flandre et le sang :
souvenez-vous-en, souvenez-vous-en,
en ouvrant son coeur de ses doigts tremblants
pour montrer à tous sa vie comme un livre, et, dans sa joie comme en ses oraisons, tout un genre humain occupé à vivre en ses villes pies d'hommes et d'enfants.
Or à tous ici, ses pleurs et ses fêtes, et, suivant le cielpeint à ses couleurs, voici sa maison, ses fruits et ses fleurs, en ses horizons d'hommes et de bêtes;
et lors ses heures d'hiver et printemps
venues en musique ainsi qu'en prières,
sous, des Christs en croix, des saints, des calvaires,
puis sa Foi aussi bonne en tous les temps,
pour la paix de sa vie trop à l'attache dans les jours, les mois, des quatre saisons, et le réconfort de ses mains qui tâchent ici de leur mieux et très simplement.
10
r pour commenicer tout en foi.
i
Or pour commencer tout en foi, à la façon des gens des bois qui sont les pauvres de chez moi,
avant de dire, en joies ou peines, mon pays tout d'eaux et de plaines, voici fait mon signe de croix
en l'amour des sots et des sages, car aujourd'hui c'est la chanson des fenêtres de ma maison,
i3
d'où les villes et les villages et le plus beau des paysages, bêtes, gens, arbres et nuages,
Passent, rient, vivent et s'en vont avec leur geste et leur langage Pour l'ornement des horizons.
Or, c'est lors mon coeur en voyage, et, prête à la bonne espérance, mon âme avec sa confiance,
qui s'en va sur terre aux agneaux et sur mer suivant les vaisseaux au hasard du vent et des eaux,
puis par les bois et par les routes où chante pour ceux qui l'écoutent la simple Vie bonne entre toutes;
et c'est ainsi qu'elle est chez moi quand c'est matin sur tous les toits avec la rosée goutte à goutte,
et voici ce qu'on dit chez moi,
à la façon des gens des bois,
quand c'est Marie-des-primes-routes.
i5
n dit :
il
Marie, épandez vos cheveux : voici rire les anges bleus
et dans vos bras fêsus qui bouge, avec ses pieds et ses mains rouges,
et puis encor les anges blonds jouant de tous leurs violons.
Or c'est matin vert aux prairies et, Marie, reg/zpdez la Vie :
comme elle est douce infiniment depuis les arbres, les étangs
jusqu'aux toits loin qui font des îles ; et, Marie, regardez vos villes
heureuses comme des enfants avec leurs cloches proclamant
les Paix naïves d'évangile
du haut de tous les campaniles
dans l'aube en or aux horizons que saluent, Marie-des-Maisons,
les miens des tâches coutumières et dévoués tout à la terre.
18
Mais lors chantez, gais laboureurs' de mon pays où le meilleur
est Flandre douce aux alouettes et dont les voix de joie concertent,
et passez au loin, les vaisseaux sur la mer qui rit aux drapeaux,
car Jésus tend ses mains ouvertes, Marie, pour embrasser la fête
que fait le ciel au prime jotir ici de soie et de velours.
it Marie lit un
évangile.
in
Et Marie lit un évangile
avec ses deux mains sur son coeur,
et Marie lit un évangile
dans la prairie qui chante-fleure,
et l'herbe, et toutes les couleurs des fleurs autour épanouies lui disent la joie de leur vie avec des mots tout en douceur.
Or les anges dans les nuées et les oiseaux chantent en choeur, et les bêtes, têtes baissées, paissent les plantes de senteur ;
mais Marie lit un évangile, oubliant les heures sonnées avec le temps et les années, car Marie lit un évangile;
et les maçons qui font les villes s'en vont leur tâche terminée, et coqs d'or, sur les campaniles, passent le vent et les nuées.
22
jlors c'est un pays Id'en haut.
IV
Alors c'est un pays d'en haut
tout aux oiseaux,
oh chantent fête : merles, pies, verdiers, êtourneaux, et passereaux, et loriots,
tous les oiseaux
montant au ciel leur voix de tête
et jusqu'au faîte :
ramiers, vanneaux,
émouchets, corneilles, corbeaux,
et plus haut encor alouettes,
mauves, mouettes.
23
Or c'est le doux concert des bêtes
au ciel, à l'eau,
disant son los, en la joie toute bonne d'être de la vie pour ne la connaître
que tout en beau
et tout d'en haut;
et c'est alors un pays d'ailes aux hirondelles, Flandre des tours
et de naïf et bon séjour;
et c'est alors un pays d'ailes et tout d'amour.
24
jais alors ici de ville jen villages.
v
Mais alors ici de ville en villages, cloches sonnant haut pour ceux des métiers, voici s'en aller mon coeur à l'ouvrage, truelles aux mains et sabots aux pieds,
avec les routiers disant litanies à chansons de près et grelots de loin, et les maçons marchant en compagnies aux routes où à est vie à tôt matin.
25
Or bonheur acquis dès bâton en mains, puis si joyeux de rire et de ramage, tailleurs et vanniers encensant leur saint, viles de langue et dans tous les langages,
voici les cordiers en chemin aussi, et dans leur moulin les meuniers qui chantent, puis vous les soldats en.si beaux habits, éprises d'amour toutes, les servantes,
et lors charpentiers sur vos plus hauts toits, où c'est fête de marteaux à la ronde, mon coeur avec vous aussi tout en joie, et soleil à tous luisant sur le.monde.
26
luis la mer monte.
VI
Puis la mer monte et vaisseaux, nefs, barques, bateaux,
ohé! ho! aux mâts les voiles, les drapeaux,
car la mer monte;
et bonne race, houlques, otters, botter s, pinasses,
ohé! ho! le pilote a mis son chapeau,
passez lapasse.
27
Puis la mer monte, et les femmes à leurs fuseaux,
ohé! ho! les maris reviendront tantôt,
feu! les fourneaux ;
mais la mer monte, et chalands au quai, bricks à l'eau,
ohé! ho! toutes les lumières en haut,
car la nuit tombe.
28
t lors en gris, et lors en noir.
vu
Et lors en gris, et lors en noir, — araignée du soir, bon espoir, —
fumez les toits et, sur les tables, les mets, aux bouches, délectables ;
et lors à tous, hommes et villes, baisers donnés, garçons et filles,
bonne nuit! car, à tricots chus, voici déjà qu'on n'y voit plus
29
et que, fil aux doigts qui se lie, c'est sommeil et tâche accomplie.
Or baume alors comme à mains pies, ceux qui pleurent et ceux qui prient,
et paille aux bêtes, lits aux gens de douceur et de pansement,
bonne nuit! les hommes, les femmes, bras en croix sur le coeur ou l'âme,
et rêve aux doigts en bleu et blanc les servantes près des enfants ;
et paix alors toute la vie : arbres, moulins, toits et prairies,
3o
et repos alors ceux qui peinent
au doux des draps, ait chaud des laines,
et Christs au froid que l'on oublie, et Madeleines repenties,
et Ciel aussi de large en long aux quatre coins des horizons.
3i
ormez-vous encor, paroissiens ?
i
Dormez-vous encor, paroissiens, hier n'est phis, les anges causent dans leurs jardins de fleurs de roses,
et c'est matin villes en bleu, villes en blanc, villes en Dieu, avec les clochers au milieti
des maisons, des toits, des bâtisses, des chapelles et des églises %
et des oiseaux, haut, plein les deux.
35
Or, ici, et plus près la terre,
voici oraisons et prières,
et baptême, mauvais et bons;
puis c'est le ciel vu de la mer, et les vaisseaux par le travers, et le soleil par le milieu,
et lors le monde à son grand voeu, et lors, au loin, toujours la mer, et puis, ici, sur les chemins,
mes bonnes villes familières, où chacun a joie de sa pierre, de sa maison et de ses saints.
Mais alors c'est vous tous les miens, et dormez-vous ? car le temps passe et le pêcheur est à ses nasses;
36
mais alors c'est vous tous les miens, et dormez-vous ? car le temps vient; or le boulanger cuit son pain,
et si sommeil vous est un bien, voici passé le temps de grâce; dormez-vous encor, paroissiens ?
37
ais revoici la Vie.
il
Mais revoici la vie et dans son beau missel, en marge, tout le ciel, mais revoici la vie,
et qu'elle chante et crie lors, pour sa gloire ici, avec tous les oiseaux et les enfants aussi.
3g
Puis sonnez, cathédrales, et haut, cloches d'en haut, puis chantez, cathédrales, et sortez vos drapeaux,
car revoici les heures, comme un bouquet quifletire, car revoici les heures, comme des soeurs unies,
pour la joie, yeux en larmes, pour la paix, toutes âmes, car revoici les femmes et le Bonheur aussi.
4°.
t c'est Lui, comme un matelot.
ni
Et c'est Lui, comme un matelot, et c'est lui, qu'on n 'attendait plus, et c'est lui, comme un matelot, qui s'en revient les bras tendus
pour baiser ceux qu'il a connus, rire à ceux qu'il n'a jamais vus, et c'est lui, comme un matelot, qui s'en revient le sac au dos.
41
Or, bonnes heures, bonnes heures, laissez alors choir vos tricots, or, bonnes heures, bonnes heures, endormez-vous jusqu'à tantôt ;
il fait si chaud dans nos demeures et c'est fête de si bon coeur ! Mais, par tances aux mâts d'en haut, voici s'agiter les vaisseaux,
et c'est Lui, comme un matelot, qui, vides les pots, partira, et c'est lui, comme un matelot, et Dieu sait quand il reviendra.
lors au loin, cheval au pas.
IV
Alors au loin, cheval au pas, cheval en blanc, comme on les voit aux joyeuses entrées des rois, alors au loin, cheval au pas,
alors ati loin, cheval au trot, c'est le beau temps de nos soupirs chez les autres qui s'en va rire, alors au loin, cheval au trot.
43
Or, ici de si bon accueil, alors nous voici tous en deuil, et bonnes gens, de tous mes seuils, la peine au coeur, le pleur à l'oeil;
mais vieilles gens qui priez d'or, alors dans le livre où les morts ont chacun leur croix et lettr page, mettez tme nouvelle image,
pour le beau temps qui s'est allé, cheval au trot, cheval au pas, vers ceux qu'il fallait consoler, ainsi qu'un cavalier s'en va.
44
oi je ne suis qu'un pauvre sacristain.
v
Moi je ne suis qu'un pauvre sacristain qui trouve déjà trop grand son village, et, dans son clocher, vit ciel et nuages à sonner sa cloche et regarder loin
l'hiver et tête qu'ont les paysages, Passer les vaisseaux quand c'est le matin, et s'aller en foi, au long des chemins, les gens de chez moi en pèlerinage.
45
Or aux horizons de toutes les vies, mon coeur a trouvé celle à son souhait, dans le monde ici si pur et si frais qu'on dirait que Flandre au loin se marie;
et les miens ici, les autres là-bas, aux villes qui rient, aux villes qui pleurent, paix vous soit du temps, paix vous soit des heures, Pour l'âme et le corps, les mains et les bras,
car, heures des miens, à tous en Partage, car, heures des miens, c'est un grand bonheur de vivre en trêve, pour le vrai labeur, ici de si bon et doux héritage.
46
présent voici comme une prière.
i
A présent voici comme une prière, et c'est la vie d'ici qui dit son temps selon le soleil, le jotir et la mer, et les villes où l'aller des passants
montre chacun oeuvrant à sa manière : seigneur à cheval, à pied paysan, et pour les fins de l'âme ou de la chair moines, matelots, pêcheurs, tisserands.
49
Or bêtes, gens, et lors tous à l'ouvrage, c'est la vie aussi qui veut son labeur ; et voici qu'on naît, et voici qu'on meurt, dans les chemins, les bois et les villages;
mais voici qu'on rit après, et qu'on aime, et qu'aux villes des sages et des fous tournent les moulins, ainsi que des rôties, sous les cloches, haut, chantant les baptêmes,
car ici l'on plante, car ici l'on sème, — et le temps nouant les jours bout à bout — Par la grâce des mains quotidiennes, c'est alors la vie portant des fruits doux.
5o
t chacun faisant son métier.
il
Et chacun faisant son métier, voici planter le jardinier
selon sa vie, d'être aux plantes, avec ses mains, doux et bon comme à des humains, sous le soleil et sous la pluie,
en son royatime des jardins, des parterres et des chemins
oii tout concerte : tonnelles, quinconces, berceaux, et par ses soins, branches, rameaux, pour faire, à tous, musique verte.
5i
Or c'est ici ses harmonies et voyez, lors, et tout en vie,
chanter les fleurs; Puis, pour l'ornement du feuillage, mûrir les fruits, sur les treillages, en senteurs, parfums et couleurs;
et yeux alors, comme un dimanche, voici fête d'arbres et branches
de toute part, et la terre comme embellie de tant de choses accomplies par ses mains et selon son art.
52
Lors voici sur un autre air.
ni
Alors voici sur un autre air encor les mains qui viennent, vont, et c'est ici bois, longerons qui montent prendre place en l'air
pour des maisons et des églises, qu'en leur vieux pacte d'amitié, en prenant leur temps, réalisent les maçons et les charpentiers.
53
Or aux villes, lors c'est la vie, et montez clochers dans le vent, et dans les cordes, les poulies, haut, l'architecte, ouvrez vos pians,
et ceux d'en bas qui rêvez d'ailes à cous tendus, venez aussi regarder monter aux échelles, drapeaux aux mains, les apprentis,
car sur les tours voici les croix toutes neuves dans la lumière, et, bonnes gens, alors vos joies suivant les briques et les pierres.
54
|ais comme en image à présent.
IV
Mais comme en image à présent voyez ici souffler le vent
et tout qui plie ; arbres, mâts, croix, roseaux, sapins, et puis aussi la mer au loin
qui hurle et crie.
faisant écume, embruns et eaux, Pour la kermesse des bateaux,
les bleus, les verts, vagues en bas, vagues en haut, donnant du flanc, donnant du dos,
beauprés en l'air.
:>:>
Mais lors, et tout à son métier, voyez aussi le batelier
assis en poupe, et comme il rit, l'écoute aux mains, de s'aller ainsi corps et biens
de cap en coupe;
car c'est la vie qu'il s'est choisie, ainsi qu'elle parlait en lui
selon la chair, de ceux de Flandre que l'on voit depuis tous les temps, rame aux doigts,
à vau la mer.
56
r dans les maisons.
v
Or dans les maisons, et lors dans les villes, où sont les jardins, les gens et la vie, et, pour la couleur, le soleil aussi, mais loin de la mer, et lors dans les villes,
voici la gent des servantes qui file
aux fenêtres des soirs et des matins,
et s'occupe dans la laine et le lin,
les yeux sur le monde au loin comme une île.
57
Mais voici leurs doigts aussi aux aiguilles, et lors portement en long de leur croix, écoutez leur coeur, car voici leurs voix qui chantent leur Pauvre et triste évangile;
et le maître qui rentre de la ville,
et la maîtresse qui verse le vin,
aux mains rouges mais aux peines habiles,
dites alors paix et repos enfin,
car en tout ici, c'est leur tâche faite, et leurs pauvres corps allés sous les toits, imphrant sommeil, après maison nette, auprès des enfants couchés dans leurs bras.
58
n rond les maisons.
i
En rond les maisons comme pour danser, en rond les maisons où, sur le marché,
l'homme qui dit là des mots à chanter, c'est moi pour la joie des miens tout en paix.
61
Or, gai! le fermier, salut ! l'aubergiste, et joie! le berger, que mai vous assiste,
c'est fête, à bras nus cuisez boulangers, et, papegai chu, riez les archers;
puis joie tout en rond des toits, des bâtisses, avec le printemps ouvrez vos comices ;
le joueur d'orgue est arrivé.
t connais-tu Marco la Belle?
il
Et connais-tu Marco la Belle, et nonne voulez-vous danser, et c'est le Lys de la venelle que l'on dit ici en été,
et puis encor, quand il fait froid, les pauvres Deux enfants de Roi qui s'aimaient tant que c'est vraie croix les chanter, même à basse voix.
63
Mais connais-tu la ritournelle qui fait rues pleines et gens soûls, en Flandre toute aux hirondelles quand les Géants sortent en août,
et puis encor la bienheureuse chanson si douce où c'est, de nuit, Passant sous la fenêtre heureuse l'eau complice du bon ami;
or, connais-tu — c'est la plus belle — Anna-la-Lune avec ses pies ? Mais alors chantent aux ruelles les enfants autour des bougies.
64
uis violon haussé d'un ton.
m
Puis violon
haussé d'un ton, — c'est dans le cahier à chanter — alors le très vieux boulanger
qui bat sa femme
nue corps et âme,
et violon baissé d'tm ton, c'est le soleil avec la pluie, emménageant la diablerie d'une kermesse sans cloche ou messe.
bs
Puis violons trop doux et bons aux maisons de mauvaise vie, c'est à l'amour, jusqu'à la lie, les matelots suivant leur lot;
et violons,
accordéons, et musiques à l'unisson des couteaux en l'honneur des femmes,
lors c'est chanson
à fendre l'âme.
66
ais l'heure sonne.
IV
Mais l'heure sonne
et c'est le jour, qui chante paix du haut des tours à ceux de peine, à ceux d'amour,
mais l'heure sonne;
et pauvres hommes,
pauvres femmes, doigts aux fuseaux ou mains aux rames, en paradis allez de l'âme
droit à vos trônes.
67
Mais l'heure sonne avec sa voix de toute douce et bonne foi, et le soleil avec sa joie
met sa couronne ;
mais l'heure sonne, et, gens de bien, gagnez le ciel avec vos mains, pour ceux de foi tous les chemins mènent à Rome.
68
\r Saint Pierre et -Marthe la Bonne.
v
Or saint Pierre et Marthe la bonne,
voici que le coq a chanté,
et que, Jésus ressuscité,
c'est grande fête chez les hommes
et que Pâques dit sa bonté sur les villes et sur les toits, et dans la chair, et dans la foi, puisqu'il fait doux comme en été.
69
Mais Flandre alors déjà si bonne, avec vos mains de charité, et saint Pierre et Marthe la bonne, que de beaux jours nous sont comptés
Pour la joie simple d'être en fête avec la bouche, avec les yeux et de s'aller coeur au milieu des choses, des gens et des bêtes,
car voici l'avare qui donne
et les prodigues amendés,
et saint Pierre et Marthe la bonne,
toutes mes villes en beauté.
70
ais lors ma joie ! étant Hollande.
VI
Mais lors ma joie étant Hollande, j'ai bâti du côté du jour, et dans des arbres tout d'atours, ma maison qui est en Hollande avec la mer autour,
et mon coeur y vit sa semaine avec sa joie, avec sa peine, et fean qui rit, ou Madeleine mon coeur y passe la semaine avec la mer autour.
7T
Or, en attendant son dimanche, mon âme est là comme un pêcheur au bord de l'eau et sous les branches à causer bas avec mon coeur Près de la mer autour,
d'une paix dont la bonté franche serait de partager d'amour toute ma vie dont c'est le tour de mettre enfin sa robe blanche avec la mer autour,
car tout est prêt, jusqu'à moi-même, dans la maison de bon séjour pour le bonheur qui vient quand même quand on l'attend, celle qu'on aime, avec la mer autour.
72
jr c'est ma vie rêver ainsi.
vu
Or c'est ma vie rêver ainsi, devant un peu trop d'espérance, mains aux genoux comme l'on pense à la mode de mon pays,
et coeur en foi, croyant de l'âme
que c'est déjà mon bien promis,
rien qu'à vous voir, hommes etfemmes,
et toutes les choses d'ici.
73
Mais lors le ciel, la mer aussi, et toute la vie bénévole, mais lors le ciel, et plein aussi, le monde de bonnes paroles,
musique, joie et bien acquis, c'est mieux que d'attente et de gage, mon coeur qui dit bonheur ici, à drapeaux mis sur ses villages,
car c'est son lot s'aller ainsi de joie aux hommes comme aux bêtes, voulant en tout, dimanche et fêtes, à la mode de son pays.
74
|t maintenant voici que l'on [boit et qu'on mange.
i
Et maintenant voici que l'on boit et qu'on mange, que les lèvres ont joie, que la bouche est aux anges,
et qu'à fruits d'ornement, figue, amande et raisins, tout compte fait ici c'est mon livre à sa fin,
car à présent voici que l'on rit et l'on danse à la mode d'Espagne, à la mode de France,
77
et que c'est vous et moi tous mes paroissiens qui trouvons joie ainsi à nous tenir les mains
pour la douceur qu'on a d'être soeurs, d'être frères, . à s'entraîner ici en maisons, bois et terres.
Or Flandre dite alors de toutes les manières, à la façon des fils, à la façon des pères,
c'est le roi qui boit et tout le monde qui rit, hommes, femmes, enfants et les bêtes aussi,
puis dimanche avec vous, soldats et militaires, et lundi menuisiers, et marchés maraîchères,
meuniers voici le vent, et printemps jardiniers,
et drapeaux mis aussi sur mes plus beaux clochers.
78
Mais lors douceur à tous, car tout est bien au monde, quand c' est plaisir aux yeux, de jardins et verdures,
et midi des repas faisant les tables rondes, voici rire la vie et mes mains en peinture
s'aller à vos souhaits enfin miens des villages en rouge autour des toits et foi au raisin vert
et selon mon coeur d'ici qui sait vos usages, prendre joie avec vous du ciel et de la mer,
car en toutes choses c'est simple le meilleur et d'ornement au corps comme à l'âme santé,
et bonnes gens alors en musique à son heure voici mon livre ouvert comme salle à danser.
79
8o
j|tvaisseau mon «bon frère.
il
Et vaisseau, mon bon frère, et lors voile, ma soeur, et tout autour la mer, et la tulifie en fleur,
c'est Hollande avec nous;
et mes bons camarades d'abord les menuisiers, donnez-vous l'accolade et chantez les cordiers,
Hollande est avec vous.
Puis baiser de nature tout aussi de douceur, riez les créatures, bêtes et simples coeurs,
et bergers avec vous ;
et coqs d'or sur les villes de profil, face ou dos, et moulins en famille, assis au bord de l'eau,
la paix soit avec vous;
82
car maisons pour la pluie, arbres contre le vent, puis à chacun la vie comme du sable blanc,
Hollande est bonne à tons.
&
ai s lors voici le grand concert.
ni
Mais lors voici le grand concert des bêtes de toutes les peaux, et comme soeurs et comme frères les loups au milieu des agneaux,
et fraternité sans amorces, les forts à côté des plus doux, et Foi des Fois, force des forces, tous à chacun et tout à tous.
85
Or symphonie des symphonies, lors sur le beau mode pitié, voici vivre toute la vie, à nu tamour et coeur entier,
et Monsieur du Boeuf en sa chair, Monsieur du Coq sur ses ergots, et Messieurs aussi de la Mer disant paix de face et de dos,
lors musique naïve et bonne Pour les simples et pour les doux, et Monsieur du Roi sans couronne chez sa tristesse le hibou.
86
lais las ici voici Imes yeux.
iv
Mais las ici voici mes yeux de couleur, musique et ramage, mais las ici voici mes yeux et mes souliers devenus vieux,
et lors en sa maison d'hiver, à jours en long, larges les heures, feu la voile, morte la mer, mon âme seule avec mon coeur.
87
Or tristesse en tous les langages, à mains vides cherchant labeur, et dans mon livre à voix d'images, fin aussi de fête en couleurs,
voici le noir, voici le blanc, faisant musiques appauvries et dans la mort plus qu'en la vie s'aller mes bêtes et mes gens,
car dans la pluie ou dans le vent, et pour les fous comme les sages, pour chaque chose il est un temps -en hommes comme en paysages ;
et vie en tout suivant son cours ici par les rues de mes villes, voici passé mon temps d'amour dans la joie des garçons et filles.
88
fr à chacun soit sa fête iou son lot.
v
Or à chacun soit sa fête ou son lot, mais bon voyage, Monsieur du Soleil, à vent dans le dos, gens à gais propos et route en velours et chaude aux semelles,
car tristesse aux uns, comme aux autres joie, les saisons s'en jouent', les saisons s'en rient, et voici venus, se suivant les mois, aux toits des maisons, le vent et la pluie.
89
Mais à nous alors vêpres, litanies, et rêves les vieux, et rouets les vieilles, pour montrer qu'on est encor de la vie, les enfants à vous de chanter Noël,
car cloches disant nuit dès basses messes, mais Sainte-Catherine et ses bonnets, c'est fête pourtant qui veut sa kermesse à coudes en rond et fumant les mets,
et lors vieilles gens préparez le thé,
aux nièces, neveux, des champs et des villes,
car suivant leur coeur en tout avisé,
elles trouveront des maris les filles.
9o
t maintenant voici l'hiver.
VI
Et maintenant voici l'hiver et mon coeur qui s'était allé, revenu heureux dans sa terre sachant que tout est à aimer,
depuis le ciel, depuis la mer jusque mieux et plus humblement les objets de toutes manières fidèles ineffablement.
91
Or foi mise ainsi dans les choses, alors voici mon testament, aux bois, à l'eau, aux fleurs de roses, léguant mes joies d'homme et d'enfant,
car en arbres, toits et maisons, à mains rouges mieux qu'en prières, tout me fut doux, tout me fut bon selon l'outil, selon la pierre,
et repos me soit à présent en eux après labeur et peine, et de mon blé, mauvais et bons, à vous ici corbeille pleine.
Maintenant ici tirez le rideau, car voici matin et ma tâche est faite comme je l'ai pu selon mes carreaux et du mieux de mon coeur et de ma tête,
aux jours en long de ma peine et ma joie, qui sont en couleurs, jardins et verdures, toutes les choses ainsi qu'on les voit dans mon pays bien mieux qu'en mes peintures.
95
Or salut ici, tous ceux de chez moi, car labeur fini de toutes manières, et selon mon voeu, à chacun son toit en santé d'âme, de corps et de chair,
c'est le bien promis de mon temps qui vient, maintenant qu'en moi deux bonnes personnes, l'Amour et la Foi en chair à mes mains sont pour qu'on les prenne et que je les donne,
avec mon baiser de saint sans couronne, mais dont sait la paix mon coeur tout tremblant, à présent qu'ici c'est un si vieil homme qui l'a dite enfin toute sa chanson.
96
PAGE
Paysages .... . . . 11
Heures 33
Vies. . . 47
Chansons 59
Grotesques 75
97
Achevé d'imprimer le i5 mars MDCCCXCVIII sur les presses de Mme Vv---$OEïïfNf)M 32, rue de l'Industrie, 3i \:\
Bruxelles : \\ \'\ '.ëj
99