LA FILLE DU MARCHAND.
T.
Une pluie violente battait les toits et bondissait sur le pavé de Londres : c'était vers le milieu du mois de mars 1827. J'attendais dans mon cabinet plusieurs consultations; mais personne ne venait. Sans doute les plus souffrants de mes malades n'avaient pas le courage de s'aventurer dans ces rues inondées, et de compromettre de nouveau les dernières lueurs de leur santé chancelante. J'étais encore un jeune médecin. Le calus de l'habitude ne s'était pas formé sur mon coeur ; je savais encore sentir et souffrir pour mes semblables. Seul dans mon cabinet d'étude, le coude appuyé sur le manteau de la cheminée, les yeux fixés sur le ciel, d'où s'échappaient des torrents de pluie, je réfléchissais tristement à l'impuissance de la médecine comme à celle de la législation, quand elles veulent guérir radicalement les maux du corps et ceux de l'âme.