Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 1 à 328 sur 328

Nombre de pages: 328

Notice complète:

Titre : Annales de la Société d'études provençales

Auteur : Société d'études provençales. Auteur du texte

Éditeur : [s.n.] (Aix-en-Provence)

Date d'édition : 1905

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32693968c

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32693968c/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 2084

Description : 1905

Description : 1905 (A2).

Description : Collection numérique : Fonds régional : Provence-Alpes-Côte d'Azur

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5531423q

Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-274546

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 17/01/2011

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 100%.


ANNALES

DE LA

SOCIETE D'ETUDES PROVENÇALES

(Subventionnée par le Conseil général des Bouches-du-Rhône)

Qu'om no sap tant dous repaire Com de Rozer tro qu'a Vensa Si com clau mars e Durensa.

PEIRE VIDAL.

DEUXIÈME ANNÉE

N° 1. — Janvier-Février 1905

AIX-EN-PROVENCE

TYPOGRAPHIE ET LITHOGRAPHIE B. NIEL

Rue Emeric-David, 5

SOMMAIRE

Pages

Conseil d'Administration de la Société (I).— Liste des Membres (III).— Bibliothèques pédagogiques (XII). — Liste des Sociétés correspondantes (XII). — Extraits du procès-verbal (XIV). — Rapport sur la situation morale et financière de la Société (XVI).

Edmond POUPE. La Ligue en Provence et les Pontevès-Bargème (suite) I

Edmond POUPE. Octave Teissier 15

Chronique (28). — Bibliographie (31).

SUPPLÉMENT Paul GAFFAREL. — Le Blocus de Marseille et des environs par les Anglais (1804-1814). (3e feuille).


Bureau

Président : M. Paul ARHAUD, bibliophile, 2, rue du QuatreSeptembre,

QuatreSeptembre, Vice-Présidents : M. Léopold CONSTANS, I., professeur à l'Université d'Aix-Marseille, 42, cours Gambetta, Aix. M. le baron H. GUILLIBERT, #, O.^ 3, secrétaire perpétuel de l'Académie d'Aix, 10, rue Mazarine, Aix. Secrétaire-Général : M. Gaston VALRAN, I. Û, >8!, professeur au lycée Mignet, 56, cours Gambetta, Aix. Secrétaire-Archiviste : M. Edouard AUDE, A. O, conservateur

de la bibliothèque Méjanes, Aix. Trésorier : M. F.-N. NICOLLET, A. Û, professeur au lycée Mignet, 2, avenue Victor-Hugo, Aix.

Extrait des Statuts

La Société d'Etudes Provençales a pour but de procurer et de développer la connaissance de tout ce qui a rapport à la Provence. Les membres titulaires paient une cotisation annuelle de dix francs; les membres perpétuels versent, à leur admission, la somme de cent francs, sans cotisation ultérieure. Les uns et les autres ont droit à un exemplaire de toutes les publications faites aux frais de la Société et peuvent prendre part aux réunions, congrès, excursions organisés par elle. — Prière d'adresser les demandes d'admission, d'abonnement, d'échange des publications aux Secrétaire-Général.

Avis

Pour éviter des frais de recouvrement assez élevés (o fr. 45 par cotisation), parfois doublés par retour de valeur impayée, MM. les Membres de la Société sont instamment priés de vouloir bien faire parvenir leur cotisation au Trésorier par mandat-carte, ou de la verser entre les mains du secrétaire-correspondant de leur région.


ANNALES

DE LA

SOCIÉTÉ D'ÉTUDES PROVENÇALES



ANNALES

DE LA

SOCIETE D'ETUDES PROVENÇALES

(Subventionnée par le Conseil général des Bouches-du-Rhône)

Qu'om no sap tant dous repaire Com de Rozer tro qu'a Vensa

Si com clau mars e Durensa.

PEIRE VIDAL.

DEUXIÈME ANNÉE 1905

AIX-EN-PROVENCE

TYPOGRAPHIE ET LITHOGRAPHIE B. NIEL Rue Emeric-David, 5



CONSEIL D'ADMINISTRATION

DE LA

SOCIÉTÉ D'ÉTUDES PROVENÇALES Au 1er janvier 1905

BUREAU

Président : M. Paul ARBAUD, bibliophile, 2, rue du QuatreSeptembre,

QuatreSeptembre, Vice-Présidents : M. Léopold CONSTANS, I. O, professeur à l'Université d'Aix-Marseille, 42, cours Gambetta, Aix. M. le baron H. GUILLIBERT^, O., secrétaire perpétuel de l'Académie d'Aix, 10, rue Mazarine,Aix. Secrétaire-Général : M. Gaston VALRAN, 1. , , professeur au lycée Mignet, 56, cours Gambetta, Aix. Secrétaire-Archiviste: M. Edouard AUDE, A. O, conservateur

de la bibliothèque Méjanes, Aix. Trésorier : M. F.-N. NICOLLET, A. O, professeur au lycée Mignet, 2, avenue Victor-Hugo, Aix.

COMITÉ DE RÉDACTION

MM. BELIN, O. *, I. O, Recteur de l'Académie, 23, rue Gastonde-Saporta, Aix, Président.

GAFFAREL, *, I. O, professeur à l'Université d'Aix-Marseille, 317, rue Paradis, Marseille, Vice-Président.

REYNAUD, I. Û, ancien élève de l'école des Chartes, archiviste en chef desBouches-du-Rhône, 2, rue Sylvabelle, Marseille, Vice-Président.

RAIMBAULT, I. O, sous-archiviste des Bouches-du-Rhône, 14, rue Montaux, Marseille, Secrétaire.

BONAFOUS, I. O, professeur à l'Université d'Aix-Marseille, 3, rue du Bras-d'Or, Aix.


— II — MM. CLAPIERS (marquis de), villa Kervor, 279, Corniche, Marseille. DÉVOLUY (Pierre), capoulié du Félibrige, Avignon. MARBOT, chanoine, ancien vicaire général, 21, rue Villeverte, Aix. RIPERT DE MONCLAR (marquis de), C. *, ancien ministre plénipotentiaire, au château d'Allemagne (B.-Alpes).

SECRÉTAIRES-CORRESPONDANTS

Apt : M. SAUVE (Fernand), archiviste.

Arles: M. LACAZE-DUTHIERS, professeur au collège.

Avignon: M. LABANDE (L.-H.), I. O, correspondant du ministère de l'Instr. publ., conservateur de la bibliothèque et du musée Calvet.

Barcelonnette : M. ARNAUD, correspondant du ministère de l'Instr. publ., notaire.

Brignôles: M. AUZIVIZIER, rue des Lanciers.

Cannes : M. BERTRAND (Marie), sous-bibliothécaire, chalet La Kasbah, chemin du petit Juas.

Digne : M. CAUVIN, A. Û, professeur au lycée Gassendi.

Draguignan: M. POUPÉ (Edmond), I. O, professeur au collège.

Grasse : M. Paul GOBY, 5, boulevard Victor-Hugo.

Manosque : M. BIGOT, A. O, professeur au collège.

Marseille : M. FOURNIER, I. O, lauréat de l'Institut, correspondant du ministère de l'Instr. publ., archiviste-adjoint des Bouches-du-Rhône, 2, rue Sylvabelle.

Nice : M. DOUBLET, I. O, C. *, correspondant du ministère de l'Instr. publ., professeur au lycée.

Orange : M. YRONDELLE, A. O, prof, au collège, bibliothécaire de la ville, 36, rue Saint-Martin,

Toulon : M. BOURRILLY, professeur au lycée.


LISTE DES MEMBRES

DE LA

SOCIÉTÉ D'ÉTUDES PROVENÇALES Au 1er Janvier 1905

MEMBRES PERPÉTUELS

MM. ARBAUD (Paul), bibliophile, 2, rue du Quatre-Septembre,

Aix-en-Provence. BOISGELIN (marquis de), 11, rue du Quatre-Septembre;

Aix-en-Provence. CASTELLANE (comte Henri de), 5, rue de Villersexel,

Paris-VIIe. CLAPIERS (marquis de), villa Kervor, 279, chemin de la

Corniche, Marseille. GUEBHARD (Dr Adrien), agrégé de physique des Facultés

de médecine, collaborateur de la carte géologique de

France, à Saint-Vallier-de-Thiey, Alpes-Maritimes. JOURDAN (Edouard), I. O, professeur à la Faculté de droit,

40, cours Mirabeau, Aix-en-Provence. RAMPAL (Auguste), avocat, 44, rue Montgrand, Marseille. REBOUL (Gabriel), à Brignoles, Var. WEEKS (Raymond), professeur de langues romanes à

l'Université, Columbia, Missouri, Etats-Unis.

MEMBRES TITULAIRES

MM. ALEZAIS, A. O, *, docteur en médecine, professeur suppléant à l'école de médecine et de pharmacie, 3, rue d'Arcole, Marseille.

ANDRÉ, I. O, professeur au lycée, 5, rue Courbet, Toulon.

ARNAUD, A. O, professeur au lycée Mignet, 7, rue Mignet, Aix-en-Provence.

ARNAUD (François), licencié en droit, correspondant du


— IV —

ministère de l'Instruction publique, ancien notaire, à

Barcelonette, Basses-Alpes. MM. ARNAUD D'AGNEL (abbé G.), aumônier du lycée, 10, rue

Montaux, Marseille. ASHER, libraire, 13, unterden Linden, Berlin, Allemagne. ASTIER (Alexandre), chef de division à la préfecture,

boulevard des Marronniers, Draguignan, Var. ASTIER (Jean-Baptiste), 46, boulevard du Jardin-Zoologique,

Jardin-Zoologique, AUBANEL (Jean), imprimeur-éditeur, 9, rue Saint-Pierre,

Avignon. AUDE (Dr Philippe), O. *, membre de l'Académie d'Aix,

I, rue du Lycée, Aix-en-Provence. AUDE (Edouard), A. O, conservateur de la bibliothèque

Méjanes, Aix-en-Provence. AUZIVIZIER (Clément), secrétaire de la mairie, rue des

Lanciers, Brignoles, Var. BAGARRY (Louis), avocat, rue Notre-Dame, Brignoles,

Var. BARETY (Alexandre), docteur en médecine, 31, rue Cotta,

Nice. BARON (Gabriel), député des Bouches-du-Rhône (Aix,

Ire circonscription), 306, rue Saint-Honoré, Paris-Ier. BARTHÉLÉMY (Antonin), fabricant d'ocres, Gargas, Vaucluse.

Vaucluse. (abbé Eugène), chanoine, au séminaire,

Grasse, Alpes-Maritimes. BEHRENS (Dr D. ), professor an der Universitaet, 21,

Wilhelmstrasse, Giessen, Hesse, Allemagne. BELIN, O. *, l. O, recteur dé l'Académie, 23, rue Gaston-de-Saporta,

Gaston-de-Saporta, BELLETRUD (Henri), avocat, juge suppléant, avenue Carnot,

Carnot, Var. BERTIN (J.-B.), négociant, ancien maire, Salon, Bouchesdu-Rhône.


— V —

MM. BERTRAND (Marie), sous-bibliothécaire archiviste, chalet La Kasbah, chemin du petit Juas, Cannes, Alpes-Maritimes. BIBLIOTHÈQUE Méjanes, Aix-en-Provence.

» Universitaire, Aix-en-Provence.

» du musée Calvet, Avignon.

» des archives départementales, Avignon.

» municipale, Cannes, Alpes-Maritimes.

» municipale, Carpentras, Vaucluse.

» municipale, Digne, Basses-Alpes.

» municipale, Grenoble.

» municipale, Manosque, Basses-Alpes.

» du collège, Manosque.

» municipale, Marseille.

» des archives départementales, Marseille.

» des archives départementales, Nice.

BIGOT, professeur au collège, Manosque, Basses-Alpes. BONAFOUS (Raymond), I. O, professeur de langues et littératures méridionales à l'Université d'Aix-Marseille, 3, rue du Bras-d'Or, Aix-en-Provence. BONNEFOY (Mgr), archevêque d'Aix, Arles et Embrun,

Aix-en-Provence. BOUCHINOT (Eugène), 54, rue Espérandieu, Marseille. BOUILLON-LANDAIS, I.O, conservateur honoraire du musée de Marseille, correspondant du comité des BeauxArts, Saint-Menet, banlieue de Marseille. BOURRILLY, professeur au lycée, Toulon. BOUTEILLE (Amédée), 35, rue Roux-Alphéran, Aix-enProvence. BRESC (Louis Sigaud de), membre de l'Académie d'Aix,

5, rue Sallier, Aix-en-Provence. BURTEZ (Dr), I. U, professeur au collège, Draguignan. CAILLEMER (Robert), professeur agrégé d'histoire du droit à l'Université d'Aix-Marseille, 18, rue de l'Opéra, Aixen-Provence,


— VI --

MM. CANDOLLE (comte de), château de Beaulieu, par Rognes, Bouches-du-Rhône.

CASSIN ( Dr Paul), 15, place du Palais, Avignon.

CASTINEL (Julien), 67, rue de la République, Marseille.

CAUVIN, A. O, professeur au lycée Gassendi, Digne, Basses-Alpes.

CHAPPERON (abbé J.), curé de La Martre, par Comps, Var.

CHÉNERILLE (Cyprien Isoard de), 48, cours Mirabeau, Aixen-Provence.

CHOBAUT (Dr), A. O, rue Dorée, Avignon.

COLLONGUE (baron de), ministre plénipotentiaire, au château de Collongue, par Cadenet, Vaucluse.

CONSTANS (Léopold), I. Û, professeur à l'Université d'AixMarseille, 42, cours Gambetta, Aix-en-Provence.

CORTEZ (Fernand), correspondant du ministère de l'Instruction publique, propriétaire à Saint-Maximin, Var.

COSTE (Numa), correspondant du ministère de l'Instruction publique, 26, place de l'Archevêché, Aix-enProvence.

COTTE (Charles), avocat, 61, boulevard de Strasbourg, Marseille.

COURTOIS.DE LANGLADE (Georges de), propriétaire, 6, rue de la Calade, Arles-sur-Rhône.

CROZET (Ernest de), homme de lettres, Oraison, BassesAlpes.

BassesAlpes.

DAGAN (Emile), 16, rue Eugène-Brun, Apt, Vaucluse.

DAUPHIN (L.-C), pharmacien-naturaliste, à Carcès, Var.

DECOPPET, directeur de l'école d'agriculture de Valabre, Gardanne, Bouches-du-Rhône.

DEMARGNE (J.), maître de conférence à la Faculté des Lettres de l'Université d'Aix-Marseille, 24, cours de la Trinité, Aix-en-Provence. DESPLACES (comte), membre de l'Académie de Marseille, 8, plage du Prado, Marseille.

DEYDIER (Marc), notaire, à Cucuron, Vaucluse.


— VII —

MM. DOUBLET (Georges), I. CJ, O. *, correspondant du ministère de l'Instruction publique, professeur au lycée, villa Minerve, rue du Soleil, à Nice, Alpes-Maritimes.

DRAGON (A.), libraire, I, place des Prêcheurs, Aix-enProvence.

DUBRANDY, conservateur de la bibliothèque municipale, Hyères, Var.

DUGAT-ESTUBLIER, receveur particulier des finances, I bis, rue Fabrot, Aix-en-Provence.

DUHAMEL (Léopold), correspondant du ministère de l'Instruction publique, archiviste départemental, au Palais des papes, Avignon, Vaucluse.

DUPRAT, professeur adjoint, au lycée, Avignon, Vaucluse.

DURANTI LA CALADE (Jérôme de), A. CI, professeur de langue hébraïque à la Faculté des Lettres, 10, place d'Albertas, Aix-en-Provence.

EYSSERIC-SAINT-MARCEL, ancien- magistrat, à Sisteron, Basses-Alpes.

FABRÈGES (Frédéric), Grand'Rue, Montpellier.

FAUCHER (Paul de), à Bollène, Vaucluse.

FÉRAUD-GIRAUD, O. ^, président honoraire de la Cour de cassation, 12, rue Emeric-David, Aix-en-Provence.

FERRIER (Raymond), membre de l'Académie d'Aix, 2, rue des Arts-et-Métiers, Aix-en-Provence.

FOURNIER (Joseph), I. O, archiviste-adjoint des Bouchesdu-Rhône, 2, rue Sylvabelle, Marseille.

FRANCE (vicomte Arthur de), C. *, général de division, I, avenue de Tourville, Paris-VIIe.

GAFFAREL (Paul), *, I. Cl, professeur d'histoire à l'Université d'Aix-Marseille, 317, rue Paradis, Marseille.

GAP (Lucien), membre de plusieurs sociétés savantes, instituteur public à Suzette, par Baumes-de-Venise, Vaucluse. GANTELMI D'ILLE (marquis de),*, O *, membre de l'Académie d'Aix, 6, cours Mirabeau, Aix-en-Provence.


VIII --

MM. GERIN-RICARD (comte Henry de), I. O, correspondant du ministère de l'Instruction publique, secrétaire perpétuel de la Société de Statistique de Marseille, membre des Académie d'Aix et de Vaucluse, membre de la Société des antiquités de France, 5, rue Consolat, Marseille.

GIRAUD (Charles), *, premier président à la Cour d'appel, 18, rue de l'Opéra, Aix-en-Provence.

GOBY (Paul), archéologue, 5, boulevard Victor-Hugo, Grasse, Alpes-Maritimes.

GOETSCHY (P.), O. *, général commandant la 57e brigade, Nice.

GONIN, A. CI, professeur au lycée Mignet, Aix-en-Provence.

GROS, docteur médecin, Apt, Vaucluse.

GROSLONG [Pierre Devoluy], capitaine au 8e régiment de génie, Avignon.

GUILLIBERT (baron Hippolyte), >&, O. *, avocat, secrécrétaire perpétuel de l'Académie d'Aix, 10, rue Mazarine, Aix-en-Provence.

HENRIET (Jules), ingénieur civil, 117, rue Saint-Jacques, Marseille.

JAUBERT, I. O, professeur à l'école nationale des arts et métiers, 15 a, boulevard François-Zola, Aix-en-Provence.

JAUBERT (Eugène), bibliothécaire municipal, 2, rue SaintFrançois-de-Paule, Nice.

JORET (Charles), *, I. CI, membre de l'Institut, professeur honoraire de l'Université d'Aix-Marseille, 59, rue Madame, Paris-VIe, ou à Formigny, Calvados.

JUIGNÉ DE LASSIGNY (Edme de), 1, place Bellecour, Lyon.

LABANDE (L.-H.), I. CI, correspondant du ministère de

l'Instruction publique, conservateur de la bibliothèque

et du musée Calvet, 2, rue Petite-Fusterie, Avignon.

LACAZE-DUTHIERS (E.), professeur au collège, II, rue

Vauban, Arles-sur-Rhône.


— IX —

MM. LATUNE (Charles), avocat, 15a, rue Paradis, Marseille. LAVAL (Dr Victorin), *, I. CI, ancien président de l'Académie dé Vaucluse, 18, rue de la Croix, Avignon. LAZARD (Frédéric), maire de Sivergues, Apt, Vaucluse. LEFÈVRE (Edmond), courtier de commerce, 17, rue de

l'Etrieu, Marseille. LIEUTAUD (Victor), notaire, à Volone, Basses-Alpes. LIEUTAUD (Auguste) vice-président de la Société des amis du Vieil-Arles, 4, rue de la Monnaie, Arles-surRhône. LOTH (Léon de), avocat, 45, rue des Tourneurs, Toulouse, Haute-Garonne. MANDERON (Henri), notaire, La Tour-d'Aigues, Vaucluse. MANTEYER (Georges de), ancien membre de l'école de

Rome, au château de Manteyer, Hautes-Alpes. MARBOT (chanoine), ancien vicaire général, 21, rue Vilverte, Aix-en-Provence, MARTIN (Gustave), conservateur du cabinet des médailles,

Marseille. MASSON (Maurice),*,avocat, ancien bâtonnier, 32, cours

Mirabeau, Aix-en-Provence. MASSON (Paul), I. CI, professeur d'histoire à l'Université

d'Aix-Marseille, 2, place Leverrier, Marseille. MICHEL (Dr Evariste), *, villa Mignet, Aix-en-Provence,

et 40, rue de Clichy, Paris. MIREUR, *, membre non résidant du comité des travaux

historiques, archiviste départemental, Draguignan. MONTVALLON (Gabriel de), substitut du Procureur de la

République, Carpentras, Vaucluse. MOURRET (Charles), notaire, archiviste de la ville, Tarascon-sur-Rhône.

Tarascon-sur-Rhône. (Henri), I. CI, proviseur du lycée, directeur de

l'Instruction publique, Saint-Denis, La Réunion. NICOLLET(F.-N.), A. CI, professeur au lycée Mignet, 2, avenue Victor-Hugo, Aix-en-Provence.


— X — MM. NIEL (Baptistin), A. CI, imprimeur, 5, rue Emeric-David, Aix-en-Provence.

NIEL (Henri), 12, place Saint-Pierre, Brignoles, Var.

NOYON (Dr Henri), 8, boulevard Salvator, Marseille.

PANSIER (Dr), médecin oculiste, rue Saint-André, Avignon-sur-Rhône,

PAYAN DE LA TOUR (Emile), rue Ganteaume, La Ciotat, Bouches-du-Rhône.

PÉLISSIER (Léon-G.),. I. CI, professeur à la Faculté des Lettres, villa Leyris, Montpellier.

PELOUX, banquier, Apt, Vaucluse.

PERRIER (Emile), 122, boulevard Longchamp, Marseille.

PHILIP (R. de), *, lieutenant-colonel, directeur de l'artillerie, à Bastia, Corse.

PORTAL (Félix), rédacteur à la préfecture des Bouchesdu-Rhône, Marseille.

POUPÉ (Edmond), A. CI, professeur au collège, 8, Champ de Mars, Draguignan, Var.

RAFFIN, avocat, boulevard de la Liberté, Draguignan, Var.

RAIMBAULT (Maurice), I. Cl, inspecteur adjoint des archives communales et hospitalières, sous-archiviste des Bouches-du-Rhône, 14, rue Montaux, Marseille.

RANCE (abbé), A. 41, professeur honoraire de l'ancienne Faculté de Théologie d'Aix, 44, avenue de la Gare, Nice.

RAYNOLT, 5, route de Monclar, Avignon.

REQUIN (abbé), I. Cl, correspondant du ministère de l'Instruction publique, archiviste diocésain, 14, boulevard Victor-Hugo, Avignon.

REYNAUD (Félix), ancien élève de l'Ecole des Chartes, archiviste en chef du département des Bouches-duRhône, 2, rue Sylvabelle, Marseille.

REYNAUD (Xavier), 35, rue de la Bibliothèque, Marseille.

REYNAUD DE LYQUES (abbé), curé de La Verdière, Var.


— XI —

MM. RICORD (Paul), avocat, Brignoles, Var.

RIPERT DE MONCLAR (marquis François de), C. *, ancien ministre plénipotentiaire, au château d'Allemagne, Basses-Alpes. ROCHE (Célestin), ingénieur civil, 63, cours Saint-André,

Grenoble, Isère. ROLLAND, I. CI, chanoine, aumônier du lycée Mignet,

Aix-en-Provence. ROMAN (Louis), avocat, place du Palais-de-justice, Brignoles, Var. RONJAT (Jules), 2, place des Capucins, Vienne, Isère. ROUGIER, A. CI, professeur au lycée Ampère, Lyon. ROURE (baron du), à Barbegal, par Arles-sur-Rhône. SAIGE (Gustave), conseiller d'Etat et conservateur des

archives de la Principauté, Monaco. SAPORTA (comte Antoine de), 3, rue Philippy, Montpellier, Hérault, et Le Moulin-Blanc, près Saint-Zacharie, Var. SAUVE (Fernand), archiviste de la ville, Apt, Vaucluse. SAUVET (Prosper), avocat, 9, rue Chastel, Aix-en-Provence. SELLE (vicomte de), 46, cours Mirabeau, Aix-en-Provence. SUEUR (Mgr F.), archevêque du diocèse, Avignon-surRhône. TOURTOULON (baron de),*,*, *, 13,rue Roux-Alphéran,

Aix-en-Provence. VALÉRIAN (Isidore), archéologue, Salon, Bouches-duRhône. VALLENTIN DU CHEYLAR (Roger), I. Cl, rue Jeu-de-Paume,

Montélimar, Drôme. VALRAN (Gaston), I. CI, O. *, correspondant du ministère de l'Instruction publique, professeur au lycée Mignet, 56, cours Gambetta, Aix-en-Provence. VILLARD, 39, rue Sénac, Marseille. VILLE D'AVRAY (lt-colonel Henry Thierry de), O. *, con-


— XII —

servateur de la bibliothèque et des musées, villa Casablanca, Cannes, Alpes-Maritimes MM. VILLENEUVE (marquis de), 75, rue de Prony, Paris-XVIIe.

VINCENT (Jacques), receveur-buraliste, rue Roux, Aubagne, Bouches-du-Rhône.

YRONDELLE (A.), A. CI, professeur au collège, bibliothécaire de la ville, 36, rue Saint-Martin, Orange, Vaucluse.

Membres titulaires décédés en 1904

MM. LIABASTRES, conservateur de la bibliothèque et du musée, Carpentras. Octave TEISSIER, conservateur de la bibliothèque et du musée, Draguignan.

BIBLIOTHÈQUES PÉDAGOGIQUES

Auxquelles sont envoyées gratuitement les « Annales de la Société d'Etudes Provençales » sur la subvention du Conseil général des Bouches-du-Rhône.

Aix.

Arles.

Aubagne.

Châteaurenard.

La Ciotat.

Eyguières.

Gardanne.

Istres.

Lambesc.

Martigues.

Orgon.

Peyrolles.

Rognac.

Roquevaire.

Salon.

Saintes-Maries. Saint-Remy. Tarascon. Trets.

LISTE DES SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES

France

Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts ; Comité des travaux historiques et scientifiques.

1. AIX-EN-PROVENCE. Académie des sciences, arts et belleslettres.


— XIII

2. ARLES-SUR-RHONE. Société des amis du Vieil-Arles.

3. AVIGNON. Académie de Vaucluse.

4. BEZIERS. Société archéologique, scientifique et littéraire.

5. BONE. Académie d'Hippone.

6. DIGNE. Société scientifique et littéraire.

7. DRAGUIGNAN. Société d'études scientifiques et archéologiques.

8. GAP. Société d'études des Hautes-Alpes.

9. GRENOBLE. Académie delphinale.

10. » Société dauphinoise d'ethnologie et d'anthropologie.

d'anthropologie.

11. » Société de statistique de l'Isère.

12. MARSEILLE. Société de géographie et d'études coloniales.

13. » Société de statistique.

14. MONTPELLIER. Académie des sciences et lettres.

15. » Société pour l'étude des langues romanes.

16. NARBONNE. Commission archéologique.

17. NICE. Société des lettres, sciences et arts des Alpes-Maritimes.

18. NÎMES. Académie de Nîmes.

19. REIMS. Société des sciences naturelles.

20. SOUSSE. Société archéologique.

21. TOULON. Académie du Var.

22. » Société des excursionnistes toulonnais.

23. TOULOUSE. Société archéologique du midi de la France.

24. TUNIS. Institut de Carthage.

25. VALENCE. Société d'archéologie et de statistique de la Drôme.

Etranger

1. ITALIE. Società ligure di storia patria, Gênes.

2. » Regia d'eputazione di storia patria, 12, piazza Castello, Turin.


— XIV —

Périodiques échangés avec les Annales de la Société d'études

provençales

1. CANNES. Revue du Littoral.

2. GAP. Annales des Alpes.

3. GRENOBLE. Annales de l'Université.

4. » Le pays Cévenol.

5. MARSEILLE. Revue de Provence.

6. » Lou Felibrige.

Procès-verbal de I'Assembée générale du 17 décembre 1904

La Société d'Etudes Provençales a tenu son Assemblée générale annuelle statutaire le samedi 17 décembre 1904, à 4 heures, dans la salle de lecture de la Bibliothèque Méjanes, à Aix, sous la présidence de M. Paul Arbaud, président, pour procéder à l'élection du tiers renouvelable des membres du Conseil d'administration, entendre le rapport sur la situation de la Société et délibérer sur diverses questions.

Pour l'élection du tiers renouvelable du Conseil d'administration ont pris part au vote, soit étant présents soit par correspondance, MM. Paul Arbaud, président, Arnaud, professeur au lycée Mignet, Arnaud (François), ancien notaire à Barcelonette, Alexandre Astier, Dr Aude, Edouard Aude, Auzivizier, Belletrud, Bertrand, Bigot, Bouillon-Landais, Dr Burtez, Cyprien de Chénerilles, marquis de Clapiers, baron de Collongue, Constans, Fernand Cortez, Ernest de Crozet, Decoppet, Marc Deydier, Doublet, Duranti de la Calade, Eysseric-Saint-Marcel, Paul de Faucher, Joseph Fournier, Gaffarel, Comte de Gerin-Ricard, Giraud, premier président à la Cour d'appel, Paul Goby, général Goetschy, Gonin, Dr Gros, baron Guillibert, Jourdan, Labande, Lazard, de Manteyer, abbé Marbot, Gustave Martin, Mireur, Moris, Nicollet, Baptistin Niel, de Philip, Portal, Poupé, Raffin, Raimbault, Rampal, Félix Reynaud, marquis de Monclar,. abbé Rolland, Saige, Sauve, Vallentin du Cheylar, Valran, de Ville d'Avray, et deux membres qui ont envoyé leur bulletin sans indiquer leur nom ; total 58 votants.

Ont obtenu MM. le marquis de Monclar 57 voix, Nicollet 57, Raimbault 57, Reynaud 57, Valran 56, E. Aude, Fournier, Numa


— XV —

Coste, baron de Tourtoulon, chacun I. En conséquence MM. le marquis de Monclar, Nicollet, Raimbault, Reynaud et Valran sont proclamés membres du Conseil d'administration de la Société d'Etudes Provençales pour trois ans et à partir du 1er janvier 1905.

M. Nicollet, trésorier, donne lecture du Rapport qu'on trouvera ci-après.

L'assemblée accueille par des applaudissements la lecture de ce rapport. Sur la proposition de M. de Chénerilles, elle vote à l'unanimité des félicitations à M. Nicollet, trésorier de la Société, pour le dévouement infatigable avec lequel il s'est consacré à l'oeuvre entreprise, et, après des observations judicieuses de M. Rampal, approuve les comptes du trésorier pour 1904 et le projet de budget pour 1905.

Le président donne lecture d'une lettre de M. Gonin, professeur au lycée Mignet et membre de la Société, proposant d'envoyer une adresse de respectueuses félicitations à Frédéric Mistral qui vient de se voir décerner le prix Nobel. M. Arbaud, président, et M. Guillibert, vice-président du bureau de la Société, s'associent à la proposition de M. Gonin qui est adoptée à l'unanimité.

Sur la proposition de M. Aude, l'assemblée charge son bureau d'être son interprète auprès de M. le marquis de Boisgelin qui, malgré son état de santé, consacre tout son temps et toutes ses forces à la fabrication de la Chronologie des Cours souveraines de Provence et ne néglige rien pour que son oeuvre soit complète et bien documentée.

M. Nicollet donne ensuite lecture d'un projet de Fédération des Sociétés savantes de la région provençale qui est adopté après discussion des articles.

Avant de lever la séance, le président remercie les membres présents de leur concours et tout particulièment MM. de Clapiers et Rampal, membres perpétuels, qui sont venus de Marseille pour assister à la réunion.

L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée.

Le Président, P. ARBAUD.

Le Secrétaire, Ed. AUDE.


RAPPORT

SUR LA SITUATION MORALE ET FINANCIÈRE

DE LA

SOCIÉTÉ D'ÉTUDES PROVENÇALES

Présenté à l'Assemblée Générale du samedi 17 décembre 1904, au nom du Conseil d'Administration de cette Société, par F.-N. Nicollet

MESSIEURS ET CHERS COLLÈGUES,

La Société d'Etudes Provençales dont la première idée fut émise au mois d'octobre 1902, dont un Comité d'initiative, organisé en novembre-décembre suivant, lança le premier prospectus, à la date du 7 janvier 1903, fut définitivement constituée après l'assemblée qui, réunie dans la salle de lecture de la Bibliothèque Méjanes le samedi 16 mai de la même année, entendit le rapport du Comité d'initiative et adopta les statuts.

Le nombre des adhérents était alors d'environ 70. Il n'a cessé de s'accroître depuis; il est aujourd'hui de 171, dont 9 membres perpétuels, 150 membres titulaires et 12 bibliothèques abonnées.

Malheureusement elle a la douleur d'enregistrer, dès la première année de son fonctionnement, la mort de deux de ses membres les plus dévoués, M. Octave Teissier, conservateur de la bibliothèque de Draguignan, et M. Liabastres, conservateur de la bibliothèque de Carpentras. Nous consacrerons à chacun d'eux un article bio-bibliographique dans un des plus prochains numéros de nos Annales, et il sera toujours fait ainsi à l'avenir pour tous les membres qui viendront à décéder.

La faveur avec laquelle notre Société a été partout accueillie, l'empressement que beaucoup de personnes ont mis à venir au devant de nous, sans même attendre que nous sollicitions leur adhésion, sont une preuve manifeste qu'elle répond à un besoin réel et aussi que le goût des études archéologiques, historiques; artistiques, littéraires, linguistiques, scientifiques est plus vif et plus répandu que jamais dans notre belle Provence.


— XVII

L'élite de l'érudion provençale a tenu à être dés nôtres. On l'a bien vu lorsque ont été constitués les Comités départementaux d'études chargés de communiquer et de collaborer avec la commission de recherche et de publication des documents relatifs à la économique et sociale de Révolution française; sur 51 commissaires nommés, 28 sont des membres de notre Société, sans compter MM. les archivistes. Il est même arrivé ce fait caractéristique qu'un des commissaires a été présenté et nommé uniquement en qualité de « Secrétairecorrespondant de la Société d'Etudes Provençales », ce qui constitue une sorte de reconnaissance officielle de notre Société. D'ailleurs ses publications avaient attiré l'attention des gens compétents dès avant le 11 juin dernier, date à laquelle M. de Saint-Arramon, chef de bureau au Ministère de l'Instruction publique, nous demandait de lui envoyer régulièrement nos Annales pour les faire « analyser dans la Bibliographie des travaux des sociétés savantes ».

Puisque nous avons été amenés à parler d'un de nos secrétairescorrespondants, nous ne voulons pas aller plus loin sans remplir envers tous un devoir agréable et leur adresser de chaleureux remerciements pour l'activité, le zèle, l'exactitude qu'ils ont apporté soit à nous recruter de nouveaux adhérents soit à renseigner notre Comité de rédaction. Cette institution des secrétaires-correspondants est une des principales forces et sera le plus efficace moyen d'extension de notre Société. Pour leur donner encore plus d'autorité et rendre leur collaboration plus fructueuse, votre Conseil d'administration se propose de leur fournir le moyen de réunir, quand ils le jugeront à propos, les membres de leur groupe, soit pour s'entretenir de questions conformes au but de la Société soit pour étudier les moyens de travailler à son développement et à son perfectionnement, en un mot de manière à établir dans les principaux centres de la région des filleules de la Société d'Etudes Provençales.

Nous tenons aussi à remercier les Sociétés savantes, nos aînées, non seulement de la région, mais de toute la France et de l'Etranger de l'accueil bienveillant et empressé qu'elles ont fait à leur jeune soeur et de la confiance qu'elles nous ont témoignée en nous accordant l'échange de leurs publications avant même que nous eussions fait nos preuves. Nous avons préparé et nous allons vous soumettre, après la lecture de ce rapport, un projet de Fédération des Sociétés de la région provençale dont nous espérons les meilleurs résultats. Si vous l'approuvez, nous le soumettrons ensuite à chacune des sociétés intéressées et nous solliciterons son adhésion.


XVIII —

■*" *

Votre Conseil d'administration s'est constamment appliqué, durant cette première année de fonctionnement, à répondre à vos aspirations, à donner satisfaction à tous les désirs qui lui ont été exprimés, à tirer le meilleur parti possible des ressources dont votre Société disposait.

Nous avions promis que nos Annales paraîtraient tous les deux mois et que chaque numéro se composerait d'au moins trois feuilles. Nous avons tenu notre promesse, très largement. Les Annales ont paru régulièrement du 20 ou 30 du premier des deux mois dont elles portent la date, sauf trois exceptions que nous allons justifier : la publication du numéro de juillet-août a été devancée d'une quinzaine de jours, afin qu'il vous parvînt avant votre départ pour aller en villégiature ; l'envoi de celui de septembre-octobre a été retardé du même espace de temps, pour qu'il vous trouvât revenus de villégiature ; celui de novembre-décembre paraît seulement aujourd'hui parce que nous y voulions insérer une table des matières, qui du reste, n'étant pas encore achevée actuellement, ne pourra paraître qu'en janvier prochain.

Dès le deuxième numéro, voyant augmenter nos ressources, nous avons porté, le nombre des feuilles dont se composaient nos Annales de trois à quatre; puis avec le numéro 3, nous l'avons porté à cinq, chiffre auquel nous nous sommes tenus depuis, mais que nous comptons bien porter à six, aussitôt que nos moyens nous le permettront. En somme nous vous aurons donné pour cette année un volume de X-320 pages, plus XX-60 pages de supplément pour le travail de M. Boisgelin et 32 pour celui de M. Gaffarel, soit un total de 442 pages in-8° contenant 35 lignes à la page, pour les articles ordinaires, et 38 pour les documents qu'il nous a paru préférable d'imprimer en caractères n° 8. C'est la bonne moyenne de ce que publient les Sociétés similaires, même ayant de longues années d'existence .

Nous avons cherché aussi à varier nos publications, de façon qu'elles intéressent simultanément ou successivement toute la région provençale et qu'elles ne laissent de côté, aucune des questions qui peuvent solliciter l'attention des érudits et des savants.

Plusieurs membres avaient exprimé le désir que les travaux plus

•importants fussent publiés de manière à pouvoir être ensuite réunis

en volumes séparés. C'est pour leur donner satisfaction que nous

1 Le dernier volume paru, du Bulletin de l'Académie du Var est de 448 pages petit in-8° de 28 lignes à la page ; la Société d'Etudes des Hautes-A Ipes a publié cette année 338 pages de 38 lignes; celle de la Drôme 448 pages de 30 lignes ; le dernier Bulletin de la Société d'Etudes de Draguignan a IXXVIII — 460 p. de 40 ou 28 lignes.


— XIX —

avons publié en supplément, avec pagination spéciale, par feuilles distinctes et complètes, la Chronologie des officiers des Cours souveraines, de M. de Boisgelin, et Le Blocus de Marseille et des environs par les Anglais, de M. Gaffarel ; le premier de ces travaux formera un volume d'au moins 300 pages et le second en aura près de 100. Nous continuerons, sauf avis contraire de la majorité d'entre vous, à publier de la même manière les travaux d'une certaine importance et nous apporterons à l'application de ce système toutes les améliorations qui nous seront signalées et qui seront compatibles avec nos ressources.

Outre les travaux en cours de publication, nous avons encore en portefeuille une étude très importante, couronnée par l'Institut, de MM. le comte de Gerin-Ricard et l'abbé Arnaud d'Agnel sur Les antiquités de la vallée de l'Arc en Provence qui, publiée en supplément, fera un volume d'environ 250 pages ; une autre étude de M. Fernand Sauze sur Les épidémies de peste à Apt, notamment en 1588 et 1720-21; une de M. l'abbé Reynaud de Lyques sur Le R. P. La Berthonye, prédicateur toulonnais du XVIIIe siècle ; une de M. lacques Vincent sur Les hôpitaux à Aubagne ; et une de M. de Ville d'Avra}»- sur Fréjus inédit.

Nous ne voulons pas quitter cette question des publications de la Société sans adresser un témoignage de vive satisfaction à M. Niel, notre imprimeur, qui n'a reculé devant aucun sacrifice pour donner à nos Annales un aspect engageant, qui s'est montré toujours très large et généreux pour les tirages à part, et qui a supporté avec bonne humeur les indécisions et les tâtonnements inséparables des premiers pas. Nous espérons, grâce à sa bonne volonté, pouvoir apporter prochainement de nouvelles améliorations à la composition de nos Annales.

Parmi ses moyens d'action, notre Société avait inscrit, outre ses publications, des congrès régionaux, des missions ou excursions ayant un but archéologique, historique, scientifique, etc. Nous n'avons pas cru prudent de tenter l'exécution intégrale de ce programme, dès la première année, A vouloir trop tôt se hâter de marcher, les enfants terribles s'exposent à des accidents, qui, s'ils ne compromettent pas toujours leur existence, retardent toujours leur progrès. Ce sont ces accidents que nous avons cru sage d'éviter. Toutefois, si nous n'avons pris l'initiative d'aucun congrès, d'aucune fête, nous nous sommes associés à ceux qui ont eu lieu autour de nous. Un grand nombre de nos membres ont pris part au Congrès des Sociétés Savantes et nous avons publié une analyse complète des communications qu'ils y on faites. Notre secrétaire général nous a représentés au Congrès de géographie qui s'est tenu à Tunis. Plusieurs d'entre vous ont assisté


— XX —

au Congrès pour l'avancement des sciences qui a eu lieu à Grenoble, notamment M. Cotte que nous avions chargé de nous donner un compte rendu de ce qui s'y dirait intéressant la Provence. Nous avons été représentés aux fêtes célébrées pour le 6e centenaire de la naissance de Pétrarque à Vaucluse, Avignon, Arezzo,. L'année prochaine nous nous proposons de prendre part aux 43e Congrès des Sociétés Savantes, au 3e des Orientalistes et à celui de la Mutualité coloniale qui se tiendront à Alger, ainsi qu'à celui d'Archéologie qui se tiendra à Athènes et à la réunion des Sociétés des Beaux-Arts à Paris.

Dans une réunion du Bureau; il y a un an, nous avions soulevé la question d'un monument à élever à l'historien Bouche. Nous ne renonçons pas à notre projet et nous le pousserons activement, quand le moment sera venu; mais, pour élever un monument, il faut remuer pas mal de blocs, travail qui nous a paru trop pénible pour une Société aussi jeune que la nôtre.

Il nous reste, Messieurs et Chers Collègues, à vous faire connaître notre situation financière.

Le Conseil général avait bien voulu nous allouer une subvention de 200 francs qui est venue, fort utilement, s'ajouter au produit des versements et des cotisations ou abonnement des adhérents de notre Société.

Notre budget des recettes s'est donc établi comme il suit : Subvention du Conseil général des Bouches-du-Rhône.. . 200 Versements effectués par 9 membres perpétuels à 100 francs 900

Cotisations de 150 membres titulaires à 10 francs. 1.500

Abonnements de 12 bibliothèques à 10 francs 120

Total 2.720

Le chapitre des dépenses comprend : Premiers frais d'organisation antérieurement au 1er janvier 1904 201.85

Impression des 6 numéros des Annales 1. 558

Frais d'envoi de ces six numéros. 78.75

Correspondance 53 .10

Frais de recouvrement 8 .55

Propagande 23 .55

Imprimés divers 23

A verser au fonds de réserve 900 francs provenant des membres perpétuels et 150 francs pour le dixième des

cotisations des membres titulaires . 1.050

Total............... 2.996.80


— XXI —

D'où il ressort qu'en observant scrupuleusement toutes nos obligagations statuaires nous avons un déficit de 276 fr. 80 qui provient en majeure partie des premières dépenses d'organisation antérieures au Ier janvier 1904 et que nous espérons combler facilement avec le prochain exercice.

En effet, pour l'année 1905, nous sommes assurés d'une légère augmentation de recettes et nous en espérons encore d'autres. Le Conseil général a bien voulu élever à 250 francs le chiffre de la subvention qu'il nous alloue, augmentation pour laquelle nous vous proposons de voter des remerciements et particulièrement aux deux conseillers généraux d'Aix pour l'intérêt qu'il nous ont témoigné. D'autre part nous avons demandé une subvention à la ville dAix et à la Chambre de commerce de Marseille, qui certainement nous accorderont quelque chose. De plus, si la chiffre de nos adhérents s'est accru de 50 durant l'année 1904, ce n'est pas trop présumer, pensons-nous, d'espérer qu'il atteindra ou même dépassera 200 avant la fin de 1905. Enfin nous demanderons au Ministère de l'Instruction publique une subvention pour la publication de la Chronologie des officiers des Cours souveraines et une pour celle des Antiquités de la vallée de l'Arc. Le Ministère accorde généralement aux sociétés, dans ce cas, des subventions de 300 à 500 francs. Nous espérons que M. le Ministre ne se montrera pas moins généreux envers la Société d'Etudes Provençales qu'envers ses soeurs.

Nous avons donc établi notre projet de budget pour l'année 1905 de la manière suivante :

RECETTES

Subvention du Conseil général 250

Cotisations de 200 membres titulaires à 10 francs 2.000

Abonnement de 12 bibliothèques 120

Intérêts du fonds de réserve 30

Vente de numéros anciens des Annales 40

Total.... 2.440

DÉPENSES

Déficit de 1904 à combler 276.80

Impression de 6 numéros des Annales 1.750

Envoi de ces 6 numéros 80

Correspondance 60

Frais de recouvrement 20

Propagande et frais divers 30

Imprimés divers 20

Fonds des réserve 200

Total 2.436.80


— XXII —

Ainsi, dépenses et recettes s'équilibreront. Si nous obtenons, comme nous l'espérons, une subvention de la ville d'Aix et de la Chambre de Commerce de Marseille, nous les emploierons à augmenter d'autant l'importance de nos Annales, et tout ce que nous pourrons obtenir du Ministère de l'Instruction publique sera consacré à hâter la publication de la Chronologie des officiers des Cours souveraines et des Antiquités de la vallée de l'Arc ; nous voudrions même publier ce dernier travail en un volume, tout à la fois, si nos ressources nous le permettent.

Nous allions conclure notre rapport, lorsqu'on nous a fait remarquer fort judicieusement que notre Société n'avait été jusqu'ici, tout bien considéré, qu'une jeune vagabonde, sans feu ni lieu, logeant ses collections et ses archives chez ses secrétaires et son trésorier qui trouvent cela passablement encombrant, donnant rendez-vous à ses adhérents dans un local qui peut sans doute être considéré comme le temple de la science, l'abri et le chauffoir des érudits, mais où on ne la souffre que par tolérance, peut-être par compassion. Cette situation préoccupe depuis quelque temps votre Conseil d'administration qui n'attend que l'achèvement des travaux d'agrandissement qui se font à l'Hôtel de Ville pour demander à la Municipalité de réserver dans cette accueillante Bibliothèque Méjanes quelques rayons pour nos collections, quelques tiroirs pour nos archives, et, à côté d'elle, si possible, une salle pour nos réunions. Nous avons le ferme espoir qu'on ne nous refusera rien de tout cela. En attendant nous vous proposons d'adresser des remerciements à M. le Maire pour l'hospitalité qu'il a bien voulu nous accorder jusqu'ici dans la salle de lecture de la Bibliothèque Méjanes.

Ce devoir rempli, nous terminons, la conscience tranquille, en exprimant le souhait bien ardent, bien sincère que l'année 1905 soit pour la Société d'Etudes Provençales une année de développement, de perfectionnement, de prospérité, et, comme un corps ne peut être fort qu'autant que tous ses membres sont vigoureux, nous souhaitons à tous membres de la Société santé, vigueur, prospérité.


— I — [39]

CORRESPONDANCE

RELATIVE A LA PRISE D'ARMES CARCISTE DE 1578 -1579

(Suite)

XXVI Joseph de Pontevès aux consuls de Callas

Aux consuls de Callas,

à Callas 1,

Messieurs les consuls, Monsieur de Vins m'a prié de vous advertir de me mander ici l'argent que devrais à Monsieur de la Colombe 2 pour le lui faire tenir. A quoi ne fallirès comme je croy aussi que vous provoirès à ce que vous ay mandé par Me Blondi pour la garde du château et pour ce que conserne vostre bien, repos et solagement, lequel je prochasseray comme le mien propre, si vous aultres ne vous en esloignès pour suivre ung malleur et ruine. Le presant porteur vous dira le reste de ma part, lequel croirès de ma part et je me recomanderay à tous voz autres.

Escript à Empus le 15me de janvier 1579.

Vostre bon amy,

CALLAS.

XXVII Joseph de Pontevès à son père

A Monseigneur,

Monseigneur de Bargème 3,

Monseigneur, pour vous resouldre de quelques doubtes que vous avès trové en mes lettres précédantes vous scaurès le non

1 Original. Callas, Arch. comm. FF. 136; copie, FF. 138, f° 23.

- Capitaine de l'armée de Vins. Gaspard de Castellane, seigneur de la Colombe, fils d'Hélion, seigneur de Claret et de Françoise de Demandols, marié le 25 décembre 1577 à Claude de Raimond, fille de Jean de Raimond, seigneur d'Eoulx et de Catherine d'Alagonia. Généalogie des Castellane, p. 22.

3 Original. Callas. Arch. comm. FF. 136; copie FF. 138, f° 17 v°.


[40] — 2 —

de celuy que s'est venu tant humilier par ma fame, lequel, s'il vous plaict, vous, ne nomerez jusques que voyès l'effect de quelque bonne oevre qu'il nous a promis de fère. C'est bien le meilheur soldat à l'opinion de tous qu'ilz aient. Pour le regard de ce que n'avès peu comprandre en ce que je dis du doubte que j'ay de ne pouvoir tant attandre, c'est que nous avons d'entreprinse que si voz gens n'ont de bons amis il leur faudroit o crever ou provoir à la despance des trouppes qui sont députées pour exécuter ce que je pourray fère exampter estantz telz qu'ils doivent et vous asseure que ce prolongemant nous nuit. Toutesfois je le feray puisqu'il vous plaict. Mon frère de Seail 1 n'est allé là haut que pour y provoir et s'en revenir. Monsieur d'Espinouse 2 a prins nostre parti de noveau. Lorgues est assiégé despuis ceste nuit passée et espère que verres de grandz effetz en peu de jours. De ce que se passera, je vous tiendray adverti, faisant fin par mes très humbles recomandations à vostre bonne grâce, priant Dieu vous doint, monseigneur, en santé très heureuse et très longue vie Escript à Empus, le 16 de janvier [1579]. Vostre très humble et très obéissant,

J[OSEPH] DE PONTEVÈS.

XXVIII Joseph de Pontevès à son frère Pierre de Pontevès

A Monsieur mon frère,

Monsieur de Brovès 3,

Monsieur mon frère 4, il me fâche bien de tant prolonger pour les raisons que je mande à monseigneur, toutes fois je at1

at1 de Pontevès.

2 Scipion de Villeneuve, seigneur d'Espinouse et de Saint-Jeannet, coseigneur de Sellions, tué le 26 décembre 1587 dans une tentative de surprise contre Puymoisson, fils de Pierre de Villeneuve et de Delphine d'Agoult. Il redevint bientôt l'un des chefs du parti protestant. Généalogie des Villeneuve, p. 96.

3 Original. Callas. Arch. comm. FF. 136; copie FF, 138, f° 22.

4 Pierre de Pontevès.


- 3 - [41]

tandray jusques à dimanche sans plus. Je feray avoir aux consuls de Callas l'examption et passeports qu'ils demandent. Est vray que monsieur de Vins est à la borgade de Lorgues lequel est assiégé estroitemant despuis ceste nuit passée et vous prie leur dire qu'ilz ne fallent de m'aporter ici l'argent qu'ilz doivent audit sieur de Vins. Je croy qu'ilz font porter le bois et autres choses que leur a esté ordonné. Monsieur d'Espinouse s'est remis de noz trouppes et il y en aura bien d'autres avant que soit troys jours et quant on les voudra retenir ès lieux que sont se sera à nostre avantage. Je me recomande humblemant à vostre bonne grâce.

Escript le 16 de janvier [1579]-

Votre humble frère à vous obeir. CALLAS.

XXIX Jean-Baptiste de Pontevès à son fils Joseph

A mon fils de Callas

à Impus 1,

Callas, je esté contrainct vous mander ce porteur exprès pour ce que je suis fort fasché de ce que je entendu que le cappitaine Perache est venu courre à Figanières 2 et ont rancontré quatre ou cinq de Callas desquelz partie se sont sauvèz et ont retenu Jan Antoine Boyer dict Cannet, le filz de Riquier le bocher, André Mège et Veyan filz de Pierre Ris et les ont amenez à Impus, de quoy j'en suis fort marry et ne sont pas ret[ournés]. Marquez ce que je dis. Je ne suis esté jamais trouvé trahistre, ny veulx tant que je vivray estre tenu en telle réputation. Jé promis aux gens de Callas et les leur observeray que s'ilz font ce qu'ilz doybvent fere envers nous que je les assurés sur mon honneur et conscience que je leur seroys non seulement bon et entier seigneur mais pere, et les ay assourez que vous et tous voz frères leur ferez de mesmes comme je leur

1 Copie. Callas. Arch. comm. FF. 138, f° 25 V°. 2 Arrond. de Draguignan, canton de Callas.


[42] — 4 —

veulx estre et que leur joye sera la nostre et leur douleur sera nos douleurs 1. Par quoy donnez ordre que tout incontinent et sans delay faisiez que les susnomez soyent relaxés et qu'ilz s'en viennent en diligence pour assister a la ratification, car Jan Antoine Cannet, comme suis adverty, a tousiours prins jusques contre ses propres parans la picque pour nous de manière que je seroys autant marry que luy adviene mal comme à aulcun de nous et demain qui est dimanche 2 ladite ratification se doybt faire de manière que je seroys marry s'ilz ne s'i trouvoyent et dors en là donnez bien charge à tous ceulx de vostre régiment et je m'assoure que de tous ceulx quy sont à l'obeyssance de monsieur de Vins et autres quy sont soubz luy que entre tous vous preniez garde que aucun de Callas n'ayt aucune fascherie et destourbier ny en personne, ni en biens ou aurions occasion de les trouver mansongers, ce que ne puys croyre. Et si bien les presents porteurs arivoyent bien à minute, si ne me voulez fere desplaisir, faictes que incontinant soyent relaxés et qu'ilz congnoissent de quel pied leur allons et Dieu vous tienne en sa garde.

A Callas, ce 17 janvier [1579].

Faictes qu'il n'y ait faulte que faciez grande diligence à faire executer ce que dessus et les ai assourez que ne scavez rien de ce que dessus.

Vostre pere,

BARGÈME.

1 Jean-Baptiste de Pontevès avait en effet promis aux habitants d'être «bon seigneur» s'ils ratifiaient la transaction du 28 novembre 1578. Cf. le texte de cette déclaration, Callas, Arch. comm. FF. 119.

2 La susdite transaction fut en effet ratifiée le dimanche 18 janvier par le conseil. Les délibérations de cette époque troublée n'ayant pas été conservées intégralement, le texte de la ratification manque. — Les menaces de Joseph de Pontevès ne furent pas étrangères à la détermination des habitants. « You ay tant fach, dit-il à Augustin Sigalony, marchand, de Montauroux, qui était allé le voir à Callas, que mous bellitres an ratifficat la transaction ; et mais s'ils eos ne lagueson faictz iou fusse fa callar lou fuoc aux quatres quantons de la ville ». Déposition de Sigalony. Enquête Thomé. FF. 139.


- 5 - ■ [43]

XXX Joseph de Pontevès à son père

A Monseigneur,

Monseigneur de Bargème 1,

Monseigneur, j'ay veu par vostre lettre que vous estes fâché contre ma fame, de quoy je suis marri, si elle vous en donne occasion, ce que je ne puis comprandre, car elle n'a jamais eu envie que vous fere service, et si elle n'ause aller au devant de vous c'est pour ne vous fere metre en collere mesme de ce que luy demandés une infinité de choses que faut que je les vous bailhe et non elle qui n'en a pas le moyen mesmes des cinq cens florins lesquelz il vous pleut m'acorder que je payerais tant que le procès de Callas dureroit et despuis vostre acord fut dit que s'il ne tenoit que je les payerais m'offrant à davantage comme je fois. Mais s'il tient et que vous aiés eu beaucop plus de rante par mon moyen que n'en esperiès, je vous suplie très humblemant ne me vouloir estrangler, car je m'efforce sans espagner ma vie et pour l'avancement du general de vostre maison et pour le particulier de mes freres. Vous le voyés bien, monseigneur, et que je ne pourray fere si j'en suis si mal recogneu. Pour le regard de la garde du chateau de ce que sera esté forni, il ne s'en perdra pas ung denier, je le payeray plustost du mien, mais je vous suplie très humblemant en vouloir avoir quelque peu de patiance que je sois là que serait sans les affaires que se sont presantés et se présantent. Les forces se doivent asambler devant Draguignan. Monsieur de Beaudimant a prins Tres. Passant la Durance des gens de monsieur de Suse s'en nya cinq gentishomes 4. Que sera pour fin après vous avoir presanté mes tres humbles reco1

reco1 Callas. Arch. comm. FF. 136 ; copie 138, f° 18.

2 Lorsque le comte de Suze s'enfuit d'Aix pour retourner à Avignon. Cf. G. Lambert, loc. cit. p. 196. Il s'enfuit si précipitamment qu'il gagna « la rivière de Durance sans un de ses éperons qu'il avait laissé à Aix de la grande hâte qu'il eut de départir ». Mémoires de N. du Bourg, ècuyer, d'Aix. Bibliothèque Méjanes. 783 (541. R. 835), p. 131.


[44] - 6 -

mandations à vostre bonne grâce, priant Dieu luy plaise, monseigneur, vous donner en santé tres heureuse et tres longue vie.

A Empus, le 22 de janvier [1579] à troys heures après minuit.

Vostre tres humble et tres obeissant filz,

J[OSEPH] DE PONTEVÈS.

XXXI Joseph de Pontevès à son frère Pierre de Pontevès

A Monsieur de Brovès mon frère,l

Monsieur mon frère 2, j'ai veu la vostre. Il ne se peut nier qu'il ne soit cler quand le soleil est levé. Aussi voit-on à l'oeil que j'ay servi de quelque chose. Si l'acord ne tient je feray encores plus que on ne veut. Vous scavès comme les affaires ont passé de sorte que je serais triplemant chargé. Je feray contanter madame à peine de la vie. Cepandant je voudrais bien scavoir que c'est. Me recomandant humblemant à vostre bonne grâce.

Escript à la Grannegonne 3 le 25me de janvier [1579]. Vostre humble frère à vous obeir, CALLAS.

XXXII Joseph de Pontevès à Antoine de Castellane

A Monsieur mon cousin, Monsieur de Sallemes, 4

Monsieur mon cousin 5, l'homme que je vous avois mandé a esté prins par ceux de Draguignan qui nous sont venus veoir

1 Original. Callas, Arch. conim., FF. 136 ; copie, FF, 138, f° 22 V°.

2 Pierre de Pontevès.

3 Quartier du territoire de Draguignan.

4 Original. Callas, Arch. comm., FF. 136 : copie, FF; 138, f° 24.

5 Antoine de Castellane, seigneur de Salernes, Villecroze, la Martre, fils


- 7 - [45l

avec environ mille hommes assamblés de tous ces environs qui nous ont escaramouché de bien près tout ce jourd'huy. Il y en a troys ou quatre de mors des nostres et quelques bestes et l'ennemi il y en a grand nombre. Ilz sont là à Draguignan et demain les attandons et toutes les heures. Ilz nous coupent les vivres et ce jourd'huy avons gaté plus de deux quintaux de poudre.

Voyez, je vous suplie, de mander en poste à monsieur de Vins, et vous cepandant, s'il vous plaict, me manderès du pain, car je n'en ay point et si avès de poudre vous manderay l'argent.

Advertissès moy de ce que m'escriprès. Me recomandant humblemant à vostre bonne grace.

Le 3me de febvrier [1579].

Vostre humble cousin à vous servir,

CALLAS.

Despechès, je vous suplie, d'advertir M. de Vins pour la conséquance.

XXXIII Joseph de Pontevès à son père

A Monseigneur 1,

Monseigneur, je crois que aurés antandu par Jehan Peire quelle trouppe m'estoit venue trouver panssantz trouver en campagne ceux que me devoint assiéger, comme les advertissemantz m'en estoint venus de pron de pars. Ce que,n'ayans trouvé nous allames embosquer où fallimes de deux cens pas seulemant à fere acognoistre à ces assiegeurs de quel pied nous nous chaussons. Il en morut seulemant cinq ou six à ce

d'Alexis et de Catherine de Pontevès ; cette dernière fille de Reforciat, seigneur de Pontevès et de Marguerite de Forbin ; marié à Marguerite de Garde, fille de Gaspard, seigneur de Vins, et d'Honorade de Pontevès ; testa le 17 février 1624. Cf. Arch. dép., Var, Généalogie des Castellane,p. 109, et des Sabran-Pontevès, p. 60. 1 Original. Callas, Arch. cemm., FF. 136 ; copie, FF. 138, f° 18 V°.


[46] - 8 -

que nous vismes ne sçachans des blessés qu'est impossible qu'il n'y en eut. Des nostres le chevalier de Casteauredon perdit un cheval qu'est tout le mal que nous eusmes, Dieu merci ! Et sans le mol où noz chevaux s'enfoncèrent fort près d'eux, il y avoit belle bocherie.

Monsieur de Vins n'y estoit point, c'estoit Monsieur d'Oize avec Monsieur de Goou 1 avec tout le reste de bien montés sans bagage ormis d'avoine qu'ilz portoint chascun. Noz affaires ne scauroint estre en meilheur estat. Je vous advertiray de tout ce que se passera, mesmes de ce que aura esté resolu à l'assamblée de Sellon 2 et feray tenir vostre lettre à Monsieur de Vins 3. Je ay mandé une partie des cinq cens florins à ma famé pour vous balher et si vostre acord ne tient je ne continueray pas seulemant à vous balher pareille somme annuellement, mais y despandray la vie, mesmes que je suis adverti que ilz n'allongent que pour vous torner tromper, mais s'ilz ne donnent ordre que la chose s'acomplisse comme doit, ilz se trouveront les trompés.

Nous trouvons trestous fort estrange que les consulz endurent que ceux qui tiennent nostre parti soint saccagés en leurs maisons, de quoy faut qu'ilz s'asseurent d'en fere fere raison ou l'allant prandre ne sera possible que tel n'en porte la penitance qui sera innocent. Je me recommande tres humblement à vostre bonne grace, priant Dieu luy plaise, Monseigneur, vous doint en santé tres heureuse et tres longue vie.

Escript à la Grannegonne, le 9me de febvrier 1579. Vostre tres humble et tres obeissant filz, J[OSEPH] DE P[ONTEVÈS].

1 Dans la copie de Gaolt. Voir lettre XXV.

2 Salon. Bouches-du-Rhône. arrond. d'Aix, chef-lieu de canton. Le comte de Carcès y résidait.

3 Peut-être s'agit-il de la lettre par laquelle J.-B. de Pontevès lui demandait de revenir à Callas ? Cf. t. I,p. 241, note 2. Etant à la Granegonne, Joseph de Pontevès recevait souvent des lettres de son père que le porteur cachait dans un bouton de son pour point. Déposition de Jean Lançon, muletier, de Callas, 23 ans. Enquête Thomé, FF. 139.


- 9 - [47]

Le reste des cinq cens florins l'aurès par toute seste semaine, Dieu aidant.

XXXIV Joseph de Pontevès à son père

A Monseigneur de Bargène i,

Monseigneur, je suis bien aise d'avoir le roolle de ceux que nous vouloint venir metre en pièces si nous eussions estes de ceste opinion de l'andurer. S'ilz s'asardoint de se metre en (sic) de Grannegonne nous leur monstrerions bien que scavons mieux assallir. Je suis infiniemant marri qu'ilz ne y sont venus. Monsieur de Vins s'estoit getté à Sallernes 2. Le grand nombre de ceux qui y estoint de vostre lieu et le peu de conte qu'ilz font de mander emologuer l'acord denotte la malice cachée 3. Ilz ont pron libre accès ès lieus où se trouve force argent, qu'ilz en alhent hardimant prandre et mander sans plus delayer. Autremant n'y a rien de faict. Quant à moi je suis en lieu où me faut despandre et en espées et munitions et autres choses que mon honneur me commande que il me seroit du tout impossible de leur en preter et me contanteray de vous pouvoir mander les cinq cens florins que demandés de pache que si ledit acord ne tient je continueray annuellemant jusques à ce que tienne ou que la court en aye dit, et, estant ferme, je seray exampt d'ici en là de payer ladite somme moyennant lesdits cinq cens florins. De quoy, s'il vous plaict, me ferez asseurance. Monsieur de Vins m'escript que le Roy a mandé vers nous Monsieur le conte de Grignan 1 et Monsieur de

1 Original. Callas, Arch. comm., FF. 136 ; copie, FF. 138, f° 19.

2 Arrond. de Draguignan, chef-lieu de canton.

3 Les habitants de Callas avaient ratifié une seconde fois le 2 février 1579, la transaction du 28 novembre 1578. Jean-Baptiste de Pontevès avait exigé cette seconde ratification parceque les consuls avaient protesté par avance coutre la ratification du 18 janvier. Cf. FF. 119.

4 Louis de Castellane-Adhémar de Monteil, comte de Grignan, seigneur de Moissac, baron d'Entrecasteaux, avait épousé par contrat du 24 mai 1559


[48] - 1O -

Vers 4 pour veoir d'acomoder ces affaires 2. Il me doibt dire le tout, mais à ce que puis antandre, Sa Magesté aura agreable que ses rebelles razés aient ung bel coup de foet qui serve d'example à ceux qui voudront fouir de fornir à ce que sera de besoing pour son service. Mon frère de Séail 3 l'ay mandé là où m'escripvès. Mon frère d'Esclans 4 se porte bien. Nos affaires generaux ne scauroint aller mieux au monde, Dieu merci ! qu'ilz font. Je croys que en peu de tamps antandrés de plus grandz novelles. Cepandant je me recomanderay tres humblemant à vostre bonne grace, priant Dieu luy plaise, Monseigneur, vous donner en santé tres heureuse et tres longue vie.

Escript à la Grannegonne, le 14 de febvrier [1579]. Vostre tres humble et tres obeissant,

J[OSEPH] DE P[ONTEVÈS].

Pour le regard du bois, il faut que la ville en fornisse, car il me seroit impossible de tant fere. Nous l'avons arresté ainsi et qu'ilz n'y fallent point. J'allai hier donner jusques aux portes de Draguignan où prinmes bien près deux hommes.

Isabelle de Pontevès, fille de Jean de Pontevès, comte dé Carcès, et de Marguerite de Brancas. Il se trouva au siège de Metz en 1552, se distingua au siàge de la Rochelle en 1573. Par lettres du roi du 7 mars 1579, il reçut commission d'une compagnie de 50 hommes, d'armes de ses ordonnances, fut fait chevalier du Saint-Esprit en 1584, testa le 4 mai 1598, et mourut le 1er août de ladite année. Cf. Généalogie des Sabran-Pontevès, p. 39 ; Généalogie des Castellane, p. 1,92; Biblioth. Méjanes, manuscrit 1133, p 982 et suiv.

1 Jacques de Boche, seigneur de Vers, baron des Baux, sénéchal de Beaucaire.

2 Cf. Lettre de Catherine de Médicis, t. VI, p. 288.

3 Jean-Baptiste de Pontevès.

4 Fouque de Pontevès.


. — 11 — [49]

XXXV Joseph de Pontevès à son père

A Monseigneur1,

Monseigneur, ma fame vous fera antandre les moyens que je pris pour le presant trouver à fere trouver argent pour l'emologation qu'est l'importance, comme aussi de vous fere payer les lods et autres actes que monstrent comme l'acord s'est exécuté, qu'est le conseil que me dit monsieur le marquis 8. Nous tenons quatre ou cinq plasses assiégées, mais surtout ceux de Solliers 3 sont tenus de fort près par leur seigneur 4 qui les veut recepvoir à aucune composition pour ce que l'ont trompé par deux fois. Vous entendrès en peu de jours que je seray bien triplemant acompagné estant arrivé à Aups M. de Brussalles avec sept ou huict cens harquebusiers et cens chevaux. Monsieur de Vins a deffaict deux cens hommes de Tollon s que venoint en secours à ceux de Solliers et en a retenu prisoniers vint et cinq ou trente des principaux que exchangent pour des piesses. Le Roy a mandé vers nous le sieur conte de Grignan et de Vers. Je n'ay point encores parlé à monsieur de Vins pour savoir les particularités. Me recomandant tres humblement à votre bonne grace, priant Dieu luy plaise, monseigneur, vous donner en santé tres heureuse et tres longue vie.

De la Grannegonne, le 19 de febvrier [1579]. Votre tres humble et tres obeissant,

J[OSEPH] DE P[ONTEVÈS].

1 Original. Callas. Arch. comm. FF. 136 ; copie FF. 138, f° 20.

2 Sans doute Claude de Villeneuve, marquis de Trans, beau-père du signataire.

3 Solliès-Pont. Arrond. de Toulon, chef-lieu de canton.

4 Palamède de Forbin. 3 Toulon.


[50] — 12 —

XXXVI Joseph de Pontevès aux consuls de Callas

A Messieurs les consulz de Callas

à Callas 1,

Messieurs les consulz, suivant ce que m'avès escript j'ay taut faict que le cappitaine Sigallone escript une lettre à ung sien beau frère pour vous preter six cens florins comme verrès, mais faut que y mandiès prontemant. Je seray prompt à vous fere tous plaisirs, m'asseurant de vostre bonne volanté combien que on m'a asseuré que estoit parti de vostre lieu une grosse trouppe pour venir aider à ceux que me vouloint venir tuer ici. Cella n'est pas bon, s'il est ainsi. Me recomandant de bon ceur à vostre bonne grace de tous, priant Dieu vous doint la sienne.

Escript le 19 de febvrier 1579 aux Grangonnes. Vostre fort asseuré et bon amy,

CALLAS.

XXXVII Joseph de Pontevès à son père

A Monseigneur 2,

Monseigneur, ceste nuit passée monsieur de Vins est venu dormir avec moy. Tous noz affaires vont le mieux du monde. Il n'y a qu'une chose que nous avons sans mantir tant de gens que ne scavons que en fere. Par ce que j'ay escript à ma fame entendrès comme toutes choses passent. A quoy vous plairra adviser au meilheur. Me recomandant tres humblemant à vostre bonne grace, priant Dieu luy plaise, monseigneur, vous doint en santé tres heureuse et tres longue vie.

Escript à la Grannegonne, le 2me de febvrier [1579] de nuit. Vostre tres humble et tres obeissant,

J[OSEPH] DE P[ONTEVÈS].

1 Original. Callas. Arch. comm. FF. 136 ; copie FF. 138, f° 23 V°.

2 Original. Callas. Arch. connu. FF. 136; copie FF. 138, f° 20 V°.


— 13 — [51]

XXXVIII Joseph de Pontevès aux consuls de Callas

A Messieurs les consulz de Callas 4, Messieurs les consulz, je vous prie qu'aulcun de Callas de ceux qui sont à ma trouppe ne soint point folés et que n'ayent poinct de mal a peine de s'en prendre à ceux qui l'auront faict et à vous mesmes et à aultres qu'en porront estre inocens. Me recomandant à vous. De Bargème, ce Vme mars 1579. Vostre bon et singulier amy,

CALLAS.

Je vous prie donner ordre de mander prontemant à Granoble 2 comme avons arresté et que j'aye response du tout.

XXXIX Memoyres 3

Les bestes que ont emmené les trouppes de monsieur de Vins.

Et premièrement Piere Magnaud, ont esté prins au teroyr de Bargeme ses beufz a Callas quant monsieur de Vins s'en est en allé dernieremant a esté prins ung mullet de poil noyr de Barthelemy Giraud et des gens de la compagnie de monsieur dau Villar l'ont -f- A Jehan Guigo a estè prins ung asne de poyl blanc et est à Castelviel avec les gens de Callas -j- A Lucquet Cosset une saume noyre -f- A Jehan Sauvaire ung asne blanc -j- A Gaspar d'Olivière une saume blanche, ung asne de poyl noyr qu'est de 4 de la compagnie de monsieur

monsieur Villar -f- ung asne noyr de Suffren Fauchier -\- ung asne de Jean Gardon dit Perus.— Yer jeudy cinquiesme mars feut tenu icy conseil vieux et nouvel que Muissel et Bonifacy

1 Original. Callas. Arch. comm. FF. 136; copie, FF, 138, f° 23 V°.

2 Afin de faire homologuer la transaction du 28 novembre 1578.

3 Original de la main de Jean Baptiste de Pontevès et copie. Callas. Arch. comm. FF. 136 : autre copie FF. 138, f° 27.

4 En blanc dans le texte.


[52] — 14 —

Giraud, Jean Mario Parpel et autres dirent et déclararent ne vouloyent que la transhaction en nulle sorte passast et que ne vouloyent que l'on l'allast amologuer, aussy que ne vouloint la ville me payast en nulle sorte les cinquante escus que Callas me doybt et que s'il me doibt qu'il me paye et je délibere d'estre payé ou feray que s'en parlera. L'on cuyda tuer Pierre Caton, sindic, au conseil et disent que nous a esté favorable et que. le vouloyent oster de sindic et dimenche en vouloyent faire ung autre. Et ledit jour Antoine Magnaud, frère de Pierre, donna à l'autre ung soufflet au sindic Vachier et tira ung coup d'allebarde au sindic Pierre Catton qu'est miracle que ne le tua, que sont choses grandemant scandaleuses et des gens des Raisèz de ceste ville ont dictque me vouloyent venir assieger, disans que son filz de Callas los vollio fare anar tuar, nous a monstrat lo camin, mais ilz attrouveront à qui parler. Ledit jour Jacques Cat, de Callas et autres me prindrent mes bestes venant du boys que me trouve grandemant fasché. De Callas, ce 6 mars 1579.

BARGÈME.

Fragment de lettre 1

(de la main de Jean Baptiste de Pontevès)

... que n'en ay eu rien. Et monsieur de Vins estant ysy en presance de Joseph me dict que me baylheroyt de contribusiouns a savoir les lieus de Callas à tant, Clavier à tant, Mounferat et Chasteldouble à tant, et en lieu que les aie peu avoir ledict Joseph les fet pacer hourdinèrement que me a ruyné et voyant que se monquent ensins de moy m'en trouves fort faché. Et monsieur de Vins avec ses troupes hount 2 ledit Joseph y estet avec ung regiment et i vint un samedi.....

1 Original, Callas, Arch. comm., FF. 136 ; copie, FF. 138, f° 26 V°.

2 Dans la copie où.


OCTAVE TEISSIER

La Société d'Etudes Provençales vient de perdre en la personne de M. Octave Teissier, conservateur du Musée et de la Bibliothèque de Draguignan, l'un de ses membres les plus érudits. Sur sa tombe M. Clavier, maire de Draguignan, et M. Belletrud, président de la Société d'Etudes Scientifiques et Archéologiques de la ville, ont fait l'éloge du fonctionnaire, du travailleur, de l'homme privé 4. Nous n'avons point à le refaire. Nous désirons simplement publier le curriculum vitae de celui que nous regrettons et la bibliographie complète de ses oeuvres. Cette seule énumération a d'ailleurs son éloquence.

E. P.

TEISSIER: (Antoine-Charles-Marius-Octave), fils de JeanPaul-Antoine, avocat, et de Zoé-Marie-Eulalie Laugier ;

Né à Marseille le 9 janvier 1825 ;

Elève de l'Institution Daumont à Marseille ;

Attaché au service des Domaines en Algérie du 15 février 1840 au 7 septembre 1853 ;

Chef de Cabinet du Préfet du Var de septembre 1853 à septembre 1855 ;

Receveur municipal de la ville Toulon du 26 septembre 1855 au 30 septembre 1873 ;

Attaché au Cabinet du Préfet des Bouches-du-Rhône du 12 janvier au 5 mars 1874 ;

Archiviste de la ville de Marseille du 5 mars 1874 au 26 décembre 1877 ;

Conservateur de la Bibliothèque et du Musée de Draguignan du 6 décembre 1889 au 19 novembre 1904;

1 Voir le texte de leurs discours dans le Var, n° du 24 novembre 1904. Imp. Latil. Draguignan.


— 16 —

Décédé à Draguignan le 19 novembre 1904.

Membre du Congrès International de Statistique, 31 juillet 1855 ; membre correspondant de la Société d'Etudes Scientifiques et Archéologiques de Draguignan, août 1855 ; membre correspondant de la Société de Statistique de Marseille, 8 novembre 1855 ; membre résidant de la Société des Sciences, Lettres et Arts du département du Var, Toulon, 26 avril 1858 ; membre correspondant de la Société Historique Algérienne, 15 décembre 1862 ; correspondant du Ministère de l'Instruction Publique pour les travaux historiques, 26 février 1863 ; membre correspondant de l'Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles Lettres d'Aix, 20 avril 1863 ; membre correspondant de la Société de Climatologie Algérienne, 9 juin 1864 ; membre correspondant de l'Académie d'Arcadie (Italie), 15 février 1865 ; membre correspondant de la Commission de la Topographie des Gaules, 24 octobre 1871; membre non résidant du Comité des travaux historiques et des Sociétés savantes, 16 avril 1872 ; associé correspondant de la Société des Antiquaires de France, 18 juin 1872 ; président honoraire de l' Académie du Var (Toulon), 3 décembre 1873 ; membre de l'Académie de Marseille, 29 juillet 1875 ; membre du Comité national français du Congrès des orientalistes, 3 décembre 1876 ; membre de la Société d'Etudes Provençale, décembre 1903 ; vice-président du Comité départemental du Var (histoire économique de la Révolution) 19 juillet 1904.

Officier d'académie, 7 avril 1866 ; officier de l'instruction publique, 7 septembre 1873 ; chevalier de la Légion d'honneur, 18 mai 1874 ; épingle ornée de diamants offerte par le roi d'Italie, 25 janvier 1867 ; prix de la fondation Baron de Beaujour décerné par l'Académie de Marseille (6000 francs), 24 octobre 1877 ; médaille de vermeil (prix unique) décernée par le jury des concours littéraires français et provençaux de la ville d'Aix (Centenaire de la réunion de la Provence à la France), juin-juillet 1887.


— 17 — BIBLIOGRAPHIE

VOLUMES ET BROCHURES

1855 I. Statistique du Var et résumés généraux de la Statistique de l'Empire. Draguignan, P. Garcin, vol. gr. in-8°.

1857

2. Situation Economique de la France, 1835-1856. Paris, Guillaumin,

Guillaumin, in-12.

1858

3. Les Hommes illustres du Var, Arnaud de Villeneuve, médecinalchimiste. Toulon, E. Aurel, vol. in-12.

4. Biographie de Louis d'Aguillon, brigadier des armées du roi, suivie d'une Notice sur la découverte et la reconstruction de l'ancien aqueduc romain d'Antibes. Draguignan, P. Gimbert, vol. gr. in-8°.

1859

5. Etude biographique sur Louis Gérard, botaniste. Toulon, E. Aurel, vol. gr. in-8°.

1860

6. Histoire de la commune de Cotignac. Marseille, Alex. Gueidon, vol. in-80.

7. Notices biographiques sur les hommes illustres de Cotignac. Marseille, Alex. Gueidon, br. in-8° (extrait de l'Histoire de la commune de Cotignac).

8. Notice historique et documents statistiques sur les Sociétés de secours mutuels. Paris, Guillaumin, vol. gr. in-80.

1861

9. Une visite à l'arsenal de Toulon. Paris, L. Hachette, vol. in-12.

1862

10. Histoire d'une ancienne famille de Provence [non signée]. Toulon, E. Aurel, vol. in-80, nombreuses planches.

1863

11. Etude sur l'histoire de Toulon. Marseille, Marius Olive, br. gr. in-8°.

12. Notice sur les archives communales de la ville de Toulon. Toulon, E. Aurel, vol. in-80.

13. Géographie de l'Algérie. Paris, L. Hachette, vol. in-32.

14. Géographie de la France et de l'Algérie. Paris, L. Hachette, vol. in-32.


1864

15. Lorgues et Toulon. Marseille, Alex. Gueidon, vol. in-18.

16. Une journée à Toulon. Toulon, Aurel, br. in-16.

17. Essai historique sur les criées publiques au moyen-âge. Draguignan, P. Gimbert, vol gr. in-8°.

18. Notice historique sur la commune de Fréjus. Toulon, br. in-80.

19. Notice historique sur la ville de Draguignan. Marseille, Olive, br. in-8°.

1865

20. Algérie, histoire, statistique. Paris,. Hachette, vol. in-8°.

21. L'Empereur Napoléon III chez les Trappistes de Staouèli. Toulon, Aurel, br. in-8°.

22. Etude sur les finances de la ville de Toulon en 1625. Toulon, Aurel, br. in-16.

23. Napoléon III en Algérie. Paris, Challamel, vol. in-8°, nombreux portraits.

24. Notice historique sur la commune d'Aups. Marseille, Alex. Gueidon, br. in-12.

1866

25. Marseille sous Napoléon III Marseille, Alex. Gueidon, vol. in-12.

26. Inventaire sommaire des archives communales de la ville de Toulon antérieures à 1790. Toulon, Aurel, 2 vol. in-4°.

1867

27. Marseille et ses Monuments. Paris, Hachette, vol. in-12.

1868

28. Anciennes sépultures et voie romaine à Toulon. Toulon. Aurel, br. in-8°.

9. Artigues, otice istorique. raguignan, Lati, br. in-32.

0. onfaron, otice istorique. raguignan, Latil, in-8°

3. tat e a oblesse e arseille n 693. Marseille, V. Boy, vol. in-32.

32. Le Suffrage universel et le Voie obligatoire à Toulon en 1354, Paris, Dumoulin, br. in-8°.

33. La famille de Forbin et la bourgeoisie de Sollies. Paris, Dumoulin, br. in-8°.

34. Histoire de Bandol. Marseille, Alex. Gueidon, vol. in-8°.

1869

35. Le commerce du Blé à main armée. Paris, Imprim. Impériale, br. in-8°.

36. Les Elections municipales en Provence. Draguignan, P. Gimbert, br. in-8°.


- 19 -

37- Histoire de Toulon au Moyen-Age. Paris, Dumoulin, vol. in-80.

38. Du maintien des Octrois. Marseille, Camoin, br. in-8°.

1870

39. Un Complot municipal à Toulon en 1402. Toulon, Laurent, br. in-8°.

1871

40. Documents inédits sur Pierre Puget. Toulon, Laurent, br. in-12.

1872

41. Biographie de V.-A. Thouron. Toulon, Laurent, br. in-8°.

42. Histoire de quelques rues de Toulon, Draguignan, Latil, vol. in-8°.

1873

43. Histoire des agrandissements et des fortifications de Toulon, plans et cartes. Paris, Dumaine, vol. in-8°.

44. Table générale des Bulletins du Comité des travaux historiques. Paris, Imprim. Nat., vol. gr. in-8°.

45. Toulon, l'Arsenal et le Bagne. Toulon, Laurent, br. in-32.

1875

46. Economie Politique au Moyen-Age. Etude sur la Comptabilité communale à Toulon en 1410. Draguignan, Latil, br. gr. in-8°.

47. Les èchevins Georges de Roux et de Rémusat. Marseille, br. in-8°. Extrait de la Revue de Marseille.

48. Toulon en 1770, br. in-12. Extrait de l'Annuaire du Var.

1876

49. Correspondance du Père le Vacher, consul d'Alger. (Mélanges historiques du Comité). Paris, Impr. Nat,, vol. in-4°.

50. Biographie de M. Mercier-Lacombe. Draguignan, Latil, br. in-8°.

51. La Charité de Marseille. Discours de réception à l'Académie de Marseille. Marseille, Barlatier-Feissal, br. in-8°.

1877

52. Biographie de L.-Ch. Thiers. Marseille, T, Samat, vol. in-12.

53. Rapport sur les archives communales de la ville de Marseille. Marseille, T. Samat, br. in-8°.

1878

54. Histoire du Commerce de Marseille. Marseille, T. Samat, vol. in-4°.

55. Inventaire des archives historiques de la Chambre de Commerce de Marseille. Marseille, Barlatier, vol. gr. in-4°.

56. Les Médecins de la marine nationale au Sénégal, le Dr Bourgarel. Marseille, T. Samat, br. in-8°.


— 20 —

1882 - 57. Inventaire des archives modernes de la Chambre de Commerce de Marseille. Marseille, Barlatier, vol. gr. in-4°.

58. Peintres, graveurs et sculpteurs nés en Provence. Draguignan, Latil, br. in-8°.

1883

59. Armorial des échevins de Marseille en collaboration avec M. Laugier, conservateur du cabinet des médailles de Marseille. Marseille, Olive, vol. in-8°.

1886

60. Prix fondé par le baron Félix de Beaujour. Rapport sur le concours de 1885 (12 novembre 1886). Marseille, Impr. Méridionale,: br. in-8.

61. La maison d'un bourgeois au XVIIIe siècle. Paris, Hachette, vol. in-12.

1887

62. La Provence ancienne et moderne. Réunion de la Provence à la France. Marseille, Publications Populaires, br. gr. in-8° avec gravures.

1888

63. Les anciennes familles marseillaises. Marseille, T. Samat, vol. in-8°.

1889

64. Le palais de Monseigneur du Bellay à Draguignan. Draguignan, Latil, vol. in-8°.

65. Raimondis, seigneur d'Allons, consul de France à Tripoli. Draguignan, Latil, vol. in-8°.

1890

66. Notice sur la bibliothèque de Draguignan. Draguignan, Latil, br. gr. in-8°.

67. Un grand seigneur au XVIIIe siècle. Le comte de Valbelle. Paris, Hachette, vol. in-8°.

68. Armorial de la Sénéchaussée de Draguignan. Marseille, Olive, br. in-8°.

1891

69. Henri Panescorse. Nécrologie. Draguignan, Latil, br. in-8°.

70. Le Prince d'amour et les abbés de la jeunesse. Draguignan, Latil, vol. in-12.

71. Marseille au Moyen-Age. Draguignan, impr. Latil, vol. in-8°. V. Boy, édit. Marseille.

1892

72. La Chambre de commerce de Marseille. Son origine, sa mission. Marseille, Barlatier, vol. gr. in-8°.


21

1893

73- Titres de noblesse de la bourgeoisie Généalogie d'une famille provençale. Marseille, V. Boy, vol. gr. in-8°.

74. Catalogue du musée de Draguignan. Draguignan, Latil, vol. in-12.

1894

75. Poésies provençales de Robert Ruffi. Marseille, V. Boy ; Draguignan, Latil, vol. gr. in-8°.

1895

76. Album des oeuvres de Pierre Puget. Marseille, V. Boy, vol. gr. in-8°.

77. Biographie de Pierre Clément, membre de l'Institut. Draguignan, Latil, br. gr. in-8°.

1897

78. Biographie des députés de la Provence à l'Assemblée Nationale de 1789. Marseille, V. Boy, vol. in-4°, orné de gravures.

79. Le même ouvrage, 2me édition. Draguignan, Latil, vol. in-8°, orné de 43 portraits.

80. La jeunesse de l'abbé Siéyes (documents inédits). Paris, impr. de la Nouvelle Revue, br. in-8°.

1898

81. Les livres annotés de la bibliothèque de Draguignan. Draguignan, Latil, br. in-8°.

82. Livret du musée de Draguignan (abrégé du catalogue). Draguignan, Latil, br. in-8°.

1899

83. La cathédrale de Fréjus. Draguignan, Latil, br. gr. in-8°.

84. Les Petites Soeurs des Pauvres. Les dévouements. Drasruis-nan Publications Populaires du Petit Marseillais, impr. J. Ventre, Nice, br. in-12.

1900

85. Marseille à travers les siècles, en collaboration avec JeanBaptiste Samat. Paris, Ludovic Baschet, I vol. in-f° ; illustré de nombreuses gravures.

86. Armorial de la ville de Toulon. Familles consulaires ; officiers de marine. Toulon, agence du Petit Marseillais, vol. gr. in-8°, avec planches. Draguignan, impr. Latil.

87. La Tour du Muy dite de Charles-Quint. Draguignan, Latil, br. in-8°.

1901

88. Le Mausolée du comte de Valbelle. Paris, impr. de l'Art, br.in-4°.


— 22 —

89. Monuments historiques du Var. Draguignan, Latil, vol. in-4°, orné de phototypies.

1902

90. Pierre Mignard en Provence. Paris, Plon-Nourrit, br. in-8°.

91. La Crusca Provençale, 1724, notice bibliographique. Draguignan, Latil, br. in-8°.

92. Seigneurs et Vassaux, notes et documents. Marseille, impr. de la Revue Historique de Provence, br. in-8°.

93. Iconographie du bailli de Suffren. Paris, impr. de l'Art, br.in-4°.

1903

94. Alfred de Musset, documents généalogiques. Draguignan, Latil, br. in-8°, ornée d'un portrait.

95. Les dames de Valbelle. Paris, Honoré Champion, br. in-18.

1904

96. Meubles et Costumes. Draguignan, impr. Latil, Hon. Champion, édit, Paris, br. in-18.

1905

97. Catalogue du Musée de Draguignan, 2me édition. Draguignan, Latil, vol. in-16.

OEUVRE POSTHUME

98. Peintres et sculpteurs provençaux, notes iconographiques. Paris, Hon. Champion, vol. in-4°.

ARTICLES DE JOURNAUX 1857

Les toilettes en 1857 (Toulonnais, 6 mars); Les canards et les faits divers en 1757 (Toulonnais, 17 décembre); Société de secours mutuels contre le célibat féminin (Toulonnais, 27 décembre).

1858 Statistique de l'assistance publique à Toulon (Toulonnais, 29 avril) ; Les véterans de l'agriculture, épisode de voyage (Galette du Midi, 15 septembre) ; La sorcellerie en 1858 (Sentinelle du Midi).

1859 Etienne Garcin, nécrologie (Petit Marseillais, 26 novembre) ; Décentralisation littéraire (Toulonnais, 11 décembre); Etudes sur les divers agrandissements de Toulon.(ibid. du 27 octobre au 19 novemb.)

1860 Voyage de l'empereur à Toulon (Toulonnais, 15 décembre). .

1863 L'agriculture et l'industrie (Toulonnais, 17 mars), (sous la signature de l'imprimeur).


_ 23 —

1865

Monographie de la maison n° 22 de la rue Neuve à Marseille par L. de Crozet, compte rendu (La Foi Catholique, 15 février).

1874 Deux chrétiennes pendant la peste de 1720 par Charles de Ribbe, compte rendu (Revue de Marseille et de Provence, p. 355); Distribution des prix aux élèves des écoles dirigées par les soeurs de St-Charles à Marseille (Le Citoyen, 18 août).

1876 Deux maris pour une femme (Petit Marseillais, décembre) ; Question municipale, mont de piété (Ibid, 19 décembre) ; Distribuiion de secours, fête de Noël (Ibid, 23 décembre); La bibliothèque de Marseille (Ibid, 25 novembrs) ; Les frais de représentation du maire de Marseille (Ibid, 29 décembre).

1877 Le 1er janvier 1877 (Petit Marseillais, 1er janvier); Accroissement de la population de Marseille (ibid., 7 janvier); Les anciennes affiches de Marseille (ibid., 8 janvier); Beaumarchais armateur et négociant (ibid.. 13 janvier, Gaulois, 16 janvier); L'enseignement public à Tunis (Petit Marseillais, 15 janvier); Les rues non classées; Les monuments politiques à Marseille (ibid., 18 janvier) ; Le papier timbré; Le parterre au Grand-Théâtre (ibid., 19 janvier) ; Description de Marseille par M. Thiers (ibid., 20 janvier) ; Création d'une faculté de médecine à Marseille (ibid., 21 janvier) ; Nos rues (ibid., 23 janvier); Bals publics et oflîciels à Marseille (ibid., 29 janvier) ; La rue Thiers (ibid., 30 janvier) ; La gratuité de l'enseignement (ibid., 6, 10, 14, 19, 22, 25 février, 9 mars); Académie de Marseille, réception de M. E. Rostand (ibid., 5 février); Le conservatoire de musique (ibid., 9 février) ; Le pouvoir de l'argent (ibid., 15 février) ; La reine Jeanne à Marseille (ibid., 18 février) ; Les décorations au point de vue des couleurs (ibid., 21 février); Cours de littérature, M. Reynald (ibid., 7 mars); La maison de Joseph Autran (ibid., 10 mars) ; Le chevalier Roze (ibid., 25 juin) ; Lettres marseillaises (Moniteur Universel, 21 janvier) ; 35 employés de la mairie de Marseille remplacés par des membres du comité électoral (ibid., 25 janvier) ; Emprunt marseillais (ibid., 3 février) ; Lettres marseillaises, l'oeuvre du Conseil municipal (ibid., 13 février).

1878 La commune de Lorgues (Le Marseillais, 7 juillet) ; La fête SaintEloi (ibid., 21 juillet).

1879 Académie de Marseille, réception de M. Stéphan (Petit Marseillais,


— 24 —

10 mars); Une école laïque centenaire à Marseille, M. Daumont (ibid., 21 avril).

1880

Les étymologies (ibid., 8 mars); Citoyen ou monsieur (ibid., 28 mars) ; M. Blancard, archiviste, nommé chevalier de la Légion d'honneur (ibid., 6 avril).

1887

Les juifs en Provence (ibid., Ier septembre) ; Tous seigneurs (ibid., 12 septembre); Un grand mariage au XVIIIe siècle (ibid., 30 septembre); Deux reines marseillaises (ibid., 16 octobre); Les salons du marquis de Méjanes (ibid., 31 octobre) ; Don Pedro II et Charles IV (ibid., 8 décembre); Histoire de quelques fontaines marseillaises (ibid., 21 décembre).

1888

Les Provençaux et les Parisiens (ibid., 3 janvier) ; Le roy boit (ibid.,

8 janvier) ; Les anciennes familles marseillaises (Ibid., 30 janvier); Fabricants et marchands marseillais (ibid., 13 février); Les anciennes familles marseillaises (ibid., 10 et 27 février) ; Les notaires au XVIIe siècle (ibid., 4 mars); Cérémonial de la municipalité marseillaise au XVIIIe siècle (ibid., 19 mars); Les anciens hôtels de Marseille, la maison du roi René (ibid., 26 mars) ; Guillaume de Paul, lieutenant général de la sénéchaussée de Marseille (ibid., 2 avril) ; Saint Jacques de Sylvabelle et Prou Gaillard (ibid., 9 avril) ; Le ancêtres de Mirabeau (ibid., 13 avril); Marseille sous la Terreur (ibid., 23 avril); Promenades des Allées, hôpital du docteur Aubert, Académie de musique (ibid., 2 mai) ; Un journal en 1784, le marquis de Musset (ibid., 7 mai) ; Hôtel de Mongrand, Madame de Simiane (ibid.,

9 mai) ; Les Rémuzat (ibid., 15 mai) ; Les rues de Marseille (ibid., 2 juin) ; Maison de Sain-Jean de Dieu à Marseille (ibid., 22 juin) ; Un proverbe historique (ibid., 23 août); La maison diamentée de la rue de la prison à Marseille (ibid., 31 août;; Les salons de Marseille au XVIIIe siècle (ibid., 18 septembre); Les anciennes familles marseillaises (ibid., 28 septembre); Tous, blasonnés (ibid., 13 octobre); Le livre des décès en Provence (ibid., 2 novembre) ; Les deux frères Dragon (ibid., 25 décembre); Les fins de siècle en Provence (ibid., 31 décembe) ; Un malade qui ne veut pas être guéri (Vals Festival, 25 juin).

1889 Le droit du seigneur en 1789 Petit Marseillais illustré, 2 mars); Le bon vieux temps à Marseille (ibid., 6 avril ; La justice en Provence au XVIe siècle (ibid.,27 avril); L'assistance publique à Marseille (Le Sémaphore de Marseille, janvier) ; Les juifs anoblis (Petit Mar-


— 25 —

seillais, 6 mars); Les anciennes écoles en Provence (ibid., 8 février); Doléances de la Chambre de commerce (ibid., 19 mars); L'Augelus de Millet (ibid., 20 juillet); Mlle Clairon à la Sainte-Baume (ibid., 28 juillet) ; 30.000 marseillais à la Croisade (ibid., 12 août); Le centenaire du poète d'Astros à Tourves (ibid., 16 octobre); Le suffrage universel en Provence avant 1789 (ibid.,2 novembre); Fondation des bibliothèques publiques (ibid., 14 novembre) ; La peine de mort avant la Révolution (ibid., 9 décembre) ;

1890

L'influenza et la fièvre denque au XVe siècle (ibid., 30 janvier); Création des départements (ibid., 16 janvier); Le meilleur remède contre l'influenza (ibid., 22 février); La Bibliothèque de M. Marquis (ibid., 22 février); Quelques centenaires provençaux (ibid., 9 avril); Entrée solennelle du roi René et de François Ier (ibid., 15 avril); Prise du fort N. D. de la Garde, 30 avril 1790 (ibid., 30 avril); Une armure historique du XVIe siècle (ibid., 11 mars) ; Les princes d'amour (ibid., 12 juin); Role politique des corps de métiers au moyen âge (ibid., 8 août); Monuments marseillais (ibid., 19 septembre); Le luxe en Provence (ibid., 27 septembre) ; Les juifs à Marseille avant la Révolution (ibid., 5 octobre) ; Légendes provençales, la reine Jeanne (ibid., 14 décembre) ; Curieux et collectionneurs provençaux (ibid., 23 décembre).

1891

Arrestation d'un magistrat municipal à Marseille en 1737 (fbfd., 15 janvier); Le 9 thermidor en Provence (ibid., 5 février); Pâques, la Passion, chants joyeux (ibid., 29 mars); La maison de Mme de la Porterie (ibid., 31 mars) ; Les dépenses de M. Paul (ibid., 25 mai) ; La liberté du commerce au Moyen Age (ibid. 14 juin) ; Le Marseille d'autrefois, la rue d'Aix (fbfd., 11 juillet) ; Le cours Belsunce (ibid., 2 août) ; Histoire d'une foire franche à Toulon (ibi., 14 septembre) La place neuve (ibid., 30 septembre); La famille de M. Thiers (ibid., 15 octobre) ; La rue de la Pyramide (ibid., 3 décembre).

1892

Les Provençaux à l'Académie française (ibid., 2 janvier) ; Le maréchal de Villars et l'Académie de Marseille (ibid., 21 janvier) ; Une erreur judiciaire dans le Var en 1819 ; Les frères Verse (ibid., 15 février) ; La Grand'rue (ibid., 18 avril) ; Installation de la municipalité en 1765 et 1892 (ibid., 9 mai); La fête de Saint-Jean (ibid., 24 juin); Histoire des plus anciennes rues (ibid., 27 juin) ; Les duels et le tribunal du point d'honneur (ibid, 14 juillet) ; Histoire de la sorcellerie (ibid., 20 juillet) ; La lettre de cachet (ibid., 31 juillet); Pierre Puget et l'intendant Arnoul (ibid , 5 août) ; Les monuments historiques de


— 26 -

la Provence (ibid., 22 août) ; Proclamation de la République en 1792 (ibid., 27 septembre) ; Les fêtes nationales dans la Révolution (ibid., 20 septembre) ; Le comte de Gallifet, gentilhomme provençal (ibid., 24 septembre) ; Les oeuvres de charité à Marseille (ibid , 27 décembre) ; Le tambourin avant 1789 (Echo de Tamaris, 10 septembre).

1893

Notes à la suite de l'inventaire des archives communales de Grasse, par Paul Sénéquier, compte rendu (le Var, 11 juin) ; Lettres inédites du bailli de Suffren (Petit Marseillais, 23 février) ; Les sobriquets (ibid., 8 mai) ; Les manoeuvres électorales en Provence du XIVe au XVIIIe siècle (ibid., 29 juillet) ; La famille Alziari de Roquefort (ibid., 14-30 septembre) ; Les Russes à Toulon en 1809 (ibid., 28 septembre) ; L'aventure de quatre Russes (ibid., 20 octobre) ; Fondateur de l'église Saint-Ioseph (ibid., 28 octobre) ; Le centenaire de Pierre Puget (ibid., 2 décembre); Les colombiers en Provence (Le Réveil Agricole, 8 octobre).

1894

Le marquis de Montauroux et sa collection de gravures (Petit Marseillais, 2 janvier) ; Marseille, ville sans nom (ibid., 6 janvier) ; Le Marseille d'autrefois, étendards et bannières (ibid., 15 janvier) ; Le général du Muy (ibid., 23 janvier) ; Auberges et hôtelleries à Marseille (ibid., 7 février) ; La rue Le Maître de Beaumont (ibid., 26 mars) ; La vérité sur le Tiers Etat en 1789 (ibid., 14 octobre) ; La Province sous l'ancien régime par Albert Babeau, compte rendu (le Var, 10 mai) ; Les fêtes de Jeanne d'Arc (ibid., 10 mai) ; Claude François Achard, historiographe de Provence (Petites Annales de Provence, n° 2) ; La famille sous l'ancien régime (ibid., n° 4) ; Tentative d'incendie du fort de Marseille en 1648 (ibid., n° 5) ; Un charivari en 1787 (ibid.,n° 6) ; Un drame au sérail (ibid., n° 7) ; Usages et coutumes de la ville de Toulon (ibid., n° 35) ; Biographies des députés de Provence aux Etats généraux (ibid., n°s 8-29).

1895 Ephémérides provençales (ibid., n° 39) ; Jean-Etienne Pélabon, poète provençal (ibid., n°4o); Etat-civil de Pierre Puget (ibid., n° 42); Adanson, botaniste (ibid., n° 50) ; Barras, membre du Directoire (ibid., n°51) ; Antonius Arena, poète macaronique (ibid., n° 52) ; Adam de Craponne, ingénieur (ibid., n° 53) ; Amédée Achard, romancier (ibid., n° 54) ; D'André Bardon, peintre (ibid., n° 55) ; L'abbé Aillaud, directeur de l'Académie de Marseille (ibid., n° 56) ; Le repos du dimanche (ibid., n° 57) ; Le marquis de Saporta, nécrologie (Petit Marseillais, 30 janvier) ; L'assistance publique (25 avril); Revue de l'année 1895 (ibid., 29 décembre).-


- 27 -

1896

L'année 1995 (ibid., 2 janvier) ; Réception solennelle des souverains à Marseille (ibid., 27 février) ; Mouvement de la population en Provence en 1765 (ibid., 11 avril); Le pain pour tous (ibid., 27 mai); Corps ou Corsets (ibid., 6 novembre) ; Louis-Auguste Aiquier, peintre (le Soleil pour Tous, de M. Coffinières, 2 décembre); Jean d'Antrechaus, consul de Toulon en 1720 (ibid., 24 décembre).

1897

Le duc d'Aumale, héritier du prince de Condé (Petit Marseillais, 12 mai) ; La nuit du 4 août 1789 (ibid., 5 août) ; Les conseils de guerre au XVIIIe siècle (ibid., 27 novembre) ; Les anciens Parlements (ibid., 20 décembre) ; Les présents diplomatiques (ibid., 24 décem bre).

1898

L'autorité militaire à Marseille sous l'ancien régime (ibid, 13 février) ; Honneur au pavillon, par Arnoux, inspecteur d'académie, compte rendu (le Var, 30 octobre) ; Le chevalier Roze (Saint-RaphaëlRevue, 18 décembre) ; Jean d'Antrechaux (ibid., 25 décembre).

1899

Les nobles varriers (Petit Marseillais, 30 janvier) ; Le comte Alexandre de Musset, nécrologie (ibid., 25 mai).

1900

L'évéché de Marseille concordataire (ibid., 29 janvier).

1904

La Tour du Muy dite de Charles-Quint (Revue de Cannes et du Littoral, 9-16 janvier), Révolution de 1789: Mougins de Roquefort, député à l'Assemblée nationale (ibid., 13-20-27 février); L'abbé Mougins de Roquefort (ibid., 12-19 mars) ; La gueuse parfumée (ibid., 26 mars); Moeurs et Légende: Un charivari en 1787 (ibid,, 16 avril).


CHRONIQUE

Comités départementaux des documents économiques de la Révolution. — Dans sa dernière séance, la Commission des documents économiques de la Révolution, après avoir examiné l'ordre des travaux que se propose de suivre le Comité des Bouches-du-Rhône, l'a jugé entièrement conforme à ses vues personnelles et a adressé à ce Comité des félicitations qui lui ont été transmises par lettre du Ministre de l'Instruction publique.

Par arrêté complémentaire du 1er juin 1904, M. Fourment, professeur au collège de Draguignan, conseiller général du canton de Callas, et M. Philibert, directeur de l'Ecole normale d'instituteurs du Var, ont été nommés membres du Comité. Ce comité s'est réuni, pour là seconde fois, le mardi 6 décembre 1904. — M. Salvarelli a été élu-vice-président, en remplacement de M. Teissier, décédé. MM. Mireur, Philibert et Poupé ont été chargés de recueillir les cahiers de doléances des communautés ressortissant des sénéchausées de Brignoles, Draguignan, Hyères et Toulon; MM. Fourment et Salvarelli, de préparer une étude sur la vente des biens nationaux dans le département.

Le Comité des Alpes Maritimes, réuni le 15 décembre, sous la présidence de M. Jombert, inspecteur d'Académie, président, a examiné la circulaire ministérielle du 12 août dernier, nommé quelques correspondants, décidé de solliciter la collaboration des instituteurs et des receveurs de l'Enregistrement, confié à quelques-uns de ses membres le soin de rechercher dans les minutes notariales les documents relatifs à la transmission de la propriété, remis à mars sa prochaine réunion, etc.

Aix. — M. G. Arnaud, professeur au lycée Mignet, membre


— 29 —

de la Société d'Etudes provençales, a soutenu, le 28 décembre 1904, devant la Faculté des Lettres de Paris, ses thèses pour le doctorat ès lettres et a été reçu avec la mention honorable. Le sujet de ces thèses était l'Histoire de la Révolution dans le département de l'Ariège (1789-1795), et un Mémoire sur les Etats de Foix (1608-1789).

M. Rougier, professeur agrégé d'histoire au lycée Mignet, membre de la Société d'Etudes provençales, a été nommé, par arrêté ministériel en date du 3 décembre 1904, professeur au lycée Ampère de Lyon. La Société d'Etudes provençales applaudit au succès et à l'avancement de ces deux membres dévoués et les en félicite.

Avignon. -- Par arrêté du Ministre de l'Instruction publique, en date du 1er novembre 1904, M.Henri Muller, proviseur du lycée, qui fut un des beaux premiers adhérents de la Société d'Etudes Provençales, a été mis à la disposition du Ministère des Colonies et nommé proviseur du lycée de SaintDenis et Directeur de l'Instruction publique de l'île de la Réunion. M. Muller a marqué son passage au lycée d'Avignon, entre autres réformes, par un essai fort intéressant. Il a tenté de remplacer la prononciation du latin en usage dans nos établissements universitaires par une prononciation rationnelle, conservant l'accent tonique et se rapprochant de celle de l'italien et du provençal; de façon que l'étude du latin soit facilitée par la connaissance de la langue provençale et favorise à son tour celle de l'italien, selon le mot d'Horace : Poscit altéra alterius opem rei et conjurat amice. Accueillie avec faveur par les professeurs et les élèves, cette réforme promettait d'heureux résultats. Nous aimerions à la voir continuer à Avignon et même se répandre dans les autres lycées et collèges de la région.

Draguignan. — Société d'Etudes scientifiques et archéologiques. — Dans la séance du jeudi 24 décembre, présidée par M. Raffin, secrétaire, M. Joseph Gubert a rendu compte d'une


— 30 —

excursion dans les vallées de l'Asse, du Drac, de la Durance, de la Gyronde, du Guil, de l'Ubaye, du Verdon et du Var.

Il a suivi tour à tour les anciennes voies romaines, la route de Napoléon au retour de l'île d'Elbe et le tracé des futurs chemins de fer, relevant au passage maints détails historiques, archéologiques et artistiques, sans oublier le paysage et le pittoresque des sites. Il a signalé en terminant le grand rôle historique d'une famille dauphinoise qui porte un nom bien connu et naguères un des premiers à Draguignan, celle des Alleman, puissante au moyen-âge par le nombre et l'importance de ses fiefs.

Dans la séance du jeudi 15 décembre, présidée par M. Belletrud, président. M. E. Poupé, à propos d'une brochure de Jacques Monbrion, propagandiste jacobin, publiée à Marseille au commencement de février 1792, a montré comment agirent les sociétés populaires pour déroyaliser la France provinciale. Le même membre a de plus donné lecture d'une lettre d'un secrétaire de Barras et de Freron, destinée à un journal parisien et interceptée à Aix, en juillet 1793, par les sectionnaires de cette ville. Elle contient de curieux détails sur les opérations et le haut personnel de l'armée d'Italie.

Découvertures Archéologiques. — M. l'abbé Chaperon, curé de la Martre, a fait des fouilles sur l'emplacement de l'ancien monastère de moniales d'Endemueys, près de Châteauvieux (Var). Elles ont donné quelques résultats qui seront ultérieurement indiqués.

Gap. - La Société d'Etudes des Hautes-Alpes ouvre un concours, pour 1905, avec un prix de deux cents francs en argent. Le sujet est laissé au choix des concurrents ; il pourra être archéologique, historique, artistique, scientifique ou littéraire. Les travaux inédits seront seuls acceptés. Ils devront être envoyés, avant le 15 octobre 1905, à M. J. Michel, secrétaire de la Société, place Saint-Arnoux, à Gap. Chaque envoi devra porter une devise reproduite sur une enveloppe cachetée renfermant le nom et l'adresse de l'auteur.


— 31 —

Marseille. -- Par arrêté en date du 7 décembre 1904, à l'occasion du centenaire de la Société nationale des antiquaires de France, M. Henry de Gérin-Richard, l'érudit et zélé correspondant du ministère de l'instruction publique pour les travaux historiques et scientifiques, a été promu officier de l'instruction publique. Les nombreux amis de M. de GérinRicard se joindront à nous pour lui adresser nos félicitations.

Par arrêté du 20 du même mois, M. l'abbé Arnaud d'Agnel a été nommé aumônier du lycée de Marseille, en remplacement de M. l'abbé Gamber, démissionnaire.

Nice. — Parmi les communications faites à la Société des lettres, sciences et arts des Alpes-Maritimes, notons celles-ci: M. Doublet, « Les anciens reliquaires, aujourd'hui disparus de l'ancienne cathédrale de Grasse » (3 déc), et « La Société populaire de Gattières sous la Révolution » (22 déc, séance publique). — M. le docteur Moriez, « la lumière de la Côte d'Azur et les maladies des yeux » (22 déc, même séance), — M. Moris, « Note sur les papiers de la Révolution conservés aux archives départementales » (7 janvier), — M. Reynaud, « le Vol dans l'ancienne Législation niçoise » (3 déc), — M. le lieutenant-colonel de Ville d'Avray, « Plan et Etude des ruines qui sont aux Encourdoules, près de Valauris » (19 nov.).

BIBLIOGRAPHIE

F. MIREUR : Un ami et correspondant de Malherbe à Draguignan, in-8° de 76 pages. (Extrait du Bulletin de la Société d'Etudes de Draguignan) Draguignan, Latil, 1904.

Dans les oeuvres de Malherbe figure depuis 1757 une Ode à M. de la Garde, retrouvée dans les papiers de Peiresc par le R. P. Bougerel, de l'Oratoire, et publiée pour la première fois en 1726 par un autre oratorien le R. P. Desmolets. Tous


- 32 — deux, s'appuyant sur un passage mal compris d'une lettre qui accompagnait l'ode, firent de M. de la Garde, un frère cadet d'Arnaud de Villeneuve, marquis des Arcs. Depuis, toutes les éditions des oeuvres de Malherbe, sans en excepter celle des Grands Ecrivains de la France, ont adopté cette identification. M. Mireur établit, avec un véritable luxe de preuves, que ce seigneur de La Garde n'est nullement un Villeneuve, mais Esprit Fouque, de Draguignan, petit-fils d'un riche marchand de laine, Honoré, qui avait acquis les. seigneuries ou coseigneuries de la Garde lès Figanières, Comps, Vauplane, Soleilhas, la Garde-Freinet, La Motte, etc.

Cet Esprit Fouque qui commença ses études au collège du Mans à Paris et les termina à Rome, a une physionomie vraiment originale.

Tour à tour familier d'Henri d'Angoulème, de Malherbe, de Peiresc, de Gassendi, capitaine dans les rangs des ligueurs, poursuivi par la vengeance de d'Epernon dont il s'était moqué, harcelé par de nombreux créanciers, il trouva le moyen, malgré une existence fort accidentée, d'écrire une Histoire sainte et un Carnaval des honnêtes gens, oeuvres disparues, mais que Malherbe connut et apprécia.

Peut-être le manuscrit de sa main qui se trouve dans les collections peiresciennes déposées à la bibliothèque de Carpentras contient-il les matériaux qui lui ont servi à les écrire? Ce manuscrit est analysé en détail par M. Mireur qui publie de plus quelques pièces de vers parmi lesquelles deux sonnets, qu'on ne peut malheureusement citer, mais qui justifient amplement les éloges que Malherbe décernait à leur auteur.

E. P.

Bulletin de la Société d'Etudes scientifiques et archéologiques de Draguignan. Tome XXIV (1902-1903) 1.

Procès-verbaux. P. VIII-XVII. E. Poupé. L'instruction publi1 Impr. C. et A. Latil, boulevard des Marronniers, 28. Draguignan, 1904.


33 que à Rians (Var), sous l'ancien régime [brève étude suivie d'une liste des maîtres des écoles de 1560 à 1790 avec l'indication de leur lieu d'origine et de leur traitement annuel]. — P. XX-XXIV. O.Teissier. La crusca provenzale d'Antonio Bastero [notice bibliographique sur cet ouvrage nouvellement acquis par la bibliothèque de Draguignan]. — P. XXVI-XXXII. F. Mireur. A propos des « Notes historiques sur Carcès », [critique de l'étymologie du mot Carcès donnée par l'auteur qui le fait dériver de carcer, prison, alors qu'il aurait pour origine le radical celtique cair ou car, pierre], — P. XXXIV-XLV. Raynaud de Lyques. L'enseignement primaire en Provence avant 1789; une école de village à Méounes (Var). [Cf. Annales de la Société d'Etudes provençales, t. I, p. 83]. — P. LVII-LXVI. E. Poupé. L'instruction publique à Callas (Var), sous l'ancien régime. [Même plan et même développement que précédemment ; liste des maîtres de 1549 à 1790]. — P. LXVII. J. Castinel. Une lettre de P. Antiboul. [A. fait valoir ses services dans l'espoir d'obtenir la place de juge instructeur à Toulon ; il avait contribué à réprimer le brigandage]. — P. LXXV. O. Gensollen. Note sur l'Armorial général de France de d'Hozier [curieuses remarques sur la manière de procéder des recenseurs chargés d'exécuter l'édit de Louis XIV sur les armoieries].

Mémoires. P. 3-262. P. Bérenguier. Malacographie du département du Var (suite et fin). [Cf. tomeXXIII]. P. 263-270. M.Chiris. Sur trois huttes préhistoriques [description d'objets découverts dans les stations du Seyran, des Tuilières, près de Draguignan, et dans celle de la Sarrée, près de Grasse]. — P. 271-287. F. Moulin. Le dépôt moustérien de la caverne de Châteaudouble (Var) [étude géologico-palethnologique ; planche reproduisant les instruments recueillis]. — P. 289-308. F. Mireur. Le capitaine A. de Saint-Aubin, de Draguignan. [Identification d'un personnage, cité par Peiresc dans une de ses lettres à son frère, qui, par son entregent, sut se hausser de la roture à une pseudo-noblesse]. — P. 309-380. F. Mireur. Un ami et correspondant de Malherbe à Draguignan. [Cf.


— 34 — Annales de la Société d'Etudes provençales, t. 11, p. 31]. — P. 381-425. E. Poupé. Le 10me bataillon du Var, 1793-anV. [Cf. Annales de la Société d'Etudes provençales, t. I, p. 309]. — P. 427-440. E. Poupé. Robespierre jeune, Ricord et les fédéralistes varois. [Cf. Annales de la Société d'Etudes provençales, t. 1, p. 309.

Supplément. Album de 22 planches relatives à la malacographie

malacographie département du Var.

E.P.

Ivan PRANISHNIKOFF et P. RAYMOND : Les pierres à cupules et à gravures préhistoriques du Castellet près d'Arles; Paris, Institut international de bibliographie scientifique (93, boulevard Saint-Germain), 1904; extr. du Bulletin de la Société préhistorique de France (12 octobre 1904). — Sur la colline du Castellet, près d'Arles, se trouvent les allées couvertes de Fontvieille, déjà étudiées par M. Cazalis de Fondouce dans un article intitulé Les Allées couvertes de la Provence (Mémoires de l'Académie des Sciences et Lettres de Montpellier, 1872). L'une de ces allées, située à peu de distance et au nord de la route, après Montmajour, est appelée « La Grotte d'Arnaud ». Dans plusieurs descriptions auxquelles sont jointes des figures très nettes et précises, M. Pranishnikoff détaille les dessins étranges creusés dans le roc même, les cupules, les lignes gravées comme sur les dolmens du Mein-Drein, de la Table des Marchands de Locmariaker, et aussi sur nos voisins, les rocs perdus du Val d'Enfer. Il y a même une grande similitude dans certaines de ces premières expressions de la pensée humaine, signes presque identiques de la hache emmanchée ou non, de la charrue, de la lettre M, de la croix, puis, plus tard du Tau phénicien... etc., en un mot des premiers signes employés dans la préhistoire. Ces blocs portent des cupules disposées en crosse « forme fréquemment employée sur certains mégalithes Est-ce une coïncidence, une illusion de notre part, écrit l'auteur, ou la chose est-elle voulue ? A l'avenir de répondre.»


- 35 —

Il faut signaler également une empreinte de pied de femme, très correctement exécutée et creusée dans la roche, et surtout espérer qu'on pourra bientôt « déblayer les autres dalles de cette allée, ainsi que celles de la grotte de Bounias, pour voir si elles ne présentent pas d'autres gravures », ainsi que d'autres points signalés (page 8) aux environs. — Ce qu'il y a de très étrange, c'est que ces signes de la préhistoire provençale « sont à comparer avec ceux des tablettes à inscriptions linéaires de Cnosse, dans l'île de Crète ». 1

M. Pranishnikoff, d'après le mobilier tout-à-fait caractérisque découvert dans ces allées du Castellet, rapporte ces inscriptions « à la période de transition de la pierre polie au bronze ». Enfin, M. Raymond a relevé sur le même point, de vraies murailles « enserrant des espaces rectangulaires ou carrés, d'une régularité absolue, et des retranchements présentant les quatre murailles concentriques et les glacis que l'on rencontre dans les oppida, en un mot tout un ensemble de civilisation qui fait du Castellet, l'un des points les plus curieux de la Provence préhistorique. » (p. 12)

Il nous a donc paru indispensable d'établir pour les amateurs de palethnologie, et pour nos collègues de la Société des Etudes Provençales, ce court résumé de ces très intéressantes découvertes.

Cl DE VILLE D'AVRAY.

Ouvrages reçus par la Société

(L'inscription dans cette liste tient lieu d'accusé de réception)

22. F. MIREUR. Un ami et correspondant de Malherbe à Draguignan ; Esprit Fouque, seigneur de la Garde ; Draguignan, C. et E. Latil, 1904; br. in-8° de 76 p.

23. J.-B. BERTIN et V. AUDIER. Adam de Craponne et son

1 Salomon Reinach — L'Anthropologie — 1904, p. 293.


- 36 - canal, d'après de nombreux documents inédits; petit in-8° de 346 p. avec 6 gravures et 2 cartes.

24. — ACADÉMIE DE VAUCLUSE : Sixième centenaire de la naissance de Pétrarque, célébrée à Vaucluse et Avignon les 16, 17 et 18 juillet 1904 ; Avignon, F. Seguin, 1904 ; in-8° de 146 p,

28. — G. de MANTEYER : Les origines de la maison de Savoie en Bourgogne (910-1060), notes additionnelles; Paris-11e, E. Bouillon, 1901; in-8° de 208 p.; extr. du Moyen-âge, 1901. — Les origines de la maison de Savoie en Bourgogne (9101060) ; La paix en Viennois (Anse [17 juin?] 1025) et les additions à la bible de Vienne ms Ber. A.9); Grenoble,Descotes et Sévoz, 1904 ; in-8° de 194 p. ; extr. du Bulletin de la Société de Statistique de l'Isère (4e série, t. vu, XXXIIIe de la collection).

Périodiques reçus :

1 4. Bulletin de la Société de géographie et d'études coloniales de Marseille, t. XXVIII, n° 2, 2e trim. 1904.

Sommaire, — Jean Nicolas Brard, explorateur provençal, 1748-1822, D' Hamy — Hydraulique latine, Dr Lahache. — Un tour au Japon, Eug. Gallois — Les intérêts français en Arabie et au golfe Persique, F. Deloncle — Chronique géographique et coloniale (Asie, Amérique, Océanie, Régions polaires), Jacques Léotard — Le Japon et les Japonais, E. Meyer — Les conditions du commerce en Guinée française, Ch. Sartor — Une excursion dans le Sud-Tunisien, H. Bardon — Résumé des, communications faites dans les séances de la Société : Deux livres nouveaux sur la France, J. Eournier ; Une excursion dans le Nord-Tunisien. Macé de Lepinay; Nos amis de Suède, Th. Gaisandorf — Nécrologie — Variétés — Bibliographie.

2 6. Annales des Alpes: Recueil périodique des archives des des Hautes-Alpes, 8e année, 3e livraison (45e), nov.-déc 1904.

Sommaire. — L'administration départementale des Hautes-Alpes de 1790 à 1800, P. Guillaume — Etablissement de deux foires à Talard en 1424, F.-N. Nicollet — Correspondance de M. Garnier, évéque des Hautes-Alpes, et de M. Raymond, théologal du diocèse de Gap (1800), G. de Manteyer — Bibliographie alpine — Variétés : Construction d'un oratoire à Volone (BassesAlpes) et indulgences par Gabriel de Clermont (1551) ; Le pont de l'archidiacre à Valserres (1686) ; Mobilier du château de La Bâtie-Neuve (1491) ; Un troupier de 1813 (J.-L. Evêque de Ribiers).


— 37 — 6 3. Annales de l'Université de Grenoble, t. XVI, n°3, 4e trimestre 1904.

A signaler: Exploration géologiques sur les feuilles de Gap, Grenoble, Vizille (révision), Privas au 80.000e ; Lyon et Avignon au 320.000e (année 1903), W. Kilian ; p. 365-370.

8 3. Bulletin de la Société d'études des Hautes-Alpes, 23e année, 3e série, n° 12, 4e trim. 1904.

Sommaire, — Généalogie de la famille de Flotte, 1044-1904, J. Roman — La mansion des Montseleucus à la Baumette, abbé F, Allemand. — Les Fatourgetos (compte rendu), E. Hugues — L'emplacement d'Ictodurum et la voie gallo-romaine entre Gap et Chorges. Origine de La Bâtie-Vieille et de La Bâtie-Neuve, F.-N. Nicollet — Les grottes de Sigotier, L. Vésigné.

11 4. Revue Tunisienne, organe de l'Institut de Cartilage ; 12e année, n° 49, janvier 1905.

12 2 et 3. Giomale storicoe letterario della Liguria, diretto da Achille Neri e da Ubaldo Mazzini, publicato sotto gli auspici délia Società Ligure di Storia Patria, anno v, fasc. 3-6, marzo-giugno ; fasc. 7-8, lugfio-agosto 1904.

A signaler. — Le sénat de Nice avant 1792 ; ses attributions judiciaires et politiques, par Henri Moris ; Nice, typ. Malvano, 1982 ; Compte rendu par Girol. Rossi, p. 201-202.

15 11 et 12. Revue de Provence, 6e année, n° 71 et 72, nov. et déc. 1904.

Sommaire. — Au sujet de la réforme du statut félibréen, Pierre Devoluy — La chrèche du grand-père Tassy, conte de Noël, Al. Paul — Vers le lac d'Allos, Elz. Rougier — Chronique.

213. Bulletin de la Société départementale d'archéologie et de statistique de la Drame; année 1905 (janvier), 152e livrai-. son.

25. Revue du littoral, 3e année, nos 8 à 11, 17 déc 1904, 7 janv. 1905.

Sommaires. — L'enseignement de l'histoire locale, Ulysse Ronchon. — Le baiser de la lumière, poésie, J.-F. Louis Merlet. — Documents inédits pour l'histoire de Cannes ; Vente de l'île Saint-Honorat, c1 H. de V. — La baie d'Antéore, Tournaire — La question des patois, F. Passy. — Le baiser de la lumière : Paroles d'orgueil et de joie, poésie, J.-F. Louis Merlet — Us et coutumes des Provençaux : Le jour de l'an, Alph. Michel. — Le 104, Oct. Justice — La fête des Innocents, M. B. — Solennité littéraire à Nice (22 dé-


- 38 -

cembre) — Le coq gaulois, Destutayre — Le Rocher de Sisyphe, XX. — La chanson des rêveurs ; L'automne, poésie, Em. Bacelon — Documents pour l'histoire de la région au XVIe siècle, c1 H. de V. — Histoire de Tunisie : Et aïe donc ! faisons suer le burnous, cap. E. Vernhes — Bibliographie.— Informations.

26. Bulletin de la Société d'études scientifiques et archéologiques de la ville de Draguignan, t. XXIV, 1902-1903, avec un supplément (Malacographie du dép. du Var, mollusques terrestres et des eaux douces et saumâtres, Atlas de XIIplanches).

Voir le sommaire et l'analyse à la bibliographie, ci-dessus p. 32.

27. Bulletin mensuel de la société des excursionnistes Toulonnais, 4e année, nos 2 à 6, juillet à nov.-déc 1903 ; 5e année, nos 7 à 18, janvier à déc. 1904 ; 6e année, n° 19, janvier 1905.

28. Académie des sciences et lettres de Montpellier; Mémoires de la section des lettrés ; 2e série, t. IVe.


Les Epidémies de Peste à Apt

Notamment en 1588 et 1720-1721

Les populations provençales, solidaires de Marseille par une commune situation géographique, ont, jusqu'au siècle dernier, payé chèrement le bénéfice que procure au grand port méditerranéen son commerce avec l'Orient ; vingt fois, au cours des temps historiques, des navires ont abordé les quais du Vieux-Port, recelant avec les produits des pays d'Asie, les germes d'un fléau qui décimait en peu de mois la Province entière.

Les relations de l'époque moderne nous ont conservé les détails d'une épidémie, meurtrière entre toutes, qui dépeupla la région du Sud-Est (1720-1722) et atteignit, dans le HautPays, des villages jusqu'alors réputés à l'abri de la contagion.

Les témoignages des Marseillais évoquent le spectacle affreux des malades aux chairs décomposées avant la mort, cherchant sur le cours Belzunce un coin où ils puissent respirer un air pur et d'où ils ne fussent pas chassés ; la peinture que les contemporains nous ont laissée des cadavres entassés sur les voies publiques, abandonnés plusieurs jours sans sépulture, faute de gens qui voulussent les enfouir dans la chaux vive, nous permet d'admirer plus entièrement l'héroïsme dont les édiles firent preuve pendant de longs mois.

Mais sans avoir pour théâtre une métropole, les faits qui se produisirent dans la plupart des communes provençales n'en méritent pas moins une mention ; on conçoit aisément que les Marseillais, préoccupés de leurs propres maux, hantés par le souvenir des souffrances endurées et par le souci de les écarter dans l'avenir, se soient cantonnés dans leurs recherches 1.

1 Papon, (Histoire de Provence, t. IV, p. 722) se borne à mentionner, en

5


— 40 —

Est-ce à dire que les affres qui torturèrent les habitants des agglomérations moins importantes de la Provence alpestre et sub-alpestre, présentent moins d'intérêt ?

La publication et l'analyse des documents appartenant aux divers dépôts d'archives communales permettra de recueillir des indications précieuses sur les causes de contamination, les mesures particulières de prophylaxie et les remèdes préconisés ; il sera dès lors facile à l'historien de déduire de ces faits les conséquences financières qu'entraîna le fléau 1.

Là ville d'Apt, située dans une région qui paraît moins accessible que la Basse-Provence au développement des grandes épidémies, a été contaminée par la peste aussi souvent que les autres agglomérations de la Province ; il résulte cependant des documents que la maladie y fut généralement d'une durée beaucoup plus réduite que dans le reste du pays.

Dès le XVe siècle, les décisions du Conseil mentionnent brièvement les mesures prises par l'administration communale ; la peste de 1343-1348, dont la virulence fut exceptionface des noms des communes atteintes, le chiffre officiel des victimes de la peste. Le recueil des « Pièces historiques sur la Peste de 1720-1722 » publié à Marseille (1820, t. 5, in-8°) contient de nombreux renseignements bibliographiques, mais ne s'occupe que de Marseille, Toulon, Arles et Aix.

1 Les travaux consacrés jusqu'ici à l'histoire particulière de la peste dans les communes de Provence sont peu nombreux ; il convient de citer cependant: 1° la remarquable étude publiée en 1899, par M. E. Jourdan, sur l'Epidémie à Nans (Var) ; 2° d'Antrechaus, Relation de la peste de la ville de Toulon 1721, in-12 ; 30 Lettres et documents pour servir à l'histoire de la peste d'Arles, par le dr Laval, (Nîmes, 1878, in-8°) ; 4° S. Lambert, Histoire de la peste de Toulon en 1721, (Toulon, 1861, in-8°) ; 5° Duhamel, Les grandes épidémies à Avignon et dans le Comtat, (Ann. de Vaucluse, 1885) 6° La lutte contre la peste en Provence au XVIIe et au XVIIIe siècles, par le d' Alezais; (Rev. hist., de Provence, 1901 et 1902); 7° Les épidémies de peste à Avignon, par le dr Michel-Béchet, (Mém. del'Ac. de Vaucl, 1902, p. 345 et pas.) ; 8° S. Piot, Les premiers mois de la peste à Marseille en 1720, d'après des documents inédits. (Rev. des Etudes hist., nov.-déc. 1902) ; 9° F. Chavant, La peste à Grenoble, (1410-1643), 1903, 83 p. ; 10° Stephen d'Arve, Le voeu de la peste à Noves et la procession historique (1721-1722), 1898.


— 41 — nelle (peste noire), provoqua le massacre général des juifs aptésiens ; les habitants les accusèrent d'avoir empoisonné les fontaines de la cité, et après avoir contraint les enquêteurs envoyés à ce sujet par la reine Jeanne à sortir des murs, pillèrent et brûlèrent les maisons de la Juiverie.

Une épidémie nouvelle éclata en 1361 ; une troisième en 1399, à la suite de laquelle la ville reçut des lettres de sursis (3 juillet 1396) pour le paiement de 352 florins de don gratuit; en 1427, l'épidémie dura deux ans pendant lesquels les cadavres infectèrent les rues ; les Aptésiens furent exemptés d'im - pots pour une période de cinq ans. A en juger par les incessantes précautions ordonnées au milieu du XVe siècle, le fléau semble avoir pris à cette époque un caractère endémique : ce ne sont que décisions pour « repousser de l'enceinte de la ville les fuyards des lieux pestiférés », et engagements temporaires de médecins et de chirurgiens ; en 1465, les consuls demandent à l'Evêque d'ordonner des prières et des processions générales pour la cessation du fléau : rien cependant, dans le texte de la supplique ne laisse supposer que les Aptésiens aient été atteints en 1465.

Il n'en fut pas ainsi en 1475, où les victimes furent nombreuses, et, en 1482 : à cette dernière date, le Conseil décida de vouer la ville à Sainte-Anne et d'élever une chapelle à sa patronne 1 ; les termes de la décision portent que la peste fait des ravages en ville, mais ne parlent pas des mesures de sauvegarde prises par les consuls ; successivement on voit le fléau reparaître l'année suivante (1483), il règne sur la HauteProvence de 1524 à 1527, en 1542 la ville est dépeuplée et les Aptésiens s'enfuient dans les environs pour ne réintégrer leurs demeures qu'après de longs mois d'absence.

La fin du XVIe siècle fut signalée par une nouvelle épidémie ; la Provence était depuis longtemps contaminée, lorsque, mal1

mal1 chapelle, aujourd'hui transformée, fut élevée à droite du choeur de la cathédrale.


—42 — gré la sévérité des précautions prises par l'administration municipale, le fléau pénétra dans Apt pour y faire de nombreuses victimes.

Une mesure qui s'imposait dès l'arrivée des mauvaises nouvelles, était la fermeture des portes et l'établissement de bureaux de santé, chargés de surveiller les entrées et de refuser l'accès de la ville à tout individu venant d'un lieu pestiféré ; les gardes réclamaient dès 1542 un bulletin de santé de ceux qui se présentaient aux portes de la Bouquerie et de Saignon, les seules qui fussent ouvertes, même dans le jour.

La tâche des consuls était d'autant moins aisée que les renseignements sur la marche de L'épidémie leur parvenaient sous des formes contradictoires ; pendant longtemps, ils ignorèrent, en 1585, l'état de santé d'Avignon et de Cavaillon, laissant par suite entrer librement, ou refusant avec énergie, selon les cas, les passants venant de ces communes. En 1587, ils apprenaient que des vaches, amenées d'Auvergne, avaient été importées à Bonnieux et que la peste régnait dans ce bourg situé à 12 k. d'Apt ; ce ne fut qu'après enquête favorable que l'on reçut de nouveau à Apt les gens de Bonnieux.

Une quarantaine de durée variable, selon les soupçons du moment, était imposée aux voyageurs, que l'on enfermait avec des gardes soit dans des bastides isolées, soit dans les lazarets de Saint-Michel et de Saint-Lazare. Sur les murs, des guérites abritaient des sentinelles chargées de signaler l'approche des étrangers 4.

Dès le mois de novembre 1586, la surveillance s'exerça aux portes de la ville, et il suffisait dès lors de savoir qu'un voyageur avait fait route avec un compagnon venant d'un lieu contaminé pour lui interdire l'entrée 2.

1 Délibération du 26 décembre 1586. Arch. d'Apt, BB 21.

2 Délibération du 23 novembre 1586, par laquelle les consuls refusent l'entrée à M. le secrétaire de Rians et à Dlle Isnarde. sa femme, qui « àiant beu et mangé ensemble par les chemins » avec un muletier venant de Marseille, sont mis en quarantaine pour vingt-quatre heures. Arch. d'Apt, BB 21.


— 43 —

Cette sévérité était parfois tempérée en faveur de hauts personnages ; c'est ainsi qu'en mars 1587, le seigneur de Lacoste, sa femme et son père, se présentaient au pont de Sainte-Marthe, « où manda ledit sieur quérir messieurs les « consuls, leur faisant antandre comme audict lieu de La « Coste estoit mort une femme de la contagion et une aultre « qui est hors de la ville doubte qu'elle ne soit ataincte » ; le descendant de la famille seigneuriale d'Apt 1 demande qu'il lui soit permis de se retirer dans la ville avec les siens. Le Conseil, tout en n'osant refuser cette faveur exprima ses craintes en ces termes : « Messieurs les consuls et aultres yront « au rencontre du sieur de Lacoste luy fere entendre sil trouve « bon soy retirer dans sa maison, que tout le Consul le trouve « pour agréable, estant très-bien asseurés que s'il pensoit « qu'il y eust aulcung dangier en luy ne en sa famille, il ne « vouldroit azarder ses plus proches parans, ni ceulx qui sont « dans la ville, pour ce qu'ils ont remis le tout à sa discre« tion 2. »

Il n'est pas sans intérêt de constater qu'au cours de la même réunion, les consuls déclaraient avoir fait mettre en prison un jeune homme arrivant de Montbrun sans bulletin « ce qui « a donné maulvaise présomption », ajoutent-ils.

Peu de mois après, l'assemblée communale décidait, sur les mauvaises nouvelles reçues des environs, de refuser la traversée de la ville aux muletiers venant des salins de Berre se dirigeant vers la montagne ; une détermination plus grave fut prise, sans que nous sachions si elle fut exécutée : le Conseil ordonna un recensement, après lequel tous les pauvres de la ville devaient « être mis hors des murs, en leur « donnant quelque chose pour leur chemin » ; les maîtres

1 Le s' de Lacoste était le représentant d'une branche de la famille de Simiane. dont les droits seigneuriaux sur Apt étaient passés, par vente, dans le domaine des Comtes de Provence.

2 Délib. du 31 mars 1587. Arch. d'Apt, BB 21.


— 44 - devaient, en outre, congédier leurs serviteurs, à moins qu'ils ne s'engageassent à les nourrir en cas de contagion 1.

On ne voit guère à côté de ces prescriptions qui dévoilent chez les édiles des préoccupations d'ordre économique, de décisions relatives aux précautions hygiéniques et aux soins médicaux; la seule mesure édictée par le Conseil par délibération du 31 mars 1587, concerne le choix d'un homme à gages pour tenir les rues nettes : ce qui constitue l'embryon d'un service public de balayage. D'autres mesures furent sans doute prises sur l'initiative seule des consuls, mais elles n'ont pas laissé de trace dans les documents communaux.

Le service médical, assuré en temps normal jusqu'au XVe siècle, par des médecins juifs, ne l'était plus à la fin du XVIe que par des barbiers et des chirurgiens, établis à demeure dans la ville ; aussi, dès les premières nouvelles d'une épidémie dans la région, les consuls s'assuraient-ils le concours de médecins étrangers : ils décidèrent d'en appeler deux, ainsi qu' « une couble » de chirurgiens (26 avril 1587) et deux apothicaires (3 mai 1587); M. Courtois, chirurgien, est engagé le 5 juillet; un second contracte avec la ville un engagement de quatre ans le 9 août 1587.

Faut-il penser que les mesures adoptées, la surveillance exercée furent pour quelque chose dans le résultat obtenu? Toujours est-il que, seule peut-être de toutes les villes de la Haute-Provence, Apt ne ressentit aucune atteinte de l'épidémie depuis 1586 jusqu'au mois de septembre 1588; un seul cas se produisit au cours de cette période : le 25 juillet 1587, un valet de Me Léon Thomas, mourait subitement ; les médecins qui le visitaient déclarèrent unanimement que ce décès était dû à la peste. Un émoi considérable s'empara des habitants et des pouvoirs publics ; on leva aussitôt 64 soldats aux gages de trois livres par mois, pour assurer la garde des murs et des

1 Délib. du 26 avril 1587. Arch. d'Apt, BB 21.


— 45 — avenues ; des drogues furent achetées et une grande provision de blé entra dans la ville 1.

L'alerte avait été chaude, mais aucune récidive ne se produisit jusqu'en septembre de l'année suivante ; dès les premiers jours de ce mois, la maladie introduite nous ne savons comment, commença ses ravages : le 18 septembre, le premier consul faisait connaître « que despuis quelques jours en « ça il y a heu en ceste ville cours de maladie de laquelle plu« sieurs en meurent subitement, mesme cejourd'huy sont « morts Jehanne, la chambrière du chanoine Brun, et la « femme de Guillaume Graliers, qu'auroit mis le peuple en « grand doubte que cela ne soit contagion, qu'à esté cause que « lesdits sieurs consuls auroient fermé quelques maisons et « faict bailler vivres à quelques pauvres gens aux despens de « la ville et pour s'en esclairer auroient faict arrester Monsieur « Roure, médecin, et mandé quérir Mme Jehan, chirurgien de « Ménerbe 3, lesquels avec le médecin-chirurgien de ceste « ville auroient visitté plusieurs malades et corps morts et « par leur rapport allèguent que ladicte maladie est de conta« gion. 3 »

Après avoir donné tout pouvoir aux consuls, assistés des consuls anciens et de plusieurs notables, pour assurer le service épidémique, le conseil se sépara : il ne devait plus se réunir jusqu'au 2 février 1589.

Il n'est rien resté des décisions prises par cette commission temporaire ; mais un document conservé aux archives communales nous apprend que les ravages de la peste furent

1 Délib. du 2 août 1587. Arch. d'Apt, BB 21 ; le Conseil décidait en outre de ne rien épargner pour éviter la contagion « qui s'enflamme tous les jours davantage » ; les édiles éprouvèrent de sérieuses difficultés pour faire ensevelir le cadavre du pestiféré ; ils décidèrent enfin un nommé Michel Blanc, dit le « Fourconsiniaire » à faire le métier de corbeau pendant un mois à raison de dix écus et deux barraux devin.

2 Ménerbes, cant. de Bonnieux (Vaucluse).

3 Délibération du Conseil, 18 sept. 1588. Arch. d'Apt, BB 21.


-46importants

-46importants Le nombre des malades soignés à l'ancienne léproserie de Saint-Lazare et à l'infirmerie des Beaumes s'éleva à 671 ; celui des morts dans la ville, dans les bastides ainsi qu'aux infirmeries fut de 519, soit une proportion de 77 p. % de décès pour les personnes atteintes.

L'épidémie avait fait 17 victimes dès le 18 septembre ; pendant la fin de ce mois elle demeura stationnaire avec 2 à 6 décès quotidiens (63 décès en septembre) ; la mortalité s'accrut en octobre jusqu'à une moyenne de 8 à 10 victimes par jour ; on constata 35 décès dans la seule journée du 18, 13 le 19, 15 le 20 ; soit en tout pour octobre, 287 morts; en novembre, l'épidémie continua à sévir, mais plus faiblement (116 décès) ; la décroissance du fléau s'accentua en décembre (27 décès) ; les quatre derniers cas se produisirent le 2, le 5, le 10 et le 20 janvier 1589.

Le 2 février, le Conseil réuni pour la première fois depuis six mois, déclarait que la ville était « remise en santé» et que les habitants avaient réintégré leurs demeures.

Nous ne connaissons pas, faute de documents, le montant des dépenses occasionnées par l'épidémie de 1588; à peine savons-nous que le premier consul, seul, avait personnellement avancé plus de 900 écus et qu'en mars 1589 les médecins engagés par la ville n'étaient pas encore été payés 2.

Un incident assez curieux se produisit quelques jours après la première séance de l'assemblée ; de même qu'au moyenâge le peuple cherchait à fixer la responsabilité des ravages du fléau, les Aptésiens, à propos de la contagion de 1588, voulurent une victime; ne pouvant choisir comme boucs émissaires les Israélites, à cette époque fort peu nombreux à Apt, ils jetèrent l'anathème sur le Prévôt du chapitre, qui fut accusé

1 « Roole de ceulx qui ont sourti hors la ville, mis à l'inffirmarie et « demurré à Saint-Ladre, acommencé le mardi 20 septembre. » In-8° oblong. Arch. d'Apt.

2 Délibération du 7 mars 1589. Arch. d'Apt, BB 21.


- 47 - ouvertement d'avoir introduit l'épidémie à Apt 1 ; outré des bruits répandus sur son compte, le Prévôt se présenta le 5 février 1589, devant le Conseil, afin d'exposer ses doléances :

« Monsieur le Prévost de la Grande Esglise de ceste ville « d'Apt seroit venu séans pour remonstrer au Conseil qu'il a « L'intention s'esclairer de quelques impostures contre luy. « faictes par quelques personnes qui l'auraient chargé estre « cause de la contagion advenue en ceste ville, ce qu'il a « tellement à coeur qu'il s'en veut pourvoir par justice contre « les calomniateurs et imposteurs; de plus obtenir ung moni« toire de Notre Saint Père le Pappe pour le fere publier en « l'Esglise de ceste ville, ce qu'il n'a voullu fere sans en « advertir le Conseil, le priant de trouver bon qu'il fasse sa « poursuite ou bien que ladite ville fasse informer sur ces « faits pour savoir la vérité 2.»

La réponse du Conseil fut plutôt froide et montra que les édiles eux-mêmes n'étaient pas loin, pour la plupart, de partager la croyance populaire : il déclara, séance tenante, qu'il verrait volontiers le Prévôt se faire rendre justice, tout en lui conseillant de ne point faire publier de monitoire « cella ne « pourra, ajoute la délibération, que refreschir la mémoire « aux parants [des] décédés des pertes qu'ils ont faict à l'occa« sion de la contagion. »

Le Prévôt abandonna-t-il sa poursuite ? Nous n'en savons rien, les documents municipaux ne mentionnant plus cette affaire.

La ville demeura pendant une période de trente ans environ indemne de toute nouvelle épidémie ; les transes des Aptésiens se renouvellèrent de 1628 à 1631, la peste ayant été introduite à Marseille et de là dans toute la Provence : les portes furent fermées dès le mois de juillet 1628, sur l'ordre du Conseil, d'après les mauvaises nouvelles reçues tant des

1 Peut-être à la suite d'un voyage dans le_ Sud de la Provence.

2 Arch. d'Apt, BB 21.


- 48 - villes provençales que du centre de la France, du Rouergue, du Quercy et du Lyonnais ; malgré toutes les précautions, quelques cas isolés se produisirent, obligeant les consuls à redoubler de prudence. Le régiment de Rambure qui tenait garnison temporaire reçut l'ordre de quitter la ville.

Les documents relatifs à cette époque sont peu nombreux ; seules, les décisions municipales nous renseignent assez vaguement sur les mesures adoptées pour empêcher la propagation du fléau ; deux apothicaires et deux médecins, aux gages chacun de cent livres par mois, furent engagés par les consuls, qui leur adjoignirent trois chirurgiens dont le traitement mensuel fut fixé à 200 livres 1 ; des journaliers coupaient dans montagne des plantes odoriférantes que l'on brûlait ensuite dans les rues 2 ; d'autre part, le Conseil décidait de faire dire deux grandes messes « une à Monsieur Sainct Roc et l'autre à « Monsieur Sainct Sébastian, deux jours de la semaine. »

Les cas isolés qui se produisirent en 1629-1630 n'atteignirent en général que des étrangers arrivés à Apt depuis peu ou pas sant sur le territoire : c'est ce qui résulte du rapport dressé par le médecin Gaspard Lelong et du mémoire des honoraires du même médecin 3 ; successivement, Lelong visita un moissonneur décédé au logis de Mazet, une femme d'Apt, un soldat de Mérindol, et une jeune fille « de laquelle on avait soupçon de quelque carboncle » ; les conclusions de l'homme de l'art, soit ignorance, soit désir de tranquilliser la population, furent identiques pour ces victimes : il s'agissait d'après lui de fièvres malignes ou d'abcès n'ayant aucun rapport avec la peste.

Néanmoins, pendant deux ans encore la surveillance s'exerça sans répit, principalement dirigée sur les marchandises importées. Toutes celles venant des lieux contaminés étaient déposées au Lazaret et purifiées 3 ; des denrées de prove1

prove1 du 1er juillet 1629. Arch. d'Apt, BB 25.

2 Compte du trésorier communal de 1629. Arch. d'Apt, CC.

3 Voyez Pièces annexes.

1 Les procédés de purification étaient rudimentaires ; en général les niar-


— 49 — nance lyonnaise furent arrêtées (avril 1630) ; peu de jours après, on n'admit même plus en quarantaine les « laines, « peaulx, chanvre, toiles, draps et aultres meublesi. »

Douze mulets chargés de laine venant de Valensolles, un chargement de peaux de chevreaux arrivant de Forcalquier, des importations de Forcalquier, de La Tour-d'Aiguës, de Pertuis, de Carpentras sont réléguées dans les granges abandonnées. Ces mesures, parfois sévères, n'étaient pas inutiles, car plusieurs commissaires, muletiers ou marchands moururent en quarantaine : tel un négociant apportant des chapeaux de Robions (1631) ; ses marchandises furent brûlées, mais on éprouva plus de difficulté lorsqu'il s'agit d'ensevelir leur propriétaire ; un individu se présenta enfin et déclara qu'en le payant bien, il ferait cette corvée 2. Telle était l'horreur inspirée par le fléau que le Conseil n'hésita pas à lui donner pour l'ensevelissement 18 écus de 3 livres, à condition toutefois qu'il ferait ensuite à ses frais une quarantaine complète dans une grange isolée.

Grâce à la vigilance des consuls et des conseillers, la contagion n'atteignit pas les Aptésiens ; mais les édiles ne remplissaient pas leur devoir sans difficultés de toutes sortes ; les uns les taxaient de nonchalance, alors que d'autres, atteints dans leurs intérêts par les mesures ordonnées, n'hésitaient pas à insulter les magistrats municipaux, à les menacer et à soulever les habitants contre eux : c'est ainsi qu'en janvier 1631, un sieur de Novarin, que les documents nous représentent comme un spadassin revenant de l'armée de Piémont, ayant été mis en quarantaine, ameuta contre les consuls ses amis et les membres de sa famille et les menaça de son épée : « lequel « Novarin l'auroit chargé, dit le premier consul, de paroles

chandises étaient étalées au grand air pendant plusieurs jours ; la laine, les peaux, les linges étaient lavés dans la rivière.

1 Délibération du 7 avril 1630. Arch. d'Apt, BB 25.

2 Délibération du 28 août 1631, Arch. d'Apt, BB 25.


— 5o —

« d'injures, disant qu'il estoit un Jehan foutre, et faict sem« blant de mettre la main à l'espée. »

Le Conseil décida de leur donner quatre hommes d'armes pour les garder et poursuivit le sieur de Novarin devant le juge d'Apt 2.

Le XVIIe siècle ne fut plus signalé par aucune menace de contagion, si ce n'est en 1640-1641 : au cours de ces deux années, la ville entretint des gardes de santé sur les limites de Bonnieux, des Beaumettes et de Roquefure ; des barricades dressées sur les principales avenues de la cité et surveillées par un bureau de santé composé de. douze personnes empêchèrent en outre l'entrée dans la ville à tout individu venant des lieux contaminés et préservèrent probablement les habitants de la contagion.

(A suivre).

1 Arch, d'Api, BB 25.


De la ressemblance de décor des Poteries

antiques et des Poteries actuelles

La présence d'un même ornement sur des poteries antiques et des poteries de fabrication actuelle est un fait intéressant à signaler. Fait d'autant plus curieux que le décor, d'ailleurs très simple dont il s'agit, présente des combinaisons absolument semblables à celles connues des potiers ligures et galloromains.

Cette ressemblance de décor entre des céramiques qui relèvent d'époques si différentes offre un surcroît d'intérêt de ce que les procédés tout à fait primitifs des céramistes d'Aubagne et de Saint-Zacharie sont ceux qu'ont dû employer leurs lointains prédécesseurs dans l'art de décorer les vases d'argile.

Dans ses notes préliminaires sur l'industrie ligure en Provence au temps de la colonie grecque, M. Vasseur, professeur de géologie à la Faculté des sciences de Marseille, signale au Baou-Rou d'assez nombreux fragments d'une poterie grise à lignes sinueuses imprimées en creux dans la pâte.

Ce motif de la vague, ou ligne sinueuse, M. Clerc et moi l'avons retrouvé, toujours sur le même genre de céramique, dans nos recherches récentes à la Tourette de Saint-Marcel 1. Cette butte couronnée d'un vaste plateau qui s'élève sur les bords de l'Huveaune, au voisinage du bourg de Saint-Marcel, a joué plusieurs siècles avant notre ère le rôle d'oppidum. On observe encore à sa surface des restes de son occupation. Ce sont d'innombrables débris de cette céramique grise mêlés à des tessons grecs de style géométrique.

Les motifs ondulés des poteries ligures se retrouvent sur plusieurs types de pots à fleurs fabriqués actuellement en

1 Découvertes archéologiques à Saint-Marcel. Bulletin archéologique, 1904.


— 52 —

Provence. Ces pots de toutes dimensions sont quelquefois émaillés en vert.

A la Tourette de Saint-Marcel l'ondulation ou vague orne des récipients de formes très différentes des pots à fleurs qu'elle décore de nos jours. Ce sont des espèces de plats larges et surbaissés, à bords droits ou rabattus, ressemblant assez à nos assiettes actuelles.

Le motif de la vague donne lieu à un assez grand nombre de combinaisons, mais qui toutes se ramènent à deux types prin. cipaux : ou les ondulations résultent d'un trait unique (f. I)

ou elles sont en forme de rubans à lignes parallèles, (f. II).

Ces deux types sont ceux en usage dans les ateliers céramiques des Bouches-du-Rhône et du Var. Ils répondent à des procédés techniques presque enfantins qu'ont dû connaître

connaître pratiquer les artistes ligures et gallo-romains de la Basse-Provence.

Le tour dont se servent les potiers d'Aubagne et de SaintZacharie se compose d'une tige de métal, solidement scellée dans la pierre. Autour de cet arbre vertical tourne une grande roue en bois plein qui entraîne, dans une rotation plus rapide, un petit plateau.

L'ouvrier assis sur un banc fait mouvoir la grande roue à l'aide du pied, tandis que de ses mains, demeurées libres, il travaille le pélot, masse d'argile déjà pétrie et monte le pot à fleurs.


— 53 —

C'est bien là le tour antique tel qu'il est figuré sur des monuments de l'Assyrie et de l'Egypte où l'on voit le potier assis près de son ouvrage, tournant la roue avec ses pieds et façonnant le vase avec ses doigts. Le mot provençal de pélot vient évidemment du terme grec vn\kô(, qui signifie « argile ».

Quand le pot à fleurs est terminé le céramiste d'Aubagne dessine en creux une ou plusieurs lignes sinueuses à l'aide d'un morceau de bois quelconque taillé en pointe conique. C'est là le procédé pour faire les ondulations du premier type, celles à trait unique.

Quant aux vagues à raies multiples et parallèles, elles sont obtenues à l'aide d'un peigne dont les dents sont plus ou moins nombreuses et rapprochées.

Il est inutile de décrire minutieusement toutes les variétés de dessins auxquelles donnent lieu les deux types d'ondulation. Tantôt la ligne sinueuse court sur le fond uni du vase, tantôt elle est encadrée dans une bande circulaire. Ici elle est

seule, là répétée à deux ou trois reprises, (f III). Le ruban à traits multiples est plus ou moins large. Les ondulations varient de formes, étroites et aiguës, en demi-cercle, ou encore à peine infléchies.

Toutes ces combinaisons et d'autres inventées par les potiers ligures sont fidèlement reproduites par ceux d'Aubagne et de Saint-Zacharie. Faut-il y voir une tradition de technique continuée à travers plus de vingt siècles, un cas très particulier de survivance.

Une telle hypothèse serait à priori admissible en Orient, mais dans un pays comme le nôtre, dont l'histoire est pleine de bouleversements, elle est insoutenable jusqu'à preuve évidente du contraire.

Si les céramistes provençaux du XIXme ou du XVIIIme siècle ont reproduit les lignes sinueuses que dessinaient les artistes ligures, c'est que ce motif est d'une telle simplicité qu'il leur


- 54 - est venu tout naturellement à l'esprit, ils l'ont inventé à leur tour.

Cette reproduction à distance et absolument inconsciente d'ornements identiques, reproduction faite sur des objets de même nature et dans le même pays renferme une leçon pour les archéologues. Elle leur montre combien il serait imprudent de conclure d'une similitude de décor à une identité d'origine.

On constate par là que deux arts peuvent se rapprocher beaucoup par leur système d'ornementation sans avoir entre eux aucun lien de parenté.

En fait de poteries la ressemblance de décor n'a de signification qu'autant qu'elle se rencontre sur des vases de mêmes formes et surtout de même pâte. Et alors que des vases découverts en différents endroits auraient des formes et une argile absolument identiques il ne faudrait pas juger de leur époque et de leur provenance sans une étude sérieuse des milieux archéologiques dans lesquels ils se sont rencontrés.

La ressemblance parfaite de décor entre la céramique grise et les poteries actuelles de la Basse-Provence prouve une fois de plus la difficulté d'interprétation des objets et monuments antiques et par conséquent l'incertitude de l'archéologie, science qui ne se continue comme d'ailleurs toutes les autres qu'à condition d'être sans cesse refaite, mais le renouvellement perpétuel, n'est-ce pas la vie ?

L'ABBÉ G. ARNAUD D'AGNEL, Correspondant du Ministère de l'Instruction Publique.


FREJUS INEDIT

DEUX INSCRIPTIONS GALLO-ROMAINES

M. le Dr Roquemaure, conservateur du musée de Fréjus, nous ayant signalé comme inédites les deux inscriptions suivantes, nous en avons aussitôt fait personnellement un estampage pour les musées de Cannes, et nous nous empressons de les faire connaître à nos collègues de la Société d'Etudes Provençales.

L'une, remarquable par l'élégance des caractères, a été trouvée, en 1899, par M. Holl, à Fréjus, aux Thermes de Villeneuve. Elle est malheureusement incomplète ; on n'a retrouvé de la belle pierre sur laquelle elle était gravée que trois fragments, les plus gros et les plus importants, il est vrai. La hauteur des lettres varie de 3 à 6 centimètres ; leur largeur de om035 à om056. La pierre est en calcaire jaune, et l'encadrement a om14 de large. Voici comment s'adaptent ces trois fragments :

Les caractères de la 1re ligne sont superbes, notamment la première lettre dont la barre inférieure est très grande et

6


- 56 — nette. Hautes de 6 centimètres, ces lettres ont 5 cent., 6 de largeur. De même pour , V, F, à la sixième ligne ; à remarquer aussi les très belles séparations de ces dernières lettres.

Entière, la pierre devait mesurer près de 1m50 de largeur, sur 0m75 de hauteur, et l'inscription devait présenter l'aspect suivant :

Q. PESCENNIVS L. F. . : . . 1 SIBI T. PESCENNIO GRACCHO AVO L. PESCENNIO T. F. ......... 2 PATRI

GAVRIAE 3 C. F. SILVINAE MATRI PES CENNIAE L F. VIRAE SORORI. . . . . .4

. . . AE, V, F, L, F. SILVINAE VXORI •

En sorte que le sens devait être : Q(uintus) Pescennius L(uci) [f(ilius),... sibi],T(ito) Pescennio Grac[cho avo, Lucio] Pescen[nio, T(iti) f(ilio),.. ...patri], Gavriae, C(aii) f(iliae), Silvin[ae

Silvin[ae Pescenni[ae L(uci) f(iliae), Virae soro[ri ] ae

L(uci) f(ilias) Silv[inae uxori]. V(iyus) f(ecit). — C'est-à-dire : Quintus Pescennius..., fils de Lucius, a fait de son vivant [ce monument] pour lui, pour Titus Pescennius Gracchus, son aïeul, pour Lucius Pescennius... fils de Titus, son père, pour Gavria Silvina, fille de Caïus, sa mère, pour Pescennia Vira, fille de Lucius, sa soeur, pour... Silvina, fille de Lucius, sa femme.

M. Nicollet nous fait remarquer qu'on avait déjà trouvé un « Quintus Pescennius P..., fils de Quintus » à Narbonne (CIL XII 5047), et un « Publius Pescennius Optatus, fils de Caïus » avec son fils « Publius Pescennius Léo » à Vicence (Ibid. V 3138); mais c'est surtout dans l'Italie méridionale et en Afrique qu'il reste de la gens Pescennia de nombreuses traces : on a relevé jusqu'ici dans les inscriptions de l'Afrique le nom de douze Pescennius (Ibid. VIII) et celui de seize dans celles de

1- 2 Le prénom,

3 Douteux; peut-être GAVINIAE. F.-N. N.

4 Gentilice de femme dont il ne reste que la terminaison.


— 57 — l'Italie méridionale (Ibid. IX et X). C'est à cette gens, pense notre collègue, « que devait appartenir C. Pescennius Niger qui, proclamé empereur par les légions d'Orient, en avril 193, après la mort de Commode, fut vaincu l'année suivante par Septime Sévère à Cyzique, à Nicée et à Issus où il mourut. »

L'autre inscription a été mise à jour par M. Eugène Ghis, maçon, en démolissant la maison Truci, à Fréjus, dans le courant du mois de mai 1902. Les deux angles de la pierre sur laquelle elle était gravée ont été cassés et manquent. A part cela, elle est bien conservée et l'inscription très nette. Ce qu'il en reste mesure om21 de haut sur om29 de large ; entière, sa largeur devait être d'environ om32. Les lettres, de hauteur irrégulière, varient entre 2 et 3 centimètres.

La lecture de cette inscription est facile et le texte peut être aisément complété. Il ne manque en somme qu'une seule lettre du deuxième nom, un A croyons-nous, et nous lisons :

Arguria et Safro Fortunata

Fortunata Leli Martini Merenti(s); c'est-à-dire :

Arguria et Safro Fortunata, à la mémoire de Lélius Martinus, qui le mérite.

« Arguria et Safro » dont nous ne trouvons pas d'exemples dans la revue Epigraphique, sont considérés par M. Nicollet comme des noms Ligures. Ils ne sont du reste latins ni l'un ni l'autre, mais on peut comparer « Safro », à Sacio, existant sur un fragment d'épitaphe trouvé à Reims en 18971. Quant à Martinus, ce n'est pas non plus un nom latin, mais il est très

1 Revue Epigraphique, 1er septembre 1901.


-58fréquent, dans les inscriptions de la Gaule Cisalpine et du midi de la Gaule Transalpine c'est-à-dire des régions peuplées par les Ligures. On a relevé jusqu'ici douze Martina et dixsept Martinus dans la Province (CIL XII), et de nombreux Martina et Martinus, dans la vallée du Pô, (Ibid. V), sans compter les Martinianus, Martiolus, Martillus, qui sont tous noms dérivés de la même racine.

Cannes, novembre 1904

Col DE VILLE-D'AVRAY.

Conservateur des Musées.


Revue de Palethnologie provençale1

Dans un article sur la Provence au Congrès de Grenoble 2 j'ai fait quelques omissions que je tiens à réparer. M. MISTRAL avait envoyé à la section d'ARCHÉOLOGiE une communication sur une verrerie située dans Vaucluse, le long du Calavon. Dans une discussion, M. le Dr MARIGNAN a signalé la découverte, près de Lourmarin, d'un maillet à rainure, peut-être d'apport récent.

A l'Exposition d''Anthropologie, qui était jointe au Congrès, il convient de citer certaines pièces appartenant à M. MULLER: objets de la station du Monestier d'Allemont à très petite industrie néolithique ; un fragment de hache en hématite provenant des environs de Cannes; des percuteurs et broyeurs des environs d'Orpierre ; des pointes de flèche en bronze des Hautes-Alpes ; quinze bracelets en bronze de Châteauroux ; une fibule et une pince à épiler, en bronze, ainsi qu'une écuelle en terre grise pétrie d'amiante découverts à Briançon. J'analyse plus loin un travail de M. Muller dans lequel certains de ces objets sont étudiés.

La Société Préhistorique de France, aussi jeune que notre Société d'Etudes Provençales, a pris comme elle un vigoureux essor. Notre belle province y est étudiée tout particulièrement.

Le numéro 1, janvier 1904, du Bulletin de la Société Préhistorique de France contient un travail de M. F. MOULIN sur l'Abri Moustérien du Baus de l'Aubésié 3.

Dans les numéros 5, mai 1904, et 6, juin 1904, se trouvent

1 V. Annales, n° 2, p. 73, et n° 4, p. 201, 1904.

2 Id., n° 5, p. 235, 1904.

3 Lors de mon dernier article de Revue, je n'avais pas connaissance de cette communication, et j'ai par suite enlevé à tort à M. Moulin la priorité de publication. (V. Annales, p. 202, 1904).


— 6o —

une communication de M. M. DEYDIER sur les Maillets de Murs, et les discussions qui ont suivi ; l'auteur donne une belle planche des instruments de cette station dont j'ai déjà eu l'occasion de parler 1.

Le numéro 6 renferme également des Notes de voyage au bord de la Méditerranée, par M. Paul NICOLE ; ces notes sont d'un style facile.

Au sujet d'une discussion sur la carie dentaire, M. le Dr P. RAYMOND a présenté (n° 8, octobre 1904), des dents trouvées par M. le Dr A; GUÉBHARD dans des dolmens des Alpes-Maritimes.

A la séance suivante (n° 9, novembre 1904), M. GUÉBHARD a fait une communication (avec figures) sur ses Fouilles et glanes tumulaires aux environs de Saint- Vallier-de-Thiey, qui lui ont procuré notamment des perles en dentale ? fossile, des coulants, un anneau et un tube en bronze, ainsi que des limacelles préhistoriques déjà étudiées dans la F. Jeunes Natur., t. XXXV, août 1904.

Dans ce numéro 9, je tiens à signaler particulièrement un article de MM. PRANISHNIKOFF et RAYMOND sur les Pierres à cupules et à gravures phéhistoriques du Castellet (près d'Arles) 2. Les auteurs ont relevé et publié les dessins des cupules et des sculptures qui se trouvent tant sur les roches isolées que sur la dalle de l'allée de la Source déjà signalée par M. Cazalis de Fondouce. Ils ont relevé les traces d'un oppidum sur le Castellet. M. E. BOUCHINOT a publié (But. Excursion. Marseil., 1903), une conférence sur l'Actualité Archéologique au pays d'Arles 3; s'adressant à des touristes, il insiste sur les renseignements topographiques permettant de visiter les Allées Couvertes.

M. E. RIVIÈRE, président de la Société Préhistorique de

1 Id., p. 202 et 237, 1904.

2 Cf. id., p. 202, 1964.

3 Id., p. 262, 1904.


— 61 — France, a rappelé, dans plusieurs discussions, les résultats de ses belles recherches dans les Alpes-Maritimes, et, grâce à sa science, nous devons à ces incidents de séances, d'intéressants exposés sur : les parures préhistoriques ayant pu servir de monnaies 1, (But. Soc. Préhist. Fr., n° 3) ; les superpositions d'époques dans les mêmes lieux (n° 7) ; et l'altération des dents dans les sépultures préhistoriques des Alpes-Maritimes (n°9).

M. CAPITAN a reproduit (Rev. Ec. Anth., p. 89, 1903), un galet de serpentine à cupules et traits gravés trouvé par M. BONFILS en pleines couches quaternaires dans la 4e Grotte des Bausse Rousse.

Le paléolithique a encore fait l'objet d'un travail de M. F. MOULIN, sur le Dépôt moustérien de la Caverne de Châteaudouble (Var), (tiré à part avec pl., extr. du But. Soc. Et. Sc. et Archéol. de la V. de Draguignan, t. XXIV, p. 371). La faune, déterminée par M. DEPÉRET, comprenait : le lion des cavernes, le léopard, l'ours brun, le renard, le chien, le cerf, le chevreuil, la chèvre, le lapin, et le choquard. Quelques silex recueillis présentent bien les caractères de la taille moustérienne. Il est certain, à mon avis, que l'homme n'a pas cohabité avec le lion et le léopard; d'autre part, le reste de la faune, même le choquard, déjà trouvé par Marion dans la Nerthe, pourrait se rattacher au néolithique plus aisément qu'au quaternaire. Le nouveau travail de M. Moulin apporte donc des faits très intéressants 2.

Une cachette préhistorique d'objets en terre cuite (robenhausiens ?) a été trouvée à Pignans (Var), ainsi qu'il résulte d'une communication, sans autre indication, faite par M. GUILLABERT à l' Académie du Var, mars 1903.

Dans le Bulletin de la Société Archéologique de Provence, je relève les communications sur les sujets suivants : Les

1 Cf. De la Monnaie-Parure et de la Parure sur la Monnaie, H. DE GÉRINRICARD. Répert. Soc. Statist. Mars.

2 Cf. Annales, p. 201 et 237, 1904.


— 62 —

Objets antiques du Musée de Sault (Vaucluse) 1, par MM. l'abbé ARNAUD D'AGNEL et Michel CLERC (n° 2, avril 1904) ; Nouvelles fouilles à la station phréhistorique de Châteauneuf-lès-Martigues, par M. M. DALLONI (même séance); l'opinion de l'auteur, croyant trouver du campignien, a été rejetée 2; Poteries de l'Abri de la Font-des-Pigeons à Châteauneuf-lès-Martignes, par Ch. COTTE 3 (même séance) ; Castellas de Vitrolles, par M. l'abbé ARNAUD D'AGNEL 4 (n° 2, mai 1904); Un objet en pierre (taillé ?) trouvé dans la grotte de Bassan (Roquevaire) ; Un pot celtique trouvé près de la Grotte de Lascours (n° 2, juin 1904), et quelques objets recueillis avec des ossements humains à Saint-Menet (n° 3, novembre 1904), ont été présentés par M. BOUT DE CHARLEMONT.

Deux autres sépultures préhistoriques ont été signalées récemment dans les Bouches-du-Rhône ; l'une, dans le territoire de Carry, par Ch. COTTE et H. MARIN-TABOURET (l'Homme Préhistorique, novembre 1904), l'autre par M. l'abbé ARNAUD D'AGNEL (Bul. Ac. Insc. et B. L., 8 juillet 1904), dans le Trou des Morts, à Cuges. De cette communication et des renseignements oraux que M. l'abbé Arnaud d'Agnel veut bien m'autoriser à publier, il résulte que trois sépultures par inhumation ont été découvertes par lui dans la deuxième salle d'une grotte où l'on accède malaisément par un étroit boyau. Les squelettes avaient les jambes croisées ; les crânes, dolichocéphales et prognathes, étaient sur les autres os. Les cadavres avaient été placés sur une étroite corniche située à 2 mètres de hauteur au-dessus du sol et à 0m8o seulement sous la voûte. Dans une sorte de gouffre situé dans la première salle se trouvaient des fragments osseux et des débris de vase de forme surbaissée et à lèvres évasées tels qu'en ont fourni les

1 V. id., p. 90, 1904.

2 Cf. id., p. 203, 1904. 3 V. id., p. 307,1904.

4 Id., p. 236, 1904.


-63 - palafittes. M l'abbé Arnaud d'Agnel a recueilli quelques silex taillés. Il croit ces sépultures néolithiques.

Paléolithique de la Baumo dei Pèirard, néolithique, âge du bronze, cuves vinaires et cabanes en clayonnage préromaines sont passés en revue par M. F. SAUVE dans son attachante monographie sur la Vallée de l'Aiguebrun : Une analyse de ce travail a déjà paru dans nos Annales 4 où mon collègue a reproché à M. Sauve d'être plus archéologue qu'historien. Si je ne me souvenais de la fable du Meunier, son Fils et l'Ane, et si l'auteur n'expliquait (p. 3) la cause de sa réserve, pleine de délicatesse, j'aurais presque formulé le regret de voir l'étude des vestiges préhistoriques un peu raccourcie. Du moins je me plais à signaler la sûreté des renseignements fournis, et à noter la reproduction d'une belle épée de bronze, malheureusement brisée, appartenant à M. Lazard. Je crois que cette épée est à rapprocher de celle trouvée dans le tumulus de Trets.

Dans sa magistrale étude sur l' Argent aux époques protohistoriques (Rev. Ec. Anth., p 1, 1903), M. A. DE MORTILLET a reproduit un disque d'argent (bracelet ou boucle d'oreille ?) de la cachette du vallon de la Coumbo entre Saint-Vallier et Caussols (A.-M.), (collection de M. le Dr Ollivier, à Digne), et un torques en argent marnien (?) trouvé à Pallon, commune de Freissinières (H.-A.).

Une communication a été faite par M. H. MULLER à la Société d'Ethnologie et d'Anthropologie de Grenoble, février 1904, (tiré à part du Bulletin de cette société, 2 planches), sous le titre : Présentation d'Objets des époques du Bronze et du Fer trouvés en Dauphiné. Elle nous intéresse particulièrement car certaines de ces découvertes d'objets en bronze ont été faites dans les Hautes-Alpes et les Basses-Alpes : haches à ailerons larnaudiennes ; bracelets carénés coulés à plat, arrondis à la bigorne et finement ciselés par refoulement

1 P. 307, 1904.


- 64 - trouvés à Saint-André-de-Rosans 1 ; pointes de flèche à douille à trois arêtes ou à deux ailerons ; une autre à soie ; une épingle à tête plate et à renflement orné de chevrons ; bracelets d'une tombe de Châteauroux, près Embrun, asssez négligés, gravés à la lime ; fragment de bracelet demi-jonc. La compétence de l'auteur en métallurgie, la description soigneuse des pièces, l'analyse de diverses d'entre elles rendent ce travail précieux.

CH. COTTE.

1 Id., p. 236, 1904.


BIBLIOGRAPHIE VAUCLUSIENNE

1904

Le 6me centenaire de la naissance de Pétrarque et le cinquantenaire de la fondation du Félibrige ont été marqués par la publication d'une grande quantité de brochures, de mémoires et de volumes sur le poète florentin et les félibres de FonSégugno. Il n'entre pas dans le cadre de cet article bibliographique de les analyser ou même de les signaler, pas plus qu'il ne nous est possible de rendre compte de tout ce qui a paru, cette année, sur les papes avignonnais. Notre tâche se bornera simplement à apprécier les études, qui, en dehors de ces trois faits, ont eu plus particulièrement pour objet le passé du pays vauclusien.

Les Maillets de Murs de M. DEYDIER appartiennent aux temps préhistoriques et l'auteur s'efforce de rattacher à l'époque moustérienne, ces instruments en pierre, de forme allongée avec rainures circulaires. Les fragments de poterie recueillis par M. COTTE en explorant la Baumo dou Luce sont d'un âge plus récent. M. Cotte les rattache à l'industrie céramique ligure. La période romaine a fourni aux érudits une ample matière. La description des objets antiques du Musée de Sault par MM. ARNAUD D'AGNEL et CLERC nous fait connaître une collection modeste sans doute, mais intéressante parce qu'elle offre un nouvel exemple de la persistance de l'élément indigène dans celles de nos régions que leur relief protégeait contre une assimilation trop rapide. Ce fait avait été signalé déjà pour Vaison qui continue à livrer ses trésors enfouis. Cette année les travaux du chemin de fer ont mis à jour une mosaïque romaine décrite par M. LABANDE dans les Nouvelles archéologiques intéressant le département de Vaucluse, en même temps que le compte rendu des fouilles


- 66 —

de Venasque. A Orange au contraire, l'élément romain dominait. Les fragments d'une inscription que la construction d'un égout a permis d'exhumer suffiraient à le prouver si cela était nécessaire. Cette inscription qui a trait à une adjudication ou concession de terres a fourni à M. ESPÉRANDIEU (Inscription concédant des terres à des colons) et à M. DIGONNET (Orange Antique : un nouveau monument romain) le sujet d'un excellent commentaire. Le premier complète sur des points de détail l'interprétation du second et essaie un peu aventureusement de reconstituer la dernière ligne. M. Digonnet, lui, ne s'est pas borné à la lecture de l'inscription, il a minutieusement examiné les débris de chapiteaux, frises, statues, trouvés en même temps, faisant précéder le tout d'un chapitre sur Orange Antique dont certaines affirmations pourraient être discutées.

Les études qui ont eu pour objet l'histoire médiévale de nos contrées, l'emportent par le nombre et l'importance sur celles qui ont trait à l'archéologie ancienne. M.DUHAMEL dans son Annuaire administratif de Vaucluse de 1904 continue, sur un plan destiné à faciliter les recherches, la série de ses monographies (Aubignan, Aurel, Auribeau). Il y a joint quelques pages sur la colline de Mondevergues, station préhistorique, marseillaise (?), bien de la messe épiscopale, etc., dont le nom a subi la transformation habituelle des mots à désinence en anicus, enicus, onicus.

Son collège, M. LABANDE force l'admiration par sa fécondité tout autant que par la valeur de son oeuvre. Son mémoire sur le Baptistère de Venasque, fragment détaché d'un ouvrage sur les églises et chapelles romanes de Provence, date, après les avoir décrites, les différentes parties de ce curieux moment. Dans Bertrand-du Guesclin et les Etats pontificaux en France, il retrace la venue des routiers dans la vallée du Rhône, et les arrangements conclus avec eux pour les éloigner. Les archives de Carpentras, de Vaucluse et du Vatican ont été fouillées par M, Labande, qui nous montre un


-67Du

-67Du jouant, en somme, un rôle singulier, quelles que soient les excuses qu'on veuille donner à sa conduite. Nous ne signalerons qu'en passant le Projet de Translation du Concile de Baie à Avignon paru dans cette revue, ayant hâte d'arriver à la magistrale biographie à'Antoine de la Salle. M. Labande a pu, par des documents inédits, rattacher ce littérateur à notre région (il serait né au Mas-Blanc, entre Tarascon et Saint-Rémy) et reconstituer toute une partie de sa vie, encore peu connue, concernant ses rapports avec la maison d'Anjou, son mariage avec Sellana de Brusa, ses aventures de capitaine. Enfin, quand nous aurons cité la Dernière Fondation des Papes à Avignon, le Couvent des Célestins, contenant l'histoire des diverses parties de ce monastère, la description des oeuvres d'art qu'il contenait, et le récit des invraisemblables dévastations qu'il a subies, nous en aurons peutêtre assez dit pour montrer la variété du talent de M. Labande, mais pas assez pour donner une idée juste de son activité.

Plus modestes sont les Notes historiques de M. LOT sur Aye d'Avignon, essai heureux pour établir la réalité historique du comte Aleran et de Aubouin, personnages cités dans cette chanson de geste. Nous retrouvons M. l'abbé ARNAUD D'AGNEL avec le Trésor de l'Eglise d'Apt dont il signale les principales pièces. La plus curieuse est l'étendard de Aboul Cassem Mostali, sixième calife fatimite, défenseur de Jérusalem contre les premiers croisés, venu, on ne sait comment, à Apt. et transformé, par la foi naïve du Moyen-Age, en voile de Sainte-Anne.

M. l'abbé CHAILAN a porté ses investigations sur l'assistance publique à Avignon, aux temps des papes. l'Orphanotrophium du pape Grégoire XI à Avignon, et la Notice sur la maison des Repenties à Avignon au XIVe siècle, analysés ici même, fournissent sur ce point de nombreux renseignements provenant surtout des Archives du Vatican. Tout aussi nombreux sont ceux que M. l'abbé Roux a réunis sur le Petit Palais d'Avignon. C'est la seule monographie à peu près


- 68 -

complète que nous ayons sur la fondation d'Arnaud de Via, et cela malgré la pauvreté des références. M. l'abbé REQUIN, dont les travaux sur les arts font si justement autorité, a écrit quelques pages sur l'Ecole de Peinture Avignonnaise. Il signale des oeuvres de primitifs existant dans des églises et collections des environs. Il faut compléter cet article par le chapitre que M. BOUCHOT a consacré à l'école avignonnaise dans son livre: Les Primitifs Français (1292-1500). MM. Bouchot et Requin sont d'accord sur quelques points et notamment sur l'absence d'artistes flamands et italiens à Avignon au XVe siècle. Mais tandis que M. Requin se refuse à reconnaître dans les oeuvres des peintres établis à Avignon, les procédés et les tendances d'une véritable école, M. Bouchot au contraire, nous décrit les formules spéciales, les thèmes et l'esthétique particulière qui caractérise l'école provençale.

L'histoire moderne et contemporaine a beaucoup moins tenté les érudits. M. MICHEL JOUVE sous le titre de : Journal d'un chanoine du diocèse de Cavaillon, a publié le livre de raison de Gaspard de Grasse, curieux document sur les moeurs comtadines du XVIIe siècle, sur l'existence journalière et l'état d'âme d'un prêtre adversaire, à l'occasion, de l'administration papale dans le Comtat. La notice de M. BLANCHARD sur Quatre diplômes de l'Université d'Avignon, délivrés au XVIIe siècle à divers membres de la famille Ferrus, est une contribution peu importante à l'histoire de l'Université Avignonnaise. Enfin, les deux fascicules ayant pour objet les Trente-deux religieuses guillotinnées à Orange en juillet 1794, sont écrits en vue d'obtenir leur béatification, et d'après la méthode toute spéciale à ces sortes de requêtes, ce qui ne permet guère à l'auteur de garder l'impartialité et la sérénité que réclame l'histoire. Si nous avons gardé pour la fin l'enquête de M. SAUVE sur : la Région aptésienne : Etudes d'histoire et d'archéologie, c'est qu'elle s'étend des temps préhistoriques à nos jours. On ne saurait dire trop de bien du travail que représente la réunion d'une telle masse de renseignements puisés sur les lieux


— 69 — mêmes ou recherchés dans les Archives Nous craignons seulement que le plan adopté ne permette pas d'utiliser commodément les richesses de cet inventaire archéologique et historique, digne d'être loué à tous autres égards.

Tel est le bilan de l'année 1904. II nous resterait à souhaiter pour 1905 une floraison plus abondante encore, si nous n'avions la certitude que cette année ne le cèdera en rien à la précédente, puisqu'on nous promet déjà le tome 11 des Etudes d'histoire et d'archéologie romane par M. LABANDE, et le Cartulaire de l'évêché d'Avignon par M. G. MANTEYER.

EUGÈNE DUPRAT.

AS AIS « A AIX » et non A=Z=AIS

Quand on compare le français « il est à Aix, il va à Aix, il vient d'Aix » avec les expressions provençales correspondantes « es a-\-Ais, vai a-^-Ais, ven da-ç-Ais », on est quelque peu surpris, à prime abord, de cette sifflante qui se fait entendre après les prépositions a da. Cependant rien n'est plus naturel, si on remonte à l'origine et à l'étymologie du mot « Aix ».

Ais vient de Acs ou Aqs pour Aquas, comme tais (blaireau) de tacs (allemand daclis, italien tasso), Sais (n. de pays) de sacs pour saxum (rocher; italien sasso), fais de facs pour fascem, etc. Or Aquas était, personne ne l'ignore, un substantif pluriel signifiant « eaux », en sorte que Ais est en réalité un doublet du nom commun aigas, et, pour le dire en passant, d'après un manuscrit de la bibliothèque Méjanes — 778 (1015 — R. 23) — Aix aurait été appelée par les vieux troubadours Aygues ou Aigas. Aussi Ais s'emploie-t-il toujours dans


- 70 -

la haute Provence avec l'article pluriel ; on dit las ou les Ais, comme la Ciutat. lei Baus.

D'autre part l'article pluriel précédé des prépositions a et de (ou da) se contractait jadis dans la basse Provence en as et das, dans la haute Provence en es, rarement as, et des. On peut s'en convaincre par les exemples suivants que je choisis, à dessein, peu nombreux mais probants et faciles à contrôler. Darai a l'abad et as monegues 1 ;

— Donar... as servitors das officiers ; — es contengut as status ; — inandar... as paures das hospitals ; — donar... as paures ; — faire las barbas... as religiouses; — las absentias das religiouses2 ; — cliassar es bouix; contrari as interes 3 ; Las devenduas des Peirons ; — Ipra pousa es Prals ; — I champ pousa as Croies 4; — es Fareaus ;

— des Fareaulx ; — es Serigos ; — es Clos de Soleliera 6 ; — fan li jurar... a\ caslans 6.

D'où il résulte que la façon de parler de la basse Provence « es as Ais, vai as Ais, ven das Ais », et de la haute Provence « es es Ais,. vai es Ais, ven des Ais », est pour « es ou vai a las Ais, ven da las Ais »; mot à mot « il est ou va aux Eaux, il vient des Eaux ».

Mais de là il ressort aussi qu'il faut écrire as Ais et non a-\-Aix.

F.-N. NICOLLET.

1 Cartutaire de l'abbaye de Lérins, par H. Moris et E.Blanc; Paris, Champion. 1883 ; n° CCCXXXIX, charte de 1046-1066.

2 Revue historique de Provence, 1901 ; Les obligations de l'administrateur de l'abbaye Saint-Victor (1545), p. 277, 1. 9 et 12 ; 278, 26 et 29 ; 279, 7 ; 281, 21 ; 283, 10.

3 Annales des Alpes, 1897; Proclamation... faite à La Bâtie-Neuve vers 1530 ; p. 252, 9, et 253, 12.

4 Id., 1902; Le parler de Savines en 1391, p. 60, 1. 22 et 26 ; 62, 17 ; 64, 4. 5 Bulletin de la Soc. d'ét. des Hautes-Alpes, 1887; Le langage de Gap... en 1543, p. 236-239, n° 1, 2, 3, 4, 7, 15. 6 Id., 1889, Document en langue vulgaire de 1185 environ, p. 372.


CHRONIQUE

Le Bureau de la Société d'Etudes Provençales a reçu et accepté l'adhésion de M. FALGAIROLLE (Prosper), archiviste de la ville, Vauvert, Gard.

Dans la liste publiée au numéro de janvier, on a omis, par oubli, M. le comte Clément de BLAVETTE, 9, rue de Gravelle, Versailles.

Dans la même liste, on a mis par erreur M. JAUBERT (Eugène), bibliothécaire municipal, Nice, au lieu de la « Bibliothèque municipale de Nice ».

L'échange des publications a été adopté entre la Société d'Etudes Provençales et les Sociétés suivantes :

CONSTANTINE. Société archéologique.

PERPIGNAN. Société agricole scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales.

Comités départementaux des documents économiques de la Révolution. — Le comité des Bouches-du-Rhône réuni à Marseille le jeudi 16 février sous la présidence de M. Causeret, inspecteur d'académie, président, a pris connaissance des envois faits par ses correspondants, a nommé correspondants pour Aix, MM. Arnaud et Costecalde, professeurs au lycée Mignet, et, après avoir entendu un rapport de son secrétaire, M. Fournier, sur les cahiers de doléances de Marseille qui fourniraient à eux seuls la matière d'un intéressant volume, a décidé que ce rapport serait transmis à M. le Ministre pour être soumis à la commission centrale.

Dans la séance du 28 janvier 1905, le comité départemental du Var a procédé à la nomination de correspondants dans la grande majorité des communes du département, choisis surtout parmi les instituteurs et les receveurs de l'enregistrement. Il a chargé MM. Mireur et Poupé de rédiger deux circulaires

7


— 72 —

pour aviser ces correspondants de leur nomination et leur donner des instructions concernant la recherche des cahiers de doléances des communautés, l'établissement d'un état des biens ecclésiastiques nationalisés en 1789, le classement des dépôts d'archives du lieu de leur domicile. Les termes de ces circulaires ont été approuvés dans la séance du jeudi 2 février. Comités des bibliothèques publiques. — Par arrêtés du Ministre de l'Instruction publique, en date des 4, 8,9 et 22 février, ont été nommés membres des comités d'inspection et d'achat des livres pour les bibliothèques publiques des villes suivantes : Aix (4 février) MM. Fernand Bouteille, avocat, ancien bâtonnier; Fassin, conseiller à la Cour; Guibal, doyen honoraire de la Faculté des lettres d'Aix ; P. Arbaud, bibliophile, président de la Société d'Etudes Provençales ; Heirieis, avocat, ancien bâtonnier; Nardon, sous-directeur de l'école nationale d'Arts et Métiers.— Antibes (8 février) MM. Thouvenel, capitaine en retraite; Pastour, principal du collège ; Chaudon, directeur d'école publique ; Gairaud, vice-consul d'Italie ; Marchand (Joseph), ancien libraire. — Apt (22 février) MM. Garcin, ancien greffier du tribunal ; Comte, principal du collège ; Bon, inspecteur primaire ; DrGros, membre de la Société d'Etudes Provençales; Jondeau, professeur au collège; Serre, pharmacien. — Cadenet (9 février) MM. Roux (Claude), négociant ; Ollivier (Emile), rentier ; Bouscharain (Ernest), instituteur ; Pradel (Clément), secrétaire de la mairie. — Carpentras (22 février) MM. Eysséric ; Dr Cavaillon ; Jules Guillet, avoué ; Guigue (Amédée) ; Rauchier (Raphaël), pharmacien ; Veyren (Edouard), inspecteur en retraite ; Durepaire, professeur au collège ; Christin (Victor), ingénieur des ponts et chaussées.— Gap (4 février) MM. Coronat, docteur en médecine ; Perrin, conducteur des ponts et chaussées ; Poncet, professeur de musique ; Mauzan, instituteur au lycée ; Simplot, chef de division à la préfecture ; Andréoly, clerc d'avoué ; Colomb, receveur municipal ; Perrenot, directeur de l'école annexe à l'école normale de gar-


- 73 — çons ; Meunier, négociant ; Peyrin, professeur au lycée. -- Grasse (8 février) MM. Maure (Antoine), avocat; Maubert (Jean-Louis), professeur de collège en retraite ; Guerby (Auguste), professeur de collège en retraite ; Fanton d'Andon, avocat ; Gay, professeur au collège. — Menton (8 février) MM. Bernardini, avocat ; Mazel, professeur ; Bèche, professeur ; Croin, docteur en médecine ; Des Corats, ingénieur. — Montélimar (8 février) MM. Greffe (Baptiste), conseiller municipal ; Mazude (Albert), conseiller d'arrondissement ; Vallentin (Roger), bibliophile, membre de la Société d'Etudes Provençales ; Veyrenc(Xavier-Henri), secrétaire de la mairie; Chambon (Louis-François), professeur au collège ; AyméMartin (Albert), conseiller général ; Carie (Adrien), docteur en médecine ; Mme Markovitch (Amélie), professeur à l'école primaire supérieure. — Orange (22 février) MM. Morenas, sous-ingénieur des ponts et chaussées ; Yrondelle, professeur au collège, secrétaire-correspondant de la Société d'Etudes Provençales ; Gleyze, avocat ; Blanc, professeur en retraite ; Robert, secrétaire en chef de la mairie.

Apt. — M. Reboulet, capitaine au 58e d'infanterie, met la dernière main à une biographie complète du général d'Anselme, qui commanda la première armée d'Italie et fit la conquête du comté de Nice (1792). Les Aptésiens seront certainement reconnaissants à l'auteur d'avoir mis en lumière la vie de leur compatriote, le général d'Anselme, né à Apt, le 22 juillet 1740.

Arles. — La Société des Amis du Vieil-Arles a adopté, à l'unanimité, le projet de Fédération des Sociétés savantes de la région présenté par la Société d'Etudes Provençales, sous réserve d'une observation au sujet des moyens pratiques d'exécuter l'article IV.

Draguignan, — Dans la séance du vendredi 27 janvier 1905, M. Louvet, directeur des contributions indirectes à Draguignan a rendu compte des travaux du Congrès tenu à Grenoble en août 1904 par l'Association française pour l'avancement


— 74 — des sciences. Il a particulièrement signalé une étude de M. Henriet, ingénieur à Marseille, sur les origines du drapeau tricolore et s'est étendu sur les raisons qui militent en faveur de l' Espéranto dans la question du choix d'une langue auxiliaire internationale. Dans la séance du jeudi 16 février, il a été donné lecture, au nom de M. Mireur, d'une esquisse biographique de Maxime-César-Louis-Eugène Blanc, né à Draguignan en 1839, décédé à Londres en 1885, connu sous le nom de comte Blanc comme prétendant au trône d'Espagne. L'auteur établit par des documents inédits que ce personnage mystérieux serait un petit-fils légitime de Ferdinand VII, roi d'Espagne, son père étant issu d'un mariage probablement secret. Une commission est nommée pour étudier le projet de statuts d'une Fédération des Sociétés savantes de Provence dû à l'initiative de la Société d'Etudes Provençales.

Manosque.— Le 19 janvier 1905, M. Louis Boyer, ancien percepteur à Manosque, faisait élargir le chemin qui va de la route de Voix à sa campagne de Valverane. Le terrain de celle-ci plus élevé que la route, la domine quelque peu, et, pour élargir le chemin en question, il fallait rabaisser une certaine bande de terre.

A proximité de la route de Volx et à environ 1 mètre 75 de profondeur, la pioche des terrassiers heurta une dalle de pierre froide d'une surface de 56 sur 63 centimètres. Ce bloc découvert, on creusa tout autour et, écartant la terre que rendait plus noire et plus meuble une certaine quantité de bois calciné, on mit à nu au dessous de cette dalle une seconde pierre en calcaire froid que couvrait parfaitement la précédente. La première n'avait que dix centimètre d'épaisseur, la seconde présentait une ouverture circulaire en apparence pleine de terre. On se crut tout d'abord en présence du regard de quelque conduite. Mais lorsqu'on essaya d'enlever ce qui comblait cette ouverture, on en retira, mêlée à la terre, une certaine quantité d'os et de débris d'os plus ou moins calcinés, des fragments de poterie, une toute petite bouteille de verre irisé, et, à 30


— 75 — centimètres de profondeur, on retrouva la pierre. On creusa tout autour et on dégagea un bloc de 40 centimètres de hauteur. C'était la sépulture d'une personne incinérée, mais il n'y avait nulle inscription, nulle monnaie, rien qui put faire connaître la date de cette crémation, ni quel était le personnage dont on venait de retrouver les restes. En réunissant les fragments de poterie trouvés dans ce creux on a pu reconstituer un vase en forme de sébille, de 10 centimètres de hauteur et d'un demi centimètre d'épaisseur, en terre brune, n'ayant pour tout ornement qu'un simple trait à trois centimètres du bord ; le fond est légèrement plus épais que le reste. L'eau qui a pénétré avec la terre dans la cavité par une légère ouverture de 10 centimètres de long sur un travers de doigt de large qui se trouvait au bord du tombeau, a dû faciliter la destruction de cette poterie dont on ne trouve qu'une partie. La petite bouteille, dont nous avons parlé, a 6 centimètres de haut, elle est en verre d'un millimètre d'épaisseur et affecte la forme d'une calebasse ou gourde.

Non loin de là, sur la même route de Volx, sous la conduite qui amène au château de Saint-Clément l'eau de la Richarde, M. Dherbez découvrit il y a quelques années un grand pavé mosaïque; il ne crut pas devoir le faire enlever du lieu où il se trouvait, mais les anciens du pays en ont gardé le souvenir A cette occasion signalons aussi à Manosque, sous le terreplein de la Plaine, une tête grossièrement sculptée qui est demeurée plus de 100 ans ensevelie dans le mur de soutènement et n'a été mise au jour qu'il y a une dizaine d'années environ. Enfin, dans la rue Vouland, à l'église de SaintSauveur, à la hauteur d'un premier étage, de chaque côté d'une baie aujourd'hui murée se trouvent deux pierres sculptées au trait simple, représentant l'une, au levant, un ibis luttant contre un serpent; l'autre, au couchant, un guerrier romain. Aucun des historiens de Manosque n'a parlé de ces objets archéologiques.

PH. BIGOT.


- 76Marseille.

76Marseille. L'Académie de Marseille, dans une séance publique tenue, le 29 janvier, en la salle des fêtes de la Bibliothèque de la ville, a reçu comme membre de la classe des sciences M. Noblemaire, le savant ingénieur, directeur de la Compagnie P.-L.-M. La cérémonie était présidée par M. Bry, doyen de la Faculté de Droit d'Aix, assisté de la plupart des membres de l'Académie. Dans le discours qu'il a prononcé, M. Noblemaire, après avoir rappelé qu'il avait fait de Marseille sa seconde patrie et avoir témoigné sa gratitude à l'Académie, a fait l'éloge de son prédécesseur, le regretté Marion, et a évoqué le souvenir de la belle pléiade d'ingénieurs dont Marseille s'enorgueillit : les Talabot, de Montricher, Desplaces et autres. M. Bry a répondu au nouvel académicien et la séance s'est terminée par la lecture de M. Montricher sur les Canaux en Provence.

Dans sa séance du 18 février, l'Académie a élu membres résidants: M. le marquis de Villeneuve-Trans, en remplacement de M. Léon Vidal, membre libre; M. Perdrix, professeur de chimie à la Faculté des Sciences, en remplacement de M. Pérot, membre libre ; M. Jacques Normand, en remplacement de M. Pierre Trabaud, décédé ; M. Ducros, doyen de la Faculté des Lettres, en raplacement de M. Ludovic Legré, décédé. Elle a, en outre, dans cette même séance, attribué la dot de douze cents francs, fondée par M. Zafiropoulo, à Mlle Fanny Fabre, domiciliée à Saint-Mauront.

La Société de Géographie et d'Etudes Coloniales, dans sa séance de quinzaine, tenue le jeudi 16 février, a entendu des communications de M. le docteur C. Mondon, sur « les Ports de l'Algérie », et de M. le docteur M. Mercier, sur « le HautRhin. »

Toulon. — M. V. L. Bourrilly, professeur au lycée de Toulon, secrétaire-correspondant de la Société d'Etudes Provençales, a soutenu le 14 décembre 1904, devant la Faculté des Lettres de Paris, ses thèses pour le doctorat ès-lettres et a été reçu avec la mention honorable. Le sujet de ces thèses était :


— 77 — Guillaume de Bellay, seigneur de Langey (149I-1543) et une édition des Fragments de la première ogdoade de Guillaume du Bellay, seigneur de Langey, publiés avec une introduction et des notes. La Société d'Etudes Provençales applaudit au succès de son dévoué secrétaire-correspondant et l'en félicite.

L'Académie du Var, dans sa séance du mercredi 1er mars, a adopté, à l'unanimité, le principe d'une Fédération des Sociétés Savantes de la région provençale et a nommé une commission chargée d'étudier le projet des statuts présenté par la Société d'Etudes Provençales.

Nice. — Parmi les communications faites à la Société des lettres, sciences et arts des Alpes-Maritimes, notons celles-ci: M. Doublet, « Le reliquaire de Saint-Mayeul et la réplique du Volto Santo de Lucques dans l'église de Cipières » (21 janvier), « La croix professionnelle de l'église de Cipières et le retable de celle du Bar-sur-Loup » (4 mars), — M. Moris, « Fouilles projetées à la Turbie dans le Monument d'Auguste» (4 février), « Armoiries peu connues de Nice sous le premier Empire» (4 mars), — M. l'abbé Rance-Bourrey, « L'instruction publique à Nice du 1er nivose an XII jusqu'au 1er février 1812 » (4 février), « Le mouvement intellectuel à Nice au début du XIXe siècle » (4 mars), — M. Raynaud, « La police des campagnes autour de Nice au commencement du XIIIe siècle » (18 février).

BIBLIOGRAPHIE

AD. CRÉMIEUX, Les Juifs de Marseille au Moyen-Age, in-8°, Paris, Dolacher, 1903, 115 pages.

La tolérance, cette « vertu nécessaire », si souvent louée, plus rarement pratiquée, semble avoir, dès une époque reculée, inspiré les citoyens de Marseille et leurs représentants au


-78 -

conseil de ville. Pour relever la trace de cette tolérance, arriver à en démontrer péremptoirement la pratique séculaire, il fallait un érudit assez armé de courage pour en recueillir les témoignages épars dans les magnifiques archives de la cité marseillaise. Cet érudit s'est trouvé chez Ad. Crémieux dont les patientes recherches ont mis au jour un ensemble de documents de premier ordre sur la communauté juive de Marseille au moyen-âge.

« Rien dans la pratique journalière de la vie ne différenciait le juif du chrétien, celui-là participant aux charges publiques et jouissant indistinctement de tous les privilèges attachés à la qualité de citoyen de Marseille ». Telle est la proposition que M. Crémieux s'est attaché à démontrer; il y a pleinement réussi. La lecture de son ouvrage laisse l'impression nette, profonde que les Marseillais usèrent, en effet, d'une grande tolérance à l'endroit des juifs, puisque ceux-ci pouvaient, au même titre que les chrétiens, entrer dans les divers corps de métiers et jouir des privilèges attachés à la qualité de membres de la corporation, — puisque les statuts de la ville et les ordonnances des viguiers tenaient compte des prescriptions de la loi judaïque et n'obligeaient point les juifs à l'exécution des mesures entraînant violation de cette loi. C'est ainsi que le viguier Jacques Aube qui, en 1363,ordonnait à chaque habitant de faire nettoyer et balayer tous les samedis le devant de sa maison, faisait une exception en faveur des juifs et reportait au vendredi l'exécution de cette mesure de propreté.

Bien d'autres faits précis et non moins caractéristiques ont été relevés par M. Crémieux. Il convient de dire, néanmoins, que, suivant l'époque, la tolérance paraît comprise dans un sens plus ou moins large. On sait que, dans la plupart des villes, les juifs étaient dans l'obligation de porter sur leurs vêtements un signe distinctif — une roue d'étoffe rouge ou jaune. A Marseille, notamment, les statuts consacraient cette obligation, mais il ne semble pas que l'exécution en ait été poursuivie avec rigueur ; plusieurs délibérations du conseil


— 79 — de ville rénovèrent cette prescription mais sans édicter aucune peine contre les contrevenants. Il arriva même que les juges ayant ouvert une procédure contre des juifs qui ne portaient point la roue sur la poitrine se virent désavoués par le conseil qui laissa libres ces juifs de porter le signe distinctif comme ils voudront, même « ab embellico sive emborigol ! »

Les juifs de Marseille se livraient soit à l'exercice de la médecine soit au commerce. M. Crémieux donne sur les médecins juifs d'intéressants détails. Il est également très renseigné sur le négoce pratiqué par les commerçants israëlites dont les relations avec le Nord de la France sont très rares, sans doute en raison de l'intolérance qu'ils rencontraient dans cette région. Par contre, le commerce maritime leur était familier et leurs rapports s'établissaient avec les divers pays riverains de la Méditerranée.

Nous ne pouvons, pour rester dans les limites étroites d'un compte rendu sommaire, consigner ici les détails typiques relatifs au prêt à intérêt tel qu'il était pratiqué à Marseille, non pas uniquement par les Juifs, comme on pourrait le croire, mais aussi par les chrétiens; du reste, le prêt à intérêt y était toléré, il y était même étroitement réglementé ; évidemment des prêts étaient consentis à un taux usuraire, mais, d'après M. Crémieux, il ressort, de façon évidente, des documents analysés, « que parmi les usuriers dont on se plaint se trouvent à la fois des chrétiens et des juifs. Ainsi, à Marseille du moins, les décisions des conciles qui avaient interdit aux chrétiens de pratiquer le prêt à intérêt étaient restées à l'état de lettre morte, et, en cette matière comme en toutes les autres, rien ou pas grand'chose ne distinguait le juif du chrétien ». Notons en passant que, du XIIIe au XVe siècle, le taux de l'intérêt oscilla du 15 au 25 %•

C'est vers la fin du XVe siècle, soit à peu près à l'époque de la réunion de la Provence à la France, que la communauté juive de Marseille qui avait joui, durant le moyen-âge, de libertés plus étendues qu'en aucun pays, se trouva fort moles-


— 8o —

tée. Elle ne devait pas tarder à s'émietter sous l'action de mesures retracées en détail par M. Crémieux dont l'étude particulièrement fouillée et consciencieuse éclaire d'un jour nouveau l'histoire sociale et l'histoire des moeurs de la grande cité marseillaise.

Cette étude, qui ne comprend pas moins de 46 pièces justificatives tirées des archives de la ville de Marseille, vaut une lecture attentive. Bien des idées neuves clairement exposées, étayées d'une documentation solide, vont à l'encontre de divers préjugés ; elles prouvent du moins — et ce semble avoir été le but principal de l'auteur — qu'il y avait autrefois, dans l'enceinte marseillaise, des traditions de tolérance et de liberté inconnues ailleurs. C'est là, en effet, la caractéristique de Marseille et de la Provence. Certaines manifestations de l'esprit public ne tendraient-elles point à établir que ces traditions se sont perpétuées ? Nous le pensons et bien d'autres, croyons-nous, seront du même avis.

J. F.

ARNAUD (G.), docteur ès lettres, professeur au lycée Mignet. Histoire de la Révolution dans le département de l'Ariège 1789-1795, Toulouse, Privat, 1904. I v. 670 p.

Une étude sur l'histoire de la Révolution dans un département français intéresse les érudits des autres départements : elle leur fournit des éléments de comparaison ; elle peut leur permettre de mieux saisir la portée de leurs observations particulières, les autoriser à formuler des conclusions de plus en plus générales et leur permettre d'arrêter les lignes définitives de ce mouvement grandiose et profond que, jusqu'aux recherches de M. Aulard et de ses élèves, l'on a jugé avec plus de sensibilité et d'imagination que de critique et de science. Chaque monographie locale est une pierre fondamentale sur laquelle peut s'asseoir avec une parfaite solidité un monument qui ait de la durée et qui inspire de la confiance.

Une telle étude a une autre utilité pour l'érudition locale ou régionale : ce n'est pas seulement d'apporter les éléments


- 81 —

qui servent à l'histoire générale, ce n'est pas seulement de montrer quels furent les rapports du centre à la circonférence et inversement pendant cette période de réformation caractérisée par des oscillations si curieuses et si troublantes, c'est de mettre chacun en mesure de noter les courants qui s'établirent de province à province, de département à département, c'est-à-dire, de surprendre quelles furent les actions réflexes des uns sur les autres, lorsque les mêmes préoccupations les absorbaient, les mêmes angoisses les étreignaient. Certes l'histoire de la Révolution est intéressante comme phénomène de la vie nationale ; combien peut-elle être encore plus digne d'attention comme phénomène de la vie interrégionale. Ce ne sont plus, à ce point de vue, les harmonies ou les discordes des groupements locaux avec l'Etat ; ce sont les plans concertés ou les oppositions, les partis non plus dans un pays, mais dans des pays entre qui des conditions géographiques ou des traditions administratives ont créé des liens qui peuvent stimuler la curiosité par des faits inconnus et satisfaire l'esprit par des aperçus nouveaux.

C'est à ces deux titres, éléments de comparaison pour l'histoire générale et pour l'histoire provinciale, que l'ouvrage de M. Arnaud mérite une mention particulière dans nos Annales. D'ailleurs n'appartient-il pas au passé du midi, et dans les tableaux qu'il a tracés avec un burin si vigoureux ne retrouvet-on pas quelques lignes d'une physionomie connue ? Les Languedociens et les Provençaux sont, à vrai dire, plus et mieux que voisins.

M. Arnaud s'est proposé d'étudier la Révolution dans le comté de Foix, le diocèse de Mirepoix et le Couserans qui devaient être réunis dans le département de l'Ariège ; il a voulu montrer comment les vaillants Pyrénéens avaient collaboré à l'oeuvre de la Réforme générale du royaume et comment par une action en retour ils avaient ressenti l'influence des initiatives nationales qui furent prises à Paris et qui se transformèrent en institutions d'Etat.


— 82 —

Comme l'a r marqué M. Aulard avec l'autorité qui lui est propre, l'un des mérites du travail de M. Arnaud c'est, au premier chef, d'avoir étudié les faits accomplis dans sa sphère d'observation avec une double vue sur les événements qui se déroulèrent dans la province et à Paris, dans les assemblées régionales et dans les assemblées nationales. Par cette méthode, il fait oeuvre et d'érudit et d'historien, pénétrant les événements dans lé détail de leurs circonstances ignorées, embrassant leurs rapports dans leur complexité et dégageant leur signification haute et précise, leur leçon définitive pour l'interprétation de l'ensemble.

M. Arnaud a dirigé ses recherches dans trois domaines de faits; elles se rapportent à la science politique, à la science sociale, à la science économique. Il note les opinions, il décrit les partis, il analyse les conditions des divers ordres, des diverses classes, il examine la répercussion des mesures de gouvernement ou des troubles sur les marchés, les salaires, le coût de l'existence.

Pour l'exposé de ses investigations, il a adopté et il a conservé avec une exacte et constante fidélité la méthode géographique et chronologique : l'histoire se déroule comme en une galerie de tableaux juxtaposés par le milieu et sériés par le temps. C'est la réalité historique. Le lecteur voit les personnages et les situations dans leur atmosphère et même avec leur couleur locale.

Aussi bien par ces qualités l'ouvrage de M. Arnaud se recommande comme un plan général à ceux qui ont à aider par leurs recherches dans les archives le comité des travaux pour l'histoire de la Révolution française institué dans chaque département; en choisissant un guide commun, ils prépareront un classement méthodique des résultats particuliers à chaque catégorie de faits ; grâce à cette entente librement acceptée et respectueuse des efforts individuels, les érudits de tous lieux et de tous degrés faciliteront l'oeuvre générale qui est le but même de la science, la synthèse historique.


-83 - Par les résultats que M. Arnaud a mis en lumière il suscite des recherches qui pourront offrir en Provence un remarquable intérêt.

Ce n'est pas que la Révolution française en Provence n'ait eu dans cette région même ses historiens, elle en compte et des plus écoutés, mais, ils le reconnaîtront eux-mêmes, plus d'un point les a laissés dans le doute, tous les documents n'ont pas été exhumés ni tous utilisés.

Est-on assez fixé sur l'origine des fédérations? M. Arnaud estime que la première fédération a été organisée dans le comté de Foix, opposant le groupement, l'union des villes aux brigands qui avaient répandu la Grande peur.

Quel a été en Provence le rôle des sociétés populaires? Sur le fonctionnement de cette institution ; sur ses variations, M. Arnaud a écrit des pages fort suggestives, c'est aussi une des parties essentielles de son travail.

Un autre point qui mérite une attention particulière, c'est l'oeuvre de déchristianisation. La propagande hébertiste puis robespierriste est connue surtout par son organisation et ses manifestations à Paris.

Bref l'ouvrage de M. Arnaud peut être un livre de main : à ce titre il a droit à une place parmi les instruments de travail, sur la table de tous ceux qui étudient la Révolution française dans les manifestations de la vie provinciale et rurale. Cette place est d'autant plus légitime que conquise par la droiture des investigations, par la franchise des opinions et par la loyauté de la discussion elle est de tous points comme l'a proclamé M. Aulard : honorable.

G. V.

Ouvrages reçus par la Société :

(L'inscription dans cette liste tient lieu d'accusé de réception)

19 2. G. DOUBLET, Monographies des paroisses de l'ancien diocèse de Vence ; corrections et additions, Nice, Malvano, 1905; in-8° de 16 pages.


_ 8429.

8429. de CASTELLANE, Le gros tournois de Charles d'Anjou et le gros tournois du roi de France au châtel fleurdelisé ; Paris, C. Rollin et Feuardent, 1904 ; br. in-8° de 20 pages ; extrait de la Revue Numismatique, 1904, p. 533.

30. Abbé ARNAUD D'AGNEL, Inventaire après décès du chevalier Roze, précédé, d'une notice et accompagné de notes ; Paris, imprimerie Nationale, 1904 ; br. in-8° de 12 pages ; extrait du Bulletin historique et philosophique, 1903. — Les possessions de l'abbaye de Saint-Victor de Marseille en Rouergue ; Toulouse, Ed. Privat, 1904 ; br. in-8° de 24 pages ; extrait des Annales du Midi, t. XVI. — Un groupe de dix stations préhistoriques sur le plateau des Claparèdes (Vaucluse) ; Valence, imprimerie Valentinoise, 1904 ; br. in-8° de 22 pages ; extrait du Répertoire des travaux de la Société de statistique de Marseille, 1903. — Notes sur un monument celtique découvert à Vachères ; Bordeaux, Feret et fils, 1904 ; 4 pages in-8° ; extrait de la Revue des Etudes anciennes, oct.- déc. 1904.

Périodiques reçus :

2 7. Annales des Alpes; Recueil périodique des archives des Hautes-Alpes ; 8e année, 4e livraison (46e) ; janv.-fév. 1905.

Sommaire. — L'administration départementale des Hautes-Alpes de 1790 à 1800, P. Guillaume. — Le conventionnel Borel et sa famille, L. B. — Notes pour servir à l'histoire de la famille gapençaise Olphe-Galliard, Gabriel Olphe-Galliard. — Les émissions de billets de confiance dans le district de Gap en 1792, G. de Manteyer. — Bibliographie alpine. — Variétés : Proclamation de la Constitution de 1793 et de la déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, à Serres ; Prisonniers autrichiens dans les HautesAlpes en mars 1796 ; Legs du vibailli Eme à N.-D. d'Embrun 1657.

7. Bulletin de la société des amis du Vieil-Arles, 2e année, n° 3, janv. 1905.

Sommaire. — Note archéologique sur la crypte sépulcrale préhistorique de Coutignargue et sur l'« Allée Couverte» de «La Source» près Arles, Eugène Bouchinot. — Une promenade à travers le Vieil Arles en 1739, M. Chailan. — Le Vieil Arles, E. F. — Notes pour servir à l'histoire ecclésiastique d'Arles, baron du Roure. — Les proverbes du pays d'Arles (suite), E. Fassin. — Chronique du trimestre, X. — Liste générale des membres et abonnés de la Société.


-85 - 9 7'. Revue des langues romanes, t. XLVIII (Ve série, t. VIII), janv.-fév. 1905.

13 3. Mémoires de l'Académie de Vaucluse, 2e série, t. IV, année 1904 (4e livraison).

Sommaire. — Lettres inédites de Rovère à son frère (suite), Dr Victorin Laval. — Victor Leydet, notice, Emile Avon.— Fête à Paris en l'honneur de Pétrarque (Discours de M. le Dr Victorin Laval). — Procès-verbaux des séances. —Volumes et fascicules reçus par la Bibliothèque de l'Académie. — Table du tome XXIII. — Bibliographie vauclusienne, L.-H. Labande.

14 3. Bulletin de la commission archéologique de Narbonne, année 1905, 1er semestre, t. VIII.

15 13. Revue de Provence, 7e année. n° 73, janv. 1905.

Sommaire. — Mistral et le prix Nobel, La Rédaction. — L'offrande des bergers aux Baux, Le Félibre de la « Targo ». — Félibres et Patriotes, P. Ruat. — Chronique.

25. Revue du Littoral, 4e année, nos 12 à 16, 14 janv.-11 fév. 1905.

Sommaires. — N° 12. Un héros Cannois, H.-G. Bon. — Le baiser de la lumière : en névrose, poésie, J.-F. Louis Merlet. — La Siagne, G. de Jarrie. — Les prisonniers de l'Ile Sainte-Marguerite en 1792, M. Bertrand. — Bibliographie. — N° 13. Louis Ardisson, G. de Jarrie. — Les jolis coins de la Provence, Cimiez, Léon Asson. — Chansons des pins, poésie, Jean Aicard.— Un Grassois propagateur de la « Marseillaise ». — La Siagne (suite), G. de Jarrie. — Les prisonniers de l'île Sainte-Marguerite en 1792, M. Bertrand. — N° 14. Essai de collège d'esthétique, J.-F .-Louis Merlet. — Musique au bord de la mer, poésie, Auguste Dorchain. — Les souris blanches, M. Bertrand.— La tradition, Béranger-Féraud. — Deux peintres, Frédérik Virorel. — Fragments de l'histoire de Cannes, col. de Ville d'Avray. — Informations. — N° 15. La défense des paysages, J.-F.-Louis Merlet. — Aquarelles et croquis, Frédéric Virorel. — Sur la grève, H. Steckel. — Le cycle d'une vie provençale, M. Bertrand. — La légende du boeuf de Mèze, Antonin Palliés. — N° 16, Le mystère dans la poésie contemporaine, J.-F.-Louis Merlet. — Gardeuse d'oies, Gaston d'Osiane. — Le baiser de la lumière, Silène : Qui suivra mon chemin, poésies, J.-F.-Louis Merlet. — Le cycle d'une vie provençale, M. Bertrand. —Vin blanc et vin rouge, XX.

29. Société agricole scientifique et littéraire des PyrénéesOrientales, 45e vol. (2e partie), contenant la table générale des matières.

30. Recueil des notices et mémoires de la Société archéolo-


-86 -

gique du département de Constantine, 7e vol. de la 4e série, 38e de la collection, année 1904.

31. Bulletin de la Société archéologique de Provence, année 1904, n°3.

Sommaire. — Séance du 21 juillet 1904 : communication de MM. Vasseur et Repelin sur la découverte de la céramique estampée (rouelles et palmettes) dans un abri sous roche des environs de Marseille. — Séance du 3 nov. 1904 : Communication de M. Bout de Charlemont sur diverses recherches, observations ou découvertes faites dans les environs d'Aubagne (chapelle N.-D., à Gémenos ; Les Toupines, à Gémenos ; Découvertes de Saint-Menet); — De M. Ch. Cotte sur L'oppidum de la cloche, à Pas-des-Lanciers ; — Du colonel de V.lle d'Avray sur le monument de la Brague (Alpes-Maritimes).— Séance du 8 déc. 1904: Communication de M. Jules Baillon sur la découverte des lampes romaines à Saint-Barnabe. — Excursion à Tauroentum, compte rendu.

INFORMATION

Ainsi que nous l'avons annoncé dans le numéro de novembre de 1904 (p. 312), le Congrès des Sociétés Savantes s'ouvrira à Alger le 19 avril prochain, à 2 heures précises.

Les travaux se poursuivront durant la matinée du jeudi 20 et les journées du samedi 22 et mardi 25 avril; le mercredi 26 aura lieu la séance de clôture.

La demande de participation au Congrès doit être parvenue au ministère (5e bureau) avant le 25 mars dernier délai.

Les congressistes voyagent à demi-place sur les réseaux métropolitains, algériens et tunisiens, et par réquisition sur les lignes de navigation avec la faculté de choisir sur la côte algérienne ou tunisienne leur port de rembarquement au retour.

A titre d'indication, par la Compagnie Transatlantique, le prix du passage Marseille-Alger est de 40 fr. 75 (1re), 27 fr. 05 (2e), 17 fr. 15 (3e).

Des excursions sont organisées.


Les Epidémies de Peste à Apt

Notamment en 1588 et 1720-1721

(Suite et fin)

Les causes de la grande peste qui affligea la Provence en 1720-1722 ont été assez exactement déterminées par les chroniqueurs du XVIIIe siècle : un vaisseau venant des côtes d'Egypte apporta les germes du fléau qui se répandit rapidement à Marseille par suite de l'insuffisance des précautions et en raison directe des conditions déplorables d'hygiène publique et privée de la population.

L'exode des habitants aisés commença dès qu'il ne fut plus possible d'illusionner les Marseillais sur la nature du mal qui faisait en quelques jours de nombreuses victimes ; des gens de toute condition franchirent la Durance après avoir contaminé la ville d'Aix et se dirigèrent vers les montagnes de la Haute-Provence.

Les consuls d'Apt, au courant de la situation nouvelle de Marseille et de la capitale de la Province, avaient pris les mesures les plus sévères pour refuser impitoyablement l'entrée de la ville aux nombreux émigrants Aixois et Marseillais ; les portes furent fermées, à l'exception de celles de la Bouquerie


— 88 —

et de Saignon, auprès desquelles fut établi un bureau de santé chargé de vérifier la provenance des marchandises et les passeports des étrangers ; des gardes avaient été placés en outre sur les principales avenues, notamment dans la partie méridionale du territoire.

La vigilance des consuls retarda certainement l'apparition de la peste, qui aurait sans cela fait d'importants ravages en plein été ; de nombreux voyageurs furent arrêtés et invités à rebrousser chemin ou à choisir une autre direction; un nommé Gilles Renoux, qui se refusait à retourner sur ses pas, tant l'effroi le paralysait, préféra rester enfermé pendant 34 jours dans une mauvaise cabane du quartier de Toutes-Aures plutôt que de retourner à Aix.

Une sérieuse alerte se produisit le 1er août ; pendant la nuit, un chapelier d'Aix, le nommé Mezard, sa femme et son enfant furent arrêtés sur le chemin de Saint-Martian, par le consul Perraud enfournée d'inspection; ce dernier les obligea à stationner en rase campagne. Bien lui en prit, car quelques heures après, la femme Mézard succombait aux atteintes du mal qu'elle avait contracté avant son départ ; son corps fut aussitôt enfoui sur place et les deux survivants, transférés dans les bâtiments, alors en ruine, de l'ancienne léproserie SaintLazare (actuellement chemin du Gaz). On commit l'imprudence de laisser à Mézard un paquet de hardes de la défunte ; quinze jours après, le père, ayant voulu' le défaire pour s'en servir, fut atteint de la peste et il expirait en quelques heures; l'enfant fut placé dans une grange isolée et survécut à l'épidémie (18 août).

L'alerte avait été chaude parmi les habitants ; l'administration s'empressa de renforcer les gardes du terroir et de redoubler la surveillance; mais toutes les précautions devaient être inutiles.

Alors que depuis un mois rien de suspect n'avait été signalé et qu'on pouvait espérer conjurer le mal, un bruit sinistre vint, dans la journée du 6 septembre, jeter l'effroi dans la


— 89 — population: après deux jours de maladie,l'enfant d'un nommé Meyssard, serrurier, venait de succomber et son cadavre portait les traces du mal qui l'avait emporté ; les consuls voulurent-ils éviter la panique ? Les médecins, suivant en cela le dangereux exemple de leurs confrères de Marseille, se trompèrent-ils réellement sur les causes du décès ? Il est bien difficile de se prononcer. En fait, les hommes de l'art déclarèrent que l'enfant Meyssard était mort des suites d'une fièvre maligne ; cependant, le 13 décembre, la femme Meyssard et, le 16 du même mois, le chef de famille lui-même mouraient ; il était dès lors impossible de déguiser la vérité.

D'ailleurs, les moribonds, interrogés, déclarèrent avoir reçu, dans le courant du mois de juillet, la visite d'une contrebandière venue de Marseille, et acheté d'elle de la toile de coton ; détail bien fait pour enlever toute illusion : le mal ne s'était déclaré que le jour où la famille s'était servie des vêtements confectionnés avec l'étoffe suspecte ; la contrebandière activement recherchée, dût comparaître devant les consuls qui la firent emprisonner aussitôt.

La peur s'empara des Aptésiens : tels que les Aixois auxquels ils avaient fermé leurs portes, ils s'enfuirent dans la campagne se réfugiant en grand nombre dans les bastides voisines et contribuant ainsi à créer au hameau des Jean-Jeans un foyer d'infection.

Dignes émules de leurs collègues Marseillais, les trois consuls d'Apt, ne songèrent qu'à enrayer le fléau et à procurer à leurs concitoyens tout ce qui pouvait soulager leurs maux : un bureau de santé fut établi à l'Hôtel de Ville (place du Postel), une infirmerie installée dans le couvent des Cordeliers, abandonné par ses habitants, et un Lazaret aménagé dans le couvent des Capucins. Les trois médecins de la ville, chargés d'assurer le service des pestiférés s'acquittèrent de leur devoir avec le plus grand courage ; afin d'alléger leur travail, les consuls divisèrent la ville en îlots de maisons, placés chacun sous la surveillance d'un commissaire de quartier ; dès qu'un


— 90 —

habitant était atteint, deux corbeaux 1 venaient le prendre et le transportaient sur une chaise à bras au-devant de laquelle marchaient des fusiliers ayant pour consigne d'écarter les passants. Les personnes simplement en danger, les parents des malades et les cohabitants de la maison, étaient conduits immédiatement en quarantaine au Lazaret, après quoi les appartements étaient fermés à clef en attendant les fumigations.

Ces prescriptions, exactement suivies au début de l'épidémie, ne tardèrent pas à être négligées, soit que les administrateurs fussent absorbés par d'autres soins, soit que les commissaires eux-mêmes ayant succombé, leur remplacement fut trop difficile. A partir de ce moment les consuls, le viguier, l'abbé de Mervesin et M. Sinety assumèrent toutes les charges et se soumirent aux plus répugnantes besognes.

Le fléau avait fait de rapides progrès dans tous les quartiers de la cité : en trois jours, du 27 au 30 septembre, sur seize malades portés à l'infirmerie, neuf avaient succombé. Du 1er au 15 octobre, la peste sévit avec violence : on constata 45 décès sur 51 cas, sans compter les victimes de la campagne, qui, indemne jusque là, commença à payer son tribut à la contagion. La virulence du mal atteignit son plus haut degré d'intensité pendant la deuxième quinzaine d'octobre : sur 78 habitants soignés à l'infirmerie, dix-huit seulement sortirent guéris ; la mortalité commença cependant à décroître en novembre (33 décès) ; cette amélioration persista en décembre (18 cas et 14 décès) et après une légère recrudescence en janvier, les cas de peste s'espacèrent notablement.

Dès le 11 mars 1721, le marquis d'Argenson put venir s'assurer personnellement de l'état de santé des habitants d'Apt ; le 22 avril suivant, le Lazaret était définitivement évacué 2.

1 On donnait ce nom aux infirmiers chargés de l'ensevelissement des pestiférés ; six d'entre eux succombèrent à Apt.

2 La peste continua de sévir jusqu'au milieu de juin au hameau des JeanJeans.


— 91 —

Pendant la durée de l'épidémie, soit du 6 septembre au 19 juin 1721, la ville avait été consignée et son terroir bloqué par des miliciens à la solde de la commune ; les consuls avaient hâte de licencier ces troupes, qui, pendant plus de dix mois, avaient mis impunément au pillage la campagne aptésienne ; ils s'adressèrent au marquis d'Argenson : ce dernier par son ordonnance du 19 juin, leur donna entière satisfaction : « Considérant, dit-il, que la ville d'Apt étant privée depuis très longtemps de tout commerce, les habitants ont grand besoin d'avoir un débouché pour leurs denrées par la vente desquelles ils recevront quelques espèces si nécessaires dans cette saison pour la dépense de la moisson... nous confiant dans la vigilance de M. de Laugier, commandant dans la viguerie et à la bonne conduite des magistrats politiques de ladite ville, nous permettons aux habitants d'Apt et du territoire d'en sortir et de faire transporter leurs denrées dans l'étendue de la viguerie à condition : I° de ne point dépasser les limites de la viguerie ; 2° de ne point sortir les meubles et hardes hors de la ville ainsi que les personnes guéries ; 3° de ne pas tenir les marchés du samedi et de se garder des gens de Cucuron et de Saint-Saturnin 1.

Quel fut le nombre exact des Aptésiens victimes de la peste ? les documents ne paraissent pas s'accorder sur ce point ; la tenue des registres de l'état-civil, très régulière jusqu'en octobre 1720, se ressent de la calamité publique ; les inhumations ne sont plus inscrites par le curé sur le registre ordinaire, mais bien sur des feuilles volantes, sans suite ni précision. Un grand nombre de décès ayant été certainement omis, il est indispensable de recourir à une autre source ; parmi les pièces qui relatent confusément les noms des habitants atteints par la contagion, une seule présente un caractère

1 Arch. comm., GG. 24. — La ville d'Apt fut certainement plus épargnée que les autres communes de la viguerie : Cucuron, Auribeau, Saignon, Caseneuve, Castellet, Saint-Martin de Castillon et Grambois ne furent débloqués qu'en mai 1922.


— 92 — suffisant d'authenticité et dé vraisemblance : c'est le rôle des malades admis aux infirmeries et des décès survenus parmi les hospitalisés ; ce rôle tenu par un médecin, semble-t-il, donne les indications quotidiennes pour toute la durée de la maladie ; il accuse un total de 318 pestiférés soignés et de 187 décès ; dans ces chiffres ne sont pas compris les morts de la campagne, que d'autres documents fixent à 64, dont 19 pour le seul hameau des Jean-Jeans. Le nombre des victimes doit donc être arrêté 8251, d'accord avec Papon 1 qui devait écrire d'après les renseignements les plus certains.

Dans ces conditions la proportion des malades guéris peutêtre évalué à 58 pour cent des personnes atteintes 2; ce résultat, un peu surprenant, doit être attribué à la bénignité de l'épidémie à partir du mois de décembre, plutôt qu'à l'efficacité des remèdes.

La variété des médicaments en 1720 et 1721 n'eut d'égale que leur étrange composition ; ce fut à qui, des apothicaires et des médecins, présenterait des préservatifs infaillibles dont la vogue croissait aussitôt en raison directe de l'intensité du mal et de la démoralisation publique.

Tout fut à peu près employé ou essayé, sans grand résultat d'ailleurs : il se fit à Apt une consommation extraordinaire de boîtes thériacales envoyées par le marquis d'Argenson, ce qui n'empêcha pas les consuls de payer, en 1721, 500 livres de médicaments à un apothicaire d'Avignon, et 1500 livres aux pharmaciens d'Apt 3. Un de ces derniers le sieur Fabre, consulté sur la durée probable de l'épidémie, résumait alors son opinion dans les termes suivants : « La rosée qui va tomber au mois de mai se trouve très propre et très pénétrante

1 Histoire de Provence, t. 11, p. 722.

2 Cette proportion s'applique aux habitants de la ville, le chiffre des malades de la campagne n'étant pas connu.

3 Dans les mandats de 1721 on trouve l'indication de remèdes dans le genre du suivant :

Huile de scorpions 4 liv., corne dé cerf 1 liv. Huile de lin 1 liv., sirop rosa soluti 9 liv.


— 93 — pour développer le venin contagieux qui consiste en un esprit pointu et aigu, qui tient principalement aux corps graisseux et huileux».

Un chirurgien proposait en même temps (13 février 1721) aux consuls de venir expérimenter sur les pestiférés d'Apt. des formules infaillibles : afin de guérir les bubons, il coupait les parties infectées et imbibait ensuite les plaies d'un mélange de camphre, de thériac, d'égyptiac (!) et d'esprit de vin ; la commune ne paraît pas avoir accepté ses offres 1.

L'art de désinfecter était, on le conçoit, encore plus imparfait que l'art de guérir ; les médecins étaient d'accord sur un point : l'urgence que présentait l'incinération des hardes et le nettoiement des immeubles ; on n'avait certes pas attendu la fin de l'épidémie pour procéder à des désinfections particulières ; mais au mois de mars 1721, l'administration municipale chargea spécialement deux personnes de Manosque de procéder à une revue complète des locaux condaminés : cette opération, qui dura 18 jours, porta sur 112 immeubles, dans lequels les corbeaux faisaisaient brûler, sur des plaques chauffées à blanc, un mélange de poix, de salpêtre, de soufre, de résine, d'antimoine (!) d'arsenic (!!) d'orpiment et de genièvre; quant aux soins personnels, ils n'allaient pas au-delà d'un lavage des mains au moyen d'épongés imbibées de vinaigre thériacal 3.

Si les pestiférés ne trouvèrent pas un soulagement réel dans l'emploi des remèdes préconisés, il faut reconnaître par con1

con1 infirmiers employèrent cependant une ceinture garnie de vinaigre et de blancs d'oeufs battus, que l'on appliquait sur le ventre, après que le malade avait absorbé une 1/2 once de fleur de soufre délayée dans du bouillon.

2 En regard des précautions prises, il faut noter certaines imprudences qui déconcertent : il résulte notamment du livre des comptes de 1721 que l'inhumation des cadavres avait lieu dans le pré de la Véginière, à quelques mètres de l'infirmerie et que les linges et vêtements étaient lavés dans l'écluse du moulin qui vient se déverser ensuite dans le torrent qui traverse la ville. Cf. d'ailleurs, sur l'hygiène des Hôpitaux, G. Valran, Misère et Charité en Provence au XVIIIe siècle, p. 95.


— 94 — tre qu'ils n'eurent qu'à se louer du dévouement dont firent preuve les magistrats et une partie du clergé ; la conduite de quelques-uns se passe d'éloge : on vit les consuls en exercice, le viguier, le curé d'Apt, le greffier de la communauté, le capucin Borély, plusieurs Ursulines, M. de Mervesin, servir d'infirmiers, alors que le mal faisait les plus grands ravages, et se dévouer jusqu'à procéder eux-mêmes à l'inhumation des victimes lorsque les corbeaux refusaient d'exécuter cette répugnante et dangereuse besogne. Le curé Joannis et le docteur Julien, atteints par la contagion, moururent l'un en décembre, le second en janvier ; les jésuites eux-mêmes s'employèrent aux désinfections, puisque nous voyons les consuls leur offrir, en reconnaissance de leurs bons offices, un superbe exemplaire des oeuvres de Bourdaloue.

Quelle fut pendant ce temps la conduite des Cordeliers, des Capucins et de l'Evêque d'Apt, M. de Foresta ?

Un trait suffira pour peindre les sentiments des Capucins : ils refusèrent énergiquement de recevoir dans leur domicile leurs deux confrères qui n'avaient pas craint de prêter leur concours aux consuls pour l'organisation de l'infirmerie (25 septembre 1720) 1.

La conduite des Cordeliers, dont le couvent était sans contredit le plus riche de la ville, souleva contre eux la population aptésienne ; ces religieux, qui s'étaient réfugiés à la campagne dès l'apparition du fléau osèrent adresser aux consuls après la cessation de la peste une réclamation conçue en termes étranges et révoltants.

Les consuls examinèrent avec attention la demande des Cordeliers, dont le couvent avait été transformé en infirmerie et reconnurent comme fondées les demandes qui concernaient l'établissement sous le rapport de la désinfection des appartements, des réparations des portes et meubles brisés et du remplacement des objets disparus ; ils auraient certainement

1 Arch. Comm., GG. 24.


— 95 — fait verser la mesure si quelques-unes des réclamations n'avaient démasqué leur vrai mobile.

Dans un mémoire auquel les Cordeliers ne paraissent pas avoir fait de réponse, les magistrats municipaux ne purent s'empêcher de mettre en parallèle les exigences des réclamants avec le dévouement dont quelques-uns de leurs confrères d'Apt avaient fait preuve 1. Ils jugèrent sévèrement l'esprit qui avait dicté la plupart des demandes faites : une indemnité représentant le loyer d'une cave pour placer leur vin, les dégâts commis par les rats dans le grenier, le salaire d'un homme qui leur avait apporté individuellement le vin qui leur était nécessaire, une indemnité pour la perte subie de ce fait que des morts qui auraient pu être ensevelis dans leur église l'avaient été dans le cimetière, pour la récolte des terres non ensemencées, et enfin un dédommagement pour l'argent qu'ils auraient pu gagner pendant la fête de SaintElzéar (!) Les religieux complétaient leurs desiderata par la demande d'une indemnité de dix sous par jour pour chacun d'eux, pour toute la durée de la peste.

On peut juger de l'indignation que ces prétentions soulevèrent dans le Conseil de la commune. Les consuls, après avoir accordé ce qui leur paraissait convenable, opposèrent à la plupart des demandes une fin de non recevoir absolue ; ils firent remarquer que les Cordeliers avaient été avertis d'enlever leurs meubles du couvent, et que d'autre part, ils au1

au1 Comm., GG. 24. — On est amené, par l'examen des actes de dévouement accomplis en Provence pendant la peste 1720-21, à cette constatation que l'héroïsme, loin d'être le résultat d'un esprit de corps, fut à peu près partout personnel et qu'il honore surtout l'individu. L'exemple des Cordeliers d'Apt n'est pas unique : a Marseille, le riche et puissant chapitre des Accoules s'enfuit hors des murs dès l'apparition du fléau, laissant à l'évêque Belzunce et à quelques curés de paroisse l'honneur de se signaler par une admirable conduite. (Pièces historiques sur la peste, t.1. Papon, Histoire de Provence, t. IV, p. 650). La plupart des corps religieux de la ville d'Aix montrèrent un égoïsme peu commun que Papon a stigmatisé. (Op. cit., t. IV, p. 702-703). Cf. sur ce point et d'une manière générale : G. Valran, op. cit., p. 350.


— 96 —

raient pu, pour vivre en commun, accepter l'offre que leur avait fait l'administration d'une maison spacieuse. « La peur, déclarent les consuls, fut plus que la force majeure, la raison dominante de leur départ. »

Le mémoire ajoute : « Si les terres des Cordeliers sont restées en friche, il ne faut s'en prendre qu'à eux, puisqu'ils ont refusé d'employer les hommes mis à leur disposition par la ville... On ne peut que s'étonner de la prétention des religieux au sujet de la fête de Saint-Elzéar, alors que la désolation régnait parmi les habitants ; quant à l'article du charroi du vin il est si pitoyable qu'on n'y fait point response ».

Les considérations qui terminent ce document méritent d'être reproduites. « Il ne serait pas juste, disaient M.Perraud, consul, et ses collègues, que pendant que la communauté en corps et en particulier a souffert, les Cordeliers, au lieu d'en ressentir quelque effet, trouvassent un avantage considérable, si la demande relative aux dix sols qu'ils réclament avait quelque lieu, puisque leur séparation a été volontaire. »

Les Cordeliers, après une telle réplique, se gardèrent bien d'insister, les comptes de 1720-1721 ne mentionnent en effet que les dépenses faites d'après le mémoire analysé ci-dessus.

Le rôle de l'Evêque d'Apt pendant la contagion fut des plus effacés ; rien dans les mémoires du temps, ni dans les papiers publics, où tous les dévouements sont soigneusement mentionnés, qui puisse justifier le surnom de « Belsunce Aptésien » qu'un chroniqueur fantaisiste lui décerna jadis. M. de Foresta, bien connu par la violence de ses sentiments ultramontains, était, il faut l'avouer, en fort mauvais termes avec la population de sa ville épiscopale : peut-être faut-il expliquer l'abstention de l'Evêque par ses rapports de délicatesse avec toutes les classes de la société aptésienne, avec l'édililé, le chapitre, lès couvents et la noblesse ?

Il ne sortit de son apathie que le 24 novembre, au moment où le fléau commençait à décroître ; il décida alors de se rendre, accompagné des consuls, du viguier et de quelques nota-


— 97 - bles, au sommet de la colline de Tauleri, pour, de là, bénir la ville et ses habitants 1.

Les précautions exagérées qui furent prises à l'occasion de la sortie de l'Evêque tendent à prouver qu'il ne craignait rien plus que l'approche des personnes malades ; on fit publier à son de trompe dans la ville, que quiconque se placerait audevant de son habitation sur le passage de la procession serait impitoyablement tué ; à deux heures, le cortège partit du séminaire et se dirigea vers le lieu indiqué, avec des fusiliers en tête et en queue de la colonne 2.

Si l'on se rappelle qu'à sa mort, M. de Foresta légua tous ses biens à l'hôpital, il ne sera pas inexact d'avancer que ce prélat paya plus de son argent que de sa personne 3.

La contagion eut pour toutes les communes de Provence de terribles conséquences financières; nous en avons un exemple dans le décompte des dépenses faites par la ville d'Apt en 1720 et 1721 : elles atteignirent plus de 30.000 livres en quelques mois, non compris les secours en argent (plus de dix mille livres) et en blé accordés par la Provence.

Une telle dette, contractée après la désastreuse période de guerres que venait de traverser la Provence, était une charge accablante pour une ville de moyenne importance.

Les consuls, maintenus en exercice, (fait très rare), pour la liquidation des dépenses,s'employèrent énergiquement auprès des pouvoirs publics afin d'obtenir un soulagement aux misères des habitants ; nous avons vu que leurs sollicitations ne furent pas vaines.

Par délibération du 9 décembre 1720, la communauté décida d'élever à ses frais une chapelle sur cet emplacement, et fit le voeu d'y faire célébrer toutes les années une messe en commémoration de la cessation de la peste ; cette chapelle", comme sous le nom de N.-D. de la Garde, fut vendue le 8 messidor an IV au prix de 484 fr. comme bien national.

2 Ces détails sont consignés dans un mémoire in-4° de 8 p. (s. 1. n. d.) anonyme, d'une extrême rareté. (Copie : cabinet Moirenc, à Apt).

3 Cf, Valran op. cit., p. 351.


- 98Le règlement des comptes fut, on le pense bien, une opération des plus ingrates ; le livre du trésorier relate et prouve les efforts combinés de quelques-uns pour adoucir la navrante situation d'un peuple isolé par les barrières de soldats et la méfiance mutuelle ; on y voit, nettement dessinée, l'impuissance du remède à côté de la rigueur du mal.

L'analyse de quelques-uns des articles du compte donnera une idée suffisante des conséquences économiques de la peste :

Achat de viande de boucherie.. 945 1.

Achat d'un troupeau de moutons 1.800 1.

Tabac en poudre pour les pipes des aumôniers

et des infirmiers 1 84 1.

Chaux pour mettre sur les cadavres. : ... 40 1.

Poudre et grenaille pour tuer les chiens et les

chats 2 198 1.

Aux médecins 3 1.899 1.

Aux six infirmiers 500 1.

Aux corbeaux 1.470 1.

Aux gardes des barrières 950 1.

Aux 4 archers chargés de surveiller les cabarets

et les bouchons 392 1.

Chaises à porteurs et à bras, lits de bancs, draps, etc 1.250 1.

1 La fumée de tabac était préconisée, ainsi que toutes les odeurs fortes et âcres, comme un préservatif puissant.

3 Cette chasse n'avait nullement pour but, comme on pourrait le croire, l'approvisionnement de la cité ; la suppression des chiens et des chats fut une mesure de prophylaxie ordonnée par les magistrats, les animaux domestiques, par leur divagation incessante, étant un élément redoutable de transmission de la contagion.

3 Après le décès du sieur Julien, les consuls entrèrent en pourparlers avec plusieurs médecins étrangers ; le sieur Laugier qui accepta de venir soigner les pestiférés, imposa des conditions justifiées par le danger couru : le Conseil n'hésita pas à lui assigner 500 livres de traitement mensuel et une pension viagère de 200 livres à son fils, en cas de décès. La commune avait en outre à sa charge le sieur Morpain, chirurgien de Paris, que la Cour avait envoyé à Apt en octobre 1720,


— 99 — OEufs, légumes, poissons salés, truffes, épices,

fruits et légumes 548 1.

Désinfectants, parfums, remèdes 1.993 1.

Aux parfumeurs des maisons 393 1.

Savon, chandelles, huile, sel 1.303 1.

Le surplus de la dépense fut causé par l'entretien des infirmeries de banlieue (3.000 liv.) par la solde des 20 gardes placés sur les bords de la Durance au bac de Cadenet, et par les fournitures les plus diverses destinées aux infirmiers 4.

Pour effectuer le paiement de ces dépenses, le Conseil dût contracter divers emprunts dont la liquidation était à peine terminée en 1789.

FERNAND SAUVE.

Documents Annexes

Mémoire des Honoraires présenté par Me Gaspard Lelong, médecin, chargé de la visite des malades.

(Extrait du Compte trésoraire de 1629, Archives municipales, Mandats).

C'est la demande que faict M. Gaspar Lelong, docteur en médecine, à vous messieurs les Consuls de la ville d'Apt en l'année 1629, pour raison des visittes qu'il a faictes par votre commandement aux malades pauvres de ladicte ville et rapport d'icelle.

Premièrement pour avoir visitté du 20 octobre audict an, le soldat de Viens qui venant de Pierrelatte et passant par ceste ville mourut et feust par moy et messieurs les aultres médecins visitté dans l'enclos de la métairie de M. Jean Masse, escuyer, et en feust faict rapport mis rière M. le juge de ceste ville le 22 dudict mois, demande une pistole. 7 liv. 10 s.

1 Robes, habits et secours à divers religieux 300 1.

Habits, perruques, livres et instruments brûlés, du sieur Morpain,

Morpain, 396 1.

« Au sieur J.- Bernard pour avoir accomodé les orgues de l'Eglise des Cordeliers, détraqués par les rats et par les corbeaux qui enfoncèrent la porte pour y badiner 32 1.


— 100 —

Plus pour avoir visitté Marguette Blanc, pauvre femme, M. le curé Courlanier ne la voulant ouyr en confession sans avoir esté visittée le 24 octobre 1629, icelle estant travaillée de fiebvre ardente, demande 16 s.

Plus pour avoir visitté François Pellenc dict Cailladon, déteneu en quarantaine despuis le 20 dudict mois et ce par mandement de messieurs les Consuls et en présence de M. Pierre Provençal, l'un de vous et pour l'avoir traicté malade de fiebvre. . . . 1 liv. 4 s.

Plus pour avoir par mesme mandement visitté le 16 novembre 1629, et suyvant l'appel faict par Me Raymond Pellegrin, tailleur d'habits, député pour visitter les malades par vous, messieurs les Consuls, sçavoir : la femme de Reganeau, atteincte de fiebvre chaude, couverte de pourpre et de jaunisse et pour my avoir ordonné, demande. 1 1. 12 s.

Plus le mesme jour par mesme mandement estant présent le mesme visitateur commis, sçavoir Joseph Jaumard ayant une aposthème aux muscles des lumbes, sans aucun danger de maladie pestilentielle . 1 liv. 12 s.

Plus le 26 dudict mois de novembre par vostre mesme mandement et appel de M. Michel Mouton, visitateur, commis pour visitter les malades, pour avoir visitté la femme et fille de Jean Artaud, tisseur à laine de ladicte ville et leur avoir ordonné, demande. . 3. 1. 4 s.

Plus pour avoir visitté par mesme mandement et en présence de M. Pierre Prouvençal, l'un de vous, le 30 novembre audict an, sçavoir : Maurice Fabre, François Fillon dict Cailladon et Honoré Carbormel, dict Jacobin, détenus en quarantaine, puis le 2 octobre dernier pour les causes résultantes parle susdict rapport du 22 dudict mois et les avoir trouvés sains et gaillards sans aulcun soupçon de mal pestilentiel tant passé que présent et pour les avoir disposés à ne donner aulcun mal, demande 3 liv. 4 s.

Plus pour avoir visitté Claude Brunel, pauvre homme, le 8 décembre 1629, ne le voulant confesser Monsieur le curé Courlanier sans avoir esté visitté et estant ledict Brunel atteint de fiebvre lente,

demande 1 liv. 12 s.

Signé : « LELONG. »

Le dossier relatif à l'épidémie de 1720-1721, contient un grand nombre de pièces dont la plupart ont été analysées dans le travail qui précède ; parmi les plus importantes, il y a lieu de citer :

Le rapport des Consuls sur l'origine et la propagation de l'épidémie ; les pièces de recettes et de dépenses concernant les infirmeries de la ville et celle des Jean-Jean ; la correspondance des Consuls avec les Procureurs du pays et le marquis d'Argenson, gouverneur


— 101 —

de Provence ; le mémoire des Cordeliers ; la réponse faite à ce mémoire par les Consuls ; les états de linge, meubles, médicaments et denrées prises soit à l'hôpital, soit chez des particuliers pour le service des infirmeries ; le rôle des individus placés en quarantaine aux capucins ; celui des malades nourris et soignés à la charité; l'état des gages payés aux corbeaux (15), cuisinières et aides (5), infirmiers et infirmières (17), (cet état s'élève à 2874 livres) ; les pièces relatives aux hommes envoyés sur les lignes de la Durance à Pertuis, à Lauris, à Cadenet, etc.; des copies de procédés de désinfection, etc.

Le commandant de la Compagnie aptésienne établie à la Pourrague, sur les bords de la Durance, M. de Sinety, avait fort à faire pour maintenir ses soldats d'occasion dans l'obéissance ; la plupart faisaient rebellion ou désertaient leur poste. L'état d'esprit de cette Compagnie est suffisamment indiqué par les lettres suivantes extraites de la correspondance de M. de Sinety :

« A la Pourraque, le 4 septembre 1720.

« Messieurs, je vous prie de faire rejoindre les nommer Jean Lagnel et Joseph Bourdon qui sont partis sans permission ; je vous prie encore de m'envoyer une douzaine d'hommes jeudi prochain, sans quoi je me trouverai seul, ils veulent tous quitter après leur quinzaine.

Je suis, etc..

SINETY. »

« A la Pourraque, le 9 septembre 1720. « Messieurs, la triste situation où se trouvent nos soldats m'oblige de vous importuner ; ils veulent absolument être relevés, je ne crois pas qu'on puisse me donner les hommes de gardes parce qu'ils seront nécessaires... Je vous prie de faire mettre en prison les nommés Jean Lagnel, Charles Arnaud, Mercier et Jabron. Je vous recommande surtout Lagnel et Jabron ; ils ne viennent ici que pour prendre l'argent. .

« A la Pourraque, le 13 septembre 1720. « Messieurs, je suis obligé de me servir de ce morceau de papier pour vous écrire ; je vous suis très obligé de la belle recrue que vous m'avez envoyée; vous auriez pu partager cette troupe de fous; Latour a déjà mis le feu à la barraque. .. »


— 102 - [53]

CORRESPONDANCE

RELATIVE A LA PRISE D'ARMES CARCISTE DE 1578-1579

(Suite)

XL Joseph de Pontevès à son frère Pierre de Pontevès

A Monsieur mon. frère, Monsieur de Brovès 1 Monsieur mon [frère] 2, je me soucie assés peu de tout ce que on peult iniquement proposer de moy, pourveu que ma conscience soit nette comme je la tiens et me contenteray que d'estre traité de la seule façon que je désire aux aultres, tout en seroit beaucoup mieulx mais c'est que Dieu est encores courroussé. Nos gens ont trouvé à Séranon 3 une chose infinie de bled et si se va manger en quelque lieu ce sera en aultre part que là où dittes où ne fault que doubtez aucunement si ce n'estoit qu'ilz ficent voeyr à Poeilh de se volloir moquer des gens, ce que je ne puis croire. Le Castellet 4 est remis à trois mil escus de ranson. Je faiz pour luy ce que se peult. Me recomandant humblement à vostre bonne grâce, priant Dieu luy plaise, monsieur mon frère, vous donner bonne et longue vie.

Escript à Bargème le IXme de mars [1579].

Vostre très affectioné frère à vous obeyr.

CALLAS.

Je vous prie fere bailler à Mandin deux de mes arquebuses que sont demeurées dans le château avec une saque de laine que me fera conduire.

1 Copie. Callas. Arch. comm., FF. 138, f° 29 V°.

2 Pierre de Pontevès.

3 Alpes-Maritimes, arrond. de Grasse, canton de Saint-Auban.

4 Antoine Brun, de Draguignan, 22 ans, seigneur du Castellet. Cf. sa déposition. Enquête Durand, FF. 138. Il avait été fait prisonnier à Figuanières, le mardi gras, quand les troupes carcistes revinrent à Callas pour la seconde fois.


[54] — 103 -

XLI Lettre de Françoise d'AgouIt à son fils Joseph de Pontevès

A mon filz,

Mon filz de Bargème et Callas 1,

Mon filz, j'ai receu deux de vous lettres toutes à coupt, et en faulte d'auttres propos, je vous advertirey icy par ung roolle une partye de nostre maleur, que ne le vous puis pas entièrement reconter à cause quand estions prisonniers au chasteau et voulloient fère quelques desordre nous faisoient retirer à la chambre, et despuis que je suis chez Mc Jean Giran ne me layssent parler à gueyres de gens, et à présent je parle bien aux gens de la ville, mais quand je vins icy en ville firent fere ung bandon 2 qu'est personne ne me vint parler. Y auroit beaucoup d'aultres gens que le voussauroient mieulx dire que moy. Je verrey voir d'aller voir vostre soeur de Barrême 3 comme me mandés en vous deux lettres quand je debvrois aller à pied. Raymond Magniaud l m'a promis de me fere compagnie avec deux bestes "... de vous mander le roolle des bledz d'Esclans G. Honoré Perne y est allé et la entaille dessus de Pennefort et Clapoyrit fault fere tirer les actes à Mc Aubin et Me Digne. Sy j'eusse heu loysir quand M0 Digne me vint voir je luy voulois donner la charge, mais incontinent y furent les deux consulz et Bonaud le vieulx. De tous nostres papiers sont brûlés une partye et l'aultre est chez

1 Copie, Callas. Arch. comm. FF. 54, La communauté prétendit que cette lettre avait été fabriquée après coup. Il semble résulter de l'enquête qu'elle est authentique. Cf. FF. 55.

2 Proclamation, ordonnance,

3 Isabeau de Pontevès, mariée à Honoré dit Ours de Villeneuve, baron de Barrême et de Brunet.

4 C'est dans la maison de Raymond Magnaud qu'habita Joseph de Pontevès pendant que son régiment était à Callas. Cf. dépositions de Antoine Barrin, de Montauroux, charpentier, 60 ans. Enquête Thomé, FF. 139.

3 Il y a sans doute ici des mots passés.

0 Cette seigneurie fait maintenant partie du territoire de la Motte, arrond. et canton de Draguignan.

9


— 104 — [55]

Sossy. Le père et le filz en font marchandize. Et ont acomencer despuis qu'estions en prison et s'en jouir et mesme le cappitaine Astroiny, de Figanière, aussy le sieur dau Muy et de la...

Asseuré[s] vous que la perte que nous ont faict en ceste ville nous va de cent mille escuz sans y comprendre la personne de monseigneur auquel li ont faict plus pastir que sy fust esté en mains des Turcz. En demeurant moy là au chasteau ly avoient faict beaucoup, mais despuis que suis estée hors du chasteau, ny ont faict beaucoup plus. Le soir, sur nuict, y allent cinq, six harquebuziers, en li piquant fort à la porte et disent : « ouvre, Perrotin ». Et Pennafort, vostre frère 4, y venoit respondre : « Que voullé vous, messieurs, attendez au matin ». — « Dubre, fïlz de Perrotin, tyvollen tuar, tu et ton payre ». Y fallet ouvrier. Et puis, quand estent à la chambre, regardoient partout avec harquebouzes et halabardes, l'un disent : « Sy tu non nous duebres prést, une aultre fès ty tuer en tu et ton payre » 2. A tout d'aultres soirs ne voulloient pas que vostre frère de Pennafort dormit plus à la chambre, et monseigneur lui diset : « Ne veullent que dormiez icy pour ce que me veullent venir tuer ceste nuict ; regardes moy au cou que sera pers m'esteguerout ». D'aultres jours ilz y faisoient venir d'enfans avec de bastons pour le battre. Et ung jour luy mirent le las au cou, luy faisoient escripre une lettre. Mondict seigneur allet escripre ainsy que ly disent, mais quand vint à soubsigner, monsieur ne la voulhit pas soubsigner, et ilz ly disent : « Escrips ». Ainsins des choses que l'ong m'a. dict, sy mondict seigneur heust escript ce qu'ilz voulloient, tout nostre bien estoit confisqué, ce que mondict seigneur ne voulhit jamais fère mais luy dict : « Laissez moy fere ma coufession gêner aile, et puis tués moy. Je ne

1 Balthazar de Pontevès, dernier fils de Jean-Baptiste.

2 Si tu ne nous ouvres promptement, une autre fois nous le tuerons, toi et ton père.


[56] - 105 -

veulx pas que mes en fans perdent ce qui est sien. K »... Aye heu telle patience qu'il en soict en paradis.

Me recommande bien de bon coeur à vostre bonne grâce, priant Dieu, mon filz, vous doint tout ce que désirés.

De Callas, ce 20me juilliet 1579.

Vostre bonne mère,

FRANCOYSE DE AGOUT.

Qu'estoit le vendredy avant Pasques fieurye 2 allarent trayer le chasteau, Jaques Sossy comme cappitaine, Bonifay Giraud, consul vieulx, .Claude Mussel, fils du vieulx, consul, Anthoyne Magniaud, Jehan David, Anthoyne Ris, Pascal Giraud, Anthony Mège, Honorât Bonaud, Jehant Félix, dict de Matience et Honnorat Garret, Michel Beylon, Jehan de Lève [d'Olive], Lucquet d'Olivière, dict Bras d'Or. Et quand et quand allarent treuver monsieur en sa chambre, Jaques Sossy et Bonifay Giraud et Honorât Bonnaud et blessarent monsieur que pensarent qu'il fust mort. Et j'estois à la porte de la salle pour garder que les aultres n'entrassent. Je ouys crier et m'en vins à la chambre de mondict seigneur et mondict seigneur heust fermé la porte, Jehan David print une destral 3 et rompit la porte et a trouvés mondict seigneur tout blessé et m'otarent incontinent mes clefz à mondict seigneur et moy et prindent incontinent le coffre d'assier que y avoit douze mille escuz à Brovès 4. L'ong dit qu'il avoit beaucoup d'argent à Pennafort ; unze escuz, à moy ; quattfe centz escuz à ma caisse d'auprès de la rayre chambre ; ce que je y avois valloit plus de mille escuz, cheynes, perles, aultres precieuzes bagues, que l'ong sait que j'en avois beaucoup. La caisse d'apprès d'amprès la gallerie y avoit douze douzaines de serviettes

1 Mots passés dans le texte.

2 C'est-à-dire le vendredi avant les Rameaux, io avril 1579.

3 Ou destrau, cognée. 4 Pierre de Pontevès.


— 106 — [57]

primes ' et trente longières 2 primes, autant de moiennes, quattre douzaines de toualles 3. A la caisse d'auprès de porte de la chambre de monsieury avoit une douzaine de linceulz 4, deux douzaines de serviettes, deux toualles et deux longières. A la caisse d'auprès du lict de monsieur y avoit quattre douzaines de linceulz prins et six douzaines de moiène et force succre et spiciarie s. Au grand coffre d'auprès de mon lict y avoit troys douzaines de linceulz et vingt cinq toualles que je avois faict qu'estoient encores toutes neufves, douze de cueur 6 et treze pour le mesnage. A la caisse d'auprès de la chambre sourne ' y avoit six linceulz de trois toylles 8 et demye et quatorze pans de long et ultres six linceulz de deux oylles et douze pans de long et qu'estoient tous eufz qu 'estoient ncores tenus. Personne ne enoit la clef de ce que dessus que oy.

S'ensuit le linge que enoit la chambrière ntorrone pour le service de la maison. Premièrement, à la chambre ourne y voit deux douzaines de inceulz d'estouppe, quattre belles vanes 10, six sacques 1' 1 pour apporter la leyne, beaucoup d'aultre meuble pour le service de la maison. A la caisse d'Anthoronne y tenoit huict douzaines de serviettes, troys douzaines de toualles, dix huict longières, troys douzaines de buffet. A la caisse de la salle y avoit trente linceulz, que cella la chambrière tenoit en compte pour le service de la maison. A la chambre de monseigneur y avoit deux lictz ; chaque lict avec

1 Fines.

2 Sortes de nappes plus longues que larges.

3 Nappes.

4 Draps de lit.

5 Especiaria, épicerie.

6 Sans doute, de chanvre de la meilleure qualité.

7 Obscure.

8 C'est-à-dire linceuls faits de 3 largeurs de toile ajoutées. La toile avait environ 1m 10.

9 Le pan était le huitième de la canne, c'est-à-dire om 2487o.

10 Couvertures de lit faites d'une couche de coton entre deux tissus légers.

11 Gros sacs.


[58] - 107 -

sa sacque 1, matellats et cousse 2, couverte 3 rouge et vane blanche. La cortine 4 d'au devant et les rydaulx de damas vert 5 ; le pavillion du petit lict de fine toille avec le passement et y avoit trente deux toilles avec le petit pavallon. De dessus la riere chambre aussy deux lictz avec sacque, matellatz et bonnes couvertes. La chambre de monsieur toute tapissée de tappis jaulne et rouge et la table et le buffet. A la salle tappissée, de buffetz, tables et banc. La première chambre, deux lictz avec sacque, matellatz, cousse et coyssin 6, couverte de drap et vane faicte à trageye 7 et courtines blanches.

La 2[me] chambre aultant tapissée, buffet, table et banc avec ses chières et escabeaux ; la tierce et la quarte aultant ; à la -petite chambre d'auprès de la quarte y avoit un lict avec une curtine de cadictz 8 vert et ridaulx. A la chambre rouge deux lictz avec sacque, matellat et cousse, cortines blanches, tappis sur le buffet et table, de[s] tappis faictz à personnages. A la garde-robbe pleyne de tapisserie de toute sorte et beaucoup d'aultre chose. A la chambre basse estoient les accoutrementz de monsieur et le[s] miens qui en avoit beaucoup. Et y avoit plus de quattre charges de papiers à l'estude de monsieur ; aussy tant à son armayre que dessus la table y avoit beaucoup de papiers et quitances de la maison. En toutes les chambres y avoit deux cafuocz 9 et la salle aussy. A la cuysine 2 hastières 10, 2 cafuocz, huict douzaines d'estain 11, six potz gros, 6

1 Paillasse.

2 Traversin.

3 Couverture.

4 Rideau, voile.

5 Etoffe de soie ayant des fleurs de la couleur du fond.

6 Coussin.

7 Couverture piquée en carrés.

8 Cadis, étoffe de laine, étroite et grossière.

9 Cafuec, chenet.

10 Astiero, hâtier, chenet de cuisine muni de crochets sur lesquels on place les broches à faire rôtir.

11 Cruches d'étain.


— 108 — [59]

moiens et 6 malagracies 1, 6 oulles 2 cuir et de ferre 3 et tout aultres mesnaiges de cuysine. A la carnarie 4 y estoit toute la ferramente 5 que faisoit besoing à la maison, deux perpaulz6,' une masse 7, marteaux, coudes 8, encapes 9, cougnés 10, l'espatines 11, sixayssades l 2, six ayssadons 13, d'ailhoullames u, berres1!î,berrions 10, deux gros naucz 17, deux jarres pleynes de scel, aultres choses nécessaires à la maison. A la despence aussy estoit pleyne de tout mesnage que faict besoing au service de la cuysine. Au deux harmaires 18 de ladicte cuysine tous plaine d'asebicz 10 et de confitures nécessaires à mondict seigneur. Au fourt lonte 20 avet quattre maistres 21 à paster de pain, quattorze tables, douze tamis que ny avoit de toute sorte. La jarrarie y avoit vingt cinq jarres toutes pleynes d'huille, troys jarres de dix couppes 22 la pièce et d'aultres, deux charges 23, quattre sacz d'amandres 2i, ung sac d'avellanes 26, la caysse

1 Mesures pour l'huile.

2 Marmite, pot.

3 De cuivre et de fer.

4 Débarras.

s Outils de fer.

6 Parpal, pauferre, levier.

7 Gros marteau de fer.

8 Coudier, petit vase de bois dans lequel les faucheurs portent de l'eau pour mouiller la pierre à aiguiser.

9 Encap, marteau de faucheur servant à réparer le tranchant de la faux.

10 Coins.

11 Nous n'avons trouvé aucune interprétation de ce mot.

12 Houe.

13 Houette, serfouette.

14 Peut-être faut-il lire dailh (faux), oullames pour voulames (faucilles).

15 Filet pour transporter du foin, de la paille, etc.

16 Id.

17 Auge, vaisseau.

18 Armoires.

19 Agebi, prune ou raisin à moitié séchés sur l'arbre.

20 Contre, à côté.

21 Mastra, pétrin.

22 La coupe pour l'huile équivalait à 28 k. 363.

23 La charge était de 10 panaux; la panai équivaut à 1 décalitre 68549. 21 Amandes.

25 Noisettes.


[60] — 109 —

qu'estoit demye de figues. Au grenier y avoit encores cinquante charges de bléd anonne ', vingt charges de farine, environ douze charges d'avoyne,depaumolou 2 et ordi pelle 3, la playne caysse de noses 4, quarante neuf livres de filet blanc que j'avais filé, vingt cinq livres de ceur que n'avois encores filé, deux quintaulx 6 de chanvre tout prest à pigner, ung quintal et demy de lin aussy prest à pigner, deux cestier ° de grene de lin, quatorze paignes tant groses que petites pour paigner le chambre 7 et lin ; y avoit 18 jarres nostres et beaucoup de la ville qu'avoit emprunté monsieur de Brovès 8 qu'estoient toutes plaines d'huile que l'avoit achepté, réservé une que estoit pleyne de scel que estet routte 9 et beaucoup d'aultres choses que ne me souvient ; que scavez, revayrions de toutes choses d'ung an [en] aultre. Au scellier, premièrement y avoit à la petite chambre douze grans 10 pour sécher les figues, quattre banastes 11 pour vendenger, deux douzaines de banastons 12 pour vendenger, quattre beaulx banastons pour tenir les nappes, troys bregos 13 et aultres tables. Au grand scellier y avoit cinq fines 14, quattre que nont prins dem premier, une de cent charge, une de cinquante, la muscade 16 de des l0 et une aultre de douze qu'estoit à la grand crotte 17,

1 Froment.

2 Paumelle, espèce d'orge.

3 Orge nue, distique.

4 Noix.

3 Le quintal équivaut à 40 k. 37500.

6 Le setier valait a panaux.

7 Chanvre.

8 Pierre de Pontevès.

9 Cassée.

40 Claie en roseaux.

41 Manne.

12 Petite manne.

13.Broie ou brisoir, instrument servant à briser notamment le chanvre.

14Cuve.

15 Pour le muscat.

16 Dix.

17 Cave.


— 110 — [61]

apprès le veysseaubonadies 1 que tenet cent quarante couppes; trongones, cent et des, qu'estoit plain; apprès ung veyssel 2 de 40 couppes que ny avoit rien,une boutte 3 que avions achepté de M. Tienfne de douze couppes playne de vingblanc ; apprès deux bouttes de dix huict couppes chascune qu'avions achepté de Peyrin plaines, une de vin blanc et l'aultre de plaret ; apprès dessoute les degrés un veysseau de quatorze couppes plain, plus dessoubz les degrés quattre bouttes muscades ; l'aultre costé de la grand crotte, veysel de quarante couppes; apprès le veyseau de Perraymond de quarante couppes plaines; apprès veyseau de dix sept couppes plain. A la première petite crotte une boutte de dix couppes de vin blanc que gardions pour le moys d'aoust, une aultre boutte de six couppes de vin blanc pleyne, ung veyseau de quarante couppes plain de vin de Jullian. A la seconde dicte crotte très bouttes de vin bla-nc playnes de quattre couppes la pièce, un veyseau de dix sept couppes plain. Comme scavez, je délaisse beaucoup de choses à mettre que n'est possible de se souvenir de tout. Comme pouvez voir que delaisôns mettre de fustaille 4, tables, ferramentes. Seullement les ambres s que m'ont rompus, porté en ville, vallent plus de trente florins G. Les roses, huilles,cire, mièz 7, que scavez que tenois tousiours provision de tout. Au gallinnier 8 ont treuvé plus de six-vingt pièces de poulaille tant cappons que gallines que n'ont encores beaucoup en leurs maisons. A Pestable y ont treuvé quattre beuf, cheval et mulle de bast, cheval de monsieur de Brovès,

1 Bonadies et trongones, sans doute le nom des « veysseaux » c'est-à-dire des foudres.

2 Barrique contenant jusqu'à 2 hectolitres.

3 Tonneaux.

4 Ustensiles de bois.

5 Grosse bouteille de verre où l'on met du vin, du vinaigre avec des plantes aromatiques. 6 Le florin valait 16 sous provençaux.

7 Miel.

8 Poulailler.


[62] — 111 —

deux harayres ', deux relies 2 et deux seloires 3 et tout leurs fournimentz. Ne vous fault pas dire que ont razé le chasteau, ny l'establerie, le jardin, pré que en font l'envaire 4 de la ville. Comme je dis à monsieur Martini et aultres que peu parler que si estoit estimé par gens non suspectz, je vous laisse penser que seroit estimé.

XLII Alphabet conventionnel 5

m a Letre a avec trois poins, monseigneur, et avec ii poins servira pour madame, avec i point servira pour monsieur le marquis 0 et a sans point servira pour letre m.

n b La letre b avec trois poins servira pour monsieur des Ars 7, et avec ii poins servira pour Teneroun 8 et avec ung point pour les gens de Draguinhan et sans point pour n.

oc La letre c avec trois poins les gens de Callas, et avec deux poins pour la rante de Callas 9 et avec i point pour les conselhiers Fabry 10, d'Aix, et sans point de point pour letre o.

p d La letre d avec trois poins servyra pour monsieur de Carsès 11 et avec ii poins pour madame de Carsès 12, et

1 Charrues.

2 Socs.

3 Espèce de charrue à coutre et à versoir en usage notamment dans les territoires de Fréjus, Grimaud, Cogolin. Ce même mot signifie aussi long avant train de charrue.

4 Place publique.

5 Original. Callas, Arch. cornu. FF. 136, copie FF. 138, f 28. Dans le manuscrit la lettre désignée se trouve dans le premier cas entre 3 points ainsi disposés .

6 C'est-à-dire Claude de Villeneuve, marquis de Trans.

7 Gaspard de Vilieneuve, baron des Arcs.

8 Honoré de Grasse, seigneur de Tanneron.

9 C'est-à-dire la pension seigneuriale.

10 C'est-à-dire Raynaud et Nicolas Fabry, coseigneurs de Callas. 11 Jean de Pontevès.

12 Marguerite de Brancas, fille de Gaucher de Brancas, baron de Céreste et d'Isabelle d'Agoult de Montauban.


— 112 — [63]

avec i point pour monsieur de Vins, et sans point pour letre p.

q e La lettre e avec trois poins servira pour Callas i et avec ii poins pour Brovès 2 et avec ung point pour Seail 3 et sans point pour letre q.

r f La letre f avec trois poins servira pour Penafort 4, et avec ii poins pour Exclans 8 et avec ung point pour les anfans de Callas 6 et sans point pour la letre r.

s g La letre g avec trois poins servira pour ma filhe de Barème ' et avec ii poins pour ma filhe de Callas 8 et avec i point pour madame de Trans 9 et sans point pour letre s.

t h La letre h avec trois poins servira pour houy, et avec ii poins pour non, et avec ung point pour vous et sans point pour letre t.

u j La letre j avec trois poins servira pour les chevaus,

avec ii poins servira pouour les bestes de bast et avec ung point pour les beufs et sans point pour letre u.

z 1 La letre 1 avec trois poins servira pour mon père et avec ii poins servira pour frères et avec i point pour seurs et sans point pour letre z.

a t La letre t avec trois poins servira pour le grant pré 10, avec ii poins pour bel repaire 11, avec ung pour Esclans 12 et sans point de point pour letre a.

1 C'est-à-dire Joseph de Pontevès.

2 Pierre de Pontevès.

3 C'est-à-dire Jean-Baptiste de Pontevès.

4 Balthazar de Pontevès.

5 Esclans. Fouque de Pontevès.

6 C'est-à-dire Claude et Antoine fils de Joseph.

7 Isabeau de Pontevès mariée à Ours de Villeneuve, seigneur de Barréme.

8 Louise de Villeneuve, femme de Joseph.

9 Marguerite de Pontevès, fille de Jean de Pontevès, comte de Carcès, femme de Claude de Villeneuve, marquis de Trans.

10 Un pré qui appartenait au seigneur.

11 Bastide de Beaurepaire appartenant au seigneur.

12 Sans doute le territoire de cette seigneurie.


[64] — 113 —

a m La letre m avec iii poins priant Dieu vous doint en santé sa grâce, et avec ii poins de Callas et avec ung point pour Aix et sans point de point pour letre a.

b n La lettre n servira avec iii poins le lieu de Callas et avec ii poins pour Bargème et avec i point pour le lieu de Brovès et sans point de point pour la letre b.

c o La letre o avec trois poins servira pour la ville d'Aix avec ii poins pour Marseille et avec i point pour Fregus et sans point de point pour letre c.

d p La letre p aient trois poins servira pour les beufs, et avec ii poins pour l'aver 1 et avec ung point servira pour pourseans et sans point de point pour letre d.

e q La lettre q avec trois poins servira pour le Parlement et avec ii poins les gens du Roy et avec i point les grefiers et sans point pour letre e.

f r La letre r servira avec trois poins paur l'usier et avec

ii poins servira pour avoquat et avec un point pour procureur et sans point pour f.

g s Le letre s servira avec trois poins pour de blé anonne 2 et avec deux ii servira pour de blé mytadiei 3 et avec ung point servyra pour d'avayee et sans point servira g.

h y La lettre y avec iii poins servira pour de papier et avec deux poins pour letre et avec i point pour chemises et sans point pour h.

j u La letre u avec trois poins servira lances, aveques ii poins pour arquebouzes et avec i point pour expée et sans point pour le j.

1 z La lettre z avec trois poins pour le castel et avec ii poins pour la bastydo et avec i point le moulin et sans point de point pour letre 1.

1 Troupeau.

2 Froment.

3 Méteil, mélange de seigle et de froment.


— 114 - [65]

t x1 La letre x avec trois poins servira pour le grant gardai et avec ii poins servira pour de gip 2 et aveques i point servira pour- de chaus et sans point de point pour letre t 3.

ERRATA

Pages

129 [12] 14me ligne. Au lieu de taches lire talhes.

181 [19] note 2. Le nom du i" consul d'Aix, seigneur de Meyrargues, est Claude d'Alagonia.

241 [26] note 2, avant dernière ligne. Au lieu de Comp lire Comps.

245 [30] 3me ligne. Vellaquerie. M. Aude, conservateur de la bibliothèque Méjanes, d'Aix, m'écrit que ce mot vient de l'italien (vigliacherria) et signifie vilenie, lâcheté. Il est employé par Brantôme (Edit. Lalanne, t. vu, p. 16) sous la forme viellaquerie.

346 [31] note 1, ligne 2. Au lieu de seigneur de Glandevès, lire seigneur de Cuers.

1 Signe particulier ressemblant à un 2 précédé d'un j employé par les procureurs après la lettre z quand ils cotaient les pièces d'une procédure.

2 Plâtre.

3 A-t-il été fait usage de cet alphabet ? C'est peu probable, d'autant plus que la lettre t est remplacée par 2 signes différents : h et x ; de même que le mot boeuf; p avec 3 points et j avec un point. Ces erreurs s'expliquent par ce fait que Jean-Baptiste de Pontevès n'avait plus toute sa mémoire quand il combina cet alphabet conventionnel. Lors du séjour des troupes de de Vins à Callas, il avait été chargé de donner le mot de passe. Il lui arriva une fois de désigner comme mot saint Rock et quelques minutes après, il prétendit qu'il avait choisi saint Barnabe. Cf. déposition de Bernardin Prévôt, prêtre, de Callas, 56 ans. Enquête Durand FF. 138,


[66] - 115 -

TABLE ONOMASTIQUE 1

Abram (Honoré), juge de Callas. I. 119, 121, 126, 184 [2, 4, 9, 22]. Agoult (Catherine-Vincent d'), femme d'Antoine de Foissard. I. 126 [9]. Agoult (Delphine d'), femme de Pierre de Villeneuve. II. 2 [40]. Agoult (Françoise d'), femmedeJ.-B.de Pontevès-Bargème. I. 121, 123, 125, 186; II. 103', 105 [4, 6, 8, 24, 54, 56]. Agoult (Isabelle d') femme de Gaucher de Brancas. II. 111 [62]. Agoult (Jean d'), seigneur d'Ollières. I. 125 [8]. Aix. I. 126, 128, 177, 181-183, 240, 243. 245, 284; IL 5, 8, ni, 113, 114 [9, u, 15, 19-21, 25, 28, 30, 34, 43, 46, 62, 64, 65]. Alagonia (Catherine d'), femme de Jean de Raimond. II. 1 [39]. Alagonia (Claude d'), seigneur de Meyrargues. I, 181, 182, 247; II. 114 [19, 20, 32, 65].

Allemagne. I. 177, 182 [15, 20].

Alpes (départem. des Basses). I. 180, 182 [18, 20].

Alpes (départem. des Hautes). I. 285 [35].

Alpes-Maritimes (départem. des). I. 179, 240; II. 102 [17, 25, ^y\.

Amirat. I. 247 [32].

Ampus. I. 242, 284-288; II. 1-3,6 [27, 34-41, 44].

Ancezune (Louise d'), femme de Philibert de Castellane. I. 284 [34].

Angoulème (Henri d'), grand prieur. I. 177, 283 [15, 33].

Anjou (François, duc d'). I. 286 [36].

Ansouis. I. 180 [18].

Antigaille (N. d'). I. 180 [18].

Antorrone, chambrière. II. 106 [57].

Apt. I. 180, 181 [18, 19].

Arcs (les). I. 177; II. 111 [15, 62].

Arène (capitaine). I. 243 [28].

Artignosc. I. 118 [1].

Artigues. I. 247 [32].

Astroiny (capitaine). II. 104 [55].

Aubin, notaire. II 103 [54].

Aude, conserv. de la biblioth. Méjanes d'Aix. II. 114 [65].

Aups. I, 285, 288 ; II. 11 [35, 38, 49].

4 Les chiffres romains indiquent le tome ; les chiffres arabes, la page, La pagination du tirage à part est entre crochets.


— 116 — [67]

Avignon. I. 181, 243; II. 5 [19, 28, 43]. ,

Balon (Jacques), de Comps. I. 241 [26].

Bar (le). I. 177 [15].

Barboto (Nicolas), imprimeur à Paris. I. 119 [2].

Bargème. I. 119, 124-130, 176, 177, 183, 186, 240, 241, 247, 283, 284, 286; 288; II 1, 4, 5, 9, 13, 102, 103, 113 [2, 7-15, si, 24-26, 3234, 36, 38, 39, 42, 43, 47, 51, 5), 54, 64].

Bargemon. I. 124 [7].

Barrême. I. 126; II. 103, 112 [9, 54, 63].

Barrin (Antoine), de Montauroux. IL 103 [54].

Baschi (Thadée de), dit capitaine Estoublon. I. 177 [15].

Baudument. I. 178, 246; IL 5 [16, 31, 43].

Baume (François de la), comte de Suze. I. 120, 177, 181, 184, 242, 245, 247, 283, 285 ; II. 5 [3, 15, 19, 22, 27, 30, 32, 33, 35, 43].

Baux (les). II 10 [48].

Beaucaire. I. 243 ; II 10 [28, 48].

Beaumont. I. 247 [32].

Beaurepaire (bastide de), à Callas. II 112 [63].

Berlière (la). I. 283 [33].

Berre de Collongues (Louise de), femme d'Honoré de Grasse. I. 129 [12].

Besse. I. 247 [32].

Beuf (capitaine). L 118 [1].

Bejdon (Jean Giraud dit), de Callas. I. 122, 123 [3, 6].

Beylon (Michel), de Callas. II. 105 [56].

Bezaudun. I. 284 [34].

Blondy (N.), de Callas. I. 287; II. 1 [37, 39].

Boche (Jacques de), seigneur de Vers. II 10, 11 [48, 49].

Boisgelin (marquis de), d'Aix. I. 177 [15].

Boissoni (capitaine). I. 185 [23].

Bonaud (Honorât), de Callas. II 105 [56].

Bonaud le vieux, de Callas. II 103 [54].

Boniparis (Gerfroy), notaire, de Callas. I. 284 [34].

Bonne (François de), duc de Lesdiguières. I. 285 [35].

Bouches-du-Rhône (départem. des). I. 240, 284; II 8 [25, 34, 46].

Bouliers (Jean-Louis-Nicolas de). I. 247 [32].

Bourg (N. du), écuyer, d'Aix. II 5 [43].

Bourgogne (province de). I. 120, 286 [3, 36].

Boyer (Jean-Antoine), dit Cannet, de Callas. IL 3 [41].

Brancas (N. de), seigneur d'Oize. I. 118, 177. IL 8 [1, 15, 46].

Brancas (Gaucher de), baron de Céreste. IL in [62].

Brancas (Jeanne de), femme de Claude de Grasse..!. 177 [15].


[68] - 117 -

Brancas (Marguerite de), femme de Jean de Pontevès.. IL 10, m [48, 62].

Brantôme. IL 114 [65].

Bresse (Firmin), de Callas. I. 130 [13].

Brieu, historien, de Callas. I. 118, 119 [1, 2].

Brignoles. I. 240, 242, 243, 246, 247, 283, 284 [25, 27, 28, 31-34].

Broc (le). I. 180 [18].

Brovès. I. 124, 125, 127, 129, 244, 286; IL 2, 6, 102, 105, 110, 112, 113 [7, 8, 10, 12, 29, 36, 40, 44, 53, 56, 61, 6^, 64].

Bruissaille (N. de). I. 243, 285 ; IL 11 [28, 35, 49].

Brun (Antoine), seigneur du Castellet. IL 102 l^}].

Brunet. I. 126 [9].

Buisson (capitaine du). I. 118, 284 [1, 34].

Cabasse. I. 247 [32].

Callas. I. 118-130, 176-186, 240-247, 283-288; IL 1-14, 102, 103, 105, 111-114 [1-54, 56, 62-65].

Callian. I. 129 [12].

Cannes, I. 179 [17].

Cannet (le). I. 178 [16].

Cannet (Jean-Boyer, dit) de Callas. IL 3 [41].

Cannet (Jean-Antoine), de Callas. II. 4 [42].

Carbonnel (Claude de), femme de Gaspard de Villeneuve. I. 288

[38]-

Carcès. I. 118, 120, 127, 128, 182, 246 ; IL 8, 111 [1, 3, 10, 11, 20, 31, 46, 62].

Carlavan (Auberton), de Mons. I. 288 [38].

Castellane (généalogie des). L 177, 284; II, 1, 7, 10 [15, 34, 39, 45, 48].

Castellane-Adhémar de Monteil (Louis de), comte de Grignan. IL 9, n [47, 49].

Castellane (Alexis de), seigneur de Salernes. IL 7 [45].

Castellane (Antoine de), fils du précédent. IL 6 [44].

Castellane (Balthazar de), seigneur d'Ampus. I. 284 [34].

Castellane (Gaspard de), seigneur de la Colombe. I. 118; IL 1 [1,

39]-

Castellane (Helion de), seigneur de Claret. IL 1 [39].

Castellane (Jean de), seigneur de la Verdière. I. 118, 284 [1, 34]. Castellane (Louis-Honoré de), seigneur de Bezaudun. I. 284 [34]. Castellane (Nicolas-Dumas de), baron d'Allemagne. I. 177 [15]. Castellane (Philibert de), seigneur de Bezaudun. I. 284 [34]. Castellet (Antoine Brun, seigneur du). II 102 [53]. Cat (Jacques), de Callas. II 14 [52].


— 118 — [69]

Cat (Nicolas), chirurgien, id. I. 284 [34]. Caton (Pierre), de Callas. IL 14 [52]. Cental. I. 247 [32]. Céreste. IL 111 [62].

Chailan (N.), conseiller au Parlement. I. 123, 124 [6, 7]. Châteaudouble. IL 14 [52]. Châteauneuf. I. 247 [32].

Châteauredon (N. de). I. 185 ; IL 8 [23, 46]. Châteauvieux. TI. L3 [51].

Clapoyrit (quartier de), à Callas ; IL 103 [54]. Claret. IL i [39].

Claviers. I. 121, 241, 242; IL 14 [4, 26, 27, 52]. Cogolin. II, in [62].

Collongues (Louise Berre de). Voir Berre. Colombe (la). Voir Gaspard de Castellane. Comps. I. 124, 129, 241 ; IL 114 [7, 12, 26, 65].

Coriolis (Louis de), conseiller au Parlement. I. 181, 182, 246 [19, 20, 31]. . Correns. I. 283, 284 [33, 34].

Corses (compagnies). I. 183, 283 [21, 33]. Cosset (Lucquet), de Callas. II 13 [51]. Coursegoules. I. 246 [31]. Cotignac. I. 118, 283, 284[1, 33, 34]. Cuers. L 177, 178, 240; II. 114 [15, 16, 25, 65]. Dauphiné (province du). I. 120, 243, 285 [3, 28, 35]. David (Jean), de Callas. IL 105 1^6].

Demandolx (Françoise de), femme d'Hélion deCastellane.il. 1 [39]. Deniandolx (Jean de), seigneur de Trigauce. I. 125 [8]. Demandolx (Lucrèce de), fille du précédent. I. 125 [8]. Demont. I. 247 [32]. Digne. I. 180 [18].

Digne (Gaspard), notaire, de Bargemon. I. 124 ; II 103 [7, 54]. Dolivière (Gaspard), de Callas. II 13 [51]. Dolivière (Luquet), id. I. 130; II 105 [13, 56].

Draguignan. I. 118, 119, 127, 129, 176-179, 185, 240, 241, 283, 285, 287; II. 3, 5-7, 9, 103, III [I, 2, 10, 12, 14-17, 23, 25, 26, 33 35, 37,

41 43-45, 47, 54, 62]

Dumas de Castellane (Nicolas). Voir Castellane.

Durance (la). IL 5 [43].

Durand (Jean), avocat à Draguignan. I. 118, 119, 130, 177, 181, 184, 242, 284, 288 ; II. 102, 114 [1, 2, 13, 15, 19, 22, 27, 34, 38, 53, 65}.

Entrecasteaux. II. 9 [47].


[70] — 119 —

Eoulx. I. 118 ; II. I [I, 39].

Esclans. I. 125, 178 ; II 10, 103, 112 [8, 16, 48,54, 63].

Espagneti (N.), conseiller au'Parlement. I. 182 [20].

Espinouse. IL 2, 3 [40, 41]. '

Estoublon (capitaine). Voir Baschi.

Fabry (Nicolas), coseigneùr de Callas. II III [62].

Fabry (Raynaud), coseigneùr de Callas. II III [62].

Faucon. I. 124 [7].

Fauchier (Honoré), d'Ampus. I. 286 [36].

Fauchier (Suffren), de Callas. IL 15 [51].

Félix (Jean), de Callas! II. 105 [56].

Feltre (Isabeau de), femme de Claude de Villeneuve. I. 126, 247

Figanières. I. 121, 177, 184; II 3, 102, 104 [4, 15, 22, 41, 53, 55].

Flassans. I. 118, 128 [r, 11].

Flayosc. I. 180, 181 [18, 19].

Foiss.ard (Antoine de), seigneur de Saint-Jeannet. I. 126 [9].

Foissard (Marc-Antoine de), fds du précédent. I. 126 [9].

Foix (Honorée de), femme de J.-B. de Pontevès-Bargème. I. i25[8].

Foix (Jean de), père de la précédente. I. 125 [8].

Forbin-Solliès (Baptistine de), femme de Raymond de GlandevèsFaucon. I. 125 [8].

Forbin (Marguerite de), femme de Reforciat de Pontevès. IL 7 [45].

Forbin (Palamède de), seigneur de Solliès. IL 11 [49].

Fougeiret (Antoine), de Callas. I. 123 [6].

Fougeiret (Thomé), de Callas. I. 130 [15].

Fox (Honorate de). I. 125 [8].

François Ier, de France. I. 125 [8].

Fréjus, I. 129, 177, 179, 185, 240; II. III, 113 [12, 15, 17, 23, 25, 62, 64].

Gandil (Etienne), de Callas. I. 123 [6].

Garcin (dictionn. provenç. de). I. 182 [20].

Garde de Vins (Marguerite), femme d'Antoine de Castellane. II.

7 [45].

Gardési (capitaine). I. 130, 287 [13, 37].

Gardon (Jean), dit Pérus, de Callas. II 13 [51].

Garrel (N.), de Callas. I. 122 [5].

Garret (Honorât), de Callas. II 105 [56].

Garret (sergent). I. 130 [13].

Gauby (Honorât), de Callas. I. 121 [4].

Gaut (Henri de Villeneuve, seigneur du). I. 118, 288 ; II. 8 [1, 38, 46].


120 — [71]

Gers (départ, du). I. 243 [28].

Giran (Jean), de Callas. I. .122 ; IL 103 [5, 54].

Giraud (Barthélémy), de Callas. II. 13 [51].

Giraud (Boniface), de Callas, II. 14, 105 [52, 56],

Giraud (Michel), dit Beylon, de Callas, I. 122, 123 [5,6],

Giraud (Pascal), de Callas. II 105 [56],

Glandevès-Baudument (Annibal de), fils de Pierre-Isnard. 1. 246 ; II. 5 [31, 43],

Glandevès-Baudument (Joseph de), fils-de Pierre-Isnard. I. 178, 246 [16, 31].

Glandevès-Faucon (Honorade de), femme d'Antoine de Pontevès. I. 124 [7].

Glandevès (Marguerite de), femme de Jean d'Agoult. I. 125 [8].

Glandevès (Pierre-Isnard), seignetir de Cuers. I. 178,246; IL 114 [16,31,65].

Glandevès (Raymond de), seigneur de Faucon. I. I24 [7].

Gouvernet (René de la Tour du Pin, seigneur de). I. 285 [35].

Granegonne (la) ou les Grangonnes. IL 6, 8-12 [44, 46-50].

Grasse. I. 118, 129, 179, 240, 288 ; IL 102 [1, 12, 17, 25,38, 53].

Grasse (généalogie des de). I. 129 fia]..

Grasse, (Claude de), comte du Bar. I. 177 [15].

Grasse (Françoise de), femme d'Antoine de Villeneuve. I. 246 [31].

Grasse (Honoré de), seigneur de Taneron. I. 129, 179, 185; II III [12, 17, 23, 62].

Grasse (Honoré de), père du précédent. I. 129 [12].

Grasse (Jeanne de), femme de Nicolas Dumas de Castellane. I. 177

[15]-

Grasse de Pontevès-Flassans (Marguerite-Louise de), femme d'Alphonse d'Ornano. I. 245 [30].

Grégoire (Antoine), prêtre, de Callas. I. 125 [8].

Grenoble. I. 118, 126, 241; IL 13 [1, 9, .26, 51].

Gréolières. I. 246 [31].

Gréoulx. I. 118, 180, 181 [1, 18, 19].

Grignau (Louis de Castellane Adhémar de Monteil, comte de). II.

9, II [47, 49]

Grimaud. I. 246; II III [31, 62].

Guigo (Jehan), de Callas. IL 13 [51].

Henri II, de France. I. 177 [15].

Henri III, de France. I. 120, 286 [3, 36].

Isle-Jourdain (!') I. 243 [28].

Italie. I. 177 [15].

Joannis (N.), seigneur de Châteauneuf. I. 247 [32].


[72 — 121

Jouffrey (Jean), de Callas. I. 122 [5].

Jouques. I. 284 [31].

Jourdan (Jean), de Mons. I. 181 [19].

Jullian, de Callas. IL 110 [61].

Just (Jaume). I. 184 [22].

Lalanne, IL 114 [65].

Lambesc. I. 284 [34].

Lambert (G.), historien. I. 181, 183, 243, 284; IL 5 [19, 21, 2S, 34,

431Lançon

431Lançon de Callas. IL 8 [46].

Languedoc (province du). I. 120, 243 [3, 28].

Laurens (Jean), d'Ampus. I. 285 [35].

Lassigny (de Juigné de). I. 126, 246, 288 [9, 31, 38].

Léonard, muletier. I. 179 [17].

Lesdiguières (François de Bonne, duc de). I. 285 [35].

Lève (Jean de), de Callas. I. 122, 123 ; IL 105 [5, 6, 56].

Lorgues. I. 177, 287; IL 2, 3 [15, 37, 40, 41].

Louche (Rafel), de Vins. I. 240 [25].

Luc (le). I. 177 [15].

Lunel. I. 245 [30].

Lyonnais (province du). I. 285 [35].

Magnaud (Antoine), de Callas. I. 129; II. 14, 105 [12, 52, 56].

Magnaud (Pierre), de Callas. I. 124 ; IL 13, 14 [7, 51, 52].

Magnaud (Raymond), de Callas. IL 103 [54].

Maine (François, duc du). I. 286 [)6].

Majastre (Guillaume), de Comps. I. 241 [26].

Malte (ordre de). I. 125, 126, 177 [8, 9, 15].

Mandin, de Callas. IL 102 [53].

Manosque. I. 181 [19]. . Marcellin (Jean), de Figanières. I. 177, 184 [15, 22].

Marseille. I. 126, 177; IL 113 [9, 15, 64].

Martin (Antoine), procureur. I. 119 [2].

Martin (Roland), d'Ampus. I. 285 [35].

Martini, de Callas. IL ni [62].

Martre (la). IL 6 [44].

Mary (Pons), de Comps. I. 241 [26].

Matiou, du Puget de Cuers. I. 240 [25].

Mazargues. I. 245 [30].

Médicis (Catherine de). I. 120, 126, 242, 243, 283 ; II. 10 [3, 9, 27, 28, 33, 48].

Mège (André), de Callas. IL 3 [41].

Mège (Antoine), de Callas. IL 105 [^6].


— 122 — [ 73 ]

Meille. I. 125 [8]. ,

Meissonier (Antoine), d'Ampus. I. 286 [36]. Metz. IL.10 [48]. ; .

Meyrargues (Claude d'Alagonia, seigneur de). I. 181, 182, 247 ; II 114 [19, 20, 32, 65].

Mireur, archiviste du Var. I. 118 [1].

Moissac. IL 9 [47].

Mons. I. 181, 241, 288 [19, 2C, 38].

Montauroux. II. 4, 103 [42, 54].

Montélimar. I, 181 [19].

Montferrat. IL 14 [52].

Montfort. I. 284 [34].

Montron (N. de). I. 285 ,[35]. '

Motte (la). II. 103 [54].

Mouiian (Antony), de Vins. I. 240 [25L.

Mourlan (Jaumet), de Vins. I. 240 [25].

Muissel (N.) II. 13 [51]. '

Mussel (Claude), de Callas. IL 105 [56].

Musson (Jean), de Mons. I. 181 [19].

Muy (le). I. 177, 179; IL 104 [15, 17, 55].

Myquel, de Trets. I. 240 [25].

Normandie (province de). I. 120, 286 [3, 36].

Oize (N. de Brancas, seigneur d'). I. 118, 177 ; IL 8 [1, 15, 46.

Ollières. I. 125. [8].

Oraison (N. marquis d'). I. 180, 244, 245, 247, 283 [18, 29, 30, 32,

33]-

Oraison (Pierrette-d'), femme de Jean de Villeneuve-Tourrettes. I.

125 [8]. Ornano (Alphonse d'). I. 183, 245, 283 [ai, 30, 33]. Paradis (sergent). I. 130 [13]. Paris. I. 119 [2].

Parpel (Jean-Mario), de Callas. IL 14 [52]. Pascal (Jean), d'Ampus. I. 286 [36]. Peire (Jean), de Callas. IL' 7 [45].

Pellicot (Boniface), procureur général au Parlement. I. 182 [20]. Pennafort. I. 124, 126; IL 103, 104, 105, 112 [7,9, 54, 55, 56, 6^]. Pérache (capitaine). IL 3 [4.1]. Perne (Honoré), de Callas. IL 103 [54]. Peyrraymond, de Callas. IL 110 [61]. Pertuis. I. 180, 181, 244, 245, 283 [18, 19, 29, 30, })]. Peyrin, de Callas. IL no [61]. Pierre, de Saint-Paul de Vence, I. 240 [25].


[74] _123_

- Pontevès. IL 7 [45].

Pontevès (Antoine de), seigneur de Bargème. I. 124 [7].

Pontevès (Antoine de), fils de Joseph de Pontevès. I. 125, 127; IL 112 [8, 10, 63].

Pontevès (Balthazar de), sieur de Pennafort. I. 121, 122, 126; II. 104, 112 [4, 5, 9, 55, 6}].

Pontevès (Baptistine de), fille de J.-B. de Pontevès-Bargème. I. 126

[91Pontevès

[91Pontevès de), femme d'Alexis de Castellane. IL 7. [45].

Pontevès (Catherine de), fille de J.-B. de Pontevès-Bargème. I. 126

[9]-

Pontevès (Claude de), fils de Joseph de Pontevès. I. 127; IL 112

[10, 63].

Pontevès (Fouque de), seigneur d'Esclans. I. 125, 178; IL 10, 112 [8, 16, 48, 63J.

Pontevès (Françoise de), fille de J.-B. de Pontevès-Bargème. I. 126 [9].

Pontevès (Françoise de), fille de Joseph de Pontevès. I. 127 [10].

Pontevès (Honorade ou Honorée de), femme de Gaspard Garde de Vins. I. 118 ; IL 7 [1, 45].

Pontevès (Honorate de), fille de J.-B. de Pontevès-Bargème. I. 126

[91Pontevès

[91Pontevès de), seigneur de Flassans. I. 118 [1].

Pontevès (Isabeau de), femme d'Honoré-Ours de Villeneuve-Barrème. I. 126, 247; IL 103. 112 [9, 32, 54, 6}].

Pontevès (Isabelle de), femme de Louis de Castellane Adhémar de Monteil. IL 10 [48].

Pontevès (Jean de), comte de Carcès. I. 118, 119, 127, 128, 182, 183, 242 ; II. 10, III, 112 [1, 2, 10, n, 20, 21, 27, 48, 62, 63].

Pontevès-Bargème (Jean-Baptiste de), seigneur de Callas. I. 118— 122, 124-128, 130, 176, 178, 182-186 ; 240-242, 245, 283, 284, 286, 288; II 3-5 7-9 II. 12 14 104 114 1 [5 7 11 13 14 16 20- 27 30, 33, 34 36 38 41-43; 45-47 49 50 52 55 65]-

Pontevès (Jean-Baptiste), seigneur de Séail. I. 125, 129, 130, 176,

180; IL 2, 10, 112 [8, 12-14, 18, 40, 48, 63]. Pontevès (Jeanne de), fille de J.-B. de Pontevès-Bargème. I. 126

[9]-

Pontevès (Joseph de), seigneur de Callas. I. 119, 120. 122, 125-130, 176-178, 180-185,242-247,283-288; IL 1, 2,4-14, 102, 112 [2, 3, 5, 816, 18-23, 27-40, 42-54, 6].

Pontevès (Lucrèce de), fille du précédent. I. 127 [10].

Pontevès (Marguerite de), fille du précédent. I. 127 [10].


— 124 — [75l

Pontevès (Marguerite de), fille de J.-B. de Pontevès-Bargème. Ie 126 [9].

Pontevès (Marguerite de)., femme de Claude de Villeneuve-Trans. IL 112 [63].

Pontevès (Pierre de), seigneur de Brovès. I. 121, 123, 125, 127, 129, 130, 184, 244, 286; IL 2, 6, 102, 105, 110,112 [4, 6, 8, 10, 12, 13, 22,

29» 36» 4°» 44» 53» 56> 6l» <*3lPontevès

<*3lPontevès de), seigneur de Pontevès. IL 7 [45].

Porre (André), de Mons. I. 181 [19].

Porre (Barthélémy), de Mons. I. 181 [19].

Prévôt (Bernardin), de Callas. IL 114 [6^].

Provence (province de). I. 120, 125, 177, 181, 184, 246 [3, 8, 15, 19, 22, 31].

Puchesse (Baguenault de). I. 126, 242 [9, 27].

Puech (le); I. 284 [34].

Puget [sur Argens]. I. 185 [23].

Puget de Cuers (le). I. 240 [25].

Puget (Antoine du), seigneur de Saint-Marc. I. 181 [19].

Pu)rmoisson. IL 2 [40].

Puy-Sainle-Réparate (le). I. 284 [34].

Raimond (Claude de), fille du suivant. IL 1 [39].

Raimond (Jean de), seigneur d'Eoulx. IL 1 [39].

Ravoire (capitaine). I. 180 [18].

Renaud (Lucrèce de), femme d'Honoré de Grasse. I. 129 [12].

Requier (Gaspard), de Callas. I. 180 [18].

Retz (maréchal de). I. 177 [15J.

Rians. I. 247 [32].

Riez. I. 182 [20].'

Riquier (N.), de Callas. IL 3 [41].

Ris (Antoine), de Callas. IL 105 [56].

Ris (Pierre), de Callas. IL 3 [41].

Ris (Veyan), de Callas. II. 3 [41].'

Rochelle (la). II. 10 [48]. . Rognes. I. 126 [9].

Roquemaure (Honoré), de Claviers. I. 242 [27]:

Roquemaure (Peyroun), de Fréjus. I. 240 [25].

Sabran-Pontevès (généalogie des). I. 118, 124, 128, 245; II 7, 10

[1, 7 30 45 48]

Salernes. I. 118, 177; IL 6, 9 [1, 15, 44, 47]. Salon. IL 8 [46].

Sardou (Claude), de Mons. I. 181 [1.9]. Sauvaire (Jean), de Callas, IL 13 [51]. .


17 - 125 —

Saint-Andéol (N. de Varadier, seigneur de). I. 288 [38]. Saint-Auban. IL 102 [53]. Saint-Barnabe. IL 114 [65] Saint-Bonnet en Champsaur. I. 285 [35]. Saint-Jeannet. I. 126; II. 2 [9, 40].

Saint-Marc (Antoine du Puget, seigneur de), I. 181 [19]. Saint-Maximin. I. 243, 246, 287 [28, 31, 37]. Saint-Paul le Fogassier. I. 247 [32]. Saint-Paul de Vence. I. 240 [25]. Saint-Pierre (église), à Callas. I. 122 [5]. Saint-Raphaël. I. 185 [23]. Saint-Roch. IL 114 [65].

Sainte-Claire (monastère de), à Aix, à Grenoble et à Marseille. I. 126 [9]. Sainte-Croix (N.), conseiller au Parlement. I. 182 [20]. Seail. I. 125,129, 176, 180; IL 2, 10, 112 [8, 12, 14, 18,40,48,63]. Seillons. IL 2 [40]. Séranon. IL 102 [53]. . Sérène. I. 242 [27].

Sigalloni (capitaine). I. 118, 181; IL 12 [1, 19, 50]. Sigalony (Augustin), de Montauroux. IL 4 [42]. Signon (N. cadet de). I. 118 [1]. Solliès. IL 11 [49].

Sossy (capitaine). I. 119, 121-123, 241, 246, 283, 284; IL 104, 105 [2, 4-6, 26, 31, 33, 34, 55, 56].

Suffren (Jean Girau dit), de Callas. I. 122 [5]. Suze (François de la Baume, comte de). Voir Baume. Taneron. I. 129, 179, 185 ; IL in [12, 17, 23, 42]. Tarascon. I. 284 [34]. Tende (Comtesse de). I. 125 [8].

Thomé (Michel), conseiller au Parlement de Grenoble. I. 118, 126, 176, 184, 241, 285, 286 ; IL 4, 8, 103 [1, 9, 14, 22, 26, 35, 36, 42, 46,

54].

Tienne, de Callas. IL no [61].

Toulon. IL II [49]. Tour-d'Aiguës (la 1. I. 247 [32].

Tour du Pin (René de la), seigneur de Gouvernet. I. 285 [35]. Tourrettes-les-Fayence. I: 125 [8]. Tourves. I. 118, 242-244, 247 [1, 27-29, 32].

Trans. I. 126, 177, 180, 181, 183, 184, 247 ; IL n, ni, 112 [9, 15, 18, 19, 21, 22, 32, 49, 62,63]. Trets. I. 240; IL 5 [25, 43].


— 126 — [77]

Vachier (N.), de Callas. IL 14 [52]. Valence. I. 285 [35]. Valensolle. I. 180 [18]. Valernes. I. 177 [15]. Var (département du). I. 120, 181 [3, 19]. Vaucluse (département de). I. 180, 181 [18, 19]. Vence. I. 240, 246 [25, 31]. ' Verdière (la). I. 284 [34].

Vers (Jacques de Boche, seigneur de). Voir Boche. Vigne. I. 245 [30]. Villar (N. du). I. 118; IL.13 [1, 51]. Villecroze. IL 6 [44].

Villeneuve (généalogie des).I. 126, 246, 288; IL 2 [9, 31, 38, 40]. Villeneuve-Trans (Anne de), femme de Jean de Foix. I. 125 [8]. Villeneuve (Antoine de), baron de Vence. I. 246 [31]. Villeneuve (Claude de), fils du précédent. I. 246 [31]. Villeneuve (Claude de), marquis de Trans.. I. 126, 247 ; IL 11, ni

[9> 32» 49» 62].

Villeneuve (Claude de), fils du précédent. I. 247 ; IL 112 [32, 6}]. Villeneuve (Gaspard de), baron des Arcs. IL 111 [62]. Villeneuve (Gaspard de), père du suivant. I. 288 [38]. Villeneuve (Henri de), seigneur du Gaut.1.118, 288; IL 8 [1,38, 46]. Villeneuve (Honoré de), baron de Barrême. I. 126, 247 ; IL 103

[9> 32> 54]-

Villeneuve (Jacques de), seigneur de la Berlière. I, 283 [33J.

Villeneuve (Jean de), seigneur de Tourrettes. I. 125 [8].

Villeneuve (Jeanne de), femme du Pierre-Isnard de Glandevès. I. 178 [16].

Villeneuve-Tourrettes (Lucrèce de), femme de Foiique de Pontevès. I. 125 [8].

Villeneuve-Trans (Louise de), femme de Joseph de Pontevès. I. 120, 126, 127, 176, 247 [3, 9, 10, 14, 32].

Villeneuve (Pierre de), père du suivant. IL 2 [40].: . •

Villeneuve (Scipion de), seigneur d'Espinouse. II.i-2, 3 [40, 41].

Vins. I. 240, 284 ; IL 7 [25, 34, 45]. .';

Vins (Gaspard Garde de), père du suivant. I. 118 J"11. 7 [1, 45].

Vins (Hubert Garde de). I. 118-120, 130, 177-182, 184, 185, 240243, 246, 284; IL 1, 3, 4, 7-9, 11-14, 112, 114 [1-3, 13, 15-20, 22, 23,

25" 28, 31» 33» 34» 39, 4h 42» 45"47» 49"52» 63, 65].

Vintimille-Tende-Lascaris (Claudine de), femme de Jean de DemandoIx-Trigance. I. 125 [8].

Vitrolles. L 177 [15].


CHRONIQUE

Le Bureau de la Société d'Etudes Provençales a reçu et accepté l'adhésion, comme membres titulaires, de MM. :

L'abbé DAVIN, 10, place des Prêcheurs, Aix-en-Provence.

G. DE JARRIE, homme de lettres, 7, rue Lecerf, Cannes, Alpes-Maritimes.

MOULIN (Paul), 6, rue des Minimes, Marseille.

Comités départementaux des documents économiques de la Révolution Française. — Par dépêche du 4 avril 1905, M. le Ministre de l'Instruction publique a adressé des félicitations au Comité départemental du Var au sujet des instructions qu'il a données à ses correspondants communaux et du voeu qu'il a émis de faire visiter les archives départementales et communales, plusieurs fois dans l'année, aux élèves-maîtres de l'Ecole normale d'instituteurs pour les initier aux fonctions de correspondants du Comité qu'ils sont appelés à remplir.

Correspondants du ministère de l'Instruction publique. — Par arrêté du Ministre de l'Instruction publique en date du 23 décembre 1904 publié au Bulletin administrât!f de l'Instruction publique du 25 mars 1905, ont été nommés : 1° Membre non résidant du Comité des travaux historiques et scientifiques

M. Clerc (Michel), professeur à la Faculté des lettres d'AixMarseille, conservateur du musée Borély.

2° Correspondants honoraires du Ministère

MM. Bry (Georges); doyen de la Faculté de droit de l'Université d'Aix-Marseille, à Aix.

Letteron (l'abbé), professeur au lycée de Bastia, Corse. 30 Correspondants du Ministère

MM. Arnaud (François), notaire, à Barcelonette, secrétairecorrespondant de la Société d'Etudes Provençales.


— 12b —

Arnaud-d'Agnel (l'abbé), archéologue, membre de la Société d'Etudes provençales, aumônier du lycée, Marseille.

Chaillan (l'abbé), curé de Beaurecueil, près Aix-en-Provence.

Destandau, pasteur de l'Eglise réformée, à Mouriès, Bouches-du-Rhône.

Doublet (Georges), professeur au lycée de Nice, secrétairecorrespondant de la Société d'Etudes Provençales.

Fournier (Joseph), archiviste-adjoint des Bouches-du-Rhône, secrétaire-correspondant de la Société d'Etudes Provençales, à Marseille.

Gérin-Ricard (cte Henry de), secrétaire de la. Société de Statistique de Marseille, membre de la Société d'Etudes Provençales.

Guillaume (l'abbé Paul), archiviste des Hautes-Alpes, à Gap.

Isnard, archiviste des Basses-Alpes, à Digne.

Labande, conservateur de la bibliothèque et du musée Calvet, secrétaire-correspondant de la Société d'Etudes Provençales, à Avignon.

Masson (Paul), professeur d'histoire à l'Université d'AixMarseille, membre de la Société d'Etudes Provençales.

Poupé (Edmond), professeur au collège, secrétaire-correspondant de la Société d'Etudes Provençales, Draguignan.

Valran (Gaston), professeur au lycée Mignet, secrétairegénéral de la Société d'Etudes Provençales.

Véran (Auguste), architecte des monuments historiques, à Arles.

Villeneuve (l'abbé Léonce de), archéologue, au palais de Monaco.

Comités des bibliothèques publiques. — Par divers arrêtés dn Ministre de l'Instruction publique en date du 23 février, des 2, 4, 27 et 31 mars et du 8 avril, ont été nommés membres des comités d'inspection et d'achat des livres poulies bibliothèques des villes suivantes : Arles (23 février), MM. Ferigoule, conservateur des musées: Maillard, profes-


— 129 —

seur de dessin ; Taillefer, inspecteur primaire ; Crouanson (Nicolas), négociant ; Flaujat (Emile), pharmacien; Lacaze-Duthiers, professeur au collège, secrétaire-correspondant de la Société d'Etudes Provençales ; Maiffredy, adjoint au maire; le baron Scipion du Roure, publiciste, membre de la Société d'Etudes Provençales. — Barcelonette (4 mars), MM. Arnaud (François), notaire, secrétaire-correspondant de la Société d'Etudes Provençales; Pellotier (Auguste), notaire ; Manuel (Maximin), avoué; Derbez (Théophile), professeur au collège. — Briançon (27 mars), MM. Vagnat, sénateur et conseiller général ; Mondet, principal du collège ; Bulle, inspecteur primaire; Faure(René), ancien maire; Audoyer, directeur d'usine; Pons, pharmacien ; Blanchard (Raphaël), professeur à l'école de médecine de Paris. -- Brignôles (2 mars), MM. Reynat, inspecteur primaire ; Blacnas, avoué ; Estrade, procureur de la République ; Lieutard (Henri), administrateur de l'hospice ; Maurel, architecte départemental. — Cannes (31 mars), MM. Agarrat (Ernest), avocat, adjoint au maire ; Chanal, ancien vice-recteur de la Corse ; Bernard, docteur en médecine ; Tubie (François) ; Vial (Joseph), directeur d'école. — Digne (4 mars), MM. L'Hhôpital. inspecteur d'académie ; Isnard, archiviste départemental ; Echternach, chef de division à la préfecture; Sauvage (Prosper), professeur au lycée ; Olivier (Antoine), docteur-médecin ; Bongarçon, architecte départemental ; Honnorat, directeur de l'école communale. — Draguignan (2 mars), MM. Simon, inspecteur d'académie ; Astier (Alexandre), chef de division à la préfecture, membre de la Société d'Etudes Provençales ; le docteur Balp (JeanBaptiste); Digès (Achille), conseiller municipal ; le docteur Dozes (Charles) ; le docteur Girard (Charles) ; Guide (JeanBaptiste), avoué; Mireur (Jacques-Frédéric), archiviste départemental, membre de la Société d'Etudes Provençales ; Fabre, principal du collège. — Fréjus (id.), MM. Arluc (Jean-Félix), président du tribunal de commerce; le docteur Mireur (Henri); Verlaque (Victor), chanoine titulaire ; Ribon (Barthélemy),


— 130 —

docteur en droit. — Hyères (id.), MM. Augnet (Louis), pharmacien ; Buges (Jules), inspecteur des contributions directes en retraite ; Ch. de Boutigiry, agronome ; Casteuil (Alexandre), pharmacien ; le docteur Dubrandy (Joseph-Félix), membre de la Société d'Etudes Provençales ; Fausset-Grivelli, avocat ; de Poitevin de Maurillon, lieutenant-colonel en retraite ; Robert (Louis), adjoint au maire ; D. Siepy, conservateur du musée de Marseille. — Marseille (23 février), MM. Delibes (Ernest), agrégé de l'Université ; Gariel (Jules), docteur en médecine.; Vidal-Naquet, avocat, avoué ; Maynergy (E.), avocat ; Conte (Léonce), juge au tribunal civil ; Cauvet (Charles), avocat ; Barthelet (Edmond), négociant ; Masson (Paul), professeur à la Faculté, membre delà Société d'Etudes Provençales ; Desplaces (Henri),avocat, membre de la Société d'Etudes Provençales ; le docteur Laget, professeur à l'école de médecine ; le docteur Brouillon, médecin des hôpitaux ; Artaud (Adrien), membre de la Chambre de commerce ; Callot (A.), professeur au lycée ; Bourdillon (Léon), ingénieur : Derepas, professeur au lycée ; Faure (Antoine), premier commis de direction aux douanes ; Girbal, professeur au lycée ; Arnaud, professeur au lycée ; Vasseur, professeur à la Faculté des sciences ; le docteur Villeneuve (Louis), médecin des hôpitaux ; Nicolas de Duranty fils ; Dubois (Marius), secrétaire général de la mairie ; Allée (Ludovic), chef de service de l'enseignement supérieur, des bibliothèques et des arts ; (8 avril) Dadres, négociant ; Pélissier, avocat. — Nice (31 mars), MM. le prince d'Essling ; le chevalier Victor de Cessole ; le docteur Baréty, membre de la Société d'Etudes Provençales ; le docteur Balestre ; Achiardi, avocat; le docteur Féraud (Jules) ; Risso, président de la Société d'agriculture ; Moris (Henri), archiviste du département ; Jombert, inspecteur d'académie. — Sisteron (4 mars), MM. Ferrand (Alphonse), pharmacien ;. Chatenier, docteur en médecine ; Tapiot, ingénieur des ponts et chaussées ; Tisserand, professeur au collège ; Nicolas (Henri), négociant ; Talagrand,


- 131 —

procureur de la République ; Brunet, secrétaire de la souspréfecture ; Rebond (Adrien), principal du collège. — Toulon (2 mars), MM. André, professeur au lycée, membre de la Société d'Etudes Provençales ; Baylon (Jean), premier adjoint au maire, professeur agrégé de l'Université ; Garence, médecin en chef des hospices et du lycée ; Guiran, professeur au lycée; Méri, conseiller municipal ; Paret, professeur à l'école primaire supérieure Rouvière de Toulon ; Sénés, dit la Sinse, homme de lettres.

Cannes. — Découverte d'une grotte, habitation préhistorique. — M Joseph Ardisson, propriétaire à Spéracèdes, près Grasse, vient de faire une découverte importante pour l'étude préhistorique régionale. Il a trouvé dans sa propriété une grotte ayant servi d'habitation à l'époque pré-romaine (Iberoligure au Celto-Ligure).

Le propriétaire en a aussitôt aménagé l'entrée de façon à empêcher tout acte de vandalisme et les fouilles, déjà commencées, vont se poursuivre soigneusement et suivant une rigoureuse méthode scientifique, toutes les terres étant passées au tamis.

M. P. Goby, de Grasse, secrétaire-correspondant de la Société d'Etudes provençales, a pris, dès le premier moment, la direction de ces fouilles en attendant l'arrivée de M. le docteur Guebhard, président de la Société des Lettres, Sciences . et Arts des Alpes-Maritimes et vice-président de la Société de Géologie de France, qui prendra les mesures pour fouiller complètement cette grotte intéressante.

Déjà on a mis à jour des ossements d'animaux et de nombreux fragments de poteries primitives, poteries noires de l'époque du bronze, poteries grises et gris-rose avec ornementation.

Ces trouvailles ont été faites en présence de MM. le docteur Rondeau, membre de la Société d'Anthropologie de Paris et chef adjoint du laboratoire de physiologie, Chais, ancien


— 132 — magistrat, colonel de Ville d'Avray, conservateur du musée de Cannes, Pierre Goby, etc.

Les recherches continuent et nul doute qu'elles seront fructueuses et des plus intéressantes au point de vue régional, les résultats en seront d'ailleurs minutieusement notés et étudiés.

Dons aux archives. — Les archives de Cannes se sont enrichies ces temps derniers de plusieurs documents intéressants et ayant une valeur incontestable pour l'histoire de cette ville, ce sont :

1° Une pièce curieuse, concernant l'hôpital de Cannes, don de Mlle Joséphine Hibert : c'est l'exposé de l'Assemblée du bureau de l'hôpital de Cannes du 12 août 1770, concernant le testament de Pierre Remy Hibert de La Valette en faveur de cet établissement ,

2° Un dossier complet de 32 pièces, don de M. Ernest Augier, concernant la vente de l'île Saint-Honorat et remis, le 28 janvier 1856, par M. Sicard à M. Sims, acquéreur.

Ces pièces très intéressantes et fort importantes embrassent la période comprise entre 1791 au moment où l'île fut vendue à M. Alziary de Roquefort, jusqu'en 1859, époque où Monseigneur Joûrdan, évêque de Fréjus en prit possession.

M. B.

Digne. — Le maire de Saint-Jeannet, commune des Basses-Alpes, avait signalé ces jours-ci à la Société scientifique et littéraire des Basses-Alpes une inscription trouvée par un fermier qui labourait son champ. Nous nous sommes rendus, M. Isnard, archiviste départemental, M. Vars, professeur au lycée, qui a dirigé pendant plusieurs années les fouilles de Timgad, et moi, au quartier de Salignac où l'inscription avait été découverte. Nous nous sommes trouvés en présence d'une magnifique colonne milliaire de plus de deux mètres de long, malheureusement abimée et en partie brisée. Mais il a été facile de prendre un estampage, car l'inscription elle-même est à peu près intacte. La voici telle qu'elle a été relevée par M. Vars :


— 133 —

IMP CAES *1 L DOM AVRELIANVS * P » F * INVICT * AVG * P * M * TRIB* P VI COS* III P*P* PROCOS RESTIT* ORBIS

REFEC ET RESTITVIT

XV

Soit: Imp{eraior) Coes(ar) L{ucius)Dom[itius) Aurelianus, P(iits) F(elix) Invict{us) Aug(ustus) P{ontifex) M(aximus) Trib{unitioe) P(otestatis) VI, Co(n)s(ul) III P(ater) Pyatrioe), Proco(n)s(ul), Restit(utor) Orbis, Refecit et restituit

[M(illia) P{assuum)] XV Ce qui signifie : L'empereur César Lucius Domitius Aurelianus, pieux, heureux, invaincu, Auguste, Grand Pontife, revêtu de la puissance tribunitienne pour la 6e fois, consul pour la 3° fois, père de la Patrie, proconsul, Restaurateur de l'Univers a refait et remis en usage la voie. — 150 mille.

Cette découverte a une certaine importance. D'abord l'inscription est fort belle, les lettres sont très bien gravées, très nettes, quoique le sillon soit peu profond, la colonne est faite de calcaire soigneusement poli. Ensuite elle nous met sur la trace d'une ancienne voie romaine qui, je crois, n'a jamais été signalé ; cette route devait mettre en relation la ville de Riez avec la vallée de la Bléone en franchissant, à 100 mètres plus loin, le col qu'on appelle dans le pays le Pas de l'évêque. Cette colonne devait être voisine d'un centre romain assez important comme sembleraient le prouver les débris de tuiles romaines que nous avons trouvés. Nous nous proposons d'ailleurs de faire des recherches dans ce sens. CAUVIN.

1 Partout où nous avons mis un astérisque, il y a sur la pierre un coeur un peu incliné à droite.


— 134 —

Draguignan. — Dans la séance du vendredi 31 mars 1905, la Société a adhéré, sous certaines réserves, au projet de Fédération des Sociétés savantes de Provence proposé parla Société d'études provençales d'Aix. M. Salvaralli, chef de division à la préfecture, a lu deux notices biographiques concernant Antoine Truc, des Arcs, député du Var aux Cinq-Cents à partir de floréal an vu, et Victor Clapier, représentant de Toulon à la Chambre des députés de 1839 à 1848.

Dans la séonce du mercredi 19 avril 1905, il a été donné lecture, au nom de M. Mireur, d'une note relative au sens de l'expression « droit de faire feu » qui se trouve dans le cahier des doléances de la communauté de Brovès, prise par M. E. Champion dans le sens absolu de droit d'allumer du feu (Lavisse et Rambaud. Hist. générale, VIII, p. 46) et qui en réalité signifierait droit de construire des fours pour cuire le pain.

Nice. — Parmi les communications faites à la Société des Lettres, Sciences et Arts des Alpes-Maritimes, notons cellesci : M. Arène, « Notes historiques sur la paroisse Saint-Martin (Saint-Augustin) à Nice» (15 avril), et «L'ancien couvent des Augustins à Nice » (6 mai), — M. Ph. Casimir, « Le monument de la Turbie » (18 mars), — M. le comte Emeric du Chastel, « Trente saisons à Nice depuis 1874 » (1er avril), — M. Goby, « Fouilles à la grotte préhistorique de Spéracèdes près de Grasse » (18 mars), — M. le docteur Guebhard, « Explication géologique du surcreusement non glaciaire de la vallée de la Siagne » (6 mai), — M. l'abbé Rance-Bourrey, « Documents inédits sur le passage de Pie VII à Nice en 1814 » (18 mars), — M. le lt-colonel de Ville-d'Avray, « Reconnaissance et étude du mont Pezou près de Cannes » (15 avril).

La communication de M. Casimir a paru dans le n° 120 (26 mars 1905) au Journal de la Corniche dont il est le directeur. La première de celles de M. Arène, dans le n° du 1er mai de Nice historique.


LA PROVENCE

Aux Congrès d'Alger et à la Réunion des Sociétés des beaux-arts à Paris/

V

Le congrès des Sociétés Savantes de Paris et des départements s'est tenu, cette année, à Alger, du 19 au 26 avril, organisé par les soins de M. de St-Arroman, chef de bureau au ministère de l'Instruction publique, et de MM. Gaston de Bar et Ernest Duc,

La séance d'ouverture a eu lieu le mercredi 19 avril, à 2 heures précises, à l'Ecole de Médecine et de Pharmacie, sous la présidence de M. Héron de Villefosse, membre de l'Institut, président de la section d'archéologie du comité des travaux historiques et scientifiques et de la commission archéologique de l'Afrique du Nord, conservateur au Musée du Louvre.

Les différentes sections se sont réunies, aussitôt après la séance d'ouverture, dans les locaux qui leur avaient été affectés et ont commencé leurs travaux. Plusieurs membres des Sociétés Savantes de la région provençale y ont présenté d'intéressantes études dont nous allons donner le compte rendu d'après le Journal Officiel.

Section des sciences économiques et sociales

Séance du mercredi soir 19 avril. — Présidence de M. Georges Harmand, membre du comité des travaux historiques et scientifiques.

M. F.-N. NICOLLET, de la Société d'Etudes Provençales, professeur au lycée Mignet d'Aix, donne lecture d'un mémoire sur l'école centrale des Bouches-du-Rhône. Cette école, créée par la loi du 3 brumaire an IV (25 oct. 1795), devait remplacer les neuf collèges qui existaient en 1789 dans la partie de la Provence qui forma le département des Bouches-du-Rhône.

Elle fut fixée à Aix. Après une organisation lente et pénible,

10


— 136 —

elle fut inaugurée le 1er ventôse an vi (19 février 1798), dans le local de l'Université, mais elle fut ensuite transférée dans le couvent des Bénédictines. Elle n'eut, la première année, qu'une quarantaine d'élèves dont 36 suivaient le cours de dessin, 20 celui des mathémathiques, 17: celui des langues anciennes, 16 celui d'histoire naturelle, 6 celui d'histoire, 2 celui des belles-lettres et 2 celui de grammaire générale; les autres cours n'avaient pas d'auditeurs. Les années suivantes, ce chiffre s'éleva progressivement, mais ne dépassa jamais cent. Les professeurs furent : Sicard (Jacques-Pierre-Etienne), professeur d'éloquence et de belles-lettres, et Benoit (Bruno), professeur de grammaire générale, tous deux anciens professeurs au collège Bourbon ; Camoin (Jean-Pierre) professeur des langues anciennnes, ancien professeur au lycée de Marseille; Mevolhon (Marie-Joseph), professeur d'histoire, ancien professeur à l'école militaire de Vendôme et à l'Université d'Angers; Forty, professeur de dessin, membre de l'ancienne académie royale de peinture; Kolly (Jean-Louis), professeur d'histoire naturelle; Estrangin (Jean), d'Eygalières, professeur de législation; Jaussaud (Laurent), professeur de chimie; Briançon (Claude), professeur de physique. Le bibliothécaire était Gibelin (Jacques), docteur-médecin, né à Aix, le 16 septembre 1744, et le sous-bibliothécaire, Pontier (AugustinHonoré), aussi médecin. Payés très irrégulièrement et toujours fort en retard, parfois d'une année, tous n'en remplirent pas moins leur devoir avec dévouement. Après que la loi du 11 floréal an X (1er mai 1802) eut remplacé les écoles centrales par des écoles secondaires et des lycées, celle des Bouchesdu-Rhône ferma ses portes le 1er nivôse an xi (22 décembre 1802) pour céder la place.au lycée de Marseille qui fut inauguré le 17 thermidor an XI (5 août 1803) « aux applaudissements de tous les Marseillais ».

Séance du samedi soir 22 avril. — Présidence de M. Georges Harmand, membre du, comité des travaux historiques et scientifiques.


- 137 - M. Nicoliet, présente un mémoire de M. GASTON VALRAN, secrétaire-général de la Société d'Etudes Provençales, correspondant du Ministère, professeur au lycée d'Aix, sur la mutualité féminine et la colonisation. Une application de la mutualité féminine a été faite dans un pays de protectorat ou s'exerce notre influence colonisatrice,en Tunisie: c'&stVA-delphie Tunisienne. Les initiatrices de cette institution sont Mmp Langrené et Mme la vicomtesse de Linencourt. Cette association a pour but de procurer aux femmes honorables frappées par l'adversité des travaux de couture, de broderie, tapisserie, art. Dans le choix de ces travaux, l'association s'applique à encourager les industries féminines indigènes : des femmes françaises dirigent des femmes musulmanes, reprennent, perfectionnent leurs ouvrages. Par sa destination professionnelle cette institution peut contribuer d'une manière efficace à la renaissance de l'art musulman, pensée féconde et généreuse qui préoccupe à un même degré M. Jonnart et M. Pichon. Au point de vue indigène, cette collaboration de la femme européenne avec la femme musulmane non seulement a une portée artistique, mais elle a une portée économique et sociale ; elle aide à relever la femme et la famille musulmane dans les milieux où les conditions de l'existence sont précaires. Par l'usage qui est fait du produit de ces travaux, l'association vient en aide aux femmes européennes que des revers de fortune ou des deuils réduiront à une situation difficile. Ces divers objets sont exposés, mis en vente, et le produit en est versé aux personnes intéressées par les soins de l'administration ; c'est l'aide mutuelle par le travail. Toute considération de religion, de nationalité est écartée; toute susceptibilité est ménagée. L'association est ouverte à toutes les Européennes. Les travaux sont réunis par des personnes intermédiaires, membres de l'association ; ils sont exposés sous un numéro d'ordre. L'Adelphie Tunisienne, soeur de l'Adelphie Parisienne, mérite l'estime, les encouragements et les succès de son aînée ; elle lui ressemble par son caractère de solidarité


- 138 -

féminine; elle se distingue par son caractère d'éducation indigène ; à ces deux titres elle est digne d'attention.

Section d'archéologie

Séance du jeudi soir 20 avril.-— Présidence de M. Cagnat, membre de l'Institut.

Il est donné lecture d un mémoire de M. l'abbé ARNAUD D'AGNEL, correspondant du Ministère, membre de la Société d'Etudes provençales, aumônier du lycée de Marseille, sur les relations entre Massalia et Carthage, d'après les récentes découvertes faites à Marseille. Comme on doit s'y attendre, les divers objets d'importation africaine recueillis dans les sous-sols de Marseille n'ont trait qu'à la Carthage de la domination romaine et à celle du christianisme. Il n'y a pas la moindre preuve qu'un courant d'affaires se soit établi entre la Carthage des Phéniciens et la jeune colonie des Phocéens. Les données de l'archéologie confirment ici ceux de l'histoire qui montrent ces deux cités se livrant, à cette époque, un duel à mort en vue de la conquête de la Méditerranée. Parmi les innombrables tessons de poteries sigillées provenant des fouilles de Marseille, beaucoup relèvent d'officines africaines ; c'est ainsi que l'on trouve souvent reproduite la marque S M F propre à Carthage; ce fait et d'autres encore montrent combien étaient fréquentes sous l'empire les relations commerciales entre les deux grands ports méditerranéens. Au IIIe siècle, ces relations d'affaires deviennent rares et font place à des rapports d'un nouvel ordre. Il s'agit de l'influence religieuse qu'exercent les nombreux chrétiens de Carthage et de l'Afrique du Nord sur les quelques fidèles de Marseille, influence attestée par plusieurs séries de découvertes. Ce sont huit lampes recueillies lors du percement de la rue de la République dans les tombeaux dont le mobilier funéraire se composait uniquement de vases d'importation africaine. Ce sont des fragments de plats et de carreaux d'une céramique rouge à décors chrétiens absolument identiques à ceux trouvés en


— 139 — Tunisie par MM. Gauckler et Delattre. Ce sont enfin des olpès et des balsamairesde formes très typiques, tels que ceux recueillis récemment par M. Gauckler à Sidi-Daour en Tunisie. Les documents archéologiques d'importation africaine découverts à Marseille sont d'autant plus importants que l'histoire ne dit rien des rapports entre Massalia et Carthage.

Séance du samedi 22 avril. — Présidence de M. Marçais. M. le Secrétaire donne communication d'un mémoire de M. l'abbé ARNAUD D'AGNEL, sur les Objets du trésor de la cathédrale de Marseille. Les pièces les plus intéressantes de ce trésor sont: 1° un coffret d'ivoire rectangulaire, cerclé d'armatures en cuivre doré. Cette boîte de dimensions moyennes et de lignes gracieuses porte une inscription en caractères arabes, c'est un souhait de bonheur tiré du Coran. Le décor se compose de cercles ornés d'arabesques à l'intérieur, de paons portant dans le bec un rameau feuillu, de bouquetins et d'autres animaux. Sur le couvercle un médaillon central est occupé par un être à tête humaine large et aplatie, mais dont le corps se termine en queue de poisson. Tous ces objets sont peints en teintes douces vert, et jaune pâles,, relevés de quelques traits noir et or. Ce coffret artistique rappelle le petit meuble en ivoire du trésor d'Apt publié par M. Arnaud d'Agnel dans le Bulletin archéologique de 1904, mais tandis que ce dernier provient de Constantinople, l'autre a été fabriqué en Perse au XVe siècle. — Une pièce plus récente, mais d'un travail d'orfèvrerie très remarquable, est un reliquaire renaissance italienne, imitation gothique. Cette pièce est en forme de tombeau rectangulaire à toiture à quatre rempants, couronnée par la statue du Christ portant un étendard. La boîte repose sur quatre pieds en forme de grenades entr'ouvertes. Cette pièce représente la résurrection. La sépulture richement orné de ciselures et d'émaux est gardé par des soldats qui sont endormis tout autour sur des degrés. Cette merveille d'orfèvrerie religieuse appartient au XVIe siècle et porte, accusés, plusieurs des caractères de l'art italien. — A citer


— 140 -- encore un Christ crucifié en ivoire, d'une anatomie défectueuse, mais d'une belle expression, oeuvre du XVe siècle.

M. Marçais, président de séance, fait observer que le coffret d'ivoire du trésor de Marseille, par son décor et la forme des lettres de l'inscription, paraît avoir une origine syrienne et rappelle certains monuments du temps de Saladin.

A la même séance a été lu une communication de M. Maurice RAIMBAULT, secrétaire du comité de rédaction de la Société d'Etudes provençales, sur un numismatiste inconnu. Il s'agit de Machault d'Arnouville, contrôleur général et garde des sceaux de Louis XV, dont aucune des biographies qu'a pu consulter l'auteur n'a signalé le goût pour les médailles anciennes. Un dossier conservé aux archives des Bouches-du-Rhône nous apprend que ce ministre avait fait une collection de monnaies royales françaises et que pour l'enrichir, il avait chargé la direction des monnaies et les changeurs de retenir au passage celles qui pouvaient l'intéresser, en même temps qu'il priait les intendants de faire rechercher celles qui pouvaient se trouver dans leurs généralités. Les instructions qu'il avait envoyées aux uns et aux autres dénotent chez M, de Machault autre chose qu'un simple curieux : un collectionneur de vieux sous. Les indications qu'il donne sur les sols, triens et monétaires mérovingiens, ainsi que sur les derniers caro lingiens montrent des connaissances scientifiques sérieuses. La liste des pièces envoyées par les divers délégués des divers points de la Provence, liste parfois accompagnées d'un dessin du motif principal, donne lieu à d'intéressantes remarques et permet de les identifier à peu près toutes avec les descriptions données par Hoffmann.

Section d'Histoire et de Philologie

Séance du samedi matin 22 avril. Présidence de M. Lefèbure, chargé de cours à l'Ecole supérieure d'Alger. - Il est donné lecture, au nom de M- l'abbé ARNAUD D'AGNEL, corres-


— 141 — pondant du ministère de l'Instruction publique, membre de la Société d'Etudes Provençales, d'un document des archives municipales de Cassis (Bouches-du-Rhône) qui relate le rachat ou l'échange d'esclaves provençaux détenus à Alger, rachat ou échange faits par le sieur de Trubert, au nom du roi de France, en exécution d'un traité de paix dont la date n'est pas mentionnée. M. Arnaud d'Agnel établit que ce traité ne peut être que l'accord du 17 mai 1666 et rappelle en quelques lignes les événements qui le précédèrent et en furent la cause plus ou moins directe : visées ambitieuses de Mazarin, puis de Louis XIV sur l'Afrique du Nord, mission malheureuse du chevalier de Clerville

Le document original qu'analyse l'auteur donne lieu à diverses remarques intéressantes. On y voit que les villes de la Provence qui ont le plus à souffrir des pirates d'Algérie sont, comme on doit s'y attendre, celles situées sur le littoral méditerranéen. Des seize villes ou villages mentionnés, dix sont des ports maritimes et deux sont reliés à la mer par des cours d'eau. On y voit encore que seules les professions qui se rapportent à la construction des navires, comme celles des charpentiers, des calfats, sont indiquées dans le rôle de rachat des esclaves et que ceux ainsi désignés sont toujours plus chèrement payés que les autres. C'est ainsi que trois charpentiers sont rachetés 458,370 et 469 écus, alors que le coût ordinaire du rachat est de 250 écus seulement.

L'étude communiquée par M. Arnaud d'Agnel sur le rôle des 74 esclaves échangés ou rachetés par le sieur Trubert est une contribution à l'histoire de la piraterie au XVIIe siècle. La modicité des subsides en argent fournis par la plupart des communautés provençales pour le rachat de leur captif montre le mal de longtemps irréparable causé par les incursions des corsaires algériens dans la Basse-Provence, pays dont la principale et presque l'unique ressource était le commerce maritime et en particulier le commerce avec l'Afrique du Nord. M. Arnaud d'Agnel s'est appliqué à mettre en lumière


— 142 —

le rôle si important joué par Colbert dans le développement de la marine française.

A la même séance, il est fait mention d'une communication de M. l'abbé CHAILLAN, correspondant du ministère à Aix, relative à l'histoire des relations de la France avec les Etats barbaresques antérieurement au XIXe siècle.

Section de Géographie historique et descriptive

Séance du jeudi matin 20 avril. Présidence de MM. Henri Cordier et Pelleport.

M. F.-N. Nicollet litdeux mémoires de M. Joseph FOURNIER, correspondant du ministère, secrétaire-correspondant de la Société d'Etudes Provençales, archiviste-adjoint des Bouchesdu-Rhône. Le premier a pour sujet la défense des côtes de Provence contre les pirates barbaresques au XVIIe siècle. Durant des siècles, la principale préoccupation des localités riveraines de la Méditerranée, des embouchures du Rhône à celle du Var, c'est-à-dire sur tout le littoral provençal, fut de se défendre contre les entreprises des corsaires de Barbarie, dont l'audace dépassait les bornes imaginables. Ils arrivaient à l'improviste, le plus souvent au milieu de la nuit, surprenaient en plein sommeil les petites cités provençales, les mettaient littéralement à sac, emportaient tout, même les cloches, et emmenaient nombre d'habitants en esclavage. De pareilles déprédations mirent les communautés maritimes de la Provence dans l'obligation de s'entendre en vue de la défense commune et les autorités provinciales, encouragées par l'autorité royale, organisèrent, avec les communautés elles-mêmes, tout un système de défense que nous croyons peu connu. Dès l'année 1624, le duc de Guise, gouverneur de Provence, amiral des mers du Levant, ordonna une visite générale du littoral et charga le premier consul d'Aix, procureur du pays, Renaud d'Alleins, d'y procéder. Ce haut magistrat, avec un zèle et une compétence rares, demeura un mois à s'enquérir de l'état des localités et de leurs moyens de


-143 — défense en cas d'attaque. Le procès-verbal de la tournée, conservé aux archives des Bouches-du-Rhône, donne les plus minutieux détails sur chaque lieu visité, ses fortifications, le nombre d'hommes en état de porter les armes, le nombre d'armes à feu ou autres disponibles, la quantité de munitions, etc., etc.. Les instructions données aux consuls des communautés s'y trouvent également consignées et ce document a un double intérêt géographique et historique. La tournée de Renaud d'Alleins, commencée le 4 mars, dura jusqu'au 6 avril 1624 ; elle comprit les localités suivantes : Aubagne, Cassis, La Ciotat, Ceyreste, la Cadière, Toulon, le Castellet, Ollioules, le Bausset, Six-Fours, la Vallette, la Garde, Hyères, Solliers, Cuers, Bormes, Cogolin, Gassin, Ramatuelle, SaintTropez, Grimaud, Sainte-Maxime, Fréjus, Saint-Raphaël, Roquebrune, le Muy, la Napoule, Cannes, les Iles de Lérin, Mougins, Mouans, Antibes, Saint-Laurent-du-Var, Cagnes, Vallauris, Biot, Vence, Saint-Jannet, Villeneuve, Saint-Paul, Grasse et-Draguignan, soit 42 localités.

Le second mémoire de M. Fournier a pour sujet le marquisat des Iles d'Or. Les îles d'Hyères auxquelles on donna dès une époque déjà ancienne le nom si coloré d'Iles d'Or, furent érigées en marquisat par François I" en faveur de l'un des plus fins marins du XVIe siècle, Bertrand d'Arnezan, baron de Saint-Blancard, qui ne devait pas longtemps en conserver la possession, puisque, moins de vingt ans après, ce fief était sorti de la famille. Devenu, pour ainsi dire, le lieu de refuge des pirates barbaresques au cours de leurs incursions le long des côtes de Provence, ce fief était d'un maigre rapport et il était difficile à son possesseur d'en jouir d'une façon effective. En l'érigeant en marquisat au profit du baron de Saint-Blancard, le roi voulut sans doute récompenser les services d'un des meilleurs serviteurs du pays, mais il voulut aussi organiser la défense des îles contre les pirates sans qu'il en coûtât au trésor royal, car il mit au compte du nouveau marquis et de ses successeurs tous les frais à faire pour cet objet. On conçoit, dès


— 144 — lors, le peu d'empressement des titulaires à conserver un fief leur valant si peu de revenu et les obligeant à tant de charges. Au sujet de la défense des côtes de. Provence contre les pirates barbaresques, M. Nicollet ajoute que d'après des renseignements puisés à la bibliothèque Méjanes d'Aix — ms. 1133(819 - R722), p.-1169 et sùiv. — Marc-Antoine de Castellane, baron de Saint-Jurs et de Grimaud, adressa au roi en 1602 un plaeet demandant l'autorisation de «construire et bâtir une tour au lieu de Cavalaire, terroir de Gassin, proche de la mer, afin de servir de retraite à ses sujets contre les courses des Turcs et pirates de mer». Le roi renvoya ce placet, le 28-janvier 1603, au duc de Guise, gouverneur de la province, pour « ordonner ce que de raison ». Le 9 mars 1605, le duc de Guise attesta que cette tour né pouvait « être qu'utile au service de sa majesté-, d'autant que les pirates, par le moyen de ladite tour, seront retenus de mettre pied à terre, n'y ayant aucun lieu pour se défendre ». Par lettres patentes données le même mois, le roi autorisa la construction de cette tour, et d'autres lettres patentes du 18 janvier 1636 nomment le baron de SaintJurs « capitaine et gouverneur de ladite tour de Cavalaire », où il y avait une garnison de 25 hommes, d'après un ordre du marquis de Vitry du 12 sept. 1637.

Congrès des Orientalistes

Le mercredi 19 avril, à 9 heures du matin, avait lieu dans le hall du Palais Consulaire d'Alger la séance d'ouverture du Congrès international des Orientalistes, sous la présidence de M. René Basset, correspondant de l'Institut, directeur de l'Ecole supérieure des Lettres d'Alger.

Les travaux du Congrès ont été répartis en sept sections. Celle des langues musulmanes (Arabe-Turc-Persan) était présidée par M. Basset.

Séance du samedi matin 22 avril. — C'est à cette section qu'a été communiquée par M.Nicolletl'étude de M. le baron Guillibert, secrétaire perpétuel de l'Académie d'Aix, vice-


— 145—

président de la Société d'Etudes Provençales, sur Deux manuscrits arabes, apportés en Provence par un officier de l'Expédition française d'Egypte.

La première partie de ce travail est relative à la description technique de ces manuscrits, qui ont un siècle et quelques années d'existence, et à l'indication des sujets qui y sont traités. La seconde partie fait connaître l'ancien possesseur de ces écrits, un personnage marquant d'Aix, qui fut le dernier prieur de l'Eglise Saint-Jean-de-Malte.

Les manuscrits sont reliés : ils offrent chacun l'aspect d'un petit volume. L'un est un évangéliaire maronite; l'autre un cathéchisme musulman. L'évangéliaire se compose de 189 feuillets. Sa reliure est en maroquin rouge, dos à nerfs avec fleurons, et filets et fleurons à froid sur les plats; les gardes en papier rouge et or, genre persan, tranche vert olive. Le papier est assez fort vergé et satiné. L'écriture est d'un bon copiste qui, contrairement à l'usage des calligraphes arabes n'a pas indiqué son nom ni la date de son travail. La provenance de ce manuscrit s'établit par le fait qu'après le texte arabe des quatre évangélistes se trouve la copie de l'Evangile spécial à l'Eglise des Maronites, Catholiques du Liban. Il dut être apporté de Syrie en Egypte et remis à l'officier de l'armée expéditionnaire. Lors du retour de celle-ci en France, de nombreuses familles résidant en Egypte et aux Echelles du Levant l'accompagnèrent et vinrentse fixera Marseille. Elles y formèrent une agglomération qui fut l'origine de l'Eglise du rit grec-arabe, catholique, existant à la rue Montaux et très florissante de nos jours. L'auteur donne à ce sujet d'intéressants détails.

Le cathéchisme musulman compte 95 feuillets. Il est relié en maroquin fauve genre carnet, avec filets dorés et fleurs de même. Le papier est identique à celui du précédent manuscrit. Les pages écrites à l'encre noire sont encadrées de filets à encre rouge. Bien que ce manuscrit arabe porte en tête « livre sur l'élection des rois d'après notre religion », il faut y voir un


— 146 — résumé des préceptes principaux de l'islamisme. Il comprend dix chapitres dont le cinquième est consacré au pèlerinage au tombeau de Mahomet

Le possesseur provençal de ces manuscrits était noble JeanFrançois d'Alphéran, né à Aix le 29 avril 1753, paroisse de la Madeleine, comme il résulte de son baptistaire, au greffe de première instance. Sa biographie est résumée par l'auteur des « rues d'Aix » qui était son neveu. Le baron Guillibert, devenu par son mariage arrière petit-fils de Roux-Alphèran, a trouvé dans ses archives de famille des documents complémentaires et c'est ainsi qu'il présente J.-F. d'Alphéran comme prieur de la commanderie de Saint-Jean-de-Malte, puis comme officier d'état-màjor de l'armée d'Egypte. La famille d'Alphéran comptait parmi ses membres deux évêques de Malte et trois prieurs de l'Eglise de l'Ordre à Aix. Jean-François fit ses études ecclésiastiques sous la direction du dernier de ceux-ci à qui il succéda en 1788. A la révolution il dut s'expatrier et il se rendit à Malte, siège de l'état souverain de son ordre. On sait qu'après là prise de l'île, par Bonaparte, des commandeurs et des chevaliers de Malte suivirent l'armée d'Egypte. Le dernier prieur de Saint-Jean était de ce nombre, il fut encouragé en ce dessein par son compatriote, ami d'enfance, le comte de Félix du Muy, l'un des généraux qui accompagnaient Napoléon. Attaché à l'étatmajor avec le général du Muy, Jean-François fut, au retour de celui-ci avec le futur empereur, nommé aide de camp du nouveau général en chef, le baron de Menon. M. Guillibert donne de curieux détails sur le séjour en Egypte du dernier prieur d'Aix, officier d'état major. D'Alphéran prit part entièrement à l'expédition. Un des premiers arrivés, il fut.un des derniers à partir et rentra en France avec Menon en 1801. Il habita Paris et Turin et venait visiter sa famille à Aix. C'est durant un de ces séjours dans sa ville natale que Dieu rappela à lui l'ancien prieur de Malte. Ses obsèques furent célébrées le 6 octobre 1808, dans son église ci-devant de Malte. Jean-


- 147 - François d'Alphéran était décédé la veille; il fut inhumé dans le cimetière paroissial de Saint-Jean.

Ces manuscrits arabes communiqués au Congrès des Orientalistes sont précieusement conservés dans sa famille.

La séance solennelle de clôture des Congrès des Sociétés Savantes et des Orientalistes a eu lieu le mercredi 26 avril, à 2 heures, dans le hall du Palais Consulaire d'Alger, sous la présidence de M. Bienvenu Martin, ministre de l'Instruction publique et des cultes.

De très intéressants et savants discours ont été prononcés par M. Héron de Villefosse, membre de l'Institut, M. Stéphane Gsell, professeur à l'Ecole des Lettres d'Alger, et par M. le Ministre, ayant pour objet les travaux de ces Congrès et l'archéologie africaine.

Congrès de la Mutualité

Un congrès de la mutualité coloniale et des pays de protectorat s'est ouvert, à Alger, dans la salle Barthe, rue d'Isly, le vendredi 28 avril, à dix heures du matin, sous la présidence de M. Lourdes, sénateur des Landes, ancien ministre du commerce, et a continué ses travaux pendant cette journée et le lendemain.

Deux intéressants mémoires y ont été présentés par M. Gaston VALRAN, secrétaire général de la Société d'Etudes provençales, sur Les congés coloniaux et sur Les retraites ouvrières et les placements coloniaux.

Au colonial qui a obtenu un congé deux questions se posent, celle du rapatriement et celle du séjour. Le rapatriement par la mutualité a été organisé en Indo-Chine par M. Paris. L'oeuvre de la Croix Verte vient en aide aux officiers et fonctionnaires anémiés par les climats tropicaux. Il faudrait généraliser ces bienfaits en renseignantles colons ou coloniaux sur les endroits où ils pourraient à meilleur compte venir refaire leurs forces en respirant l'air de douce France et en leur pro-


— 148 —

curant cet avantage sans qu'ils aient à s'imposer de trop lourds sacrifices. On pourrait obtenir ces résultats par la. création d'un lycée climatique et colonial et de villas coloniales. Les congés coloniaux comprendraient ainsi trois rouages : l'oeuvre du rapatriement, l'oeuvre de la croix-verte, l'oeuvre des villas coloniales. Les deux premiers existent et fonctionnent; il reste à créer le second et à le mettre en branle, c'est dans ce sens que M. Valran émet un voeu.

La commission d'assurance et de prévoyance sociales a déposé le 22 novembre 1904 sur le bureau de la Chambre.._ des députés un projet où elle propose d'affecter les fonds de mutualités l'achat des valeurs industrielles et fixe à un cinquième la proportion des capitaux qui recevront cet emploi. M. Valran propose d'ajouter après les mots «valeurs industrielles » le mot coloniales et de porter la proportion du « cinquième » au quart. Ce serait un moyen de procurer des capitaux aux colonies qui en manquent et. d'élever notablement les ressources de cette caisse des retraites ouvrières, car on peut trouver aux colonies des placements de 5 à 8 et même 10 0/0 sur hypothèque. D'autres peuples européens, notamment les Allemands, affectionnent ces placements en valeurs industrielles coloniales et s'en trouvent bien.

Sociétés des Beaux-Arts

La vingt-neuvième réunion des Sociétés des beaux-arts des départements a eu lieu à l'école nationale des beaux-arts du mardi 13 au vendredi 17 juin 1905. Plusieurs communications y ont été faites par des membres des Sociétés de la région provençale; en voici le compte rendu d'après le Journal officiel.

Séance du jeudi 15 mai. — Présidence de M. Louis de Fourcaud, professeur à l'école nationale des beaux-arts, membre du comité des beaux-arts, assisté de M. Numa Coste, en qualité de vice-président, et de M. Henry Jouin, secrétaire rapporteur.


—1 49 — M. le marquis de Gantelmi d'Ile, membre de la Société d'Etudes Provençales, au nom de M. le baron GUILLIBERT, correspondant du Comité à Aix, vice-président de la Société d'Etudes Provençales, donne lecture d'une étude sur Le comte A. de Forbin, directeur général des muséesroyaux (1777-1841). La personnalité de Forbin est attachante par elle-même, mais, ce qui grandit encore l'ancien directeur des musées royaux, c'est son intimité avec Granet. La correspondance de Forbin avec Granet constitue l'intérêt principal de l'étude de M. Guillibert. D'autres lettres de Verne t, de Ballanche éclairent le milieu littéraire ou artistique dans lequel vécurent ces hommes éminents.

M. BOUILLON-LANDAIS, correspondant du Comité à Marseille, membre de la Société d'Etudes Provençales, donne ensuite lecture d'un mémoire sur Fontainieu, peintre marseillais (17601850). Ce maître appartient à un groupe d'artistes qui ont travaillé à une époque de transition. L'école académique les a traités de transfuges ; l'école romantique ne leur a pas ouvert ses rangs sans leur tenir rigueur de leur passé. Fontainieu était, à tous les titres, digne de prendre place dans la galerie des peintres provinciaux si libéralement ouverte par les délégués des départements.

M. Numa COSTE, correspondant du comité à Aix, membre de la Société d'Etudes Provençales, nous apprend les « Origines de l'école de dessin et du musée d'Aix-en-Provence ». Ces origines furent laborieuses. Le duc de Villars fut le promoteur de l'école d'Aix qu'il dota de ses deniers; mais la dotation, longtemps disputée, ne bénéficia jamais à la fondation voulue par Villars. Constantin, Clerian, les deux Chastel, Granet apparaissent au second plan dans le cadre où se dé-. roule l'action racontée par M. Numa Coste.

Séance du vendredi 16 juin — Dans son rapport général sur les travaux de la session des Sociétés des beaux-arts, M. Heniy Jouin, secrétaire rapporteur du comité, s'est exprimé


- 150 —

ainsi au sujet des communications dont nous venons de donner une analyse très sommaire

Avec M. Numa Coste, correspondant du Comité à Aix, on apprend toujours. Son étude : Les Origines de l'Ecole de Dessinet du Musée d'Aix-en-Provence a le piquant d'une anecdote prolongée. On disait volontiers que le duc de Villars avait fondé l'école en 1771. C'était inexact. Villars, gouverneur de Provence, mort le 27 avril 1770, a simplement affecté, dès 1765, par son testament, rendu public cette même année, 600 livrés de pension au profit d'un professeur de dessin. Le bénéficiaire de la charge, choisi par Villars en personne, fut le peintre aixois Charles-Marcel Aune. Observez, messieurs, que j'ai.dit « bénéficiaire de la charge » et non pas de « la pension». La nuance a sa raison d'être, car, en 1776, Aune est en procès avec les héritiers du duc et il se plaint d'avoir donné' depuis dix ans des leçons de dessin sans aucune rétribution. Or M. Coste nous apprend que le digne peintre corrigeait alors, deux fois par jour, cinquante, élèves ! Ce serait le cas de lui appliquer l'adage : Honos, onus ! Les procès usent les hommes, Aune en fit l'expérience. Appelé en Amérique pour quelque affaire personnelle, il y décéda en 1785. La ville d'Aix lui doit un buste. Son successeur fut Constantin. Mais l'Ecole fondée par Villars ne comportait que l'enseignement de la peinture. Le sculpteur Chastel (Jean-Pancrace), reçut mission en 1774, d'ouvrir une école gratuite de sculpture. Son fils JeanHippolyte-Gaspard obtint la survivance du poste vers 1788. Je m'attarde. Villars doit être félicité pour sa fondation. Toutefois elle n'appauvrit pas ses héritiers. Ce n'est qu'après leur mort que la ville entra en jouissance du legs du gouverneur. Ne soyons pas trop dur envers ses héritiers, puisque les sommes recueillies furent dispersées sans profit pour l'école de dessin. Les vivants se font rarement obéir : les morts plus rarement encore. Granet et Clérian sortirent de l'école dirigée par Constantin. Clérian supplanta son maître. Il ouvrit en 1838 le musée qu'il remplit de ses propres toiles, mais dix ans


— 151 — plus tard, Granet légua la majeure partie de ses études à sa ville natale et Clérian ne fut plus goûté. Granet règne en maître au musée d'Aix où plane le souvenir aimable de Constantin.

Nous devons à M. Bouillon-Landais un profil de son compatriote le paysagiste Barrègue de Fontainieu : le peintre est né en 1760. Il est mort nonagénaire. Ses principales oeuvres sont datées de l'Italie. Fontainieu n'est pas indigne de fixer l'attention. Il fut sincère, quelquefois personnel, toujours en effort. Il appartient au groupe très respectable de ces esprits droits qui s'efforcèrent de rompre les lisières académiques, pour prendre leur essor vers le naturalisme. Sont-ce des romantiques? Ce serait trop dire. Bornons nous à les qualifier du titre de précurseurs. Constantin, Bruandet, Boguet, Dagnan sont du même groupe. Rarement on parle d'eux avec justice, parce que, selon l'heure, ils sont «ancien régime » ou « révolutionnaires». Tout le monde n'a pas la chance de vivre en des temps paisibles, exempts de contradictions et d'erreurs. Plus méritoire, d'ailleurs, et plus attachante est l'existence des maîtres qui, à l'exemple de Fontainieu, n'ont pas cessé de produire dans la tempête.

« Le comte de Forbin, directeur des Musées royaux, tel est le titre de l'étude composée par M. le baron Guillibert, secrétaire perpétuel de l'Académie d'Aix. C'est plus qu'une étude personnelle bien documentée, c'est une autobiographie dont les touches adoucies s'exaltent sous l'action lumineuse que dégagent les lettres de Vernet, de Lamartine, de Ballanche. Le comte de Forbin a tenu le pinceau avec talent ; il a été durant de longues années un haut fonctionnaire de la couronne, mais ce n'est ni dans ses toiles ni dans le rôle administratif qu'il remplit avec dignité, que gît l'intérêt principal du travail de M. Guillibert, c'est dans la correspondance de Forbin avec son compatriote et son ami Granet. Forbin est un homme de race. Il écrit en lettré. Il pense en critique. Il conseille en ami. La première en date des lettres de Forbin-


— 152 — est de 1810. Elle est signée : «baron de Forbin ». Le titre de baron lui avait été conféré le 30 janvier 1810, Forbin étant alors chambellan de S. A. I. la princesse Pauline. Ce détail est nouveau. Il éclaire un point d'histoire. Ballanche s'entretient avec le directeur des musées royaux de la santé de Mme Récamier et conserve l'espoir de rencontrer bientôt le comte de Forbin dans le salon historique de l'Abbaye-auxBois. Horace Vernet parle de lui-même et aussi des autres; les autres pèsent peu sous sa plume. Mais ce qui est essentiel, humoristique, pris sur le vif, c'est la correspondance de Forbin avec son ami Granet. M. Guillibert nous a fait pénétrer, en 1904, dans l'intimité du prince des moines et des couvents. Forbin, par ces confidences, pose en quelque sorte l'homme et l'artiste dans son jour, au point exact où il convient qu'il soit placé. Granet avait envoyé au Salon de 1819 un Intérieur du choeur de l'Eglise des Capucins de la place Barbarini à Rome, et Forbin lui écrit : « Tes Capucins sont placés de façon à produire tout leur effet, et il est inconcevable. Ils font l'admiration de tous ceux qui les voient et on ne peut pas les en arracher ». Sous la Restauration, les fonctionnaires, si haut qu'ils fussent, ne se sentaient pas à l'abri de la disgrâce. C'est en 1820 que Forbin trace ces lignes inquiétantes: « Sa Majesté m'a reçu avec beaucoup de bonté et m'a assuré de sa haute et constante protection. Mais d'infâmes ennemis se sont bien remués pendant mon absence. La calomnie est allée son train. Des gens honnêtes en ont été indignés et on a mis sous les pieds ces plates et odieuses délations ». Forbin avait servi sous l'empire. Les envieux font flèche de tout bois : « Ducis parle quelquefois de toi, mais plus souvent de lui. C'est d'ailleurs assez l'usage de ce pays et il n'y déroge pas. On ne sait pas ce que fait Gérard ; il est toujours mystérieux. Gros ne s'occupe pas des autres, mais il est aimable de manières. Je le laisse dans son triste coin ». Ces profils datent de 1821. Vient-il à parler d'un de ses propres;tableaux, Forbin n'y met point d'orgueil : « Tu le verras et le jugeras, écrit-il ; peut-,


— 153 — être est-ce encore de la peinture de Chambellan? Je l'ignore». Le 23 juin 1821 nous relevons ce post-scriptum suggestif: « Bonaparte est mort. La nouvelle est officielle ». L'épitaphe est brève. Thomas Lawrence est aux Tuileries. Il fait les portraits du roi, du dauphin, de la dauphine. Les courtisans exaltent le peintre anglais et Gérard se fait courtisan. Il embrasse Lawrence à l'étouffer. Forbin garde plus de mesure, il n'abdidique pas. Horace Vernet peint Mazepa. David meurt à Bruxelles. Mais, au milieu de ce flot d'événements, Granet demeure au premier plan. Forbin le presse de lui écrire et, lorsqu'il a reçu de bonnes nouvelles de son ami, Forbin le remercie en citant le vers de Ronsard :

Un peu plus que toujours, ta lettre m'a charmé.

La correspondance de Forbin appelle à son tour sur nos lèvres l'alexandrin flatteur du poète de Charles IX. »

La séance de clôture de la réunion, a eu lieu le samedi 17 juin, à 2 heures, dans la salle de l'hémicycle de l'école des beaux-arts, sous la présidence de M. Valentino, chef du bureau de l'enseignement et des manufactures nationales au soussecrétariat d'Etat des beaux-arts, remplaçant M. le Sous-Secrétaire d'Etat, empêché.


Le premier et le dernier

des Craponne

Le 10 août 1633, Paul 1er de Grignan fit procéder à la preuve de son fils puîné, Balthazard de Grignan, dit Craponne, pour la croix de Malte. Il fit faire cette preuve « par témoins, sur les quatre races portées par l'ordre et par titres authentiques mentionnés dans la preuve littérale. » Il la justifia « de père à fils, de douze races, soubs le mesme nom et soubs les mesmes armes, et par des documents qui en qualifient les hommes advantageusement et au delà du commun des gentilshommes. »

Paul Ier de Grignan était fils de Jean, écuyer de Montdragon et seigneur d'Hauteville, et de Jeanne de Craponne, fille unique de Frédéric, frère d'Adam. Il avait épousé Catherine d'Isnard et eu eut huit enfants : Claire (21 janv. 1603) ; JeanFrançois (9 juin 1608); Gaspard (22 oct. 1610, mort en 1612J ; Pierre (fille, 31 déc. 1611) ; un fils baptisé qui ne vécut qu'une heure (22 fév. 1613) ; Isabeau (22 oct. 1614) ; Balthasard nommé Craponne (13 juin 1617), Marguerite (9 janvier 1619).

Paul de Grignan avait donné à son fils Balthazard le nom et les armes de Craponne en souvenir de son aïeul, Frédéric, et de son grand oncle, Adam de Craponne. Parmi les pièces fournies pour la preuve de Malte et qui furent consignées entre les mains de M0 Raybaud, greffier de l'ordre, il en est une, toute particulièrement intéressante et qui fait partie des archives de la famille de Grignan, acquises récemment avec la branche d'Istres du canal de Craponne par la commune d'Istres.

Il s'agit d'un « instrument » par lequel « Louis troisiesme, « roy de Jérusalem et de Sicile, comte de Provence, fist do« nation à noble Jean de Craponne du droit de lods du pre-


— 155 — « mier fief noble qu'il acqueroyt en Provence 1 et ce, en con« sidération du Seigneur evesque de Sisteron, oncle dudict « Sr de Craponne ; laquelle donation, faicte à Naples le 24 oc« tobre 1427, dûment authentiquée et exhibée au S 1' comman« deur en la preuve dudict feu chevalier de Grignan, sur la « preuve à faire de l'armoyrie de Craponne qui remonte la « justificaiton de ceste maison de Craponne en France, jus« qu'à ceste année 1427. »

Tels sont les termes dans lesquels P. de Grignan, dans un écrit intitulé Généalogie de Craponne, annexé à son livre de raison, parle de cet acte et nous avons trouvé l'acte lui-même parmi tout un lot de vieux papiers, malheureusement en bien mauvais état, pêle-mêle avec des titres concernant le canal.

A vrai dire, la découverte n en est pas une ; le fantaisiste auteur de la Toscane Françoise, l'Hermite de Souliers, avait déjà cité ces lettres patentes (article : Craponne) et, sur la foi de cet auteur, tous les biographes d'Adam de Craponne ont reproduit ce renseignement, en faisant toutes réserves, faute de le pouvoir prouver par l'apport d'un texte certain.

Or ce texte existe et il mérite d'être mis en lumière, parce qu'il établit, d'une manière à peu près sûre, que l'illustre ingénieur à qui la Provence doit tant de bienfaits était d'origine méridionale et qu'il nous donne le nom patronymique d'une famille illustre. — Jean de Craponne, s'appelait Jean Garreyruu; il était originaire de Craponne" 2 en Auvergne, comme son or.cle,l'évêque de Sisteron, Robert du Four 3, en considé1

considé1 y a ici une inexactitude. Ce n'est pas le droit de lods dont le roi fait remise à J. de Craponne, c'est son droit de prélation (retrait féodal) par lequel le seigneur peut retenir le fief qu'on aliène, pour le prix qu'en donne l'acheteur; et l'acte dit expressément que J. de Craponne aura, s'il use de la faculté qui lui est donnée, à payer les lods (sohendo si quidcm jura laudimii trezeni nobis et dicte curie nostre pertincntia).

Le village de Craponne, bien connu pour ses fabriques de dentelles, fait actuellement partie du dép. de la Haute-Loire, arr. du Puy. Il existe un autre Craponne, dans le Rhône, arr. de Lyon à 7 kil. à l'est de Vaugneray.

3 Robert du Four fut évêque de Sisteron de 1414 à 1437, Albanès (Gallia


- 156 -

ration de qui Louis III fit la donation que nous publions cidessous :

Donation faicte par Loys troysiesme, Boy de Jérusalem et Sicille, comte de Provence, à noble Jean de Crapponne, en l'année 1427 et le 24 octobre. (Titre sur le repli) '.

Ludovicus tercius, dej gratia rex Jérusalem et Sicillie, dux Àndegavie, comitatuum Provincie et Forcalquerii, Cenomanie ac Pedemontis cornes, illustri fratri nostro Carolo,.in dictis comitatibus nostro vicesgerenti, et consilio sibi assistent!, nec non thezaurario generalli dictorum comitatuum presenti scilicet et futuris ad quos spectat et présentes pervenerint, fidelibus nostris dilectis, gratiam, etc.. Suplicationibus nostre magestatis (sic) porrectis, pro parte reverendi in Christo patris R. episco.pi Sistaricensis, consiliarii et fidelis nostri, in personam carissimi fidelis nostri nepotis sui nobilis Johannis Gareyronis de Crapona, bénigne ut sequitur inclinati, eidem Joanni, série presentium, de certa nostra scientia et gratia specialli jus pre-. lationis quod nobis et nostre curie competit, primo feudo nobilli, quod in dictis nostris comitatibus vendatur seu aenalle rfoneiur (?) duntaxat | ejus precium in venditione sommam mille ducatorum non excédât, quod idem Joannes per se vel per alium aceptandum ducerit, aut retinendi, solvendo si quidem jura laudimii trezeni nobis et dicte curie nostre pértinentia, damus donamus et concedimus per presentes, quare volnmus et vobis expresse mandamus quathenus eundem nobilem Johannem, cum casus venditionis occurrerit alicujus l'eudi nobilis in dictis nostris comitatibus in retinendo nostro nomine nullo titulo (?) impediatur, quynimo sibi assistatur ope, opère, auxiliis, consiliis et favoribus oportunis, et dicto jure prelationis nobis competens (sic) uti frui et gaudere patiamini et libère solvendo nostre curie jura débita permitatur quibuscumque Iiteris in adversum conccssis vel concedendis nonobstantibus.

Datum Neapoli per egregium et nobilem virum Vitalem de Cabanis et die vicesima quarta mensis octobris, anno iiicamationis■ domini

| millesimo quadringentesimo vicesimo septimo, sexto indictionis.

Christiana novissima I. 739) reproduit à propos de ce personnage la mention du Livre vert, fait par l'évêque Laurent Dureau (note 6): «... Robcrtits de Crapona, in Alvernia, qui eccïesiajn annis xxx rexit, qui ecclesiae plurima bona contulii. Hic pro cognomine de Fumo dicebalur.

1 Ainsi que nous l'avons dit, le texte est en mauvais état et la copie déchirée en plusieurs endroits ; nous indiquons en italiques les parties qu'il a fallu restituer.

[v°]

[f° 2]


— 157 —

Per regem, domino Archiepiscopo Aquensi et Tristano de la Jaïlla, presentibus. Arnaudus sic signatur.

— Extraict et dûment coilationné, signé Arnaud à l'original descript dans un caier 1° 147 v° auquel les actes du deffunt roy de Jérusalem et de Cicille, comte de Provence et de Forcalquier sont incerés 1, estant rière nob. Jacques de Caradet qui l'a exhibé et retiré des mains de moi, notaire royal soubsigné ; segond aoust mil six cens huict, Guilhe[aum]e Giraudon.

Pourquoi Paul Ier de Grignan, dans les longs et pompeux développements qu'il consacre à l'origine de la maison de Craponne, soit dans son livre de raison, soit dans la généalogie, ne parle-t-il que très vaguement de cet acte que cependant il connaissait puisqu'il en fit lever copie et qu'il le produisit au dossier de son fils ?

C'est qu'apparemment, vu les fausses idées de son époque, le nom de Garreyron et la provenance auvergnate lui semblaient moins flatteurs et moins nobles que l'origine italienne : sicilienne ou pisane. Et cependant, c'est là qu'il faut s'en tenir. Le premier Craponne mentionné dans les actes de famille fut Frédéric, gentilhomme sicilien(?), qui vint habiter Montpellier vers 1450 ; ce Frédéric eut pour fils Guillaume, lequel eut pour enfants : Frédéric, Adam, Jeanne et Catherine. Mais il était lui-même le frère ou le fils de ce Jean Garreyron, de Craponne en Auvergne, en faveur duquel Louis III renonça à son droit sur un fief noble de Provence. Sans cela on ne saurait expliquer comment le souvenir de l'acte que nous venons de reproduire se serait perpétué dans la famille, au point d'être, lorsque besoin en fut, exhibé pour une preuve de Malte.

Au contraire, nous ne trouvons nulle part dans les papiers des Grignan-Craponne trace d'une filiation précise rattachant les Craponne de France à ceux d'Italie. Bien plus, il est très

Qu'est devenu ce registre ? Peut-être est-il encore aux minutes de Jean de Caradet dont « nob. Jacques de Caradet " cité par l'acte, devait être un descendant.


- 158 - probable que les deux familles n'ont jamais rien eu de commun qu'une certaine similitude de nom qui permit en temps utile aux intéressés de les confondre.

Bernardo la Caprbna ou la Crapona passa, au dire des généalogistes italiens, de Pise en Sicile sous le règne du roi Alphonse, avec RobertoPisanello et d'autres familles pisanes. Il acheta le Comté de Modica, en 1445, et les terres d'Àlcamo, Caccamo et Calatasimi en 1446; un de ses descendants était en 1551 maître rational du royaume de Sicile '. Ce nom de la Caprona a évidemment pour origine un sobriquet - et n'a rien avoir avec le Crapona, in Alvernia, d'où étaient originaires l'évêque Robert du Four et son neveu Jean Garreyron. — Il est vrai que les armes des deux familles sont les mêmes ; mais n'oublions pas que nous ne connaissons le blason des Craponne que par César de Notre-Dame 3, et que le souci évident pour cette famille de se rattacher à une origine italienne explique qu'à une époque où l'on était si peu scrupuleux à ce sujet et si coutumier de pareilles supercheries, « le château de sable bâti de deux tours à l'entremur crénelé penchant en bande, sur lequel est une aigle fondant de même » des la Caprona de Sicile ait été adopté par les Craponne de Montpellier.

En résumé, il faut s'en tenir aux textes. Or, aucun texte précis et officiel ne démontre que le premier Frédéric de Craponne fut d'origine italienne, tandis que les lettres patentes de Louis III établissent qu'en 1427 un Craponne, originaire d'Auvergne et dit Jean. Garreyron de Craponne reçut le droit

1 Teatro geuealogico délie fanuglie nobih' titolatc feudatarie ed antiche nobili del fidelissimo regno di Sicilla del S, don Filadelfo Mngnos. Palerme, 1667. —1, 223: Délia famiglia Çaprpna.

2 Capronc en italien signifie bouc; il se dit par sobriquet des gens qui ont une iongue barbe. La Caprona équivaudrait à peu près en français à Lachèvre.

3 César de Nostre-Dame avait épousé le 24 février ]6o<|. Claire de Grignan. tille de feu Jean et de Jeanne de Craponne.


— 159 - d'acquérir, par préférence à tout autre, le premier fief noble qui serait vacant en Provence 1.

II

— Tel fut le premier des Craponne. Le dernier qui porta ce nom fut, nous l'avons dit, Balthazard de Grignan. La maison s'était régulièrement terminée en la personne de Jeanne de Craponne, fille de Frédéric et nièce d'Adam, morte le 7 mai 1604. Mais le fils de Jeanne, Paul de Grignan, reprit le nom et les armes au profit de son fils cadet.

L'histoire de Balthazard de Grignan-Craponne est bien courte ; elle est toute entière consignée dans le livre de raison de son père qui, pour un instant, oublia ses innombrables procès et sut pour une fois ne pas parler que de ses intérêts et de ses droits.

Craponne était né le 13 juin 1617 ; le 26 janvier 1631, il fut donné page à Monseigneur le duc de Guise, gouverneur de Provence; son père l'accompagna à Marseille et partit « laissant trente six pistoles dans le logis de mondict Seigneur, soit pour le droit des écuyers et des pages, soit pour aultres estrennes que j'ay faictes donner aux domestiques du logis. » Le 10 août 1633, il fit ses preuves pour l'ordre et partit pour Malte l'année suivante.

— Le livre de raison continue en ces termes 2 :

« — Le [7 février 1634, je l'ai remis à Marseille es mains de Monsieur le comandeur d'Aulps, qui a voulu se charger de sa conduite à Malthe et auquel j'ai donné l'argent de son passage en 143 pistoles

1 C'est sans la moindre apparence de preuve que M. J. Alphandéry, dans sa brochure sur Adam de Crapponne avance que les Craponne établis dans l'Hérault (sic) se seraient parés du titre d'écuyer pour se distinguer de ceux restés en Italie. Dans leur ouvrage sur Adam de Crapponne et son Canal, livre plein de renseignements précieux pour le régime des eaux, MM. Bertin et Audier ont sagement évité de se prononcer et tenu la balance égale entre les deux hypothèses.

5 Nous avons cru pouvoir dans cette longue citation, éclaircir le plus possible l'orthographe bizarre de J. de Grignan qui rendrait le texte trop pénible à lire.


— 160 —

Espagne pour en acquitter à Malthe 250 escus d'or en or, que la Religion prend ; 15 escus d'or, la langue de Provence et le reste pour le passage de Marseille à Malthe. Par dessus cela, outre les habits qu'il a portés, savoir ceux de la livrée de son mestre et un que je lui en fis pour Malthe, assorti avec des dentelles d'argent, je lui ai despensé ou laissé, partant de Marseille, 150 livres.

Le 27 fév. 1634, ils se sont embarqués sur la tartane de Malthe, commandée par M. le chev. Gravier, frère servant, avec Mrs les commandeurs de Montmeyan, de Vérignon, de Collongue et aultres, en nombre de une trentaine de chevaliers et sont arrivés à Malthe le cinquiesme jour de leur embarquement.

Le 28 mars 1634, il fust reçu au Conseil de Malthe composé de 36 grands croix ou chevaliers, unanimement et pas une ballotte contraire. Les preuves furent reçues nonobstant une forte cabale que le chev. de Grignan 3, frère de M. le comte de Grignan y avoit faite, pour empescher la réception de la preuve soubs le nom de Grignan, qu'il s'estoit imaginé aultre que l'uy ne pouvoir porter en France et qui est demeuré dans le désordre, en son imagination, comme condamnée de tout le monde et, dans la suite des ans, par luy mesme.

Le 20 juin 1634, après sa preuve reçue, il est revenu à Florence ytrouver Monseigr le duc de Guise, son maistre, auprès duquel il a continué sa livrée jusques au mois de février 1637, que mondit seigneur agréa qu'il allât à Malthe pour y commencer ses caravanes, où" il alla avec de soings particuliers que le prince prit à le y mander avec sûreté.

Il arresta à Malthe un an dix mois, dans lequel temps il List deux caravanes et, à un combat célèbre que les galères de Malthe firent contre quatre vaisseaulx corsères, le garçon s'y estant tout particulièrement signalé, il fust blessé d'une mousquetade à la cuisse et d'un esclat de canon à la teste, dont il guérist à Malthe quelques mo}'S après.

Le moys de novembre 1638, Monsieur le baillif de Forbin ', du despuis grand prieur de Saint-Gilles, ayant esté délégué à Malthe, pour venir féliciter en France, le roi Louis treziesme de la naissance du Daulphin, né à Paris le 5 septembre mesme année, il avoit choisi quatre chevaliers pour l'accompagner à ce voyage, savoir : les chev. de Vins, de La Fare, de Guardane 2 et le mien et le mauvais temps

1 Jean-Louis d'Adhémar de Monteil de Grignan, reçu en 1601. 3 Paul-Albert de Forbin Bonneval, reçu dans l'ordre.le 4 mai 1588, fut grand prieur le 15 février 1644. 3 Toussaint de Garde Vins, reçu en 1621 : Antoine de la Fare d'Hercules.


— —

l'ayant arresté quelques jours à Messyne, sur quelque légère raillerie arrivée entre le chevalier de Castellet 3 et le mien, ils se battirent à Messyne en combat particulier où, par un malheur bien grand, mon chevalier ayant blessé le Castelet de trois coups d'espée, sans rien prendre, savoir : au bras, au visage et à travers le corps, ne voulant pas l'achever mais bien le désarmer, l'autre, par un coup de désespoir, prenant son espée avec les deux mains, se jette sur le mien et, par un seul coup qui n'entra au tetin gauche que bien peu, il y fust tué, le jour Saint-Martin 12 novembre 1638.

Il ne vécust que une heure et mourust entre les bras de M. le commandeur de Vallansai qui y estoit accouru pour esviter le malheur. Son homme a vescu quelques mois après et en après mort en Piedmond. Dieu leur aist faict paix à tous deulx !

Il est mort à la vingtiesme année de son âge et au quatriesme combat particulier qu'il avoit fait et, affin que ceulx qui viendront en après lui dans ceste maison soient excités par son exemple à la vertu, je suis contrainct de dire, ce que tous ceulx qui l'ont connu ont prosné de lui : que c'estoit la norriture la plus advantageusement achevée qu'aultre de son âge pouvoit avoir et qui avoit le mieux profité à l'entour de ce prince à qui je l'avois donné à l'âge de 12 ans, et qui lui a esté auprès et de Mrs les princes ses enfans, jusques à l'âge de dix huit ans qu'il est allé rendre ses services à Malthe, ayant esté le seul de tous les pages que le prince avoit en Provence, qui l'a suivi en Italye avec sa livrée et qui a eu l'honneur de prendre son eslève, sa norriture et ses meurs auprès du plus accomply prince de son temps ; après quoy, il ne pouvoit jamais avoit rien de bas et, si ce pauvre garçon eusse vescu, il ne fault pas doubter qu'il n'eust porté et son nom et sa croix aussi hault qu'un aultre pouvoit faire. — »

— Nous espérions trouver dans les papiers de Grignan le livre de raison d'Adam de Craponne dont MM. Bertin et Audier font si bien ressortir l'importance, car ce livre est mentionné en plusieurs actes. Notre espoir a été vain. De même rien n'est venu nous renseigner sur le lieu de naissance du grand ingénieur : Salon ou Montpellier? Adhuc sub judice

reçu en 1653 ; Louis ou Vincent de Forbin Gardanne, reçus tous deux en 1628.

3 Jean de Glandevès-Castellet. reçu en 1620 ou bien Pompée de GaléanCastellet reçu en 1621.


lis est et, faute de textes probants, chacun tranche la question au gré de ses sympathies de clocher.

Adam de Craponne n'a pas été plus heureux avec les érudits qu'avec les hommes de loi ; il fournira longtemps encore aux uns comme aux autres, matière à bien des controverses,à bien des discussions passionnées.

E. AUDE


NÉCROLOGIE

JOSEPH LIABASTRBS

1842-1904

Joseph Liabastres, officier de l'instruction publique, secrétaire-correspondant de la Société d'Etudes Provençales, est décédé à Carpentras, après une longue maladie, le 24 novembre 1904. Il n'avait que 62 ans.

11 y en avait à peine quinze qu'il avait succédé à M. Barras, en qualité de conservateur de la Bibliothèque et du Musée de Carpentras. Jusqu'alors il avait occupé divers emplois administratifs, et, en dernier lieu, il avait été chef de division à la préfecture d'Alger.

Il se consacra avec ardeur à la nouvelle tâche qui lui était confiée. Se rendant judicieusement compte de tout ce qui lui manquait pour être un parfait bibliothécaire, il se mit avec courage à l'étude et ne tarda pas à être au courant des questions d'histoire locale, de bibliographie et de paléographie. Bientôt il fut à même de répondre aux nombreuses demandes des érudits français et étrangers pour lesquels la collection de Peiresc est une mine inépuisable de documents. Aussi s'est-il acquis la réputation bien méritée d'un fonctionnaire des plus aimables et des plus obligeants

A peine était-il placé à la tête de son service qu'à l'occasion du centenaire de la réunion du Comté-Venaissin à la France, on lui demanda de publier une histoire de Carpentras. Il avait peu de temps devant lui, il ne connaissait encore qu'imparfaitement les sources où il devait puiser, il ne recula pas cependant devant la besogne, et, à l'aide surtout de l'oeuvre manuscrite de Fornéry, il écrivit le volume in-4° qui parut en


- 164 — . 1891 1, sous les auspices et grâce à la libéralité du Mécène carpentrassien, Isidore Moricelly. C'est un résumé attrayant des annales de la ville, qu'il poussa jusqu'à nos jours. L'ouvrage est illustré de nombreuses, photogravures d'après les dessins de MM. Charles Lopi et Joseph.Eysséric et les photographies de M. Suard.

Son oeuvre principale est. le Catalogue des manuscrits de laBibliothèque de Carpentras, qu'il rédigea en collaboration avec MM. A. Molinier, L. Duhamel et L.-H. Labande -. A lui appartiennent plus spécialement les notices des manuscrits modernes analysés dans le tome XXXIV et les descriptions de presque toute la collection Peiresc qui occupe la plus grande place dans les tomes II et III de la première partie.

Il avait aussi classé la précieuse collection Barjavel, relative à l'histoire locale, et il en avait fort avancé le catalogue sur ficlies. En même temps il avait projeté de refondre le Dictionnaire biographique du département de Vauclnse de ce même Barjavel, d'en élargir le plan, d'y faire entrer aussi la description géologique, historique et pittoresque des différentes localités du département 3. La maladie l'a empêché de mettre à exécution ce projet pour lequel il avait amassé de très nombreuses notes.

ïl avait publié dans nos Annales des documents du XIVe siècle, provenant de l'archevêché d'Embrun, qu'il avait découverts dans la Bibliothèque confiée à ses soins l.

Enfin, on devra lui savoir gré d'avoir fait transporter dans le local de l'Inguimbertine le fonds des archives communales

1 Histoire de Carpentras, 1 vol. in-4° de 284 pages, illustré de nombreuses photogravures d'après les dessins de MM. Charles Lopi et Joseph Eysséric et les photographies de M. Isnard ; Carpentras, L. Barbier, 1891.

2 Tomes XXXIV, XXXV et XXXVI de la collection ministérielle.

3 Voir Annales de la Société d'Etudes Provençales, 1er année, janvierfévrier 1904, p. 35.

4 Annales de la Société d'Etudes Provençales, 1er année, n° 4, juillet-août 1904, p. 168-175..


- 165 - de Carpentras, qui était jusqu'alors à peu près inaccessible. Il n'a pas eu le temps malheureusement d'en établir définitivement le classement, mais il n'a pas moins rendu, en cette circonstance, un très grand service aux érudits.

Ajoutons à cela que Liabastres consacrait à la peinture les loisirs que lui laissaient ses absorbantes fonctions et ses travaux d'érudition. Son père, Marcellin Liabastres (1813-1867), doué de beaucoup d'aptitude pour le dessin, après avoir fait ses études au lycée de Rodez, alla à Paris où il fut d'abord secrétaire du proviseur du lycée Saint-Louis, puis attaché au cabinet de M. de Remusat, et fréquenta le monde artistique et littéraire de 1828 à 1840, ami de Jeanson, Fragonard,Gayrard, compagnon de Soulès, Jacques, Décamps.

Fonctionnaire obligeant et dévoué, esprit curieux et artiste, travailleur opinâtre, tel était l'homme que la mort nous a ravi. Au nom de la Société d'Etudes Provençales dont il fut un des premiers adhérents et le dévoué secrétaire-correspondant, au nom d'une vieille amitié, nous nous faisons un devoir de rendre hommage à ses qualités. Puisse cette courte notice consoler la douleur des siens et perpétuer sa mémoire parmi nous !

PH. BIGOT,

Professeur au Collège de Manosque.


CHRONIQUE

Le Bureau de la Société d'Etudes Provençales a reçu et accepté les adhésions suivantes :'

BIBLIOTHÈQUE municipale de Draguignan. CHAILAN (abbé), curé d'Albaron-en-Camargue, Bouches-duRhône.

Comités départementaux des documents économiques de la Révolution française. — Dans sa séance du jeudi 20 juillet, sous la présidence de M. Caùseret, le Comité des Bouchesdu-Rhône a pris connaissance "de diverses lettres émanant soit du Ministère soit de la Commission centrale qui louent la méthode et l'activité du Comité dans ses travaux et approuvent, en principe, la publication des cahiers de doléances qui lui ont été soumis, sauf à se conformer aux instructions plus récentes. Le secrétaire annonce qu'il a reçu d'intéressants documents de M. Moulin, de Marseille, et M. l'abbé Chailan, curé d'Albaron. M. Lacaze-Duthiers donne connaissance des 13 cahiers des doléances des corporations d'Arles qu'il a trouvés récemment.

Dans la séance du mercredi 5 juillet 1905 le Comité départemental du Var a pris connaissance des lettres et circulaires ministérielles arrivées depuis sa dernière réunion. Il a entendu l'exposé par le secrétaire des résultats obtenus au triple point de vue du classement aux archives communales, de la recherche des cahiers des doléances de l'étude relative à la vente des biens nationaux et a examiné les mesures à prendre pour aboutir rapidement.

Aix. — Un congrès agricole régional du Sud-Est s'est réuni à Aix le samedi 27 et le dimanche 28 mai. Son objet était d'étudier les mesures à prendre pour sauvegarder les intérêts agricoles de notre région, gravement menacés par l'ouverture de la ligne du Simplon.


— 167 —

Antibes. — Don aux archives. — Feu M. Georges Aubernon a légué aux archives d'Antibes « les papiers de son père et de son grand-père, relatifs aux fonctions que ceux-ci ont remplies ». Ces papiers, contenus dans « cartons, sont ceux de Philippe Aubernon, ordonnateur en chef des armées pendant les guerres de la Révolution et de l'Empire et sous la première Restauration, et ceux de Joseph Aubernon, préfet de Seine-et-Oise et membre de la Chambre des Pairs sous LouisPhilippe. »

Ces documents ont une grande valeur et on y trouve, entre autres pièces, un certain nombre de lettres des personnalités les plus marquantes de ces époques.

Draguignan. — Par arrêté municipal M. Edmond Poupé, professeur au collège et secrétaire-correspondant de la Société d'Etudes Provençales, a été nommé conservateur du Musée et de la Bibliothèque de la ville en remplacement de M. O. Teissier. On ne pouvait faire un meilleur choix et confier la bibliothèque et le musée à des mains plus dévouées et plus expérimentées.

A la séance du vendredi 26 mai 1905 de la Société d'Etudes scientifiques et archéologiques, à l'occasion de la lecture du procès-verbal de la dernière séance relatif à la communication de M. Mireur, une nouvelle explication est donnée du mot affournage corruption de fournage. D'après Du Cange, etc., fournage serait synonyme d'affouage. Le droit de faire du feu représenterait celui d'aller prendre du bois de chauffage moyennant redevance. M. le Dr Burtez entretient ensuite l'assistance des progrès réalisés en ces dernières années dans la connaissance de la constitution physique du soleil, s'arrête un instant sur la spectroscopie dont il indique les résultats généraux les plus essentiels et parle enfin des tâches solaires, de leur origine et de leur évolution. Il est procédé au renouvellement du bureau. Sont élus : MM. le Dr Doze, président ; Joseph Azam fils, vice-président ; Perrimond, secrétaire ; Charles Azam, trésorier ; Sextius Guérin, conservateur.


— 168 —

A la séance du vendredi 23 juin, M. Raffin donne lecture, au nom de M. Mireur, du chapitre 1" d'une étude historique sur le canal et les irrigations de Draguignan, canal dont la construction, contrairement à la tradition, remonterait à une époque voisine de l'expulsion des Sarrazins. Le même membre analyse ensuite, en en lisant quelques extraits, une notice historique et archéologique, sous presse, de M. l'abbé Chaperon, curé de la Martre, sur l'abbaye cistercienne de moniales d'Endemueyes près Châteaurieux (Var). Elle aurait été détruite pendant les guerres de Raymond de Turenne. Le bureau est chargé d'élaborer un programme en vue de la célébration en novembre ou décembre du cinquantenaire de la fondation de la Société.

Nice. — Nous n'avons presque rien à dire de la Société des Lettres, Sciences et Arts des Alpes-Maritimes. Le 20 mai, M. Reynaud a étudié la réglementation des métiers à Nice au XIIIe siècle, et M. Doublet, la vie et les mémoires de JeanGaspard de Grasse-Thorenc, chanoine et vicaire-général de Cavaillon sous Louis XIV (d'après le travail de M. le conseiller Jouve, publié en 1903 dans les Mémoires de l'Académie de Nimes). La Société est entrée en vacances et ne reprendra ses

séances qu'en novembre.

G. D.

Paris. — De nombreuses toiles d'inspiration provençale ont figuré, comme les années précédentes, au Salon des artistes français. M. Décanis a exposé des Amandiers en fleurs ; M. Casile, Un talus de chemin de fer ; M; Th. Mayan, des Amandiers en fleurs ; M. Vayson, un diptyque représentant un Paysage de la Crau, le soir, et un Paysage de Vaucluse, le matin ; M. Guindon, l'Orage ; M. T. Jourdan, des Moutons ; M. Paul Saïn, le Pont de Saint-Béneçet ; M. Montagne, une Vue de Grignan; M. Reynaud, un groupe de Dénicheurs ; M. Eysséric, une Solitude ; M. Olive, une Entrée du Vieux Port ; M. Signoret, le Port de Mourepiane ; M. Cagliardini, un Bord de Mer ; M. Claverie, une Vue des Martigues ;


— 169 —

M. Gaussen, Sous la Corniche ; M. Crémieux, l'Anse de la Vieille-Chapelle; M. Nardi, une Vue de Senary ; M Tsaïloff, VAnse du Prophète ; M. Aubery; un Retour de Pèche... Nous ne pouvons les citer toutes, mais nous ne voulons pas oublier le Portrait de M. V. Leydet, vice-président du Sénat, par M. Louis Leydet.

BIBLIOGRAPHIE

MORF HEINRICH. Aus Dichtung und Sprache der Romanen. Vortrage : Strasbourg, Trùbner, 1903, 540 p.

La critique a beaucoup apprécié le portrait que l'auteur fait du grand poète de la Provence, F. Mistral.

DOCTOK. CASPAR DECURTINS. La littérature néoprovençale, Coire, chez Casanova.

Ouvrage apprécié par Camille Pitollet dans la Revtie critique d'histoire et de littérature, 39e année,n° 7, Paris, Leroux.

PROF. GUSTAV GROBER. Grundriss der romanischen Philologie, I Band, 1. Lieferung, 2. Verbesserte und vermehrte Auftage. Strassburg, 1904, Teubner (256 S.); contient un article de Suchier sur la Langue française et provençale et leurs dialectes.

Die Zeit, nos 486 et 487, contient un article de HansWeberLatkow sur Sophie de Monnier.

Litteraturblatt fiir germanische und romanische Philologie, 25e année, n° 1, contient un article sur Neue provenzalische Veroffentlichungan, de SACHS ; un autre intitulé : Athénée de Forcalquier et Félibrige des Alpes, par KOSCHWITZ.

Deutsche Rundschau 30 Jahrgang, Heft : contient un article de A. STERN sur Mirabeau und Lavater.

Fagliche Rundschau, de Berlin, 1905, nos 106, 111 et 122 : contient un article de G. WEGENER, intitulé : Einc Reise in


— 170 —

die mittaglichen Provinzen von Franhreich (die Landschagt der Provence. Avignon). F. GONIN.

Revue Numismatique, 40 trimestre 1904. — COMTE DE CASTELLANE : Le gros tournois, de Charles d'Anjou et le gros tournois du Roi de France; très intéressant mémoire où l'auteur démontre autant que faire se peut quand on n'a pas de preuve écrite, que ces gros tournois ont été battus en Avignon par le comte de Provence et le Roi de France, seigneurs en pariage de cette ville. M. de Castellane aurait pu aller plus loin et attribuer également à Avignon les derniers tournois reproduisant exactement les types centraux des gros, puisque M. Blanchet a démontré que le gros n'est autre chose qu'un denier augmenté d'une bordure de douze lis rappelant qu'il vaut douze deniers ou un sou, celui-ci n'ayant été jusqu'à Saint-Louis qu'une monnaie de compte.

D'après les procès-verbaux de la Société française de Numismatique, M. de Castellane a communiqué à ce corps savant un denier de Basun à légende rétrograde.

1er trimestre 1905. M. RAIMBADLT : La charte du rotilement général des moilnayeurs du serment de l'Empire tenu à Avignon en 1489, publié d'après le texte inédit des archives des Bouches-du-Rhône.

Communication faite à la Société française de Numismatique : par M. le comte de Castellane d'une petite pièce de billon de Robert, inédite, que l'auteur croit être une pite, par M. Joseph Puig, d'une quadruple pite de Guillaume de Nassan au millésime de 1649.

LIEUTENANT-COLONEL DE VILLE-D'AVRAY : Fouilles de SaintCassien (1902-1903). Intéressant petit travail sur les fouilles faites par la Société scientifique et littéraire de Cannes et les résultats qu'elles ont donnés. Il faut bien avouer que ces résultats sont peu de chose en égard à la peine qu'on a prise. Il est à souhaiter que les opérations soient reprises et qu'on arrive enfin à pénétrer dans un souterrain dont l'existence paraît démontrée.


— 171L

171L DE VILLE D'AVRAY : Délibérations et règlements de la Communauté de Cannes contenant un inventaire sommaire des archives communales du XVIIIe siècle. — Bien que les archives de Cannes n'existent à peu près plus qu'à l'état embryonnaire, on doit être reconnaissant à ceux qui, comme nos collègues MM. de Ville d'Avray et Bertrand, font leur possible pour sauver et mettre en lumière ce qui en reste. C'est donc avec plaisir qu'en attendant son inventaire complet, fait en la forme réglementaire, nous annonçons l'apparition de cette brochure au sujet de laquelle il nous faut exprimer un regret : pourquoi, puisque cette série des délibérations ne contient que 6 articles, ne pas l'analyser en entier et laisser de côté le registre BB. sous prétexte qu'il appartient au XVIIe siècle ? Ce choix d'un siècle aurait pu se comprendre dans une commune possédant des délibérations pendant trois ou quatre cents ans, mais ici on n'en voit nulle raison.

A noter quelques analyses par trop sommaires comme celleci : « Fondation de Mlle Cavalier, 23 juin 1765 », « déportation à Grasse du sieur Pierre Allègres, maire et premier consul » qu'il eût été bon de compléter en en disant l'objet. Cette façon de procéder a l'avantage de permettre à l'inventaire de remplacer jusqu'à un certain point les documents pour les travailleurs qui ne les ont point dans la main et surtout, si ces documents, comme cela s'est déjà produit à Cannes et se produit dans trop de communes, viennent à disparaître définitivement. Ce sont là des lacunes que nous signalons à M. de Ville d'Avray lequel s'empressera, nous en sommes certain, de les faire éviter dans l'inventaire définitif de son dépôt.

Paul Martin. Sous ce simple titre, Etienne Martin vient de réunir en une élégante brochure divers articles et morceaux de critique publiés à diverses époques sur son père, le célèbre aquarelliste dont toute l'oeuvre fut consacrée à l'illustration de la Provence et en particulier à celle de la Haute-Provence dont il était originaire.

Cette brochure contient : Une étude biographique, par l'abbé


— 172 —

Richaud, aumônier au lycée de Digne; Un paysagiste provençal, par M. F. Masan, écrivain d'art américain, consul des EtatsUnis à Berlin ; L'aquarelliste Paul Martin, notes rapides d'un ami, par Elzéar Rougier, critique d'art au Petit Marseillais; L'oeuvre de Paul Martin, par A. Benoît, président de la Société Scientifique et Littéraire des Basses-Alpes; La technique de Paul Martin, par Ferdinand Servian, critique d'art au Sémaphore; Un Sonnet provençal mis au bas d'une aquarelle de P. Martin, par le majorai Eugène Plauchud; des articles nécrologiques parus dans divers journaux.

Cet ensemble est complété par l'arbre généalogique de la famille Honnorat Martin à laquelle appartenait le lexicographe provençal Honnorat; par la reproduction en fac-similé d'un autographe de P. Martin ; par la liste de ses diverses expositions et par une série d'excellentes phototypies dont une en couleur reproduisant un certain nombre des oeuvres du maître ainsi que deux portraits de lui, l'un d'après un crayon de Moutte et l'autre d'après une photographie de Brion.

Comme on voit, ce petit volume est un monument élevé par la piété d'un fils à la mémoire d'un grand artiste qui fut un honnête homme. Je suis cependant obligé de constater dans ce monument l'absence d'une petite pierre : celle qui aurait dû porter sur Paul Martin félibre; car, bien que luimême se prétendît indigne de ce titre, nous qui n'avions pas sujet d'être pour lui aussi modestes qu'il l'était lui-même, avons le droit de le revendiquer pour l'un des nôtres et pour l'un des meilleurs. Les auteurs qui ont concouru à l'élaboration du volume ont bien par-ci par-là fait attention à ses galejado et à ses contes, mais sans leur accorder l'attention qu'ils méritent non seulement par la langue, par la texture, par la gaîté, mais aussi par la manière merveilleuse dont l'auteur les interprétait.

M. R.


— 173 —

PHILIPPE MABILLY. Les villes de Marseille au Moyen Age (ville Supérieure et ville de la Prévôté); in-8° d'environ 300 pages, en dépôt chez M. Astier, 46, boulevard du Jardin Zoologique, Marseille.

Quelques écrivains ont parlé, avant M. Mabilly, des Villes Hautes de Marseille: Ruffi, Belsunce, Casimir Bousquet, dans leurs travaux historiques, nous en signalèrent l'existence, mais incidemment, rapidement sans donner aucun détail sur la formation, le développement, les coutumes, la vie administrative de ces villes. Il y avait là pour l'histoire de Marseille une lacune: M. Mabilly s'est proposé d'en combler une partie. Malgré ce qu'en dit la préface, il y a dans cette oeuvre plus « qu'une suite de notes à l'usage des historiens futurs ». Au contraire, cet ouvrage, fruit de laborieuses recherches dans nos archives communales, forme un tout. C'est un travail consciencieux basé sur une documentation en grande partie inédite. Un tableau assez développé de l'ensemble des villes de Marseille au moyen âge sert d'introduction et les éléments de comparaison qu'il renferme facilitent la lecture des premiers chapitres. Une description topographique des territoires de la ville Supérieure ou Episcopale et de celle de la Prévôté ou de l'OEuvre suit immédiatement. Puis, après un exposé sommaire des institutions juridiques (tribunaux civils et ecclésiastiques) et une étude succinte des moeurs de l'époque, l'auteur nous initie à l'organisation municipale des anciennes cités. La nomination et les attributions des conseils respectifs, leurs rapports communs, le plus ou moins d'autonomie dont chacun d'eux jouissait, les relations des villes Supérieures avec la ville Vicomtale sont autant de pages intéressantes. L'histoire ne doit pas se borner au récit fidèle et chronologique des événements; à notre avis, la partie économique — si souvent négligée — en est le complément indispensable lorsqu'il s'agit du passé d'une ville. M. Mabilly l'a bien compris. Tout un chapitre — et non des moins curieux — est consacré par lui à la valeur des monnaies, aux prix des marchandises, à la vente


- 174 - et à la location des immeubles, aux transactions commerciales, et, grâce aux comparaisons monaitaires, on peut ainsi se rendre compte de ce que coûteraient approximativement aujourd'hui ces mêmes immeubles et marchandises. L'ouvrage se termine par la biographie des conseillers des Villes Hautes et la transcription de quelques pièces justificatives. En résumé, c'est une bonne partie de l'histoire de Marseille — environ un siècle — mise au jour. A ce titre, le travail de M. Mabilly méritait d'être signalé.

J.-B. A.

CAMAU (Emile). Marseille au XX" siècle. Marseille, Ruât, 1905. 1 vol. 1006 p.

M. E. Camau est connu des érudits provençaux : de nombreux et importants travaux lui ont conquis leur estime. Son étude la plus considérable, par l'intérêt du sujet, la mise en oeuvre des matériaux et l'intensité de l'effort, lui a valu le témoignage le plus significatif : il s'agit de Marseille au XXe siècle, travail couronné par la ville de Marseille qui a décerné à son auteur le prix Beaujour (15.000 francs).

M. Camau s'est conformé avec une rigoureuse, on pourrait dire, une pieuse exactitude aux instructions données par le fondateur et commentées par M. Clapier : il a retracé le tableau de Marseille d'après les statistiques des divers services publics et privés ; il a compulsé les registres de l'état civil, des greffes des tribunaux de justice, de commerce, les tables récapitulatives des établissements hospitaliers ; il a recueilli les chiffres et les résultats classés par les compagnies de navigation, il applique à son oeuvre le mot de Macaulay : il n'est point de mince détail pour une historien.

Le danger de ces recherches au fond et au milieu d'archives souvent embroussaillées, c'est l'encombrement. M. Camau a su et pu se défendre contre l'invasion des documents ; il a classé les faits avec ordre ; il a multiplié les tableaux synoptiques ; il a réduit le commentaire à une interprétation sobre


- 175 — et simple ; il a dressé un inventaire des matières complet et par cette précaution facilité les investigations.

Très dense, l'étude de M. E. Camau reste claire, également agréable et utile à consulter ou à lire.

L'auteur a retracé la situation ou plutôt l'évolution démographique et économique de Marseille en ces quinze dernières années. Le livre s'ouvre sur des constatations douloureuses que les moins pessimistes ne peuvent pas ne pas enregistrer ; il se ferme sur un programme d'améliorations et de réformes qui contient l'augure d'un relèvement, d'une rénovation dignes du passé.

Le lecteur relèvera des faits communs à Marseille, à toute la France, à tous les grands ports; il notera des faits particuliers à la situation de la grande cité maritime et commerciale. Soumise à la même loi que la France entière, Marseille ne présente qu'une natalité faible et stationnaire ; elle ne s'accroît que par l'exode rural et par l'immigration étrangère ; les habitants nés hors du département et ceux qui proviennent de l'étranger représentent à peu près les 2/5 de la population totale; l'élément étranger est en majeure partie italien, soit en 1903 environ 95.000.

Les économistes, les publicistes, tous ceux qui par la plume eu par leur action légistative s'intéressent, collaborent à la chose publique auront, comme dans un livre de main, à leur disposition, les éléments d'informations les plus divers sur la navigation, l'industrie, le commerce. Ils y remarqueront la crise éprouvée par l'importation des moutons d'Algérie faute de réserves organisées dans la métropole, la crise ressentie par le commerce du bois que Cette dispute victorieusement à Marseille ; le rôle de l'étang de Berre comme refuge du canal du Rhône pour le développement des industries dans la région du Sud-Est; à ce point de vue l'auteur, avec exemples à l'appui, s'applique à démontrer comment la navigation fluviale peut seconder l'essor des compagnies de voies ferrées et de voies maritimes.'


— 176 —

La dernière partie consacrée à l'étude des ports concurrents apparaîtra à la plupart comme la plus importante. L'auteur a retracé en détail la situation respective de chacun des grands ports européens et français au regard de Marseille. Du fait de cette comparaison, cet ouvrage acquiert une portée générale.

Cet ouvrage paraît à son heure : il marque le moment où Marseille s'apprête à affirmer sa véritable destination. M. E. Camau par sa solide documentation a décrit les aptitudes de la grande cité qui a le droit de se dire la métropole des colonies. L'imposante manifestation de 1906 fera la preuve de ces aptitudes par les résultats.

G. V.

COTTE Ch. La Carie dentaire et l'Ali-mention dans la Provence, préhistorique (extrait de l'Homme préhistorique) ; Rainwald, Paris. — L'auteur a minutieusement fouillé les trois stations de la Marane, Carry-le-Rouet, Cuges. D'après ses observations l'alimentation des hommes de la période néolithique était plutôt carnée que végétarienne ; les aliments étaient cuits. Des recherches analogues ne pourraient-elles donner quelques résultats complémentaires dans le Mont Olympe (Trets) et dans le Vallon de Javon (Vaucluse) ?

On pourrait pour la région de Trets s'adresser à M. Teyssère, directeur de l'école communale, correspondant du comité départemental des travaux historiques, et pour la région de Javon à M. Barthélemy, propriétaire, fabricant d'ocrés à Gargas.

G. V.

Ouvrages reçus par la Société :

(L'inscription dans cette liste tient lieu d'accusé de réception)

12 7. CH. COTTE. La Carie dentaire et l'alimentation dans la Provence préhistorique, extrait de l'Homme préhistorique, (3e année, 1905, n° 3); Paris, Schleicher; plaquette de 8pages.


— 177 — — l'Oppidum de la Cloche à Pas-des-Lanciers ; plaquette de 8 pages, extrait du Bulletin de la Société archéologique de Provence (année 1905, n° 3). — Forme et âge de quelques pointes de flèche provençales ; 8 pages in-8° avec une planche, (extrait de la Feuille des jeunes naturalistes, (1er avril 1905, IVe série, 35e année, n° 414).

13 5. BOUILLON-LANDAIS. La Galerie Paul de Surian, léguée à la ville de Marseille, entrée au musée en 1891 ; Paris, Plon et Nourrit, 1904 ; in-8° de 24 pages avec deux gravures hors texte ; mémoire lu à la réunion des sociétés des Beaux-Arts des départements à Paris le 5. avril 1904; — Voir l'analyse et appréciation de ce travail dans les Annales de 1904, p. 98-99.

17e et 6. Edmond POUPÉ. L'armée d'Italie en juillet 1793 ; Opinion d'un secrétaire de Barras et de Fréron ; Draguignan, Latil, 1905 ; plaq. in-8° de 8 pages ; extrait du Bulletin de la Société d'Etudes scientifiques et archéologiques de la ville de Draguignan. -— Documents relatifs à des représentations scéniques en Provence du XVe au XVIIe siècle; Paris, imprimerie Nationale, 1905 ; plaq in-8° de 20 pages; extrait du Bulletin historique et philologique (1904).

18 - V.-L. BOURRILLY. La Révocation de l'édit de Nantes à Marseille ; br. in-8° de 36 pages ; extrait du Bulletin de la Société d'histoire duprotestantisme français (janv.-fév. 1905).

193. G. DOUBLET. Le Keepsake d'Antoine Godeau, évéque de Vence ; Nice, Malvano, 1905 ; br. in-8° de 32 pages.

311 et 2. Lieutenant-Colonel H. THIERRY DE VILLE-D'AVRAY, Délibérations et Règlements de la communauté de Cannes contenant un inventaire sommaire des archives communales du XVIIIe siècle ; Cannes, G. Cruvès, 1904; br. petit in-8° de 84 pages. — Fouilles de Saint-Cassien (1902-1903), avec un plan de la Butte et le compte rendu des travaux ; 1904 ; plaquette petit in-8° de 28 pages.

32. A.-J. RANCE-BOURREY. A la veille du Concordat entre Pie VII et Bonaparte ; Paris, A. Picard, 1905 ; br. petit in-8° de 30 pages.


- 178 -

33. ERNEST DE CROZET. Ephémérides Bas-Alpines, 1890 à 1903, 3e à 16e année.

34 1 et 2. Comte H. DEGÉRIN-RICARD. La Croix de Jérusalem dans la numismatique, sur les sceaux et dans le blason ; Vannes, Lafolye frères, 1905 ; petit in-8° de 78 pages. — Etienne Famin et son vrai rôle diplomatique à Tunis (1795-1802) ; Tunis, imprimerie Rapide, 1905 ; in-8° de 90 pages. Extrait de la Revue Tunisienne.

35. D. JAUBERT. Gestes de Provence : Roman historique, 1545-1596 ; Guerres de religion ; publié sous le patronage de l'Académie du Var ; Paris, A. Fontemoing, 1904 : volume in-12 de 550 pages.

36. Paul GOBY, Sur quelques meules à grains et un moulin ancien ressemblant au « Trapetum » découverts dans l'arrondissement de Grasse (A.-M.) ; Nice, Malvano, 1905 ; in-8° de 30 pages avec 2 planches.

Périodiques reçus :

1 5. Bulletin de la Société de géographie et d'études coloniales de Marseille, t. XXVIIII, nos 3 et 4, 2e et 3e trim. 1904.

Sommaire. — N" 3. Une visite à Gênes, comparaison avec Marseille, Jacques Léotard. — L'île de Cuba économique et pittoresque, Charles Berchon. — L'exposition de Saint-Louis. J. Fournier. — A travers la Tunisie, conférence de M. Boulland de l'Escalle. — Chronique-géographique et coloniale : Afrique française, Afrique étrangère, G. Léotard. — Résumés des communications faites dans les séances de la Société : L'hydrologie des environs de Marseille, J. Gavet ; Le congrès de géographie de Tunis, Gaston Valran. — Lauréats de la Société. — Variétés. — Bibliographie. — N" 4. Les chemins de fer du commom.veal.th d'Australie, G. Bourge. — L'île de Kébas (Tonkin), A. Gérard. — Voyage au Yunnan, au Yang-Tsé et au Thibet, c" Grilliére. — L'union latine et le commerce méditerranéen, H. Méren. — Vingt mois dans les glaces du pôle austral, O. Nordenskjold. — Chronique (Asie, Amérique, Océanie, Régions polaires), J. Léotard.— Résumé des communications : La situation actuelle de la Martinique, L. Garnier ; Les livres de l'année, G. Léotard, H. Barré et L. Laurent. — L'exposition coloniale de Marseille en 1906. — Nécrologie. — Variétés. — Bibliographie.

2. Annales des Alpes. Recueil périodique des archives des Hautes-Alpes, 8e année, 6e liv. (48e), mai-juin 1905.


— 179 —

Sommaire. — Pensionnaires ecclésiastiques de 1790 à 1797, P. Guillaume. — Notes pour servir à l'histoire de la famille gapençaise Olphe-Galliard, Gabriel Olphe-Gaillard. — Les préoccupations des Gapençais en 1787. — Le conventionnel Borel et sa famille, Lucien B**.— Bibliographie. ■— Variétés : Le pèlerinage de N.-D. du Laus vers 1792 ; Les églises de Gap (1753) ; Pie IV dans les Hautes-Alpes (1799).

3, Annales des Basses-Alpes. Bulletin trimestriel de la Société scientifique et littéraire des Basses-Alpes ; 25e année, 1904, nos 92-95Sommaire.

92-95Sommaire. Les possessions de l'abbaye de Saint- Victor dans les BassesAlpes (suite et à suivre), Dam. Arbaud. — Dignois et Bas-Alpins au moyen âge (suite et fin), C. Cauvin. — Une ville morte bas-alpine: J. Delmas. — Mouvements insurrectionnels contre les « droits réunis » (1813-1814), M.-J. Maurel. — Comptes du receveur de la vicomte de Valernes (1401-1408), M.- Z. Isnard. — Le journal de Jean Lefèvre, chancelier des comtes de Provence, 1382-1417 (suite et à suivre), V. Lieutaud. — Paul Martin, biographie, A. Richaud. — Jacques Gaffarel, 1403-1468, P. Gaffarel, — Bibliographie. — Procès-verbaux des séances,

6 4. Annales de l'Université de Grenoble, t. xvn, nos 1 et 2, 1er et 2e trim. 1905.

A signaler. — Notice explicative de la feuille de Larche, W. Kilian, p. 63-74. — Recherches sur le jurassique moyen entre Grenoble et Gap, P. Lory, p. 127-157, n° 1.

7 7. Bulletin de la Société des Amis du Vieil-Arles, 2" année, n° 4, avril 1905.

Sommaire. — Eontvieille inédit, J. Auvergne.— La dalle gravée de l'allée cDuverte de « La Source », D' G. Marignan. — Fondation de la Charité d'Arles. 1641-1704, M. Chailan. — Notes pour servir à l'histoire ecclésiastique d'Arles (suite), Baron du Roure. — Les proverbes du pays d'Arles (suite]. E. Fassin. — Chronique du trimestre, X.

8. Bulletin de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes; 24e année, 3e série, ncs 13 et 14, Ier et 2e trimestre 1905.

Sommaire. — N° 13. Le nom et les deux premières enceintes de Gap, G. de Manteyer. — Sonnets, Guérin-Long. — Tumuli de Correo et du Guire, D. Martin. — Deux affiches révolutionnaires de Gap : condamnation de deux prêtres à la déportation, J, Roman. — Inventaire des objets provenant des fouilles exécutées en août 1904 dans la grotte de Grapelet, L. Vésigné. — Nécrologie : Marcellof, Dr Pauchon, E. Guigues. — Bibliographie. -— N° 14. Le nom et les deux premières enceintes de Gap, G. de Manteyer. — Notice biographique sur le P. Para du Fanjas (1724-1797), F. Allemand. — Procès et mort de Balthazard de Flotte-Montauban, comte de La Roche (1613-


— 180 —

1614), F.-N. Nicollet. — L'emplacement d'Ictodurus, J. Roman. — Stations romaines de Montseleucus et de Cambonum, David Martin. — La concouare, J. Michel, — Procès-verbaux. —Nécrologie, Allier.

9 8. Revue dés langues romanes, t. XLVIII (ve série, t. VIII), mars-avril 1905.

10 5 à. 7. Lou Felibrige, t. XVIII, nos 6, 7, 8; 9, 10, 11 et 12, sept.-oct., nov.-déc. 1904 et janvié-mars 1905.

11. Revue Tunisienne; Organe de l'Institut de Carthage; 12e années, nos 50, 51 et 52 mars, mai et juillet 1905.'

A signaler. — N" 51. Etienne Famin et son vrai rôle diplomatique à Tunis (.1795-1802), Gérin-Ricard, p. 177-193.

12 4-6. Giomale storico e letterario délia Liguria diretto'da Achille Neri e da Ubaldo Mazzini, publicato sotto li auspici délia Società Ligure di Storia patria; anno v, fasc. 9-12,1904 settembre-décembre ; anno vi, fasc. 1-2-3, 4-5-6 et 7-8-9, 1905 gennaio-febbraio-marzo, aprile-maggio-giuno etluglio-agostosettembre.

A signaler. — Notes de Pons de l'Hérault sur Gênes, Léon-G. Pélissier, p. 440-448, anno v.

13 4. Mémoires de l'Académie de Vaucluse, 2" série, t. v, année 1905 (1er liv.)

Sommaire. — Avignon, ode, E. Houchart. — Excursions entomologiques au bois des Rièges en Camargue, D' A, Chobaut. — Un héros vauclusien (Episode de la prise de Bbmarsund en 1854), Joseph Didiée.— Description des travaux néogènes de la plaine du Comtat et de ses abords, Léonce Joleaud.— L'eau potable en Avignon (avec une planche hors texte), Bayol. -— Procêsverbaux. — Volumes et fascicules repus par l'Académie.

15. Revue de Provence ; n° 75, mars-1905 (7e année)..

Sommaire. — Excursion en Provence : Le Fraxinet, P. Ruât. — Quand doit-on appeler un homme « citoyen », Gustave Reyne. — La superstition provençale : Une collection de talismans populaires, Louis Sabarin.— Chronique.

16 2. Bulletin de l'Académie du Var, LXXIIe année, 1904.

Sommaire. — Le canton du Beausset : Le Beausset, La Cadière, Le Castellet, Saint-Cyr, Riboux, Signes, par R. Vidal.:— Le coffret, poésie, par Ad. Lejourdan. — Etudes sur l'art français au XVIIIe siècle, par Jules Rivière.


— 181 —

18 5. Bulletin de la Société archéologique de Sousse ; n° 2, 2e semestre, 1904.

21 ° et 7. Bulletin delà Société départementale d'archéologie et de statistique de la Drame; année 1905 (avril et juillet), 153e et 154e livraisons.

22 2. Mémoires de l'Académie de Nîmes, VIIe série, t. XXVII, année 1904.

25. Revue du Littoral; 4e année, n° 17, 18 fév. 1905.

Sommaire. — N* 17. Portraits d'artistes ; Théodore Batrel, Emile Bacelon. — La mer, Flavien.— Le baiser de la lumière: chanson du coeur; Lassitude, poésies, J.-F. Louis Merlet. -— Lettre de l'exir de Jacques a Berthe, Louis Gonzalès. — Une grotte préhistorique à Spéracède, P. Goby. — Exposition de l'union artistique, Henri Steckez. — N° 18. Trois contes pour Chrysé, J.- F.-Louis Merlet. — Titania, poésie, Paul Lelièvre. — Faire Varadi, H.-G. Bon. — Fragment de l'histoire de Cannes, et de Ville-d'Avray.

27. Bulletin mensuel de la Société des Excursionnistes Toulonnais ; nos 21 et 22 (6e année), mars et mai 1905.

Sommaire. — Arles. — Les sauts du cabri : Mazaugues, Caranio, Tourves, Château de Valbelle.

INFORMATIONS

Congrès

Voici, d'après une liste communiquée, à la date du 17 mars, par le ministère de l'Instruction publique à M. Valran, un de ses correspondants, les congrès qui auront lieu au cours de l'année 1905 :

Congrès archéologique international d'Athènes (7 avril 1905).

Congrès international de psychologie à Rome (20 avril) ;

Congrès international de botanique à Vienne (juin) ;

Congrès national de géographie à Saint-Etienne (août) ;

Congrès international pénitentiaire à Buda-Pesth (sept.) ;

Congrès international d'obstétrique et de gynécologie de Saint-Pétersbourg (septembre).


Congrès pour la reproduction des manuscrits, monnaies et sceaux à Liège (à l'occasion de l'Exposition).

M. E. RIVIÈRE, président du Comité d'organisation, me demande de signaler aux lecteurs des Annales le Congrès Préhistorique de France dont la première session s'ouvrira à Périgueux, le mardi 26 septembre 1905. Je me rends d'autant plus volontiers à son invitation que l'intérêt des régions visitées dans les excursions qui seront faites, tout autant que la haute valeur des membres d'honneur et des membres du Comité, dont la plupart ont une renommée mondiale, assurent le plus grand succès à ces assises de notre préhistorique national. La cotisation est fixée à 6 francs pour les membres adhérents, et à 12 francs pour les membres titulaires ; ces derniers peuvent seuls prendre part aux travaux. Je tiens des bulletins d'adhésion et des feuilles de renseignements à la disposition des personnes qui en désireraient.

Le Congrès de l'Association Française pour l'Avancement des Sciences se tiendra à Cherbourg du 3 au 10 août. La 11e section (Anthropologie) sera présidée par M. le DrCollignon.

Question

Quelqu'un pourrait-il nous dire quel est l'auteur des quatre

vers suivants cités par Barcilon de Mauvans dans sa Critique

du nobiliaire de Provence :

Guilhen de cors e de groin tan laidet Que ly guignon pertout eme lei det ; May eu n'es un tan prous chivalier Qu'el n'es ey guerras pertout lo premier.

Il s'agit d'un Guillaume, comte de Gap, qui aurait vécu au XIe siècle, aurait reçu le surnom de laidet a cause de sa laideur et aurait été la souche de la famille Laidet encore existante.

Envoyer les réponses à M. Nicollet, professeur, à Aix.


La Léproserie de Marseille

AU XVe SIÈCLE

ET SON RÈGLEMENT

S _,

Marseille, porte de l'Orient, a dû à cette position géogra-^ phique les avantages d'un commerce important et d'une industrie prospère mais aussi le désagrément d'être exposée plus que toute autre ville aux épidémies et aux maladies qui, avec les produits exotiques, pénétraient chez elle si facilement. La lèpre, à la suite du va et vient considérable qu'établirent les Croisades entre ce port et les pays d'outre-mer, y étendit ses ravages et, pendant plusieurs siècles, préoccupa l'autorité municipale presque autant que la peste, cette visiteuse périodique de la cité marseillaise. Les Statuts que la Communauté élabora, vers 1255, pour sa police intérieure, ne manquèrent pas de consacrer aux lépreux un chapitre et de réglementer leur présence 1. C'est de cette époque, ou mieux du début du XIIIe siècle, que date la Maladrerie de Marseille, une des plus anciennes, sinon la plus ancienne, de nos contrées. Cette maison, comme toutes ses semblables, était dédiée à saint Lazare dont le patronage semblerait indiquer l'origine provençale ou tout au moins méridionale des léproseries. Elle se trouvait hors les murs, sur la route d'Aix, dans cette partie de la ville où un quartier porte encore le nom de ce saint. Rufïï. mentionne une donation de 1210 en faveur de cet établissement 2 à qui Gilbert des Baux laisse testamentairement, en 1243, cent sous raimondins couronnés 3. Le 30 janvier 1394,

1 Siatuior. Massil. lib. v, cap, XV, f° CVII V°, aux Archives municipales.

2 Histoire de Marseille, II, p. 94.

3 Archives des Bouches-du-Rhône, série B, liasse 336.

13


— 184 —

Julien de Casaulx lègue perpétuellement aux pauvres lépreux de l'hôpital de Saint-Lazare, le mardi de chaque semaine, quatre quarterons de vin et un quartier de mouton à partager entre tous les malades et un pain à chacun d'eux l. La dame de Montolieu leur donne, le 12 février 1409, annuellement quatre poules 2. Six ans plus tard, en 1415, Jeanne de Favas, femme de Tècle de Varadier, coseigneùr de Châteauredon 3, fit d'eux ses héritiers universels et don à leur église d'un calice avec sa patène, d'une chasuble à faire avec la soie d'une houpelande ayant appartenu à feu Antoine Ricavi, son premier mari, et d'une pièce d'étoffe lamée d'or et d'argent « unam magnam thoalalam maurescam » *. Jean Mathei, par testament du 6 décembre 1436, élit sépulture dans le cimetière de cet hôpital, après lui avoir abandonné tousses biens". Enfin les Recteurs de Saint-Lazare percevaient au xve siècle des censés à Aubagne et à Marseille, notamment celles léguées le 6 septembre i436par Aycardette,fille de Pierre Angelier et femme de Jean de Jérusalem 6. A tous ces legs pieux venaient s'ajouter les collectes recueillies par le quêteur nommé et payé

1 Archives de l'Hôtel-Dieu, Livre Trésor B de l'hôpital Saint-Esprit, in fine.

2 Id. Rég. des délibérations du bureau de l'hôpital Saint-Lazare de 1658.à

1675, P- 943

943 canton de Mézel (Basses-Alpes).

4 Archives municipales, série GG, carton de l'hôpital Saint-Lazare.

5 Ibid.

6 Ibid.

Les mêmes archives, série GG, donnent quelques renseignements sur ces censés : 25 janvier 1456, legs d'un florin de cens annuel par François de 'Monteils (liasse 7, pièce 2) ; — 19 novembre 1446, vente par Bérengère Vasadel d'un cens de 3 livres 10 sous sur une -maison sise sous la Poissonnerie, à Marseille, au prix de 43 florins 9 sous (liasse 7, pièce 4); — 9 décembre 1480, donation par Guillaume Pourquier d'un cens de 5 patacs servis par Manuel Pierre sur un verger d'oliviers sis à « Mont caut » (liasse 8, pièce 7) ; Moncau est un quartier rural entre Saint-Barthélémy et Saint-Just ; — 29 janvier 1481, bail à nouvel acapte à Bernard Lieutaud d'une vigne sise au Jarret d'Aubagne au'prix de 200 florins d'acapte et 13 gros de censive annuelle (liasse 7. pièce 5).


- 185 -

annuellement par les Consuls 1, celles reçues la veille des quatre principales fêtes par les deux gentilshommes ou bourgeois, d'abord désignés par les Recteurs, puis, à la demande de ces derniers, par les officiers municipaux 2, et les pensions payées par les familles aisées pour leurs membres que la lèpre faisait reléguer dans cet établissement 3. Parmi ceux-ci on voit, en 1427, un notaire marseillais, Antoine Lombard, réintégré à Saint-Lazare en vertu d'une ordonnance 4 et, en 1485, un prêtre, Jean de Ranque5. Aussi la maladrerie de Marseille étaitelle assez riche alors pour pouvoir prêter à la ville, toujours besogneuse, 310 florins 6 et arrondir son domaine rural patrachat, le 21 mai 1467, à Bernarde André Grosson, d'une vigne touchant audit hôpital 7, et par l'adjonction, le 13 jan4

jan4 Histoire de Marseille, n, p. 94, et divers mandats aux Archives municipales.

2 Voir l'avant dernier paragraphe du Règlement soumis aux Consuls par les Recteurs.

3 Item aven resseput de una frema que avem logat que est de OUiora, ff° IXXXIX ; — Item aven resseput de sén Monet Guiton per lo logis de sa felena là soma, ff° XXX. Registre des recettes et dépenses de l'hôpital SaintLazare, année 1499, f° 1 recto, aux Archives municipales, série GG ; — 2 août 1447, déclaration par Jean Bouquier, atteint de la lèpre et désireux d'entrer à l'hôpital Saint-Lazare, de payer, avec la garantie de sa femme, les dix livres exigées pour son admission audit établissement. Archives municipales, série GG, liasse 9, pièce 2 ; — 20 mai 1454, Huguette, -veuve de Jean Bouquier, prend de nouveau l'engagement, à la mort de celui-ci et avec la caution de Jean Davin, son second mari, de payer un solde de 9 livres 8 sous à l'hôpital Saint-Lazare (liasse 12, pièce 5).

i Archives municipales, série GG, liasse'7, pièce 2. Ordonnance originale sur parchemin de Charles, frère de Louis III, roi de Naples, et son lieutenant général en Provence.

5 28 janvier 1485. Engagement de Cardonne, femme de Jean Baulet, fustier, de léguer 60 florins à l'hôpital Saint-Lazare pour l'admission de son fils, Jean de Ranque, prêtre et lépreux. Archives municipales, série GG, liasse 10, pièce 3.

6 « Item aven resseput de la villa la soma de ff° ni 'x que li avia prestat San Laze ». Archives municipales, Registre des recettes et dépenses de l'hôpital Saint-Lazare, année 1499, f° 1, recto.

7 « In loco dicto apud Sanctum Lazarum, confrontatur, ab una parte, cuni dicto hospitali et ecclesia Sancti Lazari, et, ab alia parie, cum terra Fulqueti


— 186 —

vier 1499, d'uue maison et d'un tènemènt de terre et de vigne que lui vendit Barthélémy de Valbelle, prêtre bénéficiaire de la Cathédrale 1. On trouve encore au XVe siècle, dans ce qui reste des archives de Saint-Lazare, diverses autres acquisitions, surtout en vignes 2, car le vin semble être là principale production des biens fonciers de l'établissement. Un livre de comptes de 14243 relate les dépenses occasionnées cette annéelà par la cueillette du raisin, son transport dans le cellier, le foulage, sa transformation en vin et sa mise en fûts. L'extrait de cette comptabilité en vieux provençal est assez curieux et mérite d'être cité intégralement :

E nom de Nostre Senhor Jezu X sia. L'an 1424 a 4 octobre. Segon si as pecunias pagadas per nos, Perre de Jérusalem e Bernât Maximiii, rectors de l'Espital de Sant Lazer.

de Arbore et cum quodam vignono Jacobi Balmerii, parte ex altéra, et cum quadam traversia et cum caniino publico... pretio,.. centum florenorum de Rege ipsorum quolibet pro tringinta duobus solidis regalium computato francoruni de trezeno ». Cette vigne était soumise " ad censum seu servitium quadraginta solidorum regalium annis singulis solvendorum in festo Béate Marie medii mensis augusti ». Archives municipales, série GG, carton de l'hôpital Saint-Lazare.

1 « Quoddam ejusdem donium, affare terrarum, vinearum et bastide.,, loco vulgariter dicto Sant Laze ; confrontatnr, ab oriente, cum ecclesia et domo dicti hospitalis pauperum Sancti Lazari, camino publico in medio a meridie ; et ponente, cum quadam ecclesia vulgariter appellata Sant Martin d'Arench et quadam terra lo Martegal, camino in medio ; ab occidente, cum prato Eotini Gaufredi, itinere in medio ; ab tramontana cum vinea... itinere in medio. » Prix 600 florins « de Rege currentium quolibet ipsorum pro solidis triginta duobus regalibus computato. » Ibid.

2 18 décembre 1458, reconnaissance de terre au quartier des « Garbies » par Antoine Durand. Archives municipales, série GG, hôpital Saint-Lazare, liasse 8, pièce 10. (Garbier est au quartier rural près l'ancien cimetière Saint-Charles). 15 juin 1485, vente par Batrone, veuve de Pierre Guigou, d'une vigne et terre sises derrière l'hôpital, au prix de 60 florins ,une fois donnés et 1 florin de cens annuel. Ibid. liasse 6, pièce 7 ; — 1er avril 1486, vente d'une terre par la veuve Baulnier. Und. liasse 8, pièce 9 ; — 13 juin 1496, vente par Bertrand Séguier au prix de 300 florius d'une vigne et ses dépendances au lieu dit « Toulet ». Ibid. liasse 12, pièce 6. Le Toulet, aujourd'hui la Taulisse, est un quartier rural de Marseille situé au Cannet.

3 « Cartolari dels despens de sen Perre de Jérusalem et de Bernât Maximin Rectors de l'Espital de Sant Lazer », registre papier oblong recouvert


- 187 -

Item premieramens per calcar XII saumadas de razins lo jorn sobre dich II gros ;

Item plus lo segon jorn per calcar, e por jor per III jorns a I orne, VII gros II patacs ;

Item plus a 4 d'octobre per adobar 2 II vaysels 3 per escontre, del Ioguier 4 a sen Perre de Jérusalem, II florins ;

Item plus per I orne et I garson per culhir raysins. L'ome II gros, el garson I gros I patac, que ton al tôt III gros I patac ;

Item perla Ioguier de Ia dozena e meia-de coffins 3 per IIIIor jors, que montan II gros I patac ;

Item avem barlat a Zantoni Prima per IIII°rjors a vendimiar, VIII gros ;

Item per VI) femenas que culhiron los razins, VII gros ;

Item plus per lo Ioguier de I orne ambe II bestias que tireron IIII jors à 7 gros 1/2 per le jorn 0, monto II florins VI gros ;

Item plus a XI d'octobre cant en botem 7 lo vin, per 1/2 libra de candellas, I gros ;

Item plus per lavar II vaycels e Ia bota 8, I gros I patac ;

Item per huysar 9 los dos vaycels e la bota, I gros III patacs ;

Item per I orne que logem per en botar, II gros III patacs ;

Item per deppens de boca ,0 en companhia dels destrenhedos, I gros II patacs ;

Item per lo destrech " que feron H trulhadas '-, VI gros II patacs ;

Item a Petit Peyron, botier, per adobar VI caratels ,3 a Sant Lazer, IIIIor gros n patacs ;

en parchemin, folioté de 29 à 47, aux Archives municipales, série GG, carton de l'hôpital Saint-Lazare.

1 Fouler.

2 Mettre en état.

3 Tines.

I Location.

8 Couffins, paniers en sparterie.

c Le chiffre 7 1/2 est en chiffres arabes dans le texte.

7 Mettre le vin en fûts. La chandelle servait probablement à boucher les joints des douelles.

8 Tonneau.

9 Bondonner.

10 C'est sans doute le montant des collations que faisaient les recteurs et les gens occupés au pressoir, les premiers surveillant le travail des seconds.

11 Destrech, pressoir; destrenhedos, gens occupés au pressoir. 12 Foulées.

13 Quartaud, tonneau de la contenance d'un quart de muid.


— 188 —

Item per I orne e Ia bestia que porton lo vin a Sauf Lazer sues e Ia bota de vin, III gros II patacs.

Le régime intérieur des léproseries est mal connu et peu de documents le concernant sont parvenus jusqu'à nous. La rencontre d'un règlement du XVe siècle, en langue provençale, dans un Registre des Délibérations du Conseil Municipall a comblé en partie cette lacune pour celle de Marseille. On se trouve en présence de vieux statuts, de « las ordenances antiquas del dich hospital " (le texte ne laisse aucun doute à cet égard) et non d'un nouveau règlement. D'ailleurs, il serait difficile d'admettre que, depuis sa fondation, la maladrerie marseillaise n'ait eu aucune règle pour sa direction, surtout à une époque qui réglementait, avec un soin jaloux, toutes les oeuvres tant laïques que religieuses. Il n'est point question, dans cet acte, de Frères ni de Soeurs pour soigner les malades, et les livres trésoraires ne signalent aucune dépense pour les gages et l'entretien de serviteurs. Tout porte donc à croire que les plus valides des pensionnaires, après avoir vaqué à leurs affaires personnelles, prêtaient assistance à ceux sur lesquels la maladie avait plus fait de ravage. Augustin Fabre 2 fait remarquer que « toutes les léproseries étaient alors fondées et entretenues au moyen de dons et de legs pieux dont les évêques avaient la surveillance et l'autorité municipale ne s'immisçait pas dans leur administration ». L'assertion de cet historien, touchant la non ingérence de la municipalité, semble démentie en ce qui concerne la léproserie marseillaise, du moins à la fin du XVe siècle. Dans la séance du mercredi 10 août 1485, un des consuls, Paul Vassal, présenta aux'membres du Conseil municipal le règlement que les deux recteurs alors en fonctions de l'hôpital des Lépreux, Guillaume Sarlet et Jean Dauvergne, merciers de leur état, soumettaient hum1

hum1 municipales, registre des délibérations du Conseil municipal, 1472-1485, fa 157 verso.

2 Histoire des Hôpitaux et des Institutions de bienfaisance de Marseille, t. II, p. 33.


blement, avec prières de retrancher et corriger ce qui paraîtrait superflu et d'ajouter ce qui semblerait raisonnable 1. Ce règlement ne rappelle en rien la terrifiante cérémonie qui accompagnait, dans certaines parties de la France, le retranchement du milieu du peuple de l'infortuné atteint de la lèpre.

Les pauvres malades, admis dans l'hôpital, doivent l'obéissance aux recteurs ainsi qu'au « maior », leur mandataire, et garder soigneusement le bien et l'honneur de la maison. Il leur est recommandé de se munir, en entrant, d'un lit garni de matelas, paillasse, traversin, d'une bonne couverture et de quatre draps et, en outre, des ustensiles de ménage nécessaires. Ils donneront un « scandai » d'huile pour le luminaire de l'église, 4 gros 1/2 pour le tronc de l'établissement et 6 gros pour une collation destinée aux pensionnaires. Lorsque leur état de santé le permettra, ils seront tenus, sur l'ordre du « maior », d'aller recueillir en paix des offrandes et de les rapporter pour les mettre en commun. Aucun pauvre lépreux ne devra sortir sans sa « cliquette », afin que le bruit de cet instrument fasse détourner de son chemin les personnes saines qu'il rencontrera. L'assistance à la messe et au «.Salve Regina» est une coutume à laquelle sont astreints tous les habitants de la maison, quand la maladie n'y mettra pas empêchement. Défense expresse pour tous de jouer de l'argent aux dés ou aux cartes, de jurer le nom de Dieu, de la Vierge Marie, des Saints du Paradis et de découcher. Interdiction formelle aussi de recevoir dans sa chambre, pour y manger, nul étranger non ladre, de donner abri à un animal quelconque, de vendre au dehors le vin ou les aliments qu'on n'aura pu consommer et surtout aucun vêtement ou ustensile de ménage.

Enfin, prohibition aux malades de tester en faveur de qui1

qui1 Consilium tentum in aula domus ville mercuri décima mensis augusti, hôra terciarum vel circa, anno incarnacionis Domini millesimo quadringentesimo octuagesimo quinto». En marge: «Ordinacionis ad causam pauperum Sancti Lazari >. Reg. des délibérations du Conseil municipal, 1472-1485, f° 156 recto.


— 190 —

conque, sauf de l'hôpital, des biens qu'ils auraient amassés depuis leur entrée dans la léproserie, sans en aviser les Recteurs ou le Procureur, et de se faire ensevelir ailleurs que dans le cimetière attenant à l'établissement.

La punition la plus commune, pour le manquement aux articles du règlement, était la privation du vin seul ou la suppression à la fois du pain et du vin pour un jour. Quant à la peine du feu prononcée contre ceux qui vendraient à tout autre qu'à un de leurs camarades un objet de vêtement ou de ménage, ce ne fut jamais qu'une menace dont on ne relève, en aucun temps, l'application à Marseille. Il est vrai que les pouvoirs publics ne pouvaient pousser si loin la sévérité car ils montraient souvent eux-mêmes une grande négligence de l'hygiène de leurs administrés. De leur côté, les Recteurs de Saint-Lazare n'étaient non plus exempts de tout reproche au point de vue de la salubrité de leurs concitoyens. Le regretté docteur Barthélémy signale, dans une publication marseillaise 1, une ordonnancé du Conseil de ville recommandant aux recteurs de la léproserie d'empêcher les malades de laver leur linge au ruisseau de Plombières, à une petite distance de l'hôpital, parce que ceux-ci, en allant et en revenant, conversent, causent et s'arrêtent avec les passants et, ce qui est plus grave, nettoient leurs haillons sordides au grand préjudice et scandale de toute la population de la cité 2.

En s'aidant des quelques règlements que l'on possède sur Ce sujet, il serait sans doute -instructif de comparer le régime intérieur de la maladrerie de Marseille avec celui des maisons

1 Recueil des Actes du Comité médical de Marseille, année 1881-82, t.XX, p. 120 et suivantes. Voir encore dans cette curieuse étude historique sur la Lèpre, un procès-verbal d'autopsie sur un lépreux, en provençal, en 1499, et le rapport daté du 28 juillet 1347 du médecin Pierre Durban sur un antre lépreux, Pierre Bernard, des Saintes-Mariés, arrondissement d'Arles.

2 « ... quia pauperes eundo et redeundo transunt et inter sanos conversantur, loquuntur et se ponunt, et, quod pejus est, panos eorumdem immundos mundant in grande detrimentum totius reipublice hujus civitatis ac scandadalum ». (Reg. d'Etienne Soniati, f" 84, année 1479, étude de M" de Laget, notaire).


— 191 —

similaires d'une autre région de la France. Les « Statuts et coutumes de la léproserie du Gran l-Beaulieu au XIII" siècle », publiés par M. René Merlet 1, fourniraient notamment une intéressante moisson pour cette étude comparative. Ce parallèle dépasserait le cadre beaucoup plus modeste de cette simple notice qui n'a d'autre but que de présenter le curieux document provençal ayant régi, sans grande modification, l'hôpital Saint-Lazare jusqu'à sa disparition comme léproserie 2. Il serait inutile de pousser les recherches concernant cet établissement au delà du XVe siècle. Tout ce qui touche la maladrerie marseillaise est alors mieux connu et d'ailleurs la lèpre, aux siècles suivants, est en décroissance et n'inspire plus les mêmes craintes que par le passé. Augustin Fabre, mieux documenté pour cette époque que pour celle qui précède, donnera toute satisfaction à ceux qui voudront suivre plus avant les destinées d'une institution charitable dont la part n'a pas été nulle dans le soulagement de l'humanité souffrante.

HENRY VILLARD.

RÈGLEMENT

« Als nobles et honorables senhors messors los Consuls et Conseil de ceste cieutat de Masseilhe. »

Sont presentadas per vostres humilz servidors, los rectors del paure hospital Sanct Lazare de ceste dicha cieutat, las ordenances antiquas del dich hospital cy dessot scrichas, lasquals, se vous plas, regardâtes. Et aquellas que vous sembleran super fluas ou non rasonablas cassares o corrigares ou adjostares et las tares scrieure al net en bona lectra et mettre al dich hospital, affin que tant los paures comme lors

1 Bulletin historique et philologique, année 1895, p. 556 et suivantes. La Léproserie de la Madeleine du Grand-Beaulieu se trouvait près de Chartres. Le lecteur trouvera dans la savante communication de M. René Merlet, entre autres pièces, les coutumes de l'économe (1250 circa) et lés statuts de Pierre de Minci, évoque de Chartres, pour ladite léproserte (1264).

2 Un édit de décembre 1672 unit les hôpitaux des lépreux qui étaient sans destination positive à l'ordre de Notre-Dame-du-Mont-Carmel et de SaintLazare-de-Jérusalem. Celui de Marseille fut mis en possession de l'ordre le 7 août 1675, par exploit de Laufrèze, huissier. Reg. des délibérations du bureau de l'hôpital Saint-Lazare de Marseille, de 1658 à 1675, p. 147 et 148.


— 192 —

rectors del dich hospital- puescam'tostemps veser et saper a que sont tengutz et en sia memoria pej-petualle.

Et premierament es d'us et de coustuma que tout paure que sya rendut en lo dich hospital, sia privât o strani, sie. entengut et dej^e estre obéissent als senhors Rectors que seran en aquel temps et aussi al Maior, Ioqual sera elegit per los dictz senhors Rectors, est de gardar lo benêt la honor del dich hospital, soubre la pena oïdenada per los dictz Rectors.

Item plus es d'us et de costuma que tout paure que sera rendut. en ïodick hospital deye apportai , a son intrada, son lit garnit de couqua, matalas, bassaqua f, traversier, cuberta bona et quatre linsols et lo meynage 2- que luy (sic) sera necessari.

Item plus es d'us et de bona costuma que tout paure que sara en lodit hospital deye et sie entengut de anar al pas ou lo Maior li comandera, quant sera san et en bona disposicion, et que tôt so que ly sera donat, anant et.venent, deya mettre en lo comun.

Item plus es d'us et de costuma que tôt paure que sara rendut a lodit hospital, a son intrada deye ballar un scandai 3 d'oli, una fes tant solament, per la lumynaria et quatre gros et demy per mestre al plot*, affin que aye sa part del dich plot d'aquelahora enanaut et siex gros per ungna reffection a totz los paures del dich hospital.

Item plus es de costuma que tôt paure que sie en lodit hospital non auze ny deye anar per chamin sans sa cliqueta s et, quant varia una personne sane, deya sonar ladiclia cliqueta affin que se garde deldick malaut.

Item plus es d'us et de bona costuma en lodich hospital que nesun . paiire que sera en lodich hospital, sie privât ou strani, non auze jogar a das ne a cartas argent assut synon por despendre, ne auze jurar ne renegar Dieu, ne la Vierge Maria, ny los Sanctz ny Sauctas de Paradis, sobre la pena de perdre son vin per aquello jourt et quant que fallira.

Item plus que nesun paure (sic) que sie en lodich. hospital non ause ne deya recullir en sa cambra nessuna personna sana per mangar en sa companhie ne en sa tabla et aussi que non auze ny deye vendre

1 Paillasse de lit.

2 Ustensiles et vaisselle.

3 Scandai, mesure pour l'huile contenant le 1/4 de la miheirolo ou de 66 litres, c'est-à-dire 16 litres 096.

4 Tronc.

5 Cliquette, instrument formé de deux morceaux de bois que l'on fait résonner en les choquant entre les doigts,


- 193 -

nessuma soubra 1 de son pan ne de son vin a aultra persona sana, mes aquelles diches sobres deye vendre en aquelles qui (sic) en auran faulta en lo dit hospital. Et aquo, soubre la pena de perdre pan et vin per ung jort.

Item plus es d'us et de costuma que nessun pauvre (sic) que sie del dich hospital non deye ny ause far aulcun testament de los bens que saran en lo dich hospital, los quais bens aura amassât en lo dich hospital, sensa lo far ascabre als senhors Rectors o lo Procurador que sera aquella hora. Et que aquels tais bens que aura non ause ne deya donnai-, for del dich hospital.

Item mes que nessun pauvre (sic) que sie en lodit hospital non ause ne deye estre cepelit altra que en lo cementeri del dich hospital. Et que nessun paure non auze vendre ny far vendre nenguna rauba n}' meynage" que sie deldich hospital fora deldich hospital, ny a nessuna persona, sobre bona pena ordenada per los senhors Rectors et sus la pena del fuoc.

Item plus que nessun paure deldich hospital non ause ne deya dormir fora del dich hospital, ny far dormir alcunas bestias per far donmage a nessuna persona de la cieutat, soubra pena de perdre pan et vin per aquel jort.

Item plus que tout paure que sie del dich hospital deye venir a la messa et au service de ladicha messa, quant sera san et porra venir a la dicta (sic) messa et aussi a la Salve Regina, et aquo soubre la pena de perdre pan et vin.

Item es d'us et de bona coustuma (sic) que la vigilia de las quatre festes principalz de l'an, dos gentilshomes o dos borges de ceste cieutat dejan anar per ladicha cieutat et portai-los gobelz 2 et demandar per la provision del ditz paures. Sur que, place ordenar que los senhors Consulz que seran per aquel temps dejan elegir los ditz gentilshomes ou borges et lor far far la dicha questa, quar souvent entreven que per los Rectors non o volem far 3.

Apres semblaria ben fach se erat ordenat que los Rectors que saran elegitz cascun an, al principe del dich an, deguessan et sien tengus jurar en las mans de messors lo Viguier et Consulz que, per aquel temps, faren de ben et degudament gouvernar lo dich hospital et de procurar la utillitat d'aquella de tot lor poder et de far observar los dictz capitolz.

1 Ce qui est de reste.

2 Gobelets pour la quête.

3 C'est-à-dire qu'ils ne veulent pas faire la quête, s'ils ne sont choisis que par les recteurs.


ITINERAIRE PASTORAL

D'EIzéar de Villeneuve, évêque de Digne,

et actes relatifs à son épiscopat

(1330-1331)

Insister sur l'importance que présente pour toutes les branches de l'histoire l'exploration des anciens minutiers de notaires est devenu à peu près inutile, tous les érudits sachant combien de ressources offrent ces dépôts privés ; les trouvailles que l'on peut y faire sont d'ordres très divers et fréquemment, importantes.

J'ai eu le plaisir de rencontrer dans les très anciennes et très riches minutes de l'étude de M. Pondicq, notaire à Apt, qui m'ont été communiquées avec la plus grande obligeance, un registre présentant quelque intérêt pour l'ancien diocèse de Digne. J'ai pensé qu'il serait profitable, sans entrer dans de longs détails sur les actes qu'il contient, de le faire connaître sommairement aux personnes qui s'occupent de l'histoire par' ticulière de cette région.

Le document dont il s'agit forme un volume in-40, couvert en parchemin, intitulé « Extens(arum liber) M(agistri) Johannis Boneti, notarii Sezariste et civitatis Dignensis » ; les actes qu'il renferme sont compris entre le 11 avril 1330 et le 15 mars 1331 (nouveau style) et remplissent 69 feuillets.

Comment ce registre qui ne contient aucun acte relatif à Apt ou à ses environs immédiats, se trouve-t-il dans une étude aptésienne? Je ne suis pas éloigné de croire que c'est à la suite du transfert de domicile de Jean Bonnet de Digne à Apt; car, si le dépôt ne m'a révélé jusqu'ici aucun autre recueil d'actes de ce notaire, il contient par contre des protocoles d'Urbain et de Rostaing Bonnet (1369, 1376 à 1406, 1412 à


— 195 - 1413, 1416 à 1420,etc.) qui pourraient être les descendants du notaire de Digne

L'Evêque de Digne que concernent les actes dressés par Jean Bonnet est Elzéar de Villeneuve (1327-1341) 1 ; ces actes sont relatifs au temporel de l'évêché et à une visite pastorale de ce prélat à travers une partie de son diocèse. De quelque nature qu'ils soient, leur valeur est certaine, au point de vue de la géographie diocésaine, de la toponymie et de la transhumance.

En voici une analyse succincte :

Actes relatifs au domaine épiscopal 2

I. Vente d'une vigne, sise « in Castro de Marculpho » 3 sous réserve d'un service d'une livre de cire (18 avril 1330) f° z 1- 0.

II. Couvention entre Raymond de Roche, damoiseau, au nom d'Elzéar de Villeneuve, d'une part, et frère Jean Rialon, convers de l'abbaye de Boscodon 4, pour le passage d'un troupeau de moutons appartenant à ce monastère, à travers les propriétés épiscopales ; ce troupeau devait partir de Palhayrole », ferme de Boscodon, et se rendre dans la montagne en passant par Digne et Marcoux, où il devait coucher une nuit °. La taxe de pulvérage exigée ' s'élève à 40 sols, valant chacun 3 deniers (16 mai 1330) f° 6 v°.

III. Convention pour le même objet par laquelle Pierre Perrier,

1 La Gallia christiana, t. III, p. 1125, et Fisquet, La France pontificale, (Evêché de Digne, p. 65), donnent les dates extrêmes 1334-1341 pour l'épiscopat de cet évêque ; mais le document qui est ici analysé confirme les dires de Féraud, Histoire des Basses-Alpes, 1866, p. 66-69, et du chan. U. Chevalier, qni placent Elzéar de Villeneuve sur le siège de Digne avant 1334 (dès 1327).

2 Tous les actes de Jean Bonnet sont dressés (exception faite de ceux écrits au cours de la tournée pastorale), soit à Marcoux, dans le château épiscopal, soit à Digne, dans la demeure de l'évêque.

3 Marcoux, ruines d'un château épiscopal, conim. de Digne. 1 Ancien archidiocèse d'Embrun (Hautes-Alpes).

5 Ferme dépendant de Boscodon,

6 « Quia occasione polveragii seu passagii averis dicti monasterii quod imo ascendere débet de domo dicti monasterii de Palhayroie usque montaneas et transire per territoria Civitatis Dignensis et castri de Marculpho et in montanea Marculphi una nocte jacere ».

7 Droit prélevé au moyen âge sur les troupeaux transhumants par les seigneurs fonciers des terres traversées.


— 196 —

d'Embrun, qui promet de payer à l'évêque 4 livres 10 sols pour le pulverage de son troupeau se dirigeant « de partibus Provincie usque montaneas » et pour le retour (18 mai 1330) f° 6 v° 1.

IV. Contrat de transhumance d'un troupeau de Méolans 2 ; le droit est fixé, non plus en argent mais en nature ; le conducteur devra donner deux agneaux pour la montée et deux moutons .pour la descente (2 juin 1330) f° 7 V 0.

V. Dernière convention pour un troupeau de Saint-Vincent 3 et de Pontis * dont le pulverage s'élève à 4 livres (f° 7 v°).

Parmi les autres actes, assez nombreux, (fos 2 à 14 et fos 20 à 69) qui concernent l'évêché de Digne je me borne à citer les suivants :

Comparution sur la plainte d'un particulier, devant Jean Girard, officiai de l'évêché, d'un prêteur qui réclame un intérêt usuraire, alors que l'emprunteur a déjà payé des sommes considérables au père du créancier (4 juillet 1330) f° 10 v°.

Acte relatif à une chapellenie fondée dans l'église de Digne (8 octobre 1330) f° 23.

Contrat de mariage devant le notaire de l'évêché (14 janvier 133 1 n. s.) f° 51.

Acte d'émancipation (19 février 1331, II. s.) f° 60.

Itinéraire Pastoral

La partie la plus intéressante du registre est celle qui nous donne jour par jour l'itinéraire d'Elzéar de Villeneuve dans sa visite pastorale ; les documents de ce genre sont, je crois, assez rares et celui-ci vaut au moins une analyse.

Le diocèse de Digne comprenait en 1330, 34 paroisses; l'évêque, dans sa tournée, ne paraît avoir visité que le nord de son diocèse H, à savoir quinze paroisses, parmi lesquelles

1 Le droit ayant été payé le 16 septembre suivant, on doit penser que la saison de transhumance comprenait, comme de nos jours les mois de mai, juin, juillet, août et septembre. Cf; Fournier-, Les chemins de transhumance en Provence et en Dauphiné, dans le Bulletin de géographie historique et descriptive, 1900, p. 237 passim.

2 Castrum de Meolanis, cant. du Lauzet.

3 Saint-Vincent, canton du Lauzet (B.-A.)

4 Castrum de Ponticio, canton du Lauzet.

s Cantons actuels de Digne, Seyne et La Javie.


— 197 — quelques unes ne forment pas aujourd'hui d'agglomération communale.

Parti vraisemblablement le II août de Digne, Elzéar de Villeneuve, accompagné du notaire de l'évêché, de Jean de Chalmayrac, préchantre du chapitre de Digne, et d'un familier Pierre Alcunie, de Manosque, arrivait au Mousteiret 4 le même jour et ordonnait clerc Mathieu Fabre, dans l'église Saint-André de ce château ; le lendemain, 12, il séjournait au même lieu et donnait la tonsure à un deuxième clerc.

La Cour épiscopale se transportait le 13 août à Champourcin 2 et admettait à la cléricature Guillaume et Isnard Martin, fils de Guillaume Martin, seigneur de Champourcin, ainsi que divers autres habitants.

Pendant une semaine, du 14 au 19 août, l'évêque paraît avoir séjourné à Digne, à cause de la fête l'Assomption ; le 20 août, il visite Blégiers 3 et Prads i où il ordonne plusieurs clercs. Le 24, Elzéar de Villeneuve, stationnant dans les environs, vend à Jacques Amie, chapelain de l'église de Channoles 5 et à Paul Blige, de Blégiers, la dîme des blés et légumes de cette dernière paroisse, pour un an, à raison de 300 setiers de blé, mesure de Digne, payables après les moissons. L'acte est passé à Clochers 6 sur la terrasse, « près du bosquet contigu à l'église » (f° 17).

Le même jour, l'évêque ordonne dans l'église de Clochers, cinq clercs de La Javie 7; il en fait un nouveau le 26 dans l'église Saint-Pierre de Beaujeu s, trois autres dans celle du Vernet 9

1 J'identifie, sans trop d'hésitation Mosterio Ensie donné dans l'acte, avec Le Mousteiret, lieudit sur la Bléone, commune de Digne.

2 Castrum de Champo (sic) porcino, lieu dit près de La Javie.

3 Castrum Bligii, cant. de La Javie. 4 In ecclesia Pratis, id.

3 Channola, lieu dit près de Champourcin.

6 Actum Clocharium; jadis Clucheiret, lieu dit de La Javie.

7 Ecclesia de Gaveda, ch.-l. de canton.

8 S. Petrus de Ouchis, lieu dit de la com. de Beaujeu, cant. de la Javie.

9 Ecclesia de Verneto, canton de Seyne.


— 198 —

le 27, et le 28 août il reçoit à la cléricature trois personnes de Couloubroux 4 sur le pré de l'hôpital.

Successivement le prélat continue ses ordinations, le 29 août à Verdaches 2, le 30 dans l'église Saint-Saturnin d'Auzet 3, le 31, dans le cimetière de Barles 1, et le lendemain, 1er septembre, dans l'église de cette même paroisse. Nous retrouvons Elzéar de Villeneuve, le 4 septembre suivant, à Lambert 5 où il fait clerc Bertrand d'Ayrol, du diocèse d'Embrun, suivant commission de Bertrand de Déaulx, archevêque de ce diocèse (15 décembre 1329), présentée par Bérenger Alègre, son vicaire général.

L'évêque se rapproche alors de Digne et réside plusieurs jours à Tanaron 6 où, après avoir conféré les ordres mineurs dans l'église Saint-Laurent de ce lieu, il s'occupe du temporel, donnant à emphithéote une maison sise près du chemin allant à Esclangon 7 ainsi qu'un autre immeuble, (fos 19 et 19 v°).

Le 9 septembre, l'évêque est rentré à Digne; ce jour là, sur le vu des lettres d'Armand de Narcès, archevêque d'Aix, il accorde la tonsure à Bertrand, fils de Guillaume de Jausiers, chevalier.

Du f° 20 au f° 70, les actes relatifs à l'évêché se poursuivent, intéressant de nombreuses communes de la région, notamment Tanaron, Marcoux, Auzet, Rocherousse, Rochebrune, Gaubert, Couloubroux, etc.

Je meborne aux détails qui précèdent; ils suffiront, je crois, à indiquer le réel intérêt que présente ce registre,- qui pourra donner de précieuses indications sur la topographie de la

région de Digne.

FERNAND SAUVE.

1 Colobrosius, lieu dit au N. du Vernet.

2 C. de Verdaciis, canton de Seyne.

3 C. de Auseto, id.

4 Ecclesia SU Pétri de Baroliis, id.

5 Ecclesia Sti Peiri de Lamberii, canton de Digne 6 Ecclesia de Tanarone, canton de La Javie.

7 Apud Sclangonum, id.


L'Instruction Publique à Salon

EN 1790

Documents inédits '

Le 25 mars 1790, les citoyens actifs de la ville de Salon prennent la résolution de « détruire la pédagogie comme un établissement inutile et onéreux à la commune, parce que cet établissement exclusif prive la ville de Salon de beaucoup de personnes qui seraient venues y établir des pensionnats et donner leur temps à l'éducation de la jeunesse, moyennant une rétribution quelconque, convenue et tractative, sans être à la charge de la commune ».

Cette motion est adoptée sur la proposition du citoyen Jean Tronc dont le nom revient fréquemment dans les actes relatifs à Salon, au cours de la période révolutionnaire. Cet estimable citoyen ne savait ni lire ni écrire et il faut croire qu'il n'appréciait pas moins les bienfaits de l'instruction en demandant la suppression de la « pédagogie », c'est-à-dire du collège entretenu aux frais de la ville.

Ce collège avait, en 1790, une existence déjà ancienne. La municipalité avait créé en sa faveur un véritable monopole en refusant l'autorisation aux bons pédagogues qui voulaient s'établir dans la cité salonaise. C'est à ce monopole que semblait en vouloir Jean Tronc et lorsqu'il en demanda la suppression, le conseil abonda dans son sens; il y vit une raison d'économie et cette raison, il faut bien le dire, semble l'avoir touché davantage que la nécessité d'anéantir un privilège' en faveur d'un établissement unique.

1 Archives dès Bouches-du-Rhône, série L (administration du dépt), liasse 64.

14


— 200 —

Sans doute, d'autres illettrés, parmi la population, tirent chorus avec Jean Tronc et applaudirent à la suppression du collège, de cette « pédagogie » qui s'était si peu dépensée à leur profit. Néanmoins, il serait contraire aux faits d'affirmer que la mesure fut unanimement approuvée et que tous les citoyens virent disparaître sans regret un établissement qui avait formé de bons élèves et rendu de réels services.

Une pétition, couverte de soixante-huit signatures, fut adressée aux membres du Directoire du département, en vue de l'annulation de la délibération des citoyens actifs. Mais, cette pétition qui ne fut point la seule, demeura sans effet; la délibération attaquée par bon nombre d'habitants fut exécutée quoiqu'elle ait été assez mal défendue par l'administration locale. La note emphatique rédigée par elle, à cette occasion, vaut la peine d'être reproduite :

Il est bien salutaire ce principe, Messieurs, qui nous aprend que de l'éducation découlent tous les moments heureux dont on peut jouir dans la société. Cette éducation procède en grande partie de l'instruction qu'on reçoit des hommes qui se dévouent à celle de leurs semblables. La tradition nous aprend que cette ville, le premier des fiefs des archevêques d'Arles, à qui elle fut transmise par les empereurs d'Occident, eut de tous les tems un collège, mais ce titre usurpé par la vanité ne devait pas être accordé à un. simple établissement qui n'étoit dans le fond qu'une pédagozie sans examen et sans exercice publics. Dans les derniers tems même, réduit à l'enseignement de quelques très jeunes écoliers, il presentoit l'image d'un ordre abécédaire. Deux régents le composoient placés dans une maison de la commune, suffisamment stipendiés par elle, ils recevoient encore des émoluments des particuliers. Ce simulacre tombé dans la décrépitude a été aboli par la municipalité qui presumoit trop bien des forces de son existance politique, pour n'aspirer à un établissement patriotique posé sur des bases qu'un département éclairé aurait élevées. Il nous faut, Messieurs, un collège à Salon. Le château, des vastes maisons religieuses vous en présentent la facilité. L'importance de la ville, son district, sa position au milieu des plus grandes, la salubrité de l'air, la bonté de ses commestibles, tout doit porter à atteindre à la perfectibilité de cette entreprise digne de nos jours. Rappellés-vous de reunir vos voeux aux nôtres pour conserver à la patrie les deuxfonc-


201

tionnaires de notre cy devant collège. Le plus ancien doit se flatter de trouver à Salon des citoyens reconnoissants sur les exprits desquels ses leçons de sagesse et du bon goût qui le distingue, ont laissé des profondes impressions.

Dans la ville de Salon, déjà importante, il fallait à tout prix un établissement d'instruction publique. La municipalité qui avait prêté la main à l'anéantissement du collège fut la première à sentir cette nécessité et, dans l'impuissance où elle se trouvait de faire oeuvre viable, elle accueillit avec empressement la proposition d'un nommé Lengrand dit Dupuis, arrivé à Salon avec une troupe de comédiens.

La suppression du collège avait fait du bruit dans la ville, et Dupuis, sans doute lassé par sa vie nomade, résolut de lâcher les tréteaux pour le bonnet du magister. Il s'offrit aux édiles salonais pour établir dans leur ville un " collège national ».

Sa proposition ayant été agréée, Dupuis se mit résolument à l'ouvrage et, au bout de quelques semaines, il fut à même de présenter au public les élèves qu'il avait formés. En homme familier avec la mise en scène, il voulut inaugurer solennellement son collège et, dans ce but, il envoya aux habitants l'invitation que voici :

Vous êtes invité, avec la permission de MM. le Maire et Officiers Municipaux, à vous trouver le premier octobre, à deux heures et demie présix, dans une des Salles du Couvent des Cordeliers, pour assister à l'Ouverture du Collège que se propose d'établir le Sieur Lengrand dit Dupuy, sous l'approbation des Corps administratifs.

Le dit sieur aura l'honneur de prononcer un Discours analogue à la circonstance, qui sera suivi d'un Exercice public et françois, par ses Elèves.

Le texte du discours de Me Dupuis ne nous a point été conservé et c'est sans doute grand dommage. Il dut dire des choses savoureuses, exposer une méthode d'enseignement dont on aura au moins une idée à l'aide de « l'exercice public » auquel se livrèrent les élèves. Cet exercice pourrait donner à croire que Dupuis avait fait de quelques-uns de ses élèves de


— 202 —

véritables émules de Pic de la Mirandole. Cinq d'entre eux, âgés de 6 à 15 ans, furent produits en public; si l'on désire savoir ce qu'ils firent, on voudra bien jeter les yeux sur le programme ci-après :

DEO JUVANTE

EXERCICE PUBLIC

Sous les auspices de MM. les Maire et Officiers Municipaux par les Ecoliers de l'Ecole Nationale de Salon.

FRANÇOIS-JOSEPH AILLAUD, âgé de 15 ans, de Salon, Définira, l'Agriculture, l'Algèbre, l'Arithmétique, l'Anatomie, les Arts et Métiers, l'Architecture, l'Artillerie, la Guerre, l'Astronomie, l'Astrologie, les Belles-Lettres, le Blason, la Botanique, la Chimie, la Chirurgie, le Commerce, la Critique, la Chronologie, la Danse, le Dessein, la Déclamation, les divers Exercices ; l'Economie, l'Ecriture, la Fable, les fausses Religions, la Finance, les Fortifications, la Géographie, la Géométrie, la Généalogie, la Grammaire, l'Histoire ; Il recitera les fables suivantes : '

Le Loup et L'agneau, La Grenouille voulant égaler le Boeuf en grosseur, les deux Mulets, le. Loup et le Chien, le Rat de Ville et le Rat des Champs ; Simonide préservé par les Dieux, la jeune Veuve, le Renard et le Raisin.

JEAN-FRANÇOIS BARON, âgé de 13 ans, né à Salon, Répondra sur les XII Paragraphes de la Doctrine Chrétienne et les cinq premiers articles du Catéchisme d'Arles.

Il définira l'Agriculture, les Arts et Métiers, l'Astronomie, l'Astrologie, les Belles-Lettres, le Blason, la Botanique, la Chimie, la Chirurgie, le Commerce, l'Algèbre, l'Anatomie, l'Arithmétique.

La délicatesse de sa santé a été un obstacle à son désir d'apprendre.

MARC-ANTOINE GONNELLE, âgé de 12 ans, né à Salon, Répondra sur les XII premiers Paragraphes de la Doctrine chrétienne, et il définira le Blason, la Botanique, l'Algèbre, l'Anatomie, l'Arithmétique. l'Architecture, les Arts et Métiers, l'Artillerie, l'Astronomie, l'Astrologie, les Belles-Lettres, la Chimie et la Chirurgie..

Il répétera les Fables suivantes, le Renard et le Raisin, Le Lion et le Rat, le Loup et la Cigogne, le Chien qui lâche sa proie, le Coq et la Perle, l'Ane portant des reliques.

Louis GASSIER, âgé de dix ans, né a Salon, Répondra sur les X premiers Paragraphes de la Doctrine Chrétienne,


— 203 —

Il définira l'Agriculture, les Arts et Métiers, l'Astronomie, l'Astrologie, le Blason, la Botanique, la Chimie, l'Algèbre, l'Anatomie, l'Arithmétique, l'Artillerie.

Il répétera les Fables suivantes : Le Lion et le Rat, l'Oiseau blessé d'une flèche, l'Ane vêtu de la peau d'un Lion, l'Ane et le Cheval, le Renard et le Raisin, l'Amour et la Folie.

JOSEPH-DAMAS CHIOUSSE, âgé de six ans, né à Salon, Récitera quelques petites Fables.

Me Dupuis mettait à l'épreuve la mémoire de ses élèves qu'il ne ménageait guère. C'était un habile metteur en scène et cette habileté perce nettement dans le programme ci-dessus, à propos du jeune Baron, âgé de 13 ans, qu'il sut rendre intéressant en avisant le public que « la délicatesse de sa santé a été un obstacle à son désir d'apprendre ». Cet enfant dut, si l'on en croit le programme, tout de même réciter la majeure partie du catéchisme. Cette récitation édifiante fut suivie de définitions très diverses où l'agriculture et l'astronomie, le blason et l'anatomie avec nombre d'autres sciences naturelles, chimiques ou mathématiques furent révélées à un public sans doute étonné de voir de tout jeunes enfants se mêler d'être si savants.

Veut-on connaître le règlement élaboré par Dupuis luimême? Le voici dans toute sa saveur, tel qu'il l'adressa aux officiers municipaux de Salon :

Remontre le Sr Pierre Dupuis, instituteur de Salon ;

Disant qu'il vous aurait plû, Messieurs, approuver, en datte du neuf juillet dernier, un plan d'éducation cy-joint, présenté par le remontrant. Que d'après votre approbation, il se serait adonné à l'éducation et a l'instruction de plusieurs élevés, dont un aurait eu l'honneur de vous dédier une thèse de théologie en datte du 12 juillet, à laquelle le remontrant aurait présidé sous vos yeux, ce qui prouve son aptitude à enseigner ; que le nombre de ses élèves augmentant tout les jours; il aurait travaillé à rédaction d'un ouvrage intitulé, Principes des langues latines et françaises, qu'il a l'honneur de vous offrir pour qu'il vous plaise l'approuver et en permettre l'usage dans votre ville et dépendance : avec les clauses qu'ils vous plaira y apporter.


— 204 —

Le remontrant requérant néanmoins que le dit ouvrage soit visé par telle personne du Chapitre qu'il vous plaira lui désigner pour, sur le rapport fait, y accorder la permission.

Le supliant désirant remplir la tâche qu'il s'est imposé, requéreroit en outre qu'il lui soit permis d'élever un collège, en cette ville aux conditions suivantes :

i° Q_ue le collège à établir, porterait le nom de collège national, dans lequel serait enseigné tout ce qui entre dans le plan d'éducation cy-joint, le tout, sans autres honoraires de la ville que le logement.

2° Que selon le nombre des élèves, le dit Sr se procurera des instituteurs qu'il sera tenu de faire approuver par la municipalité.

30 Que la municipalité aura droit d'inspection et de visite dans le dit collège, tant pour vérifier la nourriture des pensionnaires, que pour écouter les plaintes des élèves, s'ils avaient à en former.

40 Que le remontrant sera tenu de rendre compte du progrès de ses élevés tous les mois, tant à la municipalité qu'au conseil.

5° Que tout les trois mois, les élèves soutiendront un examen public sur les matières qu'ils auront vus après lequel il leur seront distribués des prix aux frais de la ville.

6° Qu'il sera libre à la municipalité de destituer le supliant pour cause de négligence, ou d'inconduite.

Les Status du collège seront pour les pensionnaires :

1° Qu'ils se lèveront tous les jours à dix heures qu'ils assisteront à une prière commune à six heures et demie; qu'après ils vaqueront à leur toillettes, qu'à sept heures, ils déjeuneront ensembles, et pendant les repas ils liront a leur tours dans quelques livres pieux. Ils dîneront à midy et souperont à sept heures.

2° Qu'ils seront conduit en promenade le mardi et le jeudi après midi si la saison le permet.

30 Aucun ne poura aller dans la ville, sans une permission et sera tenu de dire ou il va et chez qui, laquelle permission ne s'accordera que très rarement.

40 Qu'aucun pensionnaire ne poura s'absenter des exercices publics.

5° Les externes seront sujets aux règles suivantes, comme les pensionnaires ; ils entreront en classe tout les jours à huit heures, ils y resteront jusqu'à dix.

6° Ils seront conduits à dix heures deux à deux à la messe pour, après la messe, les externes retourner chez eux, et les pensionnaires être reconduits dans le même ordre au collège.

7° L'après midi la classe s'ouvrira à deux heures jusqu'à quatre et demie, excepté le mardi, et le jeudi, qu'il vaquera l'après midi seulement, à moins que ce ne soit une veille de fête.


— 205 —

8° On entrera les dimanches et fêtes à huit heures, on recitera le catéchisme jusqu'à l'heure de la grande messe ; on entrera également à une heure et demie pour le même objet et assister ensuite aux vêpres.

Tels sont, Messieurs, les objets intéressants, pour lesquels je reclame et vous prie de vouloir, ce concideré, dénomer un examinateur poulie 1er objet. Me soumetant moi même à faire preuve de mes talens si l'on l'exige.

Et ce règlement se trouve accompagné de l'attestation suivante :

Moi César Nicolas Chiousse chanoine de S*-Laurent, atteste avoir reçu depuis le mois de juillet dernier des leçons de Mr Dupuis tant pour la théologie que d'autres sciences, et avoir trouvé sa manière d'instruire très claire, et propre à faire faire des progrès rapides.

l'atteste au sur plus luy reconnaître beaucoup d'exactitude et de vigilance pour avoir fréquenté sa classe très souvents. en foi de quoi je lui fait la présente attestation, pour lui servir et valoir ce que de raison. A Salon ce dix 7bre 1790.

CHIOUSSE chne.

Enfin, Dupuis voulut faire connaître à la population, en un prospectus qu'on trouvera ci-après, en qnoi consistait l'éducation qu'il entendait donner dans son collège, une « éducation à l'instar de Paris » ! Le régime alimentaire est également indiqué dans ce programme. La dame Dupuis devait y donner tous ses soins et son mari nous la montre apte à enseigner aux jeunes demoiselles comme aussi à raccomoder et blanchir à neuf les gazes et blondes !

EDUCATION.

A L'INSTAR DE PARIS

Adoptée par MM. les Maire et Officiers Municipaux de Salon

PROSPECTUS

Dans un tems où tout semble contribuer à nous rendre heureux, rien n'est plus nécessaire que de travailler à former et l'esprit et le coeur des jeunes personnes, et de veiller à leur éducation.

Quelque pénible que paroisse la carrière que je me propose d'embrasser, je m'efforcerai d'y réussir avec d'autant plus de satisfaction


— 206

que mon but est de former de bons Citoyens, de bons Epoux, des Juges intègres, de bons Militaires, etc. Pour y réussir, je me propose d'enseigner tout ce qui entre dans l'éducation la plus épurée.

1° La Religion, comme la pierre fondamentale de l'éducation, fera mon premier objet, la Lecture, l'Ecriture, Les Langues latines, françaises, italiennes, etc.

2° La Grammaire, la Syntaxe, la Poésie latine et française.

3° La Réthorique latine et française ; la Philosophie latine et française, contenant la Logique, Métaphysique et Morale, Physique générale et spéciale.

4° La Géographie, l'Histoire ancienne et moderne, celle de France et autres, comme l'Histoire Romaine, etc.

Ceux qui désireront prendre des leçons, pourront s'adresser au Sr Dupuis. vis-à-vis les Pénitens blancs. Ledit donne des leçons en ville et chez lui.

Il tiendra également des Pensionnaires, depuis l'âge de dix ans, à divers prix. La nourriture sera la soupe, le bouilli, une entrée, du dessert et du vin pour boisson ; le soir une salade, un rôti, du dessert. Coiffé et peigné tous les jours, blanchi : le tout pour 400 I. par année.

Les Pensionnaires se fourniront un Matelas, une Couverture, un Traversier, deux paires de Draps, six serviettes, un Couvert, un Gobelet.

Les Pensions se payent trois moins d'avance. Les Pensionnaires, de 10 à 14 ans, ne sortiront jamais qu'accompagnés ; ils pourront cependant, s'ils ont des Parens, les aller voir dans l'enceinte de la ville seulement. Il sera libre à leurs Parens de les venir voir, et de vérifier par eux-mêmes le fruit des travaux des Elèves., qui, quatre fois l'an, soutiendront des examens publics.

La Dame Dupuis enseigne les jeunes Demoiselles et leur apprend à faire de la dentelle, à coudre, resarcir, Etc.. Elle prévient le public, qu'elle les raccomode et les blanchi à neuf, ainsi que les gazes et blondes.

Par tous les moyens, de toutes manières, Dupuis avait exposé sa méthode, s'était attaché à en faire valoir l'excellence. L'administration municipale de Salon, les habitants de cette ville eurent de cette méthode la bonne opinion que son auteur entendait leur faire concevoir. Celui-ci, d'autre part, ne demandait à la commune que le local et l'autorisation d'exercer librement.


— 207 —

Mais, le Directoire du département, après avoir loué le plan d'éducation à l'instar de Paris, ne crut pas devoir en autoriser l'application et la ville de Salon dut se résigner à conserver les deux modestes instituteurs qu'elle entretenait autrefois.

Le comédien Dupuis avait exagéré. Il avait promis trop de choses et son programme finit par paraître surchargé. Certains habitants n'en voulurent point et le dirent très haut, d'autres partagèrent l'avis des plus osés et la municipalité elle-même, qui n'avait point ménagé son encouragement à l'entreprise nouvelle, se trouva obligée de réinstaller l'école modeste qui, sous le nom pompeux de collège, fonctionnait depuis longtemps à Salon.

Si Dupuis n'avait pas eu l'idée de ce collège mort-né et s'il n'avait point exposé en détail sa méthode, nous serions privés de quelques documents qui nous ont paru avoir de l'intérêt au point de vue de l'histoire de l'enseignement au début de la Révolution.

PAUL MOULIN.


UN PRÉDICATEUR TOULONNAIS

AU XVIIIe SIÈCLE Le R. P. Hyacinthe-Thomas-d'Aquin LA BERTHONYE

PAR L'ABBÉ G. REYNAUD DE LYQUES

Avec Bossuet, Bourdaloue et Massillon, l'éloquence de la chaire avait atteint au XVIIe siècle l'apogée de sa gloire. Mais le XVIIIe siècle a produit une pléiade d'orateurs qui ont continué les belles traditions de l'éloquence religieuse, et parmi eux la Provence peut revendiquer plusieurs de ses enfants 1.

De ces illustrations provençales il en est une qu'il nous a paru intéressant de rappeler à nos contemporains : c'est un dominicain de Toulon, le R. P. La Berthonye.

Ayant eu la bonne fortune d'avoir entre les mains les nombreuses lettres qu'il écrivait à sa famille 2, nous avons voulu dans cette modeste étude faire connaître cette figure provençale et toulonnaise.

Pierre-Thomas LA BERTHONYE 3 naquit à Toulon, le 7 février 1708, d'une famille profondément chrétienne qui, voyant en lui d'heureuses dispositions, prit de son éducation un soin tout particulier. Son père, Joachim La Berthonye,

1 Outre Fléchier et Massillon, nous pouvons citer encore: Jacques Brydaine (17077 1767) qui évangélisa toute la Provence; le Père Allègre, d'Avignon; le P. Gautier, de l'Oratoire de Cotignac (f 1720), qui fut un prédicateur renommé, auteur de « cantiques populaires " en provençal fort estimés en son temps et encore en usage dans nombre de nos paroisses.

2 Ces lettres nous ont été gracieusement communiquées par un arrière petit-neveu du P. La Berthonye, M. Adolphe de Raoulx-Crozet, de Toulon, à qui nous adressons nos plus sincères remerciements.

3 La famille La Berthonye originaire du Dauphiné, fuyant les persécutions


— 209 — maître apothicaire 1, à la « place de la Halle au blé 2 », avait essayé par deux fois de la vie religieuse, à la chartreuse de Montrieux; mais chaque fois de cruelles maladies l'avaient obligé d'abandonner son projet. Sa mère, Madeleine Aune, originaire du Luc, mourut lors de la peste de Marseille.

Doué d'une intelligence rare, à 6 ans il entra au collège-des Oratoriens 3 où il obtint de grands succès; et il en sortit en 1723 lauréat eu philosophie4.

Il compose alors en l'honneur du maréchal de Villars, membre de l'Académie et gouverneur de Provence, une ode poétique qui lui attire de grands éloges. Mais quelle ne fut pas la surprise du commandant de la place, M. du Pont, lorsque, chargé par le maréchal de présenter ses remercîments au poète inconnu, il vit devant lui un enfant de 14 ans 1/2. Le maréchal informé du fait lui fit offrir immédiatement une place dans le corps du génie. Il ne tenait donc qu'à lui, grâce à cette protection, de devenir illustre. Mais le jeune homme avait d'autres désirs. Il refuse cette offre brillante et, suivant l'exemdu

l'exemdu des Adrets, était venue s'établir en Provence, à La Valette-du-Var, vers 1540, en la personne de Louis de La Berthonye, cordonnier.

Avait-il droit à la particule ? On pourrait le croire, car plusieurs actes de cette époque le nomment en effet " de La Berthonye ». (Actes de vente en 1556 et 1561, Cabasson, notre, à Toulon ; quittance en 1682, Barry, notre à Méounes). La nièce du Père Thomas, religieuse bénédictine à Chelles, est appelée de La Berthonye, « il n'est pas jusqu'au roi qui, dans le brevet de médecin royal [accordé au père du prédicateur] et dans les lettres d'agent général de l'ordre ne nous donne le de ». (Lettre du 14 septembre 1763). Quoiqu'il en soit, il parait certain que la famille avait abandonné le « de », comme nous le voyons par toute sa correspondance.

4 II appartenait à une famille qui comptait des médecins, de père en fils, depuis un siècle. Nous connaissons en effet, son père, son grand-père, ses oncles, et plus tard, son fils et son petit-fils.

2 La maison faisait le coin de la halle au blé et de la rue des Carmes. La halle au blé fut appelée plus tard place au foin et aujourd'hui, place Puget, la rue des Carmes est aujourd'hui la rue Bonnefoi ou du Palais-de-Justice. Plus tard il vint habiter la place Saint-Michel (1764) et ensuite sur le port « près de la coneine » (1768) une maison appartenant encore à la famille.

3 Aujourd'hui hôpital de la marine, rue Nationale,

1 II dédia sa thèse de philosophie aux consuls de sa ville natale.


ple de son père, il court à Montrieux chercher le calme et la paix dans la solitude du cloître. Mais il était trop jeune et on refuse de le recevoir. Il entre alors chez les dominicains l où était déjà un de ses grands-oncles, le R. P. Ferry, aussi recommandable par sa science que par la considération dont il jouissait dans son ordre.

Le 27 février 1725, il reçoit l'habit religieux des mains du père d'Entrechaux, vicaire général, et prend le nom de Hyacinthe-Thomas-d'Aquin, nom lourd à porter ; mais, par sa vive intelligence qui s'attaque avec succès à toutes les branches de la science sacrée et profane, le jeune religieux le portera dignement, deviendra une lumière et une illustration de son. ordre.

Après dix mois de noviciat, le père Thomas d'Aquin subit' son examen de chapitre où il est reçu à l'unanimité. Il n'apas vingt ans.

A Tarascon, où il est envoyé pour continuer ses études théologiques et littéraires, ses heureuses qualités lui ont vite attiré l'estime de ses supérieurs et l'affection de ses frères. « L'amitié du R. P. prieur et de ses religieux pour moi est toujours de la même force », écrit-il à son père le 7 avril 1727. L'année suivante il soutient une thèse pour le baccalauréat en théologie et, à cette occasion, il écrit le 15 décembre: « Je passe ma thèse sous le père Montenard et comme je lui disais que vous ne vouliez point faire dépenses cette année, il m'a dit qu'il la faisait lui-même 2. »

1 Le couvent des dominicains de Toulon était situé au coin de la place du Théâtre, dans l'îlot où il y a actuellement la maison Thierry et Sigrand et l'hôtel municipal.

2 On peut s'étonner de ces demandes continuelles d'argent que nous voyons dans presque toutes ses lettres et des comptes détaillés qu'il envoie à son père. Il semblerait en effet que l'ordre devait fournir au religieux tout ce qui lui était nécessaire, mais il ne faut pas oublier que « la pauvreté religieuse. peut se pratiquer de deux manières différentes ; ou bien d'une manière parfaite par la vie commune, on bien per modum peculii, Dans le premier cas la communauté fournit au religieux absolument tout; dans le second, elle ne lui


*— 211 —

Après sa thèse brillamment soutenue, il fut, malgré son jeune âge (22 ans), envoyé à Grasse, professer la philosophie au grand séminaire de cette ville. Ordonné prêtre à Nice, aux fêtes de Pâques 1731, il est envoyé à Aix, puis à Tarascon, pouroccuper successivement les chaires de géométrie, de philosophie et de théologie. Mais il ne fit que passer dans ces villes et en 1733, le provincial du Dauphiné demandant un religieux théologien, prédicateur et chantre, le père La Berthonye part pour Grenoble.

Il avait de bonne heure manifesté un goût très prononcé pour la prédication et à Aix où il faisait son noviciat ses débuts avaient été très remarqués. Un jour il prêche le panégyrique de Saint-Thomas d'Aquin, le lendemain de la fête, en présence de toute la communauté, et le prédicateur de la veille affirmait qu'on aurait pu se passer de lui. Une autrefois, le prédicateur qui devait donner le panégyrique de Saint-André chez les Dames de Saint-Barthélémy fait défaut la veille même de la fête. Les religieuses au désespoir s'adressent au prieur des Dominicains, leur supérieur. Celui-ci interroge les pères qui tous refusent l'un après l'autre, vu le manque de temps. Le père La Berthonye est sollicité à son tour, quoique diacre. Et refuse d'abord, mais sur les instances du prieur il accepte et son panégyrique fit l'admiration de tous ses auditeurs. Il prêcha aussi plusieurs fois à Saint-Sauveur, en présence de l'archevêque et déjà on pouvait prédire ses futurs succès. Les heureuses dispositions, développées par l'étude sérieuse de la théologie, de la philosophie et des mathématifournit

mathématifournit certaines, choses déterminées. C'est au religieux de fournir le reste sous le contrôle et avec la permission du supérieur. » (Lettre du R. P. L..., à l'auteur, 21 mai 1898). Le père La Berthonye avait « le pécule » ; c'est ce qui nous explique ces demandes d'argent à son père, pourquoi il était si souvent hors de son couvent, et aussi la pension annuelle que lui fit plus tard la marquise de Vernouillet.


- 212

ques, devaient faire de lui un véritable maître de la parole sacrée.

C'est lui qui nous racontera ses succès oratoires dans ses nombreuses lettres qui sont un véritable journal de famille. Il y raconte fidèlement les choses comme si elles regardaient tout autre que lui. « Je vous dois cette franchise, écrit-il à son père le ior mars 1737, que la modestie, la vérité, on pour mieux dire, la connaissance de moi-même m'empêchent d'avoir pour d'autres ».

A Grenoble ses premiers sermons ne trompèrent pas l'attente de ses supérieurs. Dès les premiers jours il se plaça au premier rang, et sa réputation grandissant, le Sénat de Chambéry lui demanda le carême de 1737.

Ce choix, tout flatteur qu'il était, fut pour le père, l'occasion de grandes épreuves et la source de nombreux ennuis. Pour bien comprendre ce qui va suivre il faut se rappeler l'état religieux de la France à cette époque. Le jansénisme « cette hérésie, qui n'était pourtant, pour la plupart de ses partisans, clercs ou laïques, qu'une erreur théologique dans la pratique de la vie chrétienne 1», bouleversait les églises et les communautés religieuses. Tout d'abord ce ne fut qu'un simple débat théologique entre les docteurs et les universités; mais bientôt, avec l'immixtion du parlement, il devint une véritable querelle religieuse qui divisa profondément l'Eglise de France. A la question de doctrine se joignait encore une question particulière : la lutte contre les jésuites, adversaires du gallicanisme. Sous l'influence des passions politiques cachées sous ce voile des questions religieuses, ceux-ci avaient vu leurs collèges fermés et les Oratoriens les remplacer presque partout dans l'enseignement. Dans cette lutte d'influence, nous ne voyons pas, il est vrai, que les Dominicains aient pris une part bien active, mais il est permis de croire que, déjà séparés des jésuites sur les questions de la grâce, qui les divisaient en

1 Hist. de N.-D. de Grâce, par l'abbé Laure.


— 213 — Molinistes et en Thomistes 1, ils accueillirent leur défaite avec une certaine satisfaction. Le père La Berthonye, comme Dominicain et comme Gallican, était donc adversaire des jésuites et dès lors nous ne devons plus nous étonner de sa querelle religieuse de 1737.

A Chambéry, en effet, les deux ordres étaient en présence. Un père jésuite prêchait à la cathédrale, tandis que le père La Berthonye prêchait dans la chapelle de son ordre. La rivalité des deux écoles allait engager une véritable bataille religieuse.

Dans ses visites d'arrivée, le père remarque certains sourires équivoques et il apprend que l'on a critiqué son jeune âge (29 ans) et son inexpérience (c'est en effet son premier carême) ; mais il ne voulut détruire ces préventions qu'après avoir paru. Les premiers jours, dit-il, il eut un auditoire passable, parce que les auditeurs s'étaient partagés « pour se déterminer ensuite.» Mais le 1er dimanche de Carême, l'auditoire fut splendide : « Imaginez-vous, écrit-il, une église plus longue et plus large de beaucoup que celle de la cathédrale de Toulon, absolument remplie de gens de condition dorés comme des calices ; voilà mes auditeurs. » Son succès fut dès lors consacré et il ajoute avec une pointe de malice : « Le jésuite eut les servantes et les bonnes, et moi la noblesse, la bourgeoisie et le clergé. » Froissés de cet échec, ses adversaires l'accusent alors de jansénisme et même de protestantisme ; ils répandent le bruit que ses sermons ne sont pas de lui, mais qu'ils viennent « tout faits de Paris », et finalement ils défèrent à la censure ecclésiastique plusieurs propositions extraites de ses sermons. Le père laisse dire tout d'abord, mais le lundi de Pâques, en faisant ses adieux à son auditoire, il se défend énergiquement.

Ecoutez cet exorde cicéronien : « Je finirais ici, messieurs, si

1 Le père jésuite Molina enseignait sur la grâce une doctrine contraire à celle de Saint-Thomas d'Aquin.


— 214 — l'intérêt de Dieu,le vôtre, celui de mon habit, celui de votre pasteur, de qui je tiens ma mission, le mien propre et peutêtre celui de nos censeurs, ne m'obligeait à élever la voix pour réprouver les calomnies dont on a voulu noircir ma foi. Si l'on ne m'attaque que dans mes moeurs, je suivrais cet avis du Sage : « Ne respondeas stulto juxta stultitiam ne efficiaris ei similis», c'est-à-dire « ne répondez point à l'insensé, selon sa folie, de peur que vous ne lui deveniez semblable »; et, vous ayant prêché le pardon des injures, je tâcherais, parle secours de la grâce, de vous en donner l'exemple. Mais on a attaqué ma foi et Dieu qui m'ordonne d'en faire profession publique aux dépens même de ma vie, m'ordonne en conséquence de la venger lorsqu'on l'attaque publiquement. Il m'en a donné l'exemple : il traita d'enfants du diable, ceux qui l'accusaient de blasphème ; Saint-Paul m'en a donné l'exemple : il traita de blasphémateurs ceux qui l'accusaient d'avoir avancé une erreur, comme vous pouvez le voir dans le chapitre V de son épître aux Romains ; tous les Saints m'en ont donné l'exemple ; et je défie tout mon auditoire de m'en nommer un seul qui ne l'ait pas fait. Je vais donc comme eux suivre cet autre avis du Sage : « Responde stulto juxta stultitiam ne sibi sapiens esse videatur ; répondez à l'insensé, selon sa folie, de peur qu'il ne soit sage à ses propres yeux. »

Entrant alors dans les détails, il met à néant toutes les calomnies semées contre lui et il finit ainsi : « Voilà, messieurs, ce qui m'est revenu qu'on avait censuré dans mes sermons ; vous voyez si c'est avec justice et probité. S'il y a encore quelque chose qui ait déplu à mes calomniateurs, qu'ils le déclarent ici. Je suis prêt à leur répondre et j'espère fermement que celui qui s'est servi de ce qu'il y a de plus faible pour confondre ce qu'il y avait de plus fort mettra dans ma bouche tout ce qu'il jugera nécessaire pour soutenir les vérités qu'il est venu établir sur la terre au prix de tout son sang. Si l'on n'ose m'interroger en public, qu'on se donne la peine de venir chez nous, ou de m'indiquer un endroit où je me rendrai


— 215 — pendant ces trois ou quatre jours que j'ai à rester ici et je promets de donner tous les éclaircissements que l'on souhaitera.»

Cette apologie fut approuvée par tout le monde, l'official le félicita publiquement et toute l'aristocratie de la ville tint à honneur de l'avoir à sa table.

Toutefois cette querelle religieuse terminée à Chambéry se continua à Grenoble où il devait prêcher le carême suivant de 1738. L'évêque circonvenu ordonna au père La Berthonye de retourner à Chambéry prêcher un sermon orthodoxe, après l'avoir soumis à l'examen de quatre prêtres choisis par les jésuites, et ce, dans les trois m'ois, sous peine d'interdit. Malgré les avis de son prieur, le père refuse; car, dit-il, « ce n'est pas mon honneur personnel qui est en jeu, mais l'honneur même de l'Ordre ».

Cette querelle qui peut nous paraître aujourd'hui mesquine et peu religieuse prenait au contraire dans les esprits du temps un caractère de gravité exceptionnelle. Le parlement de Grenoble, le Sénat de Chambéry, les avocats, les couvents, le public tous s'en occupaient. C'était bien, en effet, comme le disait le Père, la querelle de deux ordres, chefs d'école. L'affaire fut portée à la Cour de Turin et le roi pour calmer les esprits défendit à qui que soit de s'en occuper dans ses Etats Mais si elle est enrayée à Chambéry, en dehors elle passionne encore.

Le Parlement de Grenoble qui avait nommé le père Thomas d Aquin pour le carême de 1738 refuse d'abord de revenir sur sa décision; mais,sur les instances du père lui-même et de ses amis, il renvoie en 1741, dans l'espoir que pendant ce temps interviendra une solution définitive. En attendant, notre religieux prêche avec succès à Saint-Jean de Maurienne et Annecy. La querelle dura un an et l'évêque de retour dans son diocèse, après un séjour dans son abbaye de Champagne, reconnaissant la fausseté de toutes ces accusations, rend au père tous ses pouvoirs. Le 1er juin 1738 il prêche en sa présence « un sermon de morale ordinaire, un de ceux qu'on


2l6 —

attaquait si violemment à Chambéry et il fut approuvé par tous, même par ses ennemis. (2 juin 1758).

* *

L'année suivante, le R. P. Blanchet, provincial de France, ancien prieur du couvent de Poitiers, le choisit comme secrétaire dans sa visite des maisons de l'ordre. Il parcourt ainsi la moitié de la France, prêchant partout, et partout recueillant les félicitations les plus chaudes. Les chaires de Beauvais,Chagny, Auxerre, Beaune, etc., le voient tour à tour.

A Beaune même (1743), la ville veut d'abord lui payer les frais de voyage, mais craignant de créer un précédent fâcheux, elle renonce à cette générosité pour lui offrir un vin d'honneur, « comme aux grands seigneurs qui passent 1 ». A Beauvais, il fit la connaissance de Racine, l'auteur'du poème de la religion, qui lui fit présent de son ouvrage et lui conserva jusqu'à la fin « une vive et inaltérable amitié. »

Enfin, en 1740, il prêche le carême à Grenoble. Sa présence dans la chaire de cette ville, qui déjà l'a connu et apprécié et qui avait pris une part active dans sa fameuse querelle doctrinale, fut un véritable événement. Amis et ennemis se rendirent avec empressement à cette station, et il écrit à son frère: « Les chaises étaient à 12 sols, le banc de Messieurs du Parle - ment n'a pas suffi; les Messieurs de la Chambre des Comptes ont été obligés de faire mettre un tapis fleurdelisé sur les formes des chanoines 2. On comptait, sur la place Saint-André et dans lès rues voisines, plus de trente carosses et plus de cinquante chaises à porteur (mai 1740). »

L'affluence est telle que les membres du Parlement sont obligés d'envoyer des grenadiers pour garder leur banc, et

1 A ce vin d'honneur on ajoute un grand pâté, une longe d'agneau et une douzaine de pigeons. « Je puis dire que j'emporte le coeur de tout Beaune », écrit-il, et il ajoute malicieusement : « J'aurais bien voulu en emporter quelques bouteilles de bon vin. »

2 La Chambre des Comptes avait en effet le droit et le privilège d'avoir un tapis fleurdelisé.


— 217 — cependant « on avait dressé un amphithéâtre dans la dernière nef, depuis la porte jusqu'à la chapelle du fond. » La dernière semaine pour la Passion, « il fallut mettre des gardes aux portes de l'église et au choeur pour empêcher le monde de s'étouffer (1er mai 1740). »

Le prédicateur de la cathédrale, un de ses adversaires de 1738, eut une fois 35 auditeurs, une autre fois 20 et une autre 18, quoique les sermons ne fussent pas le même jour, et il fut même obligé de réduire les sermons à un par semaine, l'église étant toujours vide.

Cette station, qui consacrait de nouveau sa réputation d'orateur, fut un véritable triomphe pour lui. Aussi la caricature s'en mêla et une estampe parut, représentant un gros dogue noir et blanc tenant un flambeau, et des petits chiens noirs excités contre lui par un diable à quatre cornes.

De Grenoble il va rejoindre son provincial à Paris et reprendre ses visites canoniques, mais il ne reste pas inactif. Entre deux, visites ou deux voyages, il prêche l'Avent à Passy et le carême à Saint-Germain, où le jour de Pâques il eut un magnifique auditoire : « Une princesse du sang 4, 8 cordons bleus 2, l'archevêque de Rouen, les évêquesde Metz, du Mans et le nonce apostolique. » L'église était si remplie « que nos pères n'eurent d'autre parti à prendre qu'à se tenir debout appuyés contre le retable du grand autel ; et la porte de l'église resta ouverte à deux battants, la foule s'étendant jusqu'au milieu de la cour. » Le marquis de Ruffec-la-Rochefoucauld exprime ainsi son opinion à un père du couvent: « D'où diable vos gens de Saint-Germain ont-ils tiré ce prédicateur ? Jusqu'à présent ils avaient des ânes. Il faut que cet homme reste à Paris. » Et, apprenant qu'il est provençal : « Ditesmoi donc cela, réplique-t-il, je n'en suis plus surpris, les pro1

pro1 la duchesse mère de M. le duc

2 Entre autre : le prince de Poissy, le maréchal de Biron, le duc de SaintSimon, le duc de Valentinois, le duc de Villars-Brancas. (Let. de 1741).


- 216 —

vèhçaùx prêchent au berceau.» Malgré ces succès et ces ■triomphes, La Berthonye n'est pas ambitieux. Le provincial, qui est en même temps son ami et qui 1 depuis plusieurs années avait pu reconnaître dans son secrétaire une vive intelligence unie à une grande habileté dans les .affaires, même les plus difficiles, obtient de Rome la permission de l'affilier à son couvent de Paris. Le père refuse tout d'abord, mais cependant se voyant retenu à Paris pour dix ans au moins par les demandes nombreuses d'Avent et de carême, il consentira à se faire affilier à la province de France et au couvent de Beaune qui demande en même temps pour lui, le bonnet dedocteur en théologie. Il restera donc à la capitale qu'il ne quittera presque plus. Toutes les églises en effet se disputent sa présence ; Saint-Etienne-du-Mont, Saint-Severin, SaintEtienne, Saint-Jean en Grève, Saint-Barthélémy, Saint-Jacques de la Boucherie, Saint-Germain-l'Auxerrois, Saint-Leu, SaintGermain-le-Vieux, Saint-André-des-Arts, Saint Honoré, Le Chatélet réclament sa parole et il est arrêté jusqu'en 1756. « Je crois, écrira-t-il plus tard, que je suis destiné à inaugurer toutes les nouvelles chaires de la capitale. » En effet il prêche à Saint-Roch le carême de 1757 et celui de 1758 à Notre-Dame l où il obtient le plus grand succès. Cette chaire était jusqu'alors l'apanage presque exclusif des Jésuites ou des Oratoriens, et il y avait près de 100 ans qu'un dominicain n'y avait pas paru. Le père La Berthonye aura le même succès qu'autrefois le Père Massillon, et dès les premiers jours, il faudra rétablir l'enceinte de bois pour placer 2.000 chaises de plus. Aussi il pourra écrire : « Le chapitre me marque la plus grande satisfaction, le nouveau doyen le témoigne tout haut dans l'église et jamais l'auditoire n'a été ni plus nombreux, ni plus brillant. » Les évêques sont venus l'entendre, le cardinal

1 « M. de l'Ecluse, curé de Saint-Nicolas-des-Champs et grand vicaire, et M. l'abbé de Monljoye, chanoine de N.-D., sont venus ce mation, en soutane et en manteau long, me prier, selon l'usage, de la part du Prélat et du chapitre, et me notifier ma nomination au carême de N.-D. »


— 219 — de Tavanes, grand aumônier, «tout le chapitre et tout Paris » disent qu'il est le seul prédicateur, parce qu'il est le seul théologien 1. Il donne le panégyrique de saint Louis à l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Dans leur enthousiasme MM. d'Alembert et de Buffon veulent le faire imprimer, et de Bongainville lui dit en le remerciant : « Les deux académies m'ont accablé de compliments sur ce que je leur ai' procuré un si beau sermon 2. » Voilà bien des éloges, dit-il, dans une lettre du 15 septembre 1753, et il ajoute philosophiquement : « Voilà tout le profit démon travail. » Inombrables sont aussi ses sermons de vêtues ou de profession. Toutesf les grandes familles, Mllas de Creve-Coeur, de Saint-Georges, de Richerille, de Barry, etc., veulent l'avoir à leur prise de voile.

(A suivre)..

1 « Tous les grands prédicateurs de Paris sont venus m'entendre, et le Père Renault me donne le titre de théologien, »

2 « Les académiciens se tournaient de temps en temps et faisaient un signe de tête approbatif. Trois de ces messieurs dirent que l'Académie devrait le faire imprimer. »


UN PISCOURS DANS UN CLUB

En 1791

Dès la création des municipalités (1790), on vit s'organiser partout des sociétés, des clubs, et toutes ces sociétés s'affilièrent entre elles ainsi qu'avec le Club des Jacobins. Ce dernier, comme dit Michelet, n'était pas la « Société-mère » mais la société centrale qui fut par adoption la mère de ses soeurs.

Trets eut son club. Le 5 juin 1791, le Conseil général de la commune autorise l'établissement d'un club patriotique dénommé les Amis de la Constitution et, pour montrer combien ils sont de coeur avec les citoyens qui sollicitent cette autorisation, les membres du Conseil communal décident de s'incorporer « avec, eux au club patriotique qu'ils réclament avec autant de justice que de civisme et d'observer pour ce de point en point le décret de l'Assemblée Nationale. »

Ce club prit plus tard le titre de Société des Amis de la Liberté et de l'Egalité. Mais, après la chute de Robespierre et au début de la réaction qui s'ensuivit, il fut dissous par un arrêt du 13 germinal an in (2 avril 1795).

En parcourant l'intéressant registre des délibérations de ce club, j'y ai trouvé la transcription d'un discours prononcé par Brouchier, chirurgien à Marseille, possesseur du diplôme de sans-culotte numéro 77 de la Société populaire de Trets.

Voici le procès-.verbal de la séance à laquelle a été lu ce discours et le texte de ce dernier, dans une orthographe des plus libres, que nous avons cru devoir rectifier en certains endroits, pour rendre la pensée intelligible. Trets, le 29 janvier 1905.

V. TEISSÈEE.

Cejourdhui dix. neuf floréal, l'an second de la République française une et indivisible et impérissable, la Société Populaire de cette ville de Trets s'étant assemblée au lieu ordinaire des séances, sous la présidence du citoyen Pierre Pourchier, président d'office, de suite a été


fait lecture du procès-verbal de la dernière séance, en outre, après, avoir vérifié le certificat d'un membre de la Société des Amis de la Liberté et de l'Egalité de Limoge affiliée aux citoyens nos frères les Jacobins a Paris demandant l'exécution de la loi du maximon, il a été grandement applodi par la société et il [lui] a été accordé l'acollade fraternelle avec le président. Lecture a été faite d'une lettre venant de Marseille écrite par notre frère le sans culote Brouchier, datée du 18 florial, qui apprend à la Société des succèz nombreux que nos troupes ont eu sur nos ennemis ; à laquelle lettre étoit joint un discours que ledit Brouchier a lu à la section du numéro onze de Marseille, lequel discours a été lu de suite dans cette société qui l'a beaucoup applaudi et a délibéré de l'enregistrer dans ,le présent registre et d'écrire audit Brouchier tant sur sa lettre que sur ledit discours en le remerciant du tout..

« Auguste Temple de la Raizon, azile sacré des frères du n° 11 et des bons républicains marseillais, défenseurs intrépides de la Costitution française, tu vois réunis dans ton sein les amants fidelles de la sublime. Révolution qui regénère la France et fait revivre les droits sublimes de l'homme libre et égal en tout et par tout. Ce peuple, assemblé sous tes voûtes admirables vient aujourdhui pour s'instruire de tous ses devoirs, soit envers la République soit envers ses frères soit enfin envers tous les sans-culotes de toute la terre. Divine Raison, accompagne jusques à la fin tout mon discours, afin,que, passant par l'organe de l'ouïe de mes auditeurs, [il] puisse se repozer et dans leur coeur et dans leur esprit. Peuple qui m'écoutes, vous qui avez tant enduré du despotisme de l'ancien régime, permetez-moi de vous en retracher ici une lézère esquisse, afin qu'en comparant l'état d'esclavitude ou le despotisme vous avait réduit, vous l'ayez toujours en orreur, et que l'état de liberté, d'égalité que la Sainte Révolution vous a procuré vous la rende toujours plus aimable et vous engage a faire tous vos efforts pour la maintenir, la défendre et mourir, s'il le faut, pour elle ;.car, citoyens, mourir pour la patrie est le sort le plus beau, le plus digne d'envie. Je commence ; prêtez votre attention.

« Depuis longtems le peuple a été gouverné avec la verge de fer; la volonté des tirans était la loi suprême à laquelle tout devait plier et obéir aveuglément. Depuis longtems tous les hommes étaient asservis au joug de la funeste esclavitude ; depuis longtems le pacte social entre la naction et son premier capitaine, son premier fonctionnaire public était rompu ; le despotisme avait pris la place de la paternitéLe peuple pressuré de toutes parts, avili sans cesse par les grands, le peuple éclairé par la filosofie, enfin [a] ouvert les yeux, a brisé ses


chaînes et est devenu libre. O Sainte Liberté, je t'adore. Depuis longtems le trône n'était entouré que des méchants, des hommes corrompus, accourus de toutes les parties de la France, venant s'associer avec le tiran pour exercer la tirannie la plus affreuze envers le peuple, le mal traitant de toutes manières. De là des hommes avares se firent fermiers généraux pour s'enrichir de la sueur du peuple ; des gouverneurs de province, pour rançonner le lieu de leur gouvernement ; les intendants cruels et avides et tous ses supos qui dévorent toutes les communes et les tiennent dans la plus affreuse gène. D'autre part des lois rigoureuzes étaient promulguées contre le peuple ; tandis que les grands les éludait toutes, le bon peuple payait les magistrats parlementaires, pour se faire enchaîner légalement. Il n'}' avait pas sorte de vexation contre le peuple que les parlements, les présidents, les tribunaux de toute espèce n'employasent pour satisfaire leur sordide cupidité de toutes sortes. En un mot le povre peuple payait tout, supportait tout, et était plus maltraité que l'esclave d'Alger. En France quiconque était riche était tout et possédait science, offices, préséance 1. Citoyens, jetez un regard sur le passé ; qu'étiez-vous avant la Révolution ? Qu'étiez-vous il y a six ans ? Des esclaves natifs. Le royaume séparé en deux sortes d'hommes, l'une de patriciens et l'autre de plébéiens. Les premiers avaient toutes les prérogatives, tous les honneurs, tous les biens, toutes les charges, emplois lucratifs, en un mot le ci-devand noble avait tout, possédait tout, et le peuple rien ; oui ! absolument rien. Mais je me trompe, le peuple avait tout, oui, tout le fardeau ; le peuple fournissait aux travaux publics, aux corvées, fournissait toutes la milice nationale commandée par le ci-devant noble, tous les matelots aux armées navales commandées aussi par des nobles qui ne regardaient les marins, peuple, que comme les esclaves. Les riches ne payaient presqueaucun impôt ; le peuple payait tout partout. Le peuple n'était abreuvé que du fiel des peines et du vinaigre sacertotal. Citoyens, que vous diray-je des seigneurs des villages que vous ne sachiez? Ils menaient leurs vassaux au bâton; ils se permettaient tout, oui, et tout impunément ! Faire emprisonner, envoyer aux galères, faire fusiller un pauvre malheureux braconnier, tout leur était facile, et, si par hazard quelqu'un de leur caste avait reçu de la nature un caractère doux,ses alentours ne valaient pas le diable avec leurs droits féodaux que la Sainte Constitution a gracieuzement abolit. Tout leur appartenait ; gibiez, poissons, oiseaux de proye, sanglier féroce, tout était à eux, et malheur au particulier qui voulait tuer un lapin qui lui dévorait

1 Nous interprétons ainsi les deux barbarismes infrice et freceste.


— 223 —

ses erbages ou une perdrix qui égrainait toutes ses moissons. En. un mot, c'était l'esclavitude la plus dure que l'abitation du village.

« Et vous habitans des villes qui m'entendez, vous n'étiez pas moins sujets à d'autres esclavitudes qui vous mettaient très souvent dans les grandes peines. Voyez un tableau fidèle de ce que vous enduriez de la part du despotisme. Arrivés de votre village pour vous établir dans la ville pour gagner votre nourriture et celle de vos enfans, que d'obstacles presque insurmontables ne rencontriez vous pas ! Ces maibraires (?) absurdes ou d'ignorants olibrieux(?) ne trouvaient jamais rien de bien fait ; ils voulaient certains ignorant fusse fait dans un récipiendaire l'impossible. La perfection dans des ouvrages qu'euxmêmes ne connaissaient pas et ce n'était qu'à force de brevet, de courbettes, d'argent et de temp perdu que vous pouviez fermer la gêule des voraces piaur (sic) ou sindit et que, quand ils vous envoient mangé jusque à votre dernier obole, alors vous étiez incrits dans le grand livre du Saint luminaire. Grâces aux nouvelles loix, nous voilà tous égaux; autant pèsera à l'avenir un bonnet rouge qu'un chapeau bordé ; la bêche et la charrue marcheront hardiment à côté d'un militaire et se salueront fraternellement.

« Vous venez d'entendre, citoyens, mes frères, le sommaire de tous les maux horribles que les tirans et ses infâmes supôts fesaient souffrir au peuple ; ajoutez à toutes ces tirannies les vexations sacerdotales qu'un indigne et avare -de haut clergé exerçait sur le pauvre peuple, par les moyens des sans-culottes de prêtresses, et vous aurez un aperçu juste des plus affreuses esclavitudes. Citoyens, les temps sont arrivés où les hommes devenus libres jouyront à l'ombre des lois protectrices du fruit de leurs travaux,. Nous voilà débarrassés de toutes ces entraves sacerdotales, nobiliaires, parlementaires. L'homme à talents pourra les faire valoir par tout l'empire français ; partout il trouvera des frères, des amis; partout le soleil de la justice l'éclairera, le défendra contre la tirannie, si elle s'avisait jamais de vouloir lui nuire. Une seule condition lui est imposée ; Français ! Sois bon républicain, obéis aux lois, aux autorités constituées et, avec cette égide immortelle, tout le sol de l'empire te recevra avec fraternité. C'est toy, sainte Révolution, qui nous a amené le bonheur ; c'est toy que je dois aimer de toutes mes forces, te défendre jusqu'à verser tout mon sang, pour te faire triompher de tous les tirans coalizés 5 toy, o sainte liberté, o sainte égalité, qui me permettras de dire hardiment ceci ! Je ne suis que cultivateur pauvre, je ne suis qu'un simple ouvrier et mon enfant peut devenir un magistrat, un législateur, un commandant de vaisseau de haut bord, un général d'armée. O mon âme, réjouis-toy. Citoyens, cela n'est pas incroyable, puisqu'aujour-


224

dhuy tous les nouveaux vaisseaux de guerre de la République sont montés par des sans-culottes. Et plut à Dieu que nous l'eusssions mis en pratique plutôt ; nous n'aurions pas essuyé tant de trahisons* Citoyens ! citoyens ! ayez de la vertu, de l'esprit et de la raison ; tous les avantages vous seront accordés. Mais, o chers frères et amis, de quelle ingratitude ne serions-[nous] pas.coupables, si, pour affermir la sainte liberté et la République, nous ne nous efforcions pas, si nous ne faisions pas tous les sacrifices possibles pour achever la destruction des tirans ligués ensemble pour nous remettre dans Pesclavitude dont nous sommes heureuzement sortis, si chacun par son savoir et faculté, son âge, ses forces ne se devait entièrement au service de la République, si nous n'étions pas bien unis pour travailler avec force et courage aux travaux les plus pénibles, à la fonte des canons, aux fabriques des armes de toutes espèces, aux habillements, aux chaussures de nos frères qui défendent la patrie. Oui, citoyens, chacun doit concourir au bien public de la patrie, chacun doit faire la guerre aux méchants qui sont mêlés avec nous. Les tems sont venus où les hommes hipocrites, les traîtres ne pourront plus se masquer pour nous tromper. La loi salutaire de la liberté et de l'égalité les met tous, au même niveau; nul ne pourra plus dire à l'avenir: « Ma noblesse, mon rang, mes richesses, mes privilèges me mettent au-dessus des lois ; mes ancêtres m'ont laissé des titres suffisants pour maltraiter tout plébéien. Qui me contradira ? » Ainsi parlaient avant là Révolution les despotes de toutes espèces ; mais les surveillants multipliés découvrent facilement aujourdhuy toutes les sortes des intrigants maudits qui veulent perpétuer le désordre pour parvenir à leurs méchantes fins. Citoyens, n'écoutez jamais ces pestes publiques ; obéissez aux lois, aux autorités costituées ; n'ayez aucune défiance contre ceux qui vous administrent en suivant les lois. Citoyens ! méfiez-vous des méchants qui veulent vous tromper par leurs grossiers mensonges ; ils périront ces méchants et le bon peuple vigoureux vivra toujours et déjouera sans cesse tous leurs projets liberticides et alors la République triomphante fera jouir ses enfants du fruit de leurs immenses travaux ; les impôts diminueront et, à l'ombre de la loi, de l'égalité et de la liberté, tous les Français ne feront plus qu'un peuple de frères. »

Et plus n'a dit et ont signé les personnes du bureau : POURCHIER, président ; TAXY, vice-président ; ESTIENNE, secrétaire '.

1 Archives communales de Treis. Registre des délibérations du Club des Amis de la Constitution, fondé le 5 juin 1791 et dissous par arrêté du District d'Aix, le 13 germinal an m.


NÉCROLOGIE

Marquis de BOISGELIN

10 décembre 1821-23 janvier 1905

Le lundi 23 janvier dernier mourait à Aix, dans son hôtel de la place du Quatre-Septerntue, M. le marquis DE BOISGELIN (Charles- Eugène-Joseph). Né le 10 décembre 1821, il était âgé exactement de 83 ans 1 mois 13 jours:

Sur sa tombe, M Edouard Aude, conservateur de la Bibliothèque Méjanes, au nom de la Société d'Etudes Provençales et de l'Académie d'Aix, a dit un dernier adieu à celui que notre Société considérait, à bon droit comme un de ses membres les plus dévoués. Des articles nécrologiques lui ont été consacrés dans le Bulletin de la Société départementale d'aï'" chéologie et de statistique de la Drame (153e livraison, année 1905, avril, p. 226), la Provence Nouvelle (dimanche, 29 janvier 1905), Le Var (même date), et la Semaine religieuse d'Aix;(2-] janvier 1905). C'est un devoir pour nous de retracer à grands traits l'existence et d'énumérer les travaux de cet homme érudit et studieux autant que bienfaisant et modeste.

Fils d'Armand-Natal de Boisgelin et de Charlotte-EugénieAntoinette-Emilie-Césarie de Mazenod, d'une famille de Bretagne dont une branche vint s'établir à Aix au xvnr= siècle, il était arrière-neveu de Mgr de Boisgelin, archevêque d'Aix (1771-1801), et, par sa mère, neveu de Mer Eugène de Mazenod, évêque de Marseille (1837-1861).

Né à Aix, dans l'hôtel que sa famille possédait à la rue Papassaudi, il fit la majeure partie de ses études classiques en Belgique, au collège des Jésuites de Brugelette, puis vint étudier le droit à la Faculté de sa ville natale, où il soutint sa


226 -

thèse pour la licence en 1847. En droit romain, il traita, De obligationibus quoe quasi ex contractu nascuntur ; en droit français, De l'extinction des privilèges et hypothèques ; en procédure civile, Du désaveu ; en droit commercial, De l'endossement; en droit administratif, de la Cour des comptes '. Il se fit dès lors inscrire au tableau des avocats, mais il ne plaida jamais.

La même année 1847, le 25 novembre, il épousait MarieVirginie-Charlotte-Angélique Sallony, fille de Jean-André, inspecteur et contrôleur de l'orfèvrerie à Marseille, et de Catherine-Rose Gauch, qui, tendre épouse et mère dévouée, partagea toutes les joies et les peines de sa longue carrière. C'est à l'occasion de son mariage qu'il reçut de Mgr de Mazenod, son oncle, le bel hôtel de la place du Quatre-Septembre où il a toujours habité depuis.

Modeste, plus porté à l'étude qu'à l'action, il ne prit jamais grand part à la vie publique ; cependant il fut, à deux reprises différentes, élu maire de Saint-Martin-de-Pallières (Var) où il avait un beau château avec de vastes propriétés et il s'acquitta toujours de ces fonctions en homme dévoué, généreux, bienfaisant.

Prenant un vif intérêt à tout ce qui a trait à l'histoire de la Provence, il était membre de la plupart des sociétés savantes de la région : Société d'archéologie et de statistique de la Drame, Société scientifique et littéraire des Basses-Alpes, Société d'études scientifiques et archéologiques de la ville de Draguignan, et il était abonné à un grand nombre de publications s'occupant d'histoire ou d'archéologie locale.

Dès qu'il connut notre projet de fonder, sous le titre de Société d'études provençales, une association destinée à grouper tous les érudits qui s'intéressent au passé de la Provence

* Faculté de droit d'Aix. Thèse pour la licence soutenue par Eugène de Boisgelin, ne à Aix (Bouches-du-Rhône) ; Aix, imp. de veuve Tavernier, rue du Collège, 28; 1847. Plaquette in-40 de 32 pages.


— 227 —

au point de vue archéologique, historique, scientifique, linguistique, littéraire, artistique, il fut un des premiers à nous donner son adhésion et se fit inscrire comme membre fondateur. Depuis il n'a cessé de manifester le plus vif intérêt et la plus haute estime pour notre Société non seulement en suivant de près tous ses travaux et en lui confiant la publication de cette Chronologie qui lui tenait fort à coeur, mais encore en sollicitant pour elle et lui procurant de nombreuses et précieuses adhésions.

Il s'était consacré particulièrement à faire revivre les familles illustres de Provence, en dressant leurs généalogies. Il entretenait, pour cela, une correspondance très étendue, admirablement secondé dans cette tâche, durant ces dernières années, par une main délicate et dévouée.

Voici, dans l'ordre chronologique, la liste des travaux qu'il a publiés :

1. Les Castellane à Forçaiquier ; Aix, A. Makaire, libraire, 2, rue Thiers, et Digne, Chaspoul et Vvc Barbaroux, imprimeurs, 20, place de l'Evêché ; 1894. Plaquette petit in-8° de 12 pages; tirage à 100 exemplaires; extrait du Bulletin de la Société scientifique et littéraire des Basses-Alpes.

1. Les Thomas, marquis de la Garde, barons de SainteMarguerite, etc.; généalogie ; Aix, A. Makaire, libraire, 2, rue Thiers, et Draguignan, C. et A. Latil, imprimeurs, 4, Esplanade-de-la-Ville ; 1896. Brochure in-8° de 150 pages. Tirage à 100 exemplaires, extrait du Bulletin de la Société d'études scientifiques et archéologiques de la ville de Draguignan, tome XX, années 1894-1895.

3. Alayer, seigneurs de Champourcin, Costemore, le Poil; Digne, Chaspoul et Vve Barbaroux, imprimeurs, 20, place de l'Evêché, et Aix, Makaire, imprimeur, 2, rue Thiers; 1899. Plaquette petit in-8° de 12 pages. Tirage à 100 exemplaires, extrait du Bulletin de la société scientifique et littéraire des Basses-Alpes.

4. Esquisses généalogiques sur les familles de Provence, t. 1,


— 228 —

1er partie ; Draguignan, imprimerie C: et A. Latil, 4, boulevard de l'Esplanade, et Aix-en-Provence, Makaire, libraire, rue Thiers ; 1900. Volume in-40 de 400 pages. Tirage à 500 exemplaires. Contient les généalogies des familles : ABEILLE, seigneurs de Peyrolles, Roubion, Roguette, coseigneurs de Pontevès (p. 1 à 7, 18 à 20, 27) ; — ESPIARD, seigneurs de Fiée, Mont-Saint-Jean, Sonnottes, Vallabrègues, Genay, Pasques, Lantenay, Grissey; Maçon, Clamerey, Vernot, Varennes, La Cour d'Arcenay, Colonge, Mesmont, Mejxpinot, Champrin, Esfourg, Mépr.inot, etc. (p. 8 à 14); — CORTI DE CASENEUVE (alias CASENOVE), seigneurs de Peyrolles (p. 14 à 17); —-LHKRAUD OU L'HÉRAUD (p. 17 à 28); — MALAVAL, de Toulouse (p. 21 à 24) ; — SIMON, de Marseille (p. 25) ; — ABON, seigneurs de Reynier, Montfort, Lachenay, Boulays, Carouge, Montbron, Antraix (p. 27-33) ; — BONNE, ducs de Lesdiguières, marquis de Treffort et Vieille, vicomtes de Talard et Villemur, baron, de Coups et la Mine, seigneurs des Allods, Ambel, Anthon, Auberive, Auriac, la Bâtie-Neuve, Callas, le Champsaur, Chateauvilain, le Colombier, Eclose, Falavier, le Glaisier, Heyrieu, Laye, Lacer, Moirans, Montrevoye, la Mure, Mions, l'Oisans, Pont de Veyle, Prabaud, Quinsonnas, Rochcfort, la Rochette, Saint-Bonnet, SaintJean-de-Bournay, Saint-Laurent-de-Miires, S aint-Laurentdu-Cros, du Tiret, la Tour de la Pachoudière, la Tour du Pin, Vercors, la Verpillière, Veyne, Vitrolle,etc. (p. 34 à 43); — ROUVROY, mis du Puy, la Vallée, Froissy, Provinlieu, etc. (p. 43-44) ; — MAZANCOURT ou MERLIN DE MAZANCOURT, comtes de Courval, seigneurs de Merlin, Mazancourt et plus de 35 autres terres (p. 44-47) ; — HALLET (p. 47-48) : — PINET, seigneur de Manteyer, Saint-André [de] la Freissinouse, la Pierre {p. 48) ; PIODLLE alias PIOLLE (p. 49) ; — ABRAN, seigneurs de Saint-Julien, Montpezat, coseigneurs des Seillans (p. 30-53) ; — ACCARON, secrétaires du roi en 1715 et 1731 (p. 53);— ACHY, secrétaires du roi (p. 54-55); — ADAOUST, d'Aix-en-Provence (p. 55-63); — RAIBAUD, d'Aix-en-Provence


229 —

(p. 6.4-66); — ADHÉMARD, ducs de Ternioli, comtes de Ca'mpobasso, etc., en Italie, comtes de Grignan, vicomtes de Marseille, seigneurs de plus de 22 terres en Provence, de plus de 68 en Dauphiné, de plus de 14 en Languedoc et de plus de 30 en diverses provinces (p. 66-400).

4bis. Les Adhémar, généalogie, ite partie;Draguignan, impr. C. à A. Latil, et Aix, Makaire; 1900. Volume in-40 de 336 p. C'est la reproduction de la partie de l'ouvrage précédent qui est consacré à la famille ADHÉMAR.

ç. Les Hugues, marquis de la Garde-Adhémar ; Valence, imprimerie de Jules Léon et fils; 1904. Plaquette in-8° de 12 pages; tirage à 100 exemplaires, extrait du Bulletin de la société départementale d'archéologie et de statistique de la Drame.

6. Maurel de Villeneuve de Monz., seigneurs de Pontevès, Calissanne, Châteauneuf de Volone,le Chafaut, etc.; Digne, impr. Chaspoul et Vvo Barbaroux, 20, place de l'Evêché; 1904. Plaquette petit in-8° de 40 pages ; tirage à 100 exemplaires extrait du Bulletin de la Société scientifique et littéraire des Basses-Alpes.

M. de Boisgelin a aussi collaboré à la généalogie de la

7. Famille d'André, seigneurs de Bellevue, publiée par M. de Duranti la Calade, ancien conseiller à la Cour d'appel d'Aix ; Digne, impr. Chaspoul et Vve Barbaroux, 20, place de l'Evêché ; 1902. Plaquette petit in-8° de 32 pages ; tirage à 100 exemplaires extrait du Bulletin de la Société scientifique et littéraire des Basses-Alpes.

Enfin il a consacré les dernières années de son existence et jusqu'aux dernières heures de sa vie à la publication de la.

8. Chronologie des officiers des cours souveraines de Provence par Baltliasar de Clapiers-Collongues. Cette importante publication qui avait commencé de paraître en 1902 dans la Revue historique de Provence, en supplément, a été reprise par la Société d'études provençales qui la donne de même, en supplément, dans ses Annales, à raison d'une feuille


— 230 —

par numéro ; la neuvième feuille paraît avec le présent numéro (n° 5. — Septembre-Octobre 1905). Elle formera un volume in-8° d'environ 300 pages et contiendra une notice biographique sur tous les présidents, conseillers, avocats et procureurs généraux du parlement de Provence, sur les officiers de la Cour des comptes, Aides et Finances, sur ceux du Bureau des Finances, et sur ceux de la sénéchaussée générale au siège d'Aix.

M. de Boisgelin laisse en carton environ 2.000 dossiers contenant soit la généalogie soit des notes et documents Téunis pour dresser la généalogie des familles nobles de la Provence et de celles qui leur étaient alliées.

Tel est l'homme que nous avons perdu, telle est son oeuvre Son nom mérite de vivre dans la mémoire des érudits provençaux.

F.-N. NICOLLET.


L'HELLÉNISTE

D'ANSSE DE VILLOISON

ET LA PROVENCE

Villoison n'est allé que deux fois en Provence, et chaque^ fois il n'y a fait qu'un assez court séjour ; mais pendant un quart de siècle il a été en rapport avec quelques uns des hommes les plus distingués de cette province, et les relations qu'il a entretenues avec eux sont un épisode assez curieux de son histoire pour mériter, je crois, de fixer un moment l'attention.

I

Les premières relations connues de Villoison avec la Provence remontent à l'époque de son élection comme associé à l'Académie de Marseille, au commencement de l'année 1774. Il n'avait pas encore 24 ans 1. J'ai supposé ailleurs 2 qu'il fut redevable de cet honneur, avidement recherché par sa vanité, au marchand érudit Pierre-Augustin Guys, avec lequel on le trouve alors intimement lié. Quelle fut l'origine de leurs relations? On l'ignore; mais on comprend que le goût des mêmes études ait bien vite rapproché l'auteur du Voyage littéraire en Grèce 3 et le futur éditeur de l'Iliade. Chaque jour leur liaison devint plus étroite. Quand Villoison fut, en 1775, devenu le correspondant du duc de Saxe-Weimar, il

1 Jean-Baptiste-Gaspard d'Ansse de Villoison naquit à Corbeil en 1750; il est mort à Paris en 1805. Il était associé de l'Académie des Inscriptions depuis 1772.

2 Villoison et l'Académie de Marseille., 1904, p. 5. (Extrait des Mémoires de VAcadémie des Sciences, Lettres et Beaux-Arts de Marseille).

3 Le Voyage littéraire de Guys parut d'abord en 1771.

16


— 232 —

s'adressa à Guys pour avoir les oeuvres d'art qu'il s'était chargé de procurer à ce prince ; mais Guys était marchand autant et plus qu'écrivain ou archéologue, Villoison ne l'oubliait pas; il le recommanda à Charles-Auguste, comme fournisseur de denrées coloniales et d'autres produits qu'il tirait directement du Levant. Déjà « honoré de la confiance de Louis XV », Guys était devenu aussi le pourvoyeur d'un prince d'Allemagne, « à qui il envoyait sa provision de Marseille par Lyon et Strasbourg 1. »

Villoison ne nomme pas ce prince et il n'est plus question dans ses lettres au duc de la proposition qu'il lui avait faite comme en passant ; c'était de sujets tout différents qu'il l'entretenait d'ordinaire. Correspondant littéraire de CharlesAuguste, il lui envoyait surtout, cela se comprend, des nouvelles littéraires. C'est à ce titre qu'un jour il lui annonça, en en faisant le plus grand éloge, une seconde édition du Voyage en Grèce de son ami 2. Au milieu de ses nombreuses entreprises, Guys ne cessait pas de cultiver les belles-lettres ; il leur consacrait tous les loisirs que lui laissaient les affaires. Dans un voyage qu'en 1772 il fit en Italie, il avait par passe-temps composé, car il faisait aussi des vers, un poème des Saisons ; depuis son retour, il avait écrit un mémoire philosophique sur le Bon Vieux Temps, dédié à M. de Querlon 3, et il avait adressé à la duchesse de Beauveau une Lettre sur un proverbe grec et sur les malheurs qui se succèdent. Il résolut de publier à la suite du Voyage littéraire en Grèce, ces trois écrits, avec des observations que lui avaient cemmuniquées quelques amis et le Journal de son Voyage récent en Italie et d'un Voyage de Constantinople.à Sofia, fait trente ans auparavant. Il chargea Querlon de surveiller la publication de ce recueil

1 Bibl.-nat. Suppl. grec. mss. 943, fol. 94b). Revue d'histoire littéraire, t. III 1896), p. 170.

2 Suppl. grec. mss. 945, fol. 94 , —Cf. Villoison et l'Académie de Marseille, p. 11.

3 Anne-Gabriel Meusnier de Querlon, polygraphe célèbre du xvni" siècle.


— 233 — et mit aussi à contribution la complaisance de Villoison. Il le pria de corriger et d'écrire en caractères grecs ses citations 1. En retour le savant helléniste lui demanda, service tout autre, d'user, de son influence pour assurer l'élection de l'abbé Filassier à l'Académie de Marseille 2.

Quelques mois après, Villoison adressa encore à Guys une supplique, mais d'une nature bien différente. Il s'agissait cette fois d'Oberlin. Le savant strasbourgeois avait résolu de faire un voyage dans le Midi ; à cette nouvelle Villoison lui offrit aussitôt des lettres pour les savants des diverses villes qu'il comptait visiter. « A Marseille, lui écrivait-il le 15 janvier 1776 3, je vous donnerai toute l'Académie et surtout le savant M. Guys, mon grand ami. » Il promettait aussi de le recommander, à Nîmes, au secrétaire de l'Académie, M. Séguier, « qui a expliqué la Maison Carrée et [est] un des plus habiles hommes de l'Europe pour les Inscriptions et les Monuments », ainsi que, à Mormoiron *, « proche Avignon », au baron de Sainte-Croix, l'auteur de l'Examen critique des historiens d'Alexandre, dont le nom reviendra souvent dans cette étude.

La date du départ d'Oberlin approchant, le 3 mars, Villoison lui envoya un « paquet de lettres ». « Elles sont, lui écrivait-il 5, pour les personnes qui. connaissent le plus de monde, sont le plus complaisantes et le plus à portée d'aller au devant de tous vos désirs. D'ailleurs notre ami M. le baron de Sainte-Croix vous en donnera une foule pour tous les pays méridionaux et surtout pour M. Seguier à Nismes ». Et il ajoutait :

Quant à celles que j'ai écrites moi-même, elles sont adressées à

1 Suppl. grec. mss. 943, fol. 35 et 37.

2 Suppl. grec. mss. 943, fol. 42b. Jean-Jacques Filassier, moraliste, né en . 1736 ; il fut élu associé de l'Académie de Marseille le 9 juillet 1775. (L'abbé S .-T. Dassy, L'Académie de Marseille, etc. Marseille, 1877, in-8° p. 626).

3 Bibl. nat. mss. ail. 192, fol. 104a.

4 Mourmoiron, comme l'écrit Villoison, Mormoiron selon l'orthographe de Sainte-Croix, bourg du Comtat Venaissin, situé à 12 kilomètres à l'est de Carpentras, lieu de naissance et résidence habituelle de Sainte-Croix.

5 Mss. ail. 192, fol. 105a.


- 234 -

M. Grosso'n de l'Académie de Marseille, mon ami et auteur d'un ouvrage sur les Antiquités de cette ville ', à M. Mouraille, secrétaire de l'Académie, et à M. Gu)'s de la même Académie, mon intime ami et auteur d'un excellent livre dont je fais le plus grand cas, intitulé Lettres sur la Grèce. C'est un chef-d'oeuvre. M. Guys est le plus aimable homme du monde et le plus obligeant. Vous m'en direz des nouvelles et vous serez enchanté d'avoir fait sa connaissance, qui peut vous servir à mille choses. Savez-vous que je veux vous faire recevoir de l'Académie de Marseille et que j'en ai écrit en conséquence à ces trois Messieurs? C'est un petit cadeau que je vous destine. Ne manquez pas de leur remettre mes lettres et continuez de m'aimer, de m'écrire dans votre route et partout ailleurs, et de me marquer le succès de mes démarches, que je regarde comme infaillibles auprès de l'Académie de Marseille.

Villoison, ne présumait-il pas trop de son crédit auprès de ses confrères de l'Académie de Marseille? Je ne saurais le dire ; mais Oberlin en a bien été associé; seulement j'ignore à quelle époque remonte sa nomination ; il ne figure pas sur les listes de l'abbé Dassy; mais comme dans une lettre 2, écrite le 25 août 1807 au fils de l'érudit strasbourgeois, Achard, secrétaire de l'Académie, l'appelle « notre savant associé», on ne peut guère mettre en doute son élection ;. peut-être eutelle lieu beaucoup plus tard et les recommandations de Villoison lui furent-elles inutiles ; elles lui servirent beaucoup, au contraire, dans son voyage du Midi 3. Après avoir visité successivement Besançon, Dijon, Lyon, Vienne, puis Orange et Avignon, Oberlin gagna Carpentras ; Sainte-Croix l'y attendait et l'emmena avec lui à son château de Mormoiron. Deux jours après il partait pour Aix, où il était reçu par M. Siméon, avocat au Parlement ; il se rendit ensuite à Toulon et à Hyères ; le lendemain 18 mai, il partait pour Marseillei ; son

1 « Les Antiquités de Marseille » dans le texte. Le titre complet est : Recueil des antiquités et monuments Marseillais qui peuvent intéresser l'histoire et les arts. Marseille, 1773, in-4°.

2 Mss. ail. 192, fol. 8. Oberlin est mentionné au t. IV, p. 236 des Mémoires.

3 Th.-Fr. Wmckler, Notice sur la Vie et les Écrits de Jérèmie-Jacques Oberlin, p. 28-33. (Extrait du Magasin Encyclopédique, mars 1807).

4 Bibl. Nat. mss. fr. n. a. 10,040, fol. 54.


— 235 — premier soin, à peine installé, fut de porter les lettres que lui avait données Villoison pour Guys, Mouraille et Grosspn ; ils se firent,Guys surtout, ses guides dans la grande cité ; avec lui, entre autres, il assista aune séance de l'Académie,— on recevait ce jour-là M. de Villers, de Lyon ; — avant son départ il alla à la bastide du marchand-voyageur, et il y admira les oeuvres d'art et les inscriptions que cet amateur éclairé avait rapportées ou reçues de Smyrne, de Delphes et d'Alexandrie. Revenu à Aix, Oberlin fut conduit par M. Siméon chez M. de Fonscolombe et le président de Saint-Vincens, dont il visita avec ravissement la riche bibliothèque et le beau cabinet d'antiquités; puis par Saint-Remi il gagna Arles, où il fut reçu par le savant de Nicolai et alla visiter l'immense bibliothèque du marquis de Méjanes; enfin le 31 mai il arrivait à Nîmes 1. Les lettres de Villoison lui préparèrent la réception la plus empressée de la part de Séguier, qui, comme Guys à Marseille, se fit son guide et lui montra les monuments anciens de la ville dont il avait fait une étude si approfondie.

Lorsque après avoir visité tour à tour Cette, Toulouse, Bordeaux, et admiré le canal du Languedoc, Oberlin arriva à Paris 2, il put faire à Villoison les compliments de ses amis de Provence et de Nîmes, qui l'avaient, en sa considération, si bien accueilli. On peut croire que le savant ne manqua pas de les en remercier ; mais nous ne possédons pas de lettres qui nous l'apprennent ; il semble que sa correspondance se soit ralentie à cette époque ; mais si ses relations avec ses amis du Midi, en particulier avec Guys, devinrent moins fréquentes, elles ne devaient pas cesser de longtemps 3. Outre l'estime qu'il avait pour le. célèbre marchand, Villoison devait, avec ses visées ambitieuses et les projets de voyage qui commençaient à prendre forme dans son esprit, tenir à rester en rela1

rela1 nat. mss. fr. n. a. 1 0,040, fol. 67. - Il y arriva au commencement de juillet.

3 J'ai eu le tort de dire le contraire dans mon étude sur Villoison et l'Académie de Marseille.


— 236 —

tion avec un correspondant honoré maintenant du titre de « Secrétaire du Roy » 1, et qui lui offrait son appui auprès de M. de Vergennes, « le jour où il en aurait besoin 2 ». Si Villoison avait de puissantes raisons de rester attaché à Guys, le célèbre marchand lui resta de son côté fidèlement dévoué. Il s'intéressa vivement à son voyage de Venise, et fut un des premiers à saluer la découverte que ce « Colomb de la République des lettres, » comme il l'appelait 3, fit, dans la bibliothèque de Saint-Marc, d'un manuscrit de l'Iliade, du VIe siècle, et à annoncer le « présent d'un nouvel Homère », que l'infatigable érudit préparait lentement dans sa studieuse retraite. Ainsi, dans Péloignement et au milieu d'occupations si diverses, les deux amis ne s'oubliaient pas. Quand, en revenant de Venise, Villoison s'arrêta à Weimar, il semble bien qu'il essaya a nouveau d'assurer à Guys la clientèle de CharlesAuguste ; en tout cas il mit son ami en rapport avec le maréchal de la cour, M. de Klinkowstroem. Dans une lettre du 3 juin 1783, écrite à la duchesse Amélie de Saxe-Weimar, après son retour à Paris, il faisait dire à ce gentilhomme 4 que « M. Guys attendait sa réponse». A ce moment, où il se disposait à partir pour le Levant, Villoison avait une raison nouvelle de ne pas oublier le célèbre marchand et de s'attacher davantage encore, s'il était possible, un ami, qui pouvait par sa situation et ses relations lui rendre les plus grands services et non seulement par lui, mais par les siens. Guys avait un fils aîné, qui, héritier de son goût pour les voyages et les entreprises commerciales lointaines, s'était fixé à Smyrne, et un second fils,Pierre-Alphonse, entré dans la diplomatie, comme

1 On trouve ce titre en tête des ouvrages de Guys à partir de la seconde édition du Voyage littéraire, en 1775. Le voyageur suédois Bjornstahl le lui donnait déjà en 1770.

2 « Lorsque vous aurez besoin de moi auprès de M. de Vergennes vous n'aurez qu'a parler. » Lettre du 3 juillet 1775. Suppl. grec", mss. 943, fol. 35.

3 Note d'une lettre à son fils, à la suite de l'Essai sur les Élégies de Tibulle. La Haye, 1779, in-12, p. 198.

4 Bibl. royale de Dresde. Briefe an Boettiger. mss. 2, n° 44.


— 237 — plusieurs de ses cousins et devenu cette même année 1783 secrétaire d'ambassade. C'est sous le couvert du premier que, pendant une partie de son séjour en Orient, Villoison se fera adresser sa correspondance.1 ; c'est par son intermédiaire et celui de son père, que, après son retour en France, on le voit encore faire passer 2 les lettres destinées à ses correspondants du Levant.

II

Après de longs délais, Villoison avait fini par se mettre en route pour la Grèce; le 9 juillet 1784 3, il annonçait à la duchesse Amélie, avec laquelle il était en correspondance suivie, son départ prochain de Paris. Le 4 août suivant, il s'embarqua à Toulon avec le duc de Choiseul-Gouffier, son confrère à l'Académie des Inscriptions, envoyé comme ambassadeur à Constantinople. Choiseul passa par Marseille et s'arrêta dans cette ville pour « interroger la Chambre de commerce sur les relations à entretenir ou à nouer dans l'empire Ottoman 4 »; on ne peut guère douter que Villoison, lui aussi, ne se soit arrêté à Marseille et qu'il n'ait profité du séjour qu'il y fit pour voir quelques-uns de ses confrères de l'Académie, en particulier Guys ; malheureusement, dans les notes incomplètes et incohérentes qu'il a laissées, rien ne nous renseigne à cet égard. Mais le nom de Guys, celui du père, comme celui du fils, se rencontre plusieurs fois dans sa correspondance. On trouve d'abord le nom du fils dans une lettre adressée de Salonique, le 7 avril, à la duchesse douairière Amélie ; à la fin de cette lettre, dans laquelle il racontait à la mère de Charles-Auguste la première partie de son voyage, Villoison priait Mlle de Rié1

Rié1 du 7 avril 1785. Briefe an Boettiger. mss. 2, n° 49.

2 Bibl. de l'Institut. Correspondance de Hennin, t. XXIX. V, n° 61. Lettre du 19 septembre 1789.

3 Briefe an Boettiger. mss. 2, n° 48.

4 Léonce Pingaud, Choiseul-Gouffier. La France en Orient sous Louis XVI. Paris, 1887, in-8°, p. 75.


desel, dame d'honneur de cette princesse, d'adresser la lettre qu'elle devait lui écrire à M. Charles, « médecin français dans le Levant », — un ami, établi à Naxos, qui lui rendit les plus grands services pendant ses longues courses à travers l'Archipel —, et de mettre « par dessus une autre enveloppe, avec cette adresse : A M. Guys, négociant français à Smyrne 1 ». « M. Guys, ajoutait-il, la fera tenir à M. Charles, qui me la remettra, lorsque je passerai chez lui ».

On a là un exemple curieux — ils abondent dans les lettres de Villoison — des difficultés que l'on rencontrait, au XVIIIe siècle, pour correspondre avec l'étranger. Villoison, dans cette lettre, parle de son passage chez M. Charles à Naxos, où il séjourna longtemps et souvent ; mais il alla aussi à Smyrne chez M. Guys ; il l'avait vu peut-être déjà au moment de se rendre à Salonique et au mont Athos, dans les premiers temps de son voyage ; il le vit ou le revit l'année suivante. Avant de rentrer en France, Villoison voulut faire une excursion en Asie-Mineure ; accompagné de M. Charles, qui était venu de Naxos avec lui, il alla, en septembre 1786,à Smyrne 2, parcourut toutes les localités des environs et poussa même jusqu'à Ephèse, pour en visiter les ruines célèbres; puis il revint à Smyrne 3 dire adieu à Guys, et le 13 octobre, il s'embarqua sur le bateau l'Espérance qui devait le ramener en France 4. Le 16 novembre suivant, il arrivait en vue de l'île Pomègue, et, deux jours après, il débarquait au Lazaret, où il fut condamné à faire une quarantaine de 25 jours. On comprend l'impatience avec laquelle il en sortit.

Villoison se proposait, après un court séjour à Marseille, « où, écrivait-il 5, il n'y avait presque rien à voir dans son

1 Il y a encore aujourd'hui une famille Guys à Smyrne.

2 Bibl. nat. Suppl. grec. mss. 935, fol. 295.

3 Iliadis Prolegomena, p. 54.

4 Bibl. nat. Suppl. grec. mss. 935, fol. 289.

5 Lettre de Hennin du 24 novembre 1786, Bibl. de l'Institut. Correspondance de Hennin, t. XXIX. V, n° 51,


— 239 - genre », d'aller visiter les antiquités des villes voisines. Quelques mots, jetés au hasard sur un chiffon de papier, égaré au milieu de notes relatives aux îles de l'Archipel *, nous permettent de le suivre pendant la première partie de cette exploration et les quelques semaines qu'il passa en Provence. Débarqué du Lazaret le 12 décembre seulement, il resta à Marseille jusqu'au 19 ; il employa les sept jours qu'il y séjourna à visiter les monuments et les oeuvres d'art de la vieille cité. Les antiquités grecques et romaines fixèrent avant tout son attention ; il commença par relever les inscriptions de deux bas-reliefs curieux, dont l'un représentait Apollon avec sa lyre, ayant à sa droite Diane armée de l'arc et à sa gauche Minerve ; puis il visita les restes des casernes de l'ancien arsenal détruit par César, les prisons des soldats avec des traces de bains, les vestiges du temple de Diane, sur l'emplacement duquel s'élevait la Major — la Cathédrale — ; il fait aussi mention d'un tombeau romain, qui servait de baptistère, ainsi que d'une colonne de marbre, qui se dressait dans la maison du prévôt.

Les antiquités et les monuments chrétiens ne le retinrent pas moins ; il alla voir d'abord le lieu où se trouvait le prétoire et où le premier évêque de Marseille, saint Lazare, avait, diton, souffert le martyr, et l'endroit où plus tard saint Victor avait, lui aussi, été martyrisé sous Dioclétien. Il visita ensuite l'ancienne abbaye des filles du Sauveur, fondée par Cassien, puis l'église Sainte-Croix et même « une petite chapelle dans la Grande-Rue ». Il n'oublia pas surtout d'aller voir, dans l'église de l'Hôpital, le cénotaphe du chancelier du Vair, son « bienfaiteur », de même que, dans celle des Dominicains, le tombeau de M. de Villeneuve, et aux Accoules 2, « bel édi1

édi1 nat. Suppl. grec. mss. 948, fol. 459".

- Notre-Dame des Accoules, église qui a été détruite en 1794 pour avoir « servi de lieu de réunion aux Assemblées doctrinaires. » Casimir Bousquet, Quelques mots sur l'ancienne église des Accoules. Marseille, 1850,' in-8°, p. 18.


— 240 —

fice gothique », le monument où reposait le coeur de M. du Muy, père du maréchal 1.

Après les monuments et les lieux historiques, Villoison alla visiter les oeuvres d'art, d'abord, à l'hôtel de ville, le bel écusson sculpté sur la porte par-Puget. 2, ainsi que, à la consigne 3, son superbe bas-relief représentant saint Charles soignant les pestiférés de Milan, l'inscription en l'honneur de Clément XI, et les deux-tableaux de la peste par le peintre marseillais Serre ï; le serment prêté par les derniers comtes de Provence, le portrait de Charles du Maine ; au-dessus de la porte de la salle consulaire, l'apothéose de Marseille par Faudran, autre artiste indigène. A la Major, le Salvator Mundi et le baptême de Clovis et de Constantin, tableaux de Pugets, puis la statue d'Arthuse de Laval, belle-soeur du roi René 0, ainsi qu'un « tombeau en fayence du temps de Bernard de Palissy ». Il ne manqua pas non 'plus, nous .apprend-il, d'aller voir le Cours, les allées de Meilhan 7, le palais civil et criminel et même la « morne » 8; mais il ne dit rien des visites qu'il dut faire aux savants de Marseille, à son ami Guys, à M. Grosson, « qui, comme Mercure, joignait le goût des lettres au commerce » 9 et à d'autres membres de l'Académie, peut-être

1 Jean-Baptiste de Félix, marquis du Muy, sous-gouverneur du Dauphin, père de Louis XVI.

2 Guys, Marseille ancienne et moderne. Paris, 1786, in-8° p. 144.

3 Il n'y a dans le manuscrit que les lettres cons ; je restitue le mot « consigne » ancien nom de ce qu'on appelle aujourd'hui la « santé » ; le bas-relief de Puget s'y trouve encore.

4 Guys, Marseille ancienne et moderne, p. 147. Serre était d'origine catalane, mais il passa presque toute sa vie à Marseille.

5 Guys, Marseille ancienne et moderne, p. 143. Ces tableaux sont aujourd'hui au musée de Longchamp : Notice des tableaux et monuments antiques exposés dans le musée de Marseille, 1851, in-8", p. 96.

6 Villoison ajoute, je ne ne sais d'après quelle autorité. « sa maîtresse ».

7 Après le mot Meilhan on lit (le fi[ls de] M. de Senac), intendant.

8 La « morgue ». Mercier s'est servi aussi du mot « morne ».

9 Lettre du 6 vendémiaire an VIII — 29 septembre 1799.— Bibl. nat. Suppl. grec. mss. 944, fol. 19.


— 241 — était-il fait mention, au moins de quelques uns d'entre-eux, au bas rogné de la page de son fragment de journal 1. Villoison quitta Marseille le mardi 19 décembre ; le même jour, il arriva à Aix et descendit à la Croix-de-Malte 2; il n'y resta que jusqu'au 24. Il employa ces cinq jours,si l'on en croit son journal, plus en visites à des personnes connues qu'à l'étude des monuments , du moins il ne parle d'aucun de ceux qui se trouvaient et dont plusieurs se trouvent encore à Aix; mais il énumère complaisamment les personnes de marque qu'il alla voir : Je président de Saint-Vincens et le président des Noyers, son fils et sa femme, MM. Boyer de Fonscolombe « père et fils », l'envoyé de Genève et son cabinet, le chanoine de SaintSauveur Durouret et le libraire Eméry, M. Gimelin 3, Mmc et Mllc de Pradine 4, etc. Il fait ensuite mention,de la visite qu'il fit à l'archevêque M. de Boisgelin, ainsi qu'à M. de Castellane, évêque de Senez, et à l'évêque de Sisteron, M. de Suffren, « frère du vice-amiral », qui se trouvaient alors à Aix, enfin à Portalis, « grand avocat ».

Le dimanche 24 « veille de Noël», Villoison quitta Aixs, et suivant la voie Aurélia, par les villages de Saint-Cannat et de Pelissane, il gagna Salon. Il s'arrêta dans cette petite ville pour visiter l'église des Cordeliers et l'hôtel de ville, où il vit les portraits de Nostradamus et de son fils e, celui de l'historien Hozier 7, et du jésuite Suffren 8, de Pontis 9 et d'un

1 On lit, outre ce que j'ai cité : « des bas-reliefs » avec des [inscriptions] grecques publiées par M. Grosson chez M. Michel.

2 Lettre du 14 juin 1799. Suppl. grec. mss. 944, fol. 11b.

3 On serait tenté de croire qu'il y a ici un lapsus pour Gibelin.

4 Villoison fait encore mention de diverses personnes dont les noms sont à peine lisibles ou même complètement effacés.

s Suppl. grec. mss. 948, fol. 459t.

G Michel et César Nostradamus, nés, le premier à Saint-Remy en 1503, le seconda Salon en 1555.

7 Sans doute Etienne d'Hozier, né à Salon en 1574, auteur d'un Epitome des événements du monde dès sa création.

8 Jean Suffren, né à Salon en 1563.

9 Le capitaine Louis de Pontis (1583-1670).


— 242 —

botaniste qu'il ne nomme pas. Il alla, aussi visiter le cabinet d'histoire naturelle d'un M, Mannon 1, ancien enseigne retiré, et passa, dit-il, le reste de la journée hors de la ville. Le soir du jour suivant, le lundi 25, il arriva à Arles et des.cendit à l'hôtel du Cheval-Blanc, Chose qui peut étonner, Villoison, dans son fragment de journal, ne parle pas plus des monuments d'Arles que de ceux d'Aix, il se borne à énumérer les nombreuses personnes qu'il visita ou eut occasion de voir: l'archevêque, M. Besson, lieutenant de l'amirauté, les abbés Porcellet et de Bries, trois grands vicaires, M. de Barras, me du port, officier de marine, puis MM. Bertrand et de la Chapelle, Mme la marquise d'Avignon et Mmc sa fille, la marquise de Villeneuve, M. de Meiran, M. le comte de Vernon, gendre de M. de Montfort; ancien consul, le père du Mont, M. de la Tour, autre officier, de marine, M. de Bussy, M. et Mme Girault, un M. du Roure et les abbés de Teinières et Bonneman, etc. Après l'énumération si complaisante des nombreuses visites que Villoison fit à Arles, le fragment de journal qui nous les fait connaître s'arrête brusquement, et nous ignorerions ce que devint l'illustre voyageur jusqu'à son retour à Paris, si un autre document longtemps perdu, sa correspondance avec le président de. Saint-Vincens 3, ne nous l'apprenait et complétait utilement les trop courts renseignements qu'il nous a laissés, dans ses notes de voyage, sur son séjour en Provence.

Parmi les visites que Villoison fit à Aix, aucune ne dut lui être plus agréable que celle qu'il rendit au -président JulesFrançois-Paul Fauris de Saint-Vincens ; liés tous deux étroitement avec Sainte-Croix et l'abbé Barthélémy, animés d'un même culte pour l'étude de l'antiquité, tout devait les rapprocher et amener les relations qui s'établirent bientôt entre eux.

1 Suppl. grec. mss. 948, fol. 459b. Probablement M. de Lamanon.

2 Cette -correspondance a été retrouvée, il y a quelques annéei, dans les combles de la Méjanes par le bibliothécaire actuel, M. E. Aude, qui a eu la complaisance, dont je ne saurais trop le remercier, de m'en envoyer la copie.


- 243 — Saint-Vincens était, depuis 1766 l, associé de l'Académie de Marseille et, depuis le 6 mars 1786 2, associé de celle des Inscriptions et Belles-Lettres ; en recevant Villoison, c'était à un confrère qu'il faisait accueil, et l'on se représenté sans peine les doctes entretiens qui eurent lieu entre eux. On ne peut douter, bien que Villoison n'en dise rien, que son hôte ne lui ait parlé de quelques unes des curiosités archéologiques d'Aix, telles que la tour romaine « incorporée' au Palais de Justice », et dont la démolition, en 1786, lui suggéra l'idée d'un mémoire, qui fut lu, dans une séance publique de 1 Académie des inscriptions, au mois d'avril dé l'année suivante 3, et une pierre tombale découverte dans la maison de Peiresc, et sur laquelle se trouvait l'inscription grecque, dite du « Jeune navigateur », dont il sera question plus loin.

Quand Villoison quitta Aix, Saint-Vincens lui donna des lettres de recommandation, qui lui furent « de la plus grande utilité à Arles 4 »; il leur fut en particulier « redevable des bontés dont on le combla dans cette ville, si intéressante par ses monuments et par ses habitants ». Cette phrase montre que Villoison ne négligea probablement pas, malgré le silence qu'il a, dans son fragment de journal, gardé à cet égard, de visiter — on pouvait le deviner - les antiquités d'Arles. Nous savons aussi maintenant comment dans cette ville où il était jusque là inconnu, il put être en rapport avec tant de personnes. D'Arles, Villoison gagna Nîmes ; il avait depuis longtemps l'intention d'y aller; il y était, entre autres, appelé par le désir de voir les manuscrits laissés par Séguier et de visiter

4 L'abbé L.-T. Dassy, L'Académie de Marseille, Marseille, 1877, in-8% p. 625.

2 Notice sur Jules-François-Paul Fauris Saint-Vincens. Aix, 1800, in-4% p. 16.

3 Notice sur J.-F.-P. Fauris Saint-Vincens, p. 16. Dans la Notice publiée dans le Magasin encyclopédique, il est dit que ce mémoire fut lu en novembre 1786.

4 Lettre à Fauris de Saint-Vincens, Méjanes. mss. 1295, n° 2.


— 244 — les richesses archéologiques si curieuses de l'antique cité 1. Il y fut l'hôte de la baronne de Bourdick. Combien de jours y resta-t-il? On l'ignore, mais il dut s'y arrêter, ainsi qu'à Arles, un temps assez long.

De Nîmes Villoison se rendit, sans doute en passant par Avignon, à Mormoiron, chez le baron de Sainte-Croix, son confrère à l'Académie des Inscriptions. Il avait depuis longtemps d'intimes rapports avec lui, et, trois ans auparavant, à la veille de partir pour le Levant, il s'était chargé, en l'absence de ce savant ami, de surveiller la publication de ses Recherches sur les Mystères du Paganisme; mais avec le sans-gêne, qui était un des traits de son caractère, il n'avait pas hésité à ajouter au texte des notes qui n'y avaient aucun rapport 2, et il n'avait pas craint même d'intercaler dans l'ouvrage français de Sainte-Croix un mémoire latin de sa composition sur la Théologie des Stoïciens. Sainte-Croix protesta publiquement contre un procédé aussi singulier ; mais il pardonna bientôt à Villoison, et, loin de lui garder rancune, il l'accueillit avec empressement dans son château de Mormoiron.

Villoison y arriva vers la fin de janvier ; le 28., il écrivit à Saint-Vincens une première lettre 3, où, après avoir dit que son retour à Paris avait été différé par le séjour qu'il avait fait à Arles et à Nîmes, et par celui qu'il faisait maintenant à Mormoiron, il priait le président d'agréer ses «remerciements de toutes les bontés qu'il lui avait prodiguées », et il ajoutait, en accumulant, suivant sa coutume, les flatteries et les éloges:

Vous me ferez éternellement regretter cette ville où j'ai retrouvé un second Peiresc ; l'époque la plus flatteuse de mon voyage est celle où j'ai eu l'avantage précieux de faire la connaissance d'un savant aussi respectable que vous, Monsieur, par son rang, par ses vertus, par sa profonde érudition et par sa rare modestie. Aix est maintenant la seule ville qui nous offre le plus beau spectacle de l'Antiquité, un vrai

1 Lettre du 24 novembre 1786 à Hennin. Correspondance, t. XXIX, V, n° 51.

2 Il y faisait l'éloge de la famille ducale de Saxe-Weimar.

3 Mss. de la Méjanes 1295, let. 2.


-- 245 —

Sénateur romain, digne des beaux jours de la République. J'ai bien reconnu, Monsieur le Président, que je m'étais trompé en allant chercher si loin la science dans la Grèce. Au lieu de faire le voyage d'Athènes, j'aurais dû me fixer à Aix, et y profiter de vos lumières ; j'y aurais trouvé plus de probité et la vertu que les Grecs anciens et modernes n'ont jamais connues, et qui ne sont que des phantomes, si.elles ne sont appuyées sur la base de la Religion.

En terminant il priait le président des Noyers — le fils de Saint-Vincens — de présenter les assurances de son respect à Mmes la Présidente et de Pradine, à M. l'Archevêque, à M. de Fonscolombe et M. le chanoine Durouret, ainsi qu'à M. SaintJean et à Mme de Cournan, deux noms qui ne se trouvent pas dans le fragment de journal 1. Le 1er février, Villoison adressa à Saint-Vincens une seconde lettre. Il s'était, lui disait-il 2, entretenu avec le baron de Sainte-Croix de sa belle dissertation sur les monnaies, insérée dans l'Histoire de Provence de l'abbé Papon, et il lui demandait un exemplaire de cet ouvrage, «qu'on distribuait aux amateurs», pour leur savant confrère et ami, « qui était plus en état que personned'apprécier le mérite de ses savantes recherches ». Saint-Vincens eût sans doute été tout disposé à faire droit à cette demande ; mais les exemplaires de l'Histoire de Provence ne se distribuaient pas aussi généreusement que Villoison le croyait, et le président n'en put trouver qu'un d'occasion chez un libraire d'Aix. Désireux de lire son « excellente dissertation », SainteCroix le pria de l'acheter et de le faire expédier à Avignon, à M. Santi, « brigadier des chevaux légers » 3.

Ce renseignement nous est fourni par une lettre de SainteCroix, datée du 11 janvier 1787, mais qui doit être du 11 février et postérieure à celle de Villoison, écrite le 1er de ce

1 Dans une autre lettre, du 30 octobre 1787, il fait aussi faire ses compliments à un M. de Brigançon. - Ricard de Bregançon. — Méjanes. mss. 1295, let. 4.

2 Méjanes, mss. 1295, let. 3.

3 Méjanes. mss. 1295. Correspondance de Sainte-Croix, let. 1. Je dois à M. E. Aude, la connaissance de cette lettre et de la suivante, qu'il a eu la grande complaisance de copier lui-même pour moi.


— 246 — mois. Dans cette lettre, la première que Sainte-Croix ait adressée à Saint-Vincens — elle devait être suivie de beaucoup d'autres —, le châtelain de Mormoiron remerciait le président de « tout ce qu'il avait bien voulu dire d'honnête sur son compte à Villoison »; mais il lui parlait de bien d'autres choses, et tout d'abord de l'histoire de Papon, qu'on avait, paraît-il, jugée assez sévèrement à Aix, et qu'il défendait.

Je regarde cet ouvrage comme rempli de bonnes recherches, écrit avec goût. Peut-être l'auteur ne posséde-t-il pas le talent de bien discuter les faits. C'est un grand défaut, à la vérité; mais il ne doit pas faire anathématiser cette histoire, le fruit de longs travaux. L'amour [propre] de quelques particuliers y a été blessé ; voilà la véritable raison de son discrédit... La postérité en jugera autrement.

Puis passant au legs que le marquis de Méjanes venait de faire de sa belle bibliothèque à la ville d'Aix, il s'étonnait que les papiers publics n'eussent'presque pas parlé de ce « magnifique don», et demandait à Saint-Vincens « quelque détail précis sur cela, ainsi que d'autres sur les services que M. de Méjanes à rendu à la province, afin de pouvoir faire mettre unenotice sur ce bienfaiteur des lettres et cet excellent citoyen ». Et il terminait, en disant, quel vif intérêt il avait prit à l'élection de Saint-Vincens comme associé de l'Académie des Inscriptions. « C'est un hommage qu'on devoit à votre sçavoir et à vos vertus ». .

Cependant l'Histoire de Provence arriva « en bon état » 1 à Mormoiron, pendant un voyage que Sainte-Croix faisait en Languedoc. A son retour il s'empressa d'en avertir Saint-Vincens et de le remercier des « mémoires qu'il avait bien voulu lui envoyer sur M. de Méjanes » ; il s'informait en même temps de la vente annoncée de la bibliothèque du président d'Eguilles et demandait s'il s'y trouvait des « mémoires manuscrits ou imprimés sur le Prétendant, qu'Éguilles avait suivi en Ecosse. On comprend l'intérêt que ce renseignement pouvait

1 Lettre du 10 mars 1787. Méjanes. mss. 1295, let. 2.


— 247 — offrir à Sainte-Croix, qui, disait-il, avait depuis longtemps le projet de donner une histoire de l'expédition de CharlesEdouard 1.

C'est le 10 mars que Sainte-Croix écrivait à Saint-Vincens. Villoison, lui disait-il, était parti de Mormoiron « depuis quelques jours ». Dans sa lettre du 28 janvier, le savant helléniste annonçait qu'il comptait être à Paris « dans environ trois semaines ». Il dut y arriver, on le voit, beaucoup plus tard. Son premier soin sans doute fut d'aller à Pithiviers revoir sa femme, qu'il avait quittée depuis près de trois ans ; quand il revint à Paris, des occupations de toute sorte le réclamèrent longtemps : visites à faire, notes de voyage à mettre en ordre, compte à rendre de sa mission. On s'attendait, s'il faut en croire Sainte-Croix 2, « à de plus grandes découvertes que celles qu'il avait pu faire». Afin de donner une idée des résultats qu'il avait obtenus, il se hâta d'écrire un mémoire sur les inscriptions les plus importantes qu'il avait relevées 3; puis il se mit, travail qui l'occupa quinze ans, à rassembler les nombreux matériaux, destinés au grand ouvrage qu'il projetait sur la Grèce ancienne et moderne. On comprend qu'au milieu de tant de soucis il ait négligé ou différé d'écrire à Saint-Vincens ; il n'avait aucune raison pressante pour le faire ; celuici, au contraire, en eut bientôt une de se rappeler l'offre que Villoison lui avait faite de s'adresser à lui, « s'il pouvait lui être de quelque utilité » 4.

III

Quand il montra à son hôte l'inscription grecque de la maison de Peiresc, Saint-Vincens ne lui cacha pas qu'il avait l'intention de la publier, et par discrétion Villoison s'était

1 « J'attends, ajoutait-il, pour l'exécuter la mort de ce prince ; j'ai même des matériaux assez précieux, dont on n'a pas su faire usage. »

2 Lettre du 10 mars 1787.

3 Il lut ce mémoire à l'Académie le 3 juillet 1787.

4 Lettre du 28 janvier 1787.

17


— 248 —

gardé d'en prendre une copie. Cette inscription était loin d'ailleurs d'être complètement inconnue ; en 1685, Jacques Spon l'avait publiée déjà, mais d'une manière incorrecte, et tout récemment l'abbé de Perier, frère du gendre du président, en avait donné une reproduction presque aussi inexacte. Fauris en fit faire une copie nouvelle; mais avant de la publier, il l'envoya à Villoison ; il eût été préférable de le prier d'examiner l'inscription sur place, alors que le savant helléniste était à Aix. Quoi qu'il en soit, la question était de celles qui devaient intéresser vivement Villoison; il répondit aussitôt par une lettre 1, où, après les compliments élogieux qui lui étaient habituels, il tentait un premier essai de restitution de ce texte encore si mal lu. Après avoir remarqué combien il était dommage que cette inscription, qui « était du très bon temps », fût « si fort mutilée», il passait en revue, un à un, les vers qui la composaient, et avec sa profonde connaissance du grec et sa perspicacité non moins grande, il en retrouvait en grande partie la vraie leçon. Il en mettait aussi merveilleusement en lumière la pensée philosophique, et, pour l'illustrer, il la rapprochait d'un sonnet, où le comte Joseph Boschi montre le mari de. sa belle-soeurr, à qui elle vient, tout en pleurs, d'annoncer que le moment de la séparation suprême est proche, lui disant de sécher ses larmes, en lui rappelant qu'il se reverront au ciel, et lui recommandant d'y guider leurs enfants.

Nous n'avons point la réponse de Saint-Vincens ; à peine l'eut-il reçue que Villoison s'empressa de lui écrire, et de « soumettre à ses lumières » les nouvelles conjectures qu'il avait faites 2. Elles étaient excellentes, comme les premières. Maintenant, il ne manquait presque plus rien à l'inscription ; les vers 2, 3,4, 6, 7,9, 10 et 11 étaient complètement restitués; Villoison avait rétabli aussi le vers 8, à l'exception d'un mot

1 S. d. Méjanes. mss. 1295, let. 1.

2 Lettre du 30 octobre 1787. Méjanes. mss. 1295, let. 4.


— 249 — qu'il demandait à Saint-Vincens d'essayer de mieux lire ; il avait également corrigé toute la fin du vers 12 ; il n'avait échoué que pour le premier vers, détruit presque en entier, et pour le vers 5, dont il avait cependant encore restitué trois mots. C'était un vrai triomphe pour l'épigraphie. Néanmoins Villoison demandait à Fauris de « communiquer ses observations au baron de Sainte-Croix, qui était à portée de les rectifier ». « Il vous enverra en échange, ajoutait-il, deux belles inscriptions grecques que j'ai trouvées à Eleusis, [avec] le compte que j'ai rendu à l'Académie 1, et la notice que j'ai donnée d'un ouvrage curieux de M. Langlès 2. » Il terminait cette lettre comme la précédente, par quelques renseignements bibliographiques pour lui et Sainte-Croix, renseignements qui témoignent de la curiosité littéraire des trois amis. Saint-Vincens suivit le conseil de Villoison ; il envoya les «observations » de l'habile épigraphiste, avec sa propre copie, à Sainte-Croix. Celui-ci le remercia sans tarder. « J'ai examiné avec attention, lui écrivait-il, l'inscription que la maison de l'auguste Peiresc vous a procurée. C'est une épigraphe apothéotique assez remarquable, mais si mutilée que je doute qu'on puisse la restituer parfaitement. Les corrections de M. de Villoison sont très heureuses ». Je ne sais si c'était là entièrement l'avis de Saint-Vincens et de l'abbé de Perier ; celui-ci avait écrit sur la question des observations que SaintVincens adressa, avec une lettre, à Villoison. « Les occupations dont il était surchargé » — peut-être encore plus l'indifférence ou le dédain — l'empêchèrent longtemps d'y répondre. Ce ne fut qu'au mois de janvier de l'année suivante, et après avoir reçu une nouvelle lettre de Saint-Vincens, qu'il se décida à lui écrire et à discuter les conjectures de Perier;

1 Il s'agit du Mémoire lu à l'Académie des Inscriptions le 3 juillet 1787.

2 Instituts politiques et militaires de Tamerlan. Villoison parle sans doute du compte rendu publié dans le Journal des Savants. (Septembre 1787, p. 583-89).


— 250 —

s'il félicitait le savant abbé d'avoir bien rétabli le mot 1 du huitième vers qu'il avait demandé au président d'essayer de déchiffrer, il relevait vivement de nombreuses erreurs de lecture, qu'il avait faites, et montrait, par les fautes de quantité qui s'y trouvaient, combien certains vers de sa version étaient incorrects.

Villoison ne s'était pas contenté d'étudier seul l'inscription du « Jeune navigateur » ; il l'avait communiquée à un de ses amis, Chardon de la Rochette 2, « savant du premier mérite », et cet habile helléniste avait proposé, pour la fin du cinquième et le commencement du douzième et dernier vers, des corrections ingénieuses et hardies, sinon définitives. Saint-Vincens, à qui Villoison les envoya 3, en fit part à son tour à SainteCroix, comme il lui avait autrefois communiqué les observations de Villoison ; mais le président ne fit pas plus usage des unes que des autres. Au milieu des troubles, précurseurs de la Révolution 4, dont on trouve l'écho dans sa correspondance avec Sainte-Croix, il renonça à publier l'inscription qu'il avait si longtemps eu l'ambition de faire connaître, et non seulement il égara les lettres que Villoison lui avait écrites à ce sujet, mais il cessa bientôt de correspondre avec lui.

Absorbé par ses recherches érudites et par l'édition de l'Iliade, inquiet de la santé chancelante de sa femme, qui se mourait de langueur à Pitliiviers, Villoison ne devait guère chercher, davantage à poursuivre un commerce de lettres désormais sans objet ; mais s'il n'écrivit pas à Saint-Vincens, il ne lui devint pas pour cela complètement étranger ; Sainte1

Sainte1 dont le sigma initial était effacé.

2 Chardon de la Rochette, dont il sera encore question plus loin, a été un des meilleurs hellénistes de la fin du XVIIIe et du commencement du XIXe siècle ; né en 1733, il s'est fait connaître par de nombreux articles littéraires, dont l'a plupart ont été réunis sous le titre de Mélanges de critique et de philologie. Paris, 1813, trois volumes in-8.

3 Lettre du 26 janvier 1788. Suppl. grec. mss. 944, fol. 9, n" 5.

4 Lettres du 18 mai 1788, 8 août et 6 octobre 1789, 27 août 1791, etc. mss. fr.n. acq. 1893, fol. 11, 30, 32,34, etc.


- 251 —

Croix, pendant quelque temps du moins, continua de donner de ses nouvelles à l'érudit président. De sa retraite de Mormoiron, il entretenait avec son ami d'Aix une correspondance suivie. Écrivain érudit et habile, ses lettres sont un monument précieux, et qui mériterait bien d'être publié, pour l'histoire de l'époque. Il s'entretient avec Fauris des troubles qui agitent la Provence et le Comtat, comme des publications nouvelles, et il le fait dans un style simple et naturel, en portant sur les hommes et les choses des jugements aussi justes que modérés. Qu'on lise par exemple ce qu'il écrivait à propos de la découverte du prétendu tombeau d'Achille, dont il était question dans une lettre de Villoison, et du projet d'une apothéose d'Homère par Greuze 1.

Je pense avec lui (Villoison) que la découverte du tombeau d'Achille est une vraie chimère. Les Russes en avaient débité une pareille sur celui d'Homère. L'Iliade, voilà le plus beau monument élevé à la mémoire de l'un et de l'autre; après celui-ci il ne faut pas en chercher d'autres. Greuse travaille à un tableau, où il représente Homère qui triomphe du tems. Son idée qu'il m'a communiquée n'est pas sans reproche du côté du naturel et de la vraisemblance, mais à un enthousiaste comme lui, il est difficile de faire entendre entièrement raison. D'ailleurs ce n'est pas son genre. Nous verrons l'exécution.

Il était difficile de mieux dire, et comme on retrouve là l'admirateur et le fin connaisseur d'Homère! On ne pouvait non plus mieux parler du voyage d'Anacharsis, que « l'abbé Barthélémy avait eu le courage de faire paraître », et dont « l'édition — succès inoui — avait été épuisée en deux mois », — « beau legs », remarquait-il 2, fait par le savant provençal à la postérité, « qui lui en sera sans doute aussi reconnaissante que le sont ses contemporains ». Et quelques jours après, revenant sur ce sujet, qui lui était cher, à cause de son attachement pour Barthélémy et de son culte pour l'antiquité :

1 Lettre du 8 novembre 1787. mss. fr. n. acq., 1893, fol. 3.

2 Lettre du 3 mars 1789. mss. fr. n. acq.. 1893, fol. 15.


— 352 —

En avançant dans la lecture de l'ouvrage de l'abbé Barthélémy, écrit-il à Saint-Vincens 1, vous devez en avoir été bien satisfait. Il donne à son Scythe un peu trop d'esprit ; sans cela tout y respirerait un goût sain et antique. Il y a bien quelque endroit où je ne suis pas de son avis; mais en matière d'opinion, qui peut se concilier tous les suffrages ? je suis là dessus d'une grande tolérance.

On ne saurait qu'approuver également les réflexions qu'inspiraient à Sainte-Croix la mort de Buffon et la publication prochaine de l'Iliade de Villoison 2.

La perte que les lettres viennent de faire en la personne de M. de Buffon est irréparable. Voilà la chaîne qui commençait à Malherbe finie. Tous nos lauriers se flétrissent, et dans aucun genre il n'arrive plus un homme qui marque. Il ne faut donc plus vivre qu'avec les morts. Le plus ancien et le plus illustre de tous, celui qui m'a fait passer des moments si agréables, va bientôt se reproduire avec d'anciennes scholies inédites. Vous devinez sans peine que je veux parler d'Homère, que notre ami, M. Villoison, a mis sous presse à Venise depuis cinq ans.

La mention qu'on trouve ici de Villoison est la dernière que, dans ses lettres à Saint-Vincens, Sainte-Croix ait faite du célèbre helléniste ; ce n'est pas que leurs relations fussent interrompues; elles se poursuivirent encore longtemps ; le châtelain de Mormoiron continua de faire hommage de ses ouvrages à Villoison, et, à l'occasion, il le chargeait même de les faire parvenir aux savants de leur connaissance 3. Mais dans la retraite et l'isolement où l'éditeur de l'Iliade se renferma de plus en plus, ses relations avec Sainte-Croix se ralentirent et furent même interrompues pendant plusieurs années. Quand celui-ci, trouvant la Terreur moins redoutable pour lui à Paris que dans le Comtat, vint chercher dans la capitale un refuge, qui devait être troublé plus d'une fois 4, Villoison

1 Lettre du 16 avril 1789, mss.fr. n. acq. 1983, fol. 17.

2 Lettre du 18 mai 1788. mss.fr. n. acq 1983, fol. 11.

3 Par exemple son Essai sur les géographes grecs, envoyé de sa part, à Oberlin par Villoison. Correspondance d'Oberlin. Lettre du 14 octobre 1789. Bibl. nat. mss. all. 192, fol.. 132.

4 Dans une lettre du 17 août 1798, par exemple, il parle encore de visites


— 253 — la quittait pour se retirer à Orléans; les deux amis ne se revirent donc pas et ils ne reprirent leurs relations d'autrefois qu'après le retour de Villoison à Paris en 1799.

Les relations de Sainte-Croix avec Saint-Vincens, au contraire, qui avaient à peine été interrompues par les troubles duComtat 1, ne le furent pas davantage par l'exil volontaire de Sainte-Croix à Paris ; de sa retraite de la rue Grenelle-SaintGermain ou du Bac, puis de la rue Cassette, il écrivait à Saint-' Vincens, comme il le faisait jadis de son château de Mormoiron; il lui faisait part des tristesses que lui causaient ses deuils de famille 2 ou la mort de ses amis 3, des angoisses d'une « âme remplie d'amertume par tout ce qu'il voyait, entendait et sentait 4» ; il lui envoyait les livres dont il avait besoin 8, les ouvrages dont leurs amis communs lui faisaient hommage 0 ; enfin il l'entretenait de ses travaux,— « seul moyen de se distraire7,» « l'opium qui lui était si nécessaire au milieu de tant d'o.rages et de chagrins8»,— du dessein qu'il avait formé,« malgré l'état déplorable des lettres et la stagnation du commerce dela librairie », de donner une nouvelle édition de son ouvrage sur les Mystères 9, et il le félicitait « des mémoires qu'il avait, composés- SUT la Tour du palais et les mosaïques ». et que sonfils lui avait apportés. Le premier de ces mémoires n'était pas

domiciliaires, et Dacier (Notice historique sur M. de Sainte-Croix, p. XXXIX) raconte qu'il fut arrêté et menacé de mort.

1 Le manuscrit 1893 renferme, des années 1791 et 1792 si agitées, six lettres de lui à Saint-Vincens.

2 Il perdit, entre autres, un de ses fils à la fin de 1791.-

3 La mort de Barthélemy, en particulier, arrivée le 30 avril 1795. mss. 1893, fol. 28.

4 Lettre sans millésime, mais probablement de 1794 ou 1795-. mss. 1893', fol. 23.

3 Lettres s. d. (1795). mss. 1893, fol. 27.

0 Entre autres une Dissertation, de Barthélémy, sur une ancienne inscription grecque relative aux finances des Athéniens. Paris, 1792, in-4". Lettre du" 5 avril 1792. mss. 1893,fol. 21.

7 Lettre s. d. mss. 1893, fol. 28.

8 Lettre du a décembre 1791. mss. 1893, fol. 40.

9 Lettre sans millésime, mss. 1893, fol. 23.


-254 — récent; Saint-Vincens l'avait écrit, nous l'avons vu, en 1786 ; le second avait été composé à l'occasion de la découverte faite, en 1790, hors des murs d'Aix, sur l'emplacement même de l!ancienne ville, de trois belles mosaïques, qui représentaient, la première une scène de comédie à trois personnages, la seconde Thésée terrassant le Minotaure 1, la troisième le combat d'Entelles et de Darès. Ces mémoires plurent beaucoup à Sainte-Croix 2.

Je vous le jure et c'est sans flatterie, je les trouve écrits avec cette sage critique et cette érudition bien marquée, avec laquelle toutes ces sortes d'ouvrages devraient être faits. Vous expliquez tout parfaitement, vous décrivez avec une clarté et une exactitude singulière. Si le premier est supérieur au second, cela ne vient absolument que de la matière qui portait davantage. Puissibz-vous nous donner plusieurs mémoires de ce genre, et qu'il aurait été heureux pour les arts et les lettres que vous eussiez décrits les autres monuments de nos provinces !

En lisant cette lettre de Sainte-Croix on regrette doublement que les mémoires dont il fait ici l'éloge n'aient point été publiés. Elle est du mois de janvier 1792 ; à cette époque le président de Saint-Vincens avait encore conservé toute son activité intellectuelle et il la conserva longtemps encore ; les ouvrages qu'il demandait à son ami de lui envoyer de Paris, quand Sainte-Croix y fut fixé, en sont la preuve éclatante ; il ne cessait, malgré son grand âge, de suivre d'un oeil curieux les découvertes que faisait chaque jour l'archéologie ; en 1794 son attention fut vivement sollicitée par la trouvaille d'un trésor, faite au pied du Mont Esquilin, à quinze pieds au-dessous du sol, dans le jardin des religieuses de Saint-Françoisde-Paule 3. Cette découverte eut un grand retentissement. Le

1 Cette belle mosaïque se trouve aujourd'hui, on le sait, dans la salle de la Bibliothèques Méjanes ; quelques fragments des autres sont au Musée.

2 Lettre du 24 janvier 1792. mss. 1893, fol. 19.

3 Description du trésor trouvé à Rome, lors des fouilles faites en 1794 au pied du Mont Esquilin dans le jardin des religieuses de. Saint-François-dePaule. Magasin encyclopédique, 2' année (1796), t. 1, p. 357 et suivantes.


— 255 — directeur du Musée capitolin, le célèbre Visconti, adressa à ce sujet une lettre à Msr de la Somaglia, patriarche de Constantinople. Un archéologue français, Leroux d'Agincourt, fixé à Rome depuis de longues années, s'occupa de faire graver les différentes pièces de ce riche trésor; en s'aidant de la lettre de Visconti et de divers renseignements qu'il avait reçus de Rome, Saint-Vincens entreprit de le décrire. Les différentes parties dont il se composait étaient « les pièces principales d'une vaisselle à l'usage d'une maison illustre de Rome au IVe siècle ». Et « les morceaux les plus curieux de cette vaisselle, dit Saint-Vincens, servaient à la toilette d'une dame romaine de cette famille ». C'était, dans l'ordre où il les décrit, une cassette d'argent, ornée de bas-reliefs relatifs à la toilette, à la parure et à une cérémonie de noces; un écrin également en argent, à seize pans et ayant pour ornements les Muses, dont huit étaient gravées sur les pans et la neuvième sur le couvercle ; deux bras entourés de bracelets et tenant chacun un chandelier ; cinq petits plats carrés et quatre écuelles arrondies, portant tous un chiffre gravé; puis cinq vases d'une forme élégante et une petite lampe portative; enfin deux grandes pommes d'argent et quatre petites figures du même métal, pouvant servir d'ornements à une chaise curule, puis diverses phalères ou images de chevaux en grande partie dorées l.

La description minutieuse de ces divers objets parut dans le premier volume de la seconde année du Magasin Encyclopédique de Millin ; le célèbre archéologue avait, en 1795, relevé cette revue, fondée trois ans auparavant, mais qui avait sombré au milieu de la tourmente révolutionnaire ; pour la faire vivre', il avait besoin de collaborateurs et il en cherchait de tous côtés. Il était lié avec Sainte-Croix ; celui-ci le mit en rapport avec les Saint-Vincens. « M. de Sainte-Croix, dit une

1 Saint-Vincens décrit encore, p. 376-378, divers objets précieux, candélabres, plat d'argent, etc., trouvés près du trésor.


— 256 —

note de Des Noyers, mise en tête du manuscrit 216 de la Méjanes 1, nous avait mis mon père et moi en relations avec M. Millin. Il nous fit connaître un journal littéraire que ce dernier rédigeait. Il nous engagea à lui envoyer quelques articles. C'est ce que j'ai fait en consultant mon père jusqu'à sa mort... » La fin de cette note n'est pas entièrement exacte ; l'article dont je viens de donner un résumé est de Saint-Vin-- cens, non de son fils des Noyers; celui-ci n'a collaboré au Magasin Encyclopédique qu'après la mort de son père. Il semblerait aussi que Millin ait demandé directement aux SaintVincens des articles pour sa revue ; on lit dans une lettre qu'il écrivait au fils le 3 brumaire an IV (26 octobre 1795) 2: « Vous pourriez me donner pour le Magasin une note sur le P. Dumont et sur son ouvrage». Cette note ne fut pas donnée ; mais six mois après Des Noyers annonçait à Millin l'envoi d'un « Mémoire sur l'Italie 3 ». C'était sans doute" la description du trésor du jardin de l'Esquilin. Le 12 floréal an IV (2 mai 1796)., Millin en accusait réception l et le faisait paraître aussitôt.

Cet article du président, le premier qui parut de lui dans le Magasin encyclopédique, fut aussi le dernier qu'il y donna; sa santé ébranlée et sa vue affaiblie ne lui permettaient guère d'y collaborer, et il réserva ce qui lui restait xie forces -pour les travaux qu'il avait commencés; avec l'aide de son iïls, auquel il avait inspiré le goût de l'étude, il poursuivit, en l'y associant, ses recherches érudites ; il avait dès longtemps recueilli des documents nombreux sur l'état du commerce, des lettres et des arts en Provence à la fin du moyen âge, il chargea son fils de rédiger les mémoires qu'il avait projetés

4 Je dois la connaissance de cette note, placée en tête de la correspondance de Millin, à une bienveillante communication de M. E. Aude, bibliothécaire de la Méjanes.

2 Correspondance de Millin. Méjanes. mss. 216, n° 1.

3 Lettre sans date, que M. E. Aude suppose du r" floréal an iv.

4 Méjanes. mss. 216, n6 3.


— 257 — sur ces divers sujets 1 ; il le préparait ainsi à être son continuateur et son successeur. Dès Noyers le remplaçait déjà auprès de ses correspondants; c'était à lui que Millin écrivait, et c'était lui qui lui répondait ; c'était à lui aussi que, depuis 1797, Sainte-Croix adressait ses lettres; il lui envoyait ses livres 2, comme autrefois à son père, et entretenait avec lui un commerce de lettres que la mort du Président allait rendre plus actif. Cet événement allait mettre aussi en rapport dès Noyers avec Villoison, qu'il avait vu autrefois à Aix, mais avec lequel il n'était point jusque là entré en relation.

CHARLES JORET.

Membre de l'Institut.

(A suivre).

1 Notice sur Jules-François-Paul Fauris Saint-Vincens, p. 22.

2 Lettre du 6 germinal an VI (27 mars 1798). mss. fr. n. a, 1893, fol. 50.


FRÉJUS INÉDIT

(Suite)

Une nouvelle visite à Fréjus dans le courant du mois d'août 1905, vient encore de nous montrer combien ce sol de l'antique Forum Julii est riche en objets archéologiques. Malgré des circonstances d'investigation absolument défavorables et la rapidité de recherches à fleur de terre, nous avons pu rapporter pour notre Musée Régional une assez belle moisson de souvenirs archéologiques et épigraphiques. Nous signalons tout d'abord à l'attention de nos collègues deux belles pièces données au musée de Fréjus, lors de sa fondation, par M. Constant, oncle de M. Pelou.

Ce sont des bronzes, antiques, à belle patine verte (fig. 1 et 2), représentant des extrémités de char romain. Ils ont été trouvés dans la vigne du Chapitre, propriété Angles-Constant, où M. Pelou aîné devait, par la suite, faire une belle récolte d'objets de haute valeur.

Le premier (fig. 1), ne porte pas d'ornements. Quoique

commun d'aspect, il est si bien conservé, si complet, que nous l'avons mesuré avec. soin, à titre documentaire. Quant au


— 259 -

second (fig. 2), avec ses deux anses et sa jolie guirlande, finement travaillée il mérite une description plus détaillée. Son entrée est un carré de 0m 06 de côté; son épaisseur n'est que d'un demi-centimètre. Le bronze est

d'une très belle tonalité verte ; plus orné, plus élégant que le précédent. Il provient du même point et il est dû aussi à la générosité de M. Constant.

Nous eûmes, pour notre part, dans la matinée que nous passâmes à Fréjus, la chance de trouver un fragment de sifflet en os, près des arènes; après avoir, il est vrai, retourné et regardé en vain plus de cinquante débris d'ossements. Peu après, nous eûmes la bonne fortune de trouver une petite intaille antique assez bien conservée, quoiqu'ébréchée, et représentant un Hermès, croyons-nous.

Les Thermes de Villeneuve ne nous ont fourni que quelques poteries de Samos, bien modestes. Aucune recherche n'étant possible sur ce point, actuellement transformé en ferme, sans un accord préalable avec le propriétaire, tout semble devoir encore longtemps rester en l'état !

L'antique citadelle Saint-Antoine, formant à l'époque romaine le fond du port célèbre, élève son enceinte sombre et ses verts jardins près du moulin, au sud de la ville. Elle nous a fourni quelques beaux fragments de Samos à trèfles, des marbres noirs et rouges, blancs ou multicolores, qui sont allés rejoindre leurs semblables dans nos vitrines à l'entrée du musée Lycklama. Signalons aussi des briquettes et deux sortes de fresques. Les premières ont été mises au jour pendant les travaux de construction d'une rampe à l'intérieur de l'en-


— 260 —

ceinte, et devaient servir de dallage,. Ces briquettes rouges sont rectangulaires, épaisses d'un centimètre et demi, longues de six et larges de quatre. Nous n'en avons jusqu'ici trouvé qu'à cet emplacement, où elles sont fort nombreuses en ce moment. Les fresques décorant les salles ainsi dallées, étaient les unes de couleur rouge brique, les autres vert pâle uni, tons habituels pour ce genre de décoration. Le ciment qui enduit un mortier à grain très fin,-d'après sa teneur en silice, alumine et chaux, semble fort riche en argile. Il n'a malheureusement pas été possible jusqu'à ce jour, même avec l'analyse élémentaire de ces ciments anciens, de donner leur composition exacte et de les reproduire. Chacun sait que les anciens employaient surtout des colorants végétaux pour leurs fresques, mais ici « le rouge est à base de fer, vraisemblablement une variété d'ocre (oxyde ferrique Fe 2 O3), rématite rouge ou sanguine, de plus ce rouge, aussi colorant que le minéral, semble avivé par un colorant végétal.» Nous devons ces détails à la science et à l'obligeance de M. Mérieux, directeur du laboratoire de Lyon, et de M, Théodore Perroy, placé à la tête de celui de Cannes.

Nous signalerons encore aujourd'hui deux inscriptions fort belles, se trouvant au musée de la ville, l'une trouvée en 1,902, l'autre déjà décrite, mais que nous complétons par des mesurea exactes et certains détails du bas-relief, et qui est du reste très belle.

La première (fig. 3), provient des fouilles de la maison Truchi (1902). C'est un gros bloc de calcaire dur rectangulaire, de 0m 30 d'épaisseur,

d'épaisseur, un mètre de long et 0m38 de large, creusé,' vers le milieu par trois excavations semblant faites par des projectiles. L'inscription est entourée d'un assez bel encadrement, malheureusement très endommagé dans la partie gauche, et


— 261 —

dont la moulure extérieure a un relief de deux centimètres. Elle se compose de deux lignes seulement, et nous paraît avoir voulu conserver le souvenir de L(ucius) Val(erius) Hermer (?) Sévir Augustal (?), et nous lisons :

L(UCIO), VAL(ERIO), HERMERO [?]

[SE]VIR AUG(USTAL); sans affirmer cependant notre lecture, que nous considérons comme douteuse.

L'autre (fig. 4) est une magnifique pierre tumulaire en pierre dure noirâtre, trouvée (vers 1880) à 1 kilom. de Fréjus, sur le bord de la célèbre voie Aurélienne, et donnée au Musée par le Dr Eugène Pascal. Toute en hauteur et parfaitement conservée, elle se compose d'un bloc rectangulaire surmonté d'un cintre. La face antérieure porte deux inscriptions de trois lignes chacune séparées par un bas-relief représentant deux mains enlacées, très net, et fort joli.

Les lettres de l'inscription supérieure

supérieure à la 1er ligne 0m06 de hauteur, à la 2e 0m05, à la 3e 0,035. Celles de l'inscription inférieure ont à la 1er ligne 0m06 de hauteur, à la 2e et à la 3e 0m04.

A remarquer dans le mot POSILLAE, la lettre O qui est plus petite que les autres, et l'E final qui enjambe l'encadrement.

Ces deux inscriptions doivent se lire :

PETRONIAE, TERT(II) F(ILIAE), POSILLAE PIAE L(UCIUS) SCAEFIUS PRIMUS UXORI FEC(IT) :

A son épouse Pétronia Posilla Pia, fille de Tertius, Lucius Scoefius Primus a élevé ce tombeau.


262 —

Large de 0m66, et haute de 1m34, cette remarquable pierre tumulaire était surtout intéressante à signaler par la grâce et la netteté des deux mains enlacées sur une bande de huit centimètre, et formant ainsi un ornement du plus gracieux effet

Colel H. DE VILLE-D'AVRAY.


CHRONIQUE

Le Bureau de la Société d'Etudes Provençales a reçu et accepté les adhésions suivantes :

M. CAMAU (Emile), lauréat de l'Institut, 110, cours Lieutaud, Marseille.

M. GENSOLLEN (Octave), La Vaille, à la Crau, Var.

M. GERMANET (Frédéric), papetier, 35, cours Mirabeau, Aixen-Provence.

M. GOURBIN (Joseph), attaché aux archives municipales, Marseille.

M. GUÉS (Antonin), propriétaire à Salon, Bouches-du-Rhône.

M. MABILLY (Philippe), conservateur des archives municipales, Marseille.

M. PÉCOUL (Auguste), archiviste paléographe, à Draveil, Seine-et-Oise.

Comités départementaux des documents économiques de la Révolution. — Dans la séance du vendredi 3 novembre, le comité du Var, après avoir procédé à la nomination de correspondants communaux nécessitée par des mutations dans le personnel de l'enseignement primaire, a décidé de proposer à M. le Ministre de l'Instruction publique de confier à MM. Mireur, Philibert et Poupé la publication des cahiers de doléances des communautés et des trois ordres des sénéchaussées de Brignoles, Draguignan, Hyères et Toulon qu'ils avaient été précédemment chargés de recueillir. Les mêmes membres sont chargés de rechercher les tableaux du maximum élaborés par les diverses administrations des districts du département en vue d'une publication ultérieure. Des félicitations ont été adressées à divers correspondants communaux pour le zèle dont ils ont fait preuve en rédigeant des états sommaires d'archives communales pendant la période révo18

révo18


— 264 —

lutionnaire, particulièrement à MM. Cabasse et Coulomb, instituteurs à Draguignan et à Comps.

Par lettre du 7 septembre, M. le Ministre de l'Instruction publique a exprimé au comité des Bouches-du-Rhône sa satisfaction pour le zèle qu'il déploie et en particulier pour l'activité éclairée de MM. Fournier et Lacaze-Duthiers. Ce comité soumettra dans peu de temps à la commission centrale le dossier des cahiers des corps de métiers de Marseille réunis par les soins de MM. Fournier et P. Moulin.

Par arrêté ministériel du 3 avril 1905, M. Bigot, professeur au collège de Manosque, secrétaire-correspondant de la Société d'Etudes Provençales, a été nommé membre du comité départemental des Basses-Alpes.

Draguignan. — Société d'Etudes. — Dans la séance du mardi 7 novembre, M. Thérel, ingénieur des ponts et chaussées, a donné lecture d'une étude sur la Corniche de l'Esterel. Il a été décidé que le cinquantenaire de la fondation de la Société serait célébré le dimanche 17 décembre. De dix heures à midi, séance solennelle, visite du musée et de la bibliothèque ; à midi, banquet.

Archives. — M. E. Poupé vient d'achever le classement des archives révolutionnaires du greffe du tribunal de Draguignan. Il a rédigé un inventaire détaillé qui facilitera les recherches des historiens de la période révolutionnaire non seulement dans le Var, mais aussi dans les Bouches-du-Rhône, les AlpesMaritimes, le Vaucluse et la Corse, notamment pour ce qui concerne les émigrés, les contre-révolutionnaires, les réactions de l'an III et de l'an V, les insurrections, le brigandage, etc..

Forcalquier. — Le 19 octobre 1905 a eu lieu la séance annuelle de l'Athénée de Forcalquier, sous la présidence de M. Louis Maurel, son nouveau président, qui a fait l'éloge de son prédécesseur, M. E. Plauchud. Les nombreuses communications qui ont été faites prouvent l'intensité de la vie intellectuelle dans la Haute-Provence.


— 265 —

Nice. — La Société des Lettres, Sciences et Arts des AlpesMaritimes a repris ses séances. Le 4 novembre M. le docteur Malgat a parlé de la cure solaire de la tuberculose; M. le docteur Guebhard, des enceintes « préhistoriques » du pays..Le 18, M. le colonel de Ville-d'Avray, des églises de Cannes ; M. Guebhard, de la couronne solaire ; M. Doublet, de N.-D. de Valcluse d'après la brochure récente de M. le chanoine Latil, curé-archiprêtre de Grasse.

La Société a adhéré au projet, formé par la Société d'Etudes Provençales, d'un Congrès des Société savantes de la région, qui se tiendrait à Marseille, en août 1906, à l'occasion de l'Exposition coloniale.

BIBLIOGRAPHIE

PÉROUSE (Gabriel). Le cardinal Louis Aleman, président du Concile de Baie et la fin du grand schisme. Paris, Picard, 1904, in-8°, XLI-513 p.

Le personnage, qui a fourni au distingué conservateur du dépôt français des archives de Savoie le sujet de sa thèse de doctorat ès. lettres, appartient à notre midi par ses années de formation à Avignon qui eurent une influence décisive sur toute sa carrière, par son épiscopat de Maguelone où ses fonctions de vice-camérier du Saint-Siège l'empêchèrent de jamais paraître, par son titre d'administrateur de l'archevêché d'Arles où il ne résida que quelques mois, mais où il conquit l'auréole de la sainteté. Pourtant, ce ne sont pas ces étapes d'une carrière autrement remplie qui ont fixé le choix et longtemps retenu l'attention de l'historien. Aleman est une des principales figures ecclésiastiques du XVe siècle ; c'est à ce titre que l'a étudié M. Pérouse, le suivant de la Chambre apostolique dans sa légation de Bologne et surtout au concile de Bâle dont il fut l'âme, quoique arrivé des derniers, et qu'il entraîna dans la voie schismatique,à raison peut-être de son inimitié contre


— 266 —

Eugène IV. Nous employons à dessein une locution dubitative, parce que M. Pérouse semble avoir la conviction, et il la communique à ses lecteurs, que l'hostilité d'Aleman eût sa source beaucoup plus dans ses idées doctrinales, dans le sentiment du danger que l'attitude du pape pouvait faire courir à l'Eglise que dans des rancunes personnelles et, dans une certaine mesure, justifiées contre le pontife.

Les deux tiers de l'ouvrage sont consacrés à suivre le cardinal à Bâle, à développer les causes de son influence grandissante, de son rôle bientôt exceptionnel à la tête de l'assemblée qui, sans sa ténacité et sa diplomatie, aurait été dissoute dix ans plus tôt. Les longues et vaines négociations, dans lesques il joua un rôle considérable, pour amener le transfert du concile à Avignon à propos de la réunion des Grecs doivent être particulièrement signalées ici ; quoique, au point de vue de l'intérêt dramatique nous leur préférions la description des conférences de Lyon et de Genève qui terminèrent le schisme et que l'adresse d'Aleman sut prolonger assez pour en sortir, et ses partisans avec lui et grâce à lui, avec les honneurs de la guerre. On s'y arrête avec complaisance parce qu'on peut y admirer à la fois son habileté politique, la droiture de ses intentions, sa générosité envers les hommes compromis comme lui dans l'aventure bâloise et son propre désintéressement.

Nous regretterons même que M. Pérouse n'ait pas mis en un plus saisissant relief dans les autres chapitres de sa thèse les qualités morales de son personnage qui, à certaines époques du concile, ne sut pas suffisamment se soustraire aux passions ambiantes trop brillamment écloses à Bâle où elles se répercutaient dans la chrétienté. .S'il l'eût fait, on s'expliquerait mieux comment ce prélat a pu si vite après sa mort être l'objet d'un culte public rendu par des diocésains qui l'avaient peu connu, sujets d'un gouvernement demeuré fidèle à l'obédience romaine. Cette gloire posthume de l'ancien schismatique béatifié n'est pas la moindre curiosité de son existence tour-


— 267 — mentée ; nous eussions aimé voir l'auteur puiser plus abondamment dans les témoignages contemporains pour nous expliquer ce contraste. Mais il a moins eu le désir d'écrire la biographie de son héros que d'étudier soigneusement son rôle politique, et à cela il est parvenu. Son travail, soigneusement préparé par de minutieuses recherches, dans les plus riches dépôts d'archives et les bibliothèques de l'Europe, susceptible, à notre estime, d'être allégé de quelques narrations trop abondandes sur les fonctions du camérier ou l'administration d'un diocèse au XVe siècle, demeurera une intéressante contribution à l'histoire d'une des périodes les plus troublées et les plus complexes de la vie de l'Eglise chrétienne, et mérite d'intéresser tout particulièrement les Provençaux dont les pères ont pris une si large part aux contentions provoquées

par le grand schisme.

A. RAMPAL.

JOUVE (Michel) et GIRAUD-MANGIN. 1 Carnet de route du conventionnel Philippe-Charles-Aimé Goupilleau en mission dans le Midi. Nîmes, 1905, 1 vol. 104 p.

Cette publication est un recueil de documents sur une mission remplie en 1793 par un conventionnel en Provence, afin de pourvoir aux besoins de l'armée; elle contient des impressions .recueillies, notées chaque jour, et un relevé des dépenses de voyage, station par station, avec indication des heures d'arrivée et évaluation détaillée des frais de séjour. Goupilleau était né à Montaigu, il appartint à la magistrature ; il était nourri des idées de Voltaire et de J.-J. Rousseau ; propriétaire foncier, il s'occupait lui-même de l'exploitation de son domaine ; il avait une compétence reconnue dans l'élevage du cheval ; il fut désigné par la Convention pour assurer la remonte de la cavalerie dans la neuvième division qui avait Arles pour chef-lieu ; il visita Avignon, Arles, Aix, Marseille, Toulon, Nice ; en cours de route il est surtout frappé par les ressources agricoles de la Provence ; il les décrit avec soin ; dans chacune des localités où il s'arrête, son


— 268 —

attention est retenue par les produits du sol et par les aménagements d'eau. Ce physiocrate porte sur les aptitudes économiques de la Provence un jugement écrit dans un style simple et dicté par un sens pratique et judicieux. Il a droit à Une place dans une histoire économique de la Provence pendant

la Révolution.

G. V.

CAUVIN. La grande Peur (juillet-août 1789). Digne, Chaspoul, 1905, br. 20 p. ,

M. C, d'après les archives des Basses-Alpes, a retracé l'émotion qui ébranla les populations rurales après la prise de la Bastille : la « Grande Peur » causée par l'invasion de bandes de brigands, par l'invasion des bandes étrangères. Il explique l'état des esprits portés tout d'abord à grossir les événements par la misère, la famine menaçante, toutes circonstances aggravées par les accaparements des spéculateurs sur les grains. Il suit les dévastations des bandes à Seyne,: dans toute la vallée de la Durance ; les places fortifiées étaient évitées ; les bourgs ruraux étaient les plus maltraités ; ils le furent jusqu'à Mallemort. Les populations durent compter sur leurs seules et propres ressources pour se défendre ; elles organisèrent dans les villes des milices bourgeoises ; le gouvernement de la province ne les voyait pas sans défiance prendre des armes, des fusils. La « Grande Peur » dura les derniers jours de juillet et les premiers d'août. Le danger commun effaça les distinctions de classes. Les citoyens se solidarisèrent.

Cette étude documentaire d'une narration précise s'ajoute aux travaux qui ont paru sur le curieux fait pour l'Auvergne, pour le Dauphiné : elle sera utilement rapprochée de celle qui lui a consacrée tout récemment M. Arnaud dans son important travail sur l'histoire de la Révolution dans le département de l'Ariège ; ce sont les éléments d'une synthèse historique sur l'histoire de nos populations rurales au lendemain de la prise de la Bastille.

G. V,


— 269 —

C. COTTE. Forme et âge de quelques pointes de flèches provençales. Extrait de la Feuille des jeunes Naturalistes, n° 414.

La conclusion de cette étude est que « la civilisation des stations en plein air en Provence semble avoir succédé à la civilisation dans les abris » ; la vie par tribu, à la vie par famille.

G. V.

MIANE (Maxime). La fraude des Vins ; Paris, Bureaux des Lois Nouvelles, 1905 ; in-8° de 173 p.

M. Maxime Miane, ancien élève des lycées d'Aix et de Marseille, ancien élève de l'école des sciences politiques, est aujourd'hui rédacteur au Ministère de l'Intérieur. Dans cet ouvrage, il traite de la crise viticole et de ses causes : la fraude sur les vins, le sucrage. Il expose la répression de la fraude par l'ancienne législation et par la nouvelle qu'il nous montre suivant le sucre, depuis la raffinerie jusqu'à la cuve. Il donne le texte de la loi du 6 août 1905 et tous les commentaires officiels qui en ont été faits. C'est un livre d'actualité, dont M. Abel Bernard, député de Vaucluse, a écrit la préface.

Ouvrages reçus par la Société :

(L'inscription dans cette liste tient lieu d'accusé de réception)

183. V.-L. BOURSILLY Les rapports de François Pr et le Henri II avec les ducs de Savoie, Charles II et EmmanuelPhilibert (1515-1559) ; extrait de la Revue d'histoire moderne et contemporaine, (1904-1905, t. vi,p. 601-625); in-8° de 26 p.; n'est pas mis dans le commerce.

207. F..-N. NICOLLET. Procès et mort de Baltha^ard de Flotte-Montauban, comte de la Roche (1613-1614) ; Gap, L. Jean et Peyrot, 1905 ; in-8° de 36 p.; extrait du Bulletin de la Société d'études des Hautes-Alpes (2e et 3e trim. 1905, nos 14 et 15).

33. Ernest de CROZET. Ephémérides Bas-Alpines, 1904,


— 270 — 17° année ; Digne, Chaspoul et Vve Barbaroux, 1905 ; petit in-8° de 40 p.

37. E. CAMAU. La domination romaine en Provence; Paris, Ph. Renouard, 1905 ; petit in-8° de 120 pages (paginé de 241 à 360).

Périodiques reçus :

1 6. Bulletin de la Société de géographie et d'études coloniales de Marseille, t. XXIX, n° 1, 1er trim. 1905.

Sommaire. — Les confins de l'Algérie et du Maroc, David Levât. — Les événements géographiques et coloniaux de 1904, Secrétaires de la Société. — Mes missions au coeur de l'Afrique, D' A. Chevalier. — Seconde visite au négus d'Abyssinie, H. Le Roux. — Les Etats-Unis et l'exposition de SaintLouis, G. Blondel. — La 2e expédition norvégienne au Pôle.Nord sur le Fram, G, Isachsen. — Oasis algériennes et tunisiennes, E. Gallois. — Chronique géographique et coloniale, J. Léotard. — Projet d'exploration aérostatique au Pôle Nord, P. Marcilloc. — Communications faites : La préparation de l'Exposition coloniale de Marseille, E. Heckel. — Le rapport Le Hérissé sur le budget des colonies de 1905, P. Gaffaiel.— Nécrologie.— Variétés.— Bibliographie.

2 7 et 8. Annales des Alpes. Recueil périodique des archives des Hautes-Alpes, 90 année, 1er et 2e liv. (490 et 50e), juill.- août et sept.-oct. 1905.

Sommaire. — Le pape Pie VI à Briançon (mai-juin 1799), P. Guillaume.— Renseignements et documents tirés des archives de la cathédrale de Gap et de la métropole d'Embrun au XVIIe siècle et conservés à la Méjanes d'Aix, F.- N. Nicollet. — Situation financière de l'ancien diocèse de Gap à la veille de Révolution, P. G. — Le conventionnel Borel et sa famille, Lucien B. — Bibliographie. — Variétés : Lettre au comité de surveillance de Gap par Escallier, curé de cette ville (1794); — Vin des troupes de l'armée des Alpes (1794) ; — Un voyage de Gap à Grenoble par les montagnes en 1575; — Le pillage de Gap en 1692; — Clers tonsurés par Gabriel de Clermont, évêque de Gap, le 19 déc. 1557.

7. Bulletin de la Société des Amis du Vieil-Arles, 3e année, n° 2; oct. 1905.

Sommaire. — Suite à la note archéologique sur la crypte préhistorique de Coutignargue et sur « l'allée couverte » de « la Source » près Arles, E. Bouchinot. — Moeurs Arlésiennes au début du règne de Louis XVI, L. B. — Comment s'habillaient les arlésiennes dans les dernières années de l'ancien régime. — Tablettes d'un, curieux, E. F. — Les proverbes du pays d'Arles, E. F. — Biographies arlésiennes, D' E.-R, Perrin. — Les rues d'Arles: La rue Beau-


— 271 —

jean (suite et fin), E. F. — La légende territoriale du pays d'Arles, E. F. — Correspondance, R. Peyre.

88. Bulletin de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes 24e année, 3e série, n° 15, 3e trimestre.1905.

Sommaire. —- Le nom et les deux pr3mîères enceintes de Gap (fin), G. de Manteyer. — Sonnets, Guérin-Long. — La Saint-Napoléon à Gap en 1806, J. Michel. — La Barbado, F. Pascal. — Procès et mort de Balthazard de Flotte-Montauban, comte de la Roche (1613-1614), (fin), F.-N. Nicollet. — Le jour et la nuit, J. Sarrazin. — Un ancien lit de rivière à la Blache près Gap, D. Martin.

9. Revue des langues romanes, t. XLVIII (Ve série, t. vin), IV et v, juillet-août, septembre-octobre 1905.

10 8. Lou Felibrige, t. XIX, nos 1, 2 et 3, 4 et 5, abrièu-jun, juliet-avoust 1905.

11. Revue Tunisienne, organe de l'Institut de Carthage; 12e année, nos 53 et 54, sept, et nov. 1905.

12. Giornale storico e letterario délia Liguria, diretto da Achille Neri et da Ubaldo Mazzini, publicato sotto gli auspici della Società Ligure di Storia Patria, anno vi, fasc. 1012, ottobre-dicembre 1905.

A signaler. — Una relazione inedita sul convegno di Àcquemonte, P. Accame, p. 407-417. — L.-G. Pélissier, Cent heures à Cracovie (Rome, Forzani, 1905). Compte rendu, p. 456-457.

13 5. Mémoires de l'Académie de Vaucluse, 2e série, t. V, année 1905 (20 et 3e livraisons).

Sommaire. — Mlle de Sombreuil et l'hôtel des Invalides d'Avignon, de Vissac. — La rue, poésie. P. Manivet. — Le pont de Bollène et sa chapelle de N.-D. de Bonne-Aventure, P. Faucher. — Lettres inédites de Rovère (suite), D' Victorin Laval. — Description des terrains néogènes de la plaine du comtat et de ses abords (suite), L. joleaud. — La jeunesse du saint roi Louis, poème dramatique par Jh Ducos, A. Mongin. — La fresque des spiefami à la métropole d'Avignon, H. Requin. — Les changeurs d'Avignon sous Jean XXII, G. Mollat. — L'eau potable en Avignon, D' A. Pamard. — Nécrologie (Henri Paul). — Procès-Verbaux.

14 4. Bulletin de la commission archéologique de Narbonne'; année 1905, 2e semestre, t. VIII.

15 .. Revue de Provence, nos 74 à 83, fév.-nov. 1905. Sommaires, — N° 74. La Provence ignorée : N.-D. de Rot, abbé Chaillan,


— 272 —

— Conférence sur le Felibrige, P. Ruât. — N° 75. Excursion en Provence : Le Fraxinet, P. Ruât. — Quand doit-on appeler un homme.« citoyen », Gustave Reyne. — La superstition provençale : Une collection de talismans populaires, Louis Sabarin. — N° 76. Entrée à Aix du roi d'Espagne Philippe V, P. de Faucher. — Le mistralisnie, P. Devoluy. — La vie en Provence': Le mariage, M. Bertrand. — La police à Marseille au XVIIIe siècle, Joseph Mathieu. — N° 77. Les anciens portefaix à blé de Toulon, A. Paul. — Excursion en Provence : Le pain de munition, P. Ruât. — La «. Bello Maïo »,. Joseph Mathieu. — Mes chers amis les Pins, Odysse Richernont. — N" 78. Flâneries en Provence : Heures de Barbentane, E. Rougier. — Le concours de tambourin de Toulon, P. Ruât. — Lou tombourin, Fontau. — Les anciens portefaix à blé de Toulon (suite), A. Paul.— N° 79. Le feu delà Saint-Jean à Marseille, Jh Mathieu. — La fête de « Charloun », J. des Alpilles.— Excursions en Provence : Les grottes de Méailles, P. Ruât. — La festo vierginenco en 1905, Arelata.— N° 80. Conférence sur les gorges du Verdon, P. Ruai. — La Santo-Estello de 1905, J. Tamarin. — Projet de culture de la canne à sucre dans le Var, E. Poupé. — N° 81. Notes d'un marseillais : Un magistrat municipal au XVIIIe siècle, Ildefonse de Voulx. — Le muséum arlaten, Causeret. — Nos écrivains marseillais : Denis Aillaud, J. Lector. — Souvenir marseillais : La fête de saint Lazare patron de la ville. — Le théâtre de Marseille pendant la Terreur, Jh Mathieu. — N° 82. Excursions en Provence : Moustiers-Sainte-Marie, P. Ruât. — Le théâtre du peuple à Bussang, P. Noël.

— Note d'un Marseillais : Les Bourras, I. de Voulx. — La Freirié Prouvençalo. — N° 83. Langue ou patois, J. Bourrilly. — Une oeuvre de jeunesse en excursion, X.

17 2, Bulletin de la Société dauphinoise d'ethnologie et d'anthropologie; t. XIe nos 3 et 4, déc. 1904.

A signaler. — Compte rendu analytique de l'exposition d'anthropologie préhistorique, p. 62 (G. de Manieyef), 65 (Blanchard, maire de Briançon), 69 (abbé Guillaume), 71 (abbé Arnaud d'Agnel), 72 (Ch. Cotte), 73 (Deydier), 75 (Moirenc).

18 3. Bulletin de la Société archéologique de Sousse ; 3e année, n° 5 ; 1905, premier semestre.

19 i. Répertoire des travaux de la Société de statistique dé Marseille, 1904, t. 460, 20 de la 10e série, 1re partie.

Sommaire. — Le cabinet d'antiques de M., de Melin,-JE. P«rrier. -.— Le livre de raison d'Honoré de Gras, dernîeT"seigneur de Mimet, P. de Faucher. — Le procès de Caussini, P. Rigaud..— Les Grosson, Arnaud d'Agnel. — Les poissons musiciens, de Parfouru.

202. Bulletin de l'Académie Delphinale, 40 série,t. 18e, 1904.

32. Bulletin de la Société d'études des sciences naturelles de. Reims; t. xni, 14e année, n? 2, 3cet-4ctrim. 1904.


TABLE DES MATIÈRES

DU TOME II

DES Annales de la Société d'Etudes Provençales

(Année 1905)

Les chiffres renvoient aux pages

Actes de la Société

Conseil d'Administration pour 1905, 1-11. Listes des membres, III-XII, 71, 127, 166,263.

» des sociétés correspondantes, XII-XIII 71.

» des ouvrages reçus par la Société,35-36,83-84, 176-178,269-270.

» des périodiques reçus par la Société, 36-38, 84-86,178-180, 270272.

» des bibliothèques pédagogiques recevant les Annales, XII.

» des périodiques échangés avec les Annales, XIV. Procès-verbal de l'assemblée générale du 17 décembre 1904, XIV-XV. Rapport sur la situation morale et financière de la Société présenté à

l'assemblée générale du 17 décembre 1904, XVI-XXII.

Mémoires

G. ARVAUD-D'AGNEL. De la ressemblance de décor des Poteries antiques et des Poteries actuelles, 51-54.

E. AUDE. Le premier et le dernier des Craponrie, 154-162.

Marquis de BOISGELIN. Chronologie des officiers des Cours souveraines de Provence, suite. (Publié en supplément : la 6e feuille (61-76) avec le n° 2 ; la 7e (77-92) avec le 11° 3 ; la 8e (93-108) avec le n° 4; la 9e (109-124) avec le n° 5 ; la 10e (124-140) avec le n° 6. — A suivre.

Paul GAFEAREL. Le Blocus de Marseille et des environs par les Anglais, 1804-1814, suite. (Publié en supplément: la 3e feuille (33-48) avec le n» 1 ; la 4e (49-64) avec le n° 2 ; la 5e (65-80) avec le n° 3 ; la 6e (81-96, y compris un Index onomastique) avec le n° 4.

Charles JORET. L'helléniste Ansse de Villoison et la Provence, 231257. — A suivre.

Paul MOULIN. L'instruction publique à Salon en 1790, 199-207.

F.-N. NICOLLET. As Ais « à Aix » et non a-z-Ais, 69-70.

G. REYNAUD DE LYQUES. Un prédicateur toulonnais au XVIIIe siècle :


— 274 —

Le R. P. Hyacinthe-Thomas-d'Aquin La Berthonye, 208-219. — A suivre.

Fernand SAUVE. Les épidémies de peste à Apt notamment en 1588 et

,- 1720-1721, 39-50, 87-101.

Fernand SAUVE. Itinéraire pastoral d'Elzéar de Villeneuve, évéque de Digne, et actes relatifs à son épiscopal (1350-1331), 194-198.

Henry VILLARD. La Léproserie de Marseille au XVe siècle et son règlement, 183-193.

Jacques VINCENT. Les Hôpitaux à Aubagne. (Publié en supplément : la 1re feuille (1-16) avec le n° 5 ; la 2e (17-32) avec le 110 6. — A suivre.

Documents

XVe siècle. Règlement en langue provençale de la Léproserie de Marseille. (Des archives municipales de Marseille, par Henry Villard.

191-1931424,

191-1931424, octobre. Comptes en langue provençale de l'hôpital de SaintLazare de Marseille. (Ibid., id.), 186-188.

1427, 24 octobre. Donation par Louis III, comte de Provence, à noble Jean de Craponne. (Des papiers de la famille de Grignan, par Ed. Aude), 156-157.

1578-1579. Correspondance relative à la prise d'armes Carciste,suite. (Des archives communales de Callas, par Edm. Poupé), 1-14,102126, y compris une Table onomastique.

1629. Mémoire des honoraires présenté par Me Gaspard Lelong, médecin, chargé de la visite des malades. (Des archives communales d'Apt, par Fernand Sauve), 99-100.

1634, 17 février. Extrait du livre de raison de Paul Ier de GrignanCraponne, (par Ed. Aude), I59-'I6I.

1720, 4-13 septembre; Lettres de Sinety sur l'état d'esprit de ses soldats pendant la peste d'Apt. (Des arch. commun. d'Apt, par F. Sauve), 101.

1794. Un discours dans un club. (Des archives communales de Trets, par V. Teissère), 220-222.

Epigraphle

CAUVIN. Inscription gallo-romaine trouvée à Saint-Jeannet (BassesAlpes), 132-133.

H. de VILI.E-D'AVRAY. Fréjus inédit: Deux inscriptions gallo-romaines, 55-58 ; — Trouvailles diverses, 258-262.

Palèthnoiogie Provençale

Ch. COTTE, Revue de palèthnoiogie provençale, 59-64.


- 275 -

Nécrologie

Marquis de BOISGELIN, par F.-N. Nicollet, 225-230. Joseph LIABASTRES, par Ph. Bigot, 163-165. Octave TEISSIER, par Ed. Poupé, 15-16.

Chronique

Aix. Thèse de M. G. Arnaud et changement de M. Rougier, 28-29 — Comité de la bibliothèque, 72 ; — Congrès agricole régional, 166.

ANTIBES. Comité de la bibliothèque, 72 ; — Don aux archives, 167.

APT Comité de la bibliothèque, 72 ; — Biographie du général d'Anselme, 73.

ARLES. Adhésion de la Société des Amis du vieil Arles à la Fédération des sociétés savantes de la région provençale, 73 ; — Comité de la bibliothèque, 128-129.

AVIGNON. Changement de M. Muller, 29.

BARCELONNETTE. Comité de la bibliothèque, 129.

BASSES-ALPES. Comité des documents économiques de la Révolution,

264. BRIANÇON. Comité de la bibliothèque, 129.

BOUCHES-DU-RHÔNE. Félicitations du Ministre au comité des documents économiques de la Révolution, 28 ; — Réunion de ce comité du 16 février, 71 ; — Réunion du 20 juillet, 167 et 264.

CADENET. Comité de la bibliothèque, 72.

CANNES. Comité de la bibliothèque, 129 ; — Découverte d'une grotte habitation préhistorique, 131.

CARPENTRAS. Comité de la bibliothèque, 72.

DIGNE. Comité de la bibliothèque, 129 ; — Trouvaille d'inscription gallo-romaine, 132-133.

DRAGUIGNAN. Réunion de la Société d'Etudes du 24 décembre 1904, 29-30 ; — Découvertes archéologiques, 30 ; — Réunion de la Société d'Etudes du 27 janvier 1905, 73-74 ; — Comité de la bibliothèque, 129 — Nomination de M. Poupé, bibliothécaire, 167 ; — Réunions de la Société d'Etudes du 26 mai et du 23 juin, 167-168; — Du 7 novembre, 264; — Classement d'archives, 264.

FORCALQUIER. Séance de l'Athénée du 19 octobre 1905, 264.

FRÉJUS. Comité de la bibliothèque, 129.

GAP. Concours de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes pour 1905, 30 ; — Comité de la bibliothèque, 72.

GRASSE Comité de la bibliothèque, 73.

HYÈRES. Comité de la bibliothèque, 130.


— 276 —

MANOSQUE. Trouvailles archéologiques, 74-75.

MARSEILLE. Promotion de M. de Gérin-Ricard, 31 ; — Nomination de M. Arnaud-d'Agnel, 31 ;— Séances de l'Académie et de la Société de géographie, 761 ; — Comité de la bibliothèque, 130.

MENTON. Comité de la bibliothèque, 73.

MONTÉLIMAR. Comité de la bibliothèque, 73.

NICE. Communications à la Société des Lettres, 31, 77, 134, 265 ; — Comité de la bibliothèque, 130.

ORANGE. Comité de la bibliothèque, 73.

PROVENCE. Correspondants du ministère de l'Instruction publique pour la Provence, 127-128 ; — La Provence aux Congrès d'Alger et à la réunion des sociétés des Beaux-Arts à Paris, 135-153 ; — La Provence au Salon de 1905, 168.

SISTERON. Comité de la bibliothèque, 130-131.

TOULON. Thèses de M. Bourrilly, 76 ; — Adhésion de l'Académie du Var à la Fédération des Sociétés savantes de la région, 77; — Comité de la bibliothèque, 131.

VAR. Réunions du comité des documents économiques de la Révolution du 28 janvier, 71, 167 ; — Du 3 novembre, 263 ; — Félicitations de M. le Ministre à ce Comité, 127.

Bibliographie

1° Bibliographie générale Ch. COTTE. Revue de palèthnoiogie provençale, 59-64. Eug. DUPRAT. Bibliographie Vauclusienne, 1904, 65-69. F.-N. NICOLLET. Bibliographie du marquis de Boisgelin, 225. Ed. POUPÉ. Bibliographie d'Octave Teissier, 17-27.

20 Comptes rendus G. ARNAUD. Histoire de la Révolution dans le département de l'Ariège

(1789-1795), G. V., 80-83. BULLETIN de la Société d'Etudes scientifiques et archéologiques de

Draguignan, t. XXIV (1902-1903), E. P., 32-34. Emile CAMAU. Marseille au XXe siècle, G. V., 174-176. Comte de CASTELLANE. Le gros tournois de Charles d'Anjou et le gros

tournois du roi de France, M. R., 170. CAUVIN. La grande Peur (juillet-août 1789), G. V., 268. Ch. COTTE. La carie dentaire et Palimentation_ dans la Provence

préhistorique, G. V., 176 ; — Forme et âge de quelques pointes

de flèches provençales, G. V., 269. Ad. CRÉMIEUX. Les Juifs de Marseille au moyen-âge, J. F., 77-80. Michel JOUVE et GIRAUD-MANGIN. Carnet de route du conventionnel


— 277 —

Philippe-Charles-Aimé Goupilleau en mission dans le Midi, G.

V., 267-268. Philippe MABILLY. Les villes de Marseille au moyen-âge, J.-B. A., 173174.

173174. MARTIN. Paul Martin, M. R., 171-172. Maxime MIANE., La fraude des vins, Bigot, 269.

F. MIREUR. Un ami et correspondant de Malherbe à Draguignan, E.

P., 31-32. Gabriel PÉROUSE. Le cardinal Louis Aleman, président du Concile de

Bâle, et la fin du grand schisme, A. Rampai, 265-267. Ivan PRANISNIKOFF et P. RAIMOND. Les pierres à cupules et à gravures

préhistoriques du Castellet près d'Arles, Lt-Cl de Ville d'Avray,

34-35M.

34-35M. La charte du parlement général des monnayeurs du serment de l'Empire tenu à Avignon en 1489, 170.

L'-C 1 de VILLE-D'AVRAY. Fouilles de Saint-Cassien (1902-1903), M. R., 170.

Lt-Ci- de VILLE-D'AVRAY. Délibérations et règlements de la communauté de Cannes contenant un inventaire sommaire des archives communales du xvnie siècle, M. R. 171.

3° Travaux annoncés sommairement Dr Gaspar DECURTINS. La littérature néo-provençale. Prof. Gustav GROBER. Grundriss der romanisçhen philologie. KOSCHWITZ. Athénée de Forcalquier et félibrige des Alpes. MORF Heinrieh. Aus Dichtung und Sprache der romanen Vortrage. SACHS. Neue provenzalische Veroffeiitlichungen. A, STERN. Mirabeau und Lavater.

SUCHIER. La langue française et provençale et leurs dialectes. Hans AVEBER-LATKOV. Sophie de Monnier.

G. WEGENER. Eine Reise in die mittaglichen Provinzen von Frankreich (Die Landschaft der Provence, Avignon).

Informations

Le 44e cong-rès des sociétés savantes à Alger, 86. Congrès en l'année 1905, 181. Congrès préhistorique de France, 182.

Congrès de l'Association française pour l'avancement des sciences à Cherbourg, 182.

Question

De qui sont les vers sur Guillaume Laidet, 189.


ERRATA

DU TOME II

DES Annales de la Société d'Etudes Provençales (Année 1905)

Page XVII, ligne 12 ; lire : Saint-Arroman, an lieu de Saint-Arramon.

» XXI, » 41 ; ». de, » des.

» 30, » 22 ; » Découvertes, » Découvertures.

» 36, » 31 ; » Sommaire, » Sommoire.

» 70, » 19 ; » a-z-Ais, » a-z-Aix.

» 77, » 16 ; » processionnelle, » professionnelle.

» 139, » 23 ; » Bulletin, » Bulletiu.

» 169, » 27 ; " Veroffentlichungen, » Veroffentlichungan.

» 170, » 1 ; » Landschafi, » Landschagt.

» 19 ; » parlement, » roulement.

» 204, » 23; » six heures, » dix heures.

■ » 210, > n ; » vêtures, » vêtues.

» 220, » 2; » En 1794, » En 1791.

» 226. » 9 ; » fean-Franç'ois, s> Jean-André;

» 11 ; » Caroline Vitalis, » Cath.-Rose Gauch.


ANNALES

DE LA

SOCIETE D'ETUDES PROVENÇALES

(Subventionnée par le Conseil général des Bouches-du-Rhône)

Qu'om no sap tant dous repaire Corn de Rozer tro qu'a Vensa Si com clau mars e Durensa.

PEIRE VIDAL.

DEUXIÈME ANNÉE

N° 2. — Mars-Avril 1905

SOMMAIRE

Pages

Fernand SAUVE. Les Epidémies de Peste à Api notamment en 1588 et

1720-1721 : 39

G. ABXAUD D'AGNEL. De la ressemblance de décor des Poteries antiques et des Poteries actuelles 51

DE VILLE D'AVRAY. Fréjus inédit. Deux inscriptions gallo-romaines. 55

Ch. COTTE. Revue de Palèthnoiogie Provençale 59

Eugène DOPRAT. Bibliographie Vauclusienne 1904 65

F.-N. NICOLLET. AS Ais « à Aix » et non a-z-Ais 69

Chronique (71). — Bibliographie (77). — Information (86).

SUPPLÉMENT Mis DE BOISGELIN. — Chronologie des officiers des Cours souveraines (6e feuil.) Paul GAFFAREL. — Le Blocus de Marseille et des environs, par les Anglais (1804-1814). (4e feuille).

AIX-EN-PROVENCE

TYPOGRAPHIE ET LITHOGRAPHIE B. NIEL Rue Emeric-David, 5


Bureau

Président : M. Paul ARBAUD, bibliophile, 2, rue du QuatreSeptembre,

QuatreSeptembre, Vice-Présidents : M. Léopold CON'STANS, I. , professeur à l'Université d'Aix- Marseille, 42, cours

Gambetta, Aix.. M. le baron H. GOILLIBERT,*, O.5^, secret taire perpétuel de l'Académie d'Aix. 10, rué Mazarine, Aix. Secrétaire-Général: M. Gaston VALRAN, I. Û, professeurau lycée Mignet, 56, cours Gambetta, Aix.. Secrétaire-Archiviste : M. Edouard AUDE, A. Û, conservateur.

de la bibliothèque Méjanes, Aix. Trésorier: M. F.-N. NICOLLET, A. O, professeur au lycée Mignet, 2, avenue Victor-Hugo, Aix.

Extrait des Statuts

La Société d'Etudes Provençales a pour but de procurer et de développer la connaissance de tout ce qui a rapport à la -Provence. Les membres titulaires paient une cotisation annuelle de dix francs; les membres perpétuels versent, à leur admission, la somme de cent francs, sans cotisation ultérieure. Les uns et les; autres ont droit à un exemplaire de toutes les publications faites aux frais de la Société et- peuvent prendre part aux réunions, congrès, excursions organisés par elle. — Prière d'adresser les demandes d'admission, d'abonnement, d'échange des publications aux Secrétaire-Général.

Avis .

Pour éviter des frais de recouvrement assez élevés (o fr. 45 par cotisation), parfois doublés par retour de valeur impayée, MM. les Membres de la Société sont instamment priés de vouloir bien faire parvenir leur cotisation au Trésorier par mandat-carte, ou de la verser entre les mains du secrétaire-correspondant de leur région.


ANNALES

DE LA

SOCIETE D'ETUDES PROVENÇALES

(Subventionnée par le Conseil général des Bouches-du-Rhône)

Qu'om no sap tant dous repaire Com de Kozer tro qu'a Venpa Si com clau mars e Durensa.

PEIRE VIDAL.

DEUXIEME ANNEE

N° 3. — Mai-Juin 1905

SOMMAIRE

Pages Fernand SAUVE. Les Epidémies de Peste à Api notamment en 1588 et

IJ20-1721 (suite et fin) 87

Edmond POUPÉ. La Ligue en Provence et les Pontevès-Bargème (fin).. 102

Chronique (127).

SUPPLÉMENT M' 1 DE BOISGELIN. — Chronologie des officiers des Cours souveraines {y feuil.)

Paul.GiFFAEEL. — Le Blocus de Marseille et des environs par les Anglais (1804-1814). (5' feuille).

AIX-EN-PROVENCE

TYPOGRAPHIE ET LITHOGRAPHIE B. NIEL Rue Emeric-David, 5


Bureau

Président : M. Paul ARBAUD, bibliophile, 2, rue du QuatreSeptembre,

QuatreSeptembre, Vice-Présidents : M. Léopold CONSTANS, I. O, professeur à l'Université d'Aix-Marseille, 42, cours, Gambetta, Aix. M. le baron H. GUILLIBERT, *, O.*, secrétaire perpétuel de l'Académie d'Aix, 10, rue Mazarine, Aix. Secrétaire-Général : M. Gaston VALRAN, I. O, #, professeur au lycée Mignet, 56,,cours Gambetta, Aix. Secrétaire-Archiviste : M. Edouard AUDE, A. O, conservateur

de la bibliothèque Méjanes, Aix. Trésorier: M. F.-N. NICOLLET, A. O,. professeur au lycée Mignet, 2, avenue Victor-Hugo, Aix.

Extrait des Statuts

La Société d'Etudes Provençales a pour but de procurer et de développer la connaissance de tout ce qui a rapport à la Provence. Les membres titulaires, paient une cotisation annuelle de dix francs; les membres perpétuels versent, à leur admission, la somme de cent francs, sans cotisation ultérieure. Les uns et les autres ont droit à un exemplaire de toutes les publications faites aux frais de la Société et peuvent prendre part aux réunions, congrès, excursions organisés par elle.— Prière d'adresser les demandes d'admission, d'abonnement, d'échange des publications aux Secrétaire-Général.

Avis

Pour éviter des frais de recouvrement assez élevés (o fr. 45 par cotisation), parfois doublés par retour de valeur impayée, MM. les Membres de la Société sont instamment priés de. vouloir bien faire parvenir leur cotisation au Trésorier par mandat-carte, ou de la verser entre les mains du secrétaire-correspondant de leur région.


ANNALES

DE LA

SOCIETE D'ETUDES PROVENÇALES

(Subventionnée par le Conseil général des Bouches-du-Rhône)

Qu'om no sap tant dous repaire Com de Rozer tro qu'a Vensa Si com clau mars e Durensa.

PEIRE VIDAI..

DEUXIEME ANNEE

N° 4. — Juillet-Août 1905

SOMMAIRE

Pages LE COMITÉ DE RÉDACTION. La Provence aux Congrès d'Alger et à la

Réunion des Sociétés des Beaux-arts à Paris .- 135

E. AUDE. Le premier et le dernier des Craponne 154

Pli. BIGOT. Nécrologie : Joseph Liabastres 163

Chronique (166). — Bibliographie (169). — Informations (181).

SUPPLÉMENT Mis DE BOISGELIN. — Chronologie des officiers des Cours souveraines (8' feuil.) Paul GAFFAREL. — Le Blocus de Marseille et des environs par les Anglais (1804-1814). (6e feuille).

AIX-EN-PROVENCE

TYPOGRAPHIE ET LITHOGRAPHIE B. NIEL Rue Emeric-David, 5


Bureau

Président: M. Paul ARBAUD, bibliophile, 2, rue du QuatreSeptembre,

QuatreSeptembre, Vice-Présidents : M. Léopold. CONSTANS, L O, professeur à l'Université d'Aix-Marseille, 42, cours

Gambetta, Aix.

M. le baron H. GUILLIBERT,JS«, O.*, secré-..

taire perpétuel de l'Académie d'Aix, 10, rue Mazarine, Aix. Secrétaire-Général : M. Gaston VALRAN, I. Q, #, professeur au lycée Mignet, 56, cours Gambetta, Aix. Secrétaire-Archiviste : M. Edouard AUDE, À.O, conservateur

de la bibliothèque Méjanes, Aix. Trésorier : M. F.-N. NICOLLET, A.-O, professeur au lycée Mignet,' 2, avenue Victor-Hugo, Aix.

Extrait des Statuts

La Société d'Etudes Provençales a pour but de procurer et de développer la connaissance de tout ce qui a rapport à la Provence. Les membres titulaires paient une cotisation annuelle de dix francs; les membres perpétuels versent, à leur' admission, la somme de cent francs, sans-cotisation ultérieure. Les uns et les autres ont droit à un exemplaire de toutes les publications faites aux frais de la Société et peuvent prendre part aux réunions, congrès, excursions organisés par elle. — Prière d'adresser les demandes d'admission, d'abonnement, d'échange des publications aux Sécrétaire-Général.

Avis

Pour éviter des frais de recouvrement assez élevés (o fr. 45 par cotisation), parfois doublés par retour de valeur impayée, MM- les Membres de la Société sont instamment priés de vouloir bien faire parvenir leur cotisation au. Trésorier par mandat-carte, ou de la verser entre les mains du secrétaire-correspondant de leur région,


ANNALES

DE LA

SOCIETE D'ETUDES PROVENÇALES

(Subventionnéepar le Conseil général des Bouches-du-Rhône)

Qu'om no sap tant dous repaire* Com de Rozer tro qu'a Vensa Si com clau mars e Durensa.

PEIRE VIDAL.

DEUXIEME ANNEE

N° 5. — Septembre-Octobre 1905

SOMMAIRE

Pageà Henry VILLARD, La Léproserie de Marseille au XVe siècle et son règlement 183

Fernand SAUVE. Itinéraire pastoral d'Elzéar de Villeneuve, évêque de

Digne, et actes relatifs à son èpiscopal (1330-1331) 194

Paul MOULIN. L'Instruction Publique à Salon en IJÇO 199

L'abbé G. REYNAUD DE LYQUES. Un prédicateur ioulonnais au XVIII"

siècle: Le R. P. Hyacinthe-Thomas-d'Aquin La Berthonye 208

V. TEISSÈKE. Un discours dans un club en ijçt * 220

F.-N. NICOLLET. Nécrologie : Marquis de Boisgelin 225

SUPPLÉMENT Mis DE BOISGELIN. — Chronologie des officiers des Cours souveraines (9" feuil.) Jacques VINCENT. Les hôpitaux à Aubagne (1" feuille).

AIX-EN-PROVENCE

TYPOGRAPHIE ET LITHOGRAPHIE B. NIEL

Rue Emeric-David, 5


Bureau

Président : M. Paul ARBAUD, bibliophile, 2, rue du QuatreSeptembre,

QuatreSeptembre, Vice-Présidents : M. Léopold CONSTANS, I. O, professeur à l'Université d'Aix-Marseille, 42, cours Gambetta, Aix. ... M. lp baron H. GÙILLIBERT,, ?&, O.'ft, secrétaire

secrétaire de l'Académie d'Aix,

10, rue Mazarine, Aix.

Secrétaire-Général: M.- Gaston VALRAN, I. professeur, au lycée Mignet, 56, cours Gambetta, Aix. Secrétaire-Archiviste : M. Edouard AUDE, A. O, conservateur

de la bibliothèque Méjanes, Aix. Trésorier : M. F.-N. NICOLLET, A, , professeur au lycée Mignet, 2, avenue Victor-Hugo, Aix.

Extrait des Statuts

La Société d'Etudes Provençales a pour but de procurer et de développer la connaissance de tout ce qui a rapport à la Provence. Les membres titulaires paient une cotisation annuelle de dix francs; les membres perpétuels versent, à leur admission, la somme de cent francs, sans cotisation ultérieure. Les uns et les autres ont droit à un exemplaire de toutes les publications faites aux frais de la Société et peuvent prendre part aux réunions, congrès, excursions organisés par elle, — Prière d'adresser les demandes d'admission, d'abonnement, d'échange des publications, aux Secrétaire-Général.

Avis

Pour éviter des frais de recouvrement assez élevés (o fr. 45 par cotisation), parfois doublés par retour de valeur impayée, MM. les Membres de la Société sont instamment priés de vouloir bien faire parvenir leur cotisation au Trésorier par mandat-carte, ou de la verser entre les mains du secrétaire-correspondant de leur région.


ANNALES

DE LA

SOCIETE D ' ETUDES PROVENÇALES

(Subventionnée par le Conseil général des Bouches-du-Rhône) "

Qu'om no sap tant dous repaire Corn de Rozer tro qu'a Vensa Si com clau mars e Durensa.

PEIRE VIDAL.

DEUXIEME ANNEE

N° 6. — Novembre-Décembre 1905

SOMMAIRE

Pages

Charles JORET. L'helléniste d'Ansse de Villoison et là Provence 231

S. DE VILLE-D'ÀVRAY. Fréjus inédit (suite) 258

Chronique (263). — Bibliographie (265). — Table des matières {273). — Errata (278).

SUPPLÉMENT Mis DE BOISGELIN.— Chronologie des officiers des Cours souveraines (10e feuil.) Jacques VINCENT. Les hôpitaux à Aubagné (2" feuille).

AIX-EN-PROVENCE

TYPOGRAPHIE ET LITHOGRAPHIE B. NIEL Rue Emeric-D.avid, 5


Bureau

Président : M. Paul ARBAUD, bibliophile, 2, rue dû QuatreSeptembre,

QuatreSeptembre,

Vice-Présidents : M. Léopôld ÇONSTANS, I. 'il, professeur à l'Université d'Aix-Marseillé, 42, cours Gambetta, Aix. M. le baron.H. GUILLIBERT,1^, O.^ secré— taire perpétuel de l'Académie d'Aix, 10, rue Mazarine, Aix. Secrétaire-Général : M. Gaston VALRAN, I. Q,^, professeur au lycée Mignet, 56, cours Gambetta, Aix. Secrétaire-Archiviste: M. Edouard AUDE, A. O, conservateur

de la bibliothèque Méjanes, Aix. Trésorier : M. F.-N. NICOLLET, A. Q, professeur au lycée Mignet, 2, avenue Victor-Hugo, Aix.

Extrait des Statuts

La Société d'Etudes Provençales a pour but de procurer et de'développer la connaissance de tout, ce qui a rapport à la Provence.. Les membres titulaires paient une cotisationannuelle de dix francs; les membres perpétuels versent, à leur admission, la somme de cent francs, sans cotisation ultérieure. Les uns et les autres ont droit à un exemplaire de toutes les' publications faites aux frais de la Société et peuvent prendre part aux réunions, congrès, excursions organisés par elle. — Prière d'adresser les demandes d'admission, d'abonnement, d'échange des publications aux Secrétaire-Général.

Avis

Pour éviter des frais de recouvrement assez-élevés (o fr. 45 par cotisation), parfois doublés par retour de-valeur impayée, MM. les Membres de la Société sont instamment priés, de vouloir bien faire parvenir leur cotisation au Trésorier par mandat-carte, ou de la verser entre les mains du secrétaire-correspondant de leur région.


Secrétaires-Correspondants

Apt.: M. SAUVE (Fernand), archiviste.

Arles: M. LACAZE-DUTHIERS, professeur au collège.

.Avignon: M. LABANDE (L.-H.), I. Q, correspondant du ministère de l'Instr. publ.,' conservateur de. la bibliothèque et du musée Calvet.

Bàrcelonnette : M. ARNAUD, correspondant du ministère de l'Instr. publ., notaire.

Brignoles: M. AUZIVIZIER, rue des Lanciers.

Cannes : M. BERTRAND (Marie), sous-bibliothécaire, chalet La Kasbah, chemin du petit Juas.

Digne : M. CAUVIN, A. O, professeur au lycée Gassendi.

Draguignan: M.POUPÉ (Edmond), I. O, professeur au collège.

Grasse : M. Paul GOBY, 5, boulevard Victor-Hugo. . Manosque : M. BIGOT, A. O, professeur au collège.

Marseille : M. FOURNIER, I. O, lauréat de l'Institut, correspondant du ministère de l'Instr. publ., archiviste-adjoint des Bouches-du-Rhône, 2, rue Sylvabelle.

Nice.: M. DOUBLET, I.-U, C. ^, correspondant du ministère de l'Instr. publ., professeur au lycée.

Orange : M. YRONDELLE, A. O, prof, au collège, bibliothécaire de la ville, 36, rue Saint-Martin. -

Toulon: M. BOURRILLY, professeur, au lycée.

Tirages à part

En vertu de l'article 11 des statuts les membres titulaires et perpétuels dont un article de fonds est publié,dans les ANNALES ont droit à un tirage à part gratuit à vingt-cinq exemplaires de cet article. Les auteurs qui voudront jouir de cet avantage devront en faire la démande avec le bon à tirer.

Au delà de vingt-cinq exemplaires le prix des tirages à part est ainsi convenu entre la Société et M. B. Niel, son imprimeur, auquel les auteurs voudront bien adresser directement leurs ordres.

La feuille de 16 pages Titre et faux-titre Couverture

ordinaire en 2 couleurs

1er cent 4fr. 50 1 fr. 50 - 2 fr. 4 fr.

2e » 3 » 1 » . 2 » 4 »

3e » 3 » 1 » 1 » 50 3 »

4e ». 2 » 1 » 1 » 50 3 »


Comité de Rédaction

MM. BELIN, O.*, I. 0,'Recteur de l'Académie, 23, rue Gaston de-Saporta, Aix, Président.

GAFFAREL, professeur à l'Université d'Aix-Marseille,

d'Aix-Marseille, rue Paradis, Marseille, Vice-Président. REYNOUD, ancien éléve de l'école des Chartes, archiviste en chef des Bouches-du-Rhône, 2, Sylvabelle, Marseille, Vice-Président. RAIMBAULT, sous-archiviste des Bouches-du-Rhône, 14, rue Montauxn Marseille, Secrétaire BONAFOUS, professeur à l'Université d'Aix-Marseille, 3, rue du Bars-d'Or, Aix.

MM. CLAPIERS (marquis de), villa Kervor, . 279, Corniche, Marseille.

DEVOLUY (Pierre), cappulié du Félibrige, Avignon.

MARBOT, chanoine, ancien vicaire général, 21, rue Villeverte, Aix.

RIPERT DE MONCLAR marquis de)j C...*, ancien ministre plénipotentiaire, au château d'Allemagne (B.-Alpes)..

Avis

Nous continuerons dans les. prochains numéros la publication, de la Chronologie des cours souveraines que nous avons du suspendre dans ce numéro-ci faute d'espace.


Secrétaires-Correspondants

Apt : M. SAUVE (Fernand), archiviste.

Arles : M. LACAZE-DUTHIERS, professeur au collège.

Avignon: M. LABANDE (L.-H.), I. O, correspondant du ministère de l'Instr. publ., conservateur de la bibliothèque et du

- musée Calvet.

Barcelonnette : M. ARNAUD, ■ correspondant du ministère de. l'Instr. publ., notaire.

Brignoles : M. AuziviziER,,rue des Lanciers.

Cannes : M. BERTRAND (Marie), sous-bibliothécaire, chalet La

Kasbah, chemin du petit Juas.

Digne : M. CAUVIN, A. O, professeur au lycée Gassendi.

Draguignan: M. POUPÉ (Edmond), I. O, professeur au collège, correspondant du ministère de l'Instr. publ.

Grasse : M. Paul GOBY, 5, boulevard,Victor-Hugo.

Manosque : M. BIGOT, A. O, professeur au collège.

Marseille : M. FOURNIER, I. Û, lauréat de l'Institut, correspondant du ministère de l'Instr. publ., archiviste-adjoint des Bouches-du-Rhône, 2, rue Sylvabelle.

Nice : M. DOUBLET, I. ii, C. *, correspondant du ministère de l'Instr. publ.; professeur au lycée. '

Orange : M. YRONDELLE,-A. O, prof, au collège, bibliothécaire de la ville, 36, rue Saint-Martin.

Toulon : M. BOURRILLY, professeur au lycée.

Tirages à part

En vertu de l'article 11 des statuts les membres titulaires et perpétuels dont un article de fonds est publié dans les ANNALES ont droit à un tirage à part gratuit à vingt-cinq exemplaires de cet article. Les auteurs qui voudront jouir de cet avantage devront en faire la demande avec le bon à tirer.

Au delà de vingt-cinq exemplaires le prix des tirages à part est ainsi convenu entre la Société et M. B, Niel, son imprimeur, auquel les auteurs Voudront bien adresser directement leurs ordres.

La feuille de 16 pages Titre et faux-titre Couverture

ordinaire en 2 couleurs

1er cent 4 fr. 50 1 fr. 50 2 fr. 4 fr.

2e » 3 » 1 » 2 » 4 »

3° >> 3 » 1 » .1 » 50 3 »

4e » 2 » 1 » 1 » 50 3 »


Comité de Rédaction

MM. BELIN, O. *, I. Û, Recteur de l'Académie, 23, rué Gastonde-Saporta, Aix, Président.

GAFFAREL, *, I..Û, professeur- à l'Université d'Aix-Marseille, 317, rue Paradis, Marseille, Vice-Président.

REYNAUD, I. O, ancien élève de l'école des Chartes, archiviste en chef des Bouches-du-Rhône, 2, rue Sylvabelle, Marseille, Vice-Président.

RAIMBAULT, I. Û, sous-archiviste des Bouches-du-Rhône, 14, rue Montaux, Marseille, Secrétaire.-

BONAFOUS, I. Û, professeur à l'Université d'Aix-Marseille,

- 3, rue du Bras-d'Or, Aix. MM. CLAPIERS (marquis de), villa Kervôr, 279, Cofniçhe, Marseille.

DÉVOLU Y (Pierre), capôulié du Félibrige, Avignon.

MARBOT, chanoine, ancien vicaire général, 21, rue Villeverte, [Aix. -

RIPERT DE MONCLAR (marquis de), C. *, ancien ministre, plénipotentiaire, au château d'Allemagne (B.-Alpes).

Avis

Nous reprenons aujourd'hui, la publication de la Chronologie des cours souveraines. M. le marquis de Boisgelin est décédé le 29 janvier dernier, mais sa famille a bien voulu nous remettre son manuscrit, en sorte que son travail sera publié, intégralement.

La fin de La ligue en Provence et les Pontevès-Bargème de M. Ed. Poupé paraîtra dans le prochain numéro avec une

table.


Secrétaires-Correspondants

Apt : M. SAUVE (Fernand), archiviste^

Arles: M. LACAZE-DUTHIERS, professeur au collège.

Avignon: M. LABANDE (L.-H.),. I. il, correspondant du ministère de l'Instr. publ., conservateur.de la bibliothèque et du

musée Calvet.

Barcelonnette : M.' ARNAUD, correspondant du ministère de l'Instr. publ., notaire.

Brignôles : M. AUZIVIZÏER, rue des Lanciers,

Cannes : M. BERTRAND (Marie), sous-bibliothécaire, chalet La Kasbah, chemin du petit Juas.

Digne : M. CAUVIN, A. O, professeur au lycée Gassendi.

Draguignan: M. PoupÉ(Edmond), I. O, professeur au collège, correspondant du ministère de l'Instr. publ.

Grasse : M. Paul GÔBY, 5, boulevard Victor-Hugo.

Manosque : M. BIGOT, A. O, professeur au collège.

Marseille : M. FOURNIEK, I. 'Cî,- lauréat de l'Institut, correspondant du ministère de l'Instr. publ., archiviste-adjoint des Bouches-du-Rhône, 2, rue Sylvabelle.

Nice : M. DOUBLET, I. iî, C. #, correspondant du ministère de l'Instr. publ., professeur au lycée.

Orange : M. YRONDELLE, A. O, prof, au collège, bibliothécaire de la ville, 36, rue Saint-Martin.

Toulon: M. BOURRILLY, professeur au lycée.

Tirages à part

En vertu de l'article 11 des statuts les membres titulaires et perpétuels dont un article de fonds est publié dans les ANNALES ont droit à un tirage à part gratuit à vingt-cinq exemplaires de cet article. Les auteurs qui voudront jouir de cet avantage devront en faire la demande avec le bon à tirer.

Au delà de vingt-cinq exemplaires le prix des tirages à part est ainsi convenu entre la Société et M. B. Niel, son imprimeur, auquel les auteurs voudront bien adresser directement leurs ordres.

La feuille de 16 pages Titre et faux-titre Couverture

ordinaire en 2 couleurs

1er cent 4'fr. 50 1 fr. 50 2. fr. 4 fr.

2° » 3 » I » 2 » 4 »

3e » 3 » 1 » 1 » 50 3 »

4e » 2 » 1 » 1 » 50 3 »


- Comité de Rédaction

MM.-BELIN, O. *, I. P, Recteur de,l'Académie, 23, rue Gastonde-Saporta, Aix, Président. GAFFAREL, *, I. O, professeur à. l'Université d'Aix-Mar1 seille, 317, rue Paradis,-Marseille^-Vice-Président.

REYNAUD, I. H, ancien élève de l'tcole des Chartes, archiviste en chef des Bouches-du-Rhône, 2, rue-Sylvabelle, Marseille, Vice-Président. RAIMBAÙLT, I. O, sous-arehiviste des Bouches-du-Rhône, 14, rue Montaux, Marseille-, Secrétaire. BONAFOUS, I. O, professeur à l'Université d'Aix-Marseillej 3, me du Bras-d'Or, Aix. MM. CLAPIERS (marquis de), villa Kervor, 279, Corniche, Marseille.

DEVOLUY (Pierre), capoulié du Félibrige, Avignon. MARBOT, chanoine, ancien vicaire général, 21, rue Villeverte, Aix. RIPERT DE MONCLAR (marquis de), C. *, ancien ministre ■plénipotentiaire, au château d'Allemagne (B.-Alpes),


Secrétaires-Correspondants

Apt : M. SAUVE (Fernand), archiviste. Arles : M. LACAZE-DUTHIERS, A. O, professeur au collège. Avignon:'M-. LABANDE (L.-H.), I. O, correspondant du ministère de l'Instr. publ., conservateur de la bibliothèque et du musée Calvet. Bàrcelonnette: M. ARNÂUD, correspondant du ministère de ; l'Instr. publ., notaire. . ■

Brignoles: M. AUZIVIZIÉR, rue dés Lanciers. ''

Cannes : M. BERTRAND (Marie), sous-bibliothécaire, chalet La Kasbah, chemin du petit Juas.

Digne : M. CAUVIN, A- P, professeur au lycée Gassendi.

Draguignan: M. POUPÉ (Edmond), I. O, professeur au collège, correspondant du ministère de l'Instr. publ.

Grasse : M. Paul GOBY, 5, boulevard Victor-Hugo.

Manosque : M. BIGOT, A. O, professeur au collège.

Marseille : M. FOURNIE», I. Û, lauréat de l'Institut, correspondant du ministère de l'Instr. publ., archiviste-adjoint des

Bouches-du-Rhône, 2, rue Sylvabelle.

Nice ; M. DOUBLET, I. O, C. >&, correspondant du ministère de l'Instr. publ-, professeur au lycée.

Orange : M. YRONDELLE, A. O, prof, au collège, bibliothécaire de la ville, 36, rue Saint-Martin.

Toulon : M. BOURRILLY, professeur au lycée. .

Tirages à part

En vertu de l'article 11 des statuts les membres titulaires et perpétuels dont un article de fonds est publié dans les ANNALES ont droit à un tirage à part gratuit à vingt-cinq exemplaires de cet article. Les auteurs qui voudront jouir de cet avantage devront en faire la demande avec le bon à tirer.

Au delà de vingt-cinq exemplaires le prix des tirages à part est ainsi convenu entre la Société et M. B.'Niel, son imprimeur, auquel les auteurs voudront bien adresser directement leurs ordres.

La feuille de 16 pages Titre et faux-titre Couverture

ordinaire en 2 couleurs

1er cent 4 fr. 50 , 1 fr. 50 2 fr. 4 fr.

2e » 3 » . 1 » 2 » 4 »

3e >> 3 » 1 » 1 » 50 3 »

4e » 2 » 1 » 1 » 50 3 »


Comité de Rédaction

MM. BELIN,'O.*, I. Û, Recteur de l'Académie, 23, rue.Gastonde

rue.Gastonde Aix, Président.

GAFFAREL, *J I. O, professeur à l'Université d'Aix-Marseille, 317, rue Paradis, Marseille, Vice-Président.

REYNAUD, I.. O, ancien élève de Picole des Chartes, archiviste en chef des Bouches-du-Rhône, 2, rue Sylvabelle, Marseille, Vice-Président. ... \

RAIMBAULT, I. O, sous-archiviste des Bôuches-du-Rhône, 14, rue Montaux, Marseille, Secrétaire.

BONAFOUS,.I. 41, professeur à l'Université d'Aix-Marseille, 3, rue du Bras-d'Or, Aix.

MM. CLAPIERS (marquis de), villa Kervor, 279, Corniche,' Marseille,

DEVOLUY.(Pierre), capoulié du Félibrige, Avignon.

MARBOT, Schanoine ancien vicaire général, 21, rue Villeverte, Aix.

RIPE-KT DE MONCLAR (marquis de), C. *, ancien ministre plénipotentiaire, au château d'Allemagne (B.-Alpes).


Secrétaires-Correspondants

Apt : M. SAUVE (Fernand), archiviste.

Arles: M. LACAZE-DUTHIERS, A. O-, professeur au collège.

Avignon: M. LABXNDE (L.-H.), I. Ci, correspondant du ministère de l'Instr. publ., conservateur de la bibliothèque et du musée Calvet. ,

Barcelonnette : M. ARNAUD, correspondant du ministère de l'Instr. publ., notaire.

Brignoles: M. AUZIVIZIER, rue des Lanciers.

Cannes : M. BERTRAND (Marie), sous-bibliothécaire, chalet La Kasbah, chemin du petit Juas.

Digne : M. CAUVIN, A. O, professeur au lycée Gassendi.

Draguignan: M. POUPÉ (Edmond), I. Û, professeur au collège, correspondant du ministère de l'Instr. publ.

Grasse : M. Paul GOBY, 5, boulevard Victor-Hugo.

Manosque : M. BIGOT, A. O, professeur au collège.

Marseille : M. FOURNIER, I. O, lauréat de l'Institut, correspondant du ministère de l'Instr. publ., archiviste-adjoint des Bouches-du-Rhône, 2, rue Sylvabelle.

Nice : M. DOUBLET, I. Q, C. ^, correspondant du ministère de l'Instr..publ., professeur au lycée.

Orange : M. YRONDELLE, A. iî, prof. au collège, bibliothécaire de la ville, 36, rue Saint-Martin.

Toulon : M. BOURRILLY, professeur au lycée.

Tirages à part

En vertu de l'article 11 des statuts les membres titulaires et perpétuels dont un article de fonds est publié dans les ANNALES ont droit à un tirage à part gratuit à vingt-cinq exemplaires de cet article. Les auteurs qui voudront jouir de cet avantage devront en faire la demande avec le bon à tirer.

Au delà de vingt-cinq exemplaires le prix des tirages à part est ainsi convenu entre la Société et M. B. Niel, son imprimeur, auquel les auteurs voudront bien adresser directement leurs ordres.

La feuille de 16 pages Titre et faux-titre Couverture

ordinaire en 2 couleurs

1er cent 4 fr. 50 1 fr. 50 2 fr: 4 fr.

2e » 3 .» I » 2 » 4 »

3e >> 3 » 1 » 1 » 50 3 »

4e » 2 » 1 » 1 » 50 3 »


Comité de Rédaction

MM. BELIN, O. *, I. O, Recteur de l'Académie, 23, rue Gastoiïde-Saporta, Aix, Président.

GAFFAREL,*, I. O, professeur à l'Université d'Aix-Marseille, 317, rue Paradis, Marseille, Vice-Président.

REYNAUD, I. O, ancien élève de l'école des Chartes, archiviste en chef des Bouches-du-Rhône, 2, rué Sylvabelle, Marseille, Vice-Président.

RAIMBAULT, I. H, sous-archiviste des Bouches-du-Rhône, 14, rue Montaux, Marseille, Secrétaire.

BONÀFOUS, I. O, professeur a l'Université d'Aix-Marseille, 3, rue du Bras-d'Or, Aix. MM. CLAPIERS (marquis de), villa Kervor, 279, Corniche, Marseille. DEVOLDY (Pierre), capoulié du Félibrige, Avignon.

MARBOT, chanoine, ancien vicaire général, 21, rue Villeverte, Aix.

RIPERT DE MONCLAR (marquis.de), C. *, ancien ministre plénipotentiaire, au château d'Allemagne (B.-Alpes).

Avis

Les cotisations annuelles qui n'ont pas encore été payées seront mises en recouvrement, par la poste dans quelques jours.


Secrétaires-Correspondants

Apt : M. SAUVE (Fernand), archiviste.

Arles: M. LACAZE-DUTHIERS, A. y, professeur au collège. ,

Avignon: M. LABANDE (L.-H.), I. O, correspondant du ministère de l'Instr. publ., conservateur de la bibliothèque et du musée Calvet. .

Barcelonnette : M. ARNAUD, correspondant du ministère de .l'Instr. publ., notaire. Brignôles : M. AUZIVIZIER, rue des Lanciers.

Cannes: M. BERTRAND (Marie), sous-bibliothécaire, chalet LaKasbah, chemin du petit Juas.

Digne : M. CAUVIN, A. Û, professeur au lycée Gassendi.

Draguignan: M. POUPÉ (Edmond), I. O, conservateur de la bibliothèque, professeur au collège, correspondant du ministère de l'Instr. publ.

Grasse : M. Paul GOBY, 5, boulevard Victor-Hugo.

Manosque : M. BIGOT, A. O, professeur au collège.

Marseille : M. FOURNIER, I. H, lauréat de l'Institut, correspon.

correspon. du ministère de l'Instr. publ., archiviste-adjoint des Bouches-du-Rhône, 2, rue Sylvabelle. Nice : M. DOUBLET, I. ,0, Ç.. %, correspondant du ministère de l'Instr. publ., professeur au lycée.

Orange: M. YRONDELLE, A. O, prof, au collège, bibliothécaire de la ville, 36, rue SaintrMartin.

Toulon : M. BOURRILLY, professeur au lycée.

Tirages à part

En vertu de l'article 11 des statuts les membres titulaires et perpétuels dont un article de fonds est publié dans les ANNALES ont droit à un tirage à part gratuit à vingt-cinq exemplaires de cet article. Les auteurs qui voudront jouir de cet avantage devront en faire la demande avec le bon à tirer. Au delà de vingt-cinq exemplaires le prix des tirages à part est ainsi convenu entre la Société et M. B. Niel, son imprimeur, auquel les auteurs voudront bien adresser directement leurs ordres.

La feuille de 16 pages Titre et faux-titre Couverture

ordinaire en 2 couleurs

1er cent 4 fr. 50. 1 fr.50 2 fr. 4 fr.

2e » 3 » 1 ». 2 » 4 »

3e » 3 », 1 » 1 » 50 3 »

4° » 2 » 1 » 1. » 50 3 »


Comité de Rédaction

MM. BELIN,;0.*, I.y, Recteur de l'Académie, 23, rue Gastonde-Saporta, Aix, Présidênt.

GAFFÀREL, *, I, O, professeur, à l'Université d'Aix-Marseille,

d'Aix-Marseille, rue Paradis, Marseille, Vice-Président.

REYNAUD, I. S, ancien élève de l'écôle des Chartes, archiviste

archiviste chef des Bouches-du-Rhône, 2, rue Sylvabelle,

Marseille, Vice-Président.

RAIMBAULT, L y, sous-archiviste des Bouches-du-Rhône,

14, rue Mentaux, Marseille, Secrétaire. BONAFOUS, I. y, professeurà l'Université d'Aix-Marseille, 3, rue du Bras-d'Qr, Aix;

MM. CLAPIERS (marquis de), villa; Kervor, 279, Corniche, Marseille.

DÉVOLUY (Pierre), capoulié du Félibrige, Avignon. MARBOT, chanoine, ancien vicaire .général, 21, rue Viller verte, Aix .

RIPERT DE MONCLAR (marquis de), C. ;*, ancien ministre plénipotentiaire, au château d'Allemagne (B.-Alpes)..

Avis

Les cotisations annuelles qui n'ont pas encore été payées seront mises en reconviemént, par la poste, dans quelques jours;