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SONNETS
LE FEU
DRSQUE le forgeron forge le fer en feu
Et frappe à larges coups sur l'enclume meurtrie,
Le métal torturé râle, rugit et crie
Dans la rouge fumée où passe un éclair bleu.
Ce n'était qu'une barre informe, ou qu'un essieu ; Mais, quand repose enfin l'enclume endolorie, C'est une épée, ardente à venger la patrie Ou prête à se lever au bras puissant d'un dieu.
Tel, au brasier brûlant que ton génie allume, Va, .tourmente ton coeur ainsi que cette enclume Et torture ton oeuvre ainsi que ce métal !
Pas de pitié ! Le fer aime qui le martèle !
Meurtris, brise ton coeur, ô forgeron brutal,
Et de ton coeur mourant naîtra l'oeuvre immortelle !
ANTHOLOGIE CONTEMPORAINE.
VOL, 38. SÉRIE IV (N* 2).