JULES CLARETIE
DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
GATISSOU
I
!|3|sacajcgg||3|E brigadier, à cheval sur une chaise Je paille, Hl lili^lPl l" 1111111' 1 sa P'Pe devant la gendarmerie de g» iluallllil Pierre-Buffière. Doucement la fumée montait, H$ ^^^^ régulière comme une haleine bleue, formait HP IllSl^sll un cercle qui s'élargissait, tremblotait et s'évaP&™™""ggjjai porait dans l'air tiède de ce soir de juillet.
Martial Tharaud en avait vu pas mal de ces cercles de fumée danser ainsi et se dissiper de même, au-dessus des bouches des canons. Maintenant, père de famille, avec des galons sur sa manche, il se reposait dansun jardinet limousin,, et ne demandait rien au monde, pas même de passer maréchal des logis parce qu'il lui faudrait peut-être aller à Eymoutiers, à Saint-Léonard ou à Limoges, et qu'il aimait son petit coin de Pierre-Buffière, ces roses qu'il avait greffées lui même et cette glycine qui courait sur les murs blancs du logis encadrant de festons le drapeau tricolore en fer-blanc .pendant au-dessus de la porte. Le brigadier fumait sa pipe, suivant de l'oeil, au loin, des gamins qui, sur un tas de terre, jouaient au pique-romme, lançaient comme à la cible de longs clous de fer dans la butte, et leur criait parfois : « Eh ! là-bas, moucherons, prenez garde de vous percer les pieds ! » Puis il . se retournait, jetant par-dessus son épaule, à travers la fenêtre ouverte, un coup d'oeil à une femme, jeune encore, brune et
ANTHOLOGIE CONTEMPORAINE. VOL. 25. SÉRIE III (N° i).