INTRODUCTION 35
est bien difficile do se soustraire quand il s'agit d'un cas concret, ne vienne obscurcir notre raisonnement, exprimons-nous d'une manière abstraite. Soit A l'élite au pouvoir, R celle qui cherche à l'en chasser, pour y arriver elle-même, C le reste do la population, comprenant les inadaptés,les hommes auxquels l'énergie, le caractère, l'intelligence, font défaut, et qui, en somme, sont ce qui reste lorsqu'on met à part les élites. A et B sont des chefs, c'est sur C qu'ils comptent pour so procurer des partisans, des instruments. Les G seuls seraient impuissants, c'est une armée sans chefs, ils n'acquièrent d'importance que quand ils sont guidés par A ou par R. Fort souvent, presque toujours, ce sont les B qui se niellent à leur tête, les A s'endormaut dans une fausse sécurité ou méprisant les G. D'ailleurs ce sont les B qui peuvent mieux leurrer les C, précisément parce que, n'ayant pas le pouvoir, leurs promesses sont à plus longue échéance. Parfois pourtant les A tâchent d'enchérir sur les B, espérant de pouvoir contenter les G par des concessions apparentes sans trop en faire de réelles. Si les B prennent peu à peu la place des A, par uno lente infiltration, si lo mouvement de circulation sociale n'est pas interrompu, les C sont privés des chefs qui pourraient les pousser à la révolte et l'on observe une période de prospérité. Les A lâchent généralement de s'opposer à cette infiltration, mais leur opposition peut être inefficace et n'aboutir qu'à une bouderie sans conséquence.
Si 1'opposilion est efficace, les B no peuvent emporter la position qu'en livrant bataille, avec l'aido dés C. Quand ils auront réussi et qu'ils occuperont le pouvoir, uno nouvelle élite D so formera et jouera, à leur égard, lo même rôle qu'ils ont joué par rapport aux A; et ainsi do suite. La plupart des historiens ne voient pas ce mouvement.