278 CHAI». VI, — LES SYSTÈMES THÉORIQUES
époque où des idées libérales et peu religieuses étaient en vogue, revient, par réaction, à un systèmo qui ressemble étonnamment au catholicisme (I), et dont il se crée pape, do par sa propre autorité. Témoin dos choix, en effet fort médiocres, do la démocratie françaiso, il en devient l'adversaire et imagino un système do choix destiné à établir le despotisme le plus complet qui se puisse imaginer. Du reste, quant aux principes, il innove fort peu et ne fait souvent que délayer les idées de Platon. Celui-ci dit que sa République so réalisera quand les philosophes seront rois, et Comte établit une autorité spirituelle suprême exercée par les philosophes. H «'a pas assez de mépris pour les gens qui osent faire usage do leur raison pour juger les pouvoirs publics. « La inétaphysiquo négative, d'abord protestante, puis déiste, a bien pu faire prévaloir uno telle incohérence... Nos diverses constitutions métaphysiques ont directement consacré un tel régime... qui semble offrir à tout citoyen un moyen général d'appréciation socialo, d'après lequel il serait dispensé de recourir à des interprètes spéciaux (2). » Heureusement la doctrine positive vient mettre ordre à cela ; elle conduit « à la séparation normale des deux puissances sociales » (I, p. 141)). Auguste Comte avait-il conscience qu'en écrivant ces mots : « La raison publique flétrira désormais, comme étant à la fois perturbateur et arriéré, tout docteur qui prétendra commander *et tout gouverneur qui voudrait enseigner (3) »,
(1) Cest ce qu'a bien vu JOHN. STUART MILL, A. Comte et le posit., trad. franc., p. 153 : « M. Comte est accoutumé à tirer de la discipline de l'Kglise catholique la plupart de ses idées de culture morale. »
On peut consulter aussi LAURENT JUSTINIEN, dans Association catholique, I, p. 117 et suiv.
(2) Syst. de polit, positive, I, p. 140-147.
(3) Syst. de polit, positive, I, p. 202.