80 LES VOLEUSES
remarquer nulle part par son intelligence, nulle part non plus il n'a passé pour un mauvais sujet, n'a été chassé d'aucune des places qu'il a occupées et est demeuré huit années dans la dernière. Durant ces huit années, son service n'a été'interrompu que par des crises fébriles périodiques, qui reviennent assez régulièrement tous les trois mois, s'exaspèrent au printemps et l'obligent chaque fois à demeurer au lit une huitaine de jours. Ces fièvres persistantes l'ont profondément affaibli. Son teint est pâle et légèrement terreux ; il digère mal, il est sujet à des maux de tête fréquents, presque continus, siégeant principalement à la nuque et s'irradiant vers les tempes ; il dort peu, tremble facilement, enfin il perd la mémoire. Ce n'est en effet qu'avec une difficulté extrême qu'on lui arrache quelques renseignements sur son passé. Des certificats médicaux, dont l'un date de loin, constatent cette affection chronique du prévenu. C'est le 9 juin dernier que M... était arrêté pour vol au magasin du Bon-Marché, où on le surprenait emportant une paire de chaussons et une pièce de soie. Or, il y avait à ce moment six mois qu'il volait presque journellement sans avoir jusque-là éveillé aucun soupçon. Rien n'avait paru modifié dans ses habitudes journalières ; il n'avait pas cessé de se rendre régulièrement à son bureau ; il continuait de prendre ses repas chez une de ses soeurs ; il occupait toujours la même chambre ; il sortait et rentrait aux mêmes heures que par le passé. Le nombre de ses vols est considérable (plus de cent) et parmi les objets volés il y en a de valeur. La plu-