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Titre : Bulletin de la Société des études littéraires, scientifiques et artistiques du Lot

Auteur : Société des études littéraires, scientifiques et artistiques du Lot. Auteur du texte

Éditeur : Impr. A. Laytou (Cahors)

Date d'édition : 1912

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343873149

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb343873149/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 1912

Description : 1912 (T37).

Description : Collection numérique : Fonds régional : Midi-Pyrénées

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k55104530

Source : Société des études du Lot

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 17/01/2011

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BULLETIN

DE LA

SOCIETE DES ÉTUDES DU LOT



BULLETIN TRIMESTRIEL

DE LA

SOCIÉTÉ DES ÉTUDES

LITTÉRAIRES, SCIENTIFIQUES ET ARTISTIQUES

DU LOT

TOME TRENTE-SEPTIEME PREMIER FASCICULE

« JANVIER FÉVRIER MARS »

CAHORS

IMPRIMERIE P. DELPÉRIER, G. ROUGIER Sr, 4, RUE DES ÉCOLES

1912

La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises BIBLIOTHEQUE les auteurs des articles insérés dans son BULLETIN. Le gérant : L. DELPÉRIER,



Analyse des Registres Municipaux de la commune de Cahors

(Suite)

10 floréal an III (29 avril 1795) (1). — LE CORPS MUNICIPAL rectifie une erreur qui s'est glissée dans son arrêté d'hier au sujet des grains requis pour le magasin militaire : au lieu de 202 quartes, il y en a 316. — Ces grains, seront payés au prix courant. — Suit la liste des particuliers qui doivent les fournir, avec les quantités. (Ils sont au nombre de 6 seulement, sans doute des marchands pour la plupart). 18 floréal an III (7 mai 1795); — CORPS MUNICIPAL. — Un arrêté du département en date de ce jour ordonne que 200 hommes de la garde nationale, avec deux pièces de canon, se rendront à Gourdon, où les deux lois concernant le recrutement et le libre exercice du culte n'ont pu être mises à exécution. Le Corps municipal charge les chefs de la garde nationale de choisir 200 hommes connus pour leur civisme, qui partiront avec les deux canons demain matin à 5 heures. — En outre, le directeur des étapes pourvoira à la subsistance des 200 gardes nationaux de Montauban, dès qu'ils arriveront.

19 floréal an III (8 mai 1795). — LE CORPS MUNICIPAL, vu un arrêté du District désignant trois individus de la commune qui doivent être désarmés, conformément à la loi du 21 germinal dernier (2), charge le maire et un officier, municipal de procéder à cette opération d'une manière propre à montrer au District « que là où il faut de l'énergie, la municipalité se montrera toujours au niveau de ses devoirs». — Les armes trouvées chez les trois citoyens désignés seront déposés à la Maison commune.

21 floréal an III (10 mai 1795).— CORPS MUNICIPAL. — Rapport des. commissaires chargés de désarmer trois citoyens. Accompagnés d'un garde national et du capitaine du poste, ils se sont rendus successivement chez les individus désignés et les ont sommés de livrer leurs armes. Les deux premiers ont assuré qu'ils n'en avaient aucune ; le. troisième a remis un sabre avec son baudrier, sans fourreau, qui a été déposés à la Maison commune.

Un officier municipal est chargé de faire enlever de la. ci-devant l'église des Cordeliers deux bancs qui doivent être placés dans la salle de l'auditoire du Tribunal civil.

21 floréal an III (10 mai 1795). — RÉUNION DES conseils de discipline des quatre bataillons de la garde nationale. — Il est décidé que les

(1) A partir de ce jour on retrouve dans la municipalité un procu-eur de la commune, au lieu de l'agent national qui l'avait remplacé.

(2) Loi ordonnant le désarmement général des terroristes.


— 6 —

conseils de discipline seront renouvelés, conformément à la loi, et que les listes des nouveaux conseils seront remises par les commandants à la prochaine assemblée.

La réunion invite les officiers de garde à signaler au commandant de semaine, pour qu'ils soient punis, les citoyens qui ne se rendent pas au service, ou qui, après s'y être rendus, s'absentent du poste sans permission. Les cas extraordinaires, s'il y en a, devront être communiqués au chef de légion, qui les soumettra à l'assemblée générale.,— On fera demander par la municipalité au directoire du district de vouloir bien augmenter le taux de la journée de travail, ce qui aura pour conséquence d'augmenter le montant des amendes.

Le citoyen Delpech, président, expose que la loi du 9 pluviôse

dernier (28 janvier 1795) dispense du remplacement les sexagénaires et

les infirmes dont le revenu n'excède pas 1500 livres; il invite les

commandants à rayer des contrôles les citoyens qui sont dans le cas

de bénéficier de cette loi. (1)

27 floréal an III (16 mai 1795). — CORPS MUNICIPAL. — Vu un avis du District et une lettre du citoyen Bilouin, ingénieur, le Corps municipal charge deux de ses membres de visiter et d'estimer des parcelles de vignes sises au-delà du tournant du chemin Valentré, « sur lesquelles prend la ligne de la grande route de Valentré », afin que les propriétaires soient dédommagés le plus tôt possible.

Sur la demande de l'agent de la commission des approvisionnements de la République, deux officiers municipaux sont chargés de prendre les mesures nécessaires pour qu'il soit procédé à la vente aux enchères de deux barriques de vin, une barrique de lie et deux barriques vides.

Le citoyen Jean Bergonhious, prêtre, déclare faire sa résidence provisoire à Cahors et désigne la maison qu'il habitera et celle où il célébrera le culte.

2 prairial an III (21 mai 1795). — CORPS MUNICIPAL. — Discussion au sujet des instituteurs de la commune, motivée par des plaintes nombreuses. Certains instituteurs n'admettent que quelques élèves, pour l'enseignement de la géométrie ou de la géographie, et négligent l'enseignement du premier âge, ce qui occasionne une trop grande affluence dans les autres écoles.

(1) Cette délibération est la dernière du registre de la garde nationale, dont un quart environ est resté en blanc. — Les quatre dernières délibérations ne portent aucune signature.


— 7 —

Un instituteur, le citoyen L. a refusé de se rendre à son poste, dans une section éloignée de la ville, et a offert sa démission, que le Corps municipal ne peut accepter, faute de compétence. Un autre, le citoyen A. se borne à avoir un pensionnaire qu'il instruit chez lui, ce qui est défendu par la loi, et n'a pas ouvert l'école dans le lieu qui lui avait été assigné.

Le Corps municipal vu l'extrême importance de l'instruction, qui « doit être populaire, suivie, seul moyen de consolider la République », décide que si lesdits citoyens L. et A. demandent un bon pour la perception de leurs traitements, les renseignements ci-dessus seront portés à la connaissance du jury d'instruction pour qu'il fasse cesser des abus aussi préjudiciables à la chose publique. En outre, on signale à ce jury le citoyen Testas, qui a demandé la place du citoyen L. et qui paraît capable de bien la remplir.

A prairial an III (23 mai 1795). — LE CORPS MUNICIPAL, à propos de la loi sur la démonétisation des assignats à empreinte royale, juge utile de dresser l'état des fonds provenant de la vente des grains destinés à alimenter les indigents ; il mettra ainsi sa responsabilité à couvert et secondera les vues de la Convention, dont le but est « de diminuer la massé des assignats en circulation, de faire rentrer ceux à empreinte royale et de déjouer des projets liberticides ». On mettra les assignats démonétisés à la disposition de la Convention et on en sollicitera rechange contre d'autres ayant cours.

Suit l'état détaillé, s'élevant au total à 37.575 livres, le tout en assignats, sur lesquels 605 livres sont signalées comme représentées par des assignats démonétisés. On constate ensuite qu'il reste dans la même caisse de la commune, en assignats républicains, la somme de 18.786 livres 10 sols.

A cette délibération est annexé un rapport des commissaires nommés le 27 floréal, au sujet de matériaux pris dans une vigne pour le rechargement du pont de Valendres ; ils évaluent le dommage à Journèes de travail, lesquelles, à 15 livres (1) la journée, font 60 livres.

6 prairial an III, (25 mai 1795). — CORPS MUNICIPAL. — Un membre dit que, l'ordre étant rétabli dans les communes de Bégous, Boissières, etc., et dans le district de Gourdon, il y aurait lieu de faire cesser la mesure prise les 6 et 22 floréal contre les citoyens Bécave et Lugan,

(1) En assignats, soit une licre en numéraire


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prêtres, qui sont détenus dans leurs maisons, à cause de voyages faits par eux sans avertissement préalable aux autorités. — Le Corps municipal, considérant que cette motion est conforme à la raison et à l'équité ; que le rappel de la force armée et l'arrestation de quelques coupables ont. assuré le retour de la tranquillité publique : que si les démarches des citoyens Bécave et Lugan méritent d'être improuvées et arrêtées dans leurs suites, la preuve qu'ils ont de la vigilance des autorités les rendra prudents; « que les bons citoyens ne soupirent surtout rien tant qu'après la tranquillité individuelle et le repos public » ; arrête que la cessation de la mesure prise contre les citoyens Bécave et Lugan sera demandée au Comité de sûreté générale, mais que ces deux citoyens seront toujours l'objet d'une surveillance exacte.

7 prairial an III (26 mai 1795). —LE CORPS MUNICIPAL, attendu que dans la journée d'hier un orage de grêle a ravagé une partie de la commune, qu'il importe de venir au secours des propriétaires indigents que cet événement réduit à la misère arrête qu'il sera fait part à la députation du Lot de ce désastre, afin que ces représentants sollicitent la bienfaisance de la Convention ; il leur sera adressé en même temps un état des pertes, pour l'estimation desquelles on nomme 3 commissaires, dont un officier municipal.

1 3 prairial an III (1er juin 1795). — CORPS MUNICIPAL. — En raison des « scènes d'horreur passées à Paris dans les premiers jours de ce mois contre la Convention nationale » (1) ; attendu qu'il importe de surveiller tous ceux que la crainte des châtiments dus à leurs crimes pourrait pousser à la révolte que des hommes poursuivis par l'opinion publique peuvent se réfugier dans cette commune et y porter des germes de désordre; qu'il a été apposé des affiches séditieuses; le Corps municipal arrête que les chefs de la garde nationale seront invités à faire battre exactement la retraite dans les divers quartiers: Les attroupements sont défendus.

La population de la commune ayant manifesté le désir qu'il fût célébré une fête funèbre en l'honneur du représentant Féraud, assassiné au sein de la Convention ; attendu que ce voeu est conforme à

(1) Insurrection du. 1er prairial organisée par les Jacobins contre la Convention le député Féraud fut tué dans la salle des séances et sa tète promenée au bout d'une pique.


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l'impression que tout bon citoyen a éprouvée ; que Féraud a perdu la vie en défendant les droits de la patrie le Corps municipal arrête Le jour de nonidi prochain, « septième juin vieux style », sera un jour de solennité consacré à la mémoire de Féraud. Tous les citoyens seront invités à prendre le deuil ce jour-là et à assister à la fête funéraire, à laquelle prendront part les corps constitués et la force armée, en costumes. Le convoi partira de la Maison commune à 3 heures et se rendra à la salle des séances de la Société populaire, où le citoyen Brunies prononcera un discours. Les musiciens joueront des airs lugubres et des hymnes patriotiques.

16 prairial an III (4 juin 1795). — LE CORPS MUNICIPAL, chargé par arrêté du District de fournir à l'armée des Pyrénées-Occidentales deuxcharrettes roulières attelées chacune de 4 chevaux ou mulets, n'a pu, malgré tous ses efforts, s'acquitter complètement de cette commission. Il n'a pu trouver que les deux charrettes, avec trois chevaux et une mule. Il charge le citoyen Combebias, maréchal expert, d'estimer, le tout conformément à l'arrêté du District.

18 prairial an III (6 juin 1795). — CORPS MUNICIPAX. — Rapport, du citoyen Combebias, maréchal expert. Il estime la charrette roulière du citoyen Belamour, avec le cheval limonier et les harnais, à 12.500 livres; celle du citoyen Constans, dit Laviolette, avec une jument et les harnais, à 11.000 livres; un cheval noir de 7 ans, appartenant à la chienne Guiches, à 6.400 livres; une mule appartenant à la citoyenne Bédué, avec ses harnais, à 6.600 livres ; deux mules avec leurs harnais, appartenant au citoyen Brave, 16.700 livres. (1)

Pour compléter le. nombre des 8 animaux de trait demandés, on prend les deux chevaux qui ont servi jusqu'ici à l'atelier à salpêtre, et qu'il n'est pas nécessaire d'estimer, attendu qu'ils appartiennent à, la République.

Le District est invité à prendre au plus tôt les animaux désignés cidessus, dont les propriétaires, dépourvus de fourrages, ne peuvent lés garder que peu de jours sans les faire voyager. — Le Corps municipal désigne 6 hommes pour la conduite des, deux charrettes.

(1) A cette époque, 12.500 livres en assignats valaient 586 livres en argent.

— 11.000 — 515 — — 6.400 — 300 —

— 6.600. — 309 —

— 16.76O — 783 —


— 10 —

19 prairial an III (7 juin 1795). — CORPS MUNICIPAL. — Procès-verbal de la « fête funebre » célébrée en l'honneur de Féraud. Se sont réunis auprès de la municipalité un très grand nombre de citoyens, les administrateurs du département et du district, les tribunaux civils et criminels, les juges de paix, la gendarmerie, 12 chasseurs du 24e régiment, 6 vétérans, tous représentants de leurs corps respectifs, 50 hommes de la garde nationale, tous les receveurs-payeurs et agents de la République. Le cortège s'est rendu, au son d' « une musique guerrière, mais touchante », à la salle des séances de la Société populaire, où « une symphonie lugubre, arracha des larmes aux personnes du sexe, dont les galeries de la salle étaient remplies jusqu'aux derniers gradins». Suit un éloge des femmes, du courage et de l'humanité dont-elles ont fait preuve pendant la Terreur,

Un orateur prend la parole; « par sa mâle et fière éloquence, il remue les âmes,... et rompt le reste des liens qu'un régime d'airain a pu y laisser. Cruellement opprimé lui-même », il remue, « les cendres des victimes de l'oppression » et se fait l'écho de l'horreur qu'inspire à tous les bons citoyens le régime terroriste. Ce discours excite les; cris répétés de « Vive la République Vive la Convention ! »

Un jeune citoyen vient à son tour flétrir ceux dont les plans sanguinaires ont causé la mort de Féraud, « victime de la justice, de l'humanité et de l'amour de la patrie ».

La cérémonie s'achève par le chant du « Réveil du peuple ». (1) 20 prairial an III (8 juin 1795). — CORPS MUNICIPAL. — Le citoyen Jean Danglars, évêque du département du Lot, vient déclarer., en exécution du décret du Il prairial, article 5, qu'il se soumet aux lois de la République et veut exercer son ministère dans la Cathédrale particulièrement (2). Suit sa signature.

Cinq prêtres font la même déclaration et déclarent vouloir exercer leur ministère, savoir François Raulin, dans l'église de Lacapelle, commune de Cahors ; Pierre Ouradou, clans l'église des ci-devant Cordeliers Jean-Louis Cayla et Antoine Vidal, dans la Cathédrale ; Guillaume Plantade, dans l'église St-Urcisse, « sa propriété ».

(1) Chant composé contre les Jacobins, après la chute de Robespierre paroles de Souriguières de St-Marc, musique de Gaveaux.

(2) Loi rendant au culte les églises non aliénées. Les prêtres qui voulaient célébrer le culte étaient tenus de se faire donner acte de leur soumission aux lois de la République, par les municipalités.


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Plusieurs citoyens payant demandé la réouverture des édifices, consacrés au culte catholique, le Corps municipal, conformément à la loi du II prairial, arrêté que les églises affectées au culte seront pour la section de Labarre, St-Barthélemy ; pour le centre de la commune, l'ancienne Cathédrale; pour le reste, l'église des Cordeliers et la chapelle Notre-Dame.

Les citoyens Antoine Fouillous, Martial Descoutures, Charles Picaud, François d'Hélyot, Michel Hibert, tous prêtres, font leur déclaration de soumission aux lois..

La citoyenne Françoise Labondie, veuve Castan, vient déclarer, conformément à la loi du 1er floréal relative aux créances et; droits sur les biens nationaux provenant des émigrés, que, depuis, l'époque; du séquestre mis sur les biens de son fils émigré, il lui est dû 150 livres de revenu, au capital de 1000 écus, et 1200 libres de rente viagère, à elle léguée par feu son mari. Elle déclaré avoir reçu provisoirement une somme dé 2.000 livres.

Sa fille, Marie Castan, déclare qu'il lui est dû 1.500 livres de revenu au. capital de 30.000 livres, à elle léguées par son père, sans préjudice de ce qu'elle peut avoir à réclamer. Elle a reçu 1.200 livres provisoirement.

Rapport des experts chargés d'estimer les dégâts causés par la grêle : Toutes les récoltes ont été détruites sur une étendue de 3000 quarterées (1). — La vingtième partie de ce terrain a été entraînée dans les vallons, de sorte que les sommets, et les penchants des montagnes sont entièrement dénudés, tandis que les vallons sont comblés de pierres et incultivables. — Les noyers et autres arbres sont dépouilles de feuilles, leurs branches sont blessées et beaucoup d'entre eux ont été arrachés par l'orage. Les pampres des vignes ont été détachés des ceps ou du moins meurtris. — Toute sorte de grains, pailles et légumes ont disparu. — Les pertes peuvent s'estimer ainsi : Vin, 5.000 barriques; grains, 1.500 quartes; légumes, 200 quartes; jardinage, 10.000 livres; noix, 200 quartes de cerneaux; terrains dégradés, 100.000 livres. Les terrains dégradés deviennent nuls pour toujours et les vignes improductives pour les deux années à venir.

Le citoyen Arnaud-Raymond Pages, prêtre, fait sa déclaration de soumission aux lois.

(1) Environ 1.500 hectares.


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Les circonstances exigeant un redoublement de surveillance sur les hommes qui ont attiré sur eux l'indignation publique par leur conduite pendant « le régime de la Terreur » ; attendu que le Conseil général a fait une déclaration dans un temps où il ne connaissait pas « toute l'horreur des complots dont étaient capables des hommes de sang, des scélérats unis par des systèmes destructeurs de toute justice », et qu'il importe de prendre des renseignements exacts sur « les terroristes et hommes dignes de la proscription » ; mais qu'on ne doit se laisser guider que par la justice et la raison ; le Corps municipal charge 5 commissaires de rechercher s'il existe dans la commune des terroristes autres que ceux qui ont été déjà désarmés ou « qui sont déjà sous la loi pour accusation d'abus de pouvoir et de dilapidation ».

23 prairial an III (11 juin 1795). — LE CORPS MUNICIPAL, VU un arrêté du Département, nomme de nouveaux experts pour procéder à une nouvelle estimation des charrettes et chevaux déjà estimés, le 16 de ce mois, et-arrête qu'ils feront leur rapport de suite.

Déclaration de soumission aux lois, fait par les citoyens Barthélemy Descaux et Vincent Subréjon, prêtres.

Deux officiers municipaux sont chargés de concourir avec les commissaires nommés par le District, au recensement des grains et farines qui pourraient dépasser les besoins de la commune.

Les experts qui viennent d'être nommés pour une nouvelle évaluation des charrettes roulières et des animaux de trait, présentent leur estimation, qui est en général notablement supérieure à celle des premiers experts.

Déclaration de soumission aux lois faite par le citoyen Jacques Maison dieu, prêtre.

Vu la loi du II floréal, relative à la publication du traité de paix conclu à Bâle le 16 germinal (5 avril) entre la République et le roi de Prusse, le Corps municipal arrête que, le 26 du courant, le chef de légion de la garde nationale enverra dans la cour de la Maison commune un piquet de 100 hommes, avec la musique guerrière, pour accompagner le Corps municipal et assister à la proclamation de la susdite loi.

26 prairial an III (14 juin 1795).— CORPS MUNICIPAL.— Procès-verbal constatant que le maire et les officiers municipaux, accompagnés d'un piquet de la garde nationale et de la musique guerrière, ont proclamé


— 13la

13la du II floréal et le traité de paix, d'abord sur la place de la Révolution, ensuite dans les autres lieux accoutumés et carrefours de la commune.

29 prairial an III (17 juin 1795). — Déclaration du citoyen Louis Côme Lemaire, gendre du citoyen Durfort-Léobard, qui reconnaît avoir reçu, à la suite d'une pétition du citoyen Louis Durfort-Léobard, 4 flambeaux de cuivre « en or moulu », 2 autres « en argent haché », et une table avec son tapis.

29 prairial an III (17 juin 1795). '— CORPS MUNICIPAL. — Le gardemagasin des subsistances militaires à Montauban demande quel'on constate la différence qui existe entre la pinte de Paris et la mesure dite trois uchaux,de Cahors. Il est répondu que ces deux mesures sont égales ( 1), et que celle qui sert à la distribution de l'eau-de-vie est le. seizième de la précédente.

Déclaration de soumission aux lois faite par le citoyen Jean-Louis Alquié, prêtre.

Le Corps municipal charge deux denses membres d'aller à Bégous pour assister à la vente des meubles et effets de la citoyenne Reverdy, veuve Troussel, lesquels appartiennent à la République.

Déclarations de soumission aux lois faites par les citoyens Henri Ramel, Jean-François-Joseph Galy, et Louis-Joseph Lavergne, prêtres.

1er messidor an III (19 juin 1795). — CORPS MUNICIPAL. — Déclaration de soumission aux lois faite par le citoyen Louis-François Marcon, prêtre.

Procès-verbal de l'estimation d'un cheval et d'une jument appartenant â l'atelier à salpêtre et qui doivent servir aux transports, de l'armée des Pyrénées-occidentales. Ces deux animaux, tous deux hors d'âge et dont l'un est aveugle, sont évalués, ce dernier 800 livres et l'autre 1600 livres (2).

Déclaration de soumission aux lois faite par le citoyen François Floureus, prêtre.

La jument dont il est question plus haut provenait de l'atelier à

(1) Cette appréciation n'est qu'approximative. Les deux mesures se rapprochaient beaucoup du litre, mais la pinte paraît avoir été un peu plus petite que labouteille de trois uchaux.

(2) Ces sommes représentent respectivement 24 livres et 48 livres en numéraire,


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salpêtre du citoyen Moles, qui, en cédant ledit atelier à la commune, déclara que cette jument était à sa disposition depuis dix ou onze mois, sans qu'il eût pu découvrir à qui elle appartenait. Néanmoins, depuis quelques jours, un citoyen la réclama comme étant sortie'd'un des dépôts du district de St-Céré. La municipalité informe le Département de ce fait.

Le Corps municipal désigne 3 conducteurs pour les charrettes qui doivent servir à l'armée des Pyrénées-occidentales.

(A cette délibération est annexée une lettre, en date du 2 messidor, dans laquelle le juge de paix Martin informe la municipalité qu'elle peut relaxer le nommé Pavot, accusé à tort du vol d'un cheval). 3 messidor an III (21 juin 1795). — LE CORPS MUNICIPAL, sur l'invitation du capitaine commandant le détachement du 24e chasseurs à cheval, va constater, en présence d'un maréchal expert, la mort d'un cheval dudit régiment, à la suite du traitement de la gale.

4 messidor an III (22 juin 1795). — LE CORPS MUNICIPAL, sur le rapport du citoyen Combebias, maréchal expert de la commune, constatant qu'un cheval du 24e chasseurs est atteint de la morve, maladie contagieuse et incurable, arrête que ledit cheval sera « assommé » et enterré à 6 pieds sous terre, pour éviter la contagion. 5 messidor an III (23 juin 1795). — LE CORPS MUNICIPAL a fait fabriquer dès cordes pour l'usage des deux charrettes roulières destinées à l'armée des Pyrénées-occidentales. Ces cordés pèsent 51 livres, ce qui, à 20 francs la livre, donne 1020 livres. (1)

Déclaration de soumission aux lois faite par le citoyen Louis Gaillard, prêtre. (2)

Le Corps, municipal constate la mort d'une jument du 24e chasseurs, à la suite d'un traitement contre la gale.

7 messidor an III (25 juin 1795). — LE CORPS MUNICIPAL arrête les dépenses suivantes faites pour les deux charrettes roùlièrés dont il a été plusieurs fois question : Réparations aux harnais, 1092 livres, qui seront payées ;au citoyen Viala, sellier bourrelier de 'l commune ; salaire, à raison de 25 livres par jour, à deux hommes qui ont donné

(1) Soit 41 livres ennuméraire.

(2) La suite porte la date du 6.


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leurs, soins à l'équipement des charrettes, 400 livres ; achat d'objets divers, 305 livres ; ferrure des chevaux, 164 livres. (1). Déclaration de soumission aux lois faite par le citoyen Jean Pontié, cure de St-Géry. (2).

Le Corps municipal constate la mort d'un cheval du 24e chasseurs, à la suite d'un traitement contre la gale.

II messidor an III (29 juin 1795). — CORPS MUNICIPAL. — Le comité de sûreté générale n'a fait aucune réponse à l'arrêté du 6 prairial, demandant la mise en liberté des citoyens Bécave et Lugan, prêtres, consignés dans leurs maisons pour être sortis de la commune sans autorisation; Mais les corps supérieurs ayant laissé cet objet à la prudence du Corps municipal, celui-ci, considérant que l'humanité unie à la. justice doit être pratiquée partous les citoyens, arrête que les citoyens Bécave et Lugan seront remis provisoirement en liberté.

16 messidor an III (4 juillet 1795), — CORPS MUNICIPAL. — Les citoyennes; Marie Castan; et Françoise Labondie, veuve Castan, viennent, conformément à la loi du 1er floréal, renouveler les déclarations qu'elles ont faites le 20 prairial au sujet de leurs droits sur la succession de feu Bertrand Larnaudie Gastan, leur père et mari, déclarations dont elles affirment la sincérité.

Déclaration de soumission aux lois faite par le citoyen Jean-Baptiste Ricard, prêtre.

18 messidor an III (6 juillet 1795). —CORPS MUNICIPAL. — Procès-Verbal dressé par deux officiers municipaux, membres du bureau de police, constatant que, sur une dénonciation, ils se sont présentés chez la femme T. où logent aussi les femmes F. et B. accusées toutes trois d'avoir volé des épis de blé. Il s'est trouvé en effet dans cette maison une certaine quantité d'épis qui ont été saisis. Une voisine, appelée en témoignage, dit que toutes les huits, elle entendait porter dans cette maison des objets dont elle ignorait la nature.

Deux des accusées sont présentes ; après les avoir interrogées le

(1) 1092 livres en assignats valaient à cette époque 35 livres en numéraire; 25 — — — 16 sols —

400 — — 13 — —

305 — — 10 — —

164 5 — 5 sols

(2) La suite est datée du 9.


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Corps municipal condamne les trois voleuses à huit jours de prison et à dédommager solidairement le propriétaire lésé.

Procès-verbal constatant qu'un cheval appartenant au district de Brives est mort de vieillesse et d'inanition dans l'écurie de la maison commune.

Déclarations de soumission aux lois faites par les citoyens François Froment, Jean-François Salvat (1), Jean-Pierre Lagardelle et Jean Filsac, prêtres.

26 messidor an III (14 juillet 1795). — CONSEIL MUNICIPAL. — Le collège de Cahors, où se trouve la bibliothèque du district, étant actuellement sans portier, Nicolas Cadres est placé audit collège tant pour la garde de la porte que comme concierge de la bibliothèque publique. Cette nomination sera soumise à l'approbation dû district, qui fixera les appointements du concierge.

Le chemin qui conduit à la fontaine des Chartreux, et qui se trouve sous le moulin du citoyen Audoury, est détérioré au point qu'il est impossible d'aller puiser de l'eau. Vu le besoin que les habitants ont de cette fontaine, « surtout lorsque la rivière est bourbeuse», le Corps municipal invite l'ingénieur en chef du département à faire réparer ledit chemin.

Le citoyen Testas, nommé instituteur par le District, et les citoyennes Calmejane veuve Lestieu, Cantarel et Chatelard, nommées institutrices, sont appelés dans la salle du Corps municipal pour entendre la lecture de l'arrêté du district. Les trois femmes refusent les places qui leur sont offertes, en raison de leurs maladies ou infirmités; le citoyen Testas accepte et est proclamé instituteur, après avoir promis obéissance aux lois.

29 messidor an 111 (17 juillet 1795). — CORPS MUNICIPAL. — Sur la dénonciation de plusieurs citoyens de la première réquisition, un maréchal-des-logis du 14e chasseurs à cheval, qui allait en convalescence dans son pays, est renvoyé devant le juge de paix, officier de police.

(D'après le procès-verbal annexé à la délibération, ce militaire aurait dit aux recrues qu'ils ne devaient pas partir, attendu qu'il n'existait plus de réquisitions, qu'ils allaient à la boucherie et qu'ils feraient mieux de retourner chez eux).

(1) Très-probablement le même que l'abbé Salvat, auteur d'une chronique manuscrite qui se trouve à la bibliothèque de Cahors.


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Vu la loi du 28 prairial, qui ordonne la. réorganisation des gardes nationales, tous les citoyens se réuniront pour la réélection des officiers le 1er thermidor, savoir ceux de Labarre, à St-Barthélemy, sous la présidence du citoyen Durand, maire ; ceux de la section du Pontneuf, à la Daurade, sous la présidence du citoyen Dazémard, Officier municipal ; ceux de la section du Pont-vieux, dans la salle de la Société populaire, sous la présidence du citoyen Cadres, officier municipal ceux de la section de Valentres, au collège, sous la présidence du citoyen Tailhade. Le chef de légion dé la garde nationale fera battre la retraite à sept heures par tous les tambours, à la tête desquels sera le trompette de la commune, qui annoncera l'heure de la convocation. — Le premier thermidor, les tambours battront le rappel à 5 heures du matin.

1er thermidor an III (19 juillet 1795). — CORPS MUNICIPAL. — Procèsverbal concernant la réorganisation de la garde nationale. Les présidents des bureaux de vote rapportent, qu'il s'est présenté un très petit nombre de votants, ce qui doit sans doute être attribué à ce que la levée des récoltes a lieu en ce moment. Ils sont d'avis qu'il y a lieu de renvoyer le vote à octidi prochain et de prévenir les citoyens par une affiche. Le Corps municipal arrête que les noms des citoyens qui se sont présentés demeureront devers le bureau de la municipalité que tous les citoyens seront de nouveau invités, par les motifs les plus puissants, à se rendre au vote le jour indiqué ; que l'avis sera donné par affiches et à son de trompe. En outre, la garde nationale sera convoquée devant la façade de la Maison commune pour octidi prochain, à 6 heures du matin; ceux qui ont des armes les, déposeront, à la Maison commune ensuite ils seront tous invités, au nom de là loi, à se rendre à leurs sections repectives, pour procéder à la réorganisation de la garde nationale.

Déclaration de soumission aux lois, faite par le citoyen François Tailhade, prêtre.

Suit le texte de l'affiche relative à la réorganisation de la garde nationale.

A l'occasion de l'anniversaire de la mort du « dernier des tyrans » le Corps municipal, voulant rappeler aux citoyens « l'horreur qu'ils doivent avoir pour le chef de la horde décemvirale qui avait si impunément assassiné la liberté », arrête

« Lundi », 9 thermidor, la mort de « l'infâme Robespierre et de ses


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satellites » sera célébrée dans la salle de la Société populaire. Les tambours, les clairons et la musique annonceront cette réunion les autorités constituées seront invités à se rendre avec la municipalité à la Société populaire et à «partager l'horreur qui doit animer tous les républicains en se rappelant la mémoire du brigand le plus consommé ».

8 thermidor an III (26 juillet 1795). — LE CORPS MUNICIPAL, VU un arrêté du Conseil général qui le charge de réprimer les actes de ces « vampires et sangsues du peuple » qui accaparent les denrées apportées par les habitants des campagnes; considérant que les mesures déjà prises, et qui consistaient en invitations franches et amicales, n'ont produit aucun effet; arrête : Tout revendeur ou revendeuse qui entrera à la halle au blé avant l'heure fixée sera puni comme agioteur et affameur du peuple. Le commandant de la gendarmerie enverra sur toutes les avenues les hommes nécessaires pour arrêter les individus qui empêcheraient les habitants des campagnes d'apporter les denrées au marché. Ceux qui seront arrêtés dans ces circonstances ne pourront être mis en liberté qu'après une délibération de la municipalité.

8 thermidor an III (26 juillet 1795).— Procès-verbal des opérations faites à la section de Labarre pour la réorganisation de la garde nationale (1). — Les citoyens, sous la présidence du maire, étant en nombre suffisant pour la réorganisation d'une compagnie, ont d'abord prêté le serment de fidèlité à la République ; ils ont ensuite élu 3 scrutateurs, et un secrétaire. On a voté pour l'élection des 3 officiers; le citoyen Bel père a été élu capitaine par 45 suffrages ; le citoyen Mercier a été élu lieutenant par 26 voix et le citoyen Caors, sous-lieutenant par 22 voix. La suite des opérations a été renvoyée à 3 heures de l'après-midi.

A cette 2e séance, présidée par le citoyen Francès, officier municipal, les citoyens présents, après avoir prêté le serment de fidélité à la République, ont voté pour l'élection de 5 sergents et de 8 caporaux. On a donné lecture des noms des élus, aux applaudissements de l'assemblée. Les citoyens n'étant pas assez nombreux pour la réorganisation d'une seconde compagnie, cette opération a été ajournée. 9 thermidor an III (27 juillet 1795). — Procès-verbal dressé par le maire et deux officiers municipaux. — Sur une dénonciation, ils se sont

(1) Cette pièce est annexée au registre.


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transportés à l'hospice et ont interrogé une femme de Castelnau internée dans cet établissement comme étant en état de démence, laquelle a convenu avoir volé du linge appartenant à l'hospice.

II thermidor an III (29 juillet 1795). — Procès-verbal signé de cinq officiers municipaux contre, le nommé C. qui a tenté, dans la, halle au blé, de voler, le portefeuille du citoyen Bernard Mousset, de Camy, commune de Luzech.

La plainte signée de Mousset est annexée au registre.

13 thermidor an 111 (31 juillet 1795). — LE CORPS MUNICIPAL envoie au procureur-syndic du district copie d'un procès-verbal d'évasion dressè contre un volontaire du Lot par l'administration des hospices de la commune, où il avait été mis en traitement. Le commandant de la gendarmerie est requis,; sous sa responsabilité, de faire rechercher et arrêter ce volontaire.

Le citoyen Cadres, officier municipal, est chargé d'aller chercher a l'administration du district, et de placer chez une personne honorable, une boîte de médicaments que la. commission des secours publics confie à la municipalité, de Cahors, pour, le traitement d'es individus inscrits au registre de la bienfaisance nationale. — Ce fait sera notifié au citoyen Lagarde, officier de santé pour les cantons de Cahors, Cabrerets et St-Géry.

13 thermidor an III (31 juillet 1795). — CORPS MUNICIPAL. — Proclamation aux habitants.— Dans les séances de la Société populaire, il s'est produit des motions violentes, qui ont éloigné la réunion de son véritable objet. « L'affreuse discorde a été au moment d'éclater » les clefs de la salle et les registres ont été remis par quelques citoyens entre les mains de l'administration supérieure. Les citoyens doivent s'en rapporter à elle pour l'usage à faire de ces objets. Exhortations au calme et au respect des lois. Malgré la fermeture momentanée de la Socièté populaire, les citoyens, et en particulier les père des défenseurs de la patrie, ne seront pas privés d'entendre la lecture des lois et les nouvelles des armées. Le Corps municipal confie aux bons citoyens une partie de la surveillance dont il est chargé.

Arrêté : 1°. — Le lieu des-séances de la Société populaire restera fermè jusqu'à ce que les autorités supérieures en auront autrement ordonné.

2°. — La lecture des nouvelles sera faite dans la première salle de la Maison commune, sous la surveillance du Corps municipal.


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3° — Les lectures auront lieu à 8 heures du matin et 4 heures du soir. Quand le courrier arrivera trop tard pour que la lecture ne puisse être faite sans flambeau, elle sera renvoyée au lendemain.

4°. — Dans ces assemblées, nul n'aura le droit d'élever la voix.

5°. — Les rassemblements sont défendus.

21 thermidor an III (8 août 1795). — Procès-verbal dressé par le maire et un officier municipal, sur la, plainte d'un volontaire blessé qui se rendait de Barèges à Paris. Pendant qu'il se reposait à Lamagdeleine, le conducteur du cheval qu'on lui avait donné à Caussade pour aller à Cahors, prit la bête et l'emmena. Le militaire réclame le remboursement des frais que lui ont occasionnés son séjour forcé à Lamagdeleine et son transport de cette localité à Cahors.

22 thermidor an III (9 août 1795). — Procès-verbal dressé par le maire et deux officiers municipaux, constatant qu'un condamné aux fers qui avait été enfermé hier dans la maison d'arrêt de la Maison commune, et un autre détenu, se sont évadés en brisant une grille.

23 thermidor an 111 (10 août 1795). — CORPS MUNICIPAL. — Procèsverbal dressé sur la déclaration du citoyen Jean Audoury, « aubergiste de l'Hôtel des Sans-Culottes » (1).

Hier soir, entre 10 et 11 heures, deux voyageurs nommés Barthes, adjudant-général de l'armée des Pyrénées-Orientales, et Chambon, son aide-de-camp, étant à prendre l'air à leur fenêtre, il se forma sur les Fossés un attroupement qui chantait le Réveil du peuple et criait : A bas les terroristes ! Les deux militaires répondaient : A bas les terroristes et les royalistes! Audoury, ayant voulu calmer les jeunes gens qui manifestaient, fut injurié et reçut des coups de pierre. Il désigne six des manifestants, qui lui parurent « les plus acharnés ».

2y thermidor an III (10 août 1795). — LE CORPS MUNICIPAL adresse le procès-verbal ci-dessus aux juges de paix, officiers de police, et aux membres du tribunal de la police correctionnelle.

23 thermidor an 111 (10 août 1795). — LE CORPS MUNICIPAL, VU la loi du 15 thermidor, qui ordonne la célébration de l'anniversaire du Dix août ; vu qu'il n'existe pas de local plus propre à cela que l'ancienne salle de la Société populaire; arrête : Les clefs de ladite salle seront demandées à l'Aministration du Département. — Après la cérémonie, le Corps municipal déposera ces clefs, sous son sceau, au secrétariat.

(1) Avant la Révolution, et après, Hôtel des Trois-Rois.

(A suivre) A. COMBES


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Fondation d'une chapellenie de St Michel en l'église St Hilaire de Trouhiac

13 MAI 1670

Les chapellenies étaient des bénéfices simples, distincts de celui du curé, et créés par la piété des fidèles. Ils n'exigeaient, en général, de leurs titulaires ni juridiction, ni résidence, et n'emportaient avec eux que l'obligation d'accomplir les devoirs: imposés par la fondation. Chaque chapellenie dépendait d'un patron qui avait droit de collation et lorsqu'un titulaire était nommé, ce dernier ou son chargé de pouvoirs le mettait en possession de sa charge suivant le cérémonial en usage, par la libre entrée dans ladite église, prières à Dieu, faites devant l'autel de la chapellenie, baisement d'iceluy, remise de la barrette, missel, calice, etc. A partir de ce moment-là, le chapelain jouissait des fruits, revenus et émoluments de la dite chapellenie. De plus, le patron avait dans la chapelle, droit de banc et de tombeau à la condition de pourvoir aux réparations, à l'entretien et achat des ornements.

Ces données ont leur application dans l'acte ci-joint qui peut servir de type, en même temps qu'il fournit certains détails intéressant l'église St-Hilaire de Trouhiac.

B. TAILLEFER.

Ce jourd'huy trectziesme jour du mois de may, apprès midy, mil six cens septente, au lieu de Maux, paroisse de Saint-Hilaire de Trouhiac, juridiction de Lauzerte, en Quercy, c'est constitué en personne Manuel Ladoux, bourgeois, du présent lieu habitant, lequel, m'en de dévotions et affections envers ladite Esglize de Saint- Hilaire de Trouhiac, en l'evesché de Caors, soit pour ce qu'il est paroissien, ou pour le zèle qu'il a en icelle, de son bon gred et livre volonté, à la louange et honneur de Dieu, et de la Saincte et Glorieuse Vierge Marie et de tous


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les saincts et sainctes du paradis, principalement du très glorieux sainct Michel Archange et aussy pour la rédemption de ses péchés et de ses parens et bien faicteurs, a faict, institué, fonde et docte à perpétuité une chapelle en lad. Esglize en l'honneur espécial dud. Saint Michel, à l'endroit du côté gauche en entrant dans lad. Esglize, vis à vis de la chapelle apelée de St Roc, laquelle doit être de la grandeur et largeur pour y placer un autel, un tombeau et un banc de la longueur de six pans pour sy agenouiller et apeuyer, laquelle, chapelle ledict fondateur veut et entend faire batir et rendre preste a dire messe et y faire aux services divins entre sy et un an prochain, et icelle chappelle dressée y estre perpétuellement célébré le service divin, prières, oraisons et louanges divines et espirituelles par le sr curé, à laquelle chapelle pour ladicte fondation et comme pour.dot ledit Ladoux a donné et donne et assigne à perpétuité seur tous et chacuns ses biens immeubles présans et advenir la somme de cent livres, sçarvoir du revenu de cinquante livres pour dire annuellement et perpétuellement cinq messes, le jour de Saint Anthoine, abbé, quy est le dix septiesme janvier, une autre le jour de Saint Hugues, quy est le neufviesme du mois d'avril, une autre le lendemain de l'aparition de Saint Michel quy est le neufviesme de may, une autre le. lendemain de la nativité de Notre Dame quy est le neufviesme du mois de septembre, et l'autre le jour de sainct François qu'est le quatriesme du mois d'octobre, après lesquelles messes dites sera payé au prestre ou curé quy les aura célébrées dix sols pour chacune desdictes messes, qu'est cinquante sols pour lesdictes cinq messes, et le revenu des cinquante livres restantes pour tenir ladicte chapelle en bon estât, et en cas qne ledit fondateur ou ses successeurs ce voudroint livérer de ladicte somme de cent livres, seront tenus de la remettre en fons ou es mains de personnes solvables pour et aux fins que lediçt revenu ne se puisse perdre, lequel revenu doit estre en tout par an de la somme de cinq livres, sans partant que ledict fondateur, ny ses successeurs, soit tenus de bailher le revenu desd. cinquante livres pour tenir lad. chapelle, autel et ornemens en estat, que lorsqu'il en sera besoing et requis pour y dire lesd. messes annuellement et perpétuellement laquelle chapelle ainsin que dessus instituée, fondée et doctée avec lesd. droits et appartenances led. fondateur a donné et par ces présentes conféré à Mr Anthoine Daude, prêtre et curé de lad. esglize Sainct Hilaire de Trouhiac, à ce présant, estipulant et acceptant pour


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la tenir et servir luy et ses successeurs curés, lequel led. fondateur a esleu, nommé, eslit et nomme dès. à. présent pour se présenter, par devant monseigneur l'inlustrisime et révérendisime père en Dieu, Monseigr l'evesque, comte et baron de Caors, ou monsieur son vicaire, Qu'autre ayant pouvoir, le suppliant de vouloir instituer et continuer en ladicte chapelle, a la charge néanimoings qui celluy sr curé et ses successeurs seront teneus célébrer les susdictes messes aux jours susdicts en la dicte chapelle ou autrement comme sera ordonné, et au moyen de la fondation susdite ledict Ladoux, fondateur, et ses successeurs demeureront deschargés de tous autres, obitz que ses biens peuvent estre obligés payer en ladicte esglize de Trouhiac, en cas qu'il en y est, et à la susdicte estipulation le présent contrat et tout le contenen en icelluy avoir agréable sans y contrevenir, à la charge aussy que ledict sieur curé et ses successeurs seront teneus de advertir led. fondateur et ses successeurs, les jours que lesd. cinq messes se devront dire chesque an perpétuellement, et pour l'entretenement de tout ce desssus, comme a esté sy dessus deit avec les submissions est renontiations requis et nécessaires. Es présances de Jean Daude, marchand, et Jean Breusy, laboureur, du présent bien et Montcuq habitants non signé pour ne savoir de ce requis, ledict sieur curé avec led. Ladoux fondateur soubsignés et moy Jean de Marie, notaire royal. M. Ladoux fondateur, Daude recteur acceptant, de Maire, not. royal.

( Acte extrait des min. de Me Tourmayre, not. à Montaigu).


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LA CONFÉRENCE D'ESPARBÈS

Quand la Société des Etudes du Lot annonça sa décision de donner une conférence avec M. d'Esparbès pour orateur, elle reçut des approbations et des remercîments unanimes et sincères. La joie générale se traduisit jeudi soir, 8 février, par une affluence inusitée au théâtre et un succès triomphal pour le conférencier.

Le sujet à traiter était : Les Grognards de Napoléon 1er. Et si quelqu'un les connaît, ces grognards, c'est bien M. d'Esparbès. Il nous les à présentés comme dans ses livres : sur le mode épique, le seul qui leur convienne, avec la note sentimentale qui rend si harmonieusement leur puéril et sublime fanatisme pour l'Empereur.

M. Paumés, l'aimable et distingué professeur du lycée Gambetta, qui est une manière de Cadurcien d'adoption, préside la réunion. En une allocution brève, nourrie d'idées, conçue en termes de choix, il nous dit le désintéressement de M. d'Esparbès accouru à l'appel de la Société des Etudes pour contribuer à une acte de charité envers les pauvres de la ville et les victimes d'une récente catastrophe. Il définit le talent de l'auteur de ces livres dont l'ensemble forme un monument élevé à la gloire de l'héroïsme français. Il caractérise le genre de d'Esparbès qui, dit-il, ne se contente pas d'être le poète épique de la légende Napoléonienne, mais qui donne surtout son admiration aux humbles, aux héros obscurs de notre Epopée Nationale. M. Paumes exprime à l'assemblée la gratitude de la Société des Etudes qui est heureuse et fière d'avoir, à l'exclusion, de toute préoccupation politique, organisé cette magnifique manifestation de haut et pur patriotisme.

Confus des éloges, excessifs, dit-il trop modestement, qui viennent de lui être décernés, M. d'Esparbès s'excuse de ne pouvoir aujourd'hui, faute de temps pour l'avoir préparée, consacrer sa causerie aux héros quercinois du premier Empire. Ainsi qu'il l'a écrit à son ami, M. Séguy, avoué, le loisir lui a manqué. Mais ce n'est que partie remise à l'année prochaine, si on l'y convie (vous pouvez y compter, Monsieur !). Car il aime passionnément Cahors. « Son coeur l'a épousé », dit spiri-


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tuellement M. d'Esparbès. Il doit donc à sa fidélité, d'époux de revenir nous, chanter les équipées de Bessières, de Murat, de Lasalle. Les actuelles dames de Cahors veulent de plus amples explications sur, le cas de ce mâle et tendre Lasalle, conquérant sur toutes les coutures, dont le bonheur d'avoir reçu à Wagram la rude caresse d'un boulet fit pleurer d'admiration jalouse les grognards de la Garde et d'inquiétude amoureuse ses adoratrices cadurciennes.

A l'année prochaine donc ces initiations. Aujourd'hui, M. d'Esparbès nous tracera le portrait du soldat de Napoléon, ses qualités d'esprit et de coeur, ses allures diverses, son génie bien français. Comment Napoléon n'aurait-il pas hypnotisé ses hommes, lui qui a fasciné et inspiré les plus grands poetes et penseurs : Lamartine, Victor Hugo, Heine, Stendhal, Balzac, Vigny, Byron ; lui qui, au dire de chateaubriand ; répondait que, depuis qu'il ètait sorti de France, il avait résidé aux Pyramides, à Madrid, à Vienne, à Berlin, à Moscou, à Ste-Hélène ? lui, dont Victor Hugo disait, parlant de l'universalité de ses aptitudes et de ses connaissances : « Napoléon avait dans son cerveau le. cube, dès facultés humaines? »

Après a voir magnifiquement analysé l'idée de patrie, rappelé; avec Michelet, la pyramide des sacrifices faits par la France à la cause de l'humanité, en opposition avec ceux des autres nations dont les sacrifices n'iraient, entassés, « qu'au « genou d'un enfant », M. d'Esparbès évoque la passion ardente qu'éprouvent pour la France les étrangers, et emprunte au livre du lieutenant anglais Shakleton, l'Antarctique, la preuve de la mesure où notre pays est partout honoré et respecté, la preuve du prestige qu'il doit à son histoire, à ses héros. Ces explorateurs anglais, qu'ont-ils emporté, dans leur voyage vers le Pôle Sud, pour se réchauffer le coeur dans ces solitudes effrayantes ? Est-ce une image de leur pairie? Non, mais une image de la nôtre qu'ils mettent au-dessus de la leur, — le portrait de Jeanne d'Arc)

Parmi ces héros bien français se détachent les soldats de Napoléon que l'Empereur reçut tout faits, tout prêts, de la République, et dont je type, immortel fut La Tour d'Auvergne, dont le 45e de ligne commémore depuis cent ans, chaque matin, le souvenir, quand à l'appel de son nom, un homme se détache des rangs et répond. « Mort au champ d'honneur ! »

Ces soldats de la République n'étaient pas des jeunes gens qui, s'engageassent sur un coup de tète, dans un élan du coeur, mais des sol-


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dats de métier, « héros de la patience », dit Michelet, qu'entraînaient de vénérables sergents blanchis sous le harnais du roi. désintéressés, hommes de devoir, et non de profit, peu ou pas payés, mais marchant toujours et quand même pour l'honneur de la France, avec le sentiment qu'ils sont, non plus raccolés, mais appelés, qu'ils participent à l'oeuvre solidaire de la défense de la Patrie, qu'ils sont quelqu'un !

Ces soldats, l'Empereur les réunit en une vaste, légion d'hommes d'élite, les fondit en un bloc homogène, dont il sut se servir comme d'une massue énorme contre les ennemis coalisés et désagrégés, attardés au puéril et funeste système des cordons, tout en petits paquets. Grenadiers, Vieille Garde, Chasseurs à pied, Chasseurs à cheval, Marins,. Lanciers Polonais, Lanciers Rouges, Mameluks, tous se montrèrent dignes des grands chefs, et avec eux. se piquèrent de combattre à la Française.

Quelles étaient les caractéristiques de ces troupes?

Leur foi naïve en Napoléon d'abord. Ils voyaient en lui un être invulnérable, une force de la Nature, comme le Tonnerre et la Mer.

Voilà l'âme, le fond intime des grognards. Quant à leur extérieur, il était de deux sortes en joie dans les bivouacs, en gravité sur les champs de bataille.

« La Garde n'a pas donné, » disaient souvent les bulletins de victoire. Mais s'ils restaient inactifs, à leur grand mécontentement, les Vieux de la Vieille, ils n'en terrifiaient pas moins l'ennemi par leur seule présence. « L'ennemi savait, qu'ils étaient là, les Invincibles, » dit Coppée, et le général Russe ou Autrichien distinguait avec angoisse les lignes des redoutables bonnets à poil, et un point d'or, l'aigle du Drapeau! Impassibles, solennels vénérables sous la mitraille, derrière le légendaire petit chapeau noir, les figures graves, orgueilleuses et bourrues, ils se contiennent, se possèdent sous le sifflement des balles, au vent des boulets. Leurs cheveux blancs seuls frémissent sur leurs vieilles joues. Cette fermeté, ils la tiennent de leur amour. Ces vieillards patientent-, et attendent que vienne l'heure de s'immoler en masse, pour leur dieu, au signe de sa petite main.

Mais au bivouac, après la bataille, autre humeur, autres allures. Les vieux grognards de la Vieille Garde sont ici de bons vivants.

Les Patriarches de l'Armée, les Immortels, plaisantent, jouent comme des enfants et avec des enfants, à la main chaude, aux billes, chantent le couplet guilleret, blaguent, parlent le langage grognard,


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baroque et lyrique à la fois, appellent la chargé une, salade d'acier, et leur sabre, un arc-en-ciel de fer. — « Tiens, voilà les Prussiens qui toussent, dit l'un d'eux, à Ièna, en entendant le canon ennemi. Ils sont enrhumés ! On va leur porter du vin sucré ! » La veille d'Austerlitz,

- les « gros dondons» de capitaines « gigotent » le pas français, avec, pour vis-à-vis, des caporaux de cinquante ans. L'Empereur parcourt les bivouacs; content de cette belle humeur. Un grognard lui tend une pomme de terre cuite sous la cendre. « Tiens, lui dit-il, c'est la plus cuite !» Un autre lui passe sa gourde d'eau-de-vie en disant : « Si ça

allait"lui monter à la tète ! » — Cette idolâtrie ne se dément jamais, même dans les pires revers.« Ah ! ce n'est pas sur notre misère que je pleure, lui dit le caporal Picard, pendant la retraite de/Russie. C'est de te voir à pied,.toi si grand, toi qui nous as.faits si fiers ! » Et avec cela, les grognards ne manquaient pas d'esprit. « Eh bien, ça va? demande l'Empereur à un blessé. — «Non! mon Empereur, ça s'en, va ! » A un ivrogne incorrigible, mourant, il tend un verre d'eau. L'autre la boit et fait cette réflexion : « Au moment dé mourir, il faut- se réconcilier avec ses ennemis. » Les plus familiers et les plus fiers étaient ceux à qui Napoléon avait tiré la moustache. Cet honneur leur donnait, croyaient-ils, le droit de. tout critiquer librement. Et ils ne s'en privaient pas. Ils grognaient, mais marchaient toujours. Ils sui- , vaient cette redingote grise et ce chapeau noir. Ils ont suivi jusqu'au bout du Monde sous la pluie, sous la neige, sous la bourrasque. Las de grogner, ils chantaient :

On va leur percer le flanc, Ah! que nous allons rire !

Et ils montaient à l'assaut aux sons des musiques militaires exécutant l'air fameux : « Vive l'oignon frit à l'huile ! », capable, dit le capitaine Coignet, « de faire marcher un paralytique ».

Au lendemain d'Austerlitz, le champ de bataille est encombré de . cadavres ennemis. Et un grognard de faire observer que « le moral de l'Autrichien est affecté ! «

Mais au plus fort de leurs joyeuses plaisanteries, les soldats gardent intact leur.profond amour pour l'Empereur. Et, comme exemple, M. d'Esparbès nous cite le trait suivant emprunté à son livre, la Légende de l'Aigle. Le soir, dans la plaine d'Aranda, en Espagne, Napoléon


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s'approche d'un feu de bivouac. Il a froid. Aussitôt, les hommes entassent dans le foyer les richesses pillées à Burgos, écharpes, mantilles, manuscrits arabes, mandolines, tableaux de maîtres, de Velasquez, de Goya, éventails, tentures de soie, voiles d'or, flots de dentelles, miroirs précieux, guitares. Le brasier finit par s'éteindre. L'Empereur dormait, La Vieille Garde veilla autour de lui toute la nuit, l'entourant d'une broussaille de moustaches, se montrant, le fauteuil doré où il était assis, le petit fantôme assoupi dont la croix brillait encore aux tisons; et, s'émerveillant de le voir si faible, riaient, pleuraient, chuchotaient, un doigt aux lèvres, comme des vieillards qui regarderaient dormir leur enfant.

Après l'Epopée, le drame. La trahison de Marmont accule l'Empereur à l'abdication. Puis, c'est Fontainebleau, l'Ile d'Elbe, Waterloo où tomba la Garde, « espoir suprême et suprême pensée. »

M. d'Esparbès termine sa belle conférence par une amusante fiction, qui est, en même temps, une moralité.

« S'il existe, dit-il, un Paradis des Braves, Napoléon n'y est pas encore entré. Il expie en Purgatoire le crime, impardonnable aux yeux du Créateur, d'avoir sacrifié à son ambition trois millions de créatures. Mais les Vieux de la Vieille refusent d'entrer dans le Paradis sans leur Empereur. Ils l'attendent à la. porte du Purgatoire. Le portier saint Pierre les rencontre et leur demande : « Que faites-vous là? — Nous attendons qu'il sorte. Et, si tu as du tabac, passe nous en ! »

Ils attendent, les grognards, depuis cent ans. Ils attendront dix-huit cents ans, davantage. Et, un jour, touché de tant de fidélité, Dieu délivrera son Exeat à Napoléon, et ses grognards entreront au pas, der rière lui, au Paradis des Braves.

La salle entière ovationne frénétiquement M. d'Esparbès dont le succès fut très grand. F. B.


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La Opanda Peur

Notes et Documents

' Le 31 juillet 1789, la ville de Cahors fut envahie par une troupe nombreuse de paysans accourus dès villages voisins pour protéger la ville que l'on disait menacée. Le bruit s'était répandu d'une invasion subite de «brigands » dont on exagérait le nombre et dont on ignorait l'origine. Ce fut, en cette fin de juillet 1789, comme une panique qui suivit les provinces depuis Paris, où l'on avait pris la Bastille, jusqu'aux frontières. Elle se montre en Quercy dès le 30 juillet et je l'ai notée les 3, 4,5 août, à Muret à 20 k, au sud de Toulouse (1).

Je rassemble ici tous les documents que contiennent nos archives sur cette épouvante. Ce sont des lettres envoyées à notre municipalité par les officiers ou les particuliers des villes voisines, un récit naïf d'un témoin oculaire dont des notes démontreront la véracité et l'exactitude, . et d'autres lettres écrites à l'intendant, M. de Trimond, par les subdèlégués et les consuls de Mur de Barrez, Millau, St-Afrique et Vabres. Le frisson de la panique pourra ainsi être suivi dans toute cette région du Quercy et du Rouerguë qui est intermédiaire entre les pays aquitain, auvergnat et languedocien.

Ces lettres jetteront peut-être quelque lueur sur cet événement mystérieux qui est resté profond dans le souvenir de nos aînés. On sait que Marbot, dans ses éblouissants mémoires, le signale comme extraordinaire. Un vieillard m'a conté qu'il tenait d'un de ses parents qu'en 1789, le jour de la Grande. Peur (la Poou), celui-ci tout enfant avait été emporté par sa mère dans un bois des environs de Figeac, que là tous deux avaient vécu quelques jours dans les transes qu'avi(1)

qu'avi(1) paroissial de- Saint-Germier (1739-1792) signé : Monjoussieu, curé.


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vait le moindre bruit, protégés la nuit par le toit ajouré d'une cabane de branches sèches. Les souvenirs populaires, il est vrai, confondent cette peur avec celle plus durable qui caractérisa l'époque de la Terreur.

Sans prétendre découvrir ni même rechercher les causes de cette Peur il me parait nécessaire de dire un mot de l'état d'esprit de nos compatriotes d'alors et de conter quelques-uns de leurs actes. Le mouvement bien que né plus loin a pu subir l'impulsion des événements locaux.

Or, depuis mars 1789, date du séjour à Cahors des députés des trois ordres et de leur réunion (1), les esprits n'agitaient que soucis politiques et même sociaux. On voulait un changement dans les conditions du pouvoir royal tout en gardant au Roi une grande vénération et une solide confiance. On désirait aussi une transformation sinon des Ordres du moins de leurs droits.

Le Tiers voulait l'égalité absolue, la suppression de l'arbitraire royal qui était souvent celui des ministres, la disparition surtout des droits seigneuriaux. Les paysans attendaient impatients l'affranchissement de leur terre par l'abolition de toutes les charges féodales. En simplistes intéressés ils ne distinguaient point celles qui venaient de l'antique pouvoir protecteur du seigneur de celles qui résultaient de contrats oraux ou écrits. La girouette et surtout les pigeons du château les inquiétaient, mais c'était pour eux un déchirement excitateur de colères que d'être tenus à prélever sur leurs fruits ou leur blé quelques quartons qu'ils devaient eux-mêmes charrier dans le vaste grenier du château ou porter au curé décimateur. On était précisément à cette époque du prélèvement obligatoire. Or, quand le blé s'étale sur l'aire roux, et doré, réconfortante promesse du pain de toute une année, salaire jugé toujours insuffisant d'une longue inquiétude, c'est en ce moment que s'avive l'animosité du paysan contre le seigneur. Qu'on' en juge en se rappelant ce qui se passe encore, aux jours, du partage, dans les propriétés rurales qui sont exploitées à demi-fruit ! Ce jour-là le maître est l'ennemi. Le service qu'il a rendu en prêtant sa terre,

(1) Les Deputés des 6 sénéchaussées séjournèrent à Cahors au moins 15 ours. La première Assemblée générale se tient dans l'Église des Cordeliers, le 16 mars ; les Assemblées partielles, dans cette même Eglise, dans celle du Collège et dans la grande salle du 1er étage du Collège, du 16 au 26 mars. Cette nombreuse Assemblée avait bouleversé la petite ville qui depuis longtemps n'avait pas vu pareille affluence.


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presque toujours ses instruments de travail, bêtes et charrois, n'est rien. Et si la récolte est maigre, peu. s'en faut qu'il ne soit le ravisseur. Or la récolte était maigre en juillet 1789. L'hiver avait été rigoureux et, alors que la circulation des grains était difficile et même combattue, cette éternelle question « comment passerons-nous l'année ? » se faisait à ce moment plus angoissante..

Tiers-États des villes ou des villages et paysans visaient aussi les terres du clergé régulier qui comme celles des seigneurs étaient presque partout les meilleures. Car l'idée de leur abandon au profit de la nation avait glissé dans leur esprit et cet abandon était attendu.

Or tout ce qui se disait en province sur les affaires de Versailles menaçait toutes ces.espérances. Le Clergé,.surtout la.Noblesse tenaient sinon à leurs exemptions,fiscales du moins à leurs autres privilèges. Ils ne voulaient point se mêler au troisième ordre. Même quelques-uns de celui-ci, par exemple,, l'avocat Feydel, député de Cahors, était soupçonné d'incliner vers eux (1).

A Cahors même cette résistance des Nobles se manifestait.

On sait, en effet, que par sa déclaration du 23 juin, Louis XVI permettait aux députés qui se croyaient gênés par leur mandat de demander à leurs commettants des pouvoirs nouveaux. Et, par ordonnance du 27 juin, il leur prescrivait, qu'ils devaient s'adresser aux Baillis ou Sénéchaux à qui revenait le droit de convoquer les membres de leur Ordre. M. de La Valette Parisot, député de la noblesse, du Quercy, avait écrit le 30 juin et encore le II juillet à un ami de. Cahors qu'il avait besoin de nouvelles instructions (2).

Donc, le 16 juillet, certains membres de la Noblessequi résidaient à

Cahors se réunirent et décidèrent d' aller trouver le lieutenant-général

Louis Peyre (3) pour le prier de convoquer une assemblée de la

noblesse du Quercy. Le lieutenant-Général répondit que sans doute

. « les deux Lettres des représentants renferment une réquisition

(1) Voir plus loin : Lettre du 5 août 1789: Caors cadet, de Sept fonds, à Feydel député de la nation.

(2) Je n'ai pas trouvé ces 2 lettres. Mais le document que je signale les mentionne.

(3) Il mourut quelques jours après, le 29 juillet. Il fut enterré, dans l'église St-Pierre.


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tacite » ; mais comme ils ne l'ont pas requis formellement par lettre à lui adressée, suivant l'ordonnance royale, il ne peut donner suite à cette réclamation. Les gentilshommes s'attendaient à ce refus qui était légal. Néanmoins ils avaient décidé de donner au juge-mage communication « de la réquisition aux autres gentilshommes des autres sénéchaussées qui seront invités à se rendre à Cahors le 27 juillet pour se réunir aux soussignés et délibérer sur les nouveaux pouvoirs à -donner à leurs représentants aux Etats-Généraux ». Et ceci était une illégalité, même une révolte aux ordres du roi. Elle ne fut pas, il est vrai, commise. Mais il me semble qu'il y a là une preuve que certains Nobles de Cahors, comme tout un parti de la Cour, estimaient que le Roi trop faible ne les défendait pas assez ni lui-même et qu'ils devaient s'associer pour le sauver quand même des exigences du Tiers-Etat (1). Les Nobles s'en tenaient aux Etats-Généraux, assemblée consultative faite pour guider et éclairer le gouvernement absolu du roi et aux revendications particularisées dans les Cahiers.

Le Tiers voulait la fusion des trois Ordres et la disparition de tout ■privilège. Les Etats-Généraux devaient se transformer en une représentation nationale ayant voix délibérative.

Et celui de Cahors approuvait la conduite de son ordre aux EtatsGénéraux. J'en vois une preuve dans cette délibération de la Loge « des Elus de Chartres » où la famille Ramel, par son fils Jean-Pierre, le futur député à la Législative, exerçait une grande influence.

Cette Loge s'intéressait aux événements politiques. Le 5 avril 1788 elle avait envoyé une adresse à son Grand Maître le duc d'Orléans « pour lui exprimer sa sensibilité sur la disgrâce qu'il avait essuyée ». Le duc d'Orléans avait été exilé à Villers-Cotterets, à la suite de l'enre(1)

l'enre(1) dev. Boudres notaire. Reg. 31 décembre 1788-30 décembre 1789. Etude de Me Mallet. Les signataires de cette délibération habitaient Cahors et avaient paru aux Etats du Quercy en mars : Le comte de Durfort (maire de Cahors). De la Roche-Lambert. De Gauléjae. Le comte de Larroque-Bouillac. Le marquis de Touche-Boeuf. Baudus le fils (avocat du Roi). Le marquis de Foirac. De Labondie fil-. Gauléjac fils. Mailhes (ancien officier, chevalier de Saint-Louis). Regourd de Vaxis (lieutenant-général criminel). Foulhiac de Mordesson (seigneur et baron de Gramat) Combettes de Hautesserre. Desplas capitaine d'infanterie. Lacoste (sans doute Fontenilhes). Le chevalier Desplas. Baudus père (conseiller au présidial). Desplas ancien mousquetaire. Lassagne. Le chevalier de Mostolac. De Beaumont. — Messire de Labondie, seigneur dé Grimard et messire Jean Louis Amable de Baudus portèrent la requête au jugemage.


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gistrement des deux édits que le duc avait déclarés illégaux (novembre 1787). Elle comprenait des; bourgeois et même quelques nobles. Elle avait même des prêtres. Beaucoup de ses membres devaient jouer un rôle assez influent pendant la Révolution, à Cahors. Ramel y était le plus écouté. Il en avait été vénérable du 1er juillet 1784 au 15 mai 1788. Avocatéloquent, il avait-acquis sur ses Frères et aussi dans Cahors une grande autorité. Il était connu dans le pays et il avait présidé vers Fontanes et Lalbenque quelques assemblées de communautés. Il avait paru avec son père, procureur, à Cahors et ancien consul, aux délibérations du Tiers et avait contribué à la rédaction des Cahiers. Certain voyage qu'il fit à Paris entre mars et juillet 1787 lui avait fait connaître la capitale et même peut-être certains personnages car la Loge l'avait chargé de missions auprès du Grand Orient (1).

Ramel donc le 4 juillet 1789 propose : « La R. L. devait sans doute avoir appris la Révolution heureuse qui venait de s'opérer en France et dont on n'était redevable qu'au zèle, aux lumières des généreux représentants de la nation ; que tandis que tous les ordres de la monarchie manifestaient des transports de la joie la plus vive, il conviendrait que la: maçonnerie que le gouvernement français regarde avec juste raison comme une des branches qui influe le plus sur la félicité publique.témoignât les sentiments qu'il animent. En conséquence, le frère ex-maître a proposé à la R. L. de délibérer et d'arrêter qu'il serait cèlébré demain à 11 h. précises, dans l'Eglise des Grands Carmes, une messe pendant laquelle on chanterait un cantique à la gloire de l'Eternel pouf lui rendre des actions de grâces de ce qui vient de s'opérer ; de supplier en même temps la Providence divine de soutenir la généreuse fermeté de nos représentants de l'Assemblée nationale, à laquelle cérémonie la R. L. de la Parfaite Union serait invitée par commissaires. » (2).

(1).Le fonds Greil possède un registre de celte Loge des Elus de Chartres. Il commencé le 23e jour.du 4e mois de l'an de La vraie Lumière 5782 (23 juin 1782). La dernière délibération est du 16e. jour du 5 mois 5789 (16 juillet 1789).

La Revue de M. Aulard « La Révolution française » n° d'août 1908, a imprimé, sur ma communication, cette délibération.

(2) La Loge de la Parfaite Union fut constituée le 12 mai 1755, renouvelée lé 29 août 1776 -, cessa ses travaux en 1785, les reprit en 1788 avec Mostolac vénérable et Gombault négociant, secrétaire. En 1789, le vénérable était Tailhade négociant. (G. Bord : La Franc-Maçonnerie en France — pag. 416. ) 3


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La fête d'action de grâces fut donnée le lendemain : Cinq ans plus tard, en pluviose an II, (février-mars 1794) Ramel prisonnier, malgré sa bravoure devant Saint-Elme, présenta sa défense clans un opuscule que j'ai lu mais qui n'est point dans nos archives publiques. Il y conte tout ce qu'il a fait depuis les débuts de la Révolution et le patriotisme qu'il a montré dans beaucoup de circonstances. Parlant de cette cérémonie du 5 juillet 1789, il déclare qu'elle excita la colère des aristocrates de sa ville natale (1).

Cette manifestation me semble caractéristique des sentiments du Tiers-Etat. Pour Ramel, les représentants dont il vante la générosité et la fermeté sont les membres du Tiers. C'était en effet leur obstination, affirmée le 20 juin et manifestée le 23 après la séance royale, qui avait forcé l'adhésion des deux Ordres privilégiés. Et cette adhésion s'était dessinée très nettement le 27. Elle fut définitive le 9 juillet, à Versailles du moins, mais pas encore dans la nation, témoin la démarche des nobles cadurciens et la mission dont nous dirons un mot tout à la fin du comte de Cazalès. Celui-ci devait être retenu à Caussade par le peuple ameuté. Le fougueux orateur de la noblesse revenait de son pays de Rivière-Verdun où il était allé chercher des instructions nouvelles au sujet de son mandat.

J'ai cru ces détails utiles. Ils expliquent l'agitation des esprits dans notre province. Ces événements locaux n'ont pas créé la panique ; ils lui ont cependant donné une physionomie particulière. Peut-être l'ontils avivée ou justifiée. Les vraies causes nous échappent. Est-elle née spontanément et de ville en ville par l'ignorance où l'on était de ce qui s'était passé à Versailles, puis à Paris? La prise de la Bastille avait causé le retard des courriers. La poste n'arrivait point à l'heure exacte. Et l'on attendait sa venue avec impatience, puis avec inquiétude. Que se passe-t-il aujourd'hui dans nos villes quand le train de Paris a du recette

recette avait eu des démélés avec celle dont était Ramel. — L'Eglise des Grands, Cannes , était presque sur les bords du Lot au bout de la rue des Carmes. Elle a été.démolie.

(1) « Exposé de ma conduite ». Malgré ce mémoire et les attestations élogieuses de ses compatriotes et de ses supérieurs, Ramel n'en fut pas. moins condamné à être décapité. On dut réunir.par trois fois le conseil de guerre chargé de le condamner et son supplice dut être dérobé à l'indignation de ses soldats .et consommé à l'écart. (Napoléon Ferval : Campagnes de la Révolution française dans les Pyrénées Orientales). Il fut exécuté à Pouillestr.es, Pyrénées-Orientales), le 12 ou le 13 germinal an II.


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tard? quand surtout on a eu -vent d'un accident sur là grande ligne? La peur éclate-au point terminus aujoûrd'hui. Elle se renouvelait alors d'étape en étape,.-à l'arrivée de la moindre estafette. Et dans de pareils moments, un jugement malheureux, un soupçon, une malice sont pris pour une certitude et soulèvent Une explosion de colères.

Ce mouvement fut-il provoqué? Qui en est responsable? Le parti de la Cour désireux de vaincre la condescendance royale et d'amener le roi à la dispersion violente des Etats en lui démontrant que l'obstination du Tiers causait l'anarchie et le désordre ? Est-ce le Tiers aucontraire qui par le soulèvement du peuple et une prise d'armes générale pensait effrayer les ordres privilégiés et conquérir le Roi ? N'est-ce point une machination du duc d'Orléans pour hâter la fin de la monarchie absolue que f on remplacerait par une monarchie dont il serait Roi à la façon de Guillaume d'Orange remplaçant les Stuarts ?

Nous ne prétendons point résoudre ces grosses questions, Nous voulons seulement apporten des éléments à une enquête que les historiens doivent désirer.

L'affolement fut grand dans notre pays et particulièrement dans notre ville; Il y eut des malfaisances. Mais il eut aussi des citoyens qui arrêtèrent l'épouvante en payant de leurs efforts, de leur courage. Et l'on, verra qu'ici tous les Ordres, nobles, bourgeois, même des écoliers s'y emploèrent à rétablir la paix un moment fort troublée.

Alarme générale dans le Quercy le 31 juillet 1789(1). — L'an 1789, le 31 juillet, à quatre heures du matin, arriva une alarme extraordinaire à Cahors, disant que Monseigneur le Comte d'Artois vient

(1) Le récit est extrait du « Journal de Recepte et de Compte et Historique portatif des choses les plus remarquables depuis l'an 1771, à Bégoux, le 2 avril 1782. » Le fonds Greil de la Bibliothèque Municipale possède une copie du registre original. La copie s'arrête au 18 août 1789. Nous n'avons pas le registre original. Mais nous avons vu lé 2e volume Original, un registre couvert de toile : « Journal Historique Portatif ou la suite du 1er volume fini le 18 août 1789 ». L'auteur, Michel Célarié ne le 5 février, 1754.à Bégoux, petit hameau voisin de Cahors, était un laboureur. Il avait quelque, instruction. Son récit est d'un homme honnête, simple, sans aucune prétention, qui franchement dit ce qu'il a vu et .ce qu'il a fait. Il représente l'opinion moyenne du peuple. Je remercie mon


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accompagné de quarante mille hommes, tous des brigands quil avoit fait venir du royaume de Suède et autres pays du Nord et qu'ils ont enlevé tous les forçats qu'ils ont trouvés dans les galères du ro3r qui sont sur les ports de France et autres criminels qui étaient dans les prisons pour former sa troupe et pour l'augmenter; on dit que le dit comte, frère du roy, fait son possible pour rassembler tous les fugitifs et vagabonds du royaume de France comme firent les Vandales l'an' 406, (1) et que de cette redoutable troupe il voulait ravager la France et dompter le tiers Etat, comme (2) il veut faire contribuer le clergé et les nobles à la paye des deniers royaux. Ce qui donnoit plus d'effroy est de savoir que un frère fasse la guerre a un frère aussy puissant que Louis Seize, roy de France, et cette troupe composée de brigands et de gens de moeurs réprouvées commandée par le frère dudit roy, aidée par les nobles et le clergé de France. Ce bruit a tellement choqué l'esprit du peuple et mis tout le monde en mouvement que dans moins de huit heures l'on a vu à Cahors plus de quinze mille hommes sous les armes, de la ville ou lieux circonvoisins, et il est sensé que si nos Messieurs n'eussent remercié les gens de la campagne qui vinrent à main armée pour donner du secours à la ville et la défendre contre cette troupe de brigands, la ville n'aurait pas seulement été remplie de gens armés, mais à la vérité on peut dire que une grande partie du peuple qui étoit sous les armes ne sont pas véritables défendeurs de la ville ou (3) qu'ils pensoient à piller les, bonnes maisons, à boire, manger, ou faire bonne chère aux dépens du public, comme faisait cette troupe de mutins qui s'étoit formée dans le même pays de France, qu'on appellait « pastourous » qui massacrèrent les juifs à Cahors l'an 1320, et, après, sous prétexte de chasser les juifs de France, pillaient les

confrère, M. Crudy, qui a eu la complaisance de copier pour moi ce récit àla Bibliothèque municipale.

(1) On voit par ce souvenir que Michel Celarié avait des connaissances historiques.. Peut-être avait-il suivi les classes de notre collège. Ce ne serait point impossible., car une partie des revenus que le collège tirait de sa propriété de Bégoux était employée à entretenir au collège des enfants de cet petit hameau.— Les Vandales en effet ravagèrent la Gaule, en 406 Cahors fut touchée par celte invasion qui s'étendit en Espagne et en Afrique et dont une troupe fut écrasée par Stilicon sur les rochers de Fiesole, en Italie.

(2) Mot patois : parce que :

(3) Mais.


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églises et les ecclésiastiques et les forçaient à contribuer pour leurs excès (i). Voilà ce qui donnoit bien de la peine aux riches que (sic) le danger que ces attroupements de mutins, peuvent occasionner. Mais quittons ce discours pour venir à parler de ce qui se passa à Cahors ledit jour 31 juillet de 1789 où j'étais témoin oculaire.

Ledit jour, 31 juillet, à 6 h. du matin, on porta la nouvelle ou alarme à Bégoux, disant qu'il faut partir tous et se rendre à Cahors pour faire résistance au. susdit comte d'Artois: et à sa troupe de brigands ; on appela au son du tocsin que nous appelons vulgairement « Bucceri ». Dans un moment, nous, habitants de Bégoux, avons pris les armes et nous sommes assemblés pour partir et aller donner du secours à Cahors. Nous avons formé une compagnie de cinquante hommes armés de fusils, d'épées, hallebardes, pioches, haches, dailles (2) mises en rebours au bout du manche, et d'autres portaient des bâtons pointus ou ferrés et conduits par Joseph Aymond, fils ayné à Aymond procureur et alors prémier Consul de là ville dudit Cahors, conduits aussi par les quatre fils de M. Calmèjane. notaire royal et seigneur de Cavaniès, l'aîné âgé de 17 ans, mais de grandeur extraordinaire pour cet âge.

Le dit fils d'Aymond et les quatre fils dudit Calmejane nous ont conduits à l'hôtel de Ville pour recevoir les ordres de Monsieur le Comte de Durfort-Léobard, seigneur de Laroque-Montamel, alors maire de la ville de Cahors, et les Consuls (3) nous ont bien reçus avec beaucoup de courtoisie et nous ont donné du vin à boire. On nous donna demi quart de poudre à tous ceux qui portaient des fusils et une poignée de balles, aussi à chacun et. ensuite on nous remercia disant qu'ils n'eu ont pas besoin et qu'ils nous priaient de nous retirer tranquilles, et que. s'ils en avoient besoin, ils nous le sauraient dire, ou que, si nous entendons tirer' le canon de Cahors on reviendra promptement parce que c'est le signal qu'ils'ont donné à tous, les autres qui sont venus pour donner du secours à la dite ville.

. (1) Les pastoureaux étaient des pillards qui sous prétexte de recommencer les croisades se répandirent sur la France, du Nord au Midi, massacrèrent les juifs et pillèrent le pays. Ils assiégèrent dans le château de Verdun-sur Garonne une troupe de juifs, les obligèrent à s'entretuer. (Histoire du Languedoc : Dom Vaissette : T. IX., Livre XXIX., ch. 74., p. 402 et sq,

(2) Baille, mot patois : faux.

(3) Les Consuls étaient : Aymond, Tournier, Lezeret de Lamaurinie, Valette ; : Reygasse, syndic de la ville.


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Cependant la curiosité de voir toute une ville sous les armes et beaucoup de gens de campagne, nous obligea de retarder notre départ, et nous avons fait plusieurs tours dans la ville où nous avons appris que, le matin, à 3 heures, l'alarme est arrivée, disant que .ledit Comte d'Artois avec sa troupe ont pillé et mis à feu et sang Puy-PEvèque, Duravel avec tous les. habitants, et que les soldats du régiment de Languedoc, qui était ici depuis le 15 Février, ont tout de suite pris les armes et ont couru à la porte de la ville pour défendre l'entrée à tous ceux qui seront inconnus. Ensuite les citoyens de Cahors se sont rendus aux casernes des cavaliers (1) pour saisir tous les fusils qui sont clans le magasin, ensuite ont couru dans les boutiques des marchands qui vendent des fusils et les ont tous pris sans en payer aucun, (2 et ceux qui n'ont pu avoir de fusils se sont armés d'épèes, hallebardes, haches, de poignards, couteaux de chasse, broches, pelles, pioches, bâtons et enfin de toute sorte d'outils offensifs et défensifs.

Tous les citoyens de quelque état et condition, qu'ils soient ayant ainsi pris les armes se sont mis en faction une partie à chaque porte de la ville pour la garder et défendre de la rage de ladite troupe de

brigands et le reste des dits citoyens se sont mis en bataillons, en

détachements, et forment un régiment et courent la ville, portant le

(1) Rue Nationale.

(2) Ce fait est avéré par la pétition suivante qu'envoyait aux officiers municipaux, le 28 avril 1791, David Girau 1 « marchand quincaillier sur la place de la ville ». Le 31 juillet 1789, à quatre heures du matin, ayant entendu sonner le tocsin pour assembler la ville qui été (sic) menacée d'être investie par des brigands qui avaient, disait-on, incendié tout Mercuès et le château de Mgr. l'Evéque, il courut avec son épouse au faubourg de la Barre ; mais ayant entendu que tout le monde courait aux armes, il courut lui-même vite chez lui pour éviter le désordre qui le menaçait et remettre à l'hôtel de Ville entre les mains de MM le maire et Consuls tous les fusils qui étaient dans sa boutique. Quelle ne fut pas sa surprise en y arrivant d'en trouver les portes enfoncées et de la voir livrée au pillage sous les yeux de MM. Tournier et Lézeret de La Maurinie consuls ; tout fut enlevé, fusils, pistolets, poirapoudre (sic) et beaucoup d'autres effets. Les malheurs qui menaçaient la ville ne lui permirent pas dans ce moment de sentir tous les siens. Mais lorsque tout a été calme et qu'on a été certain que le bruit été (sic) faux, voyant que personne ne lui remettait les armes, il a pris tous les moyens possibles pour savoir entre quelles mains elles étaient. » Il dit ensuite le compte exact de ce qui lui fut enlevé soit 458 livres. Depuis on lui avait rendu quelques armes, mais il lui restait dû encore 234 livres. « sans compter d'autres effets qui me furent enlevés et la perte qu'il m'a fallu essuyer sur ceux que l'on m'a remis abîmés ». Arch. municipales.

Il estimait 72 livres un fusil à 2 coups le canon tordu et 36 livres, 1 fusil à 1 coup à bascule mi-fin.


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drapeau, faisant l'exercice militaire et apprennent le commandement qu'on leur enseigne.

Les. gens de campagne qui arrivent à tout moment en troupes marchant sur deux rangs portant leurs armes ainsi que les citoyens dudit Cahors avec la différence que, les habitants dudit Cahors portent les armes basses, mais ceux de la campagne les portent hautes tout prêts à donner, le coup si besoin est en entrant dans la ville.

Nous avons vu aussi et remarqué que pendant que les bourgeois, artisans et gens de campagne marchent eii si bon ordre et qu'ils ne pensent qu'au bien public, un très grand nombre, de canaille et de gens remplis de mauvaises inclinations et qui n'ont d'autre idée que de piller vont en, troupe, forcent les couvents et le riche de lui donner du pain, du vin et de l'argent avec tant de fureur qu'ils disaient de concert qu'il faut mettre, à bas tous les couvents, et l'évêché parce qu'ils étoient la cause de tous: ces troubles. et effectivement à cause des charges qu'on veut mettre sur les deux premiers Etats comme est dit cidevant.

Comme aussi on a remarqué que quoique nous vîmes de même que le reste,des gens qui étoient sous les armes que ces gueux fassent de carillon, on ne s'approche pas pour leur imposer silence au contraire chacun suivent leur chemin de même que nos soldats.

Mais quand nos moines, nos religieuses et l'Evêque ont vu que personne ne veut s'approcher pour les défendre eux et leurs biens, ils ont pris le meilleur parti savoir de donner, et de permettre de prendre à ladite canaille et gueusaille de vagabonds de Cahors tout ce qu'ils veulent.

Les Chartreux furent les premiers pillés, car de bon matin, un grand nombre s'y rendirent sous prétexte qu'ils veulent s'armer de bâtons"faute d'avoir.d'autres armes et ouvrirent de force au magasin du,fer, car les dits chartreux en tenoient pour leur usage une grande quantité les.dits vagabonds enlevèrent tout, le fer, en .prirent un bâton chacun jusqu'à ce qu'il n'y. en eût plus et ceux qui ne purent avoir du fer irent (sic) au bûcher et enlevèrent toutes les bûches et autres bâtons qui étoient dans: les fagots sous.même prétexte de s'armer pour défendre laville ; de suite ayant disparu un à un pour se désarmer du' fer, crainte d'être surpris comme voleurs, quelque temps après, ils sont retournés disant qu'ils,travaillent à conserver leurs personnes et leur bien et, en. conséquence, ils vouloient pour vivre. Le prieur.leur a


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répondu quil n'avoit pas de pain, mais qu'il va leur donner une barrique de vin à boire, croyant les gagner avec cette largesse ; mais la barrique fut bientôt vide. Le bruit courut par la ville qu'aux Chartreux on donne de quoi vivre. Dans un instant, la Chartreuse fut remplie de buveurs, et mangeurs et pilleurs encore plus irrités quavant le don. Le prieur sortit du couvent pour aller chercher le moyen de sortir ces gens de là, ce qui étoit du tout impossible s'ils ne soi toient volontiers. Le dit Père dit à moi-même qu'il y avoit plus de deux mille personnes ayant percé devant, derrière, et par les côtés plusieurs barriques de vin, et qu'il ne plaint pas le vin, mais qu'il a peur qu'ils s'enivreront et qu'après se tueront entre eux dans la Chartreuse.

Alors, monsieur Salèlles, notaire et secrétaire de l'hôtel de Ville, y alla et les traita avec douceur, leur dit : " Mes amis, soyez tranquilles; ne faites pas de bruit à ces religieux et ils vous donneront tout ce que vous voudrez et de suite on va vous faire sortir du vin dehors que vous serez mieux que dedans ; vous voyez qu'on se crève ici ; c'est pourquoi on va vous faire porter deux barriques de vin aux Cordeliers ». (1) Alors, ces gens pour se rendre les premiers à la porte ou aux Cordeliers sortirent en foule, et par ce dit traitement de douceur, on sortit, tous ces Vagabonds de la Chartreuse. La discrétion de ces gens ne fut pas rassasiée par le don des Chartreux, mais on courut d'un couvent à l'autre pour boire, manger et avoir de l'argent. Les Cordeliers furent obligés de force de donner de l'argent. Ils ont donné cinq sols par personne à un très grand nombre; mais la multitude de receveurs fut cause que les derniers n'ont eu que deux sols.

Dans le temps que ceci se passoit aux susdits Cordeliers et autres couvents, une autre troupe forçoit l'Evèque de leur donner de l'argent, sans quoi on lui mit sa maison à bas. Un tumulte si échauffé, un si grand nombre de gens irrités contre la personne de l'Evèque et le reste du clergé lui inspira la peur ; il descendit de sa chambre, vint dans la cour et dit au peuple pour les apaiser, que les fêtes votives qui ont été retranchées sont rétablies comme auparavant ; de même

(1) Dans l'enquête dont nous parlerons il est parlé d'un homme qui emporta dans son quartier du Port-Bullier une barrique à demi-vide et le soir il la vendait à tant la « pauque ».


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que la sonnerie des cloches eh temps d'orage, et après, leur a eu fait quelques pieuses remonstrances, disant qu'il espère qu'à l'avenir, ces fêtes ne se passeroient plus en débauches ou autres excès scandaleux comme auparavant (1). Ensuite il rentra dans son épiscopal.

Tout le monde crioit hautement :.«il faut le lapider! tirez lui à coups de fusils ; donnez-lui à coups de haches » d'autres « à coup de pierres ». Enfin personne n'eut le courage de commencer. Cependant on a eu la témérité de le suivre jusques au bout du degré, frappant à grands coups, à droite et à gauche, par les degrés, par les murailles, par les portes, et à ce tumulte, il s'est renfermé dans les plus secrètes chambres, crainte d'être massacré par cette troupe de canailles, comme le fut l'évêque Rustique par les bouchers de Cahors, l'an 630. (2)

Le dit seigneur évèque rempli de crainte et d'effroi pour sauver sa vie et sa maison et pour empêcher que le désordre ne vienne plus grand, envoya des gens exprès avec de grandes sommes d'argent afin de les distribuer au peuple à la porte et à proportion qu'ils sortaient de l'êvêché. On donna dix sols à chacun et avec cette précaution on est parvenu à donner le calme à tout cela,, et en peu de temps l'évêque se trouva seul avec ceux de sa compagnie ordinaire. Mais s'il est venu à bout de sortir ces gens de la maison en la susdite manière, il ne put cependant se remettre tranquille en esprit, et, deux jours après, il partit pour aller ailleurs chercher un asile plus sûr. Quoique il y ait eu de grands troubles à Caors, comme on peut le juger par le récit que nous venons de faire, il peut cependant s'estimer heureux, non seulement d'avoir pu sauver sa vie et son évêché, mais encore de ne pas avoir été dans son château de Mereuès, car dès

(1) Cette suppression des fêtes votives fut décidée par l'Evèque.le 20 décembre 1785 et publiée au prôné par les curés, le, 19 février 1786. Toutes les fêtes votives furent reportées au 3 dimanche après Pâques. le motif de cette suppression « était les excès, meurtres et abus scandaleux qui se commettaient les jours destinés à la. célébration des dites fêtes ».

L'an 1786, le 14 juillet, l'Evèque, voulant détruire les usagés superstitieux

révoqua « le très ancien et très pieux usage de sonner les cloches... lorsqu'on

aperçoit quelques nuées ou qu'on entend le tonnerre gronder. » On sait que nos

paysans croient encore à cette puissance des sonneries de cloches et même les

exigent. (Ibid — journal de Michel Celarié).

(2) Voir sur ce fait : Dom Vaissette : Histoire du Languedoc T. I. L. VI. 98. Lacoste : Histoire de la province du Quercy I. L. III 29.


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l'heure même quil essuyait tant de peine à Cahors, plus de quinze cents hommes armés de toutes pièces résolus de perdre sans ressource et en même temps de détruire le château afin de venger la distraction des fêtes, sonneries des cloches ou refus de contribuer à la paye des deniers royaux comme nous avons dit ci-devant, mais comme cette troupe de gens armés n'ont pu trouver l'Evèque dans son château, ils se sont contentés de manger, boire et piller et s'en sont retournés. Il faut savoir que ceux qui ont été à Mercuès ce sont des gens de la campagne.

Ledit évêque avoit nom : Louis Marie de Nicolaï. (1). Après avoir discouru des désordres qui se sont passés dans Cahors ledit jour, il faut aussi venir à décrire le bon ordre que les citoyens ont donné dans ladite ville.

Ledit jour, 31 juillet, auquel le désordre étoit si grand presque dans tout le royaume et particulièrement dans Cahors, les citoyens dudit Cahors restèrent sous les armes et en faction non seulement durant ce jour, mais encore pendant la nuit, ayant mis à chaque porte une escorte de sentinelles de vingt personnes en faction. Le lendemain on a fait des règles pour former un régiment de citoyens pour prendre les

(1) I ouïs Marie de Nicolaï était né à Béziers. Il était évoque de Cahors depuis 7776. Il avait été élu député du clergé aux Etats-Généraux. Malade, pris par la goutte il ne se rendit pas a Versailles. Peut-être n'y parut-il jamais. Après ces violences il se rendit aux eaux des Pyrénées. Il quittera Cahors au moment de l'application de la Constitution civile, en février 1791 après avoir procesté contré cette Constitution — Jean François Marmiesse, rapporte ceci concernant le jour de l'alarme et les attaques dont fut assailli l'Evèque. Mgr de Nicolaï homme très débonnaire laissait sa nièce qui vivait en sa compagnie diriger la maison. Cette nièce née 0 de Zarente » ou même Jarente était parente de l'Evèque d'Orléans, un des rares évêques qui devaient accepter la Constitution Civile. Cet évêque, au dire de Marmiesse se trouvait à Cahors dans l'évéché. « Ce jour-là. la grande place de l'Evêché fut encombrée de gens tant de la ville que de la campagne portant tous des armes; les uns des fusils, les autres des hallebardes. Madame de Nicolaï eut l'imprudence de mettre la tête à la fenêtre pourvoir cet effrayant spectacle, et, dès qu'on l'y vit, elle fut couchée en joue, et. heureusement pour elle. M. l'abbé de Becave se trouva à côté cl elle, sans quoi cette dame n'aurait pas vu la fin de la journée, On ferma les portes de la cour, on envoya vite chercher beaucoup de monnaie, qu'on jeta par les fenêtres; et peu à peu ce peuple se retira. M. de « Zarente», évêque d'Orléans, fut se cacher dans un confessionnal de l'église de la Daurade ». Le même nous dit . « Aux assemblées des Etats généraux ou des assemblées électorales, on joua gros jeu à l'Evcché; tous les joueurs de profession y furent admis sans distinction » (Histoire abrégée de ma vie. — Paris, chez l'auteur 1828.


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armés, pour détruire la prétendue troupe de brigands et garder la ville, on a élu des officiers de tout grade conformément à l'ordre militaire; on a établi cinq corps de garde dans la ville sans toutefois y comprendre celui des soldats du régiment du Languedoc qui étoit ici en garnison comme nous avons dit ci-dessus ».

Ces désordres du 31 juillet donnèrent lieu, à une enquête judiciaire. Dès le lendemain, samedi 1er août, le Consul Tournier, qui était procureur du roi en la maréchaussée, nous dirions nous, officier municipal chargé dé la police, écrivait, à M. le.chevalier Roussel Denval la lettre, suivante : « Sur l'alarme qui se répandit hier dans Cahors, un. grand nombre de mauvais sujets de la ville de Cahors et de la campagne profita de cette occasion pour commettre toutes sortes de brigandages; que ces scélérats furent en conséquence au Palais Episcopal pour mettre à contribution le seigneur Evêque et toute sa maison, le menaçant d'incendier son palais et, tenant les propos les plus atroces ; qu'ils furent dans la maison du Séminaire, brisèrent les portes et y firent un ravage effroyable ; que non contents ils furent dans plusieurs communautés de Religieux et Religieuses pour les mettre également à contribution ; qu'ils tentèrent d'ouvrir de force la porte de ces dernières sans,le secours qui.leur survint promptement au son des cloches. Ordonne d'informer contre tout auteur ou fauteur. "

L'enquête se fit et deux individus furent arrêtés. L'un d'eux avait tiré sur le maire. De la déposition des divers témoins il résulte que la plupart des faits rapportés par Célarié sont exacts. Cependant il n'est pas tout,à fait juste d'affirmer comme lui que les bons citoyens laissèrent faire. Un écolier, élève de philosophie, Bel l'aîné, arrêta un des violents ; Gensac, marchand et d'autres coururent à l'évêché pour arrêter les pillards et.Le seigneur de Larroque entra dans le Séminaire et faillit être frappé par un. des plus acharnés qu'il s'efforçait d'arracher à. sa vilaine, besogne. De tous les cris de menace qui étaient proférés nous retiendrons celui-ci, qui. indique un particulier état d'esprit. Quelques-uns qui avait envahi l'Evêché et étaient déjà dans l'escalier répondirent à celui qui leur faisait honte de leur action « qu'ils voulaient faire comme en Angleterre ou en Allemagne ».Le mot eit significatif. Et il est regrettable que le témoin n'ait pu reconnaître


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et nommer l'interlocuteur. Nous saurions si l'auteur du cri était un homme éclairé, au courant de l'histoire de la Réforme, et désirant l'abolition de la hièrarchie catholique ou tout au moins la suppression de la puissance ecclésiastique (1).

Ce même jour, 1er août, il se tint une assemblée générale de la Communauté. Celle-ci décida de former un Comité composé des officiers municipaux et de 21 habitants dont le syndic du clergé (2). Ce Comité aviserait aux moyens de payer les dépenses faites et à faire pour la défense de la ville et pour former celles des compagnies de la garde bourgeoise qui ne sont pas encore formées. Le détachement de Languedoc, en la personne de son commandant M. de Chambau, fut remercié et l'on vota une gratification aux soldats qui le lendemain fut fixée à 300 fr. On remercia aussi les compagnies bourgeoises.

B. PAUMES. (A suivre.)

(1) Archives départementales. B. 829.

(2) Voir : Bulletin T. XXX. Analyse, des Registres municipaux. A. Combes. On remarquera que ces 21 membres du Comité étaient pris dans toutes les conditions de la ville : des nobles : MM. de Regourd, Lagilardie, d'Autesserre, Leblanc de St-Fleurien oncle, de Mordesson, de Toucheboeuf Beaumont ;— des bourgeois : Vendol avocat Lafage féodiste, Guillaume Iches, Amadieu juge, Laulanier lieutenant criminel. Roques père médecin, Vidal féodiste, Olivié notaire, Oulié médecin ;—des artisans: Lescalle.Gensac aine marchands, Taillade négociant, Pierre Carriol, boulanger;— Desplas Marins (?). Ramel était présent. Il fut un dés capitaines de la garde nationale Les autres étaient Lescalle, Gensac, Labondie, commissaire de la marine, Amadieu, Mailhe ex-officier et deux autres ex-officiers Desplats du Carriol et Desplais-Brest. — Le 8 sept, on devait demander au ministre de la guerre un congé absolu pour trois soldats en congé de semestre qui s'employaient à dresser les gardes nationaux à l'exercice militaire : Ces trois soldats étaient Arlus sergent dans Condé-Infanterie, Célières sergent-major et l'acteur (?) dans Boulonnais, Durand fusilier dans Vexin (R m.).


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GALERIE MÉDICALE DU LOT

PAR LE

Dr J. BERGOUNIOUX

Ancien médecin principal de l'armée

Si l'on s'en tenait aux indications des ouvrages spécialement consacrés, en totalité ou en partie à la biographie dès hommes célèbres nés dans le Lot, on. serait tenté de croire que ce département, riche à né rien envier.aux autres en illustrations de l'église, de l'armée, de la diplomatie, de la politique, de l'administration, des sciences, des lettres et du droit, est pauvre en personnalités médicales dont le souvenir mérite d'être conservé.

La statistique de Delpon (1), parue en 1831, ne signale aucun médecin ou chirurgien. En 1827, dans la 1re édition de sa Biographie (2), Vidaillet ne parle que du docteur Jean-Charles Périé, fort estimé à Cahors dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, mais dont la physionomie est plutôt, effacée; dans la seconde qui est de 1875, il a supprimé Perié, et il ne cite que trois médecins de grande réputation, il' est vrai : Bernard de Gordon, Antoine Dubois et Jean-Pierre Falret.

Comme on le verra par le présent travail, plus nombreux soht les médecins ou les chirurgiens, dignes de figurer, non seulement dans les biographies locales, mais encore dans les biographies générales ou tout au moins dans les dictionnaires historiques spéciaux à la profession médicale, où la plupart ont déjà trouvé place.

Oh comprend qu'en 1827 et en 1831, Vidaillet et Delpon n'aient rien dit de ceux qui sont nés ou parvenus à là célébrité "pendant le XIXe

(1) Delpon : Statistique du Département du Lot. Paris, Bachelier; Cahors, G. Richard. 1831 2 vol. in-40. Tome 1er, livre III, chap. 11, p. 335 et suivantes. « Des hommes célèbres qu'a produits le département du Lot ».

(2) J.-B. Vidaillet : Biographie des Hommes célèbres du département du Loi. 1er édition, 1827, Gourdon, imp. Lescure-; 2' édition, 1875, Nérac, imp. Durey.


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siècle, car tous, ils vivaient encore, mais on s'explique moins qu'en 1875, J.-B. Vidaillet, qui avant d'être poète descriptif, avant d'être percepteur et receveur des finances, avait été docteur en médecine, ait passé sous silence tant de ses confrères, ayant laissé une trace dans' l'histoire de l'art.

Il y a lieu aussi de s'étonner que Delpont et Vidaillet n'aient trouvé personne à mentionner parmi les quercynois qui ont exercé l'art de guérir antérieurement au siècle passé.

A la vérité, quelques-uns seulement ont attiré l'attention, malgré l'existence dans l'Université de Cahors d'une faculté de médecine dont les deux professeurs, quelquefois aussi professeurs ès-arts et plus érudits que savants se contentaient de lire et d'expliquer les OEuvres d'Hippocrate et de Galien (1). De 1331 date de la fondation de l'Université parle pape Jean XXII, à 1751, époque où elle disparut et la faculté de médecine avec elle, leurs noms ne se retrouvent nulle part que dans les Archives de l'Université, les Annales municipales de la Cité ou les actes notariés qui touchent à leur intérêts privés.

Ce n'est pas cependant que la Faculté de Médecine n'ait joui pendant deux siècles environ d'une certaine réputation. Au XVe siècle on y venait de loin et l'Université conférait le doctorat à des étrangers comme Laurencin, de Catane, Clergue Vic, du diocèse de Barcelone, Salvat, habitant de la ville de Tortose (2).

C'était le temps où les étudiants voyageaient beaucoup et où de Barcelone à Limoges, le dialecte catalan de la langue d'oc était communément parlé.

A la fin du XVIe siècle, Vincent Rubion, médecin, professeur en renom de Chalon en Bourgogne, conseillait à son élève Toussaint Ducret, qui devint, lui aussi célèbre, de visiter les Universités de Caors, de Toulouse, de Bourdeaux et de Montpellier (3).

Plus tard encore l'illustre Ferrein, de Frespech en Agenais, qui fut

membre de l'Académie Royale des Sciences, professeur de médecine

. au Collège de France, et d'anatomie au Jardin du Roi, et qui a étudié

(1) Baudel et Malinowski : Histoire de l'Université de Cahors. Cahors, Laytou, 1876 — Dr Paul Lafeuille : La Faculté de Médecine dans l'ancienne Université de Cahors. A Storck, Lyon; G. Masson, Paris, 1895.

(2) Bibliothèque municipale, Livre tanné, fos 138-144.

(3) Goulin : Encyclop, Méth. Médecine, t. v, p. 548, article Ducret.


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avec le plus grand soin la structure du rein et laissé son nom à certains détails de l'organisation de ce viscère; Ferrein vint en 1713 suivre' à Cahors les cours de médecine, de droit, et de théologie. Il se décida pour la médecine, mais il alla continuer et terminer ses éludes à Montpellier, Cahors lui offrant sans, doute trop peu de ressources (1).

Les communautés des chirurgiens bien distinctes des facultés et des collèges de médecine, et qui existaient en plusieurs villes de. la province,du Querc)', étaient même presque à la fin du XVIIIe siècle des associations de chirurgiens barbiers, rangées ou à peu près parmi les corporations d'arts et métiers. Elles n'avaient aucune vie scientifique et leur étude n'est intéressante qu'au point de vue de l'histoire locale ou de l'histoire extrinsèque de la chirurgie ; organisation, coutumes, privilèges, situation sociale des maîtres,'honoraires, etc. • Cependant on rencontre avant- 1800 des savants ou des praticiens qu'il n'est pas permis ou qu'il serait injuste d'oublier comme Bernard de Gordon,ou de Gourdon qui écrivait au XIVe siècle, et surtout comme Solayrès de Renhac, un des grands accoucheurs et le plus original du règne, de Louis XV, qu'une mort prématurée empêcha de donner toute sa mesuré,

Il faut citer encore, en arrière plan d'ailleurs, Guilhaume Baudus de la famille des grands bourgeois, qui jouèrent un si beau rôle dans la vie publique cadurcienne de 1600 à 1800, et plus tardivement encore;: il: mérita, par deux fois les témoignages d'estime les plus flattteurs des Consuls et desjurats de la ville.; Jean Baptiste Gasc le seul des maîtres chirurgiens jurés de Cahors dont on puisse, sauf omission, citer un travail chirurgical présenté au public et qui fut le générateur d'une famille de médecins ou d'hommes livrés à l'étude des sciences et à l'enseignement, parmi lesquels . plusieurs ont eu une réelle valeur; Durand, législateur, de Tari vu, professeur municipal d'accouchements et Bertrand de Lagresie, chirurgien en chef des armées de la République, qui furent tous deux membres Correspondants de là Société Royale de Médecine fondée par Louis XVI sûr les propositions de l'illustre Vicq-d'Azyr en l'an 1776.

Mais' c'est surtout au XIXe siècle que nombre dé médecins nés dans le Lot à la fin du. siècle précédent ou dans ce siècle même sont parvenus à acquérir la réputation et même la'gloire.

(1) Andry : Encyclop. Méth. Médecine, t. VI, p. 340, article Ferrein.


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Sept d'entre eux, et on ne parle que des morts, furent membres titulaires ou correspondants de l'Académie de Médecine : Antoine Dubois, Guilhaume Andral, Louis Castel, André-Louis Murat, JeanCharles Gasc, Jean-Pierre Falret, Jean-François Caviole.

Le baron Dubois, de Gramat, professeur à la Faculté de Médecine de Paris, eut l'honneur insigne, de mettre au monde dans des conditions difficiles, l'aiglon, le fils de l'Homme, l'enfant unique de Napoléon Bonaparte et de Marie-Louise d'Autriche.

Andral, d'Espédaillac, fut médecin du roi de Naples Murat et de Caroline Bonaparte et inspecteur du service de santé de l'armée Napolitaine.

Falret, de Marcillac, après Pinel et Esquirol, fit faire les plus grands progrès à l'étude des maladies mentales.

Foissac, d'Albas, critique de valeur, s'attaqua avec succès à des études de philosophie médicale et de Physiologie et de Pathologie générales.

Murat d'Issepts, chirurgien de la Salpétrière, fut un accoucheur et un gynécologue réputé.

Castel, d'Issendolus, ancien médecin de la garde Impériale, aussi plein d'esprit que d'érudition, critiqua avec bon sens et finesse les systèmes médicaux qui se succédèrent au commencement du dernier siècle.

Jean-Charles Gasc de Cahors et Marcellin Brassac de Craissac atteignirent dans la médecine militaire et la médecine navale les degrés les plus élevés de la hiérarchie et enrichirent la science de travaux estimés l'un sur la. péritonite, la Plique et le typhus, l'autre sur la lèpre.

Sans avoir acquis une grande réputation, d'autres ne doivent pas être laissés de côté qu'un bon travail sur une question peu connue, une idée neuve, des services de différentes sortes rendus à la population civile et à l'armée signalent à l'attention du biographe.

Pour certains,, les notices qui les concernent ont pris un développement qui peut surprendre à première vue.

Il y a quelques raisons à cela. Tel médecin a été mêlé à la vie d'un personnage des plus illustres de ce pays, et il y a de l'intérêt à bien connaître leurs relations. Plusieurs ont subi pendant la période révolu-, tionnaire, dont l'histoire est si fort à la mode, des tribulations dont le détail apporte une contribution à l'étude de cette époque. En étudiant


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la vie de certains autres on a fait la connaissance de leurs ascendants et de leurs descendants et on a été naturellement entraîné à faire la chronique de familles quercynoises, dans lesquelles on a découvert avec encore plus de plaisir que de surprise toute une série d'hommes distingués. Enfin et surtout toutes les fois qu'on a trouvé sur sa route, dans son voyage de recherches à travers les archives et les livres, des documents ou des renseignements concernant la vie ancienne de la ville de Cahors, de sa Faculté de médecine, de la communauté de ses chirurgiens, du service de santé de ses hopitaux etc., on n'a pu s'empêcher de s'étendre sur ces sujets dont la connaissance est un des buts que poursuit la Société des Etudes. Parfois même on a dépassé le cadre local et le dessin de telle figure de médecin militaire a été. l'occasion de jeter un coup d'oeil sur le service de santé et sur les maladies des armées dans le passé.

Tous ces médecins, quelle qu'ait été leur.part de renommée, figureront dans cette galerie annexe des Biographies générales du département, avec autant de raison et de justice que bien des hommes célèbres de Delpont et de Vidaillet, qui, quoiqu'ils n'aient jamais brillé que d'un éclat voilé et amorti, n'en sont pas moins restés chers à leurs compatriotes et se trouvent, bien à leur-place dans, un musée de famille.

Des inexactitudes se sont glissées dans certaines biographies anciennes dont les auteurs n'ont pu consulter les archives locales ; on s'est efforcé de les corriger.

.La partie bibliographique a été rendue plus complète, et plus précise.:

Enfin cette étude est une occasion de rendre hommage aux médecins disparus depuis les dernières publications sur ce sujet. A défaut d'autre mérite elle aura toujours celui de réunir des matériaux dispersés dans différents dictionnaires, Encyclopédies ou collection d'éloges académiques, ou recueillis dans les archives du pays.

Si notre travail est incomplet, s'il a laissé de côté quelques, personnages dignes d'attention, nous serons très heureux qu'on veuille bien nous signaler les omissions commises.

C'est grâce à l'obligeance inlassable et sans bornes d'un vieil ami de plus de quarante ans — perlongum cevi spalium — M. le docteur M-


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Desjardins, médecin major en retraite, notre camarade d'études de Strasbourg — que de souvenirs évoque ce nom ! — et de Montpellier, que la précison nécessaire a été mise dans les détails de la carrière militaire de plusieurs de nos compatriotes qui ont appartenu d'une façon permanente ou temporaire au service de santé dé l'armée. Leurs états de service ont été relevés aux Archives administratives du ministère de la guerre. L'importance de la contribution documentaire de M. Desjardins aux pages consacrées à Bertrand de Lagresie et à la famille Gasc, a été telle qu'il en est résulté une véritable collaboration ; elles devraient être signées de son nom comme du nôtre.

Nous avons trouvé, pour notre documentation, auprès de MM. Palame, Fourastié, Lacoste et Manihabal, à la bibliothèque municipale, aux archives départementales, au bureau de l'état civil de Cahors, et aux archives de l'hôpital, l'habituelle et inépuisable complaisance, si bien informée d'ailleurs, que tous les fervents de l'histoire locale sont accoutumés à trouver auprès d'eux; à tous nous adressons nos plus reconnaissants remerciements.


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Un médecin de Joachim Murat

GUILLAUME ANDRAL . (1769-1853) .

Grand duc de Berg ou Roi des Deux-Siciles, Joachim Murat aimait à s'entourer de gens de son pays. A Naples. il avait auprès de lui plusieurs Quercynois dont trois à peu près de son âge et qui furent très probablement ses condisciples au Collège royal de Cahors, au temps où il se livrait avec plus de succès,' si on en croit, un de ses contemporains, à l'étude du billard qu'à celle des Belles-Lettres ou de la Philosophie (.1). C'étaient Agar, comte de Mosbourg, ministre des finances : Arcambal, directeur des revues et du recrutement de l'armée et de la flotte, plus tard préfet du palais ou chargé de fonctions analogues; Galdemar, maréchal de camp, puis lieutenant général au titre napolitain ; Delpon, l'auteur de la Statistique du Lot, secrétaire du Conseil d'Etat du Royaume, comme il l'avait été de celui du Grand Duché de Berg; en fin le docteur Andral, médecin de la Cour, inspecteur du service de santé des troupes et des hôpitaux civils et militaires.

Un peu avant 1769, Gabriel Andral, maître chirugien, originaire de Montfaucon, où son père Guillaume exerçait la même profession, vint s'installera Espédaillac gros bourg du Quercy, situé à 15 kilomètres de Labastide Fortânière devenue depuis Labastide-Murat. Il eut de nombreux enfants. Sept vivaient encore le 5 floréal an III. (24 avril 1795) d'après un état dressé à cette date par le Directoire du District de Figeac et contenant la liste des médecins, chirurgiens et pharmaciens susceptibles d'être requis pour le service de santé des armées (2), dont le cadre avait été-décimé par de terribles épidémies, surtout à l'armée des Pyrénées-Orientales.

Deux des fils de Gabriel Andral furent médecins : Guillaume, filleul. de son grand-père, né à Espédaillac le 27 novembre 1769 et Antoine, né le 5 octobre 1775 (3). '

(1) Vie publique et privée de Joachim Mural, etc., par M. X... (attribuée à Ant. Serieys). Paris, J.-G. Dentu, 1816, p. 5.

(2) Arch. Dép. Lof, série 4, sous série R.

(3) Reg. Etat-civil , Espédaillac.


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Après avoir, sans doute, fait ses études classiques à Cahors, Guillaume Andral alla étudier la médecine et prendre son diplôme de docteur le 21 avril 1790 (1), à la Faculté de Valence, une de ces facultés à deux ou trois professeurs, comme il en existait encore à la fin de l'ancien régime, et que les Cadurciens ne virent pas conserver sans jalousie ni protestations, quand on supprima la leur. Elles avaient pour les étudiants le très appréciable avantage de ne faire payer que de faibles droits de réception, fort lourds parfois ailleurs et notamment à Paris.

Andral pensa-t-il un moment à se fixer à Cahors? Peut-être bien ; car on l'y rencontre au mois de mars 1793, clans des circonstances pénibles pour lui.

Le 12 et le 13 de ce mois, éclatait dans la ville une émeute provoquée par les opérations du Recrutement, faites en exécution des lois clu 21 et du 24 février qui ordonnaient une levée de 300,000 hommes. Il y eut des attroupements. On poussa des cris séditieux. On chanta la complainte du ci-devant roi. La gendarmerie presque entière fut mobilisée. Des officiers municipaux se tinrent en permanence à la maison commune. La municipalité fit afficher une proclamation, dans laquelle elle flétrissait les malintentionnés, qui, quasi sous ses yeux, avaient insinué aux citoyens de s'assembler, espérant que par ce moyen « la Patrie serait privée des secours des citoyens qui devaient être élus pour marcher à sa défense ». Il était du devoir et de la gloire de tout bon républicain de venir déposer dans le Sein des magistrats les noms de ces êtres « vils et pervers », de ces « perfides ennemis de la loi et de la Patrie », qui devaient être livrés au glaive de la justice (2).

Cet appel fut entendu. Le citoyen Cazes, tambour-major de la garde nationale, fut dénoncé et arrêté' avec plusieurs autres. Il comparut le 28 mars devant le substitut du procureur de là commune. Au cours de son interrogatoire il inculpa gravement le citoyen « Andral, médecin, demeurant présentement en la présente ville, vis-à-vis l'église SaintBarthélémy ».

(1) Domange-Hubert : Annuaire-Médical, 1839.

(2) Reg. n° 2 du Corps municipal du 11 juin 1791 au 6 mai 1793, f°s 153, 1 57 158 159 et Combes : Bullet. Soc. des Etudes du Lot, t. 34, 1909, p. 80.


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Le substitut requiert incontinent la municipalité de faire amener ledit Andral, qui est interrogé a son,tour le 29 mars et, ce jour même, les officiers municipaux de la commune de Cahors mandent et ordonnent à tous exécuteurs, de mandement de justice de conduire.à la maison d'arrêt et aux gardiens de ladite maison, de recevoir le citoyen Andral.officier de sauté natif d'Espédaillac, prévenu d'attentat à la sûreté générale. Les mandats d'amener et d'arrêt ne donnent pas les prénoms du citoyen Andral, mais évidemment il s'agit de Guillaume déjà docteur en médecine depuis 3 ans âgé de 24 ans et non de son frère Antoine qui n'avait pas 18 ans et ne pouvait être médecin.

Dès le 28 mars d'ailleurs il avait été écroué au ci-dévant château, du Roi (1). Le 12 avril le tribunal criminel le maintenait en état d'arrestation avec quelques autres, en exécution de l'article 6 de la loi du 15 mars, qui ordonnait de ne statuer en pareil cas qu'après un décret de la Convention nationale, sur le compte qui devait lui être rendu (2). Il resta emprisonné, pendant 5 mois, attendant qu'on statuat sur son sort; jusqu'au 1er septembre où il parvint a s'évader (3). C'était prudent car l'accusation qui pesait sur lui était grave par le temps qui courait.

Mais 6 semaines environ après la chute de Robespierre, le 20 fructidor an 11 (16 septembre 1794) une commission du ministre de la guerre, le,nommait chirurgien.de 3e classe. à l'armée des Pyrén.Orientales (4) Il y servait jusqu'au1 floréal an IV (20 avril 1796) époque du licenciement, après la paix conclue avec l'Espagne, de cette armée qui sous Dugommier, Pérignon et Augefeau avait, gagné la bataille de la Montagne noire, pris Figuières et Roses et n'avait cessé de"« bien mériter de la patrie» comme disait la Convention. En quittant la Catalogne, Andral allait s'établir à Paris, où naissait, le 6 novembre 1797, son fils Gabriel, le futur professeur de la Faculté de médecine. . Le, 24 thermidor an vin (12 août 1800) il rentrait dans le service de santé militaire et était, attaché en qualité de médecin ordinaire — on

(1) Registre d'écrou de la maison d'arrêt de Cahors, du 16 mai [792 au 24 pluviôse an V, 13e feuillet.

(2) Arch. du greffe du Tribunal de 1er Instance de Cahors: Tribunal criminel, reg. n° 2, fol. 121 et suiv.

(3) En marge du Reg. d'écrou.

(4) Arch. admines du Minre Guerre : Dossier d'Andral, d'où sont tirées toutes les indications concernant.ses services militaires.


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dirait aujourd'hui médecin major— aux hôpitaux de l'armée rassemblée au camp sous Amiens, sous les ordres de Murat, et composée d'une forte division de 9 à 10.000 hommes, en grande partie fournis par les compagnies de grenadiers des demi-brigades de l'Intérieur.

C'était le noyau, d'une future armée dite d'Angleterre, qui devait se rendre sur les côtes, si les Anglais opéraient un débarquement et servir de réserve à l'armée d'Augereau réunie en Belgique et en Hollande.

Le 15 thermidor an VIII (3 août 1800) (1) Murat était avisé qu'il devait en prendre le commandement; le 12 août Andral recevait sa nomination de médecin ordinaire et dès le 22 il avait quitté Paris. A partir de ce jour, son existence allait être mêlée à celle de Murat jusqu'en 1815.

Les troupes rassemblées sous Amiens devenaient le 9 brumaire an ix (20 novembre 1800) le Corps d'observation du midi. Murat le conduisit en Lombardie. Il y constituait le soutien de l'Armée d'Italie qui devait concourir, sous les ordres de Brune, à l'ensemble des opérations qui se terminèrent par la victoire de Hohenlinden.

Le quartier général de Murat occupa successivement Milan, Ancône et Florence, où il fut fixé pendant un assez long temps. Après la paix de Lunéville, le Corps d'observation devint l'armée d'observation, qui comprenait toutes les troupes cantonnées en Italie; Andral en suivit la

destinée,

De Florence, Murat, mis à la tête de cette armée,écrivait au Ministre de la guerre-le 15 ventôse an IX (6 mars 1801) et le 8 floréal (28 avril) au sujet de son organisation (2). Il lui manquait, disait-il, nombre d'officiers et de fonctionnaires, dont un ordonnateur, un médecin et un chirurgien en chef. En attendant ces désignations, une commission provisoire de l'ordonnateur en chef intérimaire confiait à Andral les fonctions de médecin en chef qu'il remplissait du 17 ventôse an IX (8 mars 1801) au 26 floréal an X (10 mai 1802). Il reprit à ce moment son grade de médecin ordinaire et fut attaché aux troupes françaises stationnées dans le nouveau royaume d'Etrurie, récemment constitué par la réunion des duchés de Parme et de Toscane.

(1) Prince Murat et Paul Le Brethon : Lettres et documents pour servir à l'histoire de Joachim Mural. Paris, Pion Nourrit, 1908-1910,1 1, lettre n° 264, p. 214.

(2) Lettres de Mural, éd. Murat-Le Brethon, t. 1, L. n° 458, p. 371.


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Andral était à peine médecin en chef que des difficultés s'élevèrent entre lui et le commissaire ordonnateur, comme ils'en éleva tant pendant la Révolution et l'Empire entre les administrateurs et les médecins et les chirurgiens militaires.

Par la lettre suivante, Murat fixa avec précision, les devoirs et les droits des uns et des autres.

Murat à l'ordonnateur Michaux (1).

Florence 22 floréal an IX (12 mai 1801).

« Aux termes de l'arrêté .des Consuls du 14 thermidor an VIII, citoyen ordonnateur, le médecin en chef est seul chargé de la répartition des officiers de santé qui lui sont subordonnés ; c'est lui qui doit fixer leur destination, comme seul capable de juger où leurs talents et leurs, connaissances peuvent les rendre les plus utiles. Le citoyen Bacquéris (2) est donc à là disposition du citoyen Andral, et vous vous êtes trompé, lorsque vous avez cru que ce dernier, en lui donnant des ordres avait empiété sur votre autorité. Après avoir recommandé au citoyen Andral. de mettre dans ses relations avec vous toute la mesure convenable, je vous engage à reprendre votre correspondance avec lui — (on voit que les choses étaient allées loin) — et à retirer les ordres, que vous avez donnés à ses subordonnés. ».

Il y a là la démonstration de l'accès facile et de l'appui qu'Andral trouvait auprès de son général en chef, qui l'employait quelquefois comme intermédiaire dans ses relations avec sa famille ; car dans une lettre écrite le 26 floréal an IX (16 mai 1801) à son très intime ami Bastit, de Labastide, et futur député du Lot en l'an XII Murat lui dit en post-scriptum « Andral à dû vous écrire au sujet de ma nièce; je vous laisse le maître, de terminer cette affaire; j'approuve d'avance tout ce que vous ferez pour cela ». (3)

Ses fonctions de médecin en chef retenaient Andral à Florence. Il y devint le médecin de Caroline Murat qui arriva dans, cette ville le 6 mai 1801 et y séjourna jusqu'à la fin d'août.

(1) Lettres de Mural, éd. Le Brethon, T. 1, L n° 458, p. 571.

(2) Ce n'est pas Bacqueris, mais Bagneris qu'il faut lire. Bagneris, Jean-Basile, 1766 1832, plus tard médecin en chef de l'hôpital de la Garde royale (Gros Caillou) et des Invalides, fit partie de l'armée d'Italie du 26 brumaire en vu au 14 juin. 1806 (Arch. administ. ministère guerre, dossier Bagneris). '■

(3) Lett. de Murat, même édit., t. 1. L. n°, 478 p. 388.


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C'est pendant qu'il était à l'armée d'Etrurie que vint le chercher sa nomination en date du 12 frimaire an XII (21 novembre 1803), au poste envié de médecin en chef, adjoint au médecin en chef des Invalides, dont le titulaire était le vénérable Coste, premier médecin des armées, membre du conseil de santé.

Rentré à Paris le 16 thermidor an XI (5 août 1803) au moment d'être relevé de son commandement de l'armée d'Italie, le beau-frère du premier consul qui allait être nommé le 24 nivose an XII (15 janvier 1804), gouverneur de Paris, avait hâte d'y ramener le médecin de' sa femme auquel il avait voué une amitié née évidemment sur les bancs du collège.

Sa correspondance en fournit le témoignage à quelques mois d'intervalles.

Le 14 floréal an XIII (24 avril 1805), il écrit (1) au ministre des finances Gaudin pour le prier de nommer surnuméraire au ministère M. Charles Andral. « Il est le frère du docteur Andral, médecin de Madame Murat et de sa maison (le Gouverneur de Paris a déjà des façons de prince), qui possède depuis longtemps mon estime et mon attachement et que je désire beaucoup obliger dans cette circonstance... Permettezmoi de vous faire observer que cette recommandation n'est point l'effet d'un intérêt ordinaire et que je regarderai comme un service personnel la faveur que je sollicite de votre obligeance ».

Charles-Andral fut placé à la caisse d'amortissement. Le 5 mars 1806, Murat intervenait encore en sa faveur (2) auprès du directeur, le: conseiller d'état Bérenger. « Je serais d'autant plus flatté de lui être utile que j'obligerais en même temps le docteur Andral, médecin de ma maison auquel je porte depuis longtemps beaucoup d'intérêt et d'affection ».

Aussitôt que Murat est fait grand duc de Berg, Andral, fait partie de la maison de son A. L, la grande duchesse, et figure sur l'almanach Impérial de 1807, comme son médecin ordinaire. Corvisart en était le premier médecin.

Deux ans après, le 8 février 1809, il quittait les Invalides pour passer au service de Naples, comme médecin en chef de là garde royale. Une

(1) Let. Mural, t. III, L. n° 1944, p. 402.

(2) Let. Murat, t. IV, L. n° 2272, p. 172.


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tardait pas à être appelé aux hautes fonctions d'inspecteur des hôpitaux civils et militaires du royaume.

Au moment où-Murat se séparait de Napoléon et par les traités de janvier 1814 se rapprochait, plein d'illusions singulières et inexplicables, des Autrichiens et des Anglais, l'Empereur, par l'intermédiaire du vice-roi d'Italie ordonna à tous lés Français de quitter le service napolitain ; Andral ne répondit pas à cet ordre.

Dans les derniers mois de 1814, il fit un voyage en France et se trouva un moment mêlé à des événements qui eurent alors un grand retentissement. Le mécontentement et l'opposition au gouvernement de la première Restauration étaient considérables. Tout faisait soupçonner l'existence d'une conspiration militaire et les sentiments bien connus des officiers en demi-solde et même de beaucoup d'autres étaient une inquiétude pour le pouvoir.

En octobre 1814, Louis XVIII; remplaçait au ministère de la Guerre, Dupont discrédité à la suite d'une accusation de prévarications, par Soult, dont la fermeté lui était connue et qui. avait pris l'engagement de rétablir promptement la discipline. Soult faisait soigneusement surveiller les officiers suspects et principalement les généraux.

Le résultat de cette surveillance fut l'arrestation d'Andral. D'après Henry Houssaye « à la fin du mois de novembre, le docteur Andral, médecin de la Cour de Naples, passant à Paris, le général Exelmans, ancien: aide de camp de Murat lui confia une lettre pour ce roi. Sur l'ordre de Beugnot, ministre de la police, instruit qu'Andral avait toute une correspondance pour Naples, celui-ci fut arrêté à Nemours. -On saisit dans ses papiers la lettre d'Exelmans et bien qu'elle ne contint que des félicitations, des voeux et de vagues offres de service, on s'en émut aux Tuileries (1) ».

Après la découverte de sa lettre Exelmans eut avec le ministre de la guerre une discussion des plus vives, à la suite de laquelle il fut gardé à vue dans son hôtel. Il parvint à s'évader, unis traduit devant un conseil de guerre réuni à Lille, il se constitua prisonnier et finalement fut acquitté.

Il semble qu'Andral put bientôt regagner son poste malgré -son arrestation ; car le 8 février 1815, il remettait sa démission entre les

(1) Henry Houssaye, 1815, Paris, Perrin et Cie, 1898, p .80 et suivantes.


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mains du ministre de la guerre Napolitain. C'était pour obéir, a-t-il dit plus tard, à une ordonnance de Louis XVIII, de décembre 1814, prescrivant à tous les français employés à l'Etranger de rentrer dans le royaume dans un délai déterminé sous peiné de la perte de leurs grades,, fonctions et droits.

Il rentra en Fiance sans tarder, mais ne fut pas employé dans l'armée Impériale pendant les Cent jours c'est-à-dire du 20 mars au 1er juillet 1815. Lors du licenciement général de cette armée, un grand nombre d'officiers ou de fonctionnaires militaires profitèrent de dispositions transitoires pour solliciter leur retraite qu'il préféraient à la non activité : Andral fut de ceux-là.

Le 6 octobre 1815, sa demande de mise à la retraite était adressée au ministre de la guerre. Il la motivait par l'existence d'infirmités, qui le mettaient, croyait-il, hors d'état de rester au service : Surdité habituelle de l'oreille gauche et douleurs goutteuses fixées, au pied du même côté. Arcambal intervint, en sa faveur, auprès de son ancien collègue, l'Inspecteur aux revues, chargé de la liquidation des.pensions. S'appuyant sur leur vieilles et cordiales relations, li lui écrivait le 23 janvier 1816, en insistant fortement pour que la situation d'Andral « son ami depuis longtemps ' fut réglé le plus favorablement qu'il était possible. Au mois de mai 1816, sa pension était liquidée sur le pied de celle d'un médecin principal et non d'un médecin Inspecteur, grade dont il avait été titulaire à Naples pendant 5 ans. D'après la circulaire ministérielle du 13 septembre 1815, il lui aurait fallu avoir, avec cinq ans d'exercice du grade, 18 ans de service effectif; or, ses états de service furent arrêtés à 16 ans 1 mois 6 jours passés pour la plus grande part en campagne ou à l'étranger.

Dès ce moment, Andral ne quitta plus Paris ou il exerça très dignement la médecine pendant près de 40 ans encore. On peut juger de sa situation dans le monde par ce lait que son fils épousa une fille de Royer Collard. Longtemps il demeura rue Saint Lazare, n° 104 ou 106, suivant les variations de la numération des maisons (1).

Sa réputation médicale était assez solidement établie pour que, peu. de temps après la fondation de l'Académie de médecine en décembre

( 1 ) C. Sachaile (de la Barre) .: Les Médecins de Paris jugés par leurs oeuvres, Paris, 184;. — Domangc, Hubert: Annuaire médical, 185 1849, Mémoires de l'Académie de Médecine Listes et adresses des membre , 1840- 1854.


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1820, il fut nommé membre honoraire dans la section de médecine, le 16 avril 1823. L'Académie comprenait 3 sections : médecine, chirurgie et pharmacie qui se réunissaient isolément une fois par semaine et ensemble une'fois par mois. En 1829, les trois sections furent fusionnées en une seule classe et la.savante compagnie divisée en onze sections qui : existent encore. Andral comptait ..dans la deuxième, celle dePathologie Médicale, où il eut pour collègue, durant de longues années, son fils Gabriel (1).

Il fut médecin consultant de Charles X. Après 1830, Louis-Philippe réorganisa et réduisit le service médical de la personne et de la maison. qui sous la Restauration comptait un très grand nombre.de médecins, de chirurgiens et de spécialistes. Andral y fut remplacé par son fils dont les succès éclatants et le grand mérite lui firent éprouver les plus vraies et les plus vives jouissances.

G. Andral était depuis le commencement du xixe siècle membre de la Société Médicale et de la Société d'Émulation de Paris et depuis son séjour en Toscane de l'Académie des Georgophiles de Florence (2).

Il mourut à Paris à la fin de janvier 1853. Il était alors officier de la Légion d'honneur et Commandeur de l'ordre des deux Siciles (3). Toujours modeste, il désira qu'il ne fut pas prononcé de discours 'sur sa tombe et les bulletins de l'Académie de Médecine ne contiennent que l'annonce de sa mort faite par le Président dans la séance du 1er février.

Si Guillaume Andral fut un praticien des plus estimés de sa clientèle et de ses confrères, ce ne fut pas un écrivain-; on ne connaît de lui que des « recherches sur l'ictère ».

(1) Mémoires et Bulletins de l'Académie de Médecine, pa sim.

(2') Arch. admin Minre Guerre : Dossier Andral.

(3) Caffe, Journal des connaissait des médico chirurgicales, 185 2-1 85 3, page 300, courte note à propos de sa mort.


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Il semble utile et intéressant d'ajouter ici quelques renseignements sur quelques membres de la famille Andral, qui nés dans le Lot ou fils d'originaires du Lot ont acquis ou la célébrité ou la notoriété.

Gabriel Andral, fils de Guillaume, né à Paris le 6 novembre 1797, mort à Châteauvieux (Loiret) le 13 juin 1876, fut un des plus illustres professeurs delà faculté de médecine de.Paris au xixe siècle.. Professeuragrégé après un brillant concours en 1823, professeur d'hygiène en 1828, à 31 ans, de Pathologie interne en 1830, de Pathologie et de Thérapeutique générales, à la mort de Broussais en 1839, il fut membre., de l'académie de médecine dès 1824 et de l'académie des sciences en

1843

Sa clinique médicale, ses travaux d'Hématologie pathologique faits en collaboration avec Gavarret firent sensation à leur apparition. Ses traités de Pathologie interne, de Pathologie générale et d'Anatomie pathologique furent immédiatement classiques.

Andral, Charles, Guillaume, Paul, fils du précédent, né à Paris en juin 1828, fut attaché en 1849 au cabinet de Mr de Falloux, ministre de l'Instruction publique, puis avocat au barreau de la Seine. En mars 1871, Thiers le nomma préfet de la Gironde. Conseiller d'Etat élu par l'Assemblée nationale en 1872, vice-président du Conseil d'Etat à la mort d'Odilon Barrot le 6 août 1873, il donna sa démission le 1 février 1879. Il est mort à Paris le 19 décembre 1889 (1).

Andral, Antoine, frère de Guillaume, né à Espédaillac le 5 octobre 1775, fit ses études à l'Ecole de Médecine de Paris, où il fut membre de la Société médicale. Il servit quelque temps comme chirurgien de 1er classe aux armées, avant de rentrer au début du XIXe siècle dans son village natal, où il exerça la médecine jusqu'à sa mort survenue en 1855 (2).

(1) Grands Dictionnaires Encyclopédiques.

(2) Etat-civil d'Espédaillac . Certificat de réception devant le Jury médical du Lot, Arc. Dép. Lot., M. 255.


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Il eut deux fils dont l'aîné Jean-Pierre-Gabriel, né le 12 février 1803 remplit pendant de longues années, entré: 1828 et 1854, les fonctions d'ingénieur ordinaire et d'ingénieur en chef dans le département.

Chargé de la direction du service de la navigation du Lot pendant 9 ans, il a beaucoup fait pour rendre cette rivière navigable. L'établissement des chemins de fer a depuis beaucoup diminué l'importance de ses,travaux; mais la ville de Cahors devra toujours se souvenir qu'il dirigea de 1834 à 1840 là construction du pont Louis-Philippe et. qu'au conseil municipal, où la confiance de ses Concitoyens l'avait appelé, il fut le rapporteur des commissions dont les travaux ont abouti à l'organisation qui existe encore, du service des eaux de la ville (1).

Le second fils d'Antoine Andral, Guillaume-Antoine fut interne des hôpitaux de Paris en 1828, et plus, tard prosecteur de la Faculté. Il mourut jeune vers 1835 (2).

(1) Arch. de l'Admon des Ponts et Chaussées, Annuaire du Lot.

(2) Lettre de M. le Dr Léon Andral, de Luchon, fils de Jean-Pierre.Gabriel, que nous prions de vouloir bien agréer tous nos:remerciements,


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DE LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDES DU LOT

PENDANT LE 1er TRIMESTRE DE 1912

Séance du 8 jnnvier 1912 Présidence de M. Comburieu, président semestriel

Elaientprésenls: MM. Combes, Saint-Marly, Bergougnoux, Maratuech, Daymard, Gary, Girma, Seguy, lieutenants de Chomereau et Tournié, Rames, Paumes.

M. le Président remercie ses confrères de l'honneur qu'ils lui ont fait en le rappelant à la Présidence. Il reste toujours dévoué à la Société dont il fut un des plus fervents fondateurs. Il aurait bien désiré rester dans le rang des fidèles, car,malgré son bon vouloir,il craint de manquer à l'assiduité rigoureuse ; mais il se rassure en pensant que son collègue de l'année, M. l'abbé Viguié, aussi dévoué et plus jeune, fera oublier ses manquements, qui, s'ils se produisent, seront toujours involontaires.

M. Rames, tiesorier, expose minutieusement l'état financier de notre Société. Les membres présents remercient M. Rames de son dévoûaient et de ses soins scrupuleux.

M. Daymard signale la publication par l'Escolo Carcinolo de Montauban, chez Masson, libraire de cette ville, d'un beauvolume contenant les oeuvres du regretté Aug. Quercy, natif de La Française « Camrosos carcinolos ». Le volume porte la photographie du buste du poète par Bourdeilles, une préface de Gabriel Laforgue et un estampel en langue romane par Antonin Perbosc.

Il signale aussi le livre de notre compatriote, le marquis de Calmon-Maison sur l'amiral d'Estaing, le héros de la guerre de l'Indépendance Américaine qui naquit à Estaing, dans la vallée du Lot.

Au nom de M. l'abbé Foissac, M. Daymard présente MM. les abbés Ville, curé de St-Michel-de-Bannières et Born, professeur au petit séminaire de Gourdon qui désirent faire partie de notre Société, à titre de membres correspondants. M. Saint-Marty présente aussi M. Bosc, instituteur.


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M. Séguy expose que M. Georges, d'Esparbès, l'auteur bien connu de la.Légende dé l'Aigle, du Roi, de la Grogne et d'autres récits héroïques, se propose de venir à Cahors. La Société ne pourrait-elle pas profiter de sa venue pour le prier, de faire une conférence publique sur son sujet préféré ? L'éminent écrivain consentirait à donner généreusement son talent pour une oeuvre de bienfaisance.

La Société accepte cette proposition et remercie d'avance M. G. d'Esparbès. Elle décide qu'elle organisera, pour le 8 février prochain, au Théâtre municipal, une conférence payante au profit des pauvres de la Ville. Elle décide aussi de s'assurer le patronage de M. le Maire et de M. le Colonel Rein.Il auxquels elle demandera d'accepter la Présidence d'Honneur. Une Commission est nommée pour faire les démarches nécessaires et régler tous les détails de l'organisation.

M. Combes continue la lecture de ses Analyses des registres-de la commune de Cahors pendant la Révolution. Il en est au milieu de l'année 1798.

Séance du 22 janvier 1912 Présidence de M. Conibarieu, président semestriel

M. le Secrétaire général rend compte des publications reçues. Il signale notamment dans la Revue du Traditionnisme un article sur Olivier de Magny ' suggéré,par le projet de monument dont on s'occupe avec activité ; dans la Revue de la Haute Auvergne, un article relatif aux prêtres du Cantal, déportés pendant la Révolution parmi lesquels se trouvait le curé de Saint Germain de Bel- Air, François Besson, dont on ignore encore le lieu d'origine ; (on peut ajouter à la liste de la Revue le nom de Pierre Guillaume Escalier, Récollef de la maison de Saint Céré, et qui était originaire dé SalerS) ; enfin dans le Bulletin des vieux papiers une causerie dû docteur Daymard sur les uniformes de Napoléon, d'après le journal des comptes courants du tailleur de l'Empereur.

M. Paumés et M, Séguy rendent compte des démarches qui on tété faites à l'occasion, de la conférence que M Georges d'Esparbès doit faire, sous les auspices de la Société des études, sur les Grognards du premier Empire. Monsieur le Maire a mis à titre gracieux la salle du théâtre à la disposition de la Société, avec l'éclairage nécessaire. La Société des études adresse ses remerciements à M. le Maire et décide que sur les affiches qui annonceront la conférence on ajoutera « au profit


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des pauvres et des ouvriers sinistrés ». Elle remercie également M. le Maire et M. le colonel Reibell d'avoir bien voulu accepter la présidence d'honneur de celte conférence.

M. Bosc, instituteur communal à Cahors, MM. les abbés Ville et Born, présentés à la dernière séance, sont élus membres de la Société des éludes du Lot, le premier comme membre résidant.

De nouveaux membres sont présentés sur l'admission desquels on votera la prochaine fois, suivant l'usage. Ce sont MM. Albert Cugnac, juge au tribunal, présenté par MM. Albe et Grangié ; Redon, avocat, demeurant à Tour de Faure et Palame, bibliothécaire de la ville présentés par MM. Crudy et Paumes ; Garric, commis principal des postes et télégraphes, Hélias, principal du collège de Moissac, présentés par MM. Combarieu et Paumes; Lherm, instituteur communal à Mayrinbac-Lentour, présenté par MM. Paumés et Saint-Marty.

M. Grangié donne lecture de l'agréable pièce de vers qu'il a composée en réponse aux vers latins que nous a envoyés, pour le premier de l'an, la Société archéologique du Tarn et-Garonne. M. Paumès remet sur le bureau un petit travail de notre compatriote, M. Alphonse Roux, de Puy-l'Evèque, là monographie du château d'Anet, dans la collection artistique de l'éditeur Laurens.

M. le capitaine Soulages fait connaître quelques extraits d'un pamphlet russe paru en 1813 (ce qui explique le ton acerbe et violent) et publié dans les Feuilles d'histoire de M. Chuquet ; les notes relatives à Joachim Murat et au maréchal Bessières (celle-ci moins exagérée) sont particulièrement intéressantes pour nous.

M. le lieutenant de Chomereau; continuant son travail sur l'organisation du Quercy, au point de vue militaire avant la Révolution, nous parle aujourd'hui des milices et nous fait connaître nombre de détails curieux sur leur formation, leurs exercices, leur suppression provisoire et leur rétablissement, leur fusion enfin dans la garde nationale.

M. Albe communique une demande du groupement parisien dit la Grappe du Quercy au sujet de notre bulletin. On décide de l'envoyer un an à titre gracieux pour faire mieux connaître la Société des Etudes, et lui amener de nouveaux adhérents.

Le même donne lecture d'un mémoire trouvé à Auch, aux Archives départementales du Gers, dans lequel les Cordeliers de Cahors font une réclamation au sujet de leur droit de présenter un candidat aune des chaires de théologie de l'université, réservées toutes les quatre aux


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quatre Ordres mendiants qui existaient en ville ; Cordeliers, Augustins, Jacobins et Carmes. On voit dans ce mémoires rédigé entre 1750 et 1751, que la chancellerie de l'université était restée dans le couvent des Cordeliers, de Cahors jusqu'en 1613, où elle fut transférée dans le cloître de la Cathédrale et que la cloche de la dite université fut transportée vers cette époque au clocher de la même cathédrale. Le mémoire se, termine par une liste des professeurs de théologie du couvent des Cordeliers depuis la fondation de l'Université jusquà sa suppression, liste d'ailleurs bien fantaisiste pour tout le XIVe siècle.

19 I 2

REPONSE AUX VOEUX DE LA SOCIÉTÉ DE MONTAUBAN

Quand l'an nouveau s'en vient, il comble de joujoux Les enfançons ; pour eux c'est la date jolie Entre toutes... Ce jour est moins exquis pour nous : Le présent qu'il nous fait, c'est la mélancolie !, Nous la trouvons nichée, en ce premier matin, Au creux de l'oreiller où l'aube nous éveille ; Et les chants sans gaieté du poète latin, Que vous nous rappelez, obsèdent notre oreille : « L'heure fuit ; l'an s'en va ; tout meurt jusqu'au rocher ; « A la loi du Destin nul effort ne résiste !» - Mille porteurs de voeux ont beau nous approcher, Sous leurs couplets joyeux le dur refrain persiste... Au bouquet de mes vers rôde ce papillon... Mais vous indiquez comment, on s'en délivre... Le laboureur oublie, en creusant son sillon, Le souci de demain... Oui, lorsque s'a main livre A.la glèbe, d'un geste auguste, le bon grain, Il jette aussi, dans son propre coeur, la semence De l'espoir ! Notre effort bannira le chagrin,'

O notre soeur, des jours de cet an qui commence ! Suivant vos doux conseils, ensemble nous irons Poussant notre charrue aux guérets de l'Histoire ; Ainsi de nos grands morts s'augmentera la gloire Et les mornes p.ensers-déserteront nos frants !

E. GRANGIÉ, 5


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Séance du 5 février 1912 Présidence de M. Combarieu, président semestriel ..

Etaient présents : MM. Bergougnoux, Billères, Bosc, Combes, Crudy, Daymard, Depeyre, Gary, Girma, Gisbert, Grangié, Maratuech, Paumès, Rames, Saint-Marty, Tourné, Albe.

M. le Secrétaire général dépose les publications reçues et relève quelques détails intéressants dans le Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin ; dans le Ruscino, nouveau bulletin historique du Roussillon ; dans les Annales du midi qui font le compte-rendu des travaux parus dans notre Bulletin etc. L'on procède ensuite à l'élection des nouveaux membres : MM. Cugnac, Garric et Palame sont élus membres résidants ; MM. Hélias, Lherm et Redon membres correspondants. D'autres sont proposés : M. Lacaze, avocat à Cahors, par MM. Combes et Paumès ; M. Lacosse, ancien avoué à Cahors, par MM. Billières et Daymard ; M. Lamoure, instituteur communal à Cahors, par MM. Paumès et Saint-Marty . Le vote est renvoyé, selon les statuts, à la prochaine séance.

On règle quelques détails pratiques relativement à la conférence de M. Georges d'Esparbès ; on en prévoit sans peine le succès, car toutes les places du théâtre ont été retenues. M. Paumès est désigné pour présider le bureau en cette circonstance et pour présenter le conférencier.'

M. Depeyre fait hommage à la Société d'un exemplaire du tirage à part de son étude sur la défection de Murat, la mission de Fouché (décembre 1813-mars 1814) d'après l'ouvrage de M. H. Weil sur le prince Eugène, et Murat. La Société remercie M. Depeyre.

M. Crudy nous intéresse vivement par la lecture de nombreux fragments du journal d'un bourgeois de Bégoux, Michel Célarié, né vers 1754, dont les souvenirs évoquent successivement devant nous tout à la fois les menus détails de la vie campagnarde à la fin de l'ancien régime et les événements politiques qui annoncpnt le grand mouvement de la Révolution.


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Séance du 19 février 1912

Présidence de AI. Combarieu, président semestriel

Etaient présents : MM. Bergongnoux, Billères, Bosc, Crudy, Cugnac, Depeyre, Daymard, Foissac, Gary, Girma, Gisbert, Maratuech, Martin, Rames, Saint-Eloi, Tourné, Valat, Albe.

M. Rames, trésorier, donne le compte-rendu financier de la conférence de M. Georges d'Esparbès sur les Grognards de Napoléon: tous frais payés il reste 213,55 de bénéfice dont la répartition est confiée au Conseil d'administration.

M. Girma dépose, au nom de M. le docteur Léon Daymard, les tirages à part de ses deux conférences sur les vieux chants populaires de la France et sur les uniformes de Napoléon 1er.

On procède ensuite à l'élection, de trois nouveaux membres présentés à la dernière séance : MM. Laca e, Lacosse et Lamoure sont élus membres résidants:

M. Depeyre signale dans un livre déjà ancien de M., Wazilewski sur Pierre le Grand un détail curieux qui montre quelle était jadis la réputation de nos vins : le célèbre tzar, grand buveur comme on sait, dut soigner son estomac fatigué en employant des vins du Médoc et de Cahors. On ignorait généralement jusqu'ici que nos vins eussent pénétré.si loin. M. Depeyre veut bien encore analyser 1 a très interessante conférence que M. de Monzie avait faite la veille, au profit des ouvriers sinistrés sur Blanqui prisonnier, à Cahors. En réalité M. de Monzie a fait passer sous les yeux toute la vie de Blanqui, lequel fut presque toujours prisonnier ; on a peu de chose en'effet sur son séjour en notre ville : son arrivée même, après son arrestation à Brelenoux (mars. 1871) chez son neveu Lacambre, ne fit aucune impression, et un seul journal de Cahors la mentionne. Mais cela n'a pas empêché le public qui se pressait air théâtre d'écouter avec un vif intérêt toute la conférence et d'applaudir avec enthousiasme le conférencier, La société des Etudes remercie M. Depeyre et envoie ses meilleures félicitations à Mi. de Monzie, qui n'est pas seulement pour nous le député de Cahors, mais un collègue.

M. le commandant Saint-EIoi communique une bonne photographie de la stalle de l'abbesse de Leyme, travail remarquable de la fin du XVIIe siècle.


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M. Albe lit quelques lettres d'une longue correspondance adressée par M. de Lachèze-Murel, député à la Constituante, à ses commettants de la sénéchaussée de Gourdon. Cette correspondance serait plus intéressante pour nous si, au lieu de se borner à.enregistrer au jour le jour ce qui se ■passait, elle nous faisait pénétrer davantage dans la personnalité de notre auteur, si elle nous faisait mieux connaître les idées et les actes des députés quercynois. La copie, d'ailleurs incomplète, de ces lettres est due à l'amabilité de M.Julien Valat, de Laforge, membre correspondant de la Société.

M. Crudy achève la lecture du journal d'un bourgeois de Bégous. On remarqué notamment dans ces derniers extraits de copieux détails sur les prix des denrées qui mont' ent qu'à la veille de 1789, ces prix n'avaient pas augmenté, tout au contraire.

Séance du 4 mars 1912 Présidence de M. Combarieu, président semestriel

Monsieur le Secrétaire général signale la belle conférence du général Roger 'sur Canrobert, dont beaucoup de journaux ont donné d'intéressants extraits. Il dépose les diverses publications reçues parmi lesquelles la Revue de l'Agenais dont le numéro de janvier-février 1912 contient la suile de l'élude de M. Marboutin sur le château de Castelnoubel et les Durfort, et la fin de l'article de M. Vacquié sur l'abbaye de Saint-Maurin dont dépendaient plusieurs paroisses de l'ancien diocèse de Cahors, et la Revue du Traditionnisme qui contient quelques mots sur le poète Auguste Quercy, l'auteur des Canrosos carsinolos auquel on élevait un buste à Montauban vers la fin de l'année dernière.

Il fait connaître que M. le maire remercie la Société des Etudes de la somme de cent francs qu'elle a attribuée au Bureau de bienfaisance de la ville sur les bénéfices de la conférence de M. d'Esparbès.

M. Albe lit un extrait que lui a communiqué M. le chanoine Camille Daux, l'historiographe du diocèse de Montauban, des Réflexions politiques, littéraires et morales sur le théâtre du chanoine de la Tour qui fut doyen du chapitre de la Cathédrale de Montauban avant 1780. Cet extrait, fort original, comme toutes les oeuvres de M. de la Tour, nous fait connaître, malheureusement d'une manière trop vague, l'histoire du théâtre à Cahors (théâtre de société et troupes de méfier) vers l'année 1770.

M. Combes continue la série de ses analyses des registres muni-


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cipaux dé Cahors pendant la période révolutionnaire (13-30 messidor an VI 1er-17 juillet 1798).

Mais le principal intérêt' de la séance de ce jour a consisté dans la lecture que nous a faite M. le docteur Bergougnoux du chapître de sa Galerie médicale du Lot. Il estimé avec raison que plusieurs de nos compatriotes, médecins ou chirurgiens, célèbres en leur temps ou restés en honneur dans le corps médical parleurs remarquables travaux, né sont pas assez connus du public quercynois, et qu'ils sont cependant une gloire, non la moindre, de notre petite patrie. Avec une patience inlassable, servie par une profonde érudition et une méthode critique des plus sûres, il a compulsé une masse de documents, de registres, d'archives, et nous a donné le résumé de ses recherches, dans un travail tout à fait neuf et qu'on louerait plus à l'aise si l'auteur n'était pas un assidu de nos séances. Le chapitre dont nous avons eu la primeur est consacré à Antoine Andral, qui fut le médecin et l'ami du roi Murat, dont il avait été le condisciple au collège de Cahors, et à son fils Gabriel Andral, gendre de Royer-Collard, professeur remarquant de la Faculté de médecine de Paris; membre de l'Académie de médecine et de l'Académie des sciences. On chercherait cependant envain le nom d'Andral dans la Biographie des hommes célèbres du département du Lot de J.-B. Vidaillet.

Les applaudissements spontanés qui ont accueilli celle lecture ont été le meilleur éloge que les membres de la Société des Etudes aient pu adresser à leur collègue.

Séance du 18 mors 1912

Présidence de M. Combarieu, président semestriel

Etaient présents : MM. Bergougnùux, Bessières, Bosc, de Chomereau, Combes,. Crudy, Daymard, Depeyre, Foissac. Gary, Girma, Gisbert, Lamoure, Maratuech, Marre, Paumes, Rames, Redon, Saint-Marty, Viguié, Albe.

M. Crudy, secrétaire général, dépose les publications reçues ; ilsignale les articles de journaux parus à propos de l'exhumation et de la reconnaissance des restes de Fénelon, et notamment l'article de l'Illustration qui a reproduit une photographie du squelette à peu près reconstitué. M. Paumes donne connaissance d'une communication d'un de ses collègues à qui ses relations avec quelques Russes ont permis de confirmer le renseignement relatif à l'introduction de nos vins en Russie :


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Encore aujourd'hui, paraît-il, le Caorskoié vino est mis, aussi bien que le Champanoskoié-vino, au premier rang des vins de France.

M. Albe lit, au nom de noire collègue, l'infatigable abbé Taillefer, curé de Cazillac près Lauzerte, une note sur l'établissement de la justice de Maraval, paroisse de Belfort (Lot), le 3 juillet 1625. par suite de la vente faite à Jean d'Escayrac, seigneur de Cayriech et de Maraval, par dame Catherine de Latour, veuve de messire Jean Hector de Roquefeuil, seigneur, et baron de Belfort, Loubejac et autres lieux. En son nom personnel M. Albe signale un fait peu connu de l'histoire des hommes de la Révolution dans notre département : c'est que, lors de la reprise du procès de Fouquier-Tinville devant le tribunal du 8 nivose an III, l'accusateur public, choisi pour remplacer Leblois, fut Antoine Judicis, de Martel, président du tribunal criminel du Lot depuis 1791, qui d'ailleurs reprit ses fonctions à Cahors quelque temps après l'exécution des principaux membres du trop célèbre tribunal révolutionnaire. L'histoire de ceux qui ont joué un rôle important, à divers titres, dans notre département pendant la Révolution n'est pas faite : elle pourrait donner lieu à des travaux d'un grand intérêt.

M. le docteur Bergougnoux nous lit le deuxième chapitre de sa Galerie médicale du Lot, consacré aux Baudus, notamment à Guillaume Baudus, médecin remarquable entre plusieurs autres de celteimportanle famille, mort en 1738 ; cette monographie, en faisant revivre la curieuse figure du personnage, a encore l'avantage de nous donner de nombreux détails concernant les usages, les privilèges et les professeurs de la faculté de médecine de Cahors à la fin du dix-septième siècle et au début du dixhuitième ; elle complète sur quelques points l'excellente thèse de notre compatriote, M. Lafeuille.

M. Daymard lit une courte élude, faite sur un ancien curé de Saux (canton de Montcuq) par M. Guillamon qui publiait récemment dans la Revue de l'Agenais l'intéressante correspondance du chevalier de Cossaune. La correspondance de l'abbé Colombie, curé de Saux au moment de la Dévolution, réfugié en Espagne pendant la tourmente, mort en 1805 chanoine de Cahors, n'offre pas tout à fait le même intérêt, car elle fait défaut pendant la période la plus grave delà vie du personnage. Il y a cependant d'assez curieux détails sur le curé lui-même et sur ses amis, les de Gozon, les de Ferrussac, les de Ladoux, le maréchal de Valence Timbrune, seigneur de Ferrières. Ce dernier doit être l'objet d'un travail plus considérable dont les études parues jusqu'ici permettent d'augurer un très grand bien.




Analyse des Registres Municipaux de la commune de Cahors

(Suite) — L'Administration du Département est priée de prendre le présent arrêté en grande considération, l'anniversaire du Dix août devant être célébré le 28 thermidor (15 août).

26 thermidor an III (13 août 1795). — CORPS MUNICIPAL. — Proclamation et arrêté relatifs à l'exercice du culte. — Des mouvements, causés par l'intolérance, ont troublé la tranquillité publique. Les législateurs riront pas voulu de religion nationale exclusive; pourquoi ne pas tolérer celle dont- les dogmes n'ont rien de contraire aux devoirs du citoyen?.

Le Corps municipal, considérant que, d'après les lois du 3 ventôse et du 11 prairial, chacun est libre d'exercer le culte dans sa maison, pourvu que la tranquillité publique ne soit pas menacée ; que les agitations qui ont eu lieu ont été provoquées par l'éclat que quelques particuliers voulaient donner au culte ; que lé Corps municipal doit exercer une surveillance active sur les réunions et ceux qui pourraient les troubler ; arrête :

1. — Les personnes chez qui le culte se célèbre donneront le nom de celui qui l'exerce..

2.— L'heure de la célébration est fixée" à dix heures dans toute la commune.

3. — Ceux qui contreviendront au présent arrêté seront rendus responsables du mal qui pourra arriver, et punis.

4. — Le présent arrêté sera imprimé, affiché et adressé aux administrateurs du Département.

4 fructidor an III (21. août 179.5). — CORPS MUNICIPAL. — Lettre des prêtres insermentés bu rétractés de la commune de Cahors. Dans leur préambule, ils affirment leur ferme intention de ne jamais troubler l'ordre public et de vivre soumis au gouvernement « en tout ce qui n'est pas contraire à la foi, à la morale, à la discipline et à la hiérarchie de l'Eglise catholique, apostolique et romaine ». Ils espèrent que leur déclaration aura le même succès que -celles qui ont été adressées à des représentants du peuple dans divers départements et qu'elle leur permettra de jouir du libre exercice du culte.

Dans la déclaration qui suit, considérant qu'ils peuvent faire dans l'acte de soumission des restrictions non interdites par la loi ; que la liberté des cultes et des opinions religieuses est garantie par la Déclaration des droits de l'homme ; que cet acte de soumission, concernant seulement les objets civils, ne peut les obliger à communiquer spiri-


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tuellement ou à avoir des temples communs, soit avec des prêtres

assermentés, que les soussignés persistent à regarder comme séparés

de leur communion, soit avec des ministres d'aucun autre culte ; qu'il

ne peut en résulter aucun trouble pour l'ordre public ; ils.déclarent

que, sous la réserve expresse de tout ce qui concerne la foi, la morale,

la discipline et la hiérarchie de l'Eglise catholique, apostolique et

romaine, ils vivent soumis aux lois purement civiles de la République

et en requièrent acte.

Suivent les signatures : Lacoste, Lacoste-Beaufort, Bècave, Boyé,

Calmette, Talayssac, Boissière, Lalbenque, Bergonhious, Teyssendiér,

Lugan, Lassërne, frère Ambroise Aubrée prêtres insermentés ;

Albouys, Boudon, Durand, Deltheil, Pégourié, Lafaurie, Pechberty,

Dellard.t prêtres rétractés.

Le Corps municipal, considérant que le projet de déclaration ci-dessus est contraire à la loi du II prairial dernier, laquelle n'admet ni •restrictions ni extensions ; que les auteurs de ce projet, en considérant les prêtre assermentés comme séparés de leur communion et en faisant .des réserves expresses sur tout ce qui concerne la discipline et la hiérarchie de l' Eglise romaine, paraissent avoir des vues dont l'effet pourrait troubler la tranquillité publique, arrête : qu'il n'y a lieu à délibérer sur la présente pétition ; — qu'il ne sera délivré d'acte de soumission aux lois de la République qu'aux prêtres qui viendront individuellement faire leur déclaration de soumission pure et simple et la signeront sur le registre; —que la présente délibération sera communiquée aux corps administratifs supérieurs et au Comité de sûreté générale.

5 fructidor an III (22 août 1795). — CORPS,MUNICIPAL.— Plusieurs .prêtres qui n'ont pas fait leur déclaration de soumission aux lois ayant

demandé des permis pour sortir de la commune, pour des raisons

d'affaires ou de santé, le Corps municipal rejette leur demande, leur .présence hors de la commune pouvant troubler la tranquillité publique. 5 fructidor an III (22 août 1795). — LE CORPS MUNICIPAL arrête qu'on publiera demain dans les endroits accoutumés la lettre du Comité de

législation- et l'arrêté du département relatifs au libre exercice des

cultes.

6 fructidor an III (23 août 1795). — CORPS MUNICIPAL. — Procèsverbal constatant que la lettre du Comité de législation et l'arrêté du

Département ont été lus, en présence du. Corps municipal, d'un


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piquet de la compagnie des Vétérans et du peuple assemblé, sur la place de la Révolution et ensuite dans les autres lieux accoutumés.

6 fructidor an III (23 août 1795) (1); — Procès-verbal signé de deux officiers municipaux qui se sont rendus, à 3 h. 1/2 du soir, chez l'a citoyenne Marie Dellard, marchande à La Barre, où on disait que se tenaient fréquemment des assemblées illicites pour la célébration du culte. Dans une chambre, ils ont trouvé un autel garni et environ 50 personnes dont une partie récitait le rosaire. Ils ont vu aussi un chapeau que la citoyenne. Dellard a déclaré appartenir à son frère, prêtre rétracté. Aux questions qui lui ont été posées, elle a répondu que son frère avait dit la messe à 5 heures du matin et que, seules, lés personnes de la maison y avaient assisté.

6 fructidor an III (23 août 1795). — Procès-verbal signé de trois officiers municipaux, instruits qu'il y avait un rassemblement considérable à la chapelle de l'Ermitage, ils se sont dirigés de ce côté, revêtus de leurs écharpes, et ont rencontré une foule d'environ 500 personnes qui descendaient de l'Ermitage, les offices étant finis. Quelques-uns de ces gens, qu'ils ont interrogés, ont répondu qu'ils venaient d'assister aux vêpres et à un sermon.

7 fructidor an III (24 août 1795). — LE CORPS MUNICIPAL interrogé le citoyen Bru, chez qui a eu lieu le rassemblement de l'Ermitage. Il reconnaît avoir connaissance de la lettre du comité de législation et de l'arrêté du Département.

Dimanche, il a été dit deux messes dans la chapelle de l'Ermitage, sans aucun rassemblement.

Les vêpres ont été dites et le sermon prononcé en présence de 200 à 300 personnes, que lui, Bru, ne voulait pas laisser entrer, et qui ont forcé la porte.

.-/fructidor an III (24 août 1795). — LE CORPS MUNICIPAL, vu que la tranquillité publique est menacée à l'occasion du culte exercé par des prêtres qui n'ont pas fait leur soumission aux lois, malgré les «' conseils fraternels » qui leur ont été donnés ; que ces prêtres et les personnes qui leur donnent asile n'ont pas tenu compte de l'arrêté fixant à une certaine heure la célébration, des -offices ; que-, de plus, ils ont admis dés rassemblements de nombreuses personnes ; arrête : La citoyenne

(1) Ce jour était un dimanche.


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Dellard et le citoyen Bru sont condamnés à une amende de mille livres ; pareille amende est prononcée contre les citoyens Boudou et Vieussens, prêtres, qui ont exercé leurs fonctions en présence d'un rassemblement.

8 fructidor au III (25 août 1795). — CORPS MUNICIPAL. — Deux citoyennes, habitantes de la maison de Marie Dellard, où demeure aussi le frère de cette dernière, ancien curé de St-Laurent, viennent déclarer que, hier soir, vers neuf heures et demie, en montant l'escalier qui conduit chez elles, elles virent, près d'une fenêtre de l'appartement de Marie Dellard, deux personnes en costumes de nuit, dont l'une était le citoyen Dellard, Un instant après, un coup de fusil fut tiré dans leur direction, ce qu'elles attribuent à une tentative d'assassinat. Une heure auparavant, elles avaient été insultées par Marie Dellard. Le Corps municipal renvoie l'affaire au juge de paix, officier de police.

10 fructidor an III (27 août 1795).— Procès-verbal de la visite des trois chevaux attachés au service des transports militaires, faite par trois officiers municipaux et un maréchal expert.

Déclaration de soummission aux lois, faite par le citoyen Jean-Pierre Davy, prêtre.

14 fructidor an III (31 août 1795). — CORPS MUNICIPAL. — Déclaration de soumission aux lois, faite par les citoyens Pierre Lafâge et Jean Vendol, prêtres.

16 fructidor an III (2 septembre 1795). — LE CORPS MUNICIPAL,, vu l'envoi qui lui a été fait de l'acte constitutionnel (1), qui doit être présenté, le 20 fructidor, à l'acceptation du « peuple souverain ». réuni en assemblées primaires, arrête que cejourd'hui, à 9 heures du. matin, ledit acte constitutionnel sera proclamé dans les lieux accoutumés.

Procès-verbal relatant que le Corps municipal, escorté de la compagnie des vétérans, de la compagnie de garde nationale de la Barre et de la musique, a lu et proclamé l'acte constitutionnel sur la place de la Révolution, sur la petite place des Boucheries et aux autres lieux accoutumés

Autre procès-verbal concernant la publication de la loi du 4 thermidor, qui porte établissement de patentes pour toute espèce de commerce, publication qui a été faite avec le même cérémonial que la précédente.

Le Corps municipal arrête que, pour le vote sur l'acceptation de l'acte

(1) C'est la Constitution de l'an III.


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constitutionnelles citoyens se réuniront en assemblées primaires lé 20 du courant savoir : La section de La Barre, dans la chapelle du séminaire ; la section du Pont-Neuf, au couvent de la Daurade; la section de Valentres, à la chapelle du collège; la section du PontVieux, à la ci-devant société populaire. — Les communes du canton de Cahors se réuniront, savoir : Galessie, le Bousquet, Flaujac, le Montat.et Labastide, à la salle basse des récréations de la ci-devant société; Trespoux, Mercuès, Pradines, Laroque-des-Arcs, Valroufié et Rassiels, au réfectoire du séminaire.

Le citoyen Caria, notaire, se présente pour obéir à l'arrêté du Comité de législation qui le nomme substitut du procureur de la commune, en remplacement du citoyen Berthon, quia passé au triage des archives du département. Mais il dit que ses fonctions de notaire sont la seule ressource qu'il ait.pour vivre et faire vivre sa famille; qu'il ne peut exercer en même temps celles de substitut du procureur, qui, dans une commune aussi importante que celle de Cahors, exigent tout le temps d'un homme, vu surtout qu'il n'y a pas de procureur; que,de plus, il est le neveu par alliance du citoyen Tailhade, officier municipal, et que par suite la loi de décembre 1789 s'oppose à ce qu'il fasse partie de la municipalité. Il s'abstiendra donc des fonctions de substitut jusqu'à ce que le Comité de législation ait prononcé sur ses réclamations;

19 fructidor an III (5 septembre 1795). — Déclaration de soumission aux lois faite et signée en présence du Corps municipal par le. citoyen Jean Tulle, prêtre, lequel se propose d'exercer le culte catholique, et à qui il est délivré acte de cette déclaration, eh exécution de la loi du 11 prairial (1)

27 fructidor an III (13 septembre 1795). — Il est donne acte par le Corps municipal de leur soumission aux lois de la République aux prêtres dont les noms suivent,-qui ont déclaré vouloir exercer le culte catholique dans la commune : Charles Nicolas Bécave, Jean-Baptiste Antoine Lacoste-Beaufort, Joseph Lacoste, Jean-Baptiste Delpern, Pierre Talayssac, François Lugan, Gabriel Teyssendier, Jacques Del(1)

Del(1) loi rendait provisoirement aux citoyens l'usage des édifices destinés au culte, à la charge de les entretenir et réparer (art. 1 et 2). Nul ne pouvait célébrer le culte dans lesdits édifices, sans s'être fait délivrer acte, devant la municipalité de l'endroit, de sa soumission aux lois de la République (art. 5).


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lard, Jean Pechberty, Jean Lafaurie, François Dutheil, Jean Gilles Pelatié, Bernard Boyé, Jean Jourreau, Jacques Boudon, Augustin Pierre Olivier, Jacques Daynat.

28 fructidor an III.(14 septembre 179c).—Suite de la liste précédente : Pierre Joseph Lalbenque, Jean Calmette, Jean Louis Cayla, Jean Pontié, Arnaud Raymond Pages, Jean Bergonhious, Jean-Baptiste Vielhedain, Jean Marin Niox, Jean Louis Alquié, Guillaume Plantade, Jean -Charles Périé, Antoine Vidal, Louis François Marcon, Jean Danglars, évêque, Antoine Miquel, Jean Joseph Falret, Jean Vendol, Pierre Lafage.

29 fructidor an III (15 septembre 1795). — Suite de la liste précédente : Barthélemy Descaux, Charles Picaud, François d'Hélyot, Michel Hibert, François Froment, Pierre Ouradou, Martial Descoutures, Antoine Laurensy, François Raulin, Jean Louis Albouy, Pierre François Lasserne, Louis Joseph Lavergne, Raymond François Xavier Pierre Roques.

30 fructidor an III (16 septembre 1795). — Suite de la liste précédente : Jean Pierre Davy , François Floureuse, Jacques Maisondieu, Jean François Salvat, Jean,François Joseph Galy, Jean-Baptiste Peyrat, Jean Pierre Lagardelle, Joseph Ebrard St-Sulpice, Vincent Subréjon, Jean Moulieyrac, Antoine Fouillous, Jean Pierre Galet.

Le Corps municipal refuse de recevoir la déclaration de soumission aux lois que voulait faire le citoyen Antoine Gratacap, prêtre, le certificat qu'il présente pour établir sa résidence sur le territoire, français depuis le .9 mai 1792, n'étant pas conforme au modèle prescrit par la loi du 25 brumaire. — Il est arrêté que l'affaire sera soumise là l'administration du département, pour que cette assemblée trace la conduite à suivre.

Déclaration de soumission aux lois faite par le citoyen Jean Bonamie, prêtre.

4e jour complémentaire, an III (20 septembre 1795). — Deux soeurs de l'hospice des orphelins viennent déclarer qu'une femme qu'elles désignent, munie de clefs qui lui ont été remises par la soeur J..., est venue plusieurs fois dans l'établissement et en a enlevé divers objets

qui ont été remis à ladite soeur J — L'inculpée reconnaît la vérité

des faits qui lui sont reprochés (1).

(1) Quoiqu'il n'y ait ni titre ni signature, ce commencement de procédure a dû être fait devant un ou plusieurs membres du Corps municipal.


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16 vendémiaire an IV (8 octobre 1795). — Procès-verbal dressé par trois officiers municipaux.— Le citoyen Didier déclare que le.-27 fructidor, dans - l'église des chanoines réguliers, appartenant au citoyen Louis Beaumont, il a été témoin de cérémonies religieuses que: présidait « le prêtre Bécave », assisté de trois autres prêtres/ Les murs furent bénits; on chanta le Miserere et le Te Deum ; ensuite tous lès assistants, la main levée, promirent de vivre et de mourir-dans la religion catholique, apostolique et romaine.

Un autre témoin fait une déposition analogue.- 18 vendémiaire an IV (10 octobre 1795). — CORPS MUNICIPAL. — Le citoyen. Jean-Baptiste Paluel, premier né, marchand, qui a été convoqué, déclare que, dans la journée d'hier, causant sur les Fossés avec un. groupe de citoyens, il leur fit part de la difficulté qu'il avait, eue, dans un récent voyage à Toulouse, à placer des assignats à leur valeur nominale : dans ce pays, les assignats ne se prennent qu'à 2 pour 100 en valeur métallique.

Là-dessus le citoyen Galdemar père, commis du receveur du district, dit que c'était encore trop, et que bientôt les assignats ne vaudraient plus rien.

Le citoyen Courthiade, chef de bureau au Département, qui assistait à cette conversation, confirme le dire de Paluel. Il ajoute qu'une discussion s'établit entre ce dernier et Galdemar, le premier soutenant la valeur de la monnaie républicaine et attribuant le discrédit où elle est tombée aux menées des royalistes et des « fanatiques », spécialement de l'abbé Bécave. Le déclarant ayant observé à son tour que ces menées nuisaient aussi au cours de la monnaie métallique de la République, Galdemar répondit que cette monnaie était faite de mauvaise matière ; le déclarant riposta qu'il avait ouï dire que le citoyen Pinel ne pouvait se défaire d'une pièce d'or de nouvelle fabrique, quoique le métal en fût plus pur que celui des anciens.louis.

Deux autres témoins confirment lès dépositions ci-dessus.

Le citoyen Lafourcade vient déclarer ce qui suit. Aujourd'hui, après l'arrivée du courrier extraordinaire envoyé. par la Convention,, le citoyen. Calmel,.perruquier, lui a dit que ce courrier avait bien trompé l'espoir des ennemis de la chose publique,lesquels espéraient le triomphe du royalisme et l'anéantissement de la Convention (1). Calmel

(1) Il s'agit de l'insurrection du 13 vendémi lire.


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tenait ces propos d'un homme dangereux par ses principes. Cette conversation a été tenue en présence du citoyen Laval.

Le citoyen Calmel, appelé à son tour, déclare n'avoir parlé que d'après ses propres réflexions.

Procès-verbal constatant que la proclamation de la Convention datée du 13 vendémiaire et la loi du 14 ont été publiées sur la place de la Révolution et autres lieux accoutumés, par le Corps municipal, accompagné de la compagnie des vétérans nationaux, de la brigade de la gendarmerie et de la musique guerrière.

19 vendémiaire an IV (11 octobre 1795). — Le citoyen Laval, interrogé au sujet de la déclaration faite hier par le citoyen Lafourcade, la confirme en substance.

20 vendémiaire an IV (12 octobre 1795). — Un agent de la Commission d'agriculture et des arts, et les deux conducteurs [d'un troupeau de brebis appartenant à la République, de passage à Cahors, portent plainte au sujet d'un vol important commis à leur préjudice dans une écurie adjacente à la maison commune, où ils avaient remisé, avec le troupeau, leurs effets, leurs papiers et une forte somme d'argent (1).

21 vendémiaire an IV (13 octobre 1795). — Enquête faite par le citoyen Pinel, officier municipal et membre du bureau de police, sur le vol d'une veste, commis à Luzech et attribué à une femme qui a été arrêtée.

22 vendémiaire an IV (14 sctobre 1795). — CORPS MUNICIPAL. — Conformément à la loi du 7 vendémiaire (2), chacun des citoyens cidessous désignés fait individuellement et signe sur le registre la déclaration suivante, dont le Corps municipal lui donne acte : « Je reconnais » que l'universalité des citoyens français est le souverain et je promets » soumission et obéissance aux lois de la République ». Suivent les noms :

Jean Danglars, Arnaud Raymond Pages, Pierre Ouradou, Bernard Bennet, Martial Descoutures, Jean François Joseph Galy, Guillaume Plantade, Antoine Fouillous, Jean Pontié, Antoine Vidal, Louis François Marcon.

23 vendémiaire an IV(15 octobre 1795). — Suite de la liste précédente : Barthélemy Descoux, Louis Joseph Lavergne, Jean Louis Cayla.

(1) Sans titres ni signatures.

(2) Sur l'exercice et la police extérieure des cultes.


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81Le municipal, vu les mouvements qui ont eu lieu hier et avant-hier, arrête

Il sera adresséde suite à un certain nombre de citoyens, sur la probité et le civisme desquels on peut compter, l'invitation dé se rendre, à la maison commune pour y recevoir les ordres du corps municipal et se former en compagnie.— La compagnie des vétérans nationaux sera aussi convoquéèe. — Le commandant de la gendarmerie nationale conduira à la maison commune les deux brigades dont il disposé.- — Le Corps municipal restera en permanence jusqu'au rétablissement de la tranquillité publique.

24 vendémiaire an IV (16 octobre 1795). — CORPS MUNICIPAL. — Suite des déclarations conformes à la loi du 7-vendémiaire, : François d'Hélyot, Michel Hibert, Charles Picaud. Jean Pierre Galet, François Froment, Jean François Salvat, Jean-Baptiste Ricard, Jean-Baptiste Antoine Laçoste-Beaufort, Joseph Lacoste-Ribot, Jacques Maisondieu, François Lugan, Charles Gabriel Teyssendier, Pierre Talayssac, Vincent Subréjon, Augustin Pierre Olivier, Bernard: Boyé, Jean Vendol, Pierre Lafage, François Delpy, François Périé, Jean Pechberty, Antoine Gratacap, Jean Paul Joseph Rayet, Jean Pierre Joseph Monmayou, Jean Philippe Delmas, habitant de Miramont, district de Lauzerte, Jean Pierre Lagardelle, Jean Ouradou, Jean Marin Niox, Jacques Boudon, Jean Lafaurie (qui n'a pas signé), Jean Louis Albouy; Jean Gilles Pélatié, Jacques Dellard, Jean Jourreau, Jacques Daynat, Jacques Nicolas Gintrand, Jean Bergonhious, Raymond Gagniayré, Jean-Baptiste Delpern (qui n'a pas signé pour cause d'infirmités), Jean Charles Pèrié, François Raulin, Pierre Barthélémi. Jean Gaimette, Jean Laurent (qui n'a pas signe), Joseph Duc.

25. vendémiaire an IV (17 octobre 1795). — L'évêque Danglars et 26 des prêtres qui ont fait les déclarations ci-dessus, viennent déclarer (devant le Corps municipal), en exécution de l'article 17 de la loi du 11 vendémiaire, qu'ils choisissent, pour l'exercice de leurs fonctions de ministres du culte catholique, apostolique et romain, la ci-devant cathédrale ou toutes autres églises accordées par la loi dans là commune de Cahors.— 15 autres prêtres choisissent la ci-devant église des chanoines réguliers.

Déclaration de soumission aux lois faite par le citoyen Jean Guillaume Viala, prêtre.

Procès-verbal dressé par 3 officiers municipaux, et un maréchal-


expert, constatant qu'un cheval appartenant à la République est hors d'état de continuer sa marche et qu'il convient de le laisser se reposer. Déclarations de soumission aux lois faites par les citoyens .Antoine Miquel, Antoine Laurensy, François Floureuse, Louis Gaillard, JeanBaptiste Vielhedain, prêtres.

2 brumaire an IV (24 octobre 1795). — Le Corps municipal, en exécution de la loi du 17 germinal, arrête que tous les objets appartenant à l'atelier de salpêtre seront vendus demain à l'enchère.

4 brumaire an IV (26 octobre 1795). — Procès-verbal constatant que le Maire et un officier municipal, membre du bureau de police, ont fait mettre en état d'arrestation, en exécution de la loi du 10 vendémiaire (1), le citoyen Villieu, prêtre, habitant d'Elbès, district-de Villefranche d'Aveyron,lequel passait à Cahors sans être muni du passeport exigé par ladite loi ; l'arrestation sera maintenue jusqu'à ce que ledit Villieu ait justifié être inscrit sur le tableau de la commune de son domicile.

4 brumaire an IV (26 octobre 1795). — Le Corps municipal charge le citoyen Berthon, avoué, de poursuivre, au nom de la commune, l'exécution d'un jugement du tribunal du district, par lequel le citoyen S....,, est condamné à « rétablir dans les mains de la commune » les grains par lui vendus, pour lesquels il avait reçu des avances, et qu'il n'avait pas livrés.

5 brumaire an IV (27 octobre 1795). — CORPS MUNICIPAL. — Adresse aux citoyens de Cahors au sujet du refus des assignats (2). — La loi a prononcé des peines graves contre les détracteurs de cette monnaie, qui a sauvé la France des plus grands maux ; et C'est au moment où la Convention « prépare tous les moyens du bonheur public » qu'on s'attache à décrier les assignats! Le temps où on pourra les remplacer par du numéraire n'est pas encore venu, mais on travaille avec activité à le faire arriver. Seuls, les ennemis de la République décrient les assignats; les refuser, comme on, le fait journellement, est un acte outrageant pour la chose publique. Les citoyens doivent respecter les lois et ne pas obliger leurs magistrats à user des moyens dont ils disposent pour les maintenir.

(1) Sur la police intérieure des communes.

(2) A cette date, le louis d'or de 24 livres valait, en assignats, 1750 livres.


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... Déclaration de soumission aux lois faite par le citoyen Jean Pierre Davy, prêtre. (1).

10 brumaire an IV (1er novembre 1795). — Le Corps municipal, vu. la lettre du District et la loi du 3 hrurnaire, qui ordonne l'exécution' immédiate, des lois de 1792 et 1793 contreles prêtres sujets à la déportation, arrête :

1° Le-commandant de gendarmerie viendra de suite, avec ses brigades, recevoir les noms des, prêtres sujets, à la déportation ou a la réclusion et les fera conduire à Ste-Ursule.

2° Les postes de la garde nationale ne laisseront passer aucun prêtre ni aucun individu soupçonné de l'être et les conduiront tous à la Maison., commune.

Les présidents et scrutateurs des bureaux de vote de Valendres et du Pont-Vieux apportent, le résultat du vote pour l'élection d'un juge de paix. Le citoyen,Bonnemort est élu par 178 voix sur 213 votants.

De même, dans les sections du Pont-Neuf et de La Barre, le citoyen Parra est élu juge de.paix par 134 voix sur 242 votants.

Les citoyens Relhiè-Massip, Périé, tanneur, Soulié aîné, Brives aîné, Moles, Tailhade, ont obtenu la majorité des voix dans l'élection des assesseurs du juge de paix pour les sections de Valendres et du Pont-Vieux.

11 brumaire an IV (2 novembre 1795). - Le Corps municipal reçoit communication du résultat du vote pour l'élection des assesseurs du juge de paix dans les sections du Pont-Neuf et de La Barre. Sont élus" les citoyens Boudres, ancien notaire, Bouzerand, agrimenseur, Deloncle, homme de loi, Sers fils, homme de loi, Bonnet, perruquier, Pujols, premier né.

(2 brumaire an IV (3 novembre 1795). — CORPS MUNICIPAL.. — Les présidents des quatre sections électorales, accompagnés de commissaires envoyés par ces sections, apportent le résultat du vote pour l'élection de la municipalité, conformément à l'acte constitutionnel et à la loi du 17 vendémiaire. — Nombre total de votants, 589, — Le citoyen, Dazemâr premier né a obtenu 350 voix ; le citoyen LagardeGonduché, 349 ; le citoyen Durand, officier de santé, 338 ; le citoyen Souquet, 331.

(1) Cette déclaration, la dernière du registre, est la 66e depuis le 22-vendémiaire.


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Ces quatre citoyens, ayant obtenu la majorité absolue, sont élus ; il y a lieu de procéder à un second tour de scrutin pour les 3 autres places.

Les commissaires et tous les citoyens présents entonnent « l'Hymne de la Liberté », en réjouissance « du triomphe des républicains sur les royalistes ».

13 brumaire au IV (4 novembre 1795). —CORPS MUNICIPAL. — Recensement des votes pour l'élection des 3 membres complétant la nouvelle Administration municipale. — 455 votants. — Le citoyen François Reygasse a obtenu 361 voix ; le citoyen Amadieu cadet, 352 ; le citoyen Peyrat, 350 ; tous les trois sont élus.


TROISIEME PARTIE

MUNICIPALITÉ ÉTABLIE SOUS LE RÉGIME DE LA CONSTITUTION

DE L'AN III

La Constitution de l'an III rompit avec le principe révolutionnaire d'une assemblée unique et omnipotente : elle confia le pouvoir législatif à deux assemblées : le Conseil des Cinq-Cents (âge d'éligibilité, 30 ans), et le Conseil des Anciens (âge d'éligibilité, 40 ans).

Le pouvoir exécutif appartint à un Directoire composé de cinq membres, tous anciens représentants ou anciens ministres, et élus par le corps législatif ( 1 ).

Dans la Constitution de l'an III, le suffrage est à deux degrés : à la base du corps électoral on trouve les assemblées primaires, composées dé tous les hommes nés et résidant en France, âgés de 21 ans, et payant une contribution directe. Il y a dans chaque canton une ou plusieurs assemblées primaires, selon le nombre des habitants. Ces assemblées procèdent elles-mêmes à l'élection des officiers municipaux et des juges de paix. En outre, chaque assemblée primaire, suivant le nombre de citoyens dont elle se compose, nomme 1, 2, y ou 4 électeurs; ceux-ci doivent être âgés de 25 ans et avoir un revenu égal à la valeur locale de 200 journées de travail dans les communes possédant plus de 6.000 habitants, de 150 journées dans les autres.

L'assemblée électorale du département se réunit le 20 germinal de chaque, année et procède, en 10 jours au plus, aux élections qu'il y a lieu de faire. Elle élit les membres du Corps législatif, ceux des .tribunaux et les administrateurs du département.

Il n'existe d'administrations municipales que dans les communes de plus de 5,000 habitants ; les autres ne possèdent qu'un agent municipal et un adjoint ; la réunion des agents municipaux d'un canton forme une municipalité de canton.

Dans les communes qui ont une administration municipale, celle-ci se compose de 5, 7 ou 9 membres, suivant le nombre des habitants; les communes dont la population dépasse 100,000 âmes ont plusieurs municipalités.

(1) Le traitement annuel de chaque directeur fut fixé à la valeur de 50.000 myriagrammes de froment (article 173 de la Constitution).


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Les administrateurs municipaux doivent être âgés de 25 ans au moins. Ils sont renouvelés chaque année par moitié autant que possible, suivant certaines règles que l'imparité de leur nombre rend nécessaires.

Un Commissaire du Directoire, nommé par ce dernier corps, mais choisi parmi les habitants du département, assiste aux séances ; il surveille et requiert l'application des lois. . Il n'est pas question de maire : ce litre est supprimé.

A Cahors, le nombre des membres de l'administration municipale était de sept : on a vu plus haut la liste des premiers élus.

La Constitution de l'an III dura jusqu'au Dix-huit brumaire; elle avait donc été en vigueur pendant quatre ans.

17 brumaire an IV (8 novembre 1795). — Les membres de l'Administration municipale élus le 13 brumaire, asssistés du citoyen Vaisset, secrétaire, se réunissent et élisent pour président le citoyen Lagarde.

Même jour. — L'Administration municipale, considérant que les prêtres reclus à Ste-Ursule doivent y trouver " les secours et les douceurs que l'humanité commande », mais qu'ils ne doivent pas pouvoir communiquer avec le dehors, arrête :

1° Ne pourront entrer dans ladite maison que les personnes munies d'un permis de l'Administration municipale.

2° On aura pour les reclus les égards et les attentions que leur âge commande.

3° On ne laissera se rassembler d'ans l'édifice que les citoyens qui se réunissent pour lire les nouvelles politiques.

40 Copie du présent sera adressé au concierge, pour qu'il ait à s'y conformer.

Vu « l'inertie, l'apathie, l'engourdissement » ouest le citoyen Périer, ingénieur en chef; considérant que toutes les autorités constituées ont en vain réuni leurs efforts pour le rappeler à son devoir ; que les ponts de Cahors menacent ruine, et que la construction d'un nouveau pont a été ordonnée par la Convention ; que les routes sont dans un état dangereux pour les voyageurs, qu'il n'y est fait ni entretien ni travaux, neufs ; que la Commission des travaux publics a promis le remplacement de l'ingénieur ;que les routes dont l'ouverture a été votée par là Convention n'ont pas été faites, malgré les nombreuses réclamations du public ; l'Administration municipale arrête :

1° La Commission des travaux publics sera invitée à remplacer sur-


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le champ le citoyen Périer par un autre citoyen actif et intelligent, qui lui a déjà été désigné.

2° L'Administration du département sera aussi invitée à suspendre provisoirement ledit ingénieur.

3° La députation du Lot sera pressée de seconder les efforts de l'Administration municipale pour que justice soit rendue promptement.

4° Si certaines considérations, « qui ne peuvent être écoutées, quand le bien public souffre », faisaient retarder l'exécution des voeux de l'Administration, il serait fait suivie champ une réclamation auprès du Directoire exécutif.

18 brumaire an IV (9 novembre 1795). — Le citoyen Amadieu, qui à déjà rempli les fonctions d'officier de l'état civil, est nommé en là la même qualité.

L'Administration municipale, attendu que, "dans la gendarmerie nationale, il y a non-seulement"des hommes qui, par" ce moyen, se . sont soustraits à la réquisition, mais encore des ennemis de la République, prie le ministre de la guerre de réorganiser la gendarmerie dé Cahors, et invite, en attendant, le capitaine de ce corps à aviser en conseil de discipline aux mesures à prendre pour l'exécution des ordres qu'il recevra à ce sujet.

19 brumaire 'an IV (10 novembre 1795)- — L'Administration, municipale, vu l'état de misère où sont les hospices ; considérant que, depuis la loi qui a ordonné la vente de leurs biens, les besoins de ces établissements ont toujours été en augmentant; qu'un plus long silence entraînerait des maux presque irréparables ; arrête que l'administration des hospices fournira dans le délai de huit jours un" état indiquant les biens que possédaient autrefois les établissements hospitaliers, avec le revenu de chacun d'eux, et un tableau comparatif des besoins de ces établissements.

• Vu la loi du 10 thermidor, qui ordonne aux militaires absents de leurs corps sans permission, de les rejoindre dans un délai de dix jours ; considérant que les commissaires qui devaient, d'après l'article 7 de ladite loi, être nommés par le directoire du district pour faire lé rôle des hommes visés, ne se sont pas présentés ; que les administrations de district sont supprimées, et qu'il est cependant urgent d'arrêter ledit état ; vu la réclamation adressée hier par le commissaire des-guerres ; arrête :


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1° Les jeunes gens qui ont abandonné leurs drapeaux seront invités à venir justifier leur présence devant l'Administration municipale.

2° Ceux qui refuseraient seraient signalés comme déserteurs et conduits à l'armée de brigade en brigade.

3° Les officiers de gendarmerie seront appelés -à signer les états prescrits par la loi.

4° Les militaires qui auraient des motifs de maladie pour se dispenser de rejoindre leurs corps les feront constater par les citoyens Lagarde et Roques, officiers de santé.

20 brumaire an IV (II novembre 1795). — Le citoyen Souquet est nommé commissaire pour surveiller les maisons d'arrêt, de police, de correction et de justice, et s'assurer si les prisonniers « jouissent de la salubrité et de tous les égards que la loi prescrit envers les détenus ».

Vu la pétition de trois charpentiers qui ont réparé les portes de la maison de Ste-Ursule, où sont enfermés les prêtes que la loi du 3 brumaire a frappés, l'Administration municipale estime que les.pétitionnaires ont droit à la somme de 852 livres 10 sols, et que cette somme doit être payée par le Trésor public.

Vu une pétition de l'administration des hospices, l'Administration municipale arrête qu'il sera remis à ces établissements la quantité de blé qui leur était due par Jean Sers, sous-fermier du moulin de Labéraudie, au moment où la loi ordonna le séquestre des biens des hôpitaux.

21 brumaire an IV (12 novembre 1795). — Au sujet de la pétition de la citoyenne Calvimont, né St-Géry, il est sursis à statuer jusqu'à ce que la réclamante aura été examinée par deux officiers de santé.

La veuve Petit est autorisée à acheter les choses nécessaires pour la nourriture des cochons dont il s'agit dans sa pétition, sauf à se faire payer ensuite ses avances.

Marie Brit a recueilli par humanité les cinq enfants des époux B..., accusés et détenus ; elle demande la levée des scellés apposés sur lès meubles et effets desdits B..., afin qu'elle puisse prendre les objets nécessaires à l'entretien et à la nourriture de leurs enfants. — L'Administration municipale, n'ayant pas qualité pour statuer, mais estimant que la demande est justifiée, adresse la pétition au directeur du jury et le prie de la prendre en très.sérieuse considération.

(A suivre) A. COMBES


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GALERIE MÉDICALE DU LOT

PAR LE

Dr J. B1RGOUNIGUX

- Ancien médecin principal de l'armée

Le médecin directeur de la Marine

J.-P.-M. BRASSAC .

. Organisateur de l'École de Médecine Navale de Bordeaux (1831-1903)

Quelque temps avant l'année 1890, on se rendit compte au ministère de la Marine, de l'archaïsme et du manque d'harmonie avec les institutions médicales existantes, qui caractérisaient les règlements sur -le recrutement et l'instruction des médecins des équipages de la flotte et des troupes employées aux colonies.

Ceux-ci après deux ans d'études dans les écoles spéciales de Brest, de Rochefort et de Toulon, où ils recevaient l'enseignement de professeurs exclusivement recrutés dans les rangs de la médecine navale, étaient embarqués ou envoyés dans nos possessions d'outre-mer. Au hasard des débarquements et des retours, ils passaient lentement, difficilement leurs examens et leur thèse de doctorat, picorant pour ainsi dire, pendant les congés qu'on leur accordait, tantôt dans une Faculté, tantôt dans une autre, les connaissances qui leur étaient nécessaires. .

Les circonstances obligeaient assez, souvent soit à bord des navires, soit aux colonies, et là surtout, à employer en chef, dans des postes isolés, des jeunes gens insuffisamment préparés par deux années d'apprentissage, à exercer une profession dans laquelle, à un âge de formation intellectuelle et technique encore incomplète, on éprouve le besoin de guides et de maîtres. Ces difficultés, il est vrai étaient faites pour tremper les caractères et développer les initiatives. Malheureusement les connaissances déjà acquises étalent trop imparfaites pour une application rationnelle en un cas aussi difficile que la pratiqué médicale.


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Pour obvier à ces graves inconvénients, il convenait de changer les conditions d'études des officiers du Corps de santé de la marine et de les soumettre à la règle commune en France, qu'on ne peut exercer l'art de guérir qu'après avoir acquis le diplôme de docteur en médecine. Il en était ainsi pour les médecins de l'armée depuis 1850.

L'Administration hésita entre différents systèmes :

Transformer les 3 Ecoles de médecine navale, et en leur conservant leurs professeurs spéciaux, en Ecoles de plein exercice (on y donne aux étudiants l'enseignement pendant 4 ans, après lesquels ils vont passer leurs examens devant une Faculté).

Etablir une Ecole unique par la réunion des trois existantes, et à . laquelle on aurait accordé l'équivalence d'une Faculté.

Mais ces deux solutions étaient vraiment anormales et inacceptables. Elle ne tendaient rien moins qu'à créer de nouvelles écoles de' mèdecine de l'Etat eh dehors de celles de l'Université et de toutes les règles qui leur sont appliquées, et, en outre, à faire, dans le second cas, des docteurs d'un genre spécial, que pouvait frapper de discrédit la différence d'origine qu'il y aurait entre eux et ceux provenant des Facultés civiles.

Il y en avait une troisième à laquelle on s'arrêta; c'était d'imiter, tout simplement, l'organisation que venait de ressusciter le ministère de la guerre.

Depuis décembre 1888 il existe à Lyon une Ecole du service de santé militaire, semblable à celle qui fut installée à Strasbourg de 1856 à 1870. Les élèves qui en sortent, et qui ont suivi les cours de la Faculté, sont docteurs au même titre que tous leurs confrères de France. Soumis au régime de l'internat, ils donnent à l'administration de la guerre l'assurance, que leurs études sont surveillées, dirigées, afin d'être accomplies avec fruit, dans le délai strictement nécessaire; que leurs progrès sont périodiquement constatés par des médecins-majors, répétiteurs attachés à l'Ecole, à la fois examinateurs et professeurs supplémentaires; et que l'habitude qu'ils y prennent de la discipline militaire, leur permettra de se trouver rapidement à leur place dans le milieu où ils sont appelés à vivre.

Par la loi du 10 avril 1890, complétée par le Décret du 22 juillet, fut ordonnée la création, auprès de la Faculté de Bordeaux, d'une Ecole principale de médecine navale dans les mêmes conditions de fonctionnement que celle de Lyon. Après une année passée dans les écoles


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secondaires conservées à Brest, Rochefort et Toulon pour des maisons sentimentales de respect des traditions et pratiques de. ménagement des intérêts locaux, les élèves sont placés à l'Ecole principale. A leur sortie ils passent dans les écoles d'application, qui existent à Toulon pour les médecins de la marine et à Marseille pour ceux des colonies, de même .que les élèves de l'Ecole de Lyon passent par le Val-deGrâce.

Pour procéder à l'organisation de cet établissement et à cette-transformation radicale du mode traditionnel d'instruction des élèves, le ministre fit choix du médecin en chef de la marine J;-P.-M. Brassac, quoiqu'il n'eut jamais appartenu au cadre des professeurs du Service de Santé naval.

Le récit de la vie du premier Directeur de l'Ecole de Bordeaux nous expliquera la raison de la décision du ministre, si flatteuse pour celui qui en était l'objet.

C'est à Crayssac, petit bourg du canton de Catus, situé sur un plateau assez haut perché, des collines de la rive droite du Lot, d'où l'on jouit d'une superbe vue sur la vallée, qu'est né le 19 avril 1831, Pierre-JeanMarcellin Brassac.

Il appartenait à une famille qui a donné pendant longtemps son premier magistrat municipal à la commune.

Il fit d'excellentes études au lycée de Cahors et le 3 août 1849, il passait son examen du baccalauréat devant le jury qui siégéait-dans notre ville,-encore alors chef-lieu d'une académie, et l'année suivante il était admis à l'école de médecine navale de Toulon.

Chirurgien auxiliaire en 1852 et chirurgien de 3e classe le 18 novembre 1853, Brassac embarquait sur divers vaisseaux écoles, puis faisait en 1855 partie de l'expédition de Crimée, pendant laquelle tout jeune encore, il eut à lutter à bord du Cristophe-Colomb, dans des conditions que rendait très difficiles la navigation dans la Mer-Noire, contre le typhus petechial qui sévissait sur les équipages comme sur les troupes de terre.

Lorsque le 20 mai 1857, il fut fait chirurgien de 2e classé,"il fut dirigé sur la Guadeloupe, colonie qui exerça sur lui une grande attraction et dans laquelleil reviendra à plusieurs reprises sur sa,demande.

Son premier séjour aux Antilles fut de 5, ans, pendant lesquels il visita toutes les îles françoises et étrangères et les pays voisins.


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C'est en 1860 qu'il prit, à la Léproserie de la Désirade dont il avait la Direction médicale, son premier contact avec l'èléphantiasis des Grecs.

' Une grave épidémie de diphtérie, affection d'autant plus redoutable qu'on n'avait pas à sa disposition le sérum de Roux, attaqua a cette ■époque les troupes réunies au Camp Jacob installé sur une des hautes montagnes de la Guadeloupe. Le zèle et le dévouement de notre compatriote furent remarqués à cette occasion.

Brassac, qui avait à un rare degré l'amour du travail, profita d'un séjour prolongé, de près d'un an, aux Saintes, pour préparer à la fois et très solidement, les examens qu'il aurait à passer pour obtenir le titre de docteur et le grade de chirurgien de 1re classe.

Nous avons eu sous les yeux le résultat de cette préparation qui fut surtout intensive en 1861. Il a été fixé dans une trentaine de cahiers de papier écolier, plus ou moins épais, où d'une écriture fine et serrée, Brassac a condensé ses études de plusieurs années.

La médecine presque tout entière est passée en revue. L'anatomie et là physiologie, bases des études médicales, sont traitées avec le plus grand soin. Tous les systèmes organiques sont successivement examinés. Les travaux de Claude Bernard et de Brown-Sequard alors dans toute leur nouveauté sont analysés avec précision.

En chirurgie, comme en médecine proprement dite, les sujets d'ordre pratique ont surtout attiré l'attention du rédacteur. Il s'occupe d'abord des amputations dont les méthodes sont considérées sous toutes leurs-faces ; méthodes sanglantes et non sanglantes ; ces dernières, écrasement linéaire, procédés ostéoclastiques, emploi des causL tiques etc, étaient, malgré leur singularité et leur brutalité, essayées par lès chirurgiens, de la période préantiseptique, pour tâcher d'éviter les redoutables 1 complications des plaies accidentelles où opératoires, qui emportaient une grande partie des blessés : Erysipèle, infection purulente, pourriture d'hôpital etc.' qu'on ne connaît plus pour ainsi dire aujourd'hui que de nom.

Vient ensuite l'étude des maladies des os et des articulations, frac 1 turcs, luxations et du cancer.

En médecine c'est surtout sur les maladies tropicales et les épidémies que Brassac s'étend : Fièvre typhoïde, typhus, peste, fièvre jaune, dysenterie, paludisme. Les travaux si intéressants et si nouveaux du médecin en chef de la marine Dutrouleau, sur les maladies des


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Européens dans les pays chauds lui servent pour la rédaction de notes, qui fourmillent d'ailleurs d'observations personnelles.

Oh retrouve les mêmes préoccupations des questions, dont l'application peut-être immédiate, lorsque Brassac s'occupe de thérapeutique et de matière médicale. -

Et dans tout cela on est frappé de la netteté, de l'exactitude, de l'originalité même des exposés et du souci de se tenir au courant des plus récentes découvertes scientifiques.

En présence du volume de ces notes et de ces résumés, on admire l'ardeur à la besogne de ce jeune homme isolé dans une petite île des Antilles, dans un climat énervant, au sein, d'une nature somptueuse et séductrice qui invite à jouir de l'heure présente, qui passe son temps entre ses malades — souvent de hideux lépreux — ses livres, ses observations, à classer et son microscope, dont il dessine l'aspect des coupes qu'il vient d'examiner.

L'année 1862 fut consacrée à un nouveau séjour à la Léproserie de la Désirade. Décidément cette terrible maladie aux problèmes si compliqués et si difficiles d'étiologie et de thérapeutique l'attirait. Il devait passer sa vie coloniale à s'efforcer de la comprendre.

Il rentre en France au printemps de 1863 et est attaché au port de Toulon. C'était le moment pour lui de passer ses examens de médecine,

, Il prend, suivant l'usage et d'un seul coup en juin, ses 16 inscriptions

et, pour obéir à un décret d'août 1858, qui imposait aux étudiants

l'obligation d'être bacheliers ès-sciences — baccalauréat restreint pour

la partie mathématique, comme on disait — il redevient écolier à 32

ans.et obtient son diplôme avec la note très bien.

Le 24 août 1863, il endossait à la Faculté de Montpellier la robe de Rabelais, plusieurs fois il est vrai renouvelée comme le couteau de Jeannot, pour être reçu docteur avec une thèse importante sur la pathologie des pays chauds.

A la fin de 1865, le 14 décembre, il est nommé chirurgien de. première classe à l'hôpital de Cherbourg juste à temps pour y combattre une épidémie meurtrière de choléra.

. De 1866 à 1808, il est chargé de mission aux Indes Françaises, en qualité de médecin délégué par le gouvernement au service de l'immigration hindoue. Il s'agissait de visiter avant embarquement et d'accompagner et de soigner en route des émigrants recrutés dans les pos-


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sessions françaises à Karikal et à Pondichéry et transportés à la Guadeloupe pour y être employés à la culture de,la canne à sucre.

Brassac fit deux voyages dans ces conditions. Il s'embarqua pour la première fois sur la Clyde, du 27 août 1866 au 4 avril 1867 pour se rendre de Pondichéry à la Pointe à Pitre avec escales à Karikal, SaintPaul de la Réunion et Sainte-Hélène. Cette traversée fut très pénible et très agitée. La seconde sur le Sussex se fit plus aisément et plus rapidement du 9 août au 21 octobre 1868.

Le séjour dans l'Inde fut mis à profit par le voyageur pour faire connaissance à Pondichéry, à Karikal et même à Madras, avec la pathologie de ce pays. Naturellement la lèpre attira particulièrement son attention.

Nous avons lu avec intérêt le journal du bord de Brassac. Il nous tient au courant de toutes les péripéties du voyage. Il est écrit en un style alerte et animé, parfois teinté de mélancolie lors des terribles tempêtes de l'Océan Indien pendant lesquelles était horriblement secoué, dans des bateaux à voiles, le pauvre chargement humain qu'on déracinait. Le cap de Bonne Espérance est plutôt pour le délégué à l'émigration le cap des tempêtes, et se souvenant du Camoëns et de La Luisiade, notre navigateur invoque le géant Adamastor. « Adamastor, sois nous propice » s'écrie-t-il, au moment où il s'apprête à doubler la pointé méridionale de l'Afrique.

Brassac s'occupe très soigneusement de l'installation de l'alimentation et de tous les détails de l'hygiène des pauvres émigrants, auxquels il n'a que trop d'occasions de prodiguer avec dévouement ses soins empressés. Il amasse en même temps de profitables observations sur les maladies qui les frappent : choléra, variole, scorbut, fièvre typhoïde, fièvre intermittente,, ophtalmies, maladies de la peau, maladies vénériennes.

Il parle en termes touchants des grands malades qu'il eut à traiter et surtout des femmes et des enfants que sa science fut impuissante à sauver.

A peine de retour en France, il repart en avril 1870 pour la Guadeloupe. C'est pendant ce séjour qu'il se consacra plus spécialement à l'étude des moyens de traitement de i'élépbantiasis des Grecs, dans l'établissement installé à la Basse-Terre, et dont il fut médecin du 23 juin 1870 au 7 novembre 1872. Il reçut des félicitations du ministre


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au sujet des essais qu'il fit de différentes:méthodes thérapeutiques dont malheureusement les résultats n'avaient pas répondu aux espérances.

C'est du port de Toulon que le 6 février 1875, il est appelé au ministère pour occuper un emploi de confiance, celui de secrétaire du Conseil de santé et de la Commission de classement des médecins de la marine. Peu après il est membre du jury de l'exposition qui s'ouvrira en 1878, dans le groupe colonial.

Entre temps, il avait été nommé, le 15 octobre 1875, médecin principal de la marine, car depuis 1866 l'appellation de chirurgien avait été remplacée par celle de médecin.

Son nouveau grade entraînait un changement de fonctions et son renvoi à Toulon, où, le 18 novembre, venait le trouver sa désignation comme chef du service de santé de la Guadeloupe, où il se rendait pour la 3e fois.

Après de séjour réglementaire de deux ans il rallie son port d'attache et le 5 juin 1880, il est médecin en chef et placé à l'hôpital SaintMandrier.

Puis il a une nouvelle occasion d'étudier la Lèpre, de novembre 1881 à décembre 1883, à la nouvelle Calédonie, où il se trouve sous les ordres de l'amiral Courbet, qui en était gouverneur.

Il revient en 1885, 1886 et 1887 à la Guadeloupe où il rencontre la fièvre jaune et est par deux fois très gravement atteint de la diphtérie.

Le 30 janvier 1888, il est de nouveau, mais cette fois comme membre, attaché au Conseil de santé de la marine; il remplit en cette qualité, deux missions importantes.

Il fut chef de la délégation du Corps de santé de la marine au Congrès médical international de Berlin. Le rapport qu'il fournit à ce sujet fut très apprécié par l'autorité supérieure.

Le Ministre le désignait aussi le 26 avril 1890 pour aller étudier le fonctionnement de l'école du service de santé militaire de Lyon avec le directeur Bérenger-Féraud, et le sous-directeur Guinard de l'administration centrale du ministère, et le 26 juin il était nommé directeur de l'école de médecine navale de Bordeaux, qu'il avait "la charge d'organiser.

C'est le 5 novembre de cette même année, qu'on en fit l'inauguration dans l'établissement provisoire du Cours St Jean. Plusieurs discours furent prononcés à cette occasion' par l'amiral Rybell, le maire de


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Bordeaux, le Dr Bèrenger-Féraud et le directeur de l'école. Dans une allocution chaleureuse et d'une belle élévation, après avoir, rapidement fait l'histoire de la médecine navale et rappelé l'éclat qu'avaient jeté sur elle des hommes comme Poissonnier, Fouillioy, Marcelin Duval, Quoy, Gaymard, Pérou, Lesson, Clémot, Jules Roux, Dutrouleau, Fonssagrives etc., tous chirurgiens, médecins, ou naturalistes de la plus grande valeur, Brassac conviait les élèves, les futurs médecins de la marine et des colonies à rester dignes de leurs aînés et du Corps auquel ils allaient appartenir, à la fois par leur savoir et par leur dévouement dans les batailles navales, pendant les expéditions coloniales, et au cours des épidémies.

Le Conseil a été suivi et, pour en témoigner, la nouvelle école peut déjà inscrire sun ses tables de marbre les noms d'anciens élèves qui. ont bien mérité d'elle, Emily, qui partagea la gloire et les dangers de la mission Marchand de 1896 à 1898, Yersin auquel nous devons le sérum antipesteux, Mesny l'héroïque victime de la récente peste de Mandchourie de 1911, qui a montré au monde comment un médecin français savait mourir.

Brassac quitta l'école de Bordeaux après en avoir assuré le.fonctionnement en novembre 1892, pour aller occuper le poste de directeur du service de santé du port de Brest et de l'école secondaire de cette ville. Le 12 février 1894 il fut promu à la première classe de son grade.

C'est dans cette situation élevée équivalente à celle de médecin inspecteur de l'armée que vint l'atteindre la limite d'âge.. Une lettre du président de la République du 21 février 1896, lui faisait connaître qu'il était appelé à faire valoir ses droits à la retraite par ancienneté de services et le Président ajoutait à cette notification : « au moment où vous allez cesser d'appartenir au cadre d'activité, il m'est agréable de vous adresser le témoignage de ma satisfaction pour les services distingués qui ont marqué votre carrière. » Sa pension de retraite était liquidée le 19 avril 1896. Il avait à cette date 44 ans 8 mois, 12 jours de service effectif, non compris ses deux années d'études, et 12 campagnes dont 2 de guerre, 4 à la mer et 6 aux colonies, ou il avait séjourné plus de 13 ans. Dans l'ordre de la Légion d'honneur, il obtint le grade de commandeur le 11 juillet 1895. Il était chevalier du 25 décembre 1869 et officier du 5 juillet 1882. Le 4 mai 1889, la rosette d'officier de l'Instruction publique lui fut donnée.

Brassac avait aussi plusieurs décorations étrangères, Titulaire de la


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médaille de Crimée de la reine Victoria en 1855 ; il avait été fait, commandeur de l'ordre royal du Cambodge le 6 mai 1889, et chevalier de l'ordre de Stanislas de Russie avec plaque le 29 avril 1896.

De nombreuses sociétés scientifiques l'avaient compté parmi leurs titulaires ou leurs correspondants : Société d'Agriculture des BellesLettres, Sciences et Arts de Rochefort, le 11 novembre 1863; Antique Société de Médecine et de Chirurgie pratiques de Montpellier, le 24 mai 1806 ; Société des Sciences naturelles de Cherbourg, le 10 août 1866; Société de Médecine de Lyon, le 14 janvier 1867, etc.

Si l'on envisage la carrière de Brassac au point de vue technique, on constate que, de bonne heure, ce sont les maladies internes qui ont été l'objet de ses études, quoiqu'il eut de réelles aptitudes chirurgicales, que démontrent les excellents résultats de sa pratique consignés dans sa thèse inaugurale.

Cette thèse est un volumineux et consciencieux travail, fruit de cinq années d'observation aux Antilles. Ecrite par un médecin dont l'esprit avait atteint sa maturité, quoiqu'il eut à peine dépassé la trentaine, elle fut très remarquée.

Après des considérations sur la constitution géologique, le climat, les saisons, l'histoire naturelle et les productions de la région, Brassac y passait en revue les affections qui y sont, endémiques : fièvre intermittente, dysenterie, colique sèche (qu'à tort il ne citait pas d'origine saturnine), diphtérie, éléphantiasis des Grecs, éléphantiasis des Arabes. Il avait, dans les lésions osseuses provoquées par la dernièrede ces maladies, employé les amputations et les résections articulaires avec de beaux succès.

Au moment où il écrivait cette dissertation, il n'avait pas eu le temps de mettre en ordre ses notes sur deux points intéressants qui étaient alors matière à discussions entre savants et sur lesquelles il promettait de revenir : l'alcoolisme et ses effets désastreux dans les pays chauds et la fièvre typhoïde dont toute une école soutenait la non existence dans nos colonies et même en Algérie. C'était le temps où les travaux retentissants du médecin principal de l'armée Boudin sur l'antagonisme qu'il croyait exister entre la fièvre typhoïde et la tuberculose d'une part et le paludisme de l'autre avaient encore une influence sur les conceptions scientifiques. Boudin et bien d'autres avec lui faisaient


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de l'intoxication palustre la maladie dominante et presque exclusive des pays chauds, surtout s'ils étaient marécageux.

La démonstration de l'existence incontestable de la fièvre typhoïde aux Antilles fit de la part de Brassac l'objet d'une note parue en 1865 dans les Archives de Médecine navale, où ont été insérés la plupart de ses travaux, comme on le verra à la Bibliographie qui complète cette notice.

Cette même année, il décrivait les ravages produits par la pénétration sous la peau d'un diptère des Indes Occidentales la puce chique ou Pulex pénétrans.

L'année d'après il donnait un travail original sur l'emploi à très haute dose, jusqu'à 60 ou 70 grammes par jour en 5 fois, du sousnitrate de bismuth dans la dysenterie aiguë, mais surtout dans la dysenterie chronique. Sauf quelquefois, pour cette dernière les bons effets qu'il avait obtenus de cette médication n'ont pas été les mêmes quand elle a été employée par d'autres praticiens.

Mais de 1866 à 1886 époque de sa production scientifique la plus abondante, c'est la lèpre qui a été l'occasion de la plupart de ses études et de ses publications.

Il avait rencontré l'éléphantiasis : Dans les Antilles, à la Léproserie de la Desirade, à l'hôpital spécial de la Basse-Terre de Guadeloupe, à la Trinitad ; dans l'Amérique du Sud, à Cumana dans le Venezuela; dans l'Inde, à Pondichéry et à Madras; dans l'Atlantique, à Teneriffe et à Sainte Hélène; dans l'océan Indien et au Pacifique, à Ceylan et à la Nouvelle Calèdonie. Et dans cette dernière île, sur sa proposition, des mesures prophylactiques bien conçues avaient été prises pour en empêcher la propagation, qui depuis quelques années donnait de sérieuses inquiétudes au gouvernement de la Colonie.

Sa compétence sur ce sujet était si bien reconnue que c'est à lui que s'adressa le directeur de la publication du Dictionnaire Encyclopédique des Sciences médicales, le Dr Dechambfe pour exposer au public médical l'état de la question en 1886, dans ce vaste répertoire très consulté en son temps.

L'article de Brassac sans être un véritable traité, ce que ne comportait pas la place dont il pouvait disposer, n'en est pas moins un travail de longue haleine, très condensé, de 150 pages.

L'éléphantiasis y est considéré dans ses deux variétés qu'il avait eues maintes fois sous les yeux dans les pays chauds, l'èléphantiasis des


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Grecs auquel il faut réserver le nom de lèpre, et l'éléphantiasis des -Arabes. La lèpre tuberculeuse pu ariesthésique, maladie générale spécifique, à tendance: envahissante et destructive, est étudiée dans ses plus grands détails. La symptomatologie a été rédigée par un.[homme qui ne parle que de ce qu'il a vu, vu souvent et bien vu. Il en est de même des divers traitements qui ont été appliqués par lui ou sous sa direction avec persévérance, dont deux sont -encore utilisés dans une affection malheureusement trop rebelle à la thérapeutique. Il accordait, comme on le fait encore aujourd'hui, une certaine confiance aux effets de l'Hydrocatyle asiatique et de l'huile de Chaulmograa, remèdes,' d'origine hindoue.

Quoique Brassac connut l'existence du bacille découvert par Hansen en 1873, il ne paraît pas complètement convaincu qu'il faut le regarder comme la cause première de la maladie ; chose acceptée de nos jours. Il fait plus qu'à la contagion dont cette, bactérie est l'agent, jouera l'hérédité un rôle important dans la persistance séculaire et la propagation de la lèpre. II faut se rappeler que les notions de spécificité et de transmissibilité de beaucoup de maladies indigènes et exotiques qui sont aujourd'hui courantes étaient faites pour étonner la génération de médecins à laquelle appartenait Brassac, Ses contemporains et lui avaient suivi les leçons de maîtres imprègnés, de renseignement de Broussais et de l'école organicienne qui avaient.réduit presque toute la pathologie à des inflammations d'organes provoquées par des irritations d'ordre banal, simples, non spéciales: climat, saisons, variations de température, action des eaux et des lieux, conditions d'hygiène, publique ou privée. En dehors de tout agent de contagion, ces influences générales s'exerçant sur tous les individus d'une même; population, dans des conditions d'ailleurs mal déterminées et fort obscures, aussi bien aujourd'hui qu'alors, suffisaient à expliquer à leurs yeux l'apparition et le développement des épidémies et la permanence des endémies.

En ce qui concerne l'éléphantiasis des Arabes, dont le trait caractéristique est l'Etat rugueux de la peau et l'exagération- du volume des membres qui rappellent l'aspect de ceux de l'éléphant et l'accroissement monstrueux dès organes génitaux,, Brassac n'était pas loin d'en admettre, avec Patrick Manson. qui avait donné cette explication en 1884, l'origine parasitaire par l'introduction de la filaire, sorte de vers héma-


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toïde, dans le système circulatoire,, lymphatique et sanguin. Il admettait pourtant une étiologie éclectique ; cet état morbide aurait été pour fui, causé tantôt par la filariose, tantôt par le refroidissement et l'humidité, avec l'aide dans les deux cas de contusions faibles ou fortes plus ou moins répétées du de la production de plaies superficielles. . Il touche encore clans ce mémoire à la question fort intéressante de la distinction, toujours admise d'ailleurs qui existe entre la lèpre et une affection singulière, spéciale aux tropiques, l'aïnhum, sorte d'amputation spontanée des doigts et des orteils, par suite de la formation d'une bride scléreuse circulaire sur une partie de ces organes : point de doctrine à propos duquel il avait fait paraître un court travail en

1879.

Avec ses qualités de bonne observation, de rédaction facile, de clarté, de précision et de connaissance sérieuse des travaux les plus nouveaux qu'on rencontre dans tout ce qu'il a écrit, Brassac fait montre d'une érudition de bon a loi, presque toujours de première main, lorsqu'il aborde l'historique et la distribution géographique de l'éléphantiasis.

Cet article du Dictionnaire Encyclopédique est l'oeuvre principale de Brassac, et il est si plein et si complet qu'on ne pourra plus traiter cette question sans s'y reporter.

Au moment de sa mise au cadre de réserve, Brassac revint s'abriter au village natal où il faisait jouir avec sa bonté naturelle ses concitoyens du fruit de sa longue et solide expérience.

Durant l'hiver, il venait passer un ou deux mois à Cahors, où plus

i d'un, avec un léger effort, peut se remettre devant les yeux son corps

ramassé, robuste et encore vigoureux, dans un âge déjà avancé, ainsi

.que sa tête puissante, son front large et élevé, ses cheveux blancs et sa

barbe qui encadrait si bien son mâle visage.

La nécessité de combattre une affection ancienne qui devait l'emporter en dépit de sa belle apparence, et qui nécessitait contre elle une lutte incessante, l'avait engagé à se rendre tous les ans à Vichy, où il avait ouvert un cabinet de consultations dans lequel passaient de nombreux habitants des Colonies dont il avait autrefois acquis la confiance. Il trouvait dans cette station thermale les ressources thérapeutiques indispensables clans son état de santé et un aliment à son activité professionnelle qui n'était pas éteinte.

C'est là que nous avons eu l'honneur de le connaître pendant les


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deux années que nous avons été attaché à l'hôpital militaire et nous conserverons toujours précieusement le souvenir de l'accueil aimable que l'ancien. Directeur de l'Ecole de Médecine navale de Bordeaux, le spécialiste éminent des maladies des tropiques, voulait bien faire à son compatriote et à son confrère.

II. mourut à Vichy presque subitement le 16 septembre 1903. Tous les médecins qui, pendant la saison, y pratiquent leur art, tinrent à honneur de l'accompagner, jusqu'au moment où sa dépouille mortelle fut emportée vers son pays. Un' ancien camarade de la médecine n'avale exprima avec èmotion les regrets de ses confrères qui se rappelaient sa bienveillance parfaite et son aménité souriante, et de ses collègues de la Société médicale" dont il était un membre compétent et écouté ; il souligna la valeur de l'homme de coeur et du savant qui venait de disparaître et la perte que faisait en lui le Corps de Santé de la marine.

Ses obsèques eurent lieu le samedi 19 septembre, dans l'église cathédrale de notre ville. On lui rendit les honneurs militaires dus à son grade dans l'armée et dans la Légion d'honneur.

Après une vie errante et laborieuse, consacrée pour la plus grande part au service de la France sous toutes les latitudes, il repose enterré quercynoise, à quelques lieues de son village, tout près de nous, dans le cimetière de Cahors (1).

(1) Nous remercions ici bien vivement Madame Brassac de la grande obligeance avec laquelle elle a bien voulu mettre à notre disposition les documents grâce auxquels nous avons pu donner à la présente notice la précision nécessaire.


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BIBLIOGRAPHIE

1863. Considérations pathologiques sur les pays chauds. Observations faites aux Antilles de 1857 à 1862 (thèse de Montpellier, 24 août).

1865. De la chique- Pulex penelrans: Accidents produits che^l'homme par ce parasite (Arch. de Méd. nav.).

Note sur la fièvre typhoïde observée aux Antilles (ibid). Art. Lèpre du Guide du Médecin praticien de Valleix.

1866. Essai sur l'Eléphantiasis des Grecs et sur l'Eléphantiasis des Arabes. Lèpre phymatode et aphymatode (Arch, de Méd. nav.).

Du sous-nitrate de Bismuth, pharmacologie, toxicologie, physiologie, thérapeutique (ibid).

1867. Note sur la Léproserie de Pondichéry (ibid).

1868. Essai sur l'Eléphantiasis des Grecs. Lèpre phymatode et aphymatode. Paris, J.-B. Baillière et fils, in-8°, 99 p.

1869. Une mission médicale à Cuntana (Venezuela). Extrait du rapport officiel au Directeur de l'Intérieur de la Guadeloupe (Arch. Méd. nav. et Basse-Terre, Guadeloupe).

1872. Résultat des essais de traitement de la Lèpre à l'hôpital provisoire de Basse-Terre Guadeloupe (ibid).

1876. Contribution à la Géographie médicale : L'archipel des Gambiers (ibid).

1879. A propos de l'aïnhum, avec Guyôt (ibid).

1880. Du Hoangnam dans la rage, la Lèpre et d'autres maladies par le père Lesserteur (ibid).

1886. Eléphantiasis (Dictionn. Encycl. des Sciences méd. de Dechambre).

1895. Vie et travaux du directeur Barthélemy (Arch, Méd. nav.).

Brassac a fait aux Archives de Médecine navale, à peu près constamment, la Revue des thèses des médecins de la marine de 1865 à 1882 et donné plusieurs comptes rendus d'ouvrages importants. Walsche : Traité des maladies de la poitrine. 1870. — Léon Colin : Traité des fièvres intermittentes, 1873 et de la Variole èpidémique, 1875. — Aurillac : Petit manuel français Hindoustani, 1875, etc., etc.


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La Grande Peur

Dans le QUERCY et dans le ROUERGUE

Notes et Documents (Suite)

Cette épouvante qui agita Cahors et les environs avait été annoncée dès la veille, 30 juillet, par des lettres venues aux Consuls du côté du Périgord et.de l'Agenais. L'alerte paraît être partie de Libos petite bourgade à 12 lieues en aval de notre ville. De cette ville une lettre adresséeà un personnage de Tournon d'Agenais, commune éloignée de 2 lieues vers le Sud, fut par erreur portée 3 lieues plus loin à Montaigut du Quercy et d'ici on prévint à Lauzerte puis à Caussade, puis à Montauban. Les villages de la vallée en amont furent avertis comme sans doute aussi ceux qui s'alignaient vers Agen ou vers le Périgord. De partout et dans tous les sens partirent des courriers extraordinaires qui par leur apparition subite et leur course rapide à travers la campagne augmentèrent! l'épouvante. Ainsi à Cahors.ces courriers provoquèrent des demandes de renseignements et des avertissements d'avoir à se garder ou à se rassurer. Il y eut comme une émulation à se rendre service entre villes. Et. cette sympathie mutuelle spontanée prouve combien était intense la cohésion nationale. Ce n'était point une nouveauté. En d'autres circonstances les villes s'étaient porté un mutuel secours, pendant les guerres de Religion, sous la Fronde et même aussi pendant la triste guerre de Cent Ans. Mais cette fois ce mouvement fut plus étendu et il gagna toutes les conditions. Et puis les particuliers aidèrent les autorités, s'empressant dé leur faire connaître tout ce qu'ils avaient appris afin de diriger les mesures dé précaution ou d'apaiser les craintes.

Pour ordonner ces lettres qui vont suivre et que je ne crois pas utile de donner toutes in extenso j'ai adopté le plan suivant : Tout d'abord et comme hors rang je donne trois lettres. La première est adressée de la Flèche à un capitaine du régiment de Languedoc. Elle.


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prouvera que l'alarme s'étendait sur toute la France. La deuxième est un fragment d'une lettre du subdélégué de Moissac à l'Intendant. Elle relate le mouvement provoqué dans cette ville et le Bas-Quercy par l'adoption de la cocarde tricolore. La troisième est une réponse de l'intendant au maire de Cahors, M. de Durfort. Elle explique le point de départ du mouvement.

Les autres lettres viendront dans cet ordre.

1° Les Lettres envoyées à Cahors de la basse vallée du Lot, de la région du Périgord, Villefranche de Belvès, Domme, Sarlat, de Gourdon et de Souillac.

2° Les Lettres provenant du Haut-Quercy et de la haute vallée du Lot, de Gramat, Figeac, Limogne.

3° Les Lettres provenant du Bas-Querci et adressées soit à Cahors, soit à Montauban.

4° Les Lettres envoyées du fond du Rouergue, à l'Intendant et la lettre de celui-ci caractérisant cette explosion d'épouvante.

1. —M. DANRÉVILLE, CAPITAINE AU REGt DE LANGUEDOC (D) (1)

La Flèche, 23 juillet 1780,

« Dans ce moment je le crains, nous sommes tous dans l'inquiétude. Il est arrivé cette nuit, un courrier du Mans de la part clu Maire qui mande de se tenir sur ses gardes parce que 400 brigands ont voulu rentrer dans leur ville. On cherche à pénétrer de quelle part ils viennent.

Une partie des villes des environs sont sous les armes, je crois que c'est partout de même ; Paris est fort tranquille.

Les brigands qui sont aux environs d'ici coupent tous les blés et veulent mettre le feu.

je vous en prie, ne vous mettez pas en route. » (Sans signature).

2. — FlEUZAL, SUBDÉLÉGUÉ, A M. DE TRIMOND INTENDANT A MONTAUBAN

Moissac, 24 juillet, 1789 (D), « On fermente ici comme ailleurs, à l'exemple de Paris et de Bordeaux. Nos jeunes gens et même plusieurs, personnes sensées ont arboré la cocarde blanche bleue et rouge. . . ils en ont porté aux offi(1)

offi(1) Lettres trouvées aux Archives Municipales sont marquées (M), les autres viennent des Archives départementales C. 923 et sont marquées (D).


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ciers du détachement, aux officiers municipaux et à plusieurs du clergé. . . j'ai trouvé qu'on m'en avait porté une. . . » (1).

3. — Le comte de Durfort, maire de Cahors, avait envoyé demander du secours à l'intendant.

Celui-ci répond : (M)

31 juillet. — « Je ne crois pas que les alarmes que vous me témoignez soient fondées. Les habitants de Cahors n'ont pu vous transmettre que l'avertissement qu'ils ont reçu, et cet avertissement n'est qu'une lettre écrite par un particulier de Libos en Agenais aux municipaux de Tournon. Cette lettre, par je ne sais quel événement a été portée, non à Tournon , mais à Montaigu en Agenais, d'où elle a été envoyée aux municipaux de Lauzerte et ceux-ci ont fait part de leurs alarmes à Caussade à Moissac, à Montauban;

Dans ces circonstances, il convient que toutes lès villes alarmées prennent la sage précaution d'expédier un courrier à cheval pour découvrir la véritable position de la troupe, qu'on annonce; et d'après l'avis qu'on en donnera, le Régiment de Languedoc se portera où il conviendra pour la: dissiper en se joignant aux bourgeois armés qui sont en état de l'accompagner.

En attendant, Il sera prudent de s'emparer dans chaque ville de toute la poudre et munitions qui peuvent se trouver dans les boutiques et magasins. »

TRIMOND.

(1) « Le port .de la cocarde fut inauguré à Cahors le 23 juillet, jour de jeudi auquel la nouvelle arriva au. dit Cahors, de façon que le dimanche suivant, tout le peuple de Cahors et lieux circonvoisins le portèrent sans distinction d'âge, d'état ni d'autorité ». Et le peuple s'en faisait un plaisir et une joie. Mais plusieurs disaient : « Il faut porter cette cocarde en signé de réjouissance ; mais il faut aussi avoir les larmes aux yeux et le crêpe derrière la tête, car il est bien à douter qu'il n'arrive de grands troubles dans le pays » (journal cité.)


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I

Libos, Ier août 1789. (D) 1. —A M. MARIE, AVOCAT AU PARLEMENT OU JUGS A MONTAIGUT (I)

EN AGENAIS

Monsieur,

Toute la contrée, et moi en particulier, nous rendons mille actions de grâces de la nouvelle que vous avez eu la bonté de nous donner du courrier extraordinaire dépêché par M. l'Intendant et MM. les Officiers municipaux pour aller sur les lieux dont étaient parties l'alarme et la terreur qui s'étaient répandues dans ce pays-ci. C'était à un point extraordinaire et de manière je ne sais comment. Je me suis trouvé ici hier, à huit heures du matin, au milieu d'un camp de 4.000 hommes de troupes patriotiques et que ce matin nous y aurions eu plus de 15.000 hommes, si nous n'avions pas donné contr'ordre hier au soir. Ce que nous avons fait sur les nouvelles qui nous sont parvenues successivement et notamment à 10 heures du soir portant la confirmation que -tout ceci n'était occasionné que par une bande de brigands et de scélérats qui, après avoir commis nombre de meurtres et d'incendies ont été enfin enveloppés par les troupes bourgeoises et ont été brûlés dans le château de la Rochechalais, près Sainte-Fo3'(2) où ils s'étaient retirés et fortifiés. Le courrier qui m'a remis votre lettre voulait aller plus loin, mais, sur ce qu'il a vu et sur ce que nous lui avons dit, il a jugé à propos de ne pas pousser plus loin et je crois qu'il a raison.

J'ai l'honneur d'être

ESCOUSSE.

(1) A 40 k. N. de Moissac, voisin de Tournon d'Agenais. Celte lettre fut envoyée à Montaub-an, car M. Marie était absent de Montaigût. Elle fut renvoyée à Montaigût et une copie fut envoyée a Lauzerte.

(2) Je ne sais s'il s'agit ici de Sainte-Foy-la-Grande ou Sainte-Foy de-Lougas, canton de Saint-Aivère.


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2. — GUILHOU, FILS AINÉ, AUX CONSULS DE CAHORS,

Parnac (1) 30 juillet (M).

Nouvelles satisfaisantes de notre exprès à Libos.

« Hier, à midi, il y avait à Libos plus de 6.000 h. rassemblés.

L'on arrêtait tout le monde pour les faire marcher. Nos exprès ont eu le même sort. Cette troupe avait déjà fait 4 lieues pour aller joindre un corps de 2500 à 3000 brigands qui dévastaient les bords de la Dordogne et mettaient tout à feu ou à sang. Comme la troupe rassemblée à Libos arrivait à Montcabrier (2) deux courriers extraordinaires vinrent la remercier et leur apprendre la nouvelle de la défaite de ces brigands qui ont été pour ainsi dire tous détruits. Tout le monde s'est retiré dans le meilleur ordre et maintenant tout est fort tranquille. L'Agenais et le Périgord ont éprouvé la même alarme que le Querci. Les esprits y étaient dans la plus grande fermentation. Mais, dans le moment tout est dans le plus grand calme. »

3. - BEL, NOTAIRE DE LUZECH, A SON FILS AINÉ, MARC ANTOINE (3)

Étudiant en philosophie à Cahors (sans date) (M).

Je te préviens, mon fils, que sur l'alarme générale qui s'est répandue ce matin presque à la même heure tant dans les villes que dans les campagnes, tout le monde s'est mis en défense non pas à la.vérité avec des armes à feu, car il en manque, mais avec des armes qui font frémir. Nous avons ramené ici, à Grayssac (4), environ 400 hommes. Nous en avons formé 8 compagnies de 50 hommes chacune." Une sera placée à la Métairie haute en forme d'avant-garde; une seconde sera placée à la venue de Villefranche en Périgord où l'on dit que les brigands marchent et les 4 autres resteront à Crayssac où elles montent la garde. Nous avons établi une correspondance depuis Domme jusques ici de paroisse en paroisse. Nous venons d'avoir la nouvelle

(1) Parnac : 4 lieues à l'Ouest de Cahors.

(2) Montcabrier : 11 lieues N.-O. de Cahors.

(3) Le même Bel qui s'était distingué 1 pour réprimer les violents-à Cahors, sans doute ce même jour.

(4) Petit village,près de Luzech sur les collines qui surplombent la rive droite, du Lot et à 15 k. de Cahors.


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positive que l'alarme est fondée, qu'il y a autour de 10.000 brigands armés jusqu'aux dents qui pillent et ravagent le pays où ils passent. On nous rapporte que le brigandage a commencé réellement à Montpazier (1) et ses environs-; qu'ensuite ces scélérats se sont portés du côté de Limeuii où ils ont dévasté, le pays. Ils ont passé au Bugue,.(2) et à Cieurat (Siorac) sous Belvès (5) sur la Dordogne. Ils sont aux approches de Cadouin (3) et prennent le chemin du côté de Domme(4). Ce pays demande beaucoup de secours et promptement. Il est parti déjà un grand nombre d'hommes de presque toutes les paroisses de nos environs pour voler au secours de Domme et Sarlat qui sont en danger. Au fur et àsnesure que nous aurons ici des nouvelles positives à pouvoir y ajouter foi, je t'en donnerai pour les communiquer à MM. les officiers municipaux afin qu'ils prennent les précautions qu'ils jugeront convenables dans une circonstance aussi critique. Nous attendons ce soir des nouvelles de Domme et de Libos où nous avons envoyé les exprès et sur le rapport qu'ils nous feront je t'en donnerai avis. Si les nouvelles deviennent plus fâcheuses et qu'elles soient bien confirmées, j'estime que Cahors, à l'instar de presque toutes les paroisses de ce canton, ferait bien de faire avancer un détachement d'environ 300 h. jusques dans les environs de Catus, afin de prévenir la dévastation du pays. Si ces brigands se présentent et que les hommes qui vont au-devant d'eux ne sont pas en force suffisante pour les repousser, alors on serait à temps de se replier sur Cahors pour le défendre avec autant de zèle que de fermeté et de courage. Tes deux frères viennent te joindre et nous quittent à 6 heures du soir. Adieu, je t'embrasse et suis ton bon père.

BEL.

Je vous recommande à tous trois la sagesse, la tranquillité et la prudence, sans rien diminuer pour la défense de la patrie. Faites

(1) Chef-lieu actuel de canton de la Dordogne, voisin du Lot-et-Garonne et du Lot.

(2) Le Bugue (Dordogne), à 30 k. ,0. de Sarlat. — Cieurac.ou Siorac, 26 k. de Sarlat. — Belvès, 33 k.5 au S.-O. de Sarlat, à peu près à distance égale de la limite actuelle du Lot vers Cazals.

(3) Cadouin à 36 k. de Bergerac S.-E. et à 5 k. du Buisson,

(4) A 13 k. de Sarlat et sur la route de Sarlat à Villefranche-du-Périgord. Sarlat à 35 k. N. de Gourdon qui est à 43 k.N. de Cahors. — Catus 17 k. N.- 0, de Cahors.


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attention que je suis ici dans un poste avancé et plus.tôt en danger que vous autres. Je pense que Cahors n'a rien à craindre cette nuit, quand bien même les brigands en prendraient la route ; ils sont encore trop éloignés pour pouvoir arriver.avant demain dans cette capitale ; mais on fera toujours bien de se tenir sur les gardes ; les patrouilles doivent courir toute la nuit.

Dans le moment que j'ai écrit, il nous a été rendu par des gens qui . viennent de Mongesty (1), d'où tous les habitants sont déjà partis pour Domme, que les brigands sont au nombre de 40,000 h., divisés en 2 colonnes de 20,000 chacune venant de différents côtésiCèlà faisait penser qu'ils ne sont pas des brigands mais bien des troupes réglées. Cette dernière nouvelle mérite confirmation, malgré qu'on nous l'ait donnée pour certaine.

4. — Puy- l'Evêque (2) 1er août 1789. Miquel maire et. consul. (M) Aux CONSULS DE CAHORS

Hier, ils avaient envoyé copie d'un avis par le sieur Blanc Pierre, et ils avaient fait partir 80 hommes d'élite « de notre jeunesse bien armés de.fusils et approvisionnés de vivres et de munitions pour 6 jours, avec ordre d'aller aux portes de Limeuil (3), Ciorac ou Cadouin. Ils couchèrent hier à Villefranche en Périgord. Ils sont revenus, ce soir. Le calme et la paix régnent dans nos Cantons. ».

Il envoie les attestations des consuls de Villefranche et copie de cette lettre « de Delacroix de Périgueux adressée, à M. de Souillac de Villefranche de Belvès » — 30 juillet 1789 : « Comme nous étions hier dans la plus grande consternation, tout le monde était sous les armes. L'on nous annonce 2.000 brigands prêts à fondre sur Périgueux, après avoir ravagé Bourdeilles, Ribeyrac et Nontron (4), mais cela se trouve faux. On pense que 60 ou 80 brigands qui se sont associés, les uns les disent en Poitou, les autres en Chancelade (5) causaient toutes ces alarmes. » —

(1) A 22 k. N.-O. de Cahors, à 5 k. N O. de Catus, sur la route de Cahors à Vill franche de Pé'i-igord.

(2) Puy-Lévèque. A 34 k. O. de Cahors.

(3) Limeuil : Au confluent de la Vézère et de la Dordogne, non loin du Bugue.

(4) Bourdeilles : A 26 k. N. O. de Ribérac ; 40 k. O., de Nontron ; 47 k. N. de Périgueux.

(5) A k O. de Périgueux. La distance est grande entre le Périgord et le Poitou.


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Nécessité que chacun dans sa paroisse se tienne prêt.— Nous n'avons rien à craindra, nous avons au moins 300 hommes de patrouille aux postes de la Ville. — « Un officier d'infanterie qui courait à franc étrier nous a dit que la même révolution existait dans le Limousin et le Berry. »

Miquel continue. « Nous avons divisé nos habitants en 10 compagnies qui fournissent toutes les nuits 25 hommes qui montent la garde régulièrement toute la nuit. Nous croyons que ces précautions sont fort utiles et nous continuerons même jusqu'à la séparation des Etats-Généraux. »

5. — Domme, 30 juillet 1789, (2 h. après midi). (M) Aux CONSULS DE CAHORS

On nous signale « 3 ou 4.000 bandits du côté du Bugue et de St-Cyprien (1). Nous ne savons trop qu'en croire. Nous envoyons à la découverte et nous ramassons toutes les armes que nous trouvons. Nous manquons de poudre et de plomb ; si vous en aviez (sic), nous vous en demandons. » Molènes, maire ; Grèzes de Talazac Ier consul.

6. — 30 juillet, 3 heures. (M)

« Les brigands sont à Campagne près du Bugue. Ils ont brulé M. de Vassal, maréchal de camp. »

Prière « de venir au secours afin d'empêcher les bandits de passer la Dordogne, s'ils ont passé la Vézère ou de secourir M. de Vassal, s'il en est temps. » Mêmes signatures.

7. — 30 juillet, plus lard. (M)

« Nous venons d'apprendre que le tumulte vient de quatre paroisses des environs de Limeuil qui ont rasé le château de M. de Vassal entre Limeuil et le Bugue. Tout ceci prouve la nécessité de former partout des troupes bourgeoises et de ne les composer que de braves gens afin qu'avec ceux là on puisse contenir et étouffer par tous dès l'instant les (2) ? auxquels on doit s'attendre. » Mêmes signatures.

(1) A 19 k O.de Sarlat.

(2) Ici le papier est déchiré: sans doute « malheurs ».


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8.—30 juillet, 9 heures du soir, (M.)

L'alarme donnée est absolument fausse. L'exprès envoyé du côté du Bugue rapporte qu'il n'y a eu aucun accident. Il y a eu la même alarme. On prétend qu'elle venait d'un aubergiste de Saint-Alvère (1) auquel deux hommes bien mis avaient demandé son cheval pour aller combattre les brigands, du côté de Brantôme (2). Cet aubergiste eut peur de ces hommes et décampant au plus vite avec son cheval à semé partout cette alarme. — On prétend qu'il y a 500 à 600 mandrins (3) du côté de Bordeaux, qui forcent les gens à prendre, de leur tabac mais qui ne tuent personne, - Remerciements et offres de services.

P. S. Nous avons tant de réponses à faire et il se fait tant de bruit que l'on doit excuser l'écrivain.

(Mêmes signatures).

9.—Domme, 31 juillet, (M.)

Ils admirent lé zèle des Cadurciens. Ils déclarent qu'ils voleront à

leur secours. « Vous avez raison de dire MM. qu'il faut expliquer au

peuple l'emblème de la cocarde et prendre tous les moyens possibles

-pour les rendre tranquilles. — Mes très chers et honorés confrères. »

MOLÈNES.

10, — Domme, Ier août 1789,

Messieurs et très chers frères. (M) Ils remercient les consuls de leurs soins patriotiques, Ils sont prêts à les rendre. On a voulu nous donner une terreur panique — ni sédition, ni armée dans aucune partie du Périgord — petite troupe de mandrins et de brigands que la maréchaussée poursuit du côté de Brantôme, ou bien une bande de galériens échappés de la chaîne. On né Sait rien ni de leur qualité ni de leur existence. Gela n'est pas pour donner l'alarme. — « Ce n'est pas pour cet objet non plus que nous nous occupons à former des milices bourgeoises; nous avons dans cet établissement des vues plus étendues qui nous sont sans doute com(1)

com(1) 29 K. N. E. de Bergerac près du Bugue.

(2) 26 K. N. de Périgueux.

(3) Nom populaire de voleurs ou plutôt de contrebandiers.


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munes avec tous les citoyens vertueux et éclairés. Messieurs et très chers frères. » .

MOLÈNES, maire ; GRÈZES-DE-TALAZAC, consul ;

REYNAL, consul ; CHEYRAC, proc. syndic.

II. — Sarlat, 1e 1 août, soir. (M)

Aux consuls de Cahors.

Remerciments de l'offre faite de secourir Sarlat. « Nos alarmes sont finies. Jeudi matin, un curé de notre diocèse arriva à toute jambe pour nous annoncer qu'une bande innombrable de Brigands avait incendié dans là nuit la ville de Limeuil distante de 5 lieues de nous et à une de son presbytère; que, sur les rives de Dordogne et de Vézère, dans cette partie-là, on avait ordonné de brûler tous les bateaux. La gravité de l'auteur, sa proximité du lieu prétendu incendié donna dans l'instant la plus vive alarme. Sur les deux heures, la ville de Montignacqui, par rapport à nous, se trouve sur la route de Paris et à 4 lieues d'ici, nous envoya deux citoyens à toute bridé pour réclamer les services les plus prompts, en nous assurant que la ville d'Excideuil, à 3 heures de chez nous, était saccagée par une troupe de bandits qui prenaient la route de leur ville...». Citoyens envoyés sur la route du premier avis et, tout bien approfondi, on n'a pas pu trouver les plus légers motifs à ce dernier bruit. MM. de Montignac ont eu le même sort. — « Mais la terreur panique avait fait de si grands progrès que, la nuit dernière encore, toutes les paroisses du pays et particulièrement celles qui sont le long de la Dordogne, ont sonné le tocsin et le peuple effrayé emportait des meubles, les enterrait ou les cachait dans les creux de rochers. Ce qu'il y a de plus étonnant, c'est qu'il paraît que cette alarme a eu lieu le même jour dans une étendue de pays immense. Nous avons eu aujourd'hui des nouvelles de Périgueux, d'Angdulème, de Brive, Tulle et Uzerche où les circonstances sont les mêmes. Le ressort qui a donné cette commotion est bien incompréhensible. Tirez MM. vos conjectures. Nous en hasardons beaucoup sans nous arrêter à aucune. D'après tous ces détails, il paraît que chacun sera assez en force pour se défendre. »

Le chevalier de RAVILHON, maire ; POUZOTE, SELVE. pro. syndic; BETON,consul;DULOING.


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12. — DEL0RD, AVOCAT DE PECHFUMAT (FRAYSSINET-LE-GÉLAT) AU MAIRE

, DE CAHORS. (M) 31 juillet 1789.

« En arrivant ici hier au soir, je trouvai la place de Frayssinet remplie de monde, ma femme et M. le curé compris qui allaient me dépêcher un exprès pour m'apporter la lettre ci-jointe du Procureur du Roi de Villefranche qui avait répandu l'alarme parmi eux que je jugeai être mal fondée de plain abord, de sorte, qu'avant de prendre aucune détermination, je voulus voir plus tôt les Gazettes et les lettres que le porteur de Cahors à Goujounac (2) devait m'avoir apportées à ce moment, et, y ayant vu que le calme était remis à Paris, ensemble qu'il n'y avait rien d'extraordinaire à Bordeaux, je compris très bien qu'il n'y avait que des bandits (ou les religionnaires) (3) qui eussent pu occasionner cette alarme, parce que si les Anglais ou les Espagnols avaient percé en France, ils n'auraient pu s'introduire dans le coeur de la province de Guyenne, sans que nous n'en eussions été instruits plus tôt ou que c'était l'exercice à feu qu'on fait dans différentes villes de cette province qui avait fait croire qu'il y avait des ennemis dans l'intérieur. »

J'ai dépêché dans la nuit à Villefranche. Je songeai à « prendre du repos dont j'avais grand besoin, et, malgré cela j'entendis sonner le tocsin dans toutes les paroisses après minuit ; pour raison de quoi l'on m'a éveillé, de quoi j'aurais voulu qu'on m'eût dispensé ; et l'on est venu encore bon matin m'apporter d'autres lettres qui confirmaient la même alarme : les uns l'imputant aux Espagnols, d'autres aux Anglais.

. Ce qui m'a déterminé à faire sonner, le tocsin, à Fraissinet contre mon avis jusqu'à l'arrivée de mon exprès, lequel, après avoir bien éclairci le fait, m'a rendu que c'étaient les débris des prisonniers de Paris évadés et... qui s'étaient répandus jusqu'à la ville de Brantôme qu'ils ont saccagée et ont été détruits en partie à leur tour par le peuple ; ce qui fait que... n'est pas si grand qu'on le craignait ; et comme j'ai retenu, M. Lacoste-Glahdières (4) pour avoir l'honneur de vous faire part de cette

(1) à 32 K; N. O. de Cahors, très près de Villefranche du Périgord.

(2) à 29 K. N. 0. de Cahors et à 4 de Frayssinet.

(3) Ce mot est raturé à l'original.

.(4) Lacoste-Glandïères était un exprès envoyé de Cahors vers Villefranche de Belvès.


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nouvelle, mon avis étant que vous fissiez enrégimenter les habitants de Cahors, en même temps que tout ce pays-ci se mettrait sous les armes et que, sous les enseignes du bataillon que vous avez dans votre ville, l'on fût au-devant de l'ennemi avec les provisions et munitions convenables, en indiquant le rendez-vous à Cazals (1) et se remparant à Domme qui est la meilleure place forte de la Guyenne après Bordeaux ; mais j'espère que nous n'aurons pas besoin de ce la et cependant, par prévision, j'opine toujours qu'il est bon que les jeunes gens de 18 ans jusqu'à 40 soient enrégimentés dans toute cette province, comme on l'a fait à Paris, à Bordeaux, dans l'Agenais et dans le Périgord, afin d'être sur ses gardes dans le besoin,comme aussi que vous demandiez un régiment en entier parce qu'une populace qui neserait pas conduite par des militaires opérerait mal malgré son courage et pourrait devenir presque aussi destructive que les ennemis, par défaut de subsistance. Et quoique ce ne soit pas à un avocat à traiter de matière de la guerre, ensemble que je parle à une personne infiniment mieux instruite que moi à tous égards (2), je me flatte, M. que vous ne désapprouverez pas que j'ai l'honneur de vous faire part de celte nouvelle, ensemble des précautions qu'il est bon de prendre dans le besoin, soit parce que la troupe de brigands peut augmenter dans cette circonstance, soit parce qu'on m'a le prouvait actuellement en Normandie (3).

DELORD. 13. — LETTRE ADRESSÉE A M. DELORD A PECHFUMAT PAR LAPORTE,

PROCUREUR DU ROI, A VlLLEFRANCHE DE BELVÈS (M)

Le bruit se répandit, mon cher ami, qu'une troupe de brigands, au nombre, de 20000 avaient déjà fait beaucoup de ravages depuis Limeuil jusques à Siorat. Et je. crois que le fait n'est que trop vrai puisque nous avons appris cette même nouvelle par Montpazier. L'on ne voulait pas même permettre qu'un de nos citoyens sortît de cette ville. J'en ai déjà prévenu les villes de Sarlat et Domme par un exprès

(1 ) A 1 o k. N. de Frayssinet ; à 3 2 k. N. O de Cahors.

(2) Le comte de Durfort, maire de Cahors, était officier de l'armée royale, chevalier de St-Louis et avait gouverné les forts du Médoc.

(3) Delord était un avocat très estimé dans le pays et très écouté. Il avait soutenu, vers 1776, auprès du Parlement de Bordeaux, les intérêts des vignerons du Querci que génaient les privilèges commerciaux de la ville de Bordeaux.


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et je t'en préviens afin que tu fasses mettre tes bons citoyens sous les .armes afin de te réunir à nous en tant que de besoin. Je'crois qu'il serait, bon d'eu prévenir les paroisses voisines. Je laisse le tout à ta prudence. Nous avons envoyé des exprés à Belvès et à Montpazier pour savoir ce qui s'y passe. Immédiatement après leur retour, je t'en ferai part. Je suis tout à toi ton meilleur ami

LAPORTE.

14. — Le même aux Consuls de Cahors, — Il annonce la tranquillité qui leur est assurée par un courrier de Montpazier. Ce courrier « nous apprend qu'il n'a paru dans notre province ni brigands ni troupes anglaises, ni espagnoles, ni allemandes, de celles qui avaient échappé par leur fuite à la fureur des Parisiens, car c'est ainsi que les nouvelles nous sont.parvenues par différents courriers que nous avons vus depuis jeudi, 30, à 3 heures du soir. Je crois qu'il est du plus grand avantage de faire parvenir ces nouvelles aux villes de Montauban, Toulouse et autres que vous trouverez nécessaires, afin de remettre le calme dans les esprits que cette fausse alarme avait agités au plus haut période. »

15. — yi juillet 178g, à 6 heures du soir. (Sans indication de lieu de départ, mais sans doute de Glandières près Cahors). LACOSTE-GLANDIÈRES AUX CONSULS DE CAHORS. (M)

A mon arrivée de Villefranche de Périgord, j'ai cru qu'il était de mon devoir et que je devais à ma patrie de vous instruire que la fausse alarme où nous venons d'être tous plongés vient de quelques débris de troupes étrangères qui étaient à Versailles et qui réunies à quelques prisonniers de la Bastille (se sont joints?) des brigands à Brantome près Périgueux, et ont saccagé et pillé une abbaye qui est dans ce voisinage. Presque tous ont été pris ou égorgés. C'est la nouvelle qui a été donnée à Villefranche, venant de Domme, Sarlat, Bergerac et Périgueux. Dans les villes ci-dessus on arrête tous ceux qui sont sans aveu, sans certificats et sans connaissances,


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16. — Gourdon, Ier août 1789.(M)

Le lieutenant-général est absent (1). Lavaysse-Ginnibert, lieutenant particulier reçoit les deux députés de Cahors à 2 heures de l'après-midi. « Il est à concevoir comment une alarme aussi fausse a pu saisir tout à coup plusieurs provinces, le Périgord, le Quercy et le Limousin. Vous pouvez vous rassurer par ce que l'alarme est sans aucun fondement. Nous y fûmes pendant tout hier. Et nous avions déjà près de 12.000 h. sur pied ».

17. — Souillac, 5 août 1789, (M) A L'INTENDANT,

Il serait inutile de vous faire part de l'alarme que nous a causée, le 30 juillet dernier, la marche prétendue d'un grand nombre de brigands puisqu'elle n'a été qu'une chaîne de communications de province à province. Notre situation était d'autant plus triste à Souillac que nous nous trouvions dépourvus de toute espèce d'armes, tant le désarmement fut rigoureux il y a 20, 25 à 30 ans ; ce qui vous paraîtra surprenant encore, c'est qu'au corps de garde où à l'Hôtel de Ville, il n'y a pas une seule arme à feu. Nous en aurions cependant besoin dans un temps de crise comme celui-ci où les vagabonds et les mauvais sujets se multiplient journellement ; ceux-mêmes des environs des villes voisines déjà constituées en milices bourgeoises ne manqueront pas de se replier sur nous, si nous sommes sans défense. Et quelle ressource nous reste-t-il ? La ville est presque sans revenu et la somme de 300 livresqu'elle s'impose annuellement pourle logement de la brigade la met hors d'état de rien plus faire. Voudriez-vous donc, Mgr. avoir la bonté de nous accorder une soixantaine de fusils avec autant de gibernes du magasin du roi à Montauban.

Notre communauté a l'honneur de vous faire cette demande de concert avec nous et nous osons nous flatter que, s'il est possible, vous vous rendrez à notre prière, dans la persuasion où vous devez être que ces armes resteront toujours au corps de garde et que la ville les représentera à votre première réquisition. Nous avons déjà formé une milice bourgeoise de 200 hommes, sous le commandement de M. le

(1) Hébray.


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Chevalier Laprade lt colonel de dragons ; chacune des trois compagnies qui la composent a un chevalier de Saint-Louis à sa tète. Il se fait des patrouilles très exactement, ce qui sert encore à contenir la populace qui commençait à méconnaître la subordination. Nous avons l'honneur...

SARRADRE, maire.

DOUSSOT, 1er consul. (A suivre).

B. PAUMES.

BIBLIOGRAPHIE

. MOLLAT. — LES PAPES D'AVIGNON (1305-1378)

Paris, J. Gabalda et Cie, 1912. — In-12 de XVI-424 pages

M. l'abbé Mollat, dont j'ai eu si, souvent l'occasion de parler dans nos réunions, soit à propos des divers fascicules des Lettres communes de Jean XXII qu'il publie avec une inlassable persévérance, soit à propos des articles sympathiques qu'il a écrits pour défendre'là mémoire de notre illustre compatriote que personne ne connaît comme lui, soit encore en rendant compte de l'ouvrage qu'il a composé avec M. Charles Samaran sur la Fiscalité pontificale, vient de publier Un nouveau volume particulièrement intéressant pour nous, les Papes d'Avignon, dans la Bibliothèque de l'enseignement de l'histoire ecclésiastique.

M. Mollat ne s'est pas cantonné en effet dans l'histoire de Jean XXII. Son long séjour dans les archives vaticanes a été consacré au quatorzième siècle tout entier. Il a complété ses découvertes par des recherches heureuses dans les principales bibliothèques 'et divers fonds d'archives de l'Italie et de la France. Sa connaissance de l'anglais et de l'allemand lui a permis de profiter des travaux considérables faits en-ces derniers temps en Angleterre et en Allemagne. Aussi a-t-il pu accepter de préparer une nouvelle; édition des Viloe paparum


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avenionensium de Baluze si importantes, mais dont les exemplaires ne se trouvent que dans les grandes bibliothèques.

C'est la préparation de ce travail qui* lui a permis de composer le volume qu'il offre aujourd'hui au public et qui est aussi un manuel excellent, puisqu'il est le résumé des nombreux travaux d'un spécialiste.

Dans ce volume, M. Mollat est amené à détruire de nombreux préjugés. L'histoire jusqu'ici a été fort sévère pour les papes d'Avignon, du moins l'histoire écrite par des auteurs étrangers à la France, surtout des auteurs italiens et allemands; même des catholiques ont parlé du scandale causé par la captivité de Babylone. Il semblerait que le séjour prolongé des papes dans leur nouvelle capitale des bords du Rhône ait été « la source des plus grands maux pour l'Eglise. »

Avec une impartialité aujourd'hui facile, semble-t-il, mais qui a manqué cependant à des auteurs catholiques (de langue allemande, il est vrai), comme Pastor, M. Mollat étudie la vie politique, les institutions de chacun de ces six papes, pour en faire l'histoire objective « sans autre parti-pris que de dire ce que les textes suggèrent. »

Son ouvrage est divisé en trois livres consacrés le premier à faire.la biographie, le second à dégager la politique, le troisième à décrire les institutions. La quantité des documents mis en oeuvre nuit sans doute parfois au mérite littéraire de l'ouvrage, mais jamais à la clarté, de façon que l'auteur aurait pu ne pas résumer lui-même ses conclusions ; elles ressortaient naturellement de son exposé, et cet exposé ne renferme pas une seule page qui ne soit appuyée sur les références les plus précises et sur les documents les plus sûrs, indépendamment de l'abondante biographie rapportée en tête du volume et au commencement de chaque chapitre.

Après la biographie de chaque pape pris à part et dont M, Mollat esquisse très brièvement mais très sûrement le portrait (1), il passe en revue les divers traits de leur politique : relations avec l'Italie (guerres et organisation, administration d'Albornoz) ; relations avec l'Empire (défaite de Louis de Bavière, mais Charles de Moravie, élu grâce au pape enlève par la Bulle d'or aux souverains pontifes toute ingérence

(1) En réfutant brièvement les diverses allégations portées contre leur personne, mais aussi en reconnaissant les erreurs commises ou les défauts, avec Une très grande largeur d'esprit.


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dans les élections impériales) ; avec la France (notamment procès des Templiers, procès de Boniface VIII, la guerre de Cent Ans); avec l'Angleterre-(nombreuses légations'pour amener la paix) ; avec l'Espagne (royaumes d'Aragon et de Majorque, toujours en lutte et que les papes d'Avignon ne réussirent pas à réconcilier définitivement, etc.)

' La troisième partie fait connaître l'organisation de la cour pontificale d'Avignon. Cette partie est peut-être la plus neuve des trois, celle qui apprend le plus de choses, car, il y a peu de temps encore, on n'avait pas une connaissance exacte de la cour avignonnaise, faute d'avoir été aux sources les plus sûres, qui sont les livres de recettes et dépenses des papes, ou du moins ceux qui avaient consulté ces livres n'en avaient pas tiré un parti suffisant. M. Mollat avait déjà traité à part, dans ce volume que j'ai déjà cité sur la Fiscalité pontificale, la question des impôts payés à la curie romaine ; son chapitré sur les divers services de la curie, chambre apostolique, chancellerie, administration judiciaire, pénitencerie, sur le collège apostolique des cardinaux, sur les fêtes données au palais des papes, et son chapitré sur la centralisation-de l'Eglise sous les papes d'Avignon sont.on ne peut, plus curieux et intéressants.

Une table analytique permet de se retrouver facilement dans la foule énorme des noms de personnes et de lieux cités dans l'ouvrage.

Je ne saurais mieux faire., ne pouvant reprendre tous les points controversés, que de donner la conclusion du volume, sauf à revenir, un peu sur notre compatriote.

. «Depuis longtemps on avait accoutumé de ne juger les papes d'Avignon que d'après les récits malveillants des chroniqueurs contemporains et les récits tendancieux de.Pétrarque, de sainte Catherine de Sienne et de sainte Brigitte de Suède.. Ces récits et ces écrits, on les acceptait à peu près sans contrôle, sans critique.

« La mise en oeuvre des documents d'archives publiés depuis quelque trente ans, encore que très sommaire, permet, ce semble, de réformer en partie le jugement de l'histoire resté jusqu'ici trop uniformément défavorable à la papauté avignonnaise.

« Tout d'abord les papes d'Avignon sont lavés du. reproche d'avoir gardé une attitude humiliée à l'égard de la France et d'avoir trop incliné leur politique générale devant les convenances particulières de la royauté française. Dans certaines questions de détail, comme le


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procès des Templiers (1), et pour certains papes, tels que Clément. V et Benoît XII, ce reproche peut seulement encore sembler mérité. Mais, à ne considérer que l'ensemble, l'action diplomatique des papes d'Avignon s'est exercée avec une réelle indépendance en Orient comme en Occident, et leur politique a poursuivi sans relâche Un triple but : la pacification de l'Europe, la conquête de la Terre Sainte, le recouvrement des Etats pontificaux.

« A la vérité, les papes d'Avignon échouèrent dans leurs projets de croisade. Jusqu'à quel point pareils projets étaient-ils empreints d'utopie, étant donné l'idée politique de l'Europe au XIVe siècle ? Il est difficile d'en juger. Les papes pouvaient encore se croire assez d'influence sur les princes chrétiens pour espérer de réussir dans leur noble entreprise. De fait leur arbitrage et leur intervention ont été constamment sollicités ou au moins acceptés dans le cours du siècle, sauf pour l'élection impériale qui échappe désormais à l'influence directe du pontife romain.

« Le grief le plus ordinairement retenu contre les papes d'Avignon est celui de leur séjour prolongé sur les bords du Rhône, loin de la Ville Eternelle qui semblait abandonnée sans esprit de retour. Sur ce point précis les résultats de notre enquête historique sont le plus décisifs. L'Italie livrée à l'anarchie politique ne garantissait pas à la papauté un asile assez sûr. Pendant tout le cours du XIVe siècle, les papes ont fait effort, avec plus ou moins de succès, pour ramener la paix dans la Péninsule et y reprendre leur place parmi les petits Etats en formation; Les victoires du cardinal. Albornoz, sa politique habile continuée par Grégoire XI rendirent de nouveau Rome habitable par la papauté.

« La politique italienne des papes d'Avignon fournit au moins une explication et dans une certaine mesure une excuse à leur fiscalité, qui était nouvelle dans ses.procédés sur plusieurs points, et qui devait à la longue indisposer gravement les pays chrétiens. Ce mécontentement éclata au grand jour lors du grand Schisme d'Occident. « La politique financière de la papauté avignonnaise se trouvait liée à l'extension dé la centralisation administrative de l'Eglise romaine.' Celle-ci, de ce chef, reçut une impulsion très vive et assez analogue à

,Ci).M, Mollat, profitant des derniers travaux composés sur cette question troublante, établit d'une façon qui peut sembler définitive l'innocence de l'Ordre, et par suite condamne la faiblesse.excessive de Clément V.


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la centralisation, correspondante qui se produisit dans les différents Etats de l'Europe aux XVe et XVIe siècles par la constitution des monarchies nationales. Elle provoquera la réaction dangereuse qui tenta de l'emporter au concile de Bâle.

« Enfin l'action religieuse des papes d'Avignon s'accuse dans leur zèle pour combattre l'hérésie, pour réformer les ordres religieux, pour répandre outre-mer la connaissance de l'Evangile. »

C'est surtout Jean XXII que M. Mollat connaît bien. Il a analysé les 50.000 pièces dé sou Bullaire, et déjà, avec le volume des Lettres communes qui va paraître, il atteint le chiffre de 30.000. Quand on a' dû soi-même parcourir, comme je l'ai fait, pour rechercher ce qui, dans ces livres, se rapporte aux personnes et aux choses "de notre Quercy, les, nombreux registres de la correspondance' de Jean XXII et ses volumes de comptes, on. est tout préparé pour souscrire aux conclusions de M. Mollat relatives à notre compatriote. Après avoir démontré que son élection à Lyon, dans les circonstances que l'on sait et que j'ai fait connaître à la Société des Etudes, fut tout ce qu'il y a de plus légitime et, aux yeux.d'un catholique, de vraiment providentiel, M. Mollat n'a pas eu de peine à réfuter les accusations portées contre Jean XXII de sévérité outrée et d'avarice sordide. Le misérable Hugues Géraud luimême malgré ses tentatives odieuses d'empoisonnement et d'envoûtement, dont la première était un crime de droit commun, aurait trouvé grâce s'il se fût repenti, et Pierre de Corbière, l'antipape tombé entré, ses mains, finira,tranquillement ses jours au palais d'Avignon où il put disposer par testament des biens qu'on' lui avait laissés. Quant à son avarice, M. Mollat a fait le décompte de toutes les sommes que Jean XXII dépensa pour le besoin de l'Eglise en général, pour ses guerres en Italie, pour.l'entretien de sa cour, pour ses charités infinies, pour ses projets de croisade, et réduit à leur vrai"chiffre, qui estrelativément peu élevé, les sommes fantastiques laissées à. sa mort que ce menteur.de Villani avait imaginées.

Ce qui frappe dans le pontificat de Jean XXII, c'est l'incroyable activité de ce petit homme, arrivé sur le trône pontifical à un âge où l'on sent la mort tout proche et qui pendant plus dé dix-huit ans mène de front avec une merveilleuse souplesse les affaires les plus" variées, tenant tête aux ennemis les plus divers, tous acharnés contre lui et sans.scrupules, s'occupant de tous les détails d'une immense administration qu'il" a contribué encore à rendre plus vaste et plus compliquée*


Prenez seulement les fascicules des Lettres curiales publiées par M. ■ Coulon et vous serez surpris de le voir travailler d'une part à faire la paix entre les rois de France et d'Angleterre, retardant ainsi la guerre de Cent ans qui éclata presque tout de suite après sa mort, et d'autre part en même temps à rétablir la concorde entre des seigneurs de notre Quercy ; lancer les foudres de l'Eglise contre les Franciscains révoltés, contre les Visconti de Milan qui bravaient ses anathèmes, ou contre Louis de Bavière qui suscitait un antipape, et en même temps témoigner la charité la plus délicate envers les grandes douleurs, montrer une affabilité extrême à l'égard de ses amis.et de ses compatriotes.

Ses compatriotes, on les lui a bien reprochés, au pape de Cahors, et mes travaux sur les Querçinois qui ont bénéficié de sa puissance et .de ses richesses ont pu fournir quelques traits de plus à ceux qui ne regardent que les apparences. Mais je pense avoir montré, et cela ressort aussi des conclusions de M. Mollat, que le népotisme, très réel, de Jean XXII, avait beaucoup de circonstances atténuantes. Après l'interrègne si troublé qui avait précédé son élection, peut-on le blâmer d'avoir voulu s'entourer de coeurs dévoués et d'amis fidèles ? Tous les quercynois auxquels il a prodigué ses faveurs les avaient déjà méritées par leur science ecclésiastique et leur piété ; arrivés aux - situations les plus hautes ils s'en montrèrent dignes : notre pays n'a qu'à se glorifier des Bertrand du Pouget, des Gaucelme de Jean, des Bertrand de Montfavès, des Gasbert de Laval et bien d'autres. On pourrait d'ailleurs en dire autant des autres choix faits en dehors de notre pays ; Jean XXII savait choisir ses hommes.

Sans offrir pour nous le même intérêt, les autres biographies sont pourtant bien attachantes. D'ailleurs ils nous touchent de bien près ces papes d'Avignon. Clément V avait des proches parents dans notre Bas-Quercy ; Clément VI, Innocent VI et Grégoire XII sont du BasLimousin, nés presqu'à nos portes ; ils eurent eux-mêmes ou donnèrent à leurs amis et parents de nombreux bénéfices dans notre diocèse ; ils s'entourèrent surtout de Limousins, mais ne rejetèrent pas les 'Quercynois dont beaucoup leur durent des bénéfices et même de hautes dignités. Mais on ne peut pas tout dire. Lisez le volume très court, mais si plein de choses, de M. l'abbé G. Mollat.

Ed. ALBE.


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UNE LETTRE DU CARDINAL DE MAZARIN

A L'EVÈQUE DE CAHORS;

Au commencement de l'année 1651, Mazarin, qui n'avait tenu aucunedes promesses faites à Gondi, vit se liguer contre lui les deux Frondes, celle du Coadjuteur ou vieille Fronde, parti parlementaire, et celle de Condé ou jeune Fronde, parti féodal. Il fut alors obligé de-quitter .Paris. Anne d'Autriche devait le rejoindre ; mais elle fut retenue prisonnière dans la Capitale, et Mazarin quitta la France. Il se retira à Brühl, près de Cologne, et correspondit de là avec la Régente, lui envoyant des instructions qui furent suivies à la lettre, bien qu'ouvertement on eût l'air de l'abandonner.

Paul de Gondi, devenu Cardinal de Retz, et Condé se disputèrent le pouvoir. Ce dernier finit par recourir aux armes, il envoya en Angleterre des émissaires chargés de négocier avec les chefs du Parlement où Cromwell avait la plus grande influence, sans avoir cependant encore le titre de Protecteur. Les Anglais poussèrent les Bordelais à les imiter et à constituer une république. On devait étendre plus tard ce dessein à la France entière, et il existe dans les papiers de Mazarin ef de Condé un projet de constitution républicaine, rédigé au nom des princes de Condè et de Conti, des généraux, magistrats et peuple de Bordeaux.

Mazarin jugea alors le moment favorable pour rentrer en scène, mais il voulut le faire officiellement. Il se fit donner par lé roi un ordre formel et public devenir prendre la direction des affaires ; et,cet ordre - fut contre-signe par le secrétaire d'Etat, Loménie de Brienne. Il leva alors des troupes, se mit à leur tête, et rentra en France.

Il annonça spn retour à tous les Parlements, aux personnes de naissance illustre ou de dignité élevée et adressa d'Epernay, le 4 janvier 1652, une circulaire aux Evêques de France. ,

M. Chéruel qui a publié la correspondance de Mazarin signale cette circulaire, et il mentionne une lettre .envoyée à l'Evèque de Beauvais, où le successeur de Richelieu expose les motifs de sa conduite, motifs qui l'ont déterminé à sortir de France et ensuite à y rentrer.


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La Bibliothèque municipale possède dans le fonds Greil une lettre écrite, sans doute à cette occasion, à l'Evèque de Cahors qui était alors Alain de Solminihac.

Cette lettre est-elle tout simplement une reproduction de la circulaire aux évèques de' France ? nous ne le pensons pas, car elle est beaucoup plus qu'un simple avis de retour. Elle répond plutôt à l'analyse donnée par M. Chéruel de la lettre à l'Evèque de Beauvais.

Alain de Solminihac, dont la situation épiscopale déjà considérable, était encore accrue par son renom de sainteté, jouissait auprès de la reine Anne d'Autriche du plus grand crédit. Le 20 Février 1646, il avait présidé la cérémonie religieuse de la pose par la reine de la première pierre de l'église St-Sulpice. Il est donc plus que naturel que Mazarin ait songé à lui écrire en particulier assez longuement pour lui expliquer sa conduite.

Ce qui est moins certain, c'est que nous possédions l'original de la lettre. Bien qu'ancien et de cette époque, le manuscrit que nous-avons ne porte pas de date. Pour être bien certain qu'on n'est pas en face" d'une copie, il faudrait pouvoir comparer l'écriture, ce que nous n'avons pu faire. En tout cas, original ou simplement copie, la lettre est intéressante, et nous citons devoir la signaler.

Nous la donnons avec son orthographe.

A. CRUDY.

Monsieur,

La passion que j'ay pour le bien de l'estat m'a faict trouver de la douceur dans les choses les plus fascheuses, et m'en a faict faire quelques unes qui peut estre auront semblé choquer les règles de la prudence au jugement de ceux qui en ignorent la véritable cause ; la résignation aveugle avec laquelle j'obeys aux ordres qui feurent expediez sous le nom du Roy pour m'obliger à sortir de France, et me faire ensuilte retirer bien loing de la frontière fut un effet de ce zèle qui me porta à souscrire volontairement à mon exil voyant que l'on publioit que c'estoit un moyen absolument nécessaire pour la réunion de la maison Royalle, pour l'advancetnent de la paix et pour combler le Royaume de toutes sortes de prbspéritéz : C'est pour ce mesme principe que j'ay souffert pendant dix mois tout ce qui pouvdit rendre- ce banissement plus rude


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et, ce qui m'estoit encore plus sensible, que j'ay veu deschirer ma'réputation (1) tous les jours de plus en plus sans que j'en aye seulement murmuré ny tenté aucune.voye pour me justifier, de peur de fournir lé moindre prétexte aux mal intentionnéz de dire que je retardois la foelicité publique; et, je puis adjouter sans exaggération, que bien loing de souhaitter mon retour, je me sérois confiné dans le lieu du monde le plus reculé et le plus barbare si j'eusse creu de pouvoir par la. contre buer en quelque façon au service du Roy et au bonheur de ses sujets mais voyant, à mon grand 'regret, qu'au lieu de ces merveilles quon à vouleu si fort imprimer dans les esprits du peuple, que mon esloignement produiroit,.la France est tombée dans des miseres quelle n'avoit pas sujet d'appréhender à mon départ, et que la guerre civile si dangereusement allumée recule tous les jours dé plus en plus les espérances de la paix géneralle, j'ay creu qu'à la fin ma retenue devieridroit criminelle et que je manquerois à la reconnaissance que je dôibs à leurs majestés si je demeurois immobile en un pays estranger dans une conjoncture ou elles ont tant de besoing de leurs fidelles serviteurs: C'est pourquoy j'ay faict un effort avec l'assistance de mes amis pour former un corps de troupes capables de servir utilement le Roy ; et sa majesté ayant agréé cette marque de mon zèle, après ses ordres réitérez pour me rendre auprès de sa personne, je suis entré en ce Royaume avec les dictes troupes, les faisant advancer vers elle en toute diligence afin qu'elle les puisse employer en tel lieu, en telle, manière qu'elle jugera plus à propos, et comme j'ay tasché en cela de satisfaire à mon devoir envers sa majesté, j'ay creu, que sans manquer à ce que je dois à mon honneur propre, je ne pouvois pas différer davantage à la supplier très humblement de me permettre de travailler à ma .justification. Je pense que personne ne trouvera estrange qu'un Cardinal qui par la dernière volonté du feu Roy déclarée par un acte solennel registre en tous les parlements de France, a eu l'honneur d'estre establi l'un des chefs des conseils de sa majesté, qui à celuy d'estre parrain du Roy heureuse nient régnant et d'avoir esté présidant de deux assemblées géneralles du clergé de France, demande une chose qui n'a jamais esté

. (1) Le 5 septembre 1651, le Parlement de Paris enregistra une déclaration où Mazarin était traité « de traître, de voleur-public, d'ennemi du repos de la chrétienté », et dans la séance du 13 décembre de la même année, un certain.Durand déclara « que puisqu'il s'agissait de mettre la tète à prix, les ecclésiastiques étaient obligés de se retirer


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refusée au moindre du royaume; au contraire, je croy qu'il y en aura peu qui faisans réflexion sur le passé ne soient scandalisez de voir que de si puissans respects n'ayent peu empescher, non seulement que des juges qui n'ont nulle juridiction sur moy ayent ozé me condamner et mesme sans m'ouyr contre tout droid d'un humain, mais que de plus ils l'ayent faict en mesme temps qu'ils m'ostoient tout moyen de me deffendre quand jeusse esté leur justiciable. Je ne doute point que ces violences que la postérité aura peine de croire ne vous ayent touché très sensiblement et que si la nécessité du temps a contrainct le clergé de France de différer jusques icy à s'intéresser ouvertement dans une cause qui est celle de tout le corps, vous qui en estes un des plus dignes membres n'ayes souffert avec douleur les longueurs de ce retardement; mais, maintenant que par un arrest(l) tendant à faire assasiner de sang froid un Cardinal contre lequel, tant s'en faut qu'il y aye aucune preuve; il n'y a pas mesme d'accusation formée, l'on void une espèce de renouvellement de l'ancienne persécution de l'église, je m'asseure que tant de grands personnages qui composent cet auguste corps, ne jugeront pas devoir attandre davantage à faire un généreux effort pour soutenir la dignité du St-Siège et la leur propre outragée en ma personne avec tant de fureur, et qu'en vostre particulier outre les autres motifs, celuy de l'estime que jay tousjours faict de vostre mérite vous fera profiter avec de cette occasion d'obliger très estroitesment.

Monsieur

vostre très affectionné serviteur le Cardinal MAZARINI. A Monsieur

Monsieur l'evesque de Caors Conseiller du Roy en ses conseils.

(1) Le 29 Décembre 1651, sur la proposition du Conseiller Broussel, un arrêt de proscription contre Mnzarin fut rendu par le Parlement de Paris. Sa tête fut mise'à prix. On promit au meurtrier une récompense de cinquante mille écus qui devait être prélevée sur la vente de la bibliothèque du Cardinal. On donna ordre à toutes les villes et provinces de s'opposer à son passage, de lui courir sus ainsi qu'à ceux qui l'accompagnaient. Enfin, deux Conseillers, Bitaut et Geniers du Coudray furent chargés de se rendre dans les contrées que devait traverser Mazarin afin de soul ver les populations et d'y faire publier-l'arrêt du Parlement. (CHÉRUEL, Histoire de France sons le Ministère de Mazarin, tome 1er).


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LES RECLUS EN QUERCY

Les reclus étaient des ermites d'un genre un peu.particulier. Dans

sa remarquable étude sursaint Cybar, lé patron de la ville d'Angoulême,

M. J. de la Martinière, archiviste de la Charente en 1908, leur a consacré

tout un chapitre des plus intéressants. Nous ne pouvions que renvoyer

à ce travail de haute érudition.

L'auteur y passé en revue tout d'abord la réclusion en Orient où elle fut d'abord très répandue, non seulement dans le désert de la Thèbaïde, mais aux portes dès villes et des villages, dans toute la vallée du Nil, en Syrie, en Mésopotamie, en Palestine, jusqu'à Constantinople.

Ce qui caractérise la réclusion, c'est que les ermites reclus s'enferment dans des cellules d'où ils ne sortent: pour ainsi dire plus, quelques-uns allant jusqu'à en faire murer la porte, ou s'enterrant en quelque sorte dans des sépulcres qu'éclaire seulement une ouverture vers le ciel, ou même passant leur vie dans les.ténèbres absolues. Ceux qui sortent sortent le moins possible et tâchent de n'être pas vus . Tous, gardent le silence le plus rigoureux,' sauf absolue nécessité. On leur fait passer les choses nécessaires à la vie par une ouverture disposée de façon à ne pas permettre de voir à l'intérieur de la cellule. Quelques-uns cependant ont des relations avec l'extérieur. On vient les consulter sur certains cas de conscience; on recourt à leurs..prières qui souvent obtiennent de Dieu des miracles; parfois on les ordonne prêtres. Leur principale occupation est la prière, la contemplation. Ils se livrent à des jeûnes fort rigoureux, à: des pénitences corporelles extraordinaires, attachés quelquefois aux parois de leur cellule par des chaînes de fer qui leur permettent à peine quelques pas ou qui les forcent à se courber vers la terrre.

D'Orient, cette façon de vivre pénétra dans nos pays, et, sous les Mérovingiens, nombreux sont les moines, qui se livrent à la même réclusion et aux mêmes rigueurs que les Pères du désert. Notre saint èvêque de Cahors, Ambroise, mena quelque temps cette vie de reclus dans.la caverne des bords du Lot où le tenaient enchaîné des chaînes


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de fer dont il avait fait jeter la clef dans la rivière et où on lui portait de temps en temps les choses indispensables pour vivre.

Certains autres, saints, non pas originaires du Quercy, mais populaires jadis chez nous, saint Léobard si vanté par Grégoire de Tours, saint Liaubès, (ou Léobonus) dont le nom se retrouve près de Câzillac et dont l'abbaye de Carennac possédait de précieuses reliques, vécurent ainsi. De même saint Privat de Mende, avant son épiscopat, saint Mary, reclus en Auvergne dont les terres des environs de notre cimetière portent le nom : saint Siméon qui fut.sans douté le patron de la récluserie de Gourdon, saint Séverin, patron de Brassac et de Sénaillac du Causse etc. Parmi les reclus de cette époque mérovingienne, les uns ne quittaient pas leur cellule ou du moins l'enclos qui l'entourait ; les autres l'abandonnaient, momentanément, en tâchant de n'être pas vus; d'autres laissaient leur porte ouverte aux visiteurs : tel ce Désiré, moine de Gourdon, dont parle saint Grégoire de Tours, sans nous fixer sur la situation géographique de son lieu d'origine..

Des femmes suivaient l'exemple des hommes et s'enfermaient elles aussi dans des cellules bien closes.

La clôture plus ou moins dure, mais en général très stricte, étant la principale caractéristique de la réclusion, les reclus ne peuvent pas rester dans des lieux déserts. Aussi en général sont-ils aux portes des' villes, à'côté des chapelles qui s'y trouvaient toujours autrefois, ou dans les villages à la porte de l'église.

. C'est toujours là que nous les trouvons au moyen âge. La réclusion prend une extension beaucoup plus grande et les reclus sont soumis à certaines règles. Pour entrer en réclusion, il faut l'autorisation de l'évèque ou de l'abbé; là où ne se trouve pas de monastère, et, dans les paroisses des champs, on est ermite et non reclus. Un moine n'est autorisé à entrer en réclusion qu'après un an d'épreuve dans la vie commune, et encore devra-t-il être examiné et éprouvé par un solitaire du voisinage, ou par quelque vieux religieux bien instruit sur la science des âmes.

On lui lit la règle des reclus ; on le mène a l'église pour lui en faire jurer l'observance, puis on l'enferme dans sa cellule, au son des cloches ; l'évèque ou l'abbé ferme la porte et y met son sceau. Je suppose que dans certains cas cette dernière formalité n'est pas remplie, ou, comme


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à Martel, que les prêtres du lieu peuvent tenir la place de l'évèque ou de l'abbé.

En -général la cellule est placée de façon à ce que le reclus puisse voir l'église à laquelle elle est contiguë et suivre.les'offices, à l'abri derrière des rideaux qui empêchent de le voir lui-même. Si le reclus est prêtre, il a un petit oratoire béni par l'évèque. Si ce sont des recluses, elles doivent entrer dans l'église pour les confessions ou les entretiens spirituels ; elles peuvent avoir des conversations"sur des sujets de piété, mais toujours très courtes même avec leur confesseur.,La cellule est garnie des ustensiles nécessaires à tous les besoins de la vie; pas de cheminée. L'hiver une peau pourra suppléer à l'insuffisanee de la tunique et de la cape. La couchette est réduite au strict nécessaire et les reclus s'y reposent tout habillés. La nourriture qu'on leur apporte est déposée sur la fenêtre dans le vase à cet effet; quand ils'ont-mangé les reclus remettent le vase au même endroit avec les restes, sans se préoccuper du lendemain.

Les règles fixent un certain nombre de prières que le reclus du la recluse doivent dire, sans préjudice de celles que leur dévotion peut y ajouter.

Ces règles ne sont pas rigoureuses comme celles d'un ordre religieux ; elles ne sont pas toujours suivies à la lettre ; elles montrent l'usage général du moyen âge.

Les reclus isolés sont relativement rares ; souvent ils sont par deux ou trois, chacun dans sa cellule, mais pouvant communiquer entre eux par la fenêtre donnant sur l'église et réciter ensemble le saint office.

De nombreux travaux ont déjà été faits sur les reclus et les recluseries. Outre celui de M. de Lamartimère, je signalerai une intéressante étude de M. Marcéllin Boudet dans la Revue de la Haute-Auvergne sur « la recluserie du pont sainte-Catherine à Saint-Flour. » Les documents sur lesquels cet érudit s'est appuyé sont tirés des registres consulaires.

Nos registres querçynois sont en général trop peu anciens pu trop incomplets pour nous donner beaucoup de détails sur la façon de vivre de nos reclus. Par extraordinaire les registres de Martel du temps de la guerre de cent ans ont été conservés en grande partie et certains détails que nous y trouvons sont assez suggestifs. Ils prouvent du moins la popularité des reclus-et des recluses. M. Boudet, à propos de la recluse de Saint-Flour, fait observer que.« précisément par ce temps troublé, des femmes âgées, (car c'étaient toujours des veuves ou des


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vierges d'âge avancé), sachant ce qu'elles faisaient, pouvant choisir la vie religieuse proprement dite, préféraient cette immolation comtemplative » Mais.nous pouvons ajouter aussi qu'on leur savait gré de s'immoler ainsi pour adresser leurs prières à Dieu plus complètement en faveur de la ville, et non seulement les âmes pieuses s'occupaient d'elles, mais la municipalité s'in'téressait à leur sort, payait quelque chose pour leurs vêtements et parfois pour leur nourriture, les remplaçaient par d'autres après leur décès et supportaient une partie des dépenses des obsèques.

Voici les notes que j'ai glanées dans les registres de Martel : (i)

Décembre 1344. — A la recluza un abit de blanquet. Mercredi après la Ste-Lucie (14 Déc.) 1345 « ordenat fo que Dorde-Vedel done a la recluza del drapdels paubres, daquelo pessa de blanquet que la vilo lhi deu donar » et plus loin « deu ne donar a la recluza en aichi com dessus es escrich ».

Mars 1346. — Mention d'une rente due « per lo fach de la recluza ». ; Jeudi avant Noël 1348. — Dorde Vedel donne drap de blanquet poulies pauvres et pour la recluse.

Janvier 1348 (1349). — « que nom done a la recluza de VI aunas de blanquet— Pour 1350 le compte de 1351 nous apprend que la gonele de la recluse a coûté à la ville 28 sous (CC3).

Vendredi après la conception de la madooa (9 déc.) 1351 « que hom done a la reclusa IIII aunas per far una gonela. »

Fin septembre 1353. « Que a Nadal, a quelquesona los paternostros done hom so quelhes acostumat de donar et a la recluza » et le Vendredi après la St-André (6 déc.) — que hom done... meja pessa a la recluza e laltra meja a un paubre romieu que ha maladegat en la mayo de W. de San Subra.» Nous retrouverons encore en 1355 ce roumieu malade ou quelque autre (2).

Ceci est plus intéressant :

« Lo dimartz davan la conversion de St Paul 1353 (21 janvier 1354).

Item fo ordenat que la molher que fo de W. Dallarge, decha na Moarda, laquai am bona devotioha requirit que sia meza recluza, com

(1) Arch. du Lot, B135, jusqu'à 1360 et cc 3, 4, 5, aux dates. (2) Item per IIII aunas de shaguet que donct hom, per amor de Dio, a un romio malaude que era en lostal de Sant Subra : 1 flori (BB5)


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lautra sia morta, que sia recebuda per recluza, e que los cossols lameto elh fasso las cauzas acostumadas, com se troba que ela es femna de bona vida. ».

La première recluse fut ensevelie en partie aux frais de la ville, ainsi que nous l'apprend le livre de comptes de 1354 : « item peruna libra de cera a sebelhir la recluza velha que morit, III s. II den.»

Le même compte de 1354 nous apprend que Jean Bilho fournit le drap nécessaire et que les VII aunes de blanquet données à là re recluse coûtèrent 17 sous 6 deniers à 30 deniers l'aune tandisque la nouvelle recluse reçut VIII aunes qui firent 22 sous 6 den. au même prix de l'aune « VII aunas de blanquet a la recluza,.foro de J. Bilho — Item per VIII aunas de drap a la recluza noela, e foro de Jo. Bilho XXII s. VI d. » La façon coûta cinq sous; « item per las fayssos de la rauba de la recluza noela V s. »

En 1358 la façon coûta 6 sous : « a P. de na alaytz per las fayssos de far la rauba de la recluza VI s. »

— "En janvier 1360 (1361) on donna « XI aunas et III quarts de blanquet a far la rauba de la recluza » et G. de Cueilmon fut chargé de la façon (le chiffre est illisible) : per las faychos de la dicha rauba. » (CC3.)

—En 1372 je trouve sur le compte « IV pas. » donnés à la recluse et, plus loin, du pain donné à la pieuse femme pendant quatre mois. En janvier 1373 (1374) je relève 30 pains donnés à la même. (005.)

— En 1378 le compte porte XXXIV sol. VIII den. « per la rauba de la reclusa que fo mésa en la reclusia lo dia de Santa crotz de setembre et III sols « per la faysos de la dicha rauba a Bergodet, sartre. » Nous n'avons pas le nom de la nouvelle, recluse, les délibérations consulaires manquant. (CC5.)

— Encore en 1389 (27 novembre)'je trouve ceci « que la vila fassa et dona uha guonela de blanquet a la recluza de sta vila. » (BB7.)

— et encore: «devers mai, despendut pez tot lo mes de mai et per tot lo mes de jun per lo pa que P. Vezi a donat a la recluza de voloutat del coselh XVI sol. » (005.) ■

Nous n'avons pas de détails aussi intéressants pour les autres parties du Quercy.

Ce qui est sûr c'est qu'il y avait des reclus et des recluses un peu partout. Le testament de l'évèque Raymond de Cornil (1289, mort en 1293) porte un legs de V sols à chaque recluse du diocèse. (1)

(1) Baluze, miscellanea.


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Cahors eut ses reclus et recluses. Il en est fait mention dans de nombreux testaments.

Celui de Raymonde d'Arcambal, veuve de feu Arnaud Truel bourgeois (1274) porte un legs de 12 deniers à chacune des recluses de Cahors ; — de même celui de Guillemette Gros (Guillelma de la Grossia), fondatrice d'un hôpital (1280), de même celui d'Arnaud Beraldi (1295); de même enfin celui d'Helis de Montagut, femme de Bernard de Giscard (1330).

Le testament du cardinal Gaucelme de Jean (1348) porte : « au reclus ou à la recluse de Cahors » et celui de son parent Pierre Beraldi, évêque d'Agde, « au reclus et à la recluse de Cahors (1351), de même (1348) celui de l'orfèvre Bertrand de Lagarde.

Certains testaments sont plus précis : « Le reclus de las Balmas » est mentionné dans le testament de Sibylle de Jean, femme d'Arnaud Beraldi (1286), dans celui de Bertrand de Cardaillac (1336), dans celui de Philippe de Jean (1347, cité par Lacoste). — M. Daymard pense que la cellule de ce reclus était située près de la porte de la Barre, sans doute à côté de la chapelle du premier couvent des religieux augustins ; un acte de 1339 dit que ce premier couvent était près de la Balme. Il est encore parlé de cette recluse de la Barre, peut-être seulement à titre de souvenir, dans un document de 1505 (Daymard). (1)

D'autres testaments parlent du reclus de St-Julien de la Beyne (Sibylle de Jean, 1286, et Philippe de Jean, 1347). Il y avait donc un reclus ou une recluse (c'est d'une recluse qu'il est parlé dans ce dernier testament) près de l'oratoire de saint Julien, aujourd'hui chapelle Vialard. Dominici veut que ce soit le Coufessadou qui ait été la cellule d'un reclus, et il cite un fragment de testament de 1291 « Item als reclus (Notez ce pluriel) dal pon près S. Joalia, 11 sols » ; mais le Coufessadou était plus près de Saint-Georges, au Trépadou, (2) et le reclus dont parle Dominici était celui de S. Julien.

Il y en avait un autre. Le testament de la femme de Guiral de Garembal (1273) porte un legs en faveur de « la recluza doutral pont. »

(1) Il est parlé de cette récuse, qui demeurait près du moulin de Ventege, en amont du Port Bullier, dans le Livra noir, fol. CX à la date de 1391.

(2) Le Trépadou, encore aujourd'hui appelé Trempadon, est le terrain que partage en deux le remblai de la ligne de Cahors à Capdenac, entre la montagne et la route de Toulouse, au faubourg Saint Georges.


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Il s'agit d'une recluse (quelquefois d'un reclus) qui avait sa cellule audelà du pont vieux, proche la chapelle Notre-Dame. Il est question, dans un acte de 1320, du terroir de St-Cirq, alias de la recluse au-delà du pont vieux (1). On lit dans le livre tanné le renseignement suivant :

« Lo jour de San Simo et Juda, l'an MCCCCXXXII lo XXVII jour de octobre Aimar dal mas fout mes en larqua de çossolat.per.so que avio trenquadas las barieras del reclus davas lo pou vielh. » (Livre tanné, fol. 165). Un autre acte de 1466 mentionne un enclos hors du pont vieux, proche de-la recluse, et le chemin du pont vieux vers la recluse et vers St-Cirq. Ce dernier texte semblerait indiquer que la cellule, du reclus.ou de la recluse était sur le penchant, de la montagne. Il est problable qu'on a confondu quelquefois l'ermite et le.reclus, même au moyen âge, que le reclus ou la recluse étaient en bas, près la chapelle Notre-Dame, et qu'il y avait sur la hauteur un ermite près la chapelle de. Saint-Cirq.- Il y en avait un vers 1370, ainsi que l'indique le confront suivant « Chemin au puj? St Cirq par lequel on va; vers la croix dudit Saint-Cirq,.avec l'hermite qui,y est. » Il y eut également un ermite au dessus de Coty dans le courant du XIVe siècle. (2) "...

Figeac eut aussi des reclus et de recluses. La recluse.est portée pour un legs de 10 sols dans le testament de Sebelie de Panat, veuve d'Arnaud Barasc de Béduer (1268) (B. Nat., n. acq. lat 1661, fol. 30); l'évêque d'Agde, Pierre Beraldi, fait le même legs (1351) au reclus et à la recluse de Figeac, s'ily en a. Il y en avait encore en 1376, Comme on voit, par le testament d'une Figeacoise de 1366, Aygline de Lescurandie.'M. Cavalié qui la cite a cru mal à propos que ces recluses étaient des femmes de mauvaise vie.

Gourdon avait un reclus dès 1173, si nous ne tenons pas compte du

moine Désiré mentionné par Grégoire de Tours. Ce reclus sort de

sa cellule pour assister à un acte comme témoin (cartul. Obasine, fol.

109). Un quartier de Gourdon porta longtemps le nom de faubourg

de la Recluse.

Grarnat eut une reclusie mentionnée dans, les actes du XIVe et XVe

(1) Archives du Lot. H. 107, n° 75.

(2) Le références concernant les reclus et recluses de Cahors sont trop nombreuses et trop compliquées (archives du Lot, fonds H et fonds F, Bibl. nat. onds.Doat et Cabinet des Titres) pour être toutes relevées ici.


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siècles, très probablement à côté de l'église Saint-Pierre (1).

La recluse de Montcuq est nommée dans un acte de J259 à propos d'un confront de terre (2) et en 1323 dans le testament de Bernard de Giscard, de Grézels (3).

Un terroir de la Recluse est mentionné à Montpezat (Tarn-etGaronne) dans un acte de 1479 (4).

D'après Lacoste, il y avait plusieurs reclus vivant ensemble (on a vu plus haut que le cas était fréquent et dans quelles conditions), à Goujounac, au milieu du XIIIe siècle, mais il n'en connaît pas la fondation, et ne cite aucune référence (5).

Enfin le cartulaire d'Obazine nous donne le nom de deux reclus : Béranger, reclus de Couzou, témoin en 1172 dans plusieurs actes en faveur de l'abbé qui sans doute l'ayant autorisé à vivre en cellule l'avait autorisé à en sortir momentanément; Jeanne Brisarde, recluse des Alix, qui fait en 1355 donation de tous ses biens à l'abbaye.

C'est tout ce que nous avons pu trouver concernant cette curieuse institution du moyen-âge. Et malgré la sécheresse de ces notes, nous avons cru bon de les réunir pour fournir une petite contribution à son histoire.

(1) Archives du Lot, F. 241, pp. 183 et 188.

(2) Archives Nationales, J. 315.

(3) Bibl. Nat. Cabinet des Titres, P. Or , Giscard 11° 1 r.

(4) Archives du Tarn-et-Garonne, H, 30.

(5) « Histoire du Quercy », tome II, p. 371.


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PROCES-VERBAUX DES SÉANCES

DE LA SOCIETE DES ÉTUDES DU LOT

PENDANT LE 1er TRIMESTRE DE 1912

Séance du 1er avril 1912 Présidence de M. COMBARIEU, président semestriel

Etaient présents : MM. Bergougnoux, Bosc, Crudy, de Chomereau, Daymard, Depeyre, Foissac, de Fontenilhes, Gary, Gisbert, Lamoure, Maratuech, Saint-Marty, Tournié, Viguié, Albe.

M. le Secrétaire général dépose les publications reçues, notamment quelques brochures illustrées gracieusement offertes par la Cie d'Orléans, et signale dans le Bulletin du Comité des Travaux Historiques, partie historique et philologique: l° Un article de M. Feuillâtre sur un « cortège républicain à Conslantinople le 8 juin 1795 » au temps de l'ambassade de. Verninac Saint-Maur ; 2° Un autre de M. Brégail sur la Société populaire d'Àuch et les Société affiliées, où nous voyons figurer, en 1794, époque terrible pour la mémoire du conventionnel Cavaignac, à côté du nom de Jean Baptiste Cavaignac, celui de son frère Jacques-Marie.

Il donne communication d'une note de notre collègue, le sénateur Rey, relative an célèbre professeur d'anatomie Duverney, pour savoir s'il est bien vrai, ainsi que l'assure un de ses biographes, qu'il ait fait ses études à Cahors. Il ressort des renseignements réunis par M. Bergougnoux que la chose ne paraît pas probable.

M. l'abbé Viguié signale l'apparition chez Armand Colin d'un nouveau livre de notre compatriote et collègue M. Paul Lacombe, sur l'appropriation du sol (essai sur le passage de la propriété collective à la propriété privée — in 8). — M. Girma signale encore un livre de notre compatriote

M. F. Roussel-Despierres, publié chez F. Alcan sous le titre, La Riérachie des Principes et des Problèmes sociaux. On s'occupe ensuite du récent éboulement qui a eu lieu dans le choeur de l'église Saint Urcisse, détruisant la voûte de l'ancienne chapelle de Notre-Dame des Clottes ou de la Crypte. Bien que cette Crypte n'ait conservé aucun cachet artistique, l'antiquité en est telle qu'en raison des souvenirs qui s'y rattachent, la Société des Etudes du Lot, ratifiant un voeu exprimé quelques jours aupa-


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ravant par son bureau, demande aux autorités municipales de vouloir bien, dans les travaux de restauration qui vont se faire, prendre les mesures nécessaires pour la conserver. -

M. de Chomereau nous donne la suite de ses renseignements inédits sur l'organisation militaire dans noire province un peu avant et pendant la période révolutionnaire, notamment sur le recrutement delà marine de réserve et sur la garde nationale montée (dragons nationaux de Montauban, Cahors, Figeac).

On fait circuler la photographie d'une très belle fenêtre d'une maison en démolition dans la rue des Augustins, maison où l'on a trouvé, dans une cheminée murée,de nombreux papiers et parchemins que M. l'abbé Foissac a bien voulu promettre d'étudier.

M. Gisbert et M. l'abbé Foissac présentent comme membre correspondant M. l'abbé Victor Cassan, curé de Saint-Pierre Liversou, sur l'admission duquel il sera statué, suivant l'usage, à la prochaine séance. M. l'abbé Cassan a découvert dans son église, cachées par plusieurs couches de badigeon, de très anciennes peintures murales, dont M. Foissac communique quelques photographies et qui vont sans doute être bientôt classées par l'administration des Beaux-Arts. La paroisse de Saint-Pierre Liversou et celle de Francoulès dépendaient autrefois d'un prieuré, dit Notre-Dame de Molières, appartenant, ainsi que ceux de La Ramière et d'Espagnac, à l'abbaye de la Couronne près d'Angoulème, ordre des chanoines réguliers de St-Augustin. M. l'abbé Foissac, au cours de ses multiples et fructueuses recherches dans les études notariales, complétées par ses découvertes en d'autres fonds, a réuni une masse de détails, prélude important à une véritable monographie, qu'il a distribués en quelques paragraphes dont il nous fait la lecture. Il ne reste absolument rien aujourd'hui de l'ancien couvent de Molières ; mais avec les noms existant encore au cadastre ou dans des actes anciens qui mentionnent des confronts intéressants, MM. les abbés Cassan et Foissac sont arrivés à fixer de façon à peu près certaine, à moitié chemin entre Francoulès et SaintPierre Liversou,i'emplacement du moûtier et de ses dépendances.

Séance du 15 avril 1912

Présidence de M. l'abbé VIGUIE, président semestriel Etaient présents : MM. Bergougnoux, Combes, Crudy, Daymard, Depeyre, Foissac, Gary, Lamoure, Maratuech, Martin, Paumes, Rames, Saint-M.arty, Albe.


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M. Crudy, secrétaire général, fait connaître les publications reçues, parmi lesquelles le bulletin de la Société des Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis où se trouve une étude sur le tribunal criminel de Rochefort ; parmi les condamnés de ce tribunal, qui ne furent pas tous des condamnés politiques,il y eut des soldats ou des marins, originaires du Lot.

: Il est question des restaurations qui sont faites au château d'Assier, et qui ne seraient pas toujours conduites conformément au soin artistique exigé par un tel monument. La Société des Etudes du Lot prie M. le sénateur Rey, notre collègue, de vouloir bien, après enquête faite, soumettre de justes observations à la direction des Beaux-Arts. M. le Président fait connaître la création à Figeac d'un nouveau journal, l'Avenir du Quercy, qui donne en feuilleton l'Histoire des débuts de la Révolution à Figeac, d'après la note mémoire, adressée par le maire Liauzu à M. Lacabane, que M. Paumes communiquait en 1906 à la Société des Etudes.

Après quoi l'on vote sur l'élection de M. l'abbé V. Cassan, curé de St-Pierre Liversou, qui est élu membre correspondant. MM. Crudy et Rames présentent au même titre M. de Veyrières, de St-Céré, dont l'élection, suivant l'usage, est renvoyée à la prochaine séance.

Un. s'occupe ensuite des projets, d'excursion que pourraient faire les membres de la Société. Il est décidé qu'on prendra part à celle qu'a déjà annoncée le Syndicat d'initiative pour le congé de la Pentecôte, dans lès vallées du Lot et du Célé, sans préjudice des excursions qu'on se propose de faire dans le nord du département au moment des fêtes de Martel et du Puy dTssolud.

M. Albe complète par quelques détails les notes de M. l'abbé Foissac sur le prieuré de Molières et sur Francoulès, d'après les archives du Vatican et les archives de l'abbaye de là Couronne (préfecture de la Charente).

Enfin M. Bergougnoux nous lit un troisième chapitre de sa Galerie, médicale du Lot. Celui-ci est consacré à un savant docteur, mort Seulement en .1903, enterré à Cahors, où il passa ses dernières années, niais originaire de Crayssac, le docteur Brassac, que les services éminents rendus par lui dans les colonies pendant de longues années, et ses magnifiques travaux, notamment sur la lèpre, firent de directeur de l'école navale de médecine de Bordeaux. .


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Séance du 29 avril 1912

Présidence de M. PAUMÈS

Etaient présents: MM. Bergougnoux, Bessières,Bosc,Combarieu, Crudy, Gary, Girma, Grangié, Lamoure, Paumès, Rames, Saint-Marty, Albe.

M. Paumes est prié de prendre la présidence en l'absence de M. Combar rieu, qui ne peut arriver que vers la fin de la séance.

M. le Secrétaire général signale : dans les mémoires de l'Académie des Sciences de Toulouse un article de M. Léon Joulin où se trouvent quelques notes sur les oppida des Cadourques; dans la Revue de l'Agenais,la. suite du travail de M. Marboutin sur le château de Castelnoubel et les Durfort ; dans le VIe volume de la Correspondance de Joachim Murt, quelques lettres particulièrement intéressantes soit de Murât lui-même, soit de M. de Mosbourg ; dans la Revue du Touring-Club de France, un article du lieutenant-colonel de Villepin racontant son voyage en canot sur la Dordogne de Gluges à Siorac. A ce propos il fait connaître que le Touring-Club a accordé une subvention de 2.000 francs pour la construction de la roule projetée de Rocamadour à Lacave qui permettra de suivre, des sources au confluent avec la Dordogne, la si curieuse rivière de l'Ouysse.

On vote sur l'élection de M. de Veyrières, de Saint-Céré, qui est reçu,à l'unanimité membre correspondant.

M. Alhe fait connaître rapidement les thèses de M. l'abbé Clergeac, ancien chapelain de Saint-Louis des Français à Rome : la première, relative aux taxes perçues par la curie romaine à l'occasion des bulles des évèques et des abbés, offre quelques détails relatifs à notre diocèse ; la seconde, qui est une très précieuse chronologie des archevêques, évèques et abbés de l'ancienne province ecclésiastique d'Auch et des diocèses de Condom et de Lombez, renferme beaucoup de noms de prélats originaires dû Quercy.

Le même donne communication d'une note que lui a fournie M. Daymard : on y voit que les Dominicains de Cabessut avaient obtenu en 1556 des consuls de Cahors la ferme des rives du Lot jusqu'à Cavaniès, moyennant une grand'messe qu'ils devaient chanter chaque année. En 1770 ils ne jouissent plus depuis longtemps de ce rivage ; ils cessent donc de chanter la messe fondée chez eux et demandent qu'on leur donne le


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passage gratuit sur le bac installé depuis la dégradation du pont par les dernières crues.

M. Grangié communique le prospectus d'une entreprise touristique en Angleterre, où il est question « du Quercy, de ses merveilleuses grottes, de ses abîmes, de ses villes du moyen-àges,de ses châteaux en ruines, de ses ponts et moulins fortifiés, de ses rivières souterraines, de Miers, « le Carlsbad de France. » Cahors y est appelé un peu plus loin: la Villemusée. Rocamadour y est signalé comme le plus ancien pèlerinage de l'Europe etc.

Enfin M: Albe lit un chapitre de l'importante monographie consacrée par notre collègue; M. Péchai, curé de l'Hôpital-Saint-Jean, à son village natal, Corn, sur le Célé, et aux familles seigneuriales qui y possédèrent des fiefs et des châteaux. Ce chapitre raconte la curieuse histoire de Delphine d'Othon de Camboulit, seigneuresse de Roquefort, par qui' les Las Cazes s'implantèrent dans le pays ; il nous donne l'idée de ce qu'était la société vers la fin de la guerre de Cent ans et du besoin qu'on avait à ce moment d'un pouvoir central assez puissant pour réprimer les abus d'un trop grand nombre de seigneurs et pour rétablir partout le règne de la justice et de l'ordre.

Séance du 13 mai 1912

Présidence de M. l'abbé VIGUIE, président semestriel

Etaient présents : MM.Bergougnoux, Combes, Crudy, Gugnac, Daymard, Depeyre, Gisbert, Gary, Lorphelin, Martin, Rames, Saint-Marty, Albé..

M. le Président annonce la mort de notre confrère, M. Paul de Fontenilles.

La Société se souvient qu'il a été un de ses collaborateurs les plus éveillés. Tous connaissent ses études fines et soignées sur l'archéologie et l'épigraphie quercynoises, particulièrement sa conférence publique sur la Cathédrale de notre ville, dans laquelle il fit valoir la grande place que doit avoir ce beau monument dans l'histoire de l'art français. La Société envoie ses sympathies attristées à toute la famille du regretté confrère.

M. Crudy, secrétaire général, rend compte des publications reçues. Il signale notamment dans le Bulletin archéologique de Brive la première partie du travail de M. Coelho sur le culte de Nolre-Bame-de-Roc-Amadour en Portugal, M. l'abbé Albe qui avait, il y a deux ans, présenté ce


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travail à la Société des Etudes, en a écrit la préface, dont M. le Secrétaire général donne quelques extraits. Dans le même Bulletin est la suite des études de M. V. Forot, sur les sculpteurs et peintres du Bas-Limousin : à propos du retable de Beaulieu, on voit que l'auteur en fut maître Pierre Estrade, qui habitait alors Souillac (1676), où sans doute l'avaient appelé les religieux de l'abbaye. Il faut également signaler la continuation de l'article de M. R. de Boysson sur Jehan de Boysson (Boyssonné, comme on disait au xvie siècle).

La lecture de la réponse faite à M. le sénateur Rey, par le service des monuments historiques, amène la Société à renouveler le voeu qu'on nomme à Cahors ou dans le département quelque personne compétente qui puisse officiellement correspondre avec le ministère des BeauxArts.

M. Làbry, professeur de Première au Lycée, demande à faire partie de notre Société comme membre résidant : il est présenté par MM. le D1 Bergougnoux et Paumes. Suivant l'usage, l'élection est renvoyée à la prochaine séance.

M. Bergougnoux donne lecture d'un extrait du Recueil des actes du Comité du salut public publié par M. Aulard, dans lequel un des représentants à l'armée de la Moselle raconte qu'aux environs de Thionville, plusieurs soldats, au nombre desquels était le jeune Judicis, fils du président du tribunal criminel de Cahors, surplis par des ennemis plus nombreux, préférèrent la mort plutôt que de crier : Vive le roi. La même lettre (17 sept. 1793) cite aussi les noms de deux autres héros républicains de notre pays : Bessières, de Saint-Vincent, et Aubert, capitaine du bataillon du Lot.

M. Albe lit un autre chapitre de la monographie de Corn, dans lequel M. l'abbé Péchai raconte les aventures de Jean de Lascazes, dit le capitaine de Roquefort, au temps des guerres de religion. Cette lecture, aussi remarquée que celle d'un précédent chapitre, décide la Société à faire imprimer dans le Bulletin l'important travail de notre collègue.

M. Combes continue la lecture de ses analyses des registres municipaux de Cahors, depuis le 17 juillet jusqu'au 5 octobre 1798 (vieux style).


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Séance du 3 juin 1912 Présidence de M. COMBARIEU, président semestriel

Etaient présents : MM. Bessières, Combes, Crudy, Gary, Girma, Maratuech, Paumes, Rames, Redon, Saint-Marty, Viguié, Albe.

M. le Secrétaire général dépose les publications reçues parmi lesquelles la Revue du traditionnisme d'avril-mai 1912 où est un article sur la « Bourrée », cette danse auvergnate que connaissent bien nos populations du Ségala.

Diverses brochures sont déposées de la part de leurs auteurs, nos confrères : de M. Layrac, la Défense de la tradition de Roc-Amadour ; de M. Esquieu : l'Armée d'autrefois, le Racolage et les Racoleurs. De vifs remerciements sont adressés aux donateurs. M. Paumes dépose également un numéro de la Revue française, du 24 mars 1912, où a été publiée in-extenso la remarquable conférence du général Roget sur le maréchal Canrobert. Il communique en même temps une lettre de nôtre confrère M. Roux, professeur au collège de Dreux, qui annonce l'entrée prochaine au musée du Louvre d'une réplique en pierre d'un des médaillons en terre cuite, provenant d'Assier, qui naguère ornait une maison de Cahors, et qui appelle d'autre part l'attention sur le célèbre Ramond, auteur d'ouvrages remarquables sur les Pyrénées, né à Strasbourg en 1755 mais d'une famille originaire du Quercy: il se rattacherait aux de Ramond de Folmont, seigneurs d'Auty.

M. l'abbé Viguié donne lecture d'une note fort curieuse, extraite d'un article paru dans la Voix de Marie sur l'auteur du « Rosaire » : il y. est question du testament d'un prêtre narbonnais résidant en 1221 à Palencia « où il était confesseur des étrangers et plus spécialement des marchands de Cahors ». A. ce propos M. Albe rappelle le testament de Guiral Trapas, marchand de Castelnau-Montratier, publié dansle Bulletin, qui renferme des legs intéressant Burgos, Santander, Tolède et Palencia., La note de la Voix de Marie montre comhien considérable devait être le nombre de nos compatriotes dans celte dernière ville, puisqu'il y avait pour eux un confesseur spécial.

M. l'abbé Albe signale dans une nouvelle revue, le Bulletin historique du diocèse de Pamiers, Couserans et Mirepoix, un article de M. l'abbé Robert, curé de Rajou, sur le troisième évêque de Mirepoix, Pierre de Laperarède (1327-1348), originaire de Flaugnac.

M. Labry, professeur au lycée, présenté à la dernière séance, est élu


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membre résidant à.l'unanimité. Il paie immédiatement do façon charmante sa bienvenue par l'envoi d'une petite étude artistique que nous lit M. Paumes sur les peintures de l'église de Saint-Pierre-Liversou. Notre nouveau confrère, analysant avec beaucoup d'habileté et de compétence les divers sujets de ces peintures, cherche à en déterminer la date approximative qu'il place, pour les unes, à la fin du XIIe siècle ou au début du XIIIe, pour les autres,vers le milieu du XLV. Cette étude complètera heureusement les notes historiques réunies par MM. Albe et Foissac sur le prieuré de Molières.

MM. Grangié, de Fontenilles et Rames proposent comme membres correspondants,M. le docteur Larnaudie, conseiller général du. canton de Cajarc, et M. Emile Delmas, propriétaire à Marcillac. Ce sont les nouvelles recrues que nous vaut la dernière excursion organisée par le Syndicat d'initiative. L'élection, suivant l'usage, est renvoyée à la prochaine séance. Enfin M. Combes nous donne encore quelques analyses des registres de la municipalité de Cahors, depuis le 5 octobre jusqu'au 19 décembre 1798.

Séance du 17 juin 1912

Présidence de M. le chanoine GARY, président semestriel

Etaient présents : MM. Bessières, Combes, Crudy, Daymard, Girma, Grangié, Maratuech, Martin, Paumes, Rames, Foissac, Saint-Marty, Albe.

M. le Secrétaire général dépose les publications reçues, parmi lesquelles un numéro du Lot à Paris, renfermant un article de M. Rascouailles sur le cromlech de Roquebert près Castelfranc, et un numéro du Journal (7 juin) où il est parlé avec éloge du fameux abbé Paramelle, ancien curé de Saint-Jean-Lespinasse, auteur de /'Art de découvrir les Sources, et si remarquable lui-même dans la pratique.

M. le chanoine Gary communique un nouveau volume de nos compatriotes, les docteurs L. et P. Murat, intitulé les Merveilles du Corps humain. C'est le troisième d'une série intéressante qui a pour titre général, L'idée ds Dieu dans la Science (Téqui éditeur).

A l'unanimité MM, le docteur Larnaudie et Delmas, présentés à la dernière séance, sont élus membres correspondants.

M. l'abbé Albe lit un article sur les Reclus en Quercy, dont la première partie d'intérêt général, est tirée d'un livre de M. de la Martinière, ancien


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archiviste de la Charente, sur Saint Cybar d'Angoulême ; il lit également un compte-rendu du dernier ouvrage de M. l'abbé P. Mollat, sur les Papes d'Avignon.

Enfin M. Combes continue la lecture de ses analyses des registres municipaux de Cahors pendant la Révolution (24 décembre 1798 au 2 avril 1799 — vieux style).



Analyse des Registres Municipaux de la commune de Cahors

(Suite)

22 brumaire an IV (13 novembre 1795). — Vu la pétition du citoyen Vassal, l'Administration municipale déclare que nul ne sait exactement quels objets furent portés au ci-devant séminaire pour l'usage des frères Vassal, qui y étaient détenus : que, après l'évasion de ces deniers, deux personnes vinrent réclamer des objets qu'elles disaient leur avoir prêtés, et dont une partie seulement fut retrouvée : enfin que, lors de l'exécution de la loi sur la déportation, plusieurs individus emportèrent confusément du ci-devant séminaire des objets qu'ils disaient avoir prêtés à des prêtres détenus, Vu la pétition de Marin Niox, prêtre reclus, et attendu son âge très avancé et son manque de ressources, l'Administration municipale estime que le Département doit lui accorder des secours.

24 brumaire an IV (15 novembre 1795). — Vu le rapport des citoyens Roques fils et Lafage, officiers de santé, constatant que la citoyenne Calvimont ne peut se fendre à Brive, à cause de son état de santé, ni par conséquent exécuter la loi du 3 brumaire (1), l'Administration municipale arrête qu'elle restera provisoirement en surveillance à Cahors.

25brumaire an IV (16 novembre 1795). — L'Administration municipale donne un avis favorable à la demande de secours formée par le citoyen Jean-Baptiste Barry, prêtre reclus.

Vu la loi du 21 fructidor, envoyée officiellement hier, laquelle dispose que lé commissaire du Directoire exécutif assistera à toutes les délibérations et donnera son avis sur toutes ; attendu que ledit commissaire n'est pas encore nommé; l'Aministration municipale procède à l'élection.d'un de ses membres pour faire provisoirement les fonctionse de commissaire; le citoyen Peyrat est élu.

26 brumaire an lV (17 novembre 1795). — L'Administration municipale fixe le prix de voiture des transports militaires à 3 livres 15 sols par quintal et par lieue de poste sur les grandes routes et à 4 livres dans la traverse,

27 brumaire an IV (18 novembre 1795).— Vu la pétition du citoyen Jourreau, prêtre reclus, qui demande des secours, l'Administration municipale, considérant que le pétitionnaire n'est pas tout-à-fait sans

(1) Au sujet de cette loi, voir ci-dessous, le 30 brumaire.


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ressources, estime qu'il ne doit lui être accordé qu'une livre de pain par jour.

L'Administration municipale, considérant que la garde nationale est en ce moment inactive et non réorganisée ; que les tambours et instruments de musique à son usage ont été remis en dépôt aux commandants des bataillons; arrête : Le citoyen Delpech, chef de légion de la ci-devant garde nationale, les commandants et le citoyen Lange, chef de musique, feront remettre à l'Administration municipale 'les tambours et les clarinettes dont ils sont détenteurs ; cette remise - sera faite dans une demi-decade et chacun des susnommés en demeure responsable en ce qui le concerne.

Vu la pétition des quatre ci-devant soeurs de l'hôpital des filles orphelines; considérant qu'aucune loi n'accorde aux pétitionnaires la propriété des effets dont elles jouissaient dans les hospices ; que les lits réclamés par elles faisaient partie de l'ameublement de l'hospice avant leur entrée ; que si des lits leur furent laissés quand elles sortirent de la maison de réclusion, ce fut seulement moyennant la caution de citoyens solvables , que si le District a jugé d'une autre manière dans une affaire analogue, c'est par suite d'un faux exposé et d'une fausse interprétation de la loi ; l'Administration municipale -estime qu'il doit être passé à l'ordre du jour sur la pétition susdite, et que l'arrêté du District dont il est fait mention ci-dessus doit être annulé.

Le citoyen Souquet est désigné pour assister à la vente publique d'un boeuf qui faisait partie du bétail destiné à l'armée d'Italie et qui est hors d'état de continuer sa route.

28 brumaire an IV(19 novembre 1795). — Vu la pétition du citoyen Richard qui demande un acompte de 20.000 livres (1) sur le prix des imprimés fournis à la commune, l'Administration municipale renvoie cette affaire aux membres de l'ancien Conseil général qui étaient en fonctions lors de la fourniture de ces imprimés.

29 brumaire an IV (20 novembre 1795). — Considérant que « presque toutes les nuits, l'asile des habitants de la commune est violé, leur propriété pillée, leur personne menacée » ; que, aux termes de la loi sur la police intérieure, chaque commune est responsable des délits commis sur son territoire contre les personnes et les propriétés ; que

(1) 166 livres en monnaie métallique.


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plusieurs lois restent inexécutées, faute d'une force publique suffisante; qu'il est impossible, d'enrôler dans la garde nationale la plupart des habitants de la commune, ruinés par la grêle : que la compagnie des :vétérans est déjà; chargée du service de plusieurs postes, et qu'on ne peut lui demander davantage ; l'Administration municipale arrête

1° L'Administration du Département est invitée instamment à

faire venir sur-le-champ de Toulouse 300 hommes à pied et 100 à

cheval. ...

2° Elle sera aussi invitée à demander au ministre de lIntérieur nonseulement l'approbation de la mesure susdite, mais aussi l'envoi de forces plus grandes, et en général toutes les mesures qui pourront carracher les habitants du Lot aux suggestions perfides des ennemis de la République » et les ramener à l'obéissance aux lois. '

3° Elle sera pressée en outre, de faire délivrer par le garde- magasin militaire tous les objets nécessaires.

Conformément à la loi du 19 vendémiaire, l'Administration municipale

municipale .à l'élection de .4 commissaires de policé.. S'ont élus

Section du Pont-Vieux, le citoyen Relhié, cadet; section de Valentre,

le citoyen Pinel; section du Pont-Neuf, le citoyen Joseph. Lafage,;

Section de Labarre, le citoyen Cosse premier né.

30 brumaire an IV (21 novembre 1795). — Arrêté pareil à celui du 27 (voir ce jour), relatif à la venté d'un boeuf.

L'Administration municipale arrête que le citoyen Sbuquet est charge de proclamer quartidi prochain les quatre nouveaux commissaires de .''policé dans les sections de là commune; il enjoindra aux citoyens de reconnaître lesdits commissaires dans les fonctions qui leur sont confiées.-

Pour l'exécution de la loi du 2 thermidor, relative au payement de la contribution de l'an III (1),. l'Administration municipale arrête 1° Le citoyen Vidal, préposé à la-confection des rôles, sera invité à presser son travail. — 20 L'affiche d'ajudication de là partie/du rôle payable en assignats indiquera que cette adjudication aura lieu décadi prochain.

Pour l'exécution de la loi du 3 brumaire, relative, entre autres choses,

(1) Loi abolissant les réquisitions et ordonnant que la contribution foncière sera payée moitié en assigats , moitié en grains; .


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aux parents d'émigrés(1), l'Administration municipale arrête qu'il sera fait une nouvelle publication de la loi, à son de trompe, et que ceux qu'elle vise seront invités à venir faire, le tridi de la présente' décade au plus tard, leur déclaration de résidence sur un registre spécial, faute de quoi ils seront poursuivis.

2 frimaire an IV (23 novembre 1795). — Pétition du citoyen Bergounhoux, reclus à St-Ursule; il sera examiné par les citoyens Lagarde et Roques, officiers de santé.

Même décision en ce qui concerne les citoyens Joseph Lacoste-Ribot et Beaufort.

Pétition du citoyen Grand; le citoyen Bonnafoux, secrétaire-général du Département sera invité à se transporter sur les lieux et à faire un rapport.

3 frimaire an IV (24 novembre 1795).— L'Administration municipale s'occupant de l'application de la loi du 3 brumaire; considérant que, tout en donnant l'exemple de la soumission à la charte constitutionnelle, elle s'est réservé le droit d'éclairer l'Administration supérieure sur certains arrêtés qui lui. ont été surpris par des avis émanés d'hommes dont les principes sont en opposition avec ceux des vrais républicains, « des avis qui feraient la honte éternelle de nos prédécesseurs, si l'on n'était convaincu que, ne pouvant rien attribuer à leur coeur, on doit tout imputer à leur faiblesse » ; que la loi du 3 brumaire est partout méconnue, que ceux qu'elle frappe lui insultent publiquement, encouragés par le succès que certains d'entre eux ont obtenu auprès de l'Administration supérieure trompée ; qu'il est digne de l'Administration municipale du chef-lieu du département de donner

(1) Aux -termes de celte loi, les femmes d'émigrés, même divorcées, et non remariées, les mères, belles mères, filles et belles-filles d'émigrés, non remariées et âgées de plus de 2 1 ans, étaient tenues de se retirer, jusqu'à la paix générale, dans la commune de leur domicile habituel de 1792, et d'y rester sous la surveillance de la municipalité, sous peine de deux années de détention. — Ces dispositions étaient aussi applicables aux hommes dont les femmes étaient émigrées, ou qui étaient parents d'émigrés aux degrés de père, beau-père, gendre et petit-fils. — Tous les individus qui avaient provoqué des mesures séditieuses, ainsi que ceux qui avaient été por.és sur une liste d'émigrés étaient exclus des fonctions publiques. — Les lois contre les prêtres sujets à la déportation ou à la réclusion, devaient être exécutées dans les vingt-quatre heures.— Toute personne mécontente du régime était autorisée à quitter le territoire français, mais sans pouvoir y revenir, sous peine, d'être traitée comme les émigrés.


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la première l'exemple de son amour ardent pour la République ; que la loi des 21 et 23 avril 1793, en ordonnant la réclusion des ecclésiastiques âgés de plus de 60 ans ou infirmes, a voulu seulement les soustraire à la déportation ; enfin qu'il est du devoir de l'Administration de prévenir, autant qu'il est en elle, les malheurs occasionnés par les prêtres rebelles ; arrête :

Le procureur-général syndic du Département est invité à requérir que tous les arrêtés pris par cette Administration, sur l'avis des municipalités, et qui seraient contraires à la loi, soient rapportés.

Sur le rapport des citoyens Lagarde et Roques, officiers de santé, l'Administration municipale estime qu'il doit être passé à l'ordre du jour sur la pétition du citoyen Bergounhoux (voir le 2 frimaire), sauf par le pétitionnaire à réclamer, s'il y a lieu, l'entrée d'une personne pour le soigner.

Vu la pétition de Jean et Martine B..., détenus, qui demandent à prendre dans leur maison les choses nécessaires à la nourriture et à l'habillement de leurs enfants, l'Administration municipale se déclare incompétente. Mais, mue par un sentiment.de justice et d'humanité, elle estime que le Tribunal criminel doit prendre la demande en très sérieuse, considération,

4 frimaire an IV (25 novembre. 1795). —L'Administration municipale, vu la lettre de la citoyenne Bellecourt à l'Administration des hôpitaux, considérant que le legs fait par le frère de cette personne à l'oeuvre de la Miséricorde doit être recueilli par ladite Administration, à laquelle, toutes les oeuvres charitables, ont été réunies par la loi; arrête que l'Administration des hôpitaux sera invitée à presser la rentrée du legs fait par feu Bellecourt à l'oeuvre de la Miséricorde. Arrêté ordonnant l'enfouissement d'un boeuf dans une fosse de dix pieds de profondeur, par les soins du citoyen Mazaré, fournisseur, avec le concours du citoyen Pellet, boucher.

5 frimaire an IV. (26 novembre 1795). — L'Administration municipale, attendu que plusieurs des membres qui composent le bureau d'Administration des hôpitaux ne peuvent' souvent se rendre aux réunions, à cause de leurs fonctions publiques ou de leurs affaires particulières, et que les hospitalisés sont exposés à souffrir de cette négligence involontaire, arrête :

Ledit bureau sera dorénavant composé des citoyens : ...

Dolique père, Danglars évêque, Amadieu (de Cabessut), Rouziès,


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propriétaire, ci-devant professeur, Carla notaire public, Brives 1er né, Plantade, ministre du culte, Cadres propriétaire, Deloncle accusateur public, Panefieux, apothicaire, Lassale perruquier, Pinel, orfèvre, Tailhade, teinturier, trésorier.

L'Administration municipale réclame de ces nouveaux administrateurs les soins que demande « l'état de ces hospices dénués de tout » ; elle les invite à la vigilance et les presse de ne pas oublier qu'ils sont chargés des intérêts de « la portion du peuple la plus chère aux vrais républicains. »

Les pétitions de la citoyenne veuve Guiches, maîtresse de poste, et du citoyen Brives, premier né, sont renvoyées au citoyen Périer, ingénieur en chef du Département.

Réquisition du suppléant du commissaire du Directoire, concernant des infractions a la loi du 20 septembre 1792, sur l'état civil. Un jeune homme était, mort et avait étéinhumé le même jour, sans que sa famille eût fait aucune déclaration de décès ; deux déclarations de naissances avaient aussi été omises. — L'Administration municipale arrête que les délinquants seront dénoncés au tribunal de police correctionnelle. Les commissaires de polices sont invités à veiller à l'exécution de la loi. Les fossoyeurs, avant de procéder à une inhumation, devront exiger une attestation de déclaration, et, le cas échéant, dénonceront les délinquants.

Pour obéir, à un arrêté du Département, l'Administration municipale nomme deux commissaires chargés « de faire demain une vérification générale de toutes les caisses publiques dont le service se fait à Cahors » ; ils en feront autant une fois par décade, et rendront compte de l'état de chaque caisse, ainsi que des sommes et de la quantité d'assignats qu'ils y auront trouvés.

6frimaire an IV (27 novembre 1795). — Procès-verbal constatant que l'affiche relative à la contribution payable en assignats, pour l'an III, a été apposée aux endroits accoutumés.

Il est donné lecture de la lettre du Département, en date du 25 thermidor, relative aux secours accordés en raison de la grêle, ainsi que de celle du payeur général, en date du 5 fructidor, « dont l'exécution avait été négligée par nos prédécesseurs ». L'Administration municipale arrête : qu'il sera dressé par les commissaires de police un tableau contenant les noms, prénoms, qualité et nombre d'enfants de de tous les sinistrés ; — que la somme de cinquante mille livres mise


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à la disposition de la commune sera distribuée aux plus indigents, conformément aux instructions données;— que lesdits commissaires sont invités à faire cette opération avec toute la célérité qu'elle exige.

7 frimaire an IV (28 novembre 1795). — L'Administration municipale, vu de nouveau la pétition des citoyens Joseph Lacoste-Ribot et Beaufort, prêtres reclus, ainsi que le rapport, des officiers de santé, duquel rapport il résulte que. les pétitionnaires peuvent supporter la réclusion sans danger de perdre la vie ; vu d'ailleurs la loi de 1793, qu'il n'est pas au pouvoir de l'Administration de violer ; estime qu'il doit être passé à l'ordre du jour, les pétitionnaires conservant le permis de se faire soigner par les personnes habituées à leur service.

L'Administration municipale, vu la pétition du citoyen Roussel Inval, ancien officier destitué, qui demande sa réintégration ; attendu que les opinions du pétitionnaire ne permettent pas de prendre cette mesure, mais que sa situation est telle qu'il convient de lui accorder les secours affectés aux anciens militaires retirés; estime que l'Administration supérieure doit réclamer « avec force » pour lui, les secours accordés par la loi aux militaires retirés du service, et qui sont comme lui, chargés d'une nombreuse famille; mais qu'il convient d'écarter toute idée de réintégration, à laquelle d'ailleurs le grand âge et les infirmités du pétitionnaires seraient toujours un obstacle.

8 frimaire an IV (29 novembre 1795). — L'Administration municipale estime qu'il y a lieu d'accueillir favorablement la pétition des habitants de la section de Valentres, demandant qu'une horloge soit installée dans cette partie de la ville ;

— nomme commissaire le citoyen Souquet pour assister à l'adjudication de l'émondage de 40 arbres qui doivent être coupés sur les biens de Leblanc-St-Fleurien et de Regourd, l'un et l'autre pères d'émigrés.

Pétition du citoyen Danglars, évèque, tendant à ce que les tuyaux du jeu d'orgues établi autrefois à l'église des Chanoines réguliers et que le Comité révolutionnaire fit transporter à Sainte-Ursule, soient transférés à la ci-devant cathédrale, dont le grand orgue a été entièrement mutilé. L'Administration municipale estime qu'il y a lieu de répondre favorablement au pétitionnaire, et d'inventorier lesdits tuyaux d'orgues, au moment où ils seront déplacés:

9 frimaire an lV (30 novembre 1795).- — L'Administration municipale


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se déclare incompétente sur une pétition du citoyen Pellet, bouclier, au sujet d'un boeuf enfoui récemment ;

— passe à l'orde du jour sur la pétition du citoyen Labie, père d'émigré, qui demandait la permission de se retirer pendant quelques jours dans le canton de Luzech.

Rapport du citoyen Périer, ingénieur en chef, sur la pétition de la veuve Guiches, maîtresse de poste. L'Administration municipale, considérant que les chevaux de la pétitionnaire sont dans le plus mauvais état ; qu'elle est dépourvue des objets de première nécessité pour l'entretien de sa poste ; que les courriers ne peuvent monter la côté de Valentres sans le secours, très onéreux pour la République, de plusieurs paires de boeufs ; estime que provisoirement, et jusqu'au commencement des travaux pour la réparation du pont de NotreDame, la pétitionnaire doit être autorisée à faire passer au pas sur ledit pont les malles des courriers, et qu'elle doit se concerter à cet effet avec l'ingénieur en chef, pour prévenir les abus.

Les citoyens Heilhes et Marquisot, instituteurs, demandent à être logés dans le local des ci-devant Frères. Ce local étant affermé au profit de la République, l'Administration municipale déclare n'y avoir lieu à délibérer, jusqu'à ce que l'Assemblée législative ait statué sur la demande qui lui en a été faite.

La citoyenne veuve Lavit demande les secours auxquels elle peut avoir droit, comme veuve d'un défenseur de la patrie. Il n'y a lieu à délibérer, jusqu'à ce qu'elle ait fourni les pièces exigées par la loi.

10 frimaire an IV (1er décembre 1795). — L'Administration municipale, vu l'arrêté de celle du département, qui ordonne la mise en liberté des citoyens Lacoste-Ribot et Beaufort, frères, prêtres reclus ; considérant que les motifs dudit arrêté sont inexacts, et qu'avant de le rendre, l'Administration du département aurait dû consulter l'opinion des citoyens, « dont l'Administration municipale est l'organe » ; considérant que cet arrêté viole les lois ; que, en l'exécutant, l'Administration municipale trahirait ses devoirs et compromettrait peut-être la tranquillité publique ; considérant que le mal dont souffrent les pétitionnaires n'est que la suite de leur âge et ne les met pas dans un danger imminent ; que c'est précisément pour ce casque la loi a établi des maisons de réclusion ; arrête :

1° L'Administration du département sera invitée à rapporter son arrêté.


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2° Il lui sera dit que, si elle y persiste, l' Administration municipale ne s'associera pas à la violation de la loi et réclamera auprès du ministre de l'Intérieur.

3° Extrait du présent sera sur le-champ adressé à l'Administration dû département.

11 frimaire an IV (2 décembre 1795). — Nomination d'un, expert pour instruire la pétition du citoyen Gintrand.

Pétition de plusieurs citoyens qui se plaignent des retards apportés à l'ouverture de la rue dite du Bon-Pasteur (1),, dont les travaux devaient être achevés le 30 fructidor dernier. — L'Administration municipale estime que celle du département doit donner des ordres sévères à l'Ingénieur en chef pour qu'il veille, à l'exécution desdits travaux, et que ledit ingénieur doit être déclaré responsable, sauf à lui à exercer son recours de garantie contre qui il avisera.

12 frimaire an IV (3 décembre 1795). — L'Administration municipale nomme commissaire le citoyen Peyrat pour assister à la clôture du compte du trésorier de l'hospice ;

-rejette la pétition du citoyen Desprats, fermier du bien ayant appartenu à Regourd, père' d'émigré, lequel Desprats, réclamait une indemnité pour le préjudice à lui causé par l'émondage des arbres mis à la disposition de l'ingénieur.

Le, citoyen Barthélemy Lagarde, résidant avant la Révolution à Cadix et actuellement à Breslau, demande un certificat qui lui permette de traverser la France et de venir voir à Cahors sa famille, en allant reprendre à Cadix les établissements qu'il y a formés. L'Administration municipale, considérant que le pétitionnaire n'avait quitté l'Espagne que pour né pas prêter un serment contraire à l'honneur français; attendu qu'il a donné des preuves du plus pur républicanisme et d'un sincère attachement à la France ; lui accorde le certificat qu'il demande et déclare qu'il ne figuré dans aucune liste d'émigrés.

L'Administration municipale dénonce à l'accusateur public, le vol d'une grille, commis au château de Laroque, qui est propriété nationale, et charge le citoyen Dazemar de voir s'il y a des réparations à faire à cet édifice.

(1) Aujourd'hui rue Fénelon.


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L'état des frais de bureau du trimestre de vendémiaire est envoyé à l'Administration du département, avec invitation de mettre à la disposition de la commune la somme nécessaire pour, payer cette dépense indispensable.

15 frimaire an-IV (6 décembre 1795). — Vu la délibération de l'administration des hospices, par laquelle les citoyens Danglars. et Lassale sont nommés commissaires pour acheter des objets de première nécessité et sont autorisés à emprunter la somme nécessaire ; l'Administration municipale, considérant que les besoins des hospices sont on ne peut plus urgents ; qu'il existe une somme accordée par le gouvernement pour venir au secours des malheureux ; arrête :

1° Le citoyen Lange, dépositaire pour l'ancienne municipalité, (vu que celle-ci n'a pas encore rendu ses comptes), est autorisé à verser aux susdits commissaires la somme de 120.000 livres, à titre de prêt.

2° Cette Somme sera remboursée sur les premiers fonds qui seront mis à la disposition des hospices.

3° Ladite administration est invitée à redoubler de soins et d'efforts pour obtenir du gouvernement les fonds nécessaires à l'entretien des hospices.

L'Administration municipale donne un avis favorable à la pétition du citoyen Arnaud Batut père, vieillard infirme et sans ressouces, qui demande que son fils, actuellement soldat, soit renvoyé dans ses foyers. Il montre d'ailleurs que son fils avait passé l'âge de la réquisition quand il entra dans le bataillon où il sert.

16frimaire an IV (7 décembre 1795) (1). — Sur la demande des citoyens Pierre Couderc et Lange, secrétaires-commis de l'Administration municipale, il est alloué à chacun d'eux une livre de pain par jour, provisoirement et pendant trois mois, à titre d'indemnité pour le travail extraordinaire dont ils sont chargés, et ce, vu la cherté des subsistances.

Pour la même raison, il est accordé aux citoyens Courrejou, Remy, Valmary et Delpech, soldats du guet, une livre de pain par jour pendant un mois, en sus des dix livres qu'ils reçoivent déjà.

Pour l'exécution de la loi du 10 vendémiaire dernier sur la police intérieure de la République, il doit être dressé un tableau contenant les nom, état ou profession et âge de tous les habitants au-dessus de 12

(1) Délibération datée par erreur du 16 brumaire.


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ans, avec le lieu de leur habitation et l'époque de leur entrée dans la commune. Pour faire ce travail, l'Administration municipale nomme, dans chacune des quatre sections, une commission composée d'un de ses membres et de quatre ou cinq citoyens, parmi lesquels figurent les desservants des églises de la banlieue.

18 frimaire an IV (9 décembre 1795). — L'Administration municipale procède à la vérification des procès-verbaux d'élection des agents municipaux et adjoints élus dans les communes du canton ; ensuite elle installé ces citoyens dans leurs fonctions respectives, après leur avoir fait transcrire et signer, en tête du registre devant servir à leurs délibérations, la déclaration prescrite par l'article 6 de la loi du 3 brumaire

brumaire

18 frimaire an IV (9 décembre 1795). — L'Administration municipale, vu son arrêté concernant des prêtres reclus mis en liberté par ordre de l'Administration du département, et chez qui il se fait des rassemblements ;

Vu son autre arrêté relatif à la mise en liberté de Jean-Baptiste et

Joseph Lacoste, prêtres reclus, contenant invitation au Département

de rapporter son arrêté, faute de quoi ledit arrêté sera dénoncé au

ministre de l'Intérieur:

Vu le nouvel arrêté du Département contenant : 1° suspension de

l'arrêté précédent ; 2° envoi au ministre de l'Intérieur des pièces de

l'affaire, afin qu'il puisse juger la conduite des deux administrations ;

3° enfin demande d'un prompt jugement sur les doubles élections qui

ont eu lieu dans ce département, afin que les administrateurs actuels

n'y exercent pas plus longtemps une autorité précaire et incertaine.;

Considérant que les maladies dont se disent atteints les frères Lacoste pourraient bien être l'effet des efforts qu'ils ont faits depuis leur mise en liberté pour la propagation dès maximes ultramontaines;

Considérant que les lois, sans cessser d'être justes et humaines, peuvent retenir en clôture des hommes qui ont refusé le serment de maintenir la liberté et l'égalité, lorsque d'ailleurs ils ont le secours de leur domestique et des soins médicaux ;

Considérant qu'ils sont assez commodément logés, qu'ils respirent

(1) Déclaration qu'ils n'ont provoqué ni signé ; ucun arrêté séditieux et qu'ils ne sont ni parents ni alliés d'émigrés. — Une fausse déclaration était punie du bannissement.


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l'air le plus pur de la ville ; que leur translation dans leur domicile n'offre point au gouvernement des garanties suffisantes contre ce qu'ils appellent un zèle apostolique ;

Considérant qu'il est faux que les frères Lacoste soient, comme le prétend l'arrêté attaqué, dès hommes estimables, tranquilles et amis de l'ordre, puisque, depuis leur dernière sortie de la maison de réclusion, ils ont travaillé avec ardeur à rendre parjures des hommes jusqu'alors fidèles aux lois, et qu'ils sont venus, à leur tête, consigner dans les registres de l'autorité publique « l'acte infâme de leur rébellion » ;

Considérant qu'il importe à l'Administration municipale de repousser l'inculpation grave d'avoir refusé l'obéissance à une autorité supérieure, tandis qu'elle s'est contentée d'user de remontrances ;

Considérant que les motifs invoqués par le Département pour se dissimuler la lenteur avec laquelle on exécute la loi du 3 brumaire, neuf ou dix prêtres réfractaires seulement étant remis en réclusion, sont peu dignes d'hommes au pouvoir et outrageants pour les vrais républicains ;

Considérant que l'autorité du Département est légitime et qu'il est dangereux pour le bon ordre qu'il dise lui-même tenir son pouvoir, non du peuple, mais des circonstances qui ont provoqué une scission dans l'assemblée électorale, scission qui sauvera ce département de manoeuvres perfides et fournira au gouvernement l'occasion d'éliminer les hommes suspects ou ennemis déclarés de la Révolution ;

Considérant que l'Administration municipale regardera celle du département comme légitime jusqu'à ce qu'elle soit légalement remplacée;

Arrête : Il sera voté des remerciements à l'Administration du département pour la suspension de son arrêté du 7 du courant.

Vu une pétition de la citoyenne veuve Guiches, maîtresse de poste, on lui accorde l'objet qu'elle demande, mais en lui recommandant de mettre à l'avenir plus de soin et d'activité à s'approvisionner de fourrages.

21 frimaire an IV (12 décembre 1795). — L'Administration municipale charge le citoyen Souquet de dissiper, de concert avec les commissaires de police, les rassemblements de jour ou de nuit qui pourraient se former, de dresser procès-verbal, s'il y a lieu, et de surveiller particulièrement l'exercice des cultes, ainsi que les rassemblements illicites qui pourraient avoir lieu sous ce prétexte.


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23 frimaire an IV (14 décembre 1795). — Déclaration signée du citoyen Lagarde, président de l'Administration municipale. La nuit

dernière, des individus ont brisé à coups dé cailloux les vitres d'une

des fenêtres de sa maison, sise près de la ci-devaht Daurade, et ont troublé le repos du quartier en chantant le « Réveil du peuple »

pendant plusieurs heures.

23 frimaire an IV (14 décembre 1795). — L'Administration municipale renvoie au Département une pétition du citoyen Lustrac fils, qui

se croit dispensé d'obéir à la réquisition militaire, ayant été nommé

garde des fourrages à Cahors par le directeur de ce service. L'Administration

L'Administration pense que le pétitionnaire n'est pas dispensé, et presse l'Administration supérieure, au cas où elle serait de cet avis,

de. le faire connaître le plus tôt possible, « au nom de la tranquillité publique, troublée dans toutes les parties de la commune. »

Le commissaire de police du quartier du Pont-Neuf est chargé de faire une enquête sur la déclaration du citoyen Lagarde, rapportée plus haut.

Vu les réclamations présentées par les citoyens Bel et Calmels, les citoyens Lagarde et Roques, officiers de santé, sont chargés, dé lés visiter et de dire si leurs infirmités les rendent, impropres au service militaire.

L'Administration municipale renvoie au tribunal de police correctionnelle deux procès-verbaux du citoyen-Souquet, chargé de surveiller les rassemblements illicites, l'un constatant une infraction à la loi commise dans l'habitation du citoyen Beaumont, l'autre une insulte

faite au commissaire délégué; on y joint un procès-verbal du citoyen Joseph Lafage, constatant le refus fait par ledit citoyen Beaumont. 23 frimaire an IV (14 décembre 1795),—Vu les procès-verbaux dressés par les commissaires de police et les déclarations de plusieurs citoyens, constatant que, la nuit dernière; il a été attaché, à l'arbre de la Liberté une branche de laurier surmontée d'une grande cocarde blanche; que les maisons de plusieurs citoyens ont été endommagées à coups de pierres,par une bande de factieux qui chantaient « l'hymne du massacre des amis de la République, le Réveil du peuple", et qui ont couru les rues pendant toute la nuit;

Considérant « que l'audace des ennemis de la République est depuis quelque temps sans exemple, que les lois sont méconnues, les autorités avilies, la monnaie républicaine discréditée, les propriétés violées,


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l'impôt refusé dans plusieurs communes environnantes » ; que les

factieux n'ont pas craint de « profaner l'arbre sacré de la Liberté en y suspendant la cocarde blanche .», et d'y attacher une branche de laurier, symbole de la part qu'ils prennent au succès de nos ennemis devant Mannheim ;

Considérant que l'Administration municipale n'a en son pouvoir aucune force militaire sur laquelle elle puisse s'appuyer pour faire respecter la loi, et ce, malgré ses nombreuses et vives réclamations; « que, sans un prompt et très prompt envoi de forces suffisantes», on ne peut garantir l'exécution d'aucune loi; que, néanmoins, en attendant, il convient d'informer contre les auteurs des excès criminels dont il est question ; arrête :

L'Administration municipale restera en permanence jusqu'à ce que les lois s'exécutent. — Les patriotes seront invités à faire des patrouilles avec la gendarmerie et à arrêter les perturbateurs. — Les délits commis dans la nuit du 22 au 23 seront dénoncés à l'accusateur public. — Le Directoire et le Ministre de l'Intérieur Seront très instamment invités à envoyer à Cahors un bataillon de « bonnes troupes républicaines ». — L'Administration du Département sera invitée à appuyer cette demande de toutes ses forces.

L'Administration municipale, vu les pétitions de 4 militaires, décide que trois d'entre eux seront examinés par des officiers de santé, et renvoie au Ministre de la Guerre la décision concernant le quatrième.

25 frimaire an IV (16 décembre 1795). — Attendu qu'il a été commis des vols dans la caserne nationale la nuit dernière ; considérant que lorsque, dans le chef-lieu, les lois seront exécutées et les propriétés respectées, « les autres communes du département sentiront qu'il est instant pour elles d'exécuter et de faire exécuter les lois, parce qu'elles devront être convaincues qu'au moindre signal de révolte il peut être pris des mesures à faire repentir quiconque sera reconnu pour en être l'auteur ou le provocateur » ; l'Administration municipale arrête qu'il sera demandé à l'autorité supérieure les ordres nécessaires pour retenir jusqu'à nouvel ordre, à Cahors, soixante des gendarmes qui y sont réunis en ce moment.

26 frimaire an IV (17 décembre 1795). — Le citoyen Durand, médecin, ancien maire, nommé, par le Directoire, commissaire du pouvoir exécutif, est installé dans ses fonctions.


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Le rôle de la contribution foncière pour l'an III est arrêté de la manière suivante :

Partie payable en nature et convertie.

en assignats........................... 1.397.096. livres 4 deniers

Partie payable en assignats.,......... 87,122 — 8 - (1)

Blé:.,. 48 quintaux 42 livres 11 onces. Seigle. 69 — 10 — 12 — Orge. .77 — .87 — 8 —

Avoine 92 — 20 — o —

27 frimaire an IV (18 décembre 1795).— Vu la pétition de l'Administration de l'hospice considérant quelles, biens de cet établissement ayant été mis sous séquestre, conformément à la loi du 23 messidor, les 300 indigents qu'il renferme sont privés de ressources ;que l'Administration a.dû recourir à l'emprunt et faire acheter des grains par des hommes qui spéculaient sur ces opérations ; que, dans l'état actuel des finances, une masse d'assignats suffirait à peine à pourvoir aux besoins les plus pressants ; l'Administration municipale estime que celle du département doit mettre à la disposition de l'hospice 300 quintaux de grains, nécessaires pour nourrir pendant deux mois les indigents qu'il renferme ; à la charge par cet établissement de remettre dans les greniers publics la quantité de blé qu'il aura reçue.

Vu une pétition du citoyen, Richard, imprimeur, qui réclame une somme de 24.441 livres pour impressions, et fournitures ; attendu qu'une, partie de ces fournitures ont été faites à un moment où les assignats avaient leur valeur nominale, et que c'est par sa faute que le citoyen Richard n'a pas été payé à ce moment, l'Administration municipale arrête qu'il sera payé au pétitionnaire la somme qu'il réclames plus 6.000 livres à titre d'indemnité (2).

28 frimaire an IV (19 décembre 1795). —l'Administration municipale arrête : que le citoyen Denugues sera examiné par deux officiers de santé; qu'il sera payé au citoyen Laval. 1675 livres, à charge de réintégration-; — que la pétition des habitants du faubourg Labarre, relative à l'abreuvoir qui se trouve dans leur quartier, sera soumise à l'ingénieur en chef.

(1) Le total de ces deux sommes s'élève à 1,484.218 I. 12 d. en assignats, ce qui équivalait à 8.995 livres en argent.

(2) 24 441 livres en assignats faisaient 134 livres en argent. ; .6.000 livres faisaient en numéraire 33 livres.


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L'Administration du département ayant décidé qu'il resterait à Cahors 18 gendarmes en plus de ceux qui y sont en résidence, l'Administration municipale arrête : qu'une patrouille sera faite tous les soirs par 8 gendarmes ; — que le commandant de la patrouille prendra les ordres de l'Administration à 5 heures du soir; — qu'un gendarme d'ordonnance restera auprès de l'administration, pour porter ses ordres.

L'Administration municipale, considérant le mauvais état du bâtiment de l'Hôpital général, qui menace ruine, et l'insalubrité de ce local, cause de maladies pour les enfants qui y sont entretenus ; vu d'ailleurs que le bien de l'administration intérieure commande impérieusement la réunion des deux hospices; estime que l'Administration du département, sous peine de faire courir aux hospitalisés les plus grands dangers, ne peut se dispenser d'ordonner leur installation provisoire au ci-devant séminaire.

L'Administration municipale, pour accélérer l'exécution de la loi du 7 thermidor, relative à la taxe somptuaire et personnelle, arrête que tous les habitants de la commune, sauf ceux qui sont compris à l'article 11, se présenteront devant les citoyens Souquet, administrateur municipal, et Vaisset, chargé de la faction des rôles, pour faire la déclaration prescrite par l'article 13(1).

Vu la pétition des employés de l'Administration municipale, cette dernière, considérant que, dans le discrédit actuel des assignats, ils peuvent à peine se nourrir, et que d'ailleurs on n'a pas d'autre moyen de les payer, arrête que, pendant trois mois, ils recevront une livre de pain chacun par jour.

L'Administration municipale, vu les services rendus par la compagnie des vétérans ; considérant qu'il est impossible de faire faire un service régulier par la garde nationale, dont les membres, patriotes' sans doute, sont presque tous obligés de travailler pour vivre ; arrête que le ministre de la guerre sera invité à ordonner la formation d'une 2e compagnie de vétérans à Cahors.

(1) La loi du 7 thermidor an III soumettait tous les Français à une contribution personnelle de 5 livres ; les manoeuvres qui gagnaient une journée n'excédant pas 30 sous en étaient dispensés, mais ils étaient admis à la payer volontairement. — Les personnes non mariées et âgées de plus de 30 ans payaient un quart en sus de toutes leurs contributions personnelles et taxes somptuaires — La loi établisssit des taxes sur les cheminées, les poêles, les domestiques mâles attachés à la personne,les chevaux et mulets de. luxe, et les voitures suspendues. (A suivre) A. COMBES


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GALERIE MEDICALE DU LOT

PAR LE

D J. BERGOUNIOUX

Ancien médecin principal de l'armée

GUILLAUME BAUDUS Conseiller médecin ordinaire du Roi, en la ville, faubourgs et dehors de:Cahors

(1658-1739)

CONTRIBUTION À L'HISTOIRE DES MEDECINS CADURCIENS A LA FIN DU RÈGNE DE LOUIS XIV

« Leur langage.n'est pas le nôtre. ... Ils ont dès idées toutes faites qui nous étonnent..... Et pourtant ils sont si candides, si simples,si respectables, que, malgré tout, l'on se sent porté vers eux par je ne sais quel charme de singularité ».

Maurice RAYNAUD. — Les médecins au temps de Molière,

P- 45 9

Le médecin dont nous allons essayer de reconstituer l'histoire, n'a pas laissé de traces dans la science, mais il a occupé à Cahors des places en vue, rempli des emplois recherchés, assuré longtemps avec un grand dévouement et sans rénumération. le service des hôpitaux, pris part très-honorablement aux concours pour les chaires de médecine vacantes à l'Université et reçu, à plusieurs reprises, des témoignages de gratitude de la population pour les soins désintéressés qu'il lui prodiguait ; c'est une belle figure de praticien. En le suivant dans les différentes étapes de sa carrrière, nous serons tout naturellement initiés à l'existence professionnelle des médecins cadurciens à l'époque où il vivait.

Il appartenait à une branche cadette de la famille dès Baudus,qui se place au premier rang parmi les familles de haute bourgeoisie qui ont joué un rôle important dans la vie municipale et judiciaire de Cahors


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au XVIIe et au XVIIIe siècles : les Pujol, les Pouzargues. les Dayma, les Deslacs, les Valet, les Leblanc de Saint-Fleurien, les Lefranc de Cayx, les Lézeret, les de Regourd, etc. Elle à fourni, en effet nombre de consuls et de membres de la jurade à la communauté et de magistrats et d'avocats au présidial ; au diocèse, un vicaire général, qui fut un modèle de vertu et de charité; à la ville de Toulouse, un capitoul; à la cité natale, le premier maire élu en 1790 ; la même année,le premier procureur syndic au département et le premier inspecteur à l'académie en 1809. Un Baudus, aide de camp de Bessières, duc d'Istrie, était à ses côtés, lorsque le maréchal d'Empire tomba mortellement frappé par un boulet, le Ier mai 1813, dans une reconnaissance faite la veille de la bataille de Lutzen.

Cette famille, originaire de Florence, s'était d'abord établie à SaintAnton in du Rouergue. Les querelles de religion l'obligèrent à quitter cette ville et elle vint se fixer à Cahors au milieu du XVIe siècle (1).

D'abord apothicaires, les Baudus qui acquirent une honorable fortune dans l'exercice de cette profession, comptèrent aussi des médecins parmi eux.

Le premier qu'on rencontre vivait en 1632. Au nombre des huit principaux de la Cité, qui le jour des Rameaux — Die palmarum — assistaient en l'église Cathédrale, à la bénédiction de deux cloches fondues aux frais du chapitre, avec le bronze de deux canons coulés en 1583, aux dépens de la ville et brisés au siège de Montauban, fait par Louis XIII en 1621, figurait un « Guillelmus Baudus, doctor-medicus » (2).

Un second, celui qui fut conseiller médecin ordinaire du roi et qui

(1) De Marsis. Portrait du Saint prêtre et du sage et zelé vicaire-général dans l'histoire de la vie de M. Baudus, chanoine, etc , à Villefranche de Rouergue

chez Vedeilhié 1778.— et — Communication de M. l'abbé Foissac.

(2) Biblioth. munic. Cahors. Collection Greil. B 40 Mem. pour le Saint Suaire « Ad majorera c vitatis et capituli splendorem, fusoe sunt, impensis capituli, ex machinis bellicis duoe graviores, post excidium urbis,an dom. M.DLXXXIII, a civibus fabricatoe, quae in obsidione Montalbani an dom. MDCXXI, quassoe fuerunt, et ex illis conflatoe sunt duoe campanoe, an. dom. 1632. Major nomine Marie, cura civitatis, altera nomine Stephanus. cum capituli Iusignibus.

Proefuit Sacroe campanorum unctioni eodem. an. 1633 die palmarum. Suivent les, noms de l'évèque et des membres du chapitre qui se tenaient, «ante capellam SS. Ambroisioe et Leoge darii, alia ex parte ante capellam S. Joannis evang , campanis mediantibus, sedebant octo urbis proceres, cum civitatis insignibus. «dont « Guill. Baudus, doctor-medicus ».


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s'appelait Guillaume comme le précédent et aussi comme son père, était fils d'un bourgeois, qui s'était marié en 1641 à Dlle Françoise de Planiol, fille de Hélie Planiol, secrétaire de l'Université et d'Antoinétte de Magny (1), et qui s'éteignit âgéde « huittante six ans», le 6 avril 1685(2).

Guillaume, l'un des plus jeunes des nombreux fils ou filles issus de ce mariage, naquit à Cahors vers 1658. On ne retrouve pas son acte de baptême, dans les registres malheureusement incomplets de cette époque, conservés à la bibliothèque municipale, mais comme il mourut le 3 janvier 1739 ayant plus dé quatre-vingts ans, on peut déterminer approximativement l'année de sa naissance.

Il fut reçu docteur à Cahors. Les registres de l'Université, transportés à Toulouse, lors de sa réunion à celle de cette ville en 1751; n'indiquent pas l'époque de ses immatriculations d'étudiant et ne contiennent à son sujet que la mention suivante: « Baudus cadurcensis, doctor in medècinâ,'die 16 mensis oct. 1677 (3) ». Il était donc docteur dans sa vingtième année; ce qui, du reste, n'était pas rare en ce temps, où le. brevet de maître ès-arts obtenu, les étudiants n'avaient, sauf à Paris et à Montpellier que trois années d'études à accomplir ; et où on entrait jeune dans les carrières qu'on devait suivre.

De bonne heure, et pendant longtemps, Baudus fut activement mêlé à la vie de la Faculté de médecine. Dans la très intéressante étude qu'il a consacrée a l'histoire de cette Faculté (4), M le docteur Lafeuille nous apprend que Baudus fut candidat dans les trois derniers concours qui eurent heu devant elle, pour le remplacement dans leurs chaires des professeurs Géraud Chanaud, mort en 1682, Michel Dardenne, mort le 10 novembre 1695, et Jean Senaud, mort en août 1715.

Ces chaires étaient très convoitées, puisqu'il se présenta en 1683 et en 1696, 10 médecins pour les obtenir et 15 en 1715. Ce n'est pas que

(1) Commun de M. l'abbé Foissac.

(2) Actes des baptêmes, mariages, et décès de la paroisse des Soubirous.

(3) Archives de l'Université de Cahors. —Biblioth. universitaire de Toulouse: Reg. n° 104 d'août. 1673 à 1679 —Communication de M.le Conservateur.

(4) Dr Paul Lafeuille. La Faculté de médecine dans l ancienne Université de Cahors, S orck, Masson, Lyon, Paris, 1895 p. 35 et suivantes.


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de sérieux émoluments leurs fussent affectés, car les gages annuels de tous les professeurs de l'Université ne s'élevaient qu'à onze cents livres (1); mais elles conféraient des prérogatives honorifiques, des privilèges et des exemptions de charges qui les faisaient rechercher.

Comme dans les autres Universités, lès disputes duraient fort longtemps, un, deux ans et même plus, suivant le nombre des candidats. Chacun d'eux, en effet, avait plusieurs leçons à faire — des préleçons d'après le terme alors employé — avant la soutenance de la thèse qui durait trois jours.-Il fallait en défendre les conclusions contre tout bachelier, licencié,' docteur en médecine, et surtout contre les autres concurrents. Et avec les habitudes scolastiques d'alors, les contradicteurs ne devaient pas manquer d'objections à faire à leur unique et infortuné adversaire. Il était difficile dans ces conditions que les épreuves ne fussent pas espacées et que par suite la durée du concours ne fut pas très longue.

Préleçons et soutenances avaient lieu devant tous les professeurs de l'Université, quelle que fut leur spécialité. Si beaucoup n'étaient pas très compétents en médecine proprement dite, tous pouvaient apprécier la valeur du candidat comme argumentateur, et le plus ou moins de clarté, qu'il avait mis dans son exposition du sujet traité ; et quelques uns même, ceux qui se piquaient de philosophie, dont faisait partie ce. qu'on appelait là physique, étaient par la fréquentation, d'un philosophe contemporain, Discartes, capables de porter un jugement dans les parties purement physiologiques.

Tous les professeurs prenaient part au scrutin pour l'établissement de la liste des trois candidats, classés par ordre de préférence qu'on devait soumettre au choix du Roi : en fait, à celui de son premier médecin. Ces règles du concours furent en usage jusqu'à la promulgation de l'Êdit de mars 1707, portant « règlement pour les Facultés de Médecine ès Universités du Royaume » qui fut en vigueur jusqu'au 12 août 1793, date de la suppression de toutes les anciennes Facultés et des Collèges de médecine. Nous parlerons des prescriptions nouvelles de cet Edit, quand nous nous occuperons du concours qui eut lieu en 1715.

(1) Arch. dép. Lot. Contrôle des actes des notaires. R. 62 f. 3 v° 3 juin 17 16. Quittancé de 1100 livres de gages par les professeurs de l'université de Cahors Même quittance, à des dates variables, pour les années suivantes.


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En 1683 et en 1697, Michel Dardenne et Jean Senaud, qui étaient en tête des listes de présentation, dont Baudus n'occupait que le 2erang, furent nommés professeurs.

Mais si nous connaissons les résultats de la lutte par l'ouvrage de M. Lafeuille, nous n'avions jusqu'ici, aucune notion des sujets traités et des.opinions médicales exposées: dans leurs, thèses par les concurrents lorsqu'une heureuse découverte de M. l'abbé Foissac est venue combler cette lacune, en très faible partie; il est vrai, mais fort heureusement pour la connaissance des idées de Baudus.

Notre érudit collègue, — auquel l'histoire des familles du pays doit tant de renseignements intéressants,— au cours de recherches dans les registres, des actes de la paroisse Saint-Laurent, et au moment même, où une première rédaction de cette notice, qui de ce fait a du être profondement, remaniée, venait d'être lue à la Société des Études, a trouvé la deuxième partie des thèses soutenues par Baudus en 1683 et les thèses, entières de celui-ci et d'un autre candidat, François Bouchaud, qui furent composées pour le concours de 1696-1697. Elle servaient de couverture aux registres de cette paroisse.

C'est une véritable trouvaille dont le grand intérêt est évident. C'est tout ce qui semble rester, en effet, et qu'on connaisse jusqu'ici des thèses passées à la Faculté de Médecine de Cahors pendant quatre cents ans. Il n'y en pas d'autres dans les archives de Cahors et Mr.le Conservateur de la Bibliothèque Universitaire de Toulouse, nous écrivait le 2 mai 1912 : « Nous n'avons dans les. archives, de l'Université de Cahors que des registres, d'un caractère, surtout administratif (inscriptions, graduations, etc.) Nous avons pu recueillir et grouper en un voIume des thèses anciennes de l'Université de Toulouse ; nous n'en avons aucune de Cahors ». (1).

Ces thèses méritent qu'on leur consacre un sérieux examen pour préciser les théories et la pratique, qui étaient en faveur à la Faculté de Médecine de Cahors à la fin du XVIIe siècle. Mais une étude détaillée et scientifique de ces textes s'écarterait trop de l'objet de cette notice, et serait l'occasion de considérations et de discussions trop spéciales

(1) Peut-être existe-t-il encore d'autres thèses de médecine dans les archives de certaines familles. Elles rendraient un grand service à l'histoire de la Faculté de médecine si elles voulaient bien s'en dessaisir au profit de la Bibliothèque municipale de Cahors.


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pour qu'il y ait lieu de s'y livrer ici. Il est bon cependant, et non sans intérêt, d'en donner un compte-rendu sommaire.

Pour chaque concours les thèses sont au nombre de deux par candidat. L'une est consacrée à une question de doctrine et de pratique , l'autre, à l'interprétation et au développement d'un aphorisme d'Hippocrate, regardé d'ailleurs comme indiscutable. Les questions étaient tirées au sort.

Les thèses sont, bien entendu, écrites en latin. La langue n'en est pas très pure. Elle n'a rien de celle de Cicéron, mais le sujet à traiter et les théories exposées ne le permettaient guère.

Dans la forme.elles ne se distinguent en rien du type habituel des thèses" de l'époque. Ce sont de grands placards in folio-plano, qui n'étaient imprimés que sur le recto. Cependant elles sont dépourvues des images, représentant ou Dieu le père, ou Jésus Christ, ou la Vierge ou, des Saints, dont on les ornait d'ordinaire et qui en faisaient le prix aux yeux de certaines personnes et en particulier aux yeux de Toinette, la servante d'Argan, le malade Imaginaire (1). Faut-il voir dans cette absence, l'indice de l'infériorité du matériel des imprimeries locales?

Suivant l'usage, elles sont placées sous l'invocation de Dieu, de la Vierge et des Saints.

Optimo medico generis humani redemptori, Christo Jesu a regibus adorato. (Thèses de Baudus 1697).

Christo Jesu numerosam plebem. modicis quinque panibus et totidem piscibus reficiénti. (Thèses de Bouchaud 1697).

La première fut donc rédigée au voisinage du Jour des Rois et la seconde de l'anniversaire du miracle de la multiplication des pains.

Elles donnent l'indication de la date des trois jours — per triduum — pendant lesquels le candidat devait s'efforcer de les défendre — tueri conabitur.

Elles se terminent par la mention du lieu ou se passaient, ces sortes de joutes: dans le temple d'Apollon (in publîco Apollinis fano) ; dans la très auguste académie de Cahors (in augustissima cadurcence Academiâ) ; ou plus simplement, dans la salle publique de l'académie (in aulà publica Academioe) ; et à l'heure accoutumée(horâ solitâ).

(1) Molière. Le Malade Imaqinaire acte II scène VI. — Voir aussi Maurice Raynaud. Les Médeci s au temps de Molière, — Paris Didier 1863 p. 42.


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Celles de 1683 étaient sorties des presses de Jean Bonnet, libraire et imprimeur du roi (apud Joannem Bonnet, Regis typographum et

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bibliopolam) ; et celles de 1697, des presses de Georges Richard ; imprimeur et libraire de l'académie (apud Georgium Richard, academioe typographum bibliopolam).

Le terme Académie était évidemment pris ici pour celui d'Université.

Il est heureux que le vénérable ecclésiastique, qui fut curé de SaintLaurent, dans les dernières années du grand siècle, ait eu l'idée, un peu parente de celle que se faisait le bonhomme Chrysale du « gros Plutarque à mettre ses rabats »,que, pliées et coupées en deux, ces thèses, dont il suffisait pour cela de rogner légèrement ou de replier les marges, avaient les dimensions qu'il fallait pour recouvrir convenablement les feuillets, des cahiers, sur lesquels il inscrivait les baptèmes, les mariages et les décès, de ses paroissiens.tant mâles que femelles suivant sa naïve expression. Graces lui en soient rendues ! car sans lui il ne nous en resterait rien.

Nous, n'avons que la dernière moitié des thèses, que Baudus soutint les 17, 18 et 19 janvier 1683 ; mais c'en est la partie la plus importante, car elle contient les conclusions.

Baudus, comme aussi Bouchaud, termine son argumentation, par la formule « Jure concludo ». « Je conclus en droit, légitimement », qui pirécède la conclusion. C'était évidemment à l'imitation de ce qui se passait, chez la grande" soeur, la Faculté de droit. Il ne faut pas se fier cependant à cette apparence de rigueur, car les conclusions de la. première thèse, tout au moins, ne paraissent pas découler avec précision des prémisses. Après avoir décrit, dans ce qui nous en reste, le rôle des glandes, des. vaisseaux et les phénomènes de fermentation qui se passent dans les liquides organiques sous l'influence de la décomposition des sels qu'ils contiennent ; après avoir parlé dû transport de ses produits ultimes, par la circulation au contact des esprits animaux, l'auteur termine en disant : Du reste même dans ce cas, nous serons toujours obligés de faire appel dans le traitement des maladies, au régime, à la pharmacie et à la chirurgie ; nous aurons toujours recours aux remèdes altérants, corroborants, adoucissants et évacuants. — Or tout cela est dans le « methodus medendi " de Galien. —Ergo, posita circulalione sanguinis, non est immutanda methodus Gateni. — Donc la circulation étant admise, il n'y a rien à changer à la


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méthode de Galien. — C'est un peu comme cela d'ailleurs qu'on démontre que les filles sont muettes.

Cependant l'opinion de Baudus. quoique insuffisamment prouvée était sage. La découverte de la circulation du sang faite en 1628 par Harvey, acceptée très généralement en France dans les Facultés, en 1683, quoiqu'elle y eut encore quelques antagonistes retardataires, avait bien bouleversé la physiologie de Galien, mais elle était encore trop récente pour avoir beaucoup changé une pathologie et une therapeutique qui régnaient depuis 14 siècles. Et les professeurs se demandaient avec effroi s'ils allaient avoir à modifier tout d'un coup leur enseignement tout entier, et les praticiens leur manière de traiter les malades, C'était certainement une question dès plus importantes qu'avait eu à résoudre notre jeune docteur.

La thèse suivante roulait sur un des aphorismes d'Hippocrate (n° 17, section VII). — Pr opter Jecoris inflamationem singullus malum.— Dans les inflammations du foie, l'apparition du hoquet est un mauvais signe.

— Il en est toujours ainsi, et Baudus l'affirmait.

Hippocrate le constatait mais ne donnait pas d'explication. Nous savons que dans les Hepatites le hoquet, se montre, quand elles se compliquent de l'inflammation du péritoine, qui tapisse la face convexe du foie et concave de la face inférieure du diaphragme. Mais Baudus en donne une interprétation fort singulière et très amusante. Les orifices de la veine cave, qui prend naissance dans le foie, laissent pénétrer dans la circulation sanguine des particules nuisibles provenant du sang corrompu par sa stase dans cet organe enflammé ; elles s'insinuent par la suite jusque dans les nerfs, où elles fatiguent, agitent, mettent en désordre, par une sorte de force explosive les esprits animaux, ce qui occasionne les mouvements convulsifs qui provoquent le hoquet.

Dans les thèses de 1697, Baudus prend le titre de Conseiller médecin du roi, nous verrons bientôt ce qu'était une pareille charge.

François Bouchaud. dont nous trouvons la trace à Cahors de 1691 à 1717 est qualifié de « Doctor medicus cadurcensis ».

Baudus commence sa soutenance le 13 janvier, 8 jours après le jour des Rois. — Die dominico, oct. Reg. 13 mens. Jan. —

Il répond par l'affirmative à la question : an appeliti depravato vinum absinthii?—Dans les altérations de l'appétit faut-il prescrire le vin d'absinthe ?— La thèse a 13 paragraphes, dont 11 sont consacrés à l'étude sommaire de la physiologie et de la pathologie de l'estomac. Dans le


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XII et le XIII, il fait l'éloge de l'absinthe plante amère et excitante, qui ne pouvait avoir de meilleur excipient que le vin, qui réjouit le coeur de l'homme, — exhilarat cor hominis — et sans doute, le bon vin de Cahors, où' « apricis coquitur vindemia saxis « (au dire d'Ausone, croyons-nous) : absinthe et vin dont la composition chimique favorise d'après lui la fermentation dans là cavité stomacale. II développe ensuite très convenablement, l'aphorisme 33, de la S. .2. - Iis quo vis morbo valere ratione, recteque se ad eu quoe afferuntur habere, bonum contrarium vero malum. — En toute maladie avoir; sa pleine connaissance et recevoir convenablement tout ce qui est administré, c'est un bon signe ; le contraire.est mauvais. — L'aphorisme fait voir tout le danger du délire et dû refus des soins nécessaires dans les maladies (1).

Pour François Bouchaud, la soutenance des thèses est: un combat. Hoe thèsespropugnabuntur. Il le livrera avec l'aide du Dieu tout puissant Deo optimo favente — les 17, 18 et 19 du mois de mars.

Tout d'abord, — An diarrhoeoe purgatio ? — Faut-il purger dans la diarrhée ?— Après l'exposition de la physiologie du tube digestif et de la théorie de la diarrhée, il dit oui ; comme nous le disons avec lui, dans la diarrhée catarrhale, par altération des sécrétions intestinales.

Ensuite il affirme avec Hippocrate, et comme nous encore, que si la pleurésie se complique de pneumonie, c'est mauvais. Pleuritide pneumonia malum. ( Aph. XI. Sect. VII). Il sait distinguer la première, inflam mation de la sereuse qui tapisse le poumon, de la seconde, qui est l'in flammation de son tissu. La symptomatologie est bonne, et pas trop encombrée des théories du temps.

Le latin des thèses de Bouchaud est plus clair et plus comprehensible que celui de Baudus, peut-être parce qu'elles sont moins chargées dès explications que donnaient alors les auteurs et que le sujet en

(1) Nous avons un instant espéré pouvoir jeter un peu plus de lumière sur la vie un iversitaire de Baudus, après avoir relevé aux arch. dép. dans le R. n° 9, du cont. dès actes des nres, f° 52 vo. à la date du 25 avril 1697, la mention suivante: Gendre nre à Caors. Collation et extrait de registres de ladite Université en faveur de M. Guillaumes Baudus. 3 rôles en papier.; Malheureusement, les minutes de 1697 de Me Gendre, manquent dans la collection des actes de ce notaire, que Me Paul Agar possède, dans ses archives, où il nous à permis de fouiller avec sa bonne grâce accoutumée.


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était en somme plus simple'. On dirait que c'est une traduction latine d'une première rédaction française.

Il faut complimenter le professeur en médecine. — Antoine Calvet, en l'occurrence, — qui avait choisi les questions.

Elles sont claires, simples, intéressantes, de niveau moyen, d'ordre pratique, même celle, et nous l'avons déjà dit, qui traite de l'influence de la notion de la circulation du sang sur la méthode de Galien. Les candidats connaissent bien les théories compliquées de l'époque et les exposent assez clairement, parfois avec une certaine verve et une certaine chaleur.

L'enseignement devait être à Cahors une sorte d'éclectisme, dont le fonds était le galénisme, tempéré d'hippocratisme, renouvelé par la chimiatrie de Sylvius, de le Boe, et auquel on essayait de raccorder la physique et la physiologie de Descartes et la découverte de la circulation du sang.

Les médecins cadurciens admettaient l'altération des liquides de l'organisme par les « humeurs peccantes » que nous voyons renaître, avee la précision de l'expérimentation moderne, sous le nom de toxines, d'anticorps, etc.

La Faculté donnait un enseignement classique, moyen, un peu terre à terre, si elle ne faisait pas de grands savants elle devait faire de sages praticiens.

Si le concours de 1683, n'avait pas été heureux pour Baudus, il n'avait pas moins mis en lumière ses qualités professionnelles, qui, jointes à son zèle dans la pratique et à son dévouement aux malades pauvres, lui avaient attiré la considération publique: nous en donnerons bientôt des témoignages indiscutables. Cela ne lui nuisit certainement pas dans les deux circonstance suivantes.

Les troubles de la Fronde avaient développé considérablement à Paris, comme dans les provinces, une grande plaie de l'époque, la mendicité, avec ses tristes conséquences : oisiveté, libertinage, corruptions et maints autres vices, disent les édits. Pour remédier à cet état de choses, Louis XIV fonda à Paris, en 1656, un hôpital général, qui est la Salpêtrière ; on y devait enfermer les pauvres mendiants, qu'on devait moraliser par le travail.

En 1662, le Roi résolut d'étendre à toute la France, les dispositions qu'il avait prises à Paris. Il décida d'établir de pareils hôpitaux dans nombre de villes du royaume. L'exécution de cette mesure fut lente et


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nécessita en 1676 l'envoi de nouvelles instructions aux évêques et aux intendants, à la suite duquel Monseigneur Lejay, fit des propositions pour la création d'un hôpital général à Cahors. Il y fut pourvu par les lettres patentes d'octobre 1683, qui ordonnaient la construction d'un établissement hospitalier, sur l'emplacement où existe encore l'hôpital actuel (1).

L'article 3 de ces Lettres prescrivait que l'hôpital serait administré, sous la juridiction et dépendance de l'Évêque, par un bureau composé de 13 Directeurs nommés pour 3 ans, avec faculté du renouvellement indéfini de leur mandat, pour ceux qui n'étaient pas membres de droit par leurs fonctions. En dehors de l'Evêque président né, du 1er et du 3e consuls en exercice, il devait y avoir 2 chanoines, le curé d'une paroisse, et sept bourgeois. Le bureau choisirait ceux-ci à chaque vacance, sur une liste de 3 personnes dressée par les consuls. Les bourgeois devaient être de tous états et conditions. Le Roi s'était réservé les nominations pour la première fois.

M.. Dardenne, professeur de médecine en l'Université, fit partie des premiers directeurs. En cas d'absence ou d'empêchement il devait être remplacé par M. Baudus, docteur en médecine.

L'estime dont il jouissait lui servit encore, lorsque pour subvenir aux énormes dépenses de la guerre de la ligue d'Ausbourg (1688-1697), l'État usant d'un expédient, dont il avait l'habitude, eut recours à la vente de nouveaux offices, pour l'achat desquels, pourtant, il demandait aux postulants de sérieuses garanties d'expérience, de capacitè et de moralité.

Le 26 février 1692 (2), le Roi supprimait les médecins et chirurgiens aux rapports—les experts devant les tribunaux, dirions-nous —et les lieutenants du premier chirurgien, que celui-ci et le premier médecin nommaient et qui leur payaient pour cette désignation des droits assez importants, que le trésor était bien aise de'percevoir pour son compte sous une autre forme. Il créait à leur place des charges vénales de « conseillers médecins en titre d'office formés et héréditaires, et de chirurgiens jurés, dans les villes du Royaume où il y avait Parlement, ou autre cours, évéchè, archevêché, présidial, ou bailliage principal ». Les nouveaux conseillers médecins devaient assister aux réceptions des

(1) Archiv.- de l'hôpital de Cahors. (3) Arch. dép Lot. A. 3.


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chirurgiens et des sages femmes et être chargés concurremment avec les chirurgiens jurés, des rapports à faire devant les cours de justice, avec mêmes attributions, fonctions et droits que les médecins et chirurgiens aux rapports de Paris.

Ils jouissaient, pour leur donner le moyen de remplir leurs fonctions avec liberté, des privilèges suivants : « Exemptions de toute commission de syndic des Communautés, de receveur et collecteurs des tailles, taillons, criées, ustensiles et autres levées et impositions, de tutelle curatelle, sequestre, guets, gardes des villes et de tous logements, des gens de guerre français et étrangers. » Mais à côté de ce dégrèvement de sujétions génantes, l'édit se gardait bien d'accorder des exemptions d'impôts. Le but de sa promulgation n'aurait pas été atteint. Il est pourtant probable que Baudus les aurait acceptées avec satisfaction, car, rien que dans le quartier de la Barre, il payait pour la taille, 124 livres, 17 sols, 3 deniers, ce qui ferait de notre temps une jolie somme (1).

Baudus fut agréé par le roi pour l'acquisition de cet office et en termes élogieux. Ses lettres de provision furent scellées à Paris le 26 septembre 1692 et le 30 janvier 1693, elles étaient enregistrées sur les registres du Présidial de Cahors, après qu'il eût prêté le serment « dans le consistoire du château royal dé la cour de justice, entre les mains de M. de Pouzargues, juge mage et lieutenant général né du présidial en la sénéchaussée, d'exercer son office de conseiller du roy, médecin, ordinaire de la ville, fauxbourgs et dehors de Cahors, en homme de bien ».

Le 19 septembre 1692 il avait payé au trésorier général du marc d'or (2), la somme de douze livres, pour le droit de sceau, qui frappait la vente de son office (3). Nous n'avons pu trouver aucun document pour nous renseigner sur le prix qu'il l'avait payé.

Les facultés et collèges de médecine furent peu après autorisés et invités à racheter ces charges qui pouvaient être exercées, à tour de

(1) Biblio. munic, fond. Greil 151. Rôle de la taille 1741.

Baudus était déjà mort, mais les immeubles imposés étaient encore portés a son nom.

(2) Le droit du mare d'or était prélevé sur tous les offices à chaque création ou mutation de titulaire. Le produit en était destiné â l'ordre du Saint Esprit.

(3) Arch. dép. Lot. B 222.


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rôle, par tous leurs membres et non par un seul privilégié.Le 12 octobre 1705, un édit cité par le docteur J. Barbot, nous apprend qu'à cette date il n'y avait qu'à Toulouse et à Cahors, que subsistaient encore ces offices, qui partout ailleurs avaient été déjà unis aux facultés. Cet édit même était fait pour opérer cette réunion à Toulouse (1).

La disparition de Dardenne (1695) fit de Baudus un directeur titulaire, de l'hôpital général. La retraité du Dr Pujol, nécessitée par son âge, allait en 1700 le charger du service médical de l'établissement. Le 27 avril (2), Pujol faisait connaître au bureau « qu'il n'était plus dans le dessein de servir l'hôpital et il demandait qu'il en nommât un autre à sa place ». Le bureau délibère.— unanimement,— c'est la formule — que M, Baudus sera prié de vouloir bien servir l'hôpital en ladite qualité ; et au cas où il ne puisse suffire, on priera quelqu'un des autres médecins, afin qu'ils aient la charité de servir par quartier, lesquels seront administrateurs de l'hôpital ».

Ce service se faisait d'ailleurs, gratis pro déo, par pure charité. Baudus remplit longtemps les fonctions d'administrateur et de médecin à l'hôpital général (3), comme à la maison de ville celui de membre de la jurade et de député des médecins pour les élections consulaires du premier janvier de chaque année.

En 1715, une chaire de professeur de médecine était de nouveau devenue vacante. Le titulaire avait à peine disparu qu'on songeait à le remplacer.(4).

Se basant sur un édit de 1682, qui permettait de nommer aux chaires d'une Université quand dans toutes les Facultés les suffrages étaient unanimes, les professeurs s'empressèrent de -nommer Baudus. Ils demandèrent au Secrétaire d'État, ministre de la maison du Roi, M. de

(1) Dr J. Barbot. Les chroniques de la Faculté de médecine de Toulouse du treizième au vingtième siècle.— Toulouse Ch. Dirion. 1905. T. 1er p. 230.

(2) Archives de l'hôpital de Cahors. 1er volume des délibérations du bureau d'ad° 1 commencé en I698. — Ces registres sont aujourd'hui aux arch. départ.

(3) Il fut remplacé, après 17 16 probablement, par Laplasse qui fut professeur eu médecine en 1722 et qui fut le père du dernier professeur de la Faculté. A la mort de Laplasse, J. Mostolac devint médecin de l'hôpital par délibération du bureau du 7,juin 1737.

(4) Jean Senaud vivait encore le 9 août, date de la rédaction de son testament. (Arch. dép.du Lot). Registre du contrôle des actes des notaires. R. 6.0 f. 26 v°

5 janvier 17 16. Testament de 26.000 livres. M.Me Jean Senaud. médecin demeurant à Caors et dame, Clermonde de Dufour son épouse demeurant à Caors, Burgères notaire à Caors, le neuf août dernier.


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la Vrillière, et au 1er médecin du Roi, Fagon, d'approuver leur délibération. M. le Dr Lafeuille qui nous donne cette indication, ne nous rapporte pas les termes dans lesquels elle fut conçue. Ils devaient peu différer de ceux d'une délibération du Conseil général de la Communauté de Cahors, qui demandait aussi la nomination de Baudus à la chaire devenue libre, dont il assura d'ailleurs l'enseignement pendant sa vacance.

« Du 20e août mil sept cent quinze, après-midi, en la salle de l'hôtel de ville de Caors, le Conseil général y étant assemblé au son de la grande cloche, convoqué par M. Lagrèze, avocat en parlement et maire, composé de MM. les députés des corps de ville, chapitre, cathèdral, présidial, université, élection et nombre d'avocats et bourgeois : a été proposé par M. Lagrèze..., assisté de MM. Dayma, lieutt de maire, Vidal, Reygasse, Bolzaguet consuls, ses collègues, que M. Senaud, prr en médecine en l'université de cette ville est décédé, depuis quelques jours, et que comme le public a perdu infiniment par le décès d'un semblable professeur, non moins habile que zélé, cette communauté souhaiterait qu'une perte si considérable fut avantageusement réparée par une personne qui succedât au zèle, à l'expérience et à l'habileté du Sieur Senaud.

Ledit sieur proposant prie l'Assemblée de voir, s'il ne serait point à propos d'écrire à Monseigneur le marquis de la Brillière, pour le supplier très humblement, ainsi que M. Fagon, 1er médecin ordinaire du Roy, de vouloir obtenir de la bonté du Roy un brevet de la place vaquante en faveur de M. Baudus, médecin royal de cette ville, comme ayant cidevant disputé deux chaires de professeur en médecine, qui vaquèrent alors, avec toute l'approbation possible et ayant été un des trois nommés unanimement à chaque dispute. Cette communauté, ne pouvant assez donner au sieur Baudus des marques de vive reconnaissance qu'elle luy doit, pour tous les grands soins qu'il prend personnellement et gratuitement pour les pauvres, et pour tous ceux qu'il fut toujours donné par lui dans toutes les maladies populaires dont cette ville a été" affligée, principalement en l'année mil sept cent dix qu'il resta seul médecin en cette ville ; ne se trouvant plus en état présentement à cause de son âge avancé, de ses grandes occupations et de sa santé chancelante de s'exposer à une troisième dispute, toute cette province estant convaincue de son mérite.


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Sur quoy, ouy le Procureur du Roi, la proposition a été unanimement approuvée et agréée et à cet effet, MM. les maire, lieutenant de maire et consuls sont.priés d'écrire à M. le marquis de la Brillière et à M. Fagon, 1er médecin du Roi; en conformité de la proposition, auquel effet il sera envoyé un extrait à Mgr le marquis de la Brillière et à M.

Fagon, de la présente délibération. ......

Signé : Lagrèze, maire ; Lafont, député du chapitre; Delvincourt, député du chapitre; Belvèze, pret au présidial; Filhol, profr de l'Université; Bonnefon, doyen du présidial; Calvet, profr de médecine; Saint-Fleurien, pt en l'élection: Lézeret, de l'élection ; Valet, ancien procureur du roy ; Deslacs, chevalier d'honneur en la cour des aides ; Massas de Bismes, trésorier de France; Calmels, cor au pral ; Courtois, consr au pral ; Richard, cr au pral ; St Alvere; Pouzargues, archidiacre; Desbogne, chantre; Dumoulin, recr des tailles à Caors ; Dastorg ; Derrua, prr du roy au. prsl ; Dumas, commis à la recette des tailles; Peyrusse; Peyrou; Murat; Bessac ; Amadieu ; Lacaze ; Corberand; Grand, marchand ; Caours; Laborie; Issola,. bourgeois; Filsac, recr des tailles;

tailles; d'Issaly, curé; Dazemar, consr au pral : Vialard, marchand ; Lassagne, marchand ; Miquel, apotre ; Lacombe, marchand ; Gendre, nore; Issola, substitut (1).

Les nominations de professeur faites directement par le Roi, n'étaient pas une nouveauté à Cahors. En 1676 et en 1678, Géraud Chanaud et Antoine Calvet, ce dernier encore professeur en 1715, avaient été nommés sans concours (2),

La bourgeoisie toute entière « de tout État et Condition » avait donné en faveur de Baudus. Le conseil général ne fut pourtant pas plus heureux dans sa demande que l'Université. Ordre fut donné de procéder à la dispute.

Mais l'âme de Baudus n'était pas sujette au découragement et le titre de professeur devait avoir pour lui beaucoup d'attraits, car à l'âge de 57 ans, il descend pour la 3e fois dans l'arène, ne dédaignant pas de

lutter avec de jeunes adverssaires à peiné levés de dessus les bancs de l'école. Les preleçons étaient faites, déjà on allait commencer la soutenance

(1) Biblio. munic. — Registres du Conseil général et du bureau politique de la communauté 1er volume.

(2). Dr Lafeuille ouvrage cité p. 32 et 33-


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des thèses, lorsque survint un sérieux incident, que nous raconte le procès-verbal de la réunion du Conseil général du 17 décembre 1716.

Les maires et les consuls exposent que la « notification faite à l'Université de l'Édit de 1707 par le sr Mailhe, un des compétiteurs, aurait donné lieu à MM.les professeurs de suspendre le cours de la dispute de la chaire de médecine vacante par le décès du sr Senaud, pour sçavoir l'intention de sa majesté sur l'exécution de cet édit ; que si cette dispute par le défaut de sept docteurs en médecine doit être transférée dans une autre Université, ainsi que l'Édit l'ordonne : dans ce cas le sr Baudus, un des contendans sera obligé de s'absenter longtemps de cette ville, ce qui dans la disette ou l'on serait des' médecins, seroit un préjudice infini, pour le public et singulièrement pour les pauvres, que ce médecin aussi charitable qu'habile a toujours soigné avec tant de zèle que d'activité et de désintéressement », et le Conseil décide de renouveler la demande faite en août 1715, qui sera appuyée d'une copie de la délibération ci-dessus et de celle de l'année précédente.

Mais l'édit de 1707 est formel. Ses articles VI, VII et VIII veulent que lorsqu'il n'y aura pas dans la Faculté, pour le jury sept docteurs au moins ayant exercé la médecine depuis dix ans, après avoir obtenu le grade de licencié, la dispute sera renvoyée de plein droit devant la Faculté la plus voisine, à moins que les aspirants ne veuillent qu'elle soit faite dans la Faculté de Paris ou celle de Montpellier.

Or c'était le cas de Cahors où en 1716, il y avait comme médecins, Antoine Calvet, professeur ; Baudus, Mailhe, Roumiguieres, candi, dats connus ; Bouchaud, candidat probable; Crouchinous, Calmels, Ganil et Laplasse (1). Quand on avait de leur nombre soustrait celui des candidats et des médecins qui n'avaient pas 10 ans d'exercice, il devait en rester trop peu pour constituer le jury.

L'Université qui voulait cependant encore « savoir l'intention de sa majesté sur l'exécution de cet édit", — intention bien claire cependant,— se souciait probablement fort peu de renvoyer la dispute devant celle de Toulouse, une rivale, qui devait l'absorber trente-cinq ans plus tard. En outre la faire à Paris ou à Montpellier, et même à Toulouse que de dépenses pour les candidats et de privation de longue durée de leurs médecins pour les malades de la ville !

(1) Arch. dép. Lot Contrôle des actes des notaires, depuis 1694, passim.


177 -,

Malgré toutes ces démarches, malgré l'appui de toute l'université et de toute la communauté de Cahors, Baudus ne fut pas nommé, mais bien un docteur en médecine de la Faculté de Montpellier, Mailhe dont l'intervention, avait arrêté le concours; C'était un élève de Chicoyneau, chancelier de l'Université de Montpellier, le même, que la Cour envoya en 1720, combattre la peste de Marseille, accompagné, de plusieurs autres médecins dont Mailhe faisait partie.

Son ancien maître, gendre de Chirac, premier médecin du Régent Philippe d'Orléans, qui était tout puissant auprès de lui, car il l'avait guéri d'une grave blessure au poignet reçue le 6 septembre 1706, à la levée du siège de Turin, l'appuya sans doute auprès de son beau-père et eut assez d'influence pour le faire nommer (1).

Mailhe, qui avait quitté-Cahors aussitôt après la cessation des épreuves, y rentrait avec un brevet et des lettres de provision de professeur, en décembre 1717. Malgré la. résistance dés professeurs de la Faculté de droit, obstinés défenseurs de leurs privilèges en qualité de juristes il fut installé dans sa chaire:

N'ayant pas obtenu pour Baudus une nomination de professeur, le Conseil général de la communauté, chercha, à la sollicitation de la population tout entière, une compensation à son échec et une nouvelle marque d'estime à lui donner. Le 21 septembre 1717 il se. réunissait pour délibérer sur une proposition le concernant. Les ternies en sont trop flatteurs pour Baudus, pour ne pas la donner en entier. (2)

« À été proposé par M. Dayma, lieut. de maire, assisté de MM. Calvet, Vidal et Delpon consuls, que M. Baudus, médecin, servant le public depuis plus de trente ans, avec tant d'attachement pour cette ville qu'il n'a jamais voulu l'abandonner, surtout dans le temps que les maladies contagieuses s'y sont faites sentir le plus vivement ; que cet attachement pour ses concitoyens se trouve joint à une très grande

(1) M. Lafeuille ouvrage cité p. 37 qualifie en 1717, Chicoyneau de Ier médecin du Roi : Il ne le devint que le 11 mars 1732 a la mort de Chirac. Le 20 août 1718, le célèbre Guy Crescent Fagon, dont Saint-Simon a fait un grand éloge dans ses mémoires. (T. I. p. 288. Edit. des grands écrivains français).était encore 1er médecin du roi. Mais il cessait de l'être le 1er septembre date du décès de Louis XIV : l usage étant que le médecin ne restat pas en fonctions quand mourait le souverain. Il fut remplacé par Louis Poirier, auquel succéda Dodart, de mars 1718 à 1731, après Dodart la charge échut à Chirac.

(2), 1er Reg. des délib. du Conseil général. 3


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habileté et à un désintéressement si parfait, qu'il lui a fait préférer de lui rendre gratuitement ses services aux conditions avantageuses qui lui ont été offertes pour l'attirer ailleurs ; [que] la plus part des habitants, de toutes sortes d'Etat et de condition, auraient témoigné avec beaucoup d'empressement, qu'il était d'un intérêt générai de lui donner quelque marque de.[la] reconnaissance qu'on lui doit, en lui établissant, à cet effet, une pension pendant sa vie ; et que le témoignage de gratitude, que [le public] lui donnerait en cette occasion, en satisfaisant en partie aux obligations qu'il lui a, l'attacherait d'une manière inviolable à la communauté »....-

...... Sur quoy a été unanimement délibéré qu'il sera établi en faveur

de M. Baudus, médecin une pension viagère de quatre cent livres annuellement, moyennant quoi il est prié de faire sa residence ordinaire dans la ville.

Pareille proposition est faite d'une pension de deux cents livres — à remarquer la différence entre le taux de la pension d'un médecin et de celle d'un chirurgien, dont la situation était si différente alors — en faveur dû chirurgien de l'hôpital, Pierre Gard, qui sert gratuitement les pauvres dans cet établissement depuis 1695 environ, proposition appuyée aussi par des considérants fort élogieux.

La délibération est transmise pour approbation à l'Intendant qui répond par la lettre suivante :

Fontneuve, le 4 octobre 1717.

« Je vous renvoie, messieurs, la délibération que vous avez prise en faveur des sieurs Baudus, et Gard de votre ville, le 21 septembre dernier, avec autant de plaisir, que de justice. En faisant un acte de reconnaissance et de vous attachez à votre ville des hommes, dont je

voudrais bien trouver les pareils pour les' attacher à Montauban. Je suis monsieur de tout coeur avec vous. Laugeois. »

Lorsqu'en 1720 la peste fit son apparition à Marseille, des précautions furent prises, sur l'invitation de l'Intendant, dans toute la généralité, pour se garantir de la contagion. Baudus, bien entendu, fit partie avec Calvet, professeur en médecine, et Gard chirurgien, des commissions' nommées à cet effet le 6 août 1720 et le 5 mai 1721, et qui comprenaient aussi les consuls en exercice, d'anciens consuls et des bourgeois. Elles prirent avec succès de sages et rigoureuses mesures.


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En 1686, Baudus s'était marié avec Mlle Jeanne de Bouchut, fille d'un chirurgien d'Uzech, d'une famille alliée alors aux Verninac, et;qui laissa après elle une grande réputation de vertu. De cette union, il eut sept enfants dont deux seulement lui survécurent : Pierre Baudus de Villenove, capitoul de Toulouse, maire de Cahors, protecteur pendant de longues années de l'hôpital du Bon Pasteur, où l'on recueillait les filles repenties : et Guillaume Bernard Baudus, vicaire général de Monseigneur Duguesclin, qui prit une grande part à l'introduction à Cahors des Frères des écoles chrétiennes et à la fondation du collège royal (1).

Vers la fin de sa vie, ce devait être encore un vigoureux vieillard, car le 24 août 1731 (2), parrain d'un enfant de son fils de Villenove, il apposait à la fin de l'acte de baptême, une signature ferme, non tremblée, composée de grandes lettres, droites et lisibles à l'ancienne mode : J. M. G; de Baudus:

Comme son père, un fils trésorier de France à Montauban, qu'il perdit le 27 juillet 1719, âgé de 29 ans, et sa femme, Jeanne, de Bouchut, Baudus mourut sur la paroisse de Notre-Dame des Soubirous, vraisemblablement dans la maison de famille qui existe encore dans une vieillerue de la haute ville, devenue la rue des Trois-Baudus. C'est cependantsur les registres de la paroisse de Saint-Pierre qu'on trouve son acte de décès.

« Monsieur maître Guillaume Baudus, conseiller médecin ordinaire du roy ; époux de feue dame Jeanne de Bouchut, mourut dans la paroisse Notre Dame des Soubirous, vers les huit heures du soir de la veille de l'Epiphanie, mil sept cent trente neuf, étant agé de plus de quatre vingts ans, et après avoir reçu les sacremens de l'Église et fut enterré dans l'Eglise de Saint-Pierre, où est la sépulture de ses ancêtres, le.mercredi suivant, septième janvier, Présens Me Jacques Souquet et Jean Calmels prêtres, soussignés, avec moy curé, officiant. Signé : Souquet, prêtre Maisonneuve, curé de Saint-Pierre de Caors, Calmels.

(1) De Marcis loc. cit. com. de M. l'abbé Foissac et Bulletin de la Soc. des Etudes.année 1876. p. 283 : Rapport de la-Commission pour la dénomination de rues de: Cahors.

Voir aussi sur ces Baudus, Vidaillet, Biographie du Lot, J. Daymard le Vieux Cahors (Ch. Ve Hopitaux). M. B. Paumès Le collège royal dè Cahors. (2) Reg. des actes de la paroisse Notre Dame des Soubirous.


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Le biographe du vicaire général Guillaume Bernard, nous fait connaître quel jugement on portait encore sur Guillaume Baudus, quarante ans après sa mort, en 1778 (1).

« Il eut un attrait particulier pour la médecine. Devenu habile dans cet art si utile à l'humanité, il se fit un devoir inviolable de l'exercer gratuitement, tant en faveur des pauvres, pour qui il faisait même les frais des remèdes, qu'en faveur des riches, dont il désirait conserver la bienveillance ; elle lui était acquise à juste titre et il en usait pour remplir des vues de charité : quelque occupé qu'il fut par les devoirs de cette profession.importante, à la faveur de laquelle sa capacité et sa probité reconnues lui avaient fait un grand nom dans la province, il voulut lui même faire l'éducation de ses enfants. » Ce dernier trait, tout à sa louange achève de le peindre.

Si Baudus ne fut pas un savant ayant fait progresser son art par ses travaux, un auteur ayant laissé des ouvrages qui perpétuent sa mémoire, il fut instruit dans les choses médicales de son temps, et —ses contemporains nous l'on dit, — il exerça sa profession avec habileté et avec succès et fut animé au plus haut degré du zèle et du dévouement aussi nécessaires que le savoir au médecin vraiment digne de ce nom.

(1) De Marsis, ouv. cité. p. 8.


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La Grande Peur

Dans le QUERCY et dans le ROUERQUE

Notes et Documents (Suite)

T. — FOULHIAC DE MORDESSON AUX CONSULS DE GRAMAT

A Cahors, 5 août 1789 (1)

Dès le moment, MM. que je fus instruit par le tocsin, vendredi dernier à 4heures et demie du matin', de l'alarme qui se répandait dans la ville, de l'arrivée très prochaine de 800 brigands (quoique je ne pusse ajouter foi à une si prompte surprise) je fus dans le même instant; transporté de coeur et d'esprit au milieu de mes anciens et toujours mes chers compatriotes, rassemblés à Gramat, afin de les aider et de ma personne et de tout ce qui aurait dépendu de moi, présumant bien que (les nouvelles que nous en avions les faisant arriver des bords de la Dordogne) la même alarme devait vous être commune avec nous à raison du voisinage où vous êtes de cette rivière ; mais la fausseté du motif de cette terreur nous étant connue à neuf heures, j'en partageai également la joie avec vous, ayant bien cependant du regret de ne m'être pas trouvé parmi vous, dans le premier moment. De cet événement il s'en est suivi qu'on a formé ici des compagnies d'infanterie qui n'ont aucun exercice à faire dans le jour, hors la garde des portes, mais qui font, par tour, dans la nuit, une patrouille très exacte, afin de prévenir les suites que pourraient avoir ce trouble de la part des mauvais sujets. Toute la noblesse est entrée dans ces compagnies et ceux qui, comme moi, ont passé le temps de la verte jeunesse, se contentent d'y porter le mousquet que j'aurais aussi pris avec bien

(1) Cette lettre et la suivante m'ont été confiées par notre confrère, M, le. chanoine Albe qui. les a tirées des archives de notre confrère, M. de Folmont.


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du plaisir à Gramat, si je m'y étais trouvé. Je n'ai appris, MM. que par le bruit public tout ce que vous avez fait de bien dans cette occasion ; mais je ne me borne pas au plaisir que j'espère que vous voudrez bien me faire de m'en donner un petit détail, car je ne suis pas moins jaloux de contribuer en mon particulier à la dépense que vous a occasionnée cet événement que je l'aurais été d'y payer de ma personne si l'alarme avait été fondée, et c'est ce qui fait le second objet de ma lettre.

Ainsi, MM. si vous avez quelque gratification particulière à donner ou quelque particulier malaisé à soulager, à raison de cette circonstance, indépendamment de ma contribution à la taxe générale, j'y ajouterai encore ce que vous et M. de Padirac avec qui je vous prie d'en conférer, jugerez convenable. Je le prie même de vous en compter ou de vous en faire compter le montant et je vous serai très obligé, MM. de vouloir bien en faire la distribution à votre volonté et d'assurer la communauté de tout l'intérêt que je prends à elle.

Veuillez bien agréer les témoignages de ma reconnaissance pour toute la peine et la fatigue que je présume que vous avez essuyée et l'assurance du bien véritable et respectueux attachement avec lequel

j'ai l'honneur

FOULHIAC DE MORDESSON.

P. S.— On vient d'afficher ici un arrêt du Parlement de Toulouse en date du premier de ce mois qui, pour prévenir la désolation que peuvent porter, dans les campagnes, des brigands dangereux, autorise les villes et communautés de son ressort à former des milices bourgeoises, leur permet de les armer et de courir sus aux dits brigands, même au son du tocsin. Cet arrêt a été envoyé ici à M. de Regourd et vous en recevrez infailliblement un exemplaire par Figeac

2. — LES CONSULS A M. FOULHIAC DE MORDESSON (I)

Gramat le II août 1789,

Nous n'avons pas d'expressions assez énergiques pour vous rendre sensible combien la lettre que vous nous avez fait l'honneur de nous

(1) Baron et seigneur de Gramat. Il faisait partie du Bureau d'administration du Collège. Il habitait sur les Fossés la maison qui porte actuellement le n° 67 du boul. Gambetta. Il mourut, le 19 nivose a. IX (9 janvier 180 1) à Cahors.


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écrire et qui a été lue en assemblée a flatté tous les coeurs. Nous sommes chargés de vous en témoigner une reconnaissance sans bornes à tout ce qu'elle contient d'honnête, d'obligeant et de patriotique et digne de notre chef que nous regardons comme notre boussole."

Nous ne sommes pas moins sensibles à vos offres obligeantes de vouloir contribuer aux faux frais que nous a causés cette alarme qui a été comme générale dans les provinces voisines, nous étant venue une députation de la ville d'Aurillac en Auvergne à laquelle celles qui l'avoisinent avaient donné lieu ; mais notre économie nous a mis dans le cas de vous remercier.

Nous avons reçu les mêmes offres de la part de M. de Padirac qui avait armé ses habitants et était prêt à se mettre en marche.

Voici les circonstances qui nous donnèrent l'alerte.

Ce fut de Gourdon que nous vint la même alarme et le même jour, 31 juillet, au point du jour, par deux exprès qui nous annonçaient que 8.000 brigands étaient prêts à passer la Dordogne pour saccager la. ville de Domme ; ce qui nous détermina d'appeler les secours voisins et de députer deux exprès à cheval pour aller à Gourdon prendre langue, qui firent le trajet dans 6 heures et nous rapportèrent que la ville de Gourdon qui avait eu la même alarme avait rassemblé 10.000 armes et que la nouvelle était fausse. Notre vigilance: ne céda en rien à la leur, ayant rassemblé 4.700 hommes en cinq heures prêts à combattre avec des vivres pour 4 jours, et il n'est point douteux qu'avec le Secours qui nous venait du Rouergue, de Figeac et sur la route, nous aurions formé une armée de 150.000 hommes avec le secours de Martel et St-Cêré et Gourdon.

Nous avions tout disposé pour notre marche ; les chevaux et les chariots étaient prêts de même qu'un hôpital ambulant.

En 3 heures de temps, nous eûmes ramassé assez de muniio-is et fait faire assez de balles et de lingots en plomb pour la distribution ; le tiers de la troupe était armé de faux, piques et haches. Cet aspect était réellement formidable ; tout concourait pour la sûreté de ces braves citoyens dont la fermeté annonçait la bravoure et le désir de se battre. Nous les avons remerciés de nouveau par des lettres circulaires que MM. les curés leur ont lues aux prônes et ils sont assurés du retour aupremier signal.

Dans le moment, il se répand un bruit dans la ville qu'un inconnu a été arrêté à Figeac et qu'on lui a trouvé dessus huit livres de poison.


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Il a avoué, dit-on, qu'ils se sont dispersés en nombre pour empoisonner les eaux des fontaines. Si cette nouvelle n'est pas comme celle de l'alarme, MM. les officiers municipaux de Figeac ne manqueront pas de nous en informer.

L'arrêt du Parlement pour la formation de la milice bourgeoise ne nous est pas encore parvenu ; mais nous avons toutes les nuits une garde assurée, et crainte d'alarmer le public par la cloche, nos tambours battent la retraite tous les soirs et c'est le signal de l'assemblée pour la garde.

Nous sommes avec respect MM

GARDAREINS, de Montignac, maire ; MEJECAZE, id. 1er consul ;

LAFON, id. consul.

3. — Figeac, 31 juillet, à l'Intendant (D) Monseigneur, Il nous revient de tout côté que des brigands au nombre de 4000 inondent l'Agenais, le Périgord et le Bas-Quercy, dévastent les campagnes et égorgent les habitants. Les lettres de Cahors, Gramat, Gourdon et d'autres communautés que nous avons reçues aujourd'hui confirment cette affligeante nouvelle. L'alarme s'est répandue dans la contrée, notamment dans notre ville dont les habitants sont dans la consternation ; mais, quoique bien résolus à se défendre, ils manquent de tout secours. Dans ces fâcheuses circonstances la Communauté nous a chargés, Mgr, de vous supplier de nous envoyer des troupes et de nous procurer des armes et des munitions. Nous espérons, Mgr, que vous voudrez bien nous tendre une main secourable dans une crise aussi malheureuse et de nous envoyer les plus prompts secours qui dépendent de vous. Nous sommes...

Les maire et consuls de la ville de Figeac : BLADVIEL, consul: PALHASSE, consul; TABARLY, consul. P. S. — Nous écrivons par le même exprès à M. le Comte d'Esparbès (1).-

(1) Commandant de la province.


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Le 11 août, les mêmes consuls de Figeac écrivaient à l'Intendant que l'alarme était sans fondement, mais qu'il existait en différents endroits « des petites troupes de mauvais sujets, qui grossissent même par le nombre de ceux qui seront nécessairement expulsés des villes, par la police qui y règne (1). Ils se jetteront dans les campagnes et les villes devront secourir celles-ci. » Ils ajoutent qu'ils ont reçu d'Aurillac une lettre où il était dit que « certains gentilshommes du Limousin avaient été pris à la tête de 200 hommes armés; qu'ils, avaient été conduits à Limoges et qu'on ignorait le sujet de leur armement ».

Les gens de Figeac y veillent. Ils n'ont pas d'armes mais seulement quelques fusils de chasse. Ils voudraient avoir les armes du bataillon provincial. Ils les déposeraient à l'hôtel de ville pour s'en servir au besoin — L'Intendant répond à cette lettre qu'il approuve les mesures prises. II leur recommande de se tenir sur leurs gardes, mais il ne peut envoyer des armes. Montauban n'en a qu'un petit nombre dont la milice bourgeoise s'est armée.

Je crois devoir signaler ici un document que j'ai communiqué à la Société en 1906, Il s'agit d'une lettre que Liauzu, maire de Figeac en 1793, écrivit, en 1831 ou 1836 à Lacabane qui lui avait demandé ses souvenirs sur la période révolutionnaire. Cette lettre est aux Archives Départementales. Un.journal de Figeac la publie en ce moment. Elle est curieuse et précieuse, mais elle manque de précision, car Liauzu n'a pas la mémoire exacte des dates. Ce qu'il conte de son passage a. Montauban où il reçoit une « cocarde » et à Albias et à Caussade, de l'angoisse qui le saisit à l'approche de Figeac, se rapporte certainement à la journée de la Grande Peur. Figeac fut « épouvanté ». Des familles quittèrent la ville et allèrent se cacher dans les environs; des femmes apeurées se pressèrent autour de l'église du Puy implorant des prêtres l'absolution, assurées qu'elles étaient de leur mort prochaine.. Des citoyens étaient venus de Maurs pour nouer avec Figeac. une « fédération ». On avait préparé pour les recevoir un banquet: patriotique que l'on avait dressé dans la maison du président Boutaric, alors député aux Etats-Généraux. Le bruit de la marche des brigands dispersa tous les convives. Deux jours durant les rats de la maison firent bombance.

(1) La municipalité de Paris, fit sortir de la ville les gens sans aveu, le 23 août 1789. Chacun des expulsés était muni d'un passeport pour une destination précisée et recevait trois livres par jour de voyagé.


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Et quand deux jours après, les citoyens rassurés songèrent au repas abandonné, ils rentrèrent dans la maison que l'on n'avait pas eu la précaution de fermer. Ils trouvèrent tout à la même place ; rien n'avait été enlevé ni pillé. Les rats seuls avaient rongé quelques pâtés que des gourmands acharnés trouvèrent encore en assez bon état pour satisfaire leur appétit.

Quant à la lettre venue d'Aurillac elle signalait « l'affaire Douhet, de Bonafos et autres ». Deux gentilshommes (1) M. de Douhet seigneur de Laveix et de Bonafos de Belinay avaient été sollicités par Mme de Plaignes de. Neuvic de se mettre à la tête d'une troupe pour arrêter les brigands signalés. La troupe arrive près de d'Angel. Les bourgeois d'ici la prennent pour les brigands et leur chef, M. Mary de la Grave, en arrête les commandants pour donner satisfaction à ses gens et à ceux de Meymac. Car ceux-ci s'obstinent à regarder comme.des aristocrates « ennemis du Tiers-Etat » MM. de Douhet, de Bonafos et les autres. Les prisonniers sont conduits sous bonne et forte escorte dans la prison de Meymac.La foule veut leur faire un mauvais parti. Mais des cavaliers du régiment de Schomberg les sauvent. Ils sont conduits à Limoges au milieu des hurlements, des coups et des outrages. Ici on n'a pas de peine à les trouver innocents. Mais la foule les veut coupables. On n'ose pas les juger. On les renvoie à se pourvoir devant l'As- . semblée Nationale. En vain leur avocat Guinot-Dupré prend leur défense dans un manifeste public. La foule obstinée et aveugle en croit plus volontiers un factum écrit peut-être par. un malveillant, le sieur D., sous ce titre : Victoire des Auvergnats sur les aristocrates, etc. La justice cependant reconnaît leur innocence. Mais les relâcher c'est les exposer à la mort. Il faut que Mirabeau défende dans l'Assemblée leur pétition. Et il ne se trouve aucun magistrat qui ose les poursuivre, parce qu'il est sûr de devoir les acquitter. Le comité patriotique de Limoges décide par un arrêté que le geolier de la prison où ils sont détenus leur ouvrira les portes « sous la soumission par eux faite de réintégrer les prisons s'ils en sont requis » (7 septembre 1789). (Revue de la Haute-Auvergne, 1909, 2e fascicule, pages 166-175, Marcellin Boudet.)

(1) Cette affaire regarde la région qui est délimitée par les villes de Neuvic, Ussel, Meymac, Egletons département actuel de la Corrèze.


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4. - M. DE LARNAG0L A M. DUPHENIEUX AVOCAT ET PREMIER CONSUL

DE CAJARC. (I)

Larnagol, ce 1er août 1789

Comme les choses ont changé en mal, Monsieur, dépuis que j'avais le plaisir de vous avoir chez moi. On m'a dit que vous aviez pu armer' beaucoup de monde (2). Tous mes vassaux paraissent disposés à se bien défendre. Nous pourrions mieux concourir à nos projets réciproques; si nous nous" donnions, dans le besoin, des secours mutuels. Comme il faut aller à la source pour avoir des nouvelles sûres, je viens d'en demander par un exprès à M. Hébray, lieutenant-général à Gourdon. Je serai très empressé à vous communiquer sa réponse, faisant cause commune avec vous tous. On fait à Cahors toutes les dispositions possibles pour défendre leurs foyers. On disait dans cette ville les brigands à Libos,au dessous de Fumel dans l'Agehais. On ne peut être avec plus d'amitié et d'attachement, M. votre très humble et

très obéissant serviteur..

LARNAGOL.

Je rouvre ma lettre pour vous dire qu'un de mes voisins à Cahors est venu me dire de Tour-de-Faure qu'on espérait dans cette ville que les brigands avaient pris une autre route. Sur cet espoir de bonne nouvelle, j'envoie tout de suite mon muletier à Cahors pour en avoir de positives. Je vous enverrai un exprès dès son retour. Il est cependant prudent de nous tenir sur nos gardes jusques à un plus amplement enquis.

(1) Lettres 4, 5, 6. Communiquées par M. Loudes, instituteur à Cajarc. Larnagol, village à 8 k. O. de Cajarc. Cajarc à 25 k. S. O. de Figeac. M, de Larnagol avait une maison à Cahors: rue du Tapis Vert.

(2) Extrait d'une délibération du Conseil Général de la commune de Cajarc du

25 février 1790; «Antoine Delpech.habitant de Cajarc a dit que, lors de la fausse alerte des brigands arrivée au commencement du mois d'août dernier, il. aurait fourni, sur la demande de la. commune, 22 livres poids de marc de plomb pour les fusiliers du dit Cajarc et autres qui s'y étaient assemblés, pour la défense de la patrie et' nous a supplié de: vouloir lui faire rembourser le prix des balles montant à raison de 8 sols la livre poids de marc, prix commun, à la somme de 8 livres

16 sols ». Arrêté ainsi qu'il est réclamé, Signés : Duphénieux, maire ; Debons, Pelras, Pabens, officiers municipaux ; Debons, secrétaire ; Brunies, Bousquet, notables , Vaissière, commissaire greffier.


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A M. SÉGUY (?)

5. — Bullac (1) ce 1er août 1789

Nous avons été pris tous comme vous autres dans la plus grande alarme au sujet de ces maudits scélérats. On a fait sonner le tocsin dans toutes les paroisses des environs ; tout le monde a quitté sa charrue, les durs travaux de la saison pour prendre les armes. Ils se sont rendus de suite à Rudelle (2) d'où nous recevions des lettres de moment à l'autre, Les habitants de Rudelle en recevaient de leur côté de la part des MM. de Gramat (3) et. ceux-ci, dit-on, de la part des MM. de Gourdon, afin de leur donner main-forte. On vient de nous dire dans ce moment ci que nos gens ont été renvoyés de la part des MM. de Rudelle ; que ceux-ci leur ont dit qu'on tenait ces maudits scélérats cantonnés du côté de Sarlat et que les habitants de ce payslà étaient assez forts pour les exterminer.

Voila, Monsieur, tout ce que je peux vous dire du résultat des démarches-de cette maudite troupe. Je pense qu'il est bon de se tenir sûr ses gardes, jusqu'à ce que nous saurons leur entière destruction.

J'ai l'honneur d'être avec respect", M. votre très humble et très obéissant serviteur.

SÉGUY. (4)

6. — Aux CONSULS DE CAJARC

Villefranche de Rouergue (5) ce 31 juillet 1789 MM.

Nous recevons dans ce moment-ci, c'est-à-dire à dix heures du soir, étant assemblés extraordinairement à l'Hôtel de Ville, une lettre de Cahors souscrite par deux officiers municipaux dans laquelle on nous

(1) Commune de Béduer à 9 k. de Figeac dans la vallée du Célé, à 16 k. de Cajarc.

(2) Canton de Lacapelle à 21 k. de Figeac.

(3) Eloigné d'environ 20 k.

(4) Le destinataire de la lettre était sans doute à Cajarc un ami ou un parent de son auteur.

(5) Villefranche est à 20 k. S. E. de Cajarc à environ 50 k. E de Cahors.


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annonce qu'une troupe de brigands est sur le point d'arriver dans leur ville des côtés de l'Agenais et du Périgord qui ravagent tout.

Suivant d'autres lettres d'avis que nous avons reçues ce soir, cette mauvaise nouvelle ne peut pas être douteuse. Comme cette troupe paraît prendre sa direction du côté du Rouergue, nous nous empressons de vous prévenir pour que vous vous teniez sur vos gardes..

Nous avons l'honneur d'être avec un sincère et respectueux attachement MM., vos très humbles et très obéissants serviteurs.

PIÉ, consul ; -GRANIER, consul ; DURAND, consul.

7. —Limogne (1) 31 juillet. 1789(M)(envoyée en diligence par exprès.)

« Nous avons reçu vers les 3 heures de l'après-midi deux exprès, nous annonçant que Sarlat était saccagée, et. détruite, que Gourdon était menacée. On nous a dit qu'à Cahors on se préparait à une vive défense et qu'on demandait du secours... » Ils demandent des instructions.

Signé : DE PRADINES ,

pour les habitants de la paroisse de Limogne.

8. —DE Duc (2) CONSEILLER A L'ÉLECTION, A L'INTENDANT ...

Cahors, 1er août 1789.

Hier, à 4 heures du matin, l'alarme la plus précipitée nous fut donnée d'après deux lettres adressées à deux habitants. La première annonçait qu'une troupe de brigands avait ravagé les villes de Duravel, PuyLévèque et les villages circonvoisins situés sur la côte du Lot et continuait sur la route pour venir en cette ville; la seconde annonçait des pareils ravages sur les villages de la côte de la rivière de Dordogne et qu'on réclamait des secours pour s'opposer, arrêter et repousser les entreprises de ces brigands. On assurait même que la ville de Domme était entièrement ravagée, qu'on avait incendié un château considérable et plusieurs gerbières de blé. J'ajouterai que ce qui était annoncé par cette seconde lettre fut détruit dans 3 heures par une postérieure qui fut écrite et adressée par la même, personne, ce qui nous donna un peu de calme.

(1) A 37 k.E..de Cahors.

(2) Le juge mage Peyre venait de mourir. Duc fut sans doute chargé de l'intérim,


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Des exprès que MM. les officiers municipaux, firent partir de suite: pour aller sur les différentes routes, de même que les cavaliers de la maréchaussée revinrent à 5 h. du soir, et assurèrent qu'ils n'avaient pu trouver personne dans les différents lieux où ils s'étaient rendus qui eut pû les certifier du motif donné à cette alarme. Il en est parti autres deux, ce matin, pour aller à Périgueux, d'où on croit qu'est venue l'alarme. Il est étonnant, Mgr, de voir se rassembler dans un court espace de temps, autant de personnes armées. MM. les officiers municipaux, après avoir pris toutes les mesures les plus sages, et aidés des lumières et conseils de M. l'officier qui commande le détachement et dé MM. ses confrères nous ont été du plus grand secours, et n'eût été l'insulte qui a été faite à M. notre Evèque par une troupe de paysans qui aurait peut-être eu des suites fâcheuses sans le secours du détachement assisté de MM. les officiers qui le commandaient et d'un nombre des principaux habitants qui se rendirent à l'Evêché de suite.

La nuit dernière a été très calme. MM. les officiers municipaux secondés de M. le Commandant ont formé des compagnies de milice bourgeoise où tous les habitants avons concouru; et on est dans le moment assemblé pour fixer un ordre et un arrangement qui assure une consistance utile pour la sûreté publique.

9. — A M. DE TRIMOND,

Caussade (1), 31 juillet 1789 (D.)

...Les consuls ont formé un comité de sûreté. Les habitants se sont armés au nombre de 1200...

LIAUSU, juge.

10. — A M. DE TRIMOND,

Caylus, 31 juillet (D.)

Les consuls ont été prévenus par ceux de Caussade de l'avis que Cahors leur avait donné. Ils disent « qu'ils sont armés et qu'ils attendent des ordres pour savoir où il faut se diriger ».

LACHÉ-RAVAISSON,. procureur du Roi ; BORIES, consul.

(1). A.22 k.N. E..de.Montauban ; à 42 k. S. E. de Cahors. — Caylus, à 44 k. N. E. ; Nègrepelisse, à 1 5 k. E. de Montauban.


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Nègrepelisse, 31 juillet (D.) Extrait des délibérations de la communauté

Les principaux, habitants se sont réunis sous la halle «l'hôtel de ville étant insuffisant ».Ils ont organisé une milice bourgeoise qui aura 300 hommes et sera commandée, par MM. Castel, Bouilherie, Cassaer, Malet. Une lettre de Caussade, signée Moret, consul, leur a été portée par 4 hommes armés de piques, broches,: etc. Oh criait hautement que 40.000 ennemis étaient à la porte. On a dirigé sur Caussade un détachement de 80 hommes sous le commandement de M. Prunet, ancien militaire, pensionné du roi. Des postes ont été. établis aux portes et sur la place publique : " Tout le monde est armé de fusils, de piques, de haches. » On a formé, un comité avec 3 consuls et 8 autres habitants à qui on donne pleins pouvoirs.. Ce sont : Jean-Pierre Bouin, Jean Bency, Jean-Pierre Bonneville, consuls; Philippe Gaches, Abraham Baillio, Jean Viguié, Rouère syndic, Alexandre Delon, Bonnet, Martignac, Louis Malet, Jean Ressiguié. Ils ont juré dé servir fidèlement le Roi et là Nation. Ils mûriront les délibérations prises sur les cas pressants; ils don neront les ordres aux commandants de la garde bourgeoise ; ils veilleront à ce que leurs arrêtés « soient,assaisonnés de la prudence et du zèle qui caractérise les bons citoyens et les vrais patriotiques (sic) »(1).

(1). Avis de cette délibération fut donné aux consuls de Puigaillard, petite commune au N. E et à 8 k. de Nègrepelisse, et ceux-ci par l'un d'eux, Lauzeral, prévinrent M. de Trimond,Et de même ceux de Puilaroque (à 36 k: N.E. de Montauban,aujourd'hui, canton de Montpezat). Le 1 r août : « Des bruits plus alarmants les uns que les autres nous font éprouver les horreurs d'une guerre civile. Nous craignons de voir se renouveler dans cette province les scènes de sang et de carnage qui ont affligé la capitale. Nous aimons à croire qu'on exa— gère le mal... Nous nous sommes mis eh défense et nous avons 500 h. prêts à marcher (à peu près le tiers de la population).— A Parisot (à 52 k: N. E. de Montauban) tout près de Caylus, les consuls organisèrent aussi une milice bourgeoise de 150 hommes de 18 à 40 ans. Ils rassemblèrent tous les hommes de milice dont la plupart avaient été soldats dans les régiments provinciaux.De jour et nuit ils firent des patrouilles. Voici une de leurs instructions : « Dans les hameaux, maisons isolées, il sera placé des fanaux, torchés, fagots ou brandons sur les lieux les plus élevés ou sur la cime d'un arbre, lesquels on allumera à la première découverte de troupe insolite ou de délit commis- par quelqu'un d'icelle ». 1er août à l'intendant (D.). Vernhes curé, Pigassou consul, Puymerlhé Fanelous, Arches, Roux, Gantrié, Barrau, Delteil 1erconsul, Roux secrétaire de la commune.


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11.— A M. DE TRIMOND.

Bruniquel (1) 31 juillet 1789 (D)

Les consuls de Négrepelisse, M. le Président de Perpignan (2), donnent avis qu'une troupe de brigands venue de l'Agenais dévastait cette province et que le premier acte d'hostilité avait été dirigé contre

Cahors grande alarme. Nous n'avons pas d'armes ni de munitions.

Qu'on leur en envoie. Ils viennent d'envoyer leurs principales forces à Montricoux (3). Ils demandent l'opinion de M. l'Intendant. Ils ont établi sous ses auspices une patrouille bourgeoise.

ARBUS-LAPALME, FERRIÈRES, consuls.

12. —A M. FLYDEL, DÉPUTÉ DE LA NATION AUX ETATS GÉNÉRAUX (M)

Sepfonds près.Caussade, le 5 août 1789,

L'intérêt que je prends à tout ce qui vous regarde non pas précisément parce que vous êtes mon patriote, mais parce que vous le méritez à tous égards me porte aujourd'hui à vous instruire des fausses nouvelles qui se sont répandues dans ce pays-ci sur votre conduite. A Dieu ne plaise que ce que je vais vous apprendre tire à conséquence, et que le peu de foi qu'on doit ajouter à un dit-on porte aucune atteinte au zèle patriotique que vous et tous les députés du Quercy avez témoigné dans la crise la plus terrible et la plus forte qui ait paru depuis, la création de la monarchie. Quelqu'un de vos ennemis et de votre famille a osé divulguer que vous vous étiez tourné du côté du second ordre. O mon,cher pays, il est de votre intérêt pour prouver la fausseté de cette nouvelle et pour dessiller un public qui comme vous savez, dans un moment comme celui-ci est crédule et s'alarme de tout de me répondre à ce sujet, de me marquer ce que vous jugerez convenable. Ayez l'attention de faire signer le tout par beaucoup de dépu(1)

dépu(1) 30 k. E. de Montauban, pas loin ni de Négrepelisse ni de St-Antonin.

(2) M. de Malartic, premier président de la Cour supérieure du Roussillon qui était seigneur de Montricoux, à 5 k. E de Négrepelisse et à 24 k. de Montauban. M. de Malartic appartenait à la famille qui possédait le château de La Grézette près Cahors (commune de Caillac).

(3) A 38 k. S. O. de Cahors ; à 35 K. N. O. de Montauban ; à 24 K. N de Moissac.


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tés surtout du Quercy. Je montrerai votre lettre à tout le monde et on ne parlera plus sur votre compte. La renommée aura sans doute fait parvenir jusqu'à Versailles le trouble qu'il y a eu dans tout le Quercy, le 31 juillet dernier, occasionné par un nombre, disait-on, de 30.000 hommes armés, ennemis ou brigands, qui venaient de je ne sais où, devaient arriver à Cahors et de là se répandre, saccager et bruler toutes les campagnes. Imaginezvous quelle alarme il y eut dans le pays. On entendait partout sonner le tocsin ; à ce son, les paysans de toutes parts se rendirent, chacun dans son chef-lieu, armés les uns de fusils, les autres de faux et de piqués. Et là il fut formé des compagnies. Dans demi-heure je. vis arriver dans notre ville 500 hommes prêts à aller combattre et m'étant mis à leur (tête) je dirigeai leur marche vers Caussade pour aller (ensuite vers) Cahors donner du secours.à ma patrie. Nous passâmes à Caussade quelques heures pour apprendre ce qui se faisait à Cahors. Et vers le soir, étant sur le point de partir pour cette ville, nous eûmes des nouvelles qui. nous apprenaient la fausseté de cette alarme. Les esprits sont un peu remis. Il y a cependant quelques brigands, s'il faut en croire le bruit commun, du côté de la Dordogne.

J'espère que vous n'aurez pas perdu de vue le placet que je vous adressai jeudi dernier concernant les droits des Boucheries (1). Imaginez que vu tout ce qui se passe, si vous n'avez compassion de moi, je suis perdu, si ce droit est supprimé. Faites-moi accorder quelque Chose pour me tenir lieu des dommages. S'il est maintenu, faites-moi accorder quelque diminution surtout sur (la première ?) part, qui tombe le 1er septembre. Pardon, Monsieur, de la peine que je vous donne. Je voudrais trouver des occasions à vous en témoigner ma reconnaissance.

J'ai..

La lettre est curieuse parce qu'elle découvre les sentiments, de gens qui réclament à grands cris des réformes mais ne veulent pas en pâtir.

CAORS cadet. ...

(1) Le jeudi 30. Il s'agit sans doute de la banalité des Boucheries. Cette banalité fut abolie,sauf quelques exceptions,par la loi du 15 mars 1 790. (T..II a. 23, 24). Et cette abolition était la conséquence de la nuit du 4 août. Caors cadet était d'une famille bourgeoise. L'aîné était à Cahors homme de loi. 4


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13. — Lauzerte (1) (D)

Le 31 juillet 1789, après midi, M. de Combarieu, lieutenant-général de la sénéchaussée et présidial, envoya cette lettre à Déjean, maire de Molières (2). La lettre était signée du 1er consul, Fourgous, conseiller, médecin du roi ;

« Les ennemis de l'Etat sont campés sur la plaine de Belvès en Périgord distant de 4 lieues du lieu de Libos, placé sur le bord du Lot. Ils sont en nombre de 4 ou 5.000 ravageurs, incendiaires et mutilant tout ce qui se présente à eux. La ville de Montaigut (3) qui est distante d'ici de 2 heures et entre Libos et ce pays-ci a réclamé pendant la nuit nos secours. L'alarme s'est répandue parmi nos concitoyens et nous en avons informé l'intendant, à l'effet de lui demander un détachement. Nous avons pareillement demandé du secours à la ville de Moissac qui nous en a envoyé, avec offre de renforcer, un très grand nombre et nous ont même apporté un baril de 120 livres de poudre. Nous faisons travailler à la fabrique des balles et avons formé nos compagnies pour monter la garde jour et nuit avec la plus grande exactitude. Les campagnes circonvoisines se sont portées ici. Les habitants de Belvès, Pervillac, Sept Arbres et St-Jean d'Olmières se sont repliés ici.

Nous allons faire partir dans le moment un détachement considérable pour Montaigut avec la brigade de Moissac qui est ici. Disposez vos forces pour pouvoir vous réunir au premier signal. Nous sommes à l'attente des députés que nous avons envoyés soit à Montauban, soit à Libos. Les ennemis ont le Lot à passer. On a bordé de notre côté tout ce qui longe cette rivière »... On a formé une chaîne. Nous avons reçu une lettre de Castelnau qui a été averti par Cahors. « Comme nous sommes plus près des frontières où se passe ce triste événement, nous les avons invités à se joindre à nous et de nous envoyer demain matin un détachement de cavalerie ou infanterie

(1) A 22 k. N. de Montauban ; à 12 un peu S.E. de Lauzerte.

(2) Montaigut du Quercy demandait « des secours à lettre vue, attendu que des troupes et des régiments étrangers ravagent et saccagent tout aux environs de Tournon. Ils demandent des hommes et des armes ».

(3) Belvèze : à 1 2 k. N. de Lauzerte.


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195bourgeoise — L'alarme de cette nuit ainsi que la lettre de Montaigut avait annoncé les ennemis plus près d'ici ; ils n'en existent pas moins. On dit « qu'ils se sont emparés des. châteaux de Biron et de Monségur (1) qui sont dans une position très forte et très avantageuse ».

14. — A M.DE TRIMOND.

Moissac 31 juillet à 7 h. matin (D)

« Nous venons de recevoir une alerte de la part de: Lauzerte qui nous a. dépéché un exprès avec la lettre suivante (1).

Les officiers municipaux ont fait sonner de suite le tocsin et ont dépéché des exprès à tous les curés de campagne des environs pour le faire sonner et avertir leurs habitants de se tenir en défense. Nous faisons armer ici tous les hommes que nous pouvons. Le commandant

du détachement de Languedoc a dépéché à M. le Comte d-Esparbès (peut-être en son château de Lamothe-Cumont près de Beaumont de Lomagne : ) pour l'instruire de ce qui se passe et lui demander des ordres. Il écrit aussi au colonel du Régiment à Montauban et je profite de l'exprès qu'il m'envoie pour vous instruire de ce qui se passe,

quoique, dans le vrai, je ne croie pas la nouvelle, parce qu'il me paraît impossible que des brigands ou des régiments étrangers aient pu subsister et arriver dans la capitale de nos environs sans avoir été plus tôt découverts et qu'on n'eut pas tiré sur eux dans les lieux où ils sont passés,

FIEUZAL, subdélégué..

(1) Une lettre signée de Thouron-Lamélonie et de tous les habitants de Lauzerte qui mentionnait la lettre de Montaigut côtée plus haut, note (2).

Le château de Lacapelle-Biron, à 35 k. N. E. de Villeneuve-sur-Lot, à 10 environ.de Villefranche de Belvès. Monségur, à 22 k. E. N. E. de Villeneuve, à 4 environ de Monsempron-Libos. Le château de Biron appartenait au maréchal de Biron, représentant de la noblesse du Querey aux Etats-Généraux. Le maire de Molières envoyait cette, lettre à M. de' Trimond. Il demandait des armes disant.que trois officiers en.résidence dans sa ville se mettraient volontiers la tête de la milice..C'étaient MM. le Vicomte de Montagu, de Montratier et de Lafaverie


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15.— A M. DE TRIMOND.

Castelnau-Montratier, 31 juillet, 10 h. du matin (D) .

Une lettre de Lauzerte reçue ce matin et un exprès venu de Cahors(i) nous ont appris que les ennemis de l'Etat étaient dans la province. Cette nouvelle affligeante a jeté la consternation dans notre ville. Nous avons assemblé les habitants. Nous sommes dépourvus d'armes et de munitions. Nous avons un petit nombre d'hommes à mettre sous les armes. Apprenez-nous la vérité de ces tristes nouvelles. PÉRIER ; GAYRAL, consuls.

(1) Procès-verbal de délibération des consuls (D) : Jean Saintour, directeur des Messageries royales nous a dit que» ce matin, étant dans son lit, à Cahors, il a entendu sonner le tocsin à la cathédrale. Il s'est levé de suite, et a couru à la maison de ville où il a trouvé M. Sallèles, secrétaire, entouré de plusieurs habitants auxquels il a demandé le sujet de l'alarme. M. Sallèles a dit que le maire avait reçu une lettre de Puy- Lévéque dans laquelle on annonçait que l'ennemi était à Fu nel. De suite le dit Saintour, animé du bien public, a offert de partir pour annoncer la nouvelle aux villes voisines et (les Capucins) l'ont prié de prendre leur monture.

Les consuls ont aussi reçu une lettre datée de Cagniac (sans doute Ganie près de Castelnau) signée Lugan notaire, beau-frère de l'abbé Dessaux, prieur de Cagniac. On leur a écrit aussi de Montaigut que les troupes étrangères assiègent leur ville. Cette lettre a été lue sur l'autel de l'Eglise des Pénitents où tous les citoyens étaient alarmés et assemblés en armes. Ils ajoutent : « Quelle que soit la cause de cette alarme vraie ou fausse, elle ne nous permet pas de rester dans l'inaction. Je vous ai assemblés en conséquence pour prendre une détermination prompte et vigoureuse. La chose presse, les moments sont comptés ; ne négligeons donc rien pour nous défendre et prouver au Roi que nous sommes des sujets fidèles et décidés à épuiser toutes nos forces pour le soutien du royaume. »

On décide d'envoyer des exprès à Cahors, à Lauzerte et à Montauban (ce dernier s'appelait Séguy) pour repousser l'ennemi au cas où la chose serait vraie. «Préalablement il faut faire sonner le tocsin dans les villes et les campagnes, assembler toutes les personnes voisines, les armer et les mettre en état de défense pour repousser les ennemis de l'État et de la Patrie »

FOUJOLS, greffier.

« Le 2 août, çé dimanche au soir » M. d Escayrac de son château de Loture (c. de Castelnau; écrivait à M. Réveillat, l'aîné, président du Comité patriotique de Latour-Francès (hameau, de Castelnau) (D) ; « M. l'abbé de la Vaissière vient de m'écrire qu'il était parti de chez lui avec M. de Montfort (de Monteuq) pour aller à la découverte des malfaiteurs qui avaient mis le trouble dans toute la province et qu'ils avaient appris que l'alarme était causée par 500 brigands qui ravageaient le Périgord. Les Paysans se sont assemblés et les ont brûlés au château de la Roche Chalais. D'après cette nouvelle qui me paraît sûre parce que son auteur mérite toute confiance, vous pouvez rétablir le calme dans les esprits...» M. d'Escayrac avait été nommé député suppléant de la noblesse du Quercy. Il devait périr victime de l'agitation qui ensanglantera le Bas-Quercy en 1790. L'abbé de la Vaissière. était prieur d'Escamps, un village éloigné vers l'Est d'environ 50 kil. Il est l'auteur d'un travail très précieux sur les teneurs de fiefs en Querci.


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RELATION DE L'ABBÉ DELCLAUX, CURÉ DE GASTELNAU-MONTRATIER, SUR LA JOURNÉE DE LA PEUR DU 31 JUILLET 1789

- Je l'ai trouvée dans les registres paroissiaux. Je la crois ici à sa place, car elle caractérise l'affolement qui agita toute notre région. Elle indique aussi l'appréhension de maux plus terribles et elle est l'expression des sentiments des hommes d'ordre de ce temps qui, sans doute voulaient la réforme des abus, mais qui redoutaient un bouleversement et surtout des violences.

« Ce jourd'hui, 2 août 1789, je m'adresse à mes successeurs à qui. je souhaite de mon coeur un règne plus heureux et une vie plus tranquille que celle que je mène depuis 27 ans à la tête néanmoins d'un bon peuple que j'estime et que j'aime tendrement.

Nous sortons d'une année affreuse. Nous avons Craint la famine avec toute la province quoique aucun produit de nos récoltes n'ait été exporté. La récolte de l'année dernière a été dans toute la contrée et même, dit-on, dans tout le royaume la plus diseteuse dont on ait jamais entendu parler. Il nous est arrivé vendredi dernier un événement extraordinaire que j'écris en priant mes successeurs de ne pas. trouver mauvais que je leur en transmette le souvenir.

A 8 h. 1/2 du matin, il nous arrive deux émissaires, un de Lauzerte, un de Cahors qui, entrant dans la ville, crient que les ennemis sont aux portes, qu'il faut s'armer sans délai, que les habitants de Cahors et de Lauzerte ont passé la nuit sous les armes, qu'ils demandent du secpurs et ils courent droit chez les magistrats municipaux. Dans l'instant

l'alarme devient générale et presque incroyable. Toute la ville est dans la plus grande agitation. Les citoyens pères et fils cherchent des armes de toute espèce et courent sans savoir où ils vont. Les femmes volent à leurs enfants et fondent en larmes, les embrassent, les emportent et leur imagination effrayée leur présentent les ennemis à toutes les portes ; elles ne savent par quelles échapper.

Les magistrats municipaux ont pris eux-mêmes l'alarme et ils sont en perplexité. J'étais chez moi ignorant tout et je partais pour aller voir un malade. J'aperçois le 1er consul venant vers moi en larmes et suivi d'une troupe de citoyens armés de fusils, de faux à rebours et

autres. On commence à sonnerie tocsin. Je conserve mon sang-froid ; je demande la raison du trouble ; on me parle d'ennemis, d'Anglais qui


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sont aux ports et à un des envoyés de Cahors et de Lauzerte qui l'annoncent je demande si ces ennemis sont venus dans un ballon (i). Je soutiens que c'est une fausse alarme et j'arrête le tocsin à Castel et à Russac.(2). Je propose au consul d'aller à là maison de ville, d'y appeler les principaux habitants pour y délibérer.

Nous partons; nous y sommes suivis par les hommes, femmes et enfants. Là, je demande qu'on fasse arrêter les émissaires et qu'on les interroge sur leur mission et qu'on en fasse un verbal. Il se trouve que e sieur Saintour, directeur des Messageries de Cahors venu de cette ville monté sur un mulet que les bons pères Capucins lui avaient prêté est sans mission des magistrats, qu'il a accouru vers notre ville uniquement excité par le tocsin et par le trouble affreux de la ville que les ennemis qu'il annonce sont, suivant lui, à Montégut d'Agenais, suivant une lettre laissée par l'émissaire de Lauzerte, sont également à peu près dans la même contrée. En vain veux-je profiter de ces circonstances pour calmer les imaginations effrayées ; on veut le tocsin qu'on délibère malgré moi et que néanmoins, je continue d'arrêter. Enfin je propose d'envoyer des exprès à Cahors, à Montauban, à Lauzerte, à Montégut d'Agenais et, en attendant, je propose d'enrégimenter et d'inscrire cent citoyens d'élite et de les armer pour former une garde bourgeoise et pour s'en servir en cas de besoin après l'arrivée des exprès; qu'alors,si le cas y était, on va sonner le tocsin dans les 28 paroisses qui forment la juridiction pour en convoquer la jeunesse. Cette idée est approuvée et mise en exécution à l'instant. Le départ des exprès tranquillise un peu; mais on attend avec perplexité leur retour.

Il était déjà 6 heures du soir lorsqu'il arrive un député de Caussade. Les magistrats de cette ville qui ont déjà une armée de 13,000 h. dans l'enceinte de leur ville nous offrent 1,200 h. d'élite pour les joindre à nos combattants contre les ennemis qu'ils ont appris assiéger notre

(1) Express:on curieuse. L'abbé connaissait les montg .Ifières. On n'était donc point si ignorant des progrès du temps. D'ailleurs à Toulouse, en 1784.011 « avait la fureur des ballons. On travaille à un qui coûtera, dit-on, 50.000 fr. » (6 mars 1784. Lettre de Mme Lacoste-Ribot qui habitait Toulouse à son mari à Cahors, ancien avocat général de la cour des Aides de Montauban (Coll. Greil).

(2) Hameaux de la commune.


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ville. Nos magistrats sont prompts à faire partir des exprès pour remercier Caussade. de ses offres obligeantes, vu que nous n'avons pas d'ennemis. Il était déja arrivé des personnes de Cahors qui avaient annoncé l'arrivée de 15,000 h. à cette ville par les précautions des magistrats. Les curés de tout le voisinage mandés par les magistrats de cette ville trop alarmée y étaient arrivés en cocarde, le mousquet sur l'épaule, a la tête de leurs paroissiens convoqués par le tocsin et à la hâte armés.

Enfin nos exprès arrivèrent hier, Ier août, avec les nouvelles de Lauzerte,.Montaigut d'Agenais et de toutes les villes voisines qui annoncent que tout le pays est dans la plus grande alarme, que tous les habitants sont sous les armes, qu'ils cherchent partout l'ennemi, mais que personne n'en a rencontré aucun, ni pu découvrir.

On nous raconte mille particularités qui présentent bien en naturel les effets de l'effroi. L'imagination effrayée des femmes de Caussade leur fait apercevoir les ennemis venant du côté de Mirabel (1). Elles se persuadent qu'elles vont être violées et massacrées ; dans l'instant elles courent devant l'armée de leurs maris et demandent la mort de leurs mains. Ceux-ci frémissant de fureur et de courage les renvoient avec douceur et leur promettent leur salut aux dépens de leur sang.- L'alarme arriva à Tournon et à Montaigut, le jeudi 50 juillet, à 8.h. soir. Le tocsin de ces lieux et de leurs campagnes eut réuni 25,000 combattants armés avant minuit. Ils furent se camper sur la rive gauche du Lot avec.l'intention de porter secours aux habitants de la rive droite de: cette rivière. Les ténèbres d'une nuit obscure et nébuleuse les empêcha (sic) de passer et ils parvinrent à faire garde pour empêcher l'ennemi de passer la rivière. Le tocsin des habitants de l'autre bord rassemble une armée à peu près semblable qui de suite marche pour aller au secours de Montaigut et de Tournon. Ils sont également arrêtés par la rivière. De part et d'autre ils attendent avec impatience le jour qui arrive et qui leur montre de tous côtés des frères accourus pour leur secours mutuel. Les cris de joie retentissent et les bénédictions pour la rivière qui les a empêchés de s'entr'égorger dans les ténèbres de la nuit. Ils se réunissent contre l'ennemi imaginé et, sans se séparer, ils envoyèrent des exprès dans tous les lieux voisins qui

(1) Commune de Montlauzun, au S. E. de Montcuq et à l'Ouest ds Castelnau.


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étaient de retour vers midi sans avoir eu connaissance d'ennemis, L'armée se débanda et chacun regagna ses foyers (1). On annonce encore que les habitants de St-Céré et de Gramat accourus pour se porter un secours mutuel se sont rencontrés dans la nuit et qu'ils ont commencé par se fusiller ; mais qu'après peu de sang répandu, ils se sont reconnus et réunis contre l'ennemi commun. Nous ignorons encore si cette terrible alarme qu'e j'ai crue et que je crois encore sans fondement se sera répandue fort loin. L'Histoire l'apprendra sans doute à mes successeurs ainsi que la cause ou l'auteur d'un événement si extraordinaire que j'ai soupçonné d'abord avoir été produit par les ennemis de la nation assemblée.

DELCLAUX, curé de Castelnau.

(1) Le 1er août 1789. Les consuls de Cahors déclarent : « On est un peu rassuré, mais encore dans l'incertitude. »

(A suivre.) B. PAUMES.


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Louables Coutumes- de Ségos

12 Mai 1468

Nous continuons la série des « Louables Coutumes » qu'il nous a été permis de retrouver en parcourant les minutes notariées du xve siècle.

C'est encore a la suite de contestations entre le recteur de Saint-Sernin de Ségos, Me Gasbert Tonelié, prêtre, habitant la paroisse Saint-Pierre du Boulvé, et ses paroissiens que se produisit l'accord que nous donnons aujourd'hui. La principale difficulté consistait en ce que le recteur, exigeait en plus des 3 gerbes de blé sur 30, une quatrième gerbe dite de « prémisses », et ainsi de tous les autres fruits déclinables, tandis que les paroissiens prétendaient ne donner que la dixième, comme cela se pratiquait d'ailleurs dans le voisinage, c'est-à-dire à Sérinhac, à Floressas, à Saint-Matré et à Plalong. L'accord eut donc lieu et à la fin il fut stipulé, que, s'il y avait quelques lacunes dans la rédaction de l'acte, les parties s'en rapporteraient pour le surplus aux coutumes de Creyssens et du Boulvé. L'acte fut reçu par Jean Natalis, notaire de Montcuq, en présence de Me Antoine de Furchis, prêtre, de Tournon, Antoine la Mora, Jean Serras, fils de Bernard, de Saint-Matré, (arch. départ, de Tarn-et-Garonne, fonds Lauzerte, min. de J. Natalis, n° 83, f°. 16 v° et ss.).

Voici maintenant l'analyse des articles de ce compromis qui sera suivie du texte lui-même en latin.

1° De toute espèce de blé il sera donné au recteur une gerbe sur dix, avec l'obligation pour lui de l'envoyer, chercher dans le champ, à la restolha.

2° ltem, pour le milhet, le panis, les fèves, les pois, les vesces, les lentilles, et en général tous les légumes, le recteur en aura une mesure sur dix, et devra l'envoyer prendre sur le sol (l'aire) ou à la maison des paroissiens.

3° Item, pour la vendange, le recteur aura «un a saumada» (une charge de bêle de somme) sur dix; à prendre à la vigne.

4° Item, pour les agneaux, les chevreaux et les pourceaux, tant mâles


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que femelles, le recteur en aura d'un dix, ou de cinq la moitié d'un, et, s'il n'y en avait que quatre, 4 deni.-tourn. pour chacun.

5° Item, pour la laine, le recteur aura une toison sur dix, ou une moitié sur cinq, ou \ den.-tourn. pour chacune s'il n'y en a que quatre. 6° Item, de dix poignées de chanvre ou de lin avec la graine le recteur en aura une, à prendre dans le champ.

7° Item : Mariages—si l'époux ou l'épouse reste dans la paroisse de Ségos, le recteur recevra 2 s. et 6 d. caors. ; s'ils quittent l'un ou l'autre la paroisse, il lui sera payé 5. s. caors., moyennant quoi il devra donner les lettres démissoires pour se; marier ailleurs.

8° Baptême — Pour tout baptême d'enfant, le recteur recevra 20 d. t., et 15 d. t. pour la messe des relevailles.

9e Sépulture — Pour toute sépulture faite intérieurement « a porta semeterii infra, » le recteur aura 5. s. caors. ; si elle est faite en dehors de la porte, « extra dictam portam semeterii », 3 s. caors. ; et de plus 5 quarterons de cire pour le luminaire ; ce qui en restera sera pour le recteur; ceci s'entend des adultes. Pour les sépultures d'enfants jusqu'à l'âge de sept ans, il aura droit à 16 den. caors., avec l'obligation de fournir 4 cierges,, sauf à les reprendre après la cérémonie. — Si le défunt était prêtre, le recteur aurait 2. s. caors. ; s'il était seulement écolier ou clerc, 12d. caors.— Si le défunt n'a pas de tombeau à lui et veut être enterré dans le cimetière «infra portam», le droit du recteur sera de 5 s. caors. ; s'il est enterré «extra portam», 3 s. caors. (1). — Il y a dans cet article une distinction que nous n'avons point trouvée mentionnée dans les autres coutumes, savoir les deux genres de cimetières et les droits moins élevés, s'il s'agit d'un prêtre ou d'un clerc. Le droit de vigile ou veillée accompagnée de prières est de 6 d. caors. Il se pourrait, que le mot vigile dût être pris dans le sens de chant de l'office des morts, comme cela se pratique encore en Quercy, où la messe de sépulture est précédée du chant du premier nocturne de matines ; de même au service de neuvaine et d'anniversaire. Et c'est ainsi qu'on pourrait l'entendre, puisqu'il est dit « pro qualibet vigilia ». Si ce n'est pas le recteur qui dit la vigile, il n'a droit à rien.

10° Oblations — Tout chef de maison habitant Ségos doit payer annuellement au recteur pour droit de voile,«velhola»,5 d. caors. à Pâques,

(1) Il est évidemment question, par ces mots infra et extra, des sépultures qui se faisaient clans l'intérieur de l'église,-infra portam, et à l'extérieur, extra portam, dans le cimetière proprement dit, qui est appelé en certains lieux le cimetière des pauvres.


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à la Noël, à la Pentecôte, à la Toussaint et le jour de la fête de St-Saturnin, patron de la paroisse. Toute autre personne n'est tenue à rien ; si ce n'est à la fête de Pâques où elle devra donner 2 d. caors. d'oblation.

11° Le recteur aura de tout infirme qui recevra de lui «l'ordre de St-Jacques », autrement dit l'extrême onction, 12 d. caors., et on lui fournira les cierges nécessaires.

12° Celui ou celle qui réclamera à l'occasion d'une neuvaine, d'un anniversaire ou d'un obit quelconque « los exaudis », les prières des morts, devra payer 12 d. caors. et fournir en outre quatre, cierges de cire qui resteront: au recteur après la cérémonie. Il s'agit évidemment ici de l'office des morts chanté solennellement avant la célébration de la messe.;

Texte

Consuetudines rectoris et parrochianorum ecclesie de Segos

Noverint quoi cum debatum, questio et contraversia seu debata, questiones et contraversie inferri et moneri sperarent inter discretum virum dominum Gasbertum Tonelie, presbyterum, habitatorem parrochie ecclesie beati Petri de Volveno ac rectorern ecclesie parrochialis beati SaturninT de Segos, jurisdictionis de Belaye, diecesis et senescallie caturcensis, agentem sive petentem,. ex una ;et nobiles ac providos viros Bertrandum de la Valete, Johannem de Insula, alias de la Valete, ejusdem Bertrandi de la Valets, nepotem ac donatarium, condominos hospicii nobilis ; sive repayrii de la Valeta, Anthonium Broal, mansi de Bosco Rotundo, Johannem Bertrandi, mansi de Fleyc; Johannem Pages,loci de Segos, Johannem Juvenis molendini novi, dicti loci de Ségos, Anthonium de Molendino, mansi de la Vic, Petrum Delayga, mansi de la Cassanha, Geraldum Belaygaga, dicti mansi de la Gassanha, Anthonium del Moli, mansi de; Cuinba, Antonium Foyssac, mansi de la Gassie; Géraldum Tonelie, mansi del Solelha, Petrum Mala Faga, mansi de Teyrac, Petrum Calhac, mansi de Langlada, et Johannem Calhac, dicti mansi de Langlada, liabitatores parrochie et parrochianos ipsius premencionale parrochialis ecclesiebeati Saturnini de Segos, reos sive defendentes, partibus ex


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altera,. De eo videlicet et pro eo quia dictus dominus Gasbertus Tonelie, presbyter et rector prefate ecclesie de Segos, ad causamsue dicte rectorie dicebat et in facto proponebat quod dicti parrochiani dicte sue ecclesie de Segos et habi tatores ac tenentes et possidentes possessiones infra limites et metas ejusdem parrochie et seminantes blada vel alioscumque fructus decimales et de quibus decima debet et tenetur exsolvi sibi rectori ac suis successoribus debebant et tenebantur tradere reclam decimam et ultra acproeter dictam rectam decimam premissam, videlicet de triginta gelinis bladorum que decimantur tres gelinas, et ultra tres gelinas dictas decime unam gelinam de premissa, et sic per consequens de omnibus aliis fructibus decimalibus infra limites dicte parrochie de Segos excrescentibus et in posterum excrescendis. Parrochiani vero premencionati contrarium dicentes et asserentes quod sufficiebat eis, secundum suum

videre, solvere de fructibus decimalibus excrescentibus infra limites et

.

metas dicte parrochie de Segos sibi rectori sicuti solvunt et solvere consueverunt habitatores infra parrochias et limites ac metas parrochiarum dicte parrochie de Segos contiguarum et vicinarum, sicuti sunt videlicet parrôchiarum de Serinhaco, Floressas, Sanc Matre, de Volveno et de Plalonc, qui.non solvunt ac solvere consueverunt hisi solum et dumtaxat rectam decimam. Tandem vero pluribus aliis inter easdem partes alteatis tractandis quibuscumque dictarum partium amicis communibus coram dilecto et fideli nostro Johannes Natalis, auctoritate regia et curie nostre comissario jurato et testibus infrascriptis personaliter constituti ipse eedem partes, videlicet dicto domino Gasberlo Tonelie, rectore premencionato pro se et suis successorihus in dicta ecclesia successoribusque rectorihus universis, ex unâ, et aliis..(l).. parrochianis et habitatoribus parrochie predicte de Segos, prose, suisque successoribus et heredibus universis ac omnibus aliis parrochianis ipsius parrochialis ecclesie de Segos et infra metas ipsius parrochie absentibus suisque et cuilibet ipsorum heredibus et successorihus universis, pro quibus absentibus ipsi prescripti promiserunt facere ratifficcare omnia et singula in presenti instrumento contenta, dum et quando fuerit necesse et requisitum, partibus ex altera. Non vi et metu aut dolo, sed sponte.... ad transactionem venerunt... videlicet quod parrochiani de Segos et

(1) Ici sont répétés les mêmes noms que dessus. Nous supprimons également plus loin des mots qui se répètent à chaque instant et n'ajoutent d'ailleurs rien au texte lui- ême.


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successores... solvant et tradant, ac solvere ac tradere habeant domino Gasberto Tonelie, rectori, et ejus successorihus, decimas omnium et quorumcumque bladorum et aliorum fructuum ac rerum decimalium infra parrochiam de Segos excrescentium ac lu futurum excressendorum et omnia alia deneria ecclesiastica debita et in futurum debenda sibi rectori vel suis successoribus, videlicet : de decem gelinis omnium et quorumcumque bladorum que ligantur in gelinis, decima gelina sit pro rectore, et novem remaneant parrochianis... quam quidem decimam gelinarii ipse rector debet ire vel mittere quesitum ubi erit, videlicet a la restolha. — Item de milhio, de panis, de facbas, de pisis, de gieyssis, de dentilhis et generaliter de omnibus aliis leguminibus infra parrochiam. excrescentibus... decima mensura erit pro rectore et novem erunt pro parrochianis ; quamquidem decimam mensuram ipse rector debet ire vel mittere quesitum ubi dictis parrochianis placebit, videlicet ad eorum sol vel ad hospicia ipsorum pageziorum.—Item plus de decem sarcinatis vel saumadas vindemie rector debet habereunam sarcinatam dicte vendemie et dicti parrochiani novem, et rector debet ire vel mittere quesitum illam decimam-sarcinatam ad vineam, ubi erit. — Item plus de decem agnis tam masculis quam femellis, et de decem edulis sive cabritz tam etiam masculis quam femellis et de decem cunibus etiam masculis quam femellis, decimus debet esse pro rectore et alii novem pro parrochianis. Et de quinque rector debet habere medietatem unius et alii debent esse pro parrochianis ; et de quatuor rector habebit pro quolibet capite dictorum animalium 4 den. turon. — Item de decem autz lane, decimus erit pro rectore.. et novem remanebunt pro parrochianis ; et de quinque medietas unius autz erit pro rectore et alii erunt pro parrochianis ; de quatuor autz lane dicte rector habebit pro quolibet 1 den. tur. — Item plus de decem punhatis canapis et decem punhatis lini, una cum grana quam habebunt, decimus debet esse pro rectore et novem remanebunt pro parrochianis, et rector debet ire vel mittere quesitum illud ubi erit. — Item pro nubciis, quando sponsus vel sponsa morabitur infra parrochiam de Segos, rector debet habere 2 solidos et 6 den. caturc ; et quando ibit extra parrochiam, rector habebit 5 sol. cat , et cum illis 5 solidis cat. rector., debeat et teneatur dare dictis spdnso vel sponse literam licentie nubéndi per rectorem vel vicarium illius parrochie ubi ibunt moratum.— Item plus pro baptizando pueros utriusque sexus, quod rector haheat pro quolibet puero qui baptisabitur in dicta ecclesia et recipiet sanctum sacramentum baptismi, 20,den. tur. - Item pro missa jacentis, videlicet


quando mater iliius pueri qui baptisatus fuerit ira dicta ecclesia surget de jacelhis et ibit auditum missam ad dictam ecclesiam, rector habeat pro dicta missa dicenda 15 den. tur. — Item plus pro sepultura, videlicet quando aliqnod erit opportunu m et necessarium sepelli corpus si vecadaver et parentes illius corporis volent quod illud corpus sepeliatur in semeterio

ecclesie de Segos et a porta dicti semeterii infra sit sepultum, parentes illius corporis: teneantur dare rectori... 5 sol. cat., et si velint dicti parentes quod corpus illud sepeliatus in semeterio ecclesie de Ségos et in illo semeterio quod est extra dictam portam semeterii rector habeat pro illo corpore, quod sic sepeliatur 3 sol. cat., et quinque carteyronos cere pro faciendo lumina ad honorandum illud corpus, et quod de illis luminibus superabitur erit pro rectore, et hoc ab omui corpore quoderit a septem annis supra, et a quolibet aliorum corporum a septem annis infra sive en jotz rector habeat 16 den. cat. a parentibus illorum corporum, et rector debeat et teneatur ponere quatuor lumina pro honorandi et

illuminando talia corpora, et quod supererit de dictis quatuor luminibus sit et remaneat rectori. — Item plus a quolibet corpore quod sepelietur in dictis semeteriis ecclesie de Segos, si sit presbiter, quod rector habeat 2 s. cat., et si sit scolaris sive clericus, 12 den. cat. — Item plus a quolibet corpore quod sepelli volet in dictis semeteriis et non habebit vas proprium pro se sive tumulum, et velit sepelli infra semeterium quod est infra dictam portam semeterii, ut predictum est, 5 s. cat. habeat rector, et si velit sepelli in semeterio ecclesie quod est extra portam dicti semeterii, rector habeat 3 s. cat., ut prescriptum de ceteris corporibus. — Item plus quod quando dicetur vigilia ad corpus mortuum, quod, pro qualibet vigilia rector babeat 6 d. cat., et si faciebant ipsam vigiliam dicere aliter, quod rector nihil habeat, nisi ducerent ipsam ad corpus. — Item quod quodlibet caput hospicii existens et commorans infra parrochiam de Segos teneatur dare dicto rectori... quolibet anno et in quolibet festo Pasche pro oblatione sive proferta confessioneque et velhola 5 den. cat., et quelibet alia persona que morabitur in dicta parrochia, que recipiet corpus Domini nostri Jesu Christe Redemptoris Nostri in Encharistia consecratum teneatur dare rectori... in quolibet festo Pasche, quolibet anno 2 d. cat. pro confessione, oblatione sive proferta et velolha, et in quolibet festo annuali anni, videlicet Nativitatis Domini Nostri Jesu Christi, Pentecostes, omnium sanctorum ac etiam beati Saturnini, quod est caput dicte ecclesie de Segos, etiam quodlibet caput hospicii teneatur dare rectori pro oblatione, sive proferta et velhola alios 5 den. cat., et


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quod cum illis 5 den. cat. sic solutis per caput hospicii quelibet alia persona que erit in hospicio possit ire oblatum sive proferre absque dando aliquid rectori pro oblatione, si dare non vult. — Item plus quod rector habeat et habere debeat a qualibet persona commoranti in sua parrochia adquam ipse rector dicet ordinem sancti jacobi sive dabit extremam unctionem 12 d. cat., et quod patiens sive infirmus ille cui dicta extrema unctio dabitur, vel sui parentes teneantur dare lumina ad hoc faciendum necessaria.— Item plus ille vel illa, qui vel que volet facere dicere los exaudis, videlicet in novena, vel in capite anni corporis deftuncti, vel in alio obitu sive cantacge, quod rector habeat ab illo vel ïlla, qui vel que faciet ipsos exaudis dicere 12 d. cat., et quod ille vel illa, qui vel que faciet ipsos exaudis dicere, det quatuor lumina cere, et quod illud quod superabitur de dictis quatuor luminibus cere, dictis exaudis et finitis, renianeat rectori

B.TAILLEFER.

Cazillac, 17 mai 1911.


PROCES-VERBAUX DES SÉANCES

DE LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDES DU LOT

PENDANT LE 1er TRIMESTRE DE 1912

Séance du 8 juillet 1912

Présidence de M. l'abbé VIGUIE, président semestriel

Etaient présents : MM. Bosc, Combes, Crudy, Daymard, Gar y, Grangié, Martin, Paumès, Redon, Tourné, Saint-Marty, Albe.

M. le Secrétaire général fait connaître les publications reçues ; il signale notamment dans le Bulletin de la Société archéologique du Périgord, un article sur l'exhumation des restes de Fénelon, dont il a été parlé il y a quelque temps ; une note de M. Dujarric-Descombes sur la révolte des tard-avisés en 1707, et à cette occasion, il lit une lettre des plus inléressantes de M., de Chamillard à l'intendant de Montauban, M. Le Gendre, qu'il a trouvée dans les papiers Greil (Bibliothèque municipale de Cahors) : ce sont les ordres donnés pour réprimer le mouvement et pour prélever les impôts tant décriés.

Deux présentations de nouveaux membres correspondants sont faites, l'une, par MM. Grangié et de Fontenilles, de M. Falret de Tuite, ancien préfet, demeurant à Marcilhac ; l'autre par MM. Albe et Foissac de M. l'abbé Gabriel Delpech, professeur à l'Ecole libre secondaire de Gourdon. Suivant l'usage, l'élection est renvoyée à la prochaine séance. On statue sur l'heure, à cause de sa nouveauté, sur la demande faite par M. Paumès au nom de la commune de Montcuq qui devient « membre » de notre Société.

M. Grangié offre un exemplaire de ses derniers travaux poétiques : trois contes de Perrault arrangés en saynètes charmantes : Petit Poucet, Le Chaperon, Bouge, et la Belle au Bois Dormant. La Société, en le remerciant, s'associe de grand coeur aux justes éloges qui ont été faits ailleurs des oeuvres de notre collègue. M. Grangié signale la brochure que vient de publier avec de superbes gravures très artistiques M. E. Viala sur Figeac (Paris. Société d'éditions).


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M. Viguié, à propos d'articles récents sur l'origine des courses de chevaux, rappelle un passage de l'Histoire du.Quercy de Lacoste, (tome II, p. 102),où il est question de courses organisées à Martel le 26 mai 1183 en l'honneur d'Henri Court-Mantel, le fils révolté du roi d'Angleterre, alors l'hôte du vicomte de Turenne.

M. Daymard lit un long extrait, envoyé par M. Guilhaumon, d'après un manuscrit de Toulouse, d'un rapport de l'intendant de Montauban sur l'état des Élections de Cahors et de Figeac en 1699. Le duc de Bourgogne avait demandé des rapports analogues à tous les intendants sur leurs Généralités : ces rapports ont servi à un compilateur, le comte de Boulainvilliers, qui en a fait un long résumé plusieurs fois imprimé. Dans l'Annuaire du Lot, M. Baudel a publié en 1882, la partie de cet ouvrage qui concerne la Généralité de Montauban, et M. Combarieu, en 1897, le mémoire même de l'intendant d'après les archives de la Préfecture (fonds Lacabane). Ce mémoire n'a pas une grande rigueur scientifique, mais il est intéresssant et offre des renseignements très précieux. M. Viguié fait connaître la publication de lettres inédites de Louis Veuillot à Mlle Charlotte deGrammont par M..l'abbé J. Calvet et des méditations sur Jeanne d'Arc, composées sous le titre Prions-la, par Mary Hella, pseudonyme qui cache le nom d'une de nos compatriotes. IL dépose sur le Bureau de la Société un envoi de notre collègue et compatriote, le docteur A. W. de Roaldès : c'est son XXIIe rapport annuel sur les hôpitaux de la Nouvelle-Orléans.

Enfin M-Paumes lit un rapport extrêmement curieux d'un ingénieur en service dans le département du Lot (peut-être M. Andral) sur l'aqueduc de Font Polémie et sur la possibilité de le restaurer avec des sommes, relativement peu considérables. Ce rapport écrit vers 1850 permet de supposer, qu'à cette date, l'aqueduc était moins ruiné qu'aujourd'hui, et prouve que l'auteur a dû faire, pour en suivre le tracé si souvent disparu, un: travail considérable de nivellements et de fouilles.

Ce rapport qui fixe un moment dans la dégradation de ce, beau monument gallo-romain sera publié dans le Bulletin avec un plan.


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Séance du 22 juillet 1912 Présidence de M. l'abbé VIGUIE, président semestriel

Assistaient à la séance : MM. Combes, Daymard, Gary, Girma, Lamoure, commandant Saint-Eloi, Saint-Marty, Rames.

L'on procède d'abord à l'élection de MM. Falret de Tuite, de Marcilhac et l'abbé Gabriel Delpech, professeur à Gourdon. Ces deux nouveaux membres sont admis à l'unanimité.

M. Paumes communique : 1° un envoi de M. Bergougnoux qui est une étude sur Baudus médecin renommé de Cahors au début du XVIIIe siècle ; 2e un travail de M. l'abbé Taillefer « Les Louables coutumes de Sègos » ; 3° un tirage à part d'une étude très érudite que M. Albe vient de publier dans les Annales du Midi (T. XXIII. 1911) sous ce titre : « Les Suites du Traité de 1259 » ; 4° il lit un fragment du mémoire que notre confrère M. R. Rey a présenté à la Sorbonne pour son Certificat d'études supérieures historiques. C'est l'histoire très soigneusement relevée de l'Administration cantonale de Duravel, pendant le Directoire. La Société étudiera les moyens de publier ce travail qui a mérité à son auteur les éloges de son jury présidé par M. Aulard.

M. Lamoure nous lit un relevé des époques des vendanges dans PuyLévêque de 1730 à 1789. Les époques sont à peu près celles d'aujourd'hui.

M. Combes poursuit son analyse des Registres municipaux. Il en est au 3 avril 1799.

M. Paumes, après avoir lu une agréable imagination poétique de M. le Dr Dubuisson qui explique de façon très imprévue l'origine, de la source de Miers, entretient la Société des fêtes projetées à Martel. La Société voit dans ces fêtes la commémoration d'un grand fait historique et l'inauguration en Quercy de manifestations qui peuvent contribuer à ranimer le sentiment local et le culte des traditions ; c'est pourquoi elle décide de soutenir le Comité d'une souscription, mais tout en réservant son jugement sur ce problème historique qui n'est point encore rigoureusement résolu, à savoir la place d'Uxellodunum.

La séance est levée et l'on se donne rendez-vous à la 2e semaine d'octobre.




Analyse des Registres Municipaux de la commune le Cahors

(Suite)

29 frimaire an IV (20 décembre 1795)- — -L'Administration munici pale, vu la pétition des: habitants de Labarre, estime que la réparation qu'ils réclament est urgente et doit être faite;

— vu la pétition du Tribunal civil qui demande pour son concierge une augmentation de traitement ; considérant que ledit traitement n'est pas proportionné au discrédit des assignats, estime qu'il doit être doublé.

2 nivôse.an IV (23 décembre 1795). — L'Administration municipale, vu la pétition des commissaires des hospices ; attendu que ces' établissements sont dans un dénuement qui excite la pitié, et qu'on n'a cependant aucun moyen pour nourrir les pauvres qu'ils renferment; estime que l'Administiation du département doit faire fournir aux hospices la quantité de grain nécessaire pour deux mois, à la charge par ces établissements de le rendre dans un délai fixé. 3 nivôse an IV (24 décembre 1795). —, L'Administration municipale, vu la pétition du citoyen Beaumont, charge deux officiers de santé de l'examiner.

4 nivôse an IV-(25 décembre 1795). — Traité passé, en présence de l'Administration municipale et du Commissaire des guerres du département, entre le citoyen Rozeleur, inspecteur de la fourniture de la viande aux troupes en résidence, gendarmerie, et autres.ayant droit à la subsistance dans le département du Lot, d'une part; et d'autre part le citoyen Vaisset jeune. Celui-ci se charge de fournir la viande pendant un an à 40 livres (1) la. ration de 8 onces poids de marc.

5 nivôse an IV (26 décembre 1795). — L'Administration municipale, vu de nouveau la pétition de Louis Beaumont, détenu ; attendu qu'il résulte de l'attestation des officiers de santé que les prisons de là commune ne sont pas assez.salubres pour l'état de maladie du pétitionnaire ; arrête que Louis Beaumont se rendra dans son domicile, qu'il y sera sous la surveillance d'une sentinelle et qu'il ne pourra communiquer qu'avec les gens de sa maison.

Le citoyen Dumaux est chargé d'expulser de l'édifice de Saint-Géry

des individus qui s'y étaient logés induement et dégradaient le local.

Vu la pétition du citoyen Cadres, « garde du dépôt des livres, natio(1)

natio(1) numéraire, 4 sous.


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naux du département du Lot », l'Administration municipale estime que ce citoyen doit jouir d'une livre de pain par jour, comme portier d'un établissement public, conformément aux articles 1 et 2 de l'arrêté du Comité des finances en date du 9 vendémiaire.

Même décision en faveur du citoyen Chanut, concierge de la maison de détention.

7 nivôse an IV (28 décembre 1795). — Le citoyen Sers demande à être dispensé de sa part de contribution ; cette demande est rejetée, le pétitionnaire ayant retiré du moulin Saint-James 133 quartes de grains, quantité plus que suffisante pour la nourriture de sa famille et le payement de sa contribution.

Le président et un membre de l'Administration municipale sont chargés d'exécuter certaines instructions données par l'Administration du département.

g nivôse an IV (30 décembre 1795). — L'administration municipale prie le Ministre de la Guerre de laisser dans le corps des vétérans de Cahors le citoyen Glaudou Laviolette (1), comme indispensable à sa famille, et pour les services qu'il rend à ses concitoyens en donnant aux enfants « les premiers exercices ».

Vu la pétition de la citoyenne veuve Bellecourt, qui réclame une paire de pistolets, une cloche et deux boulets, l'Administration municipale arrête que les deux boulets lui seront rendus ; qu'elle doit réclamer les pistolets au citoyen Garrigues, à qui ils ont été remis ; qu'il n'y a pas lieu de lui remettre la cloche, qui appartenait à la chapelle Saint-Ambroise et qui est devenue propriété nationale.

9 nivôse an IV (30 décembre 1795). — L'administration municipale, vu la réponse du citoyen Périer, ingénieur en chef, aux griefs énumérés contre lui dans l'arrêté du 17 brumaire;

Considérant que cette réponse ne détruit aucun des faits énoncés, et prouve seulement que le citoyen Périer est habile à présenter sa conduite sous un jour favorable ; — que la conduite administrative de ce citoyen, dont on n'attaque d'ailleurs ni la probité ni les vertus privées, a produit un mécontentement général; — que depuis 8 ans qu'il est en fonctions, l'activité dans les travaux, s'est arrêtée et a dégénéré en torpeur absolue ; — « que cette torpeur a rendu nuls pour le département du Lot le mouvement révolutionnaire et les largesses du Gouvernement », de sorte que, loin de rien entreprendre, on a

(1) Claude Laviolette.


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laissé dépérir les ouvrages commencés, et on a laissé échapper l'occasion de résoudre la question du pont de Notre-Dame, nécessaire à la République entière ; — que le caractère connu du citoyen Périer. son âge avancé et ses habitudes prises ne laissent aucun espoir de le voir

changer de façon d'agir ; — enfin que la prospérité du pays dépend du zèle de l'ingénieur en chef, et qu'il s'agit, dans l'affaire présente, de sauver le département d'une ruine totale; arrête : L'Administration centrale du' département, est invitée à chercher dans ses bureaux et dans ceux des Travaux publics les preuves de l'indifférence coupable du citoyen Périer, et à se prémunir,contre les défenses artificieuses de ce fonctionnaire. Elle est invitée à constater qu'il a négligé, dans le département, de nombreux travaux, dont on donné l'énumération.

En ce qui concerne.la commune, de Cahors, on l'accuse : d'avoir négligé « avec une affectation marquée » l'entretien du pont de NotreDame ; de n'avoir pas voulu, malgré les ordres de ses chefs et les

instances des citoyens zélés, utiliser les fonds mis à sa disposition pour faire les préparatifs qu'exige ,la construction d'un nouveau pont ; de n'avoir pas provoqué la restauration du Pont-Neuf ; de n'avoir pas tenu la promesse, faite depuis deux ans, de dresser l'état des réparations urgentes à faire aux piles du pont de Valentres ; de s'être endormi, depuis deux ans aussi, sur l'état menaçant de la voûte du grand corps de logis de l'hospice, voûte dont il avait jugé la chûte prochainement possible; enfin d'avoir négligé l'entretien des Fossés. . . ' .

L'Administration municipale engage.celle du département à agir auprès, du Ministre pour « hâter le moment de justice depuis si longtemps attendu, réclamé, et si nécessaire au bonheur du département du.Lot ». .

12 nivôse an IV (2 janvier. 1796). - L'Administration municipale appuie la pétition de la citoyenne veuve. Guiches, maîtresse de poste, tendant à obtenir une indemnité en numéraire, par la raison que, dans l'état actuel des finances, c'est seulement avec du numéraire métallique qu'elle peut se procurer la nourriture de ses chevaux ; — accorde 10 livres (1) par jour et par personne à deux citoyens pour le temps qu'ils ont employé à l'inventaire de la verrerie ; — estime que la cloche de Sainte-Ursule doit être placée au clocher

(1) En numéraire, 1 sou.


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du ci-devant collège pour y servir de timbre, et non à celui de SaintGéry, à cause des réparations qu'exigerait ce dernier emplacement.

13 nivôse an IV (3 janvier 1796). — L'Administration municipale, vu le procès-verbal dressé par le citoyen Souquet, invite l'accusateur public à poursuivre l'individu qui n'a pas craint de donner asile à un prêtre réfractaire et à permettre chez lui la célébration d'un culte en contravention à la loi.

14 nivôse an IV (4 janvier 1796). — Affaire des frères Lacoste, prêtres détenus (voir les 7, 10 et 18 frimaire). L'Administration municipale arrête que, « par respect pour la loi », l'arrêté de l'Administration centrale sera exécuté (1).

L'Administration ordonne le payement des honoraires du citoyen Graniou, ancien juge de paix.

Au sujet de la pétition du citoyen Brousse, prêtre, l'Administration estime que celle dû département est seule compétente pour nommer des officiers.de santé chargés de constater l'état de maladie du pétitionnaire.

21 nivôse an IV (11 janvier 1796). — L'Administration municipale, attendu que dans le rôle des impositions pour l'an III, il s'est glissé une erreur de 2199 livres 18 sols 7 deniers (2) au préjudice du citoyen Vaisset, laboureur, arrête que cette somme lui sera remboursée par le percepteur.

Il est arrêté que la somme de 30.441 livres due au citoyen Richard, imprimeur, lui sera payée.

Vu la pétition des vétérans, qui demandent qu'il leur soit fourni du bois de chauffage, l'Administration municipale, considérant que les gendarmes et le commissaire des guerres souffrent aussi du manque de bois ; que c'est seulement avec du numéraire métallique qu'elle

(1) Le 26 frimaire, le Ministre de l'Intérieur avait écrit au sujet de celte affaire deux lettres, l'une à l'Administration du département, l'autre à celle de la commune. Dans la première, il dit que les frères Lacoste doivent être mis en liberté, après une nouvelle expertise médicale; dans la seconde, tout en louant l'Administration municipale de son scrupuleux attachement à la loi, il ajoute qu'elle doit s'incliner devant l'autorité supérieure et mettre un terme à la mésintelligence qui règne entre elles au sujet de cette affaire. (Archives départementales,L 140). — L'Administration municipale attendit, comme on voit, dix-huit jours, avant de s'exécuter.

(2) Un peu plus de 10 livres en numéraire.


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pourrait leur donner...satisfaction, et qu'elle n'en possède pas; que « dans cette position pénible pour elle et cruelle pour les pétitionnaires, il doit, être pris par l'Administration centrale du département des mesures qui arrachent à la misère et à là souffrance, les défenseurs de la République » ; estime que le seul moyen prompt de mettre un terme à cette situation est de faire exploiter, après estimation, les bois ayant appartenu à Leblanc Saint-Fleurien fils, émigré, situés à Espoux, commune de Trespoux.

Vu la pétition des citoyennes Vales et Cazettes, ci-devant soeurs du Bon Pasteur, l'Administration estime que bien qu'elles aient refusé de se conformer aux lois, ce qui les a privées des secours accordés aux membres des congrégations, les pétitionnaires doivent être secourues à l'hospice, en raison de leur grand âge.

Sur,la demande du citoyen Perrin, tendant à obtenir la levée des Scellés apposés sur une armoire placée dans une chambre qu'il avait louée au citoyen Lavaur, condamné, il est arrêté que les scellés.seront levés par les citoyens Parra, juge de paix et.Souquet, administrateur, et que les objets contenus dans l'armoire seront portés à la Maison

commune, pour être statué ce qu'il appartiendra.

22 nivôse an IV (12 janvier 1796). — Les commissaires de police dénoncent les marchands bouchers, boulangers, cabaretiers, etc., comme se servant toujours des anciens poids et mesures.

L'Administration municipale les charge de faire chez les commerçants des visites réitérées, de saisir les poids et mesures non légaux, et d'avertir les délinquants que, en cas de. récidive, ils seront punis conformément à la loi.

Une pétition des citoyens Roques et autres est renvoyée à une commission comprenant deux architectes.

L'Administration municipale, n'ayant pas de fonds à sa disposition, arrête qu'une somme de douze mille livres sera prise chez le receveur du district, pour payer les employés de la commune, mesure urgente, « vu leur état de dénuement »,

Le citoyen Heilhes père, instituteur de petites écoles, recevra 500livres pour.son traitement d'une année, qui lui est dû. et en outre 1.000 livres pour les soins qu'il a donnés seul à un certain nombre, d'enfants.

24 nivôse an IV (14 janvier 1796). — Pour la répartition du secours de 50.000 livres accordé par la Convention aux victimes de la grêle, les commissaires de police présentent un tableau de 200 citoyens seule-'


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ment, choisis parmi les plus malheureux. L'Administration municipale arrête que ce tableau est adopté ; — que la somme de 50.000 livres, prise chez le payeur général,.sera répartie entre les commissaires de police, chargés de la distribuer ; — que les bénéficiaires, pour toucher leur part, devront justifier du payement de leurs impositions.

L'Administration, sur la demande de la citoyenne Delol,institutrice, lui accorde trois tables qui étaient au pensionnat des ci-devant Mirepoises.

Le citoyen S... s'était réfugié dans le canton de Catus, pour ne pas obéir à la Ici du 4 frimaire, par laquelle sont appelés tous les volontaires qui ont appartenu à un corps de troupe. Il a été arrêté et incarcéré. L'Administration arrête qu'il sera conduit de brigade en brigade à l'armée de la Vendée, où est son bataillon.

Autre, arrêté rejetant une pétition dans laquelle le même citoyen exposait les raisons qu'il croyait avoir pour ne par se conformer à la loi.

26 nivôse an IV 16 janvier 1796). — Le citoyen Biermont, inspecteur des messageries, présente sa commission.

Sur l'invitation du Ministre de la Guerre, un membre de l'Administration municipale est chargé de dresser l'état des matières métalliques, propres à la fabrication des armes, qui se trouvent dans le magasin du district.

29 nivôse an IV (19 janvier 1796). — L'Administration municipale rejette la demande du citoyen, Blanc, fermier des biens de Leblanc Saint-Fleurien, père d'émigré, et de Lagrange-Gourdon-Floirac, émigré, tendant à être, déchargé du prix de son fermage, vu les ravages causés à ces biens par la grêle et la ravine. Néanmoins on engage l'Administration centrale à avoir égard aux dégradations immenses causées par la ravine, qui ne laissent au fermier aucun espoir de récolte pour l'avenir.

Le citoyen Lagarde est chargé d'aller chez le citoyen Dolique, receveur du département, et d'arrêter le registre des recettes de l'emprunt forcé.

4 pluviôse an IV (24 janvier 1796). — L'Administration municipale

estime que le citoyen Bouzou-Laconté, qui est inscrit au rôle de la

contribution mobilière à Carlucet et à Cahors, doit être rayé dans cette

dernière commune.

La loi exige que les municipalités rendent leurs comptes au plus


-219 —

tard une quinzaine après leur remplacement. L'ancien Conseil général n'ayant pas encore rendu les siens,, il est arrêté que, les membres de cette assemblée seront invités à se conformer à la loi dans le délai d'une décade, et qu'ils demeurent individuellement responsables de tout retard.

Le citoyen, Audoury, propriétaire du moulin de la fontaine des

Chartreux, ayant démoli deux arceaux qui soutenaient le chemin du

pont de Valentres à Saint-Georges, ce qui occasionne l'interruption de

la circulation sur ce chemin public, est invité à reconstruire ces

arceaux dans le délai de deux mois.

Le même citoyen demande à payer en assignats l'imposition qu'il devrait acquitter en nature. L'Administration, considérant que la loi accorde cette faculté à ceux qui ne recueillent pas de grains, pu qui n'en recueillent que ce qui est nécessaire pour la nourriture de leur famille ; considérant que le moulin du pétitionnaire ne lui produit pas assez de grains pour nourrir les douze personnes qui composent sa famille, et pour payer les deux domestiques attachés audit moulin ; arrête que le citoyen Audoury est autorisé à payer en assignats, valeur nominale, la partie d'impositions qu'il devait payer en nature.

Il est.arrêté que le directeur de l'agence des domaines nationaux sera consulté sur la pétition des citoyens Relhié et Bessières, qui demandent l'estimation du jardin de l'ancien collège Pèlegry, dont ils sont fermiers.

7 pluviôse, an IV (27 janvier 1796). —Le citoyen Vaisset, 2e né, chargé du rôle de l'emprunt forcé, demande une indemnité, en raison de l'importance de ce travail, pour lequel il a dû s'adjoindre des collaborateurs, qui ont, comme lui, travaillé nuit et jour pendant une quinzaine. L'Administration estime qu'il doit lui être accordé une indemnité de 6.000 livres (1).

La pétition des citoyens Relhié et Bessières,.tendant à ce qu'ils soient imposés ensemble au rôle de l'emprunt forcé, est rejetée.

Vu la pétition de plusieurs citoyens au sujet des cheminées du citoyen Desplas, dont la fumée incommode tous les voisins, il est arrêté que lesdites cheminées seront démolies ou élevées au niveau de la charpente du toit.

(1.) 30 livres en numéraire.


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L'Administration estime que le citoyen Cazals, concierge de la maison de réclusion de Sainte-Ursule, doit jouir, à compter du 10 brumaire, d'une livre de pain par jour, et en outre de 1.200 livres (1) de traitement par an, en raison des soins qu'il donne aux prêtres reclus.

L'Administration municipale donne un avis favorable à la pétition des citoyens Miquel, frères d'un prêtre déporté, qui demandent à être mis en possession des biens de leur frère, conformément à la loi du 22 fructidor.

Les demandes de plusieurs citoyens, relatives à une réduction de leurs cotes d'emprunt forcé, sont admises, une est rejetée.

La citoyenne veuve Laroche-Lambert, agissant comme tutrice de ses enfants, demande la jouissance des biens de feu Laroche-Lambert, son beau-père, situés dans la commune. Avis favorable est accordé à cette pétition.

12 pluviôse an IV (1er février 1796). — Procès-verbal de l'installation de l'école centrale. — L'Administration municipale, suivie du jury d'instruction publique, des nouveaux professeurs, des autorités et des fonctionnaires publics, précédée d'une «musique guerrière» et escortée d'un détachement de la 4e demi-brigade, s'est transportée dans la grande salle du ci-devant collège, où il a été donné solennellement lecture de deux arrêtés du département. Le premier contient la nomination des professeurs présentés par le jury d'instruction, qui sont les citoyens Jouffreau pour les langues anciennes, Ricard pour les éléments des mathématiques, Rouziés pour la grammaire générale, Brunies pour les belles-lettres, Ramel pour l'histoire et Poncet-Delpech pour la législation. Par son second, arrêté,l'Administration du Département, pour exécuter la loi du 3 brumaire an IV, qui prescrit, entre autres choses, l'installation d'une bibliothèque publique auprès de chaque école centrale, et considérant qu'il existe à Cahors trois grands dépôts de livres, au collège, au ci-devant séminaire et aux Chanoines réguliers, nomme bibliothécaire le,citoyen Galy, présenté par le jury d'instruction publique, avec mission de réunir ces trois bibliothèques en une seule, sous le même toit, si cela se peut.

Cette lecture faite, les citoyens susnommés, à l'exception du citoyen

(1) Un peu moins de 6 livres en numéraire. C'est bien peu : n'y a-t-il pas une erreur ?


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Poncet, absent, ont fait individuellement, « au milieu des plus vifs applaudissements ", la déclaration « d'attachement sincère à la République et de haine à la royauté », après quoi le président les a proclamés et installés. La cérémonie s'est terminée par des discours dû président, des membres du jury d'instruction et des nouveaux professeurs. 12 pluviôse an IV (1er février 1796). — L'Administration municipale charge le citoyen Souquet, un de ses membres, de toucher la somme de 200.000 livres (1), accordée par le Département pour achat de bois à l'usage des troupes cantonnées dans la commune. L'Administration municipale statue sur diverses pétitions relatives à l'emprunt forcé et autorise les citoyens Carla père et fils, de Belmontet, à retirer de la caisse du receveur du district de Cahors une somme qu'ils y ont consignée.

14.pluviôse an IV (3 février 1796). — Nomination d'un commissaire chargé de vendre quelques quintaux de grain déposés dans le grenier du canton de Cahors.

L'Administration, municipale autorise le payement, aux deux greffiers des 4 juges de paix, de leur traitement, dont ils n'ont pas joui depuis le mois de frimaire an III (2), et en outre de la somme représentative d'une livre et demie de pain par jour, au prix des mercuriales,

16 pluviôse an IV (5 février 1796). — La portion des impositions payable en nature devait être acquittée en assignats par les contribuables qui ne possédaient pas de grains, en tenant compte.du prix de.ces denrées fixé, par le Département. Ce prix ayant été majoré, (3),l'Administration municipale arrête que le montant correspondant de la contribution pour l'an III est majoré dans la même proportion et porté à 1.769.815 livres 2 sols 6 deniers (4), non compris 87.122 livres 8 deniers (5), payables en assignats.

18 pluviôse an IV (7 février 1796).— Le commissaire du Directoire expose que depuis quelque temps des individus de la commune pren(1)

pren(1) numéraire, 970 livres.

(2) C'est-à-dire depuis plus de 14 mois.

(3) A cause sans doute de la baisse des assignats.

(4) En numéraire, 8.615 livres.

(5) id 424 livres.


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nent des passeports sans en faire usage; que d'autres, étrangers à la commune, y font un long séjour sans y être obligés par leurs affaires. Dans l'état où se trouve le département, cette manoeuvre excite sa sollicitude. — L'Administration municipale arrête que les passeports délivrés depuis 3 mois aux habitants de la commune seront retirés, et que les passeports des citoyens qui sont dans la commune depuis le même temps sans y être domiciliés seront déposés jusqu'à nouvel ordre entre les mains de l'Administration.

19pluviôse an IV (8 février 1796). — Avis favorable à la pétition de la citoyenne veuve Gondalma qui demande à obtenir la jouissance des biens de son frère, prêtre déporté.

Rejet de la pétition par laquelle le citoyen Nicolas Pouzergues, concierge du ci-devant château de Larroque-des-Arcs, réclame son traitement, ledit domaine ayant été affermé au citoyen Blanc, qui doit payer tous les frais."

Il est donné satisfaction au citoyen Moysen, greffier de la police correctionnelle, qui réclame la partie due de sou traitement.

Il est arrêté que le bureau de la poste aux lettres sera placé provisoirement dans le local qu'occupe en ce moment l'Administration.

La pétition du citoyen Fournié fils, tendant à être déchargé de sa cote d'emprunt forcé, est rejetée.

Pour mettre un terme aux dégradations que subissent les objets placés dans les ci-devant églises, l'Administration municipale arrête que les confessionnaux, devants d'autel, bénitiers, etc., qui se trouvent dans l'église du collège, dans celle de la Daurade et dans les chapelles des ci-devant Frères et des orphelins, seront réunis dans l'église Notre-Dame du Pont-Vieux et placés sous la garde de quatre citoyens probes et patriotes.

Les citoyens Fortet obtiennent la jouissance des biens de leur frère, prêtre déporté.

Le citoyen Jean Albouis est autorisé à retirer une somme qu'il avait consignée à la caisse du receveur du district.

21 pluviôse an IV (10 février 1796). — L'Administration municipale, conformément a la loi du 21 prairial an III (1), estime que les objets

(1) Loi qui ordonne la restitution des biens des condamnés à leurs ayantsdroit, sous certaines exceptions.


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réclamés par la citoyenne' veuve Laroche-Lambert doivent lui être restitués.

L'Administration estime, en ce qui concerne la pétition des citoyens Bessières et Relhiè relative au jardin du collège Pèlegry, que l'avis du directeur de l'agence nationale doit être suivi.

22 pluviôse an IV (11 février 1796). — L'Administration municipale donne des avis favorables à une demande des administrateurs des hospices et à une pétition du citoyen Longé fils, demandant à être exempté de l'emprunt forcé.

25 pluviôse an IV (14 février 1796). — Le citoyen Cadres, concierge du ci-devant collège et préposé à la gardé de la bibliothèque nationale, a été remplacé dans ces fonctions par un, autre citoyen choisi par l'Administration du département. Il présente une pétition dant le but de conserver sa place. L'Administration municipale appuie chaudement cette demande, le pétitionnaire ayant toujours bien rempli ses fonctions et n'ayant pas d'autre ressource. Elle engage l'Administration du département, dont la religion a été surprise, à donner une autre place au citoyen qui avait été nommé en remplacement du citoyen Cadres, et qui d'ailleurs est digne d'intérêt.

26 pluviôse an IV (15 février 1796).— L'Administration municipale, vu-un réquisitoire du commissaire du pouvoir exécutif ; attendu que la tranquillité générale paraît menacée ; considérant :qu'il est urgent d'annuler certains passeports délivrés par surprise; que d'ailleurs aucun de ceux qui ont été donnés ne porte de numéro, comme la loi l'exige ; arrête :

Tous les passeports, délivrés avant le 20 pluviôse sont annulés. — Ceux qui seront délivrés à l'avenir porteront un numéro d'inscription, contresigné par un membre de l'Administration.—Les magistrats des communes du département et des départements voisins seront invités à faire arrêter les porteurs de passeports ne remplissant pas ces conditions.

27 pluviôse an IV (16 février.1796). — L'Administration municipale autorise les propriétaires du moulin de Saint-Georges à payer en assignats la part de contributions qu'ils devaient payer en nature. Est excepté de cette mesure le citoyen Lapeyrière, qui, seul, récolte sur ses autres propriétés assez de grain pour nourrir sa famille.

On ordonne le transfert au dépôt d'Aussonne, près Montauban, de deux hospitalisés qui ont perdu la raison.


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29 pluviôse an IV (18 février 1796). — Il est arrêté que les ouvriers chargés de fournir, chaque décade, deux paires de souliers pour les armées, les déposeront au magasin militaire, où il leur en sera fourni une reconnaissance. Le.citoyen Joseph Lafage est chargé de vérifier les souliers présentés et de rejeter ceux qui seraient de mauvaise qualité. Le prix sera fixé chaque décade.

4 ventôse an IV (23 février 1796). — Vu la pétition du citoyen Labié, père d'émigré, tendant à obtenir le bénéfice de la loi du 6 thermidor an III, aux termes de laquelle les pères et mères des émigrés doivent recevoir en secours provisoire 5.000 livres pour chacun d'eux et 2.500 livres pour chacun des enfants à leur charge ; l'Administration municipale, considérant que le pétitionnaire est père de 7 enfants, dont un émigré, deux à la défense de la patrie et 4 à sa charge ; qu'il a reçu seulement 3.075 livres 11 centimes, estime qu'il doit lui être payé le complément de la somme de 20.000 livres (1), à laquelle il a droit.

Avis favorable à la pétition de la citoyenne Guiches, maîtresse de poste, qui demande un délai pour la réintégration de 100 quintaux de foin qui lui ont été avancés, attendu que « les indemnités auxquelles elle a droit et qu'elle a si souvent réclamées », ne lui fournissent pas le moyen d'acheter du foin.

6 ventôse an IV (25 février 1796). — L'Administration municipale, considérant que la tranquillité publique est compromise, la garde nationale n'ayant plus aucune activité ; que la compagnie des vétérans ne peut soutenir longtemps le service forcé auquel elle est soumise ; que les troupes cantonnées dans la commune ont dû rejoindre les armées ; que les ennemis de la chose publique s'agitent pour empêcher le départ des volontaires ; invite de nouveau le Ministre de la guerre à ordonner le plus tôt possible la formation d'une seconde compagnie de vétérans à Cahors.

Vu la pétition du citoyen Savary, au sujet de l'emprunt forcé, l'Administration déclare qu'il ne doit plus rien payer.

Le tableau des habitants de la commune âgés de plus de 12 ans, prescrit par la loi du 10 vendémiaire, n'étant pas encore fait, l'Administration municipale arrête qu'il devra être confectionné dans un délai de cinq jours, sous la responsabilité du secrétaire en chef.

8 ventôse an IV (27 février 1796). — Le juge de paix des sections du

(1) En numéraire, §1 livres 7 sous.


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Pont-Neuf et de Labarre demande qu'on remplace 4 de ses assesseurs, qui ont été appelés à d'autres places, et dont l'absence arrête le cours de la justice. La nomination à ces places appartenant au Directoire exécutif, l'Administration municipale propose les citoyens Lafage (de Cabessut), Celse cadet, négociant, Duchoquet et Loubières, et arrête que ces citoyens rempliront provisoirement les fonctions d'assesseurs, Vu la pétition du citoyen Moisen au sujet de l'emprunt forcé, l'Administration estime qu'il doit rester dans la classe de ceux qui payent dix mille livres, et qu'il doit en être de même pour tous ceux qui sont cotisés dans la commune.

Deux autres décisions pour l'emprunt forcé sont prises au sujet des citoyens Leblanc-Saint-Fleurien et Pouzergues.

9 ventôse an IV (28 février 1796). — L'Administration municipale estime que la citoyenne veuve Calmejane, fermière du jardin du ci-devant collège, doit être autorisée à payer son fermage en assignats ;

- ordonne le payement des fournitures faites pour la ferrure des chevaux du 24e régiment.

12 ventôse an IV (2 mars 179b). — Procès-verbal. — Le concierge de la Maison commune vient déclarer que ce matin, vers 6 heures un quart, le nommé Pache, détenu et présumé émigré, s'est évadé, probablement avec la complicité de la nommée Mion (1) Couderc, domestique au service du concierge, 12 ventôse an IV (2 mars 1796). — L'Administration' municipale décide la vente à. l'encan de vieux matériaux qui ne peuvent être utilisés à la réparation de la ci-devant Daurade.

Il est arrêté que l'interrogation du nommé Pache, se disant prussien, et les pièces relatives à cette affaire, seront adressées à l'accusateur public.

Le citoyen Cazals, concierge des prêtres reclus, ne recueillant dans le jardin de Sainte-Ursule, dont il est fermier, ni dans ses autres propriétés, aucun des grains désignés dans la loi, l'Administration estimé qu'il doit être autorisé à payer le fermage en assignats.

Beaucoup de.citoyens n'ayant pas fait les déclarations, prescrites par la loi du 7 thermidor, (voir le 28 frimaire), il est nommé des commissairés pour faire le recensement des objets sujets à l'impôt.

(1) Marie.


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15 ventôse an IV (5 mars 1796). — Le citoyen Poncet-Delpech, professeur de législation à l'Ecole centrale, qui était absent le 11 pluviôse, est installé dans.sa chaire avec le même cérémonial que ses collègues (voir ci-dessus le II. pluviôse) Discours du président et du nouveau professeur.

25 ventôse an IV (5 mars 1796). — Trois pétitions relatives à l'emprunt forcé. Les deux premières sont accueillies favorablement ; la troisième,- présentée par la citoyenne Marie D..., est rejetée, quoique la cote fixée pour la pétitionnaire excède sa fortune réelle, par la raison qu'on a voulu ainsi « atteindre une partie des bénéfices acquis dans l'agiotage du numéraire, cause bien reconnue du discrédit du papier-monnaie », et cela, conformément au voeu de là loi.

16 ventôse an IV (6 mars 1796).— Trois pétitions relatives à l'emprunt forcé sont admises.

Vu la pétition présentée par le citoyen David Géraud, curateur de Louis-Marie Burgères, fils mineur de Jean-Nicolas Buigères; attendu qu'aux termes de la loi du 21,prairial an III, les biens des condamnés postérieurement au 10 mars 1793 doivent être rendus à leurs héritiers directs ; l'Administration estime que ladite pétition doit être accueillie favorablement.

17 ven(ose an IV (7 mars 1796). —Il est fait droit à la pétition du citoyen Lavergne Ribens, relative à l'emprunt forcé.

Le citoyen Lassale, administrateur des hôpitaux, est remplacé sur sa demande.

Sur une demande de renseignements par le citoyen Cornède, receveur des domaines nationaux, au sujet du charbon et de la soude provenant de la verrerie de Cabessut, marchandises qui ont été vendues le 1er vendémiaire an III moyennant 14.065 livres 7 sols, prix du maximum, l'Administration estime que ce prix, qui était celui de 1790, doit être payé en numéraire.

19 ventôse an IV (9 mars 1796). — Décisions sur plusieurs pétitions relatives à l'emprunt forcé.

21 ventôse an IV (11 mars 1796). — L'Administration municipale renvoie au directeur des fourrages militaires, à Bordeaux, une pétition du citoyen Louis Pujol, ex-garde magasin des subsistances militaires, qui demande le payement de ses honoraires pour vendémiaire, brumaire et une partie de frimaire, ainsi que le remboursement d'une somme de 1.035 livres.


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L'Administration municipale arrête que l'arrêté du Directoire en date du 4 ventôse concernant les jeunes gens de la réquisition, sera publié aux endroits accoutumés par un,administrateur municipal et un Commissaire de police, escortés d'un piquet de vétérans.— Les citoyens visés par ledit arrêté devront se. trouver à la Maison commune le 24 du courant 1).

Le citoyen Souquet est chargé de recevoir la somme de 3.620 livres, pour avances que l'Administration militaire rembourse à la commune. .

23 ventôse an IV(13 mars 1796). — Le citoyen Grand demande une modification dans le tracé de la rue du Bon-Pasteur (2), qu'il dit empiéter sur sa propriété. Vu les frais considérables que ce changement entraînerait, et attendu que le mur réclamé,par le citoyen Grand n'est pas reconnu être sa propriété,. l'Administration municipale, sur le rapport du citoyen Périé, ingénieur en chef, estime que les travaux doivent être continués comme ils ont été commencés et renvoie le pétitionnaire à se pourvoir devant qui de droit. Avis favorable, à une pétition sur l'emprunt forcé.

Ordre au concierge de la maison de réclusion de Sainte-Ursule de recevoir le nommé Boisset, prêtre insermenté et malade, et de veiller très particulièrement, sous sa responsabilité, à ce qu'il ne s'évade pas. 5 germinal an IV (25 mars 1796). — Avis favorable à une pétition sur l'emprunt forcé.

L'Administration municipale charge les citoyens Roques fils, médecin, et Roques, officier de santé, de visiter les citoyens Dellard et Lasserne, prêtres détenus à la maison de justice, et de donner leur avis sur les pétitions de ces deux prêtres, qui demandent à être transférés à Sainte-Ursule.

Il est arrêté que le citoyen Chanut, concierge de la Maison commune, sera remplacé par un citoyen plus exact et plus vigilant.

5 germinal an IV (25 mars 1796). —Vu la loi qui ordonne une levée de chevaux, juments, mules et mulets pour le service des armées, l'Administration municipale arrête : Tous les habitants de la commune qui possèdent des animaux de cette espèce sont tenus de les conduire,

(1) Cet arrêté annulle les exemptions de réquisitions accordées jusqu'alors et prohibe le remplacement.

(2) Aujourd'hui rue Fénelon.


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le 21 du courant, sur les Fossés, devant la maison du citoyen Combebias, maréchal expert.

14 germinal an IV (3 avril 1796), — Deux administrateurs municipaux sont chargés de se présenter chez les percepteurs des exercices 1791, 1792, 1793 et 1794, pour l'exécution de la loi du 13 pluviôse' dernier, relative à la vérification des caisses.

16 germinal an IV (5 avril 1796). — Vérification des caisses des percepteurs Lustrat et Mostolac, conformément à la délibération précédente. On constate que toutes les sommes ont été versées à la caisse du receveur du district, à l'exception de 579 livres qui sont encore dues sur l'exercice 1794.

17 germinal an IV (6 avril 1796). — L'Administration municipale nomme deux commissaires chargés de mettre à exécution l'article 2 de la loi du 3 du courant, qui prescrit d'apposer sur-le-champ les scellés sur les caisses des percepteurs des contributions publiques.

18 germinal an IV (7avril 1796). — Procès verbal de l'apposition des scellés sur la caisse du receveur des contributions.

18 germinal an IV (7 avril 1796). — L'Administration municipale, de concert avec le commissaire des guerres, fixe à 100 livres par jour en assignats (1) le traitement du surveillant du dépôt de chevaux, etc , et à 80 livres celui des palefreniers, indépendamment des rations de pain et de viande qui doivent leur être fournies.

21 germinal an IV (10 avril 1796). — L'Administration municipale, vu la pétition du citoyen Guillaume Brives ; vu le mauvais état des piles du pont de Valentre; considérant que, si on ne se hâte d'y faire les réparations nécessaires et demandées depuis longtemps, ce pont, si ■important, sera bientôt hors de service ; que, d'autre part, l'intérêt de la navigation, interceptée par le défaut d'entretien de presque tous les ponts de la rive (sic) du Lot, exige impérieusement ces réparations; estime que les plans présentés par l'ingénieur en chef doivent être autorisés, et qu'il y a lieu de demander au Ministre de l'Intérieur les fonds nécessaires.

(A suivre) A. COMBES

(1) Environ 8 sous en numéraire.


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LA Grande Peur

Dans le QUE RC Y et dans le ROUERGUE

Notes et Documents (Suite) — IV

I. — Villèfranche de Rouer gue, 31 juillet à 11 h. soir, à l'Intendant (D.)

« Nous envoyons un exprès à M. le comté d'Esparbès pour lui annoncer que sur cinq lettres qui nous sont parvenues à l'entrée de la nuit, de Caussade, Caors, Figeac et autres lieux, nous avons ordonné des patrouilles bourgeoises. Nous le prions, vu l'urgence du cas, de nous envoyer un détachement de troupes réglées pour pouvoir résister conjointement avec nos citoyens aux incursions des brigands qui ont ravagé le Périgord et qui sont aux portes de Cajarc distant de trois lieues de notre ville. La Communauté assemblée extraordinairement nous charge de vous communiquer la démarche que la prudence et la sûreté l'ont déterminée à faire. Nous vous prions de vouloir bien appuyer notre demande auprès de M. d'Esparbès ; ce sera un nouveau droit que vous acquerrez sur la sensibilité et le respect de notre ville qui fait des voeux continuels pour votre conservation. »

PIÉ, consul; GRANIER, consul ; DURAND, consul.

Le lendemain 1er août, l'Intendant répond que leurs craintes sont mal fondées. Il est à présumer que ce n'est « qu'une terreur panique ». Il approuve la mesure des patrouilles bourgeoises.

2.— 4 août 1789 (1), à l'Intendant (D.)

« Depuis mon passage à Montauban je n'ai pas dormi trois heures chaque nuit, tant j'ai été surchargé de soins relatifs aux affaires du moment.

Après avoir été longtemps arrêté à l'Hôtel de Ville de Montauban.et à celui de Caussade, les officiers municipaux de Caylus m'apprirent

(1) Cette lettre n'a pas de signature. Je la crois du subdélégué de Villefranche. 2


30

pour me tranquilliser u'ils avaient eu des nouvelles positives portant que les brigands étaient à Figeac, la veille au soir et ils me parurent persuadés que je les trouverais à Villefranche. Un d'eux m'observait que mon arrivée y serait inutile, que le mal serait fait et que je ne ferais qu'augmenter le nombre des victimes sans espoir de leur être d'aucun secours. Ce discours quoique peu consolant ne m'arrêta nullement. Je me hâtai au contraire d'arriver et je trouvai la plus grande alarme, le Conseil permanent, la patrouille bourgeoise et 15 ou 20 lettres qui en étaient le motif.

J'appris, et ceci est tragi-comique, que dans la nuit du 31 juillet au Ier août, une sentinelle placée à une demi-lieue de la ville avait pris le bruit du carrosse de Madame Saint-Rémi qui venait d'une terre, pour le bruit qu'il crut être fait par la troupe des brigands qu'on craignait. L'alarme.portée de sentinelle en sentinelle était aussitôt parvenue dans la ville où le tocsin sonnait. Tout criait aux armes; les hommes se précipitaient vers le lieu du danger ; les femmes le fuyaient en pleurant. Certaines se réfugièrent clans les vignes avec leurs enfants et du pain. Tout était dans un désordre extrême lorsque le dit carrosse entrant en ville démontra la fausseté de l'alarme et convainquit les citoyens que leur repos n'était troublé que par une jolie femme.

Samedi, dimanche, nos craintes se soutenant, nous nous préparions à nous défendre. Dans la nuit du 2 au 3, une lettre de Caylus nous rassura un peu. Hier au matin, la vôtre, celle de M. de Rastignac (1) nous firent grand plaisir. Nous suspendîmes le Conseil permanent en conservant la garde bourgeoise pour la nuit seulement, en diminuant de moitié le nombre du corps de garde. Depuis nous avons mis de l'ordre dans la formation du règlement de notre, milice et nous avons été assez tranquilles. Ce matin, à 5 heures, on m'a porté dans mon lit une lettre d'hier à 7 heures du soir d'un vicaire de la Salvetat (2) près Rieupeyroux portant : « Nous sommes perdus ; on ravage nos cantons ; Espinassole est déjà saccagé ; au secours. » Nota : Espinassole est une paroisse contiguë de la Salvetat. Dans l'instant j'ai dépêché pour savoir la vérité.

Heureusement je n'ai alarmé personne et bientôt après j'ai reçu par

(1) Lieutenant de M. d'Esparbès.

(2) La Salvetat-Peyralès, arrondissement de Rodez, à 26 k. de Villefranche .


— 231

un exprès une lettre du même vicaire datée de 11 h. du soir qui fait beaucoup d'excuses' et nous annonce que ce n'est qu'une fausse alarme. Voilà où nous en sommes.Etes-vous enfin tranquilles à Montauban ?..»

3. — Mur-de-Barrez, 2 août 1789, à l'Intendant (D.)

Monseigneur, « Au moment du départ du courrier j'arrive d'Entraygues (1), je l'arrête pour avoir le temps de vous prévenir que notre ville et toutes celles des environs sont dans les plus vives alarmes. Hier sur les deux heures de l'après-midi, il arriva un exprès d'Aurillac (2), porteur d'une lettre de MM. les Officiers municipaux de cette ville et adressée à,ceux de la nôtre pour les prévenir à la hâte qu'une troupe de brigands s'est rassemblée sur les frontières du Quercy et du Limousin, qu'elle a dévasté toutes les campagnes et ravagé plusieurs villes considérables dans le Limousin ; qu'ils se préparent à leur opposer la plus vive résistance si les brigands entreprennent d'attaquer Aurillac et qu'ils nous conseillent d'en faire de même de notre côté. Dans le moment qu'on s'occupait à délibérer sur cette lettre, il est arrivé un autre exprès de Vic (3) pour nous annoncer qu'il existait une, autre troupe de brigands composée de 1900 hommes qui ravage la Limagne d'Auvergne et qui menace de se porter sur Lanche (4) ou Murat. Cette dernière nouvelle nous a paru plus alarmante d'abord par la proximité de ces deux villes menacées et ensuite par l'impossibilité de résister à cette multitude. Cependant comme le nombre pourrait être exagéré, notre ville a jugé à propos de se mettre sous les armes et de solliciter des secours des campagnes voisines. J'ai appris à Entraygues, que l'alarme est égale du côté de Figeac (5). La nouvelle en a.été portée par des exprès de communauté à communauté jusques à Entraygues et toutes ces communautés sont sous les armes et se

(1) A 28 k. S. et à 26 k. d'Espalion.

(2) A 36 k. environ N.-O.

(3) Vic-sur-Cère, à 27 k.

(4) Allanches, à 19 k. N.-E. de Murat. — Murat, à 50 k. N.-E. d'Aurillac et à peu près même distance de Mur-de-Barrez au N.

(5) Figeac, à environ 50 k. S.-O. d'Entraygues.


— 232 —

portent du côté de Figeac de sorte que nous ne pouvons pas attendre du secours de ce côté-là. Je suis avec respect... »

LAQUEUILLE, subdélégué.

4. — Millau, le 2 août 1789, à l'Intendant (D.)

Monseigneur, « Il nous vient de toutes parts qu'une troupe de brigands armés qu'on suppose des Piémontais et qu'on nous assure avoir déjà ravagé Figeac, Capdenac, Asprières,s'approche de Rodez ou doit se répandre dans les contrées voisines, pour prendre la route du Languedoc en passant par Millau. Nous nous sommes livrés de suite à toutes les précautions que notre position a pu nous permettre. Nous avons levé à la hâte une milice bourgeoise. Il y a vingt-quatre compagnies sur pied ; il y a une commission permanente à l'Hôtel de Ville pour diriger nos opérations. Elle est réunie aux officiers municipaux et j'y occupe une place. Nous nous trouvons malheureusement sans armes. Nous avons ramassé toutes celles qui sont à notre disposition. Nous nous sommes procuré de la poudre, des balles ; nous faisons faire des piques, etc. etc. Nos alarmes sont entièrement dissipées du côté du Causse noir. Meyrueis(1), Valleraugues (2), etc. paraissent être sans danger. Toutes nos craintes se tournent du côté de Rodez. M. Parispe (?) a fait passer à M. Rouland (?) des avis effrayants. Dieu veuille que nous soyons rassurés cette nuit. Dans ces circonstances on n'a pas cru devoir hasarder les deniers royaux, le départ de la voiture est suspendu. On a envoyé à Montpellier pour réclamer du secours. Voyez Mgr, s'il ne serait pas en votre pouvoir de nous en procurer. J'attendrai vos ordres et vos avis. J'étais au moment de mon départ pour les bains de Silvanès (3). J'y ai renoncé, le devoir passe le premier et chacun doit être à son poste.

Je suis »

LAFAJOLE de Combette, subdélégué.

L'Intendant reçut cette lettre le 7 août, à 6 h. du soir.

Il répondit : « Le bruit des incursions de brigands ou d'ennemis est

(1) A 42 k. E. de Millau (Lozère).

(2) A 22 k. N. du Vigan.

(3) 32 k. S. de St-Affrique : eaux salines,arsénicales et ferrugineuses chaudes.


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aussi dénué de toute vérité qu'il l'était même de vraisemblance. Je ne puis qu'approuver, en ce qui me concerne, les mesures que vous avez prises et qui heureusement ne continueront pas d'être nécessaires. Les craintes sont entièrement dissipées et le calme est rétabli dans tout le Querci ; il ne tardera pas sans doute de régner dans le Rouergue à mesure qu'on y apprendra qu'il n'y a plus de sujet d'appréhension. »

5. — Millau, le 2 août 1789, à l'Intendant (D.)

Monseigneur, :

« Nous avions, selon l'usage, préparé hier au soir nos envois pour la recette générale ; les mulets étaient ce matin devant nos portes pour charger les deniers du Roi. Cette opération a été interrompue par l'avis qui nous a été donné de la part de MM. les officiers municipaux assemblés extraordinairement depuis le point du jour. Ils avaient été informés dans la nuit par des exprès dépêchés par les municipalités des diverses villes du côté des Cevennes, qu'une troupe de brigands menaçaient notre contrée. Quelques heures après, MM. les officiers municipaux ont reçu divers avis, par des exprès, qu'une autre troupe armée avait ravagé le Querci; que plusieurs villes de cette province avaient été déjà saccagées ; que Villefranche de Rouergue était menacée et que la ville de Rodez et les environs s'armaient à force.

Il semble par la marche de ces deux troupes, qu'elles cherchent à se réunir. L'alarme et le trouble sont extrêmes dans notre ville. Les principaux habitants, de concert avec les officiers municipaux, font prendre les armes à tous ceux qui sont en état de les porter. Ils donnent des avis aux compagnies et aux villes voisines pour les inviter à prendre des précautions et à se réunir pour la défense commune. Ils ont dépêché des exprès à M- le comte de Périgord (1), pour lui demander des secours. Enfin secondés du zèle et du patriotisme de nos concitoyens, nos officiers municipaux prennent toutes les mesures que la prudence et le courage peuvent exiger dans une circonstance aussi urgente que calamiteuse. ...

Nous aurions cru être répréhensibles si nous n'avions pas déféré aux invitations sérieuses qui nous ont été faites de ne

deniers du roi qui auraient été infailliblement cor

(1) Gouverneur du Languedoc.


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rons de concert avec MM. les officiers municipaux et le Comité qui leur est adjoint aux moyens de déposer le trésor en lieu sûr.

Nous aurons l'honneur de vous informer de ce qui se passe dans notre ville, de vous rendre compte de notre conduite et de vous demander vos ordres.

Nous avons l'honneur d'être avec respect

CASSANO, SAMBUCY.

L'Intendant reçoit cette lettre le 7 août au soir. Il comprend le retard, approuve les mesures prises. « Vous voudrez bien réparer, autant qu'il dépendra de vous, le retard préjudiciable au recouvrement. »

6. — A l'Hôtel de Ville de Millau, ce 4 août 1789,

à 4 h. du matin, à l'intendant (D.)

Monseigneur, « Toutes nos alarmes paraissent dissipées ; les nouvelles qui nous viennent de toutes parts sont des plus consolantes. Nous jouissions d'un calme le plus parfait, quand l'arrivée subite de Madame d'Hauterives et de sa famille qui a quitté à la hâte son château de Loupiac, près Lapanouze (1) de Séverac, nous a redonné de l'inquiétude. Elle a prétendu que les brigands étaient arrivés à St-Cosme (2), qu'ils avaient évité Rodez et qu'ils étaient prêts à fondre sur nous. Elle a assorti cette nouvelle de tant d'anecdotes que, pour tranquilliser nos habitants, nous nous sommes décidés,M. le Maire, quelques membres du Conseil de ville et moi, à passer la nuit à l'Hôtel de Ville. Nous avons dépêché plus par précaution que par crainte, par les lieux prétendus attaqués, un piquet de cavalerie qui doit être de retour dans la journée. Il ne nous est encore venu aucun avis certain des communautés prétendues attaquées ou en danger, malgré que nous fussions déjà entrés en correspondance avec elles. Cette circonstance jointe à bien d'autres me fait croire que je n'aurai rien à ajouter à ce détail que je me réserve de continuer. »

(1) A 36 k. N. de Millau.

(2) A 4 k. E. d'Espalion.


A 3 heures après-midi. « Tous nos exprès sont de retour; il nous en arrive même de toutes parts. Jamais terreur panique plus mal fondée ; à peine nous livrionsnous à la joie que des députés de Saint-Affrique sont arrivés. Ils sont venus les yeux baignés de larmes réclamer des secours. Les brigands armés avaient déjà dévasté tous leurs environs. Saint-Félix (1) était la proie des flammes ; vous ne sauriez vous faire idée, Mgr, de l'agitation de tous nos habitants. Le premier mouvement a été celui d'accorder 400 hommes. Leur départ avait plongé notre ville dans les alarmes. J'ai ouvert l'avis,avant tout,de vérifier les lieux; il a été suivi. Six hommes à cheval sont partis avec les députés qui s'en sont contentés, ainsi que de la promesse que nous leur avons faite par écrit de partir au moindre signal. Malgré la circulaire la plus rassurante, toutes les paroisses ont quitté les travaux intéressants de la campagne; les femmes, les enfants, ont déserté leurs foyers ; c'est une vraie désolation dont les suites seront irréparables. Nous tournons tous nos soins pour rétablir le calme. Dieu veuille que nous puissions y réussir.

M. de Bonald a projeté de vous écrire au nom du Conseil de Ville ; mais je doute qu'il puisse en avoir le temps. Nous ne quittons pas l'Hôtel de Ville où notre présence continue d'être, de la plus grande utilité.

Je suis, Mgr.. »

LAFAJOLE de Combettes.

7. — A Millau, le 5 août 1789, à l'Intendant (D.)

Monseigneur, « Nous fûmes avertis, samedi au soir, Ier août, par une lettre envoyée en toute diligence, par les,officiers municipaux de Meyruers,de l'approche d'une armée de brigands portant sur leurs pas le ravage et la désolation ; le lendemain, deux personnes consécutivement dépêchées demandaient du secours et annonçaient Meyrueis,à cinq lieues de nous, déjà abandonné et investi; presque au même instant des exprès dépêchés d'Espalion, Entraygues, Rodez, Sévérac, Saint-Jean de Bruel (2), portant les dépêches des consuls de plusieurs villes du haut pays d'Auvergne, nous annoncent l'apparition dans ces cantons d'une

(3) A 14. k. S-.-E. de Saint-Affrique. fi) A 41 k. E. de Millau, sur le Larzac.


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bande formidable de ces brigands, et le même jour, les lettres de Villefranche nous apprennent que plusieurs villes du Querci avaient été ravagées et que les ennemis étaient à leurs portes. Des relations aussi authentiques, des détails aussi alarmants, aussi circonstanciés, donnés même par des personnes chargées par état de veiller à la tranquillité publique, nous obligent de nous mettre en état de défense pour nous-mêmes et de protection pour nos voisins. Nous levâmes, nous formâmes, nous armâmes à la hâte une milice bourgeoise. Notre position était d'autant plus terrible que notre ville étant au centre de l'Auvergne, des Cevennes et du Querci, le point de réunion des routes de ces différentes provinces et le passage du Languedoc, c'était sur nous, que ces différentes troupes devaient se réunir et que notre population est peu nombreuse et notre ville absolument sans défense. Nous dépêchâmes sur le champ des exprès dans notre voisinage pour avertir les Communautés de se tenir sur leur garde et se préparer à recevoir ou donner du secours ; nous formâmes aussi une troupe de cavalerie destinée à se porter en avant pour reconnaître le pays et nous avertir de la marche de ces brigands ; nous établîmes des correspondances vers tous les points' et avec toutes les villes de qui nous avions reçu des avis... Le 2 août se passa dans les préparatifs et à recevoir ou à communiquer les alarmes... Le lundi 3, les nouvelles devinrent plus constantes; mais la nuit du lundi au mardi fut des plus cruelles par les faux avis que nous reçumes du côté de Laissac et de St-Genies (1) ; hier mardi, une terreur panique saisit les habitants des campa nés à 10 lieues à la ronde, se communique à Saint Affrique. On vient demander du secours. Avant de l'accorder nous envoyâmes noscavaliers à la découverte et, peu de temps après, ils revinrent avec la nouvelle que tout était tranquille, en sorte que nous sommes' aujourd'hui très persuadés que,quelle que soit l'origine et la cause de ce bruit,l'existence de ces brigands est une chimère. Notre premier soin a été de rassurer les campagnes voisines en envoyant partout des lettres et dépêchant des cavaliers pour exhorter le peuple à reprendre les travaux présents de la récolte ; mais, quoique très rassurés aujourd'hui, nous avons cru devoir accorder aux terreurs du Peuple de ne pas nous relâcher sur les

(1) Laissac, 56 k. N.-O. de Millau ; S -Geniez, rive d'Olt à 26 k. E d'Espalio


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précautions et de tenir en activité notre milice jusqu'à ce que nous trouvions le moment favorable de la licencier.

Nous avons cru, Mgr, devoir vous faire part d'un événement qui nous a obligés à des mesures hors les règles communes. Vous en voyez la nécessité et vous en approuverez la sagesse, lorsque vous saurez que, quelle que fut l'alarme du Peuple (et elle a été excessive et même dangereuse) le tocsin n'a jamais sonné, la milice n'a été rassemblée qu'une fois pour sa formation et que nous n'avons jamais tremblé que pour nos voisins.

Nous sommes, Monseigneur... »

Les officiers municipaux et commission extraordinaire de la ville de Millau en Rouergue :

De BON ALD, maire (1) ; DUFOUR, 1t de maire ; DESCURES, 1er consul; R. BESSE, consul; PALHORIÈS, consul ; BOIS, consul ; OLIER, (vicaire); BONAFOUS; Le vicomte de VESINS . DUCHÊNE; COMBETTES de LAFAJOLE ; PAPIENT ; RICHARD du ROC ; GRANDSAIGNES;MASART; DESPRADELS; E. MERCIER ;TIBAUT... Réponse de Montauban, 13 août 1789. — Approbation des mesures prises.

8. — Laissac, le 3 août 1789, à l'Intendant (D.)

Monseigneur, « Les nouvelles affligeantes qu'on m'apporta des environs de Rodez,le 1er du courant, que quatre, ou cinq mille brigands,venant de ravager le Querci, s'approchaient de Rodez et que cette ville était dans la dernière consternation, me firent prendre les moyens les plus prompts pour l'aller secourir ; dans la nuit, je ramassai environ' douze cents personnes de cette communauté ou des voisines et, à leur tête, je m'y rendis hier matin ; la ville de Rodez moins affligée que là veille par les nouvelles qu'on lui avait portées d'Entraygues que les brigands étaient dans le Poitou et poursuivis par dix mille hommes, se rassura encore.

(1) Louis-Gabriel-Ambroise, vicomte de Bonald (1754-1840), c'est le grand moralité et philosophe politique.


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bien plus sur nos forces. Nous en repartîmes le soir pour aller tranquilliser nos familles désolées. A mon arrivée, j'ai appris qu'une autre troupe de brigands qu'on dit être de 1500, ravage le Vivarais, que M. le comte de Rochefort.commandant de la province d'Alais,est parti pour Montpellier pour demander à M. le comte de Périgord des troupes.

La désolation est, Mgr, dans ces provinces, et, si ces scélérats pénètrent ici, nos forces ne sont pas suffisantes pour les repousser et moins pour les détruire. Nous sommes d'ailleurs sans armes et sans commandant.

Daignez donc, Mgr, nous faire donner du secours dans une crise aussi urgente. J'aurai au surplus le soin de vous informer successivement de tout ce qui se passera et viendra à ma connaissance,

J'ai l'honneur... »

MONESTIER, subdéléguc.

9. — Laissac, 10 août 1789, à l'Intendant (D.)

Monseigneur, Les alarmes qui nous furent données de toutes parts « le 1er du courant qui devinrent le même jour générales dans plusieurs provinces, à raison des brigands qu'on disait ravager le Poitou, le Querci, le Vivarais et être même entrés dans notre Généralité, dont le nombre augmentait à tout instant, se sont enfin dissipées, après une seconde alerte donnée le 3, dans cette contrée à dix lieues à Pentour, que les brigands étaient à ravager Saint-Cosme, petite ville de mon département.

Le même jour, cette fausse nouvelle mit également la désolation dans le Languedoc et le Gévaudan, et cependant d'après les copies des lettres que j'ai reçues des municipalités de Montpezat (1), Villefranche (2), Villefort (3) et Mende, on n'a vu en aucune part de brigands attroupés, mais seulement quelques châteaux et gerbiers incendiés par la populace.

J'ai l'honneur, Monseigneur... »

MONESTIER.

(1) Montpezat, 18 k. de Nîmes,

(2) Villefranche-de-Parat, 44 k. O. de Millau.

(3) 60 k. E. S.-E. de Mende.


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10. — Vabres (1) 3 août 1789, à l'Intendant (D.)

Monseigneur, « Des lettres qui se succèdent de moment en moment adressées aux villes du Vabrais ou à moi, annoncent des armées de brigands qui,d'un côté passent le Rhône et pénètrent dans le Vivarais et de l'autre,saccagent la ville de Caors, surprennent et dévastent Figeac, menacent Villefranche et Rodez. Cette dernière ville s'arme en diligence. Elle réclame avec instance qu'on vienne à son secours. Quelques communautés y envoient des détachements. Aujourd'hui à midi, j'apprends que des lettres de Rodez ont fait rétrograder ces troupes auxiliaires, attendu, dit-on qu'au port de Cadenat (2) on a combattu et fait périr 2.000 de ces (?) et que l'on espère d'en voir la fin.

Je crois que l'une et l'autre de ces nouvelles doit être prise au rabais, que les brigands n'étaient pas en aussi grand nombre et qu'on est bien loin, d'en avoir tué 2.000. J'augure que ce sont les malfaiteurs chassés de Bordeaux, de Toulouse et des autres grandes villes qui se gardent.

Je crois qu'on les a repoussés et qu'ils pourraient se diviser par pelotons et voila le moment du danger pour les campagnes et les petites villes qui ne seront pas sur leurs gardes. Plusieurs lettres ont dit qu'ils avaient hier dépassé Alby et saccagé le Fraisse qui en est éloigné de trois lieues et à 7 de.Vabres (3). Cette nouvelle est fausse. Mais il parait vrai qu'une troupe s'approche de l'Albigeois. D'autre part j'apprends que Montauban se tient sur ses gardes et qu'il a fait apporter des munitions de Toulouse. J'aurais bien désiré recevoir une de vos lettres par le courrier de ce soir.

Millau, Saint-Affrique agissent prudemment en formant une garde bourgeoise qui fait exactement la patrouille. On la fera également à Vabres et nous tâcherons de nous entendre avec St- Affrique. Le malheur c'est qu'il n'y a ici ni là,ni dans aucun de nos bourgs,excepté à Camarès.(4) presque aucune arme à.feu. On a tant et si souvent désarmé sans juste motif le bourgeois et le paysan qu'il ne reste presque aucun

(1 A 4 K. S. O. de Saint-Affrique.

(2) Capdenac.

(3) A 30 K. N. E. de Castres.

(4) A 23 K, S. de Saint-Affrique.


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fusil dans le pays, excepté dans les mains de la canaille qui trouve

toujours le moyen d'échapper aux règlements ; que les brigades de

maréchaussée de ce canton qui ont enlevé les armes ne les ont plus et

on n'en trouve point dans ce moment urgent. C'est un murmure, un

cri universel contre cette opération. Heureusement il est très connu

que je n'y ai jamais eu la moindre part, ni en aucune façon. Je reçois à

tout moment des demandes de toutes les villes et bourgs de mon

département,ainsi que des villages pour solliciter à grands cris quelques

armes à feu qu'on rendra ou qu'on achètera. Saint-Affrique surtout

réclame avec instance quelques fusils. On a pensé que le dépôt des

armes des soldats provinciaux appartenant à la province pouvait et

devait lui servir au besoin et ils vous supplient, Monseigneur, de leur

faire délivrer trois cents fusils avec leurs baïonnettes n'y en ayant point

dans le pays. Si vous avez égard à leur demande, je ne ferai délivrer

les armes que sur des délibérations des Communautés pour s'obliger

de les rendre en bon état dans le magasin d'où elles seront tirées et dès

que les troubles seront finis. Cela calmera et rassurera les esprits.

Quand on se croira en état de faire tête à l'ennemi, on n'en aura plus

peur. Je ne vois pas qu'il y ait (à) craindre qu'on abuse de votre

condescendance.

J'ai l'honneur... »

NEIRAC

Subdélégué.

La lettre porte une note de l'Intendant indiquant qu'il a été répondu le 6 août, à 6 h. 1/2 .du matin. L'Intendant déclare qu'il n'a pas d'armes à envoyer et il tranquillise sur les prétendus ennemis.

En août 1787, ce même subdélégué s'était plaint à l'Intendant de ce désarmement malencontreux qui livrait les paysans au danger des brigands et des bêtes féroces. A propos d'un loup enragé qui avait, autour de Murasson, village tout voisin, mordu beaucoup de chiens et de brebis et trois personnes il écrivait : « Pareil malheur ne serait pas arrivé,si les paysans avaient été armés ». Et ce désarmement avait été ordonné par le comte de Mouchy, gouverneur de Guyenne (1) sur la plainte de seigneurs qui voulaient empêcher les paysans de chasser. Au même moment, le subdélégué de Millau faisait les mêmes plaintes

(1) Se démit en 1785.


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et citait le cas d'un paysan de sa circonscription qui avait été grillé et brûlé dans sa maison par des brigands auxquels, étant sans armes, il n'avait pu résister, Enfin le subdéléguè de Lauzerte disait : « Il y a des gentilshommes qui abusent étrangement de la facilité qu'ils trouvent à faire désarmer les paysans. Il y a deux ans que deux petits seigneurs du voisinage exercèrent une espèce de despotisme sur tous les habitants de leurs paroisses indifféremment. Et la maréchaussée les contraignit à lui remettre leurs fusils et à payer l'amende et tout cela sur de simples ordres de M. le comte d'Esparbès. »

Ces seigneurs agissaient, en vertu de leurs droits féodaux parmi lesquels ils comptaient le droit de chasse qui était cependant un droit du roi. L'intendant décida qu'il fallait distinguer entre le port d'armés qui devait être restreint et le droit d'avoir chez soi des armes qui devait être à tous. Et sur ces instances, le baron de Breteuil par une ordonnance du 3 août 1787, décida que toutes les personnes reconnues honorables et d'humeur tranquille pourraient garder chez elles des armes afin de se défendre contre les brigands et les bêtes sauvages (1).

11.— Vabres, 7 août 1789, à l'Intendant (D.) '

« Nous eûmes le 4 de ce mois une vive alerté. A onze heures,un envoyé de St-Affrique vint, de la part du corps de ville, annoncer que des brigands très nombreux avaient saccagé Saint-Félix de Sorgues (à 3 petites lieues de Saint-Affrique) qu'on les en avait vus sortir en armes, laissant ce bourg couvert de fumée, qu'on avait même entendu plusieurs décharges et qu'ils prenaient le chemin de Saint-Affrique. Tel fut le rapport d'un voyageur qui avait l'imagination pleine de brigands. Il croit les voir ; il revient à toute bride et jette l'épouvante dans St-Affrique, Nous avons beau prouver que ce ne peut être qu'une terreur panique, un autre habitant de Saint Affrique, plus alarmé,revient encore pour demander sur le champ du secours de notre part et celui des communautés voisines. Il fait sonner le tocsin et nous n'avons rien de mieux à faire que d'armer, comme l'ont peut, à la hâte, une soixantaine d'hommes de bonne volonté. On donna aux uns des fusils et des munitions, et, à défaut d'armes à feu, les autres prirent des sabres, des faux, des serpes. Notre troupe arriva à Saint-Affrique en bon ordre. Elle promet qu'avant le soir il viendra de nouveaux renforts. L'espérance et le courage renaissent ; bientôt il y a plus de 600 hommes armés ; on se

(1). C. 928.


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met en bataille et on marche en avant. On avait envoyé à la découverte et de défilé en défilé ; quelqu'un revient pour dire que l'ennemi n'est pas si prés ; .on ne le trouve aucune part. Saint-Félix est tranquille et n'a pas été saccagé ni insulté. On n'a rien vu ni en deçà ni en delà. Qu'était-ce donc qu'on avait vu?

Vraisemblablement une noce qu'on venait de bénir, accompagnée des parents respectifs et de quelques jeunes gens armés de fusils ou de pistolets qui avaient tiré quelques coups. Cependant le tocsin qu'on avait entendu avait été répété par les cloches des paroisses voisines. Il vint plusieurs petites troupes armées et, le lendemain, nous aurions eu plus de 3.000 hommes,si je n'avais envoyé partout que cette alarme était sans fondement. J'écrivis continuellement et partout pour calmer les esprits et rétablir la tranquillité. J'envoyai des copies des lettres qui viennent de tous côtés et qui assurent que ces troupes ennemies, cette armée de brigands n'existait que dans des fausses relations et dans les imaginations exaltées. Mais les malfaiteurs qu'on chasse des villes pourraient bien refluer par petits pelotons dans nos montagnes? Ils y trouveront du moins les paysans déterminés à se bien défendre.

J'ai l'honneur... Monseigneur... »

NEIRAC.

16. — Moissac, le 4 août 1789, à l'Intendant (D.) Monseigneur, « Le calme a enfin succédé à cette terreur panique qui s'était emparée des esprits et des coeurs dans toute cette vaste province et dans d'autres. Selon les avis de certains endroits, elle n'avait aucune cause,.et selon les autres, il y a eu réellement quelques bandes de voleurs qui ont pillé, mais qui a été bientôt détruite.

Quoiqu'il en soit,.on conseille de partout de se tenir sur ses gardes, et le Parlement de Toulouse a rendu un arrêt, le 1er du courant, qu'on a sans doute affiché à Montauban comme ici, qui autorise par provision les villes et Communautés à lever des milices bourgeoises, de les armer et de courir sus aux brigands, même au son du tocsin. En conséquence, on travaille ici à former des compagnies bourgeoises, mais on n'a pas de quoi les armer.

Il y a quelques années que M. le Maréchal de Richelieu ayant fait faire un désarmement général, il fut porté à l'Hôtel de Ville de Moissac environ cinq cents fusils en dépôt (1). Mais depuis ces fusils furent pris

(1) C. 783.


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par M. Desangles, prévôt de la maréchaussée et portés à Montauban. S'il y en avait il serait bon qu'on nous en fit passer quelques-uns en bon état et nos officiers municipaux s'obligeraient à les représenter à toutes ces réquisitions.

Les circonstances sont critiques et nous apprenons qu'à Toulouse la populace s'est révoltée à cause de la cherté du blé et du pain et qu'il a fallu lui résister à force ouverte. On en dit autant de Montauban. Ici le blé se soutient, au prix de 21 1. jusqu'à 22 1. le sac et chaque jour il est marché pour cette denrée. On avait diminué le pain de six deniers par livre et,samedi dernier,il fallut l'augmenter d'un denier, parce que nos négociants ont avis d'envoyer à Bordeaux de la farine en rame pour la subsistance de la ville et que cela fait que le prix de cette denrée se soutient.

Cette augmentation d'un denier causa quelque petit murmure et comme il n'y a rien de reste dans ce genre et que la récolte actuelle sera médiocre, il est à craindre que le prix de cette denrée augmentera bientôt ; et comme cela causera nécessairement une augmentation sur le pain, la populace pourra se mutiner, quoiqu'il fut bon que le prix se soutint pour les pauvres gens qui ont été obligés d'emprunter à très haut prix pour se sustenter. Il me paraît donc prudent de se tenir prêt à l'apaiser ou à la contenir ; ce qui ne pourra se faire que les armes à la main, comme on fut obligé de le faire il y a quelques années, dans un temps moins critique que celui où nous nous trouvons (1).

J'ai l'honneur d'être avec un profond respect, Mgr... »

FIEUZAL; subdélégué.

Le comte de St-Priest, ministre de l'Intérieur, envoie de Versailles le 9 août à l'Intendant une ordonnance le priant, par ordre du roi, de la faire afficher dans toutes les villes, bourgs ou villages et la faire publier au prône par les curés.

L'Intendant reçoit cette lettre officielle le 13 et il répond qu'il fera le nécessaire (16 août).

Il ajoute : « Nous n'avons heureusement, Mgr, éprouvé, dans cette Généralité, aucun des troubles qui ont affligé d'autres provinces. On y a, pendant quelques jours, été en alarmes sur les incursions dont on

(1) En 1782, C. 29.


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croyait être menacé de la part d'une troupe de brigands et dans la vue de les repousser. On a partout établi des milices bourgeoises; elles cesseront bientôt vraisemblablement d'être en activité de service, puisque la terreur est passée et que l'on a reconnu qu'elle était sans fondement. Je n'ai pas eu d'ailleurs à dire que dans mon département on ait profité de ce désordre passager pour commettre aucun attentat sur les personnes ni sur les propriétés. On a à la vérité arrêté à Caussade, M. de Cazalès,député de la noblesse de Rivière-Verdun,qui disait être en route pour se rendre à l'A. N. muni du nouveau mandat de ses commettants, concernant la suppression du pouvoir limité et impératif. Je suis informé que la municipalité de Caussade a écrit à l'A. N. pour la prier de statuer sur la liberté ou la continuité de la détention du sieur de Cazalès. Il est à désirer que l'on fasse bientôt cesser l'arrestation d'un député qui n'est prévenu d'aucun délit et dont la présence pourrait être utile, à présent qu'il est nanti de pouvoirs généraux.

Cette arrestation du comte de Cazalès est bien caractéristique de ce temps où' les pouvoirs réguliers sont sans force et où à côté et audessus d'eux se forment, par une sorte d'explosion populaire, les pouvoirs nouveaux. M. de Cazalès s'était vigoureusement opposé à la réunion des 3 Ordres et ne se croyant pas autorisé par ses commettants il courut dans sa sénéchaussée chercher des pouvoirs nouveaux ; et dès qu'il les eut, il voulut revenir à Versailles. Il fut reconnu à son passage à Caussade. La foule ameutée entoura son carrosse en criant : «Il faut le pendre ! » Les consuls Lacoste-Monlausun, Moret, Wilhiez, Souliagou, pour le sauver, le firent entrer dans la salle du Comité patriotique ; mais la populace força l'entrée et, armée de haches et de piques voulait la tête du représentant de la noblesse. Celui-ci eut beau montrer ses passeports, ses pouvoirs, son mandat, son congé, rien n'y fit. Les consuls, à leur coeur défendant, consignèrent M. de Cazalès à l'hôtel Saint-Pierre. C'était le 8 août,à 11 h. du soir. Le lendemain ils écrivirent au duc de Liancourt, président de l'Assemblée, à PoncetDelpech, leur député; mais le peuple ne désarmait pas et surveillait son prisonnier. Cazalès lui-même, le 11, envoya des courriers à Versailles, à Biron, son collègue, au ministre Necker et le 12, confiant en son


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éloquence, il réclama une réunion plénière de la garde bourgeoise. Les Consuls craignant pour lui autorisèrent seulement une entrevue, le 15, Cazalès demanda qu'on lui permit de revenir à Lastours, son château qui était tout voisin, à Réalville, pour y attendre le retour du courrier. Cette autorisation lui fut refusée. Quelques jours après il put reprendre le chemin de Versailles. (D'après Firmin Galabert et Louis Boscus : Histoire de la ville de Caussade, qui ont analysé le procèsverbal des Consuls). Montauban, 1908, Forestié, imprimeur.

Je donne enfin ce procès-verbal, sans en tirer une conclusion (1). Estce une simple coïncidence ? Avons-nous à faire à un agitateur? Le document n'a pas de suite.

L'an 1789, le 31 juillet, nous,Antoine Denugues, Jean-Carteret, Louis Lafarge et Guillaume Fourès, brigadier et cavaliers de la maréchaussée de Montauban, lieutenance de Cahors, à la résidence de Saint-Cérè, soussignés,certifions que,vers les 8 heures du matin,il y eut une alarme considérable dans la ville et dons les villages (voisins) ; tout le monde prit les armes ; nous nous armâmes et montâmes à cheval ; nous finies des patrouilles de suite dans la ville pour rassurer le public et pour éviter le désordre qui se mettait entre les citoyens. Cela fait, nous sortîmes de la. ville et fûmes dans les villages en faire de même. Au village de Saint-Jean, nous rencontrâmes, chez M. le Curé (2) un quidam mal vêtu, de mauvaise figure, qui se disait prêtre. Nous lui demandâmes son nom et d'où,il était. Il,nous dit être d'Oradour (3) en Auvergne et s'appeler C. Nous fîmes examiner ses Lettres de prêtrise par M. le Curé du dit Saint-Jean qui nous dit que c'étaient bien des Lettres de prêtrise, mais qu'il pouvait bien se faire qu'il les avait trouvées, qu'il n'avait aucun air d'un prêtre et que cet homme paraissait fort suspect. Invités par la rumeur publique de nous assurer de la personne du dit, nous l'avons arrêté et conduit dans les prisons de notre résidence, en attendant de pouvoir le transférer dans celles de la

lieutenance. (Suivent les signatures).

B. PAUMES.

(1) Dans ce village de Saint-Jean Lespinasse, est le château de Montal, qui alors était au comte de Pla de Tanes, député de la noblesse du Quercy à

l'Assemblée Nationale.

(2) Le Curé s'appelait Batut— J.-C. Viguié : Une paroisse avant la Révolution. Bulletin, T. XXXV.

(3) Canton de Pierrefort. 3


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GALERIE MÉDICALE DU LOT

PAR LE

Dr J. BERGOUNIOUX

Ancien médecin principal de l'armée

ETIENNE CLEDEL

Membre de l'Assemblée législative, de la Convention nationale et du Conseil des Cinq-Cents (1 737-1820)

Au moment où commencèrent les événements de 1789, qui devaient aboutir à la Révolution Française, beaucoup parmi les médecins et les chirurgiens du Quercy, prirent d'abord part au mouvement. Partisans de la Réformation de l'état de choses ancien, comme la bourgeoisie moyenne ou petite à laquelle ils appartenaient, s'ils n'eurent pas la popularité des avocats et des gens de loi, du reste beaucoup plus nombreux, et qui, par suite, fournirent une grande proportion des Représentants du peuple dans les assemblées locales ou. nationales, ils n'en furent pas moins fréquemment appelés dans les Conseils généraux des Communes et dans les Directoires des Districts ou du Département ou nommés à d'autres fonctions électives.

Mais, au bout de peu de temps, les modérés et les timorés d'entre eux se retirèrent, petit à petit, du terrain de plus en plus brulant de la politique. Plusieurs même, comme nous l'avons vu pour Guillaume Andral, comme nous le verrons pour le chirurgien de Cahors, J.-B. Gasc(1), et dont nous avons rencontré lés noms dans les Archives publiques, furent arrêtés comme suspects ou mis en surveillance sous l'accusation d'incivisme et de modérantisme

D'autres, au contraire, suivirent le mouvement populaire même a l'époque de sa plus grande violence et comptèrent parmi les partisans les plus déterminés du nouvel ordre de choses. A Cahors, le 14 avril

(1) Voir les notices consacrées dans cette Galerie à ces deux médecins.


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1793, Ie Directoire du Département casse, pour tiédeur politique, le Conseil général dé la Commune et nomme à sa place une Commission municipale,plus pure, dont le substitut du procureur de la Commune est un médecin chargé de bien des missions très révolutionnaires depuis 1792, et qui fait partie de la commission nommée le jour même pour établir la liste des personnes à mettre en état d'arrestation ou de surveillance. Sur cette liste figureront deux chirurgiens de Cahors (1).

Parmi les députes du Lot à l'Assemblée législative, à la Convention nationale, aux Conseils des Cinqs Cents et des Anciens, on trouve le nom de deux médecins. Aux Etats-généraux et à la Constituante, il n'y en eut pas (2).

Ces médecins furent Etienne Cledel, et Antoine Durand ; nous parlerons plus tard de ce dernier, qui n'est pas seulement intéressant par son rôle politique, mais aussi par son rôle professionnel et scientifique. Ils disparaissent des Assemblées délibérantes dans les 2 ou 3 dernières années du 18e siècle et pour trouver de nouveau un homme de l'art, parmi les représentants du Département, il faudra attendre jusqu'au 22 septembre 1889 (3).

Cledel Etienne, fils d'Etienne, bourgeois, et de dam" 1 Grandou, naquit à Alvignac, le 14 juillet 1737. Son parrain et oncle maternel, Etienne Grandou, appartenit à cette partie de la bourgeoisie, qui, urbaine ou rurale, essayait de se hausser jusqu'à la petite noblesse ; il se faisait appeler Etienne Grandou, sieur de Marbot (4). Clédel fut reçu docteur en médecine, à Montpellier, le 24 mai 1768 (5),

(1) Arch. Dép. du Lot. Sér'e. L. Reg. des Délibérations des Directoires du Département, des Districts, des Comités Révolutionnaires, Liste des reclus et des suspects, etc.

Biblioth. munic, de Cahots. Reg. des Délibérations du Conseil général de la Commune.

(2) Annre du Lot. Liste des Députés du Départ, depuis 1789.

(3) Election de député, de notre éminent collègue, le Dr Rey, aujourd'hui sénateur.

(4) Actes de l'état civil de la commune d'Alvignac, cant. de Gramat, arrond. dé Gourdon.— Nous exprimons ici toute notre gratitude à M. Branche, maire d'Alvignac, et à M- Martel, instituteur et secrétaire de la mairie, pour la. si grande obligeance qu'ils ont mise à nous fournir les renseignements tirés des Archives communales.

(5) Arch. Dép. Lot, M. 255. Tableau des médecins et chirurgiens, qui sont établis dans le Départ... dressé en exécution de la loi du 19 ventôse an XI (arrond. de Gourdon) .


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et alla exercer sa profession dans son village natal, dont aussitôt après la nouvelle organisation des Communes, il devint maire en février 1790 (1), mais il cessa bientôt de l'être pour occuper de plus hautes fonctions.

La suppression des provinces et la création des Départements entraînèrent une série d'opérations électorales pour la nomination des administrations départementales et des districts.

Le 14 juin se réunissait à Cahors l'Assemblée des Electeurs, nommés par les citoyens actifs des six Districts de Cahors. Montauban, Figeac, Lauzerte, Gourdon et Martel.

Ces électeurs et ces citoyens actifs remplissaient certaines conditions de cens et de position sociale. Ils devaient cette fois nommer les administrateurs du Département.

Ils étaient au moins au nombre de 613, chiffre de votants qu'on' rencontre dans quelques scrutins. Leurs réunions se tenaient dans l'Eglise cathédrale, à l'imitation de ce qui se passait autrefois pour les élections des Consuls qui avait lieu le Ier janvier de chaque année. Ils siégèrent du 14 au 26 juin. Il y avait deux séances par jour. Les électeurs se séparèrent ayant nommé en 3 séries de 12, 36 administrateurs à raison de 6 par district et un Procureur général syndic du département, qui fut Jean-Louis-Amable Baudus.

Le nombre des votants fut toujours élevé avec un maximum de 613 et un minimum de 484 ; mais le chiffre des voix obtenues par les élus fut parfois assez faible. Il fallut pour ainsi dire toujours, 3 tours de scrutin pouf amener un résultat et le plus grand nombre des administrateurs, ne fut nommé qu'à la majorité relative et parfois par, 167, 145, ou 124 voix seulement.

La notoriété de Cledel était déjà suffisante pour que, non seulement il fut électeur dans le canton de Gramat, qui faisait partie ou District de Martel, mais encore candidat pour une des places réservées à cette subdivision territoriale. Il obtint 209 voix et son concurrent favorisé, Magniol avocat à Gramat n'en eut que cinq de plus que lui (2).

Peu de temps après, il était plus heureux et devenait Procureur

(1) Adolphe Robert et Gaston Cougny. Diction, des Parlementaires français, t. 2, p. 1 26.

(2) Arch. Dép. Lot, Série L, Sous Série M. Elections. Procès-verbal des élections des administrateurs du Départ, en Juin 1790.


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syndic du Directoire de Martel, dont le siège fut le 4 novembre 1790, transporté à Saint-Céré, en exécution d'un arrêté du Département en date du 26 octobre (1).

Il prit du reste ses fonctions au sérieux, et son assiduité aux séances du Directoire du District est constatée par les registres de pointe ou de présence (2) et par ceux dès délibérations et des arrêtés de ce comité (3). Il était parmi les membres qui touchèrent les droits d'assistance les plus élevés. Sa correspondance avec le Département était active, principalement au sujet de l'application de la loi sur la vente des biens nationaux qu'il poursuivait avec zèle et avec persévérance (4). Et il eut été, semble-t-il, désirable dans ce cas que son nom ne fut pas compris parmi ceux des acquéreurs de ces biens (5).

Le Directoire s'assembla à Martel pour la première fois le" 25 août 1790. Dans sa seconde séance, le 15 septembre, qui fut une séance d'inauguration quelque peu, solennelle et dans laquelle, comme dans toute première réunion d'une assemblée qui se respecte, des discours furent prononcés : l'un par le président Verninac, l'autre par le procureur syndic (6).

En un style, pas toujours très pur, et qui sent son terroir, mais qui n'est cependant pas trop ampoulé ni déclamatoire, Cledel, trace une sorte de programme des travaux à accomplir, fait ses compliments aux administrateurs de l'estime dont on les a honorés en leur confiant leurs hautes et délicates.fonctions et ne leur cache pas la difficulté de leur tâche.,« S'ils n'avaient à contenter que des hommes éclairés, le langage de la raison suffirait », mais ils auront à faire « à un peuple gouverné par le préjugé, divisé par les intérêts et opposé d'opinions (sic) ». Du reste il est difficile de contenter tout le monde.

(1) Ibid., L, 333. Registre des Délibérations du District de Martel. Délib. du 30 octobre 1 790. .

(2) Ibid., L, 328. Extraits du Reg. de pointe des Districts de St-Céré.

(3) Ibid., L, 329 à 335. Reg. des Délibérations et des pétitions du même District.

(4) Arch. Dép. du Lot, Série L, 118, 1 19,122. Correspondance des Procureurs des Districts avec le procureur général syndic du Département.

(5) Ibid. Registres du relevé des paiements des biens nationaux (non classés).

(6) Ibid., L. 333. Séance du 1 5 septembre 1790. Reg. des Dé ib. du Directoire du District de Martel.


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Il y aura un grand nombre d'impôts à supporter et à répartir, ce qui sera rendu malaisé, en partie « parla charge horrible de la féodalité ». L'agriculture est sans vigueur (on serait tenté de dire déjà !) Le commerce est nul. On végète dans un état de léthargie ; mais les lumières et le courage du Directoire viendront à bout de ces difficultés ; on en est encore à l'âge d'or des illusions et on ne doute point qu'il suffira aux délégués nommés par le peuple en cette première année de la Liberté, de vouloir, pour faire bientôt luire les jours ensoleillés du bonheur après lesquels il semble qu'on soupire encore.

Le terrain du district est de bonne qualité. La rivière qui le traverse est susceptible d'être rendue navigable, Les villes qui en font partie peuvent par leur position devenir le siège d'industries florissantes. « Vous attirerez les arts, dit Cledel à ses collègues, vous faciliterez le commerce et améliorerez l'agriculture ». Il faudra du temps mais ils auront montré la route à leurs successeurs.

Pour lui, il donnera à ses collègues des preuves de son dévouement; il les aidera dans l'accomplissement de leur tâche. Il commettra sans doute des fautes, vu son inexpérience; mais on daignera le plaindre dans ses erreurs, sans jamais accuser son coeur.

Les discours prononcés, le Directoire s'empresse d'aller assister à la messe du Saint-Esprit.

Puis Cledel se met régulièrement au travail, analysant les pétitions présentées au Directoire, lui transmettant sans délai, les décrets et arrêtés des autorités supérieures, surveillant la tranquillité du pays, que troublent bientôt quelques désordres occasionnés par l'application de la loi sur la Constitution civile du clergé, la vente des biens ecclésiastiques mobiliers et immobiliers, la fonte des cloches et l'envoi a la monnaie de Toulouse de l'argenterie des églises et des couvents supprimés. Il ne serait pas de son temps s'il ne faisait porter aux prêtres insermentés la responsabilité des troubles et des querelles de village.

Cependant ses propositions et ses réquisitions sont toujours calmes, s'efforcent d'être équitables, sont rédigées avec sagesse et indiquent un esprit d'abord pondéré et impartial, mais qui s'anime, comme celui de bien d'autres au fur et à mesure que les événements se précipitent (1).

Nous retrouvons Cledel parmi les électeurs réunis à Cahors du

(1) Arch. Dép. du Lot. Série L, 329 à 33


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27 février au 4 mars 1791 pour procéder à la nomination de l'Evéque constitutionnel,du Procureur syndic du Département en remplacement de Baudus démissionnaire à la suite de la Constitution civile du clergé et d'un juge et d'un suppléant au tribunal de cassation (1).

Quelques mois plus tard, l'assemblée électorale tenait.sa première séance le 25 août 1791 pour désigner les dix députés , et les trois suppléants qui devaient faire partie de.la 1re législature de l'Assemblée Législative (2). Les Constituants n'étant pas rééligibles, ces élections allaient faire apparaître des hommes nouveaux plus avancés et plus inexpérimentés, pour la plupart, que leurs prédécesseurs.

L'Assemblée générale, après avoir quitté l'église de la Daurade, trouvée trop exiguë, eut lieu à la ci devant église des Augustins. Les 4 bureaux entre lesquels se répartirent les électeurs étaient aux Augustins(3), au Collège (4), à la Daurade (5) et a Sainte-Ursule (6).

Parmi ces électeurs, nommés eux-mêmes dans les Assemblées primaires, étaient, pour le District de Saint-Céré, Cledel le procureur syndic et un Cledel de la Valette.

Comme en 1790, les nominations ne furent faites pour chaque,candidat qu'au 3e tour de scrutin. Le nombre des votants varia de 512 à 259.

E. Cledel fut candidat pour la 9e et la 10eplace de député, il fut battu par Guillou, de Saint-Vincent et Brugoux, de Saint-Cirgues.

Le 4 septembre, Cledel « citoyen d'Alvignac, procureur syndic de Saint-Céré », était élu au 3e tour premier suppléant, par 182 suffrages sur 313 exprimés, contre Linars, juge de paix de Carlucet. Les 2e et 3e suppléants obtinrent 174 et 141 voix sur 275 et 300 votants. On procéda ensuite à la nomination du président, de l'accusateur

(1) Ibid. Série L, sous série M. Elections. Procès-cerbaux des séances de l'Assemblée électoiàle du Départ, convoquée le 27 février 1791,pour procéder à la nomination de l'Evéque du Département.

(2) Ibid. Procès-verbaux-pour la nomination des Députés à l'Assemblée Législative, manuscrits et imprimés chez Richard, imprimeur à Cahors.

(3) Eglise des Augustins, aujourd'hui maison particulière, rue des Augustins

n° 4.

(4) Le collège : c'est le lycée actuel.

(5) Eglise de la Daurade : démolie, s'élevait dans le jardin de la Préfecture. ■

(6) Eglise du couvent de Saint-Ursule : démolie Une partie de ce couvent est de nos jours, celui des Carmélites.


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public,et du greffier du tribunal criminel, de deux hauts-jurés à la Hautecour ; du premier syndic et de dix-huit administrateurs du département,dont les 5 derniers nommés à la majorité relative, n'obtinrent que 69, 66, 61 et même 49 suffrages. Et on ne peut s'empêcher de remarquer combien faible était la majorité de ces électeurs, censitaires et au 2e degré, qui donnait à certains hommes le pouvoir de tout changer dans l'organisation-pluri séculaire de la France.

La mort du Maréchal de camp Dupuy-Montbrun, membre de l'Assemblée Législative, y fit entrer Cledel le 30 avril 1792; mais il ne s'y rendit que quelques jours après. Il signait encore le 5 mai le registre de présence du Directoire de Saint-Céré (1).

Un de ses derniers actes comme procureur syndic fut la proposition qu'il fit à ce comité le 3 mai, de donner à une rue ou à une place de la ville le nom de Mirabeau. Il la faisait sur la demande de la Société des Amis de la Constitution de Saint-Céré. Cette Société l'avait d'abord soumise à la municipalité, qui montra de la tiédeur et de l'indifférence à ce sujet et parut vouloir attendre que l'exemple fut donné par d'autres villes avant de prendre une décision.

Cledel fait savoir que la Société « toujours attentive à savoir les « moyens propres à étendre les sentiments de patriotisme, a cru qu'un « des plus essentiels était de payer le plus tôt possible le juste tribut « de reconnaissance que les différents peuples de la terre doivent à « l'illustre Mirabeau, à l'homme fameux auteur de notre constitution « et par conséquent de notre bonheur. Je vous prie,.Messieurs, ajoute« t-il- et vous requiers que vous preniez un délibéré conforme au voeu « de la Société des Amis de la Constitution, sans avoir égard à la « réponse de la municipalité ; qu'il soit pris de suite des mesures con« venables pour laisser cette marque visible de l'hommage, qui sera « une preuve de leurs soins à transmettre à la postérité les monuments « qui puissent lui imprimer l'amour de la patrie. Je conclus que le « quai des Récollets soit destiné à cet objet d'utilité publique et qu'à « l'avenir il soit appelé le quai de Mirabeau; fasse le ciel que les mânes « de ce grand homme puissent y paraître souvent et enflammer les « passants de ce même feu sacré qui lui a tout fait sacrifier pour le « bonheur de ses frères.

(1) Arch. Dép. du t ot. Série L, 328.


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Le Directoire applaudit et accepte la proposition de Cledel à la diligence duquel il laissé le soin.de faire.apposer trois plaques aux endroits qu'il indique (1).

Mirabeau était mort le 2 avril 1791 ; le 4, ses cendres avaient été transportées au Panthéon, où elles devaient rester jusqu'au Décret du 5 frimaire an II (27 novembre 1793), qui d'ailleurs ne devait être exécuté que le 21 septembre 1794, par lequel la Convention ordonnait qu'elles seraient misés hors du temple de la reconnaissance nationale et remplacées par celles de Marat. Le 3 mai 1791, la France tout entière était sous l'impression profonde que lui avait causée la mort du grand tribun, et Cledel pas plus qu'Elle ne croyait encore à « la grande trahison de M. de Mirabeau ».

Son élection à la Convention, le 5 septembre 1792, eut lieu par acclamation, comme cela fut fait pour d'autres députés dans quelques Départements, les Hautes-Pyrénées par exemple (1).

Les élections étaient faites en exécution de la loi du 12 août 1792. Comme la Législative, la Convention devait avoir 749 députés, élus pas des électeurs au 2° degré, nommés eux mêmes, non plus par les citoyens actifs de 1790, mais par tous les citoyens, sauf les domestiques, âgés de 21 ans et réunis dans des Assemblées primaires, tenues le 26 août. Les électeurs devaient dans chaque Département se rassembler dans une ville désignée par un tableau annexée à la Loi. Pour le Lot, qui devait avoir comme précédemment 10 députés et 3 suppléants, cette réunion devait se faire à Montauban et non à Cahors. La raison de ce changement du lieu de l'élection était peut être dans cette particularité que « les procès-verbaux des trois sections du District de Cahors obligeaient leurs électeurs à n'accorder aux députés à la Convention nationale que des pouvoirs limités et renfermés dans les bornes de la Constitution décrétée aux années 1789, 1790, 1791, »

La commission de vérification des pouvoirs proposait de renvoyer les dits électeurs par devant leurs assemblées primaires pour obtenir une ampliation de leurs pouvoirs. Mais l'Assemblée électorale « jugea

(1) Arch. Dép. du Lot. Série L, 330. Second Registre des Pétitions examinées par le Directoire du District de Saint-Céré, f° ,75.

(1) Dr Miquel Dalton. Les médecins dans l'histoire de la Récolution. Parisi Société française d'Imprimerie et de Librairie. 1904, p. 41.


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«que les mandats impératifs de ces trois Assemblées primaires ne « pouvant lier la totalité du Département, il n'y avait lieu à délibérer « sur la proposition des commissaires. Sur quoi la séance fut levée et « renvoyée au lendemain ». Cahors était peut-être suspect et indigne d'être le siège de l'Assemblée électorale.

Les temps avaient marché. On s'en aperçoit par les procès-verbaux de. l'Assemblée rédigés dans le style déclamatoire et pseudo-classique du temps. Ils n'ont plus la longueur de l'inexpérience et le formalisme juridique de ceux de 1790 ou le calme et la sécheresse de ceux de 1791. On sent que les électeurs ont été nommés sous la pression des clubs, dans lesquels sévissait l'éloquence ampoulée que l'on sait : imitation en carricature des « Conciones » qu'avaient feuilleté tous les bourgeois un peu lettrés de l'époque.

L'Assemblée électorale se réunit le 2 septembre. Les esprits étaient tout échauffés du récit d'une des premières grandes journées révolutionnaires, celle du 10 août et si l'Assemblée voulait, au lieu d'être houleuse et bruyante, faire silence et tendre l'oreille dans la direction de Paris, elle pouvait entendre, dans l'éloignement, les gémissements et les râles des ennemis à l'intérieur dont le massacre commençait, ce jour même, à l'Abbaye, à la Force, aux Carmes, à la Conciergerie, au Châtelet et ailleurs encore.

Son président est Jean Bon-Saint-André. Il la pousse dans la voie des résolutions audacieuses et répond par des harangues enflammées aux harangues grandiloquentes des gardes nationaux et des délégués -du Club des Amis de la Liberté de Montauban, qui pénètrent dans le lieu de la réunion des électeurs, l'église Notre-Dame, comme défileront à la barre de la Convention les sections patriotes de Paris. L'Assemblée interrompra même ses séances, pour assister avec les Amis de la Liberté à la plantation d'un arbre commémoratif devant la porte de l'Eglise.

Le public est admis. Mais pour garantir aux électeurs le calme et la dignité qui doivent présider à leurs travaux, ils seront séparés du public par une clôture ; et cette clôture sera un ruban tricolore, séparation morale, qui suffira à la sagesse du peuple.

Le 5 septembre, la vérification des pouvoirs après formation du bureau étant terminée, on va procéder comme autrefois au scrutin pour la nomination des députés. Mais un électeur enthousiaste ne l'entend pas ainsi. Il demande la parole et s'écrie que « MM. Labois-


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« sière et Clédel, les seuls députés du Département du Lot qui soient « demeurés invariablement fidèles à la cause de la Liberté, méritaient « de recevoir une marque honorable de la confiance de leurs conci« toyens. et qu'en conséquence, attendu, que l'Assemblée électorale. « n'était pas astreinte à suivre la forme du scrutin, que d'ailleurs cette « forme lente s'accordait mal avec la vivacité du sentiment qu'inspi« raient aux amis de la patrie le zèle.et la persévérance de MM. Cledel « et Laboissière, il proposait de les nommer, par acclamation, députés « à la Convention nationale». L'assemblée s'est levée tout entière et par « par un mouvement digne d'elle, elle a déclaré qu'elle les nommait « députés du département du Loi à la Conventionnationale ».

Elle charge alors les membres du bureau de lui présenter le projet d'une adresse « aux membres courageux et incorruptibles de l'Assem« blée Législative pour leur témoigner les sentiments que lui a inspi« rés leur généreux civisme ».

Elle décide ensuite de procéder aux nominations qui restent à faire, en faisant usage du scrutin dans les bureaux entre lesquels elle se partagera.

Le 6 septembre, au milieu d'une séance orageuse, on revient sur la décision prise la veille, et au lieu du scrutin, on emploiera le vote a haute voix après appel nominal : au moins ainsi, tout le monde devra avoir le courage de son opinion et personne ne pourra se dérober sous le voile honteux: du suffrage secret. Les élections seront plus franches et plus pures et la bonne voie sera plus surement suivie par les timides et les hésitants.

On introduit aussitôt après une députation de la garde nationale de Montauban ayant a sa tête le chef de la Légion qui se fait son interprête. Le Colonel rappelle à l'assemblée l'importance et la grandeur des fonctions que lui a déléguées le peuple, son souverain, et il dit : « Le choix que vous avez fait indique assez celui que vous allez faire « et si l'hommage éclatant que vous venez de rendre au patriotisme « incorruptible des Laboissière et des Cledel au milieu de leur carrière « honore leurs vertus, la reconnaissance de tous les français en sera le « prix, lorsqu'ils l'auront irréprochablement terminée.

« La ligne de démarcation que vous allez tracer entre ces défenseurs « de nos droits et leurs exécrables collègues nous présentera d'un coté , « la gloire des premiers et de l'autre l'opprobre et l'infamie de ceux « qui ont lâchement trahi leurs commettants en faisant peut être un


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« trafic odieux de la Liberté et de l'Egalité qu'ils leur avaient confiées « pour les défendre jusqu'à la mort ».

L'insinuation n'est pas bienveillante et pourrait avoir en ces temps troublés de facheuses conséquences.

L'orateur demande enfin des Législateurs sans culottes. Il est couvert d'applaudissements. Le président lui répond sur le même mode et regarde avec lui comme honorable le nom de « sans culottes ». que par dérision et mépris les aristocrates donnent aux amis de la Liberté. L'assemblée fut dissoute le II septembre 1792. Le 10, le président avait lu une adresse aux citoyens du Département pour leur indiquer les voies à suivre par eux et celle dans laquelle devaient s'engager leurs députés et une adresse aux membres fidèles de la Législative, Cledel et Laboissière.

« Législateurs ».

« Vous avez défendu courageusement la patrie. Vous l'avez sauvée.

« Les bons citoyens rendent hommage à votre civisme et à vos vertus.

« Dans cette nuit (1) qui eut pu devenir désastreuse, mais que le génie

« protecteur de la France a rendu si avantageuse pour elle, vous vous

« êtes élevés au dessus de vous même et vos décrets réorganisateurs

« ont préparé cette Convention nationale, qui va faire justice d'un

« pouvoir exécutif parricide et réformer les vues d'une constitution que

« ses auteurs avaient préparée pour être dans la main d'un monarque

« pervers l'arme oppressive de la Liberté. Intrépides Législateurs,

« vous serez encore les défenseurs des droits du peuple dans la Con«

Con« nationale. Les députés que nous venons de nommer se réu«

réu« à vous pour écraser la tyrannie et l'anéantir sans retour. Le

« peuple français vous observe. Il sent que vous méritez sa confiance

« et il attend de vous de nouveaux sacrifices. Vous répondrez à son

« attente. Il vous demande ce que vous avez juré de maintenir : la

« Liberté et l'Egalité dans toute sa plénitude » (2).

Le médecin d'Alvignac ne joua qu'un rôle obscur dans les assemblées

(1) Nuit du 10 août pendant laquelle on suspendit la royauté qui fut abolie le 21 septembre 1792.

(2) Arch. départ, du Lot. Série L. Sous série M. Elections. Procès verbal de l'assemblée électorale du départ, du Lot pour la nomination des députés à la Convention nationale du 2 septembre 1792, l'an 4e de la Liberté, la 1re de l'Egalité et jours suivants.


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dont il fit partie (1). A la Convention il sort de l'ombre, le jour il vient expliquer son vote dans le procès de Louis XVI. Il vota la mort sans sursis. Comme tous les autres députés,il prononça dans cette occasion solennelle un discours explicatif de la sentence qu'il rendait; par ordre de la Convention, tous ces. discours furent imprimés.

Cledel accuse Louis Capet d'avoir toujours été opposé à toute réforme. Il n'a convoqué les Etats généraux que parce que l'assemblée des Notables n'avait pu trouver le moyen de combler le Déficit créé par les prodigalités et les gaspillages de la Cour, et les dépenses énormes du ci-devant Régime, malgré les Impôts écrasants qui pesaient sur le peuple. Sa conduite n'a été qu'hypocrisie, jusqu'au jour où il a essayé de s'enfuir après avoir appelé en France, les armées des puissances coalisées. Il n'a jamais accepté sincèrement la Constitution, à. laquelle il n'a juré fidélité qu'avec l'espoir de la renverser. C'est un traître dont les crimes méritent la mort promptemerit et sans appel au peuple. On ne peut supposer que le vrai Souverain, le peuple français puisse lui faire grâce, comme il en a, et seul, le droit « cette pensée serait un « crime, le souverain ne peut vouloir sa « propre destruction ». Louis " est coupable du crime de lèse-nation . »

Cledel est « fort de sa conscience » et de la « pureté de ses intentions ».. Il ne croit pas que, dans l'espèce, il faille suivre les formalités ordinaires de la justice « qui ne sont utiles que dans le cas où l'inno« cence pourrait être victime. Il n'a eu devant lui que le salut public, " et son âme n'a été agitée d'autre crainte que celle du danger de la « Liberté et de la chose publique » (2).

Après le 9 thermidor, il approuva la proscription et la, mort de Robespierre et de ses partisans.

Aux temps heroïques de la Convention moins en vue que ses confrères et collègues médecins comme lui. Bô, de Mur de Barrez (Aveyron), Eliè Lacoste de Montignac (Dordogne), et Taillefer de Domme (Dordogne), et que ses compatriotes Cavaignac et Jean Bon-St-André,

(1) Pendant qu'il était membre de la Convention, Cledel demeurait à Paris, rue de Lille, faubourg Saint-Germain, n°38. — Dr A. Chereau. Les médecins à la Convention dans la Chronique Médicale du Dr Cabanes, année 1896, p. 303.

(2) Bibl. Municipale de Cahors 5.010 B/G 1.406. Opinion d'Etiénne Cledel, député du départ, du Lot sur le jugement de Louis Capet. Imprimée par ordre de la Convention Nationale.


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il ne joua pas comme eux le rôle de proconsul dans les Départements ou aux armées du Nord, des Pyrénées Orientales, de Meurthe et Moselle, et sur la flotte qui quitta Brest, avec le Vengeur, sous les ordres, de Villaret-Joyeuse. Il ne fut, envoyé aux missions à l'intérieur, qu'en des temps plus calmes où l'on était à l'apaisement.

Le 8 frimaire an III, (28 novembre 1794), sur la proposition de Clause! et l'avis du Comité de Sureté générale, la Convention décrétait que Cledel se rendrait en mission dans les départements de la Vienne, de la Haute-Vienne et de la Creuse (1). Et celui-ci rendait compte de Boussac, le 27 pluviose an III, (15 février 1795), que les troubles qui s'étaient élevés à Magnac, district du Dorat, Haute-Vienne, étaient apaisés (2). Il écrit du Dorat le 10 ventose an III, (28 février 1795), « qu'il a réduit au silence les ennemis de la Liberté et les factieux, « qu'il a surveillé les fanatiques, qu'il a tenté d'opérer une reconcilia" tion entre les vrais patriotes, les bons citoyens, comprimés et décou« ragés par les ennemis de l'ordre, les intrigants, les terroristes et les « royalistes, qui se faisaient mutuellement la guerre.

« Aussitôt que l'esprit de la Convention a été mieux connu, les tur« bulents ont été couverts de honte, le patriotisme a repris son énergie « et les paroles de paix et d'union ont été, accueillies avec enthousiasme « dans les' assemblées du peuple, qui sent l'utilité et la nécessité de la « concorde, et de la tranquillité et a juré de la maintenir » (3).

On ne pouvait parler avec plus de modération ; quelques mois avant, on aurait dit « de modérantisme » et on eut risqué de n'être approuvé ni de la Convention ni des Comités populaires.

Cledel se réjouissait des heureux effets de la Liberté du commerce : — on venait d'abolir la loi sur le maximum (4). — « Le grain abondait

Rappelons le vote émis par les divers conventionnels du Lot sur cette question : — Bouygues, la Réclusion ; Albouys et Salléles, la Réclusion et le bonnissement à la paix : jean Bon-Saint-André, Cavaignac. Cledel, Laboissière. Monmayou : la mort ; Delbrel, la mort avec sursis ; Cayla, absent par maladie. (1) F. A. Aulard. Recueil des actes du Comité du Salut public avec la correspondance officielle des représentants en mission etc. T. XVIII, p. 403.

(2) Ibidem. T. XX. p. 300.

(3) Ibidem. T. XX, p. 600.

(4) Loi du 4 nivôse an III, (34 décembre 1794).


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dans certaines communes où « la disette était, effrayante, il y a peu de « jours. Les citoyens compatissants et généreux organisent des caisses « pour faire vendre, aux pauvres le pain moins cher qu'il ne coutait » et en citoyen philosophe de son siècle le, représentant en mission « a engagé l'homme, sensible à contribuer de tous ses moyens à cet honorable sacrifice ». Les pays qu'il traverse sont pauvres, surtout dans la Creuse où ils ont été éprouvés par la grêle ; il y aurait utilité à envoyer et dans une forte proportion les fonds destinés par la Convention au soulagement des indigents et à les distribuer (1).

Le 24. ventose an III, (14 mars 1795), il intervient auprès du Comité de Salut public en faveur d'une citoyenne Nexon « ci-devant soeur de la Charité ». Elle n'a certainement pas eu l'intention de refuser de prêter le serment de l'Egalité et de là Liberté. Elle a de la bonne volonté. Ne pourrait-elle pas le prêter aujourd'hui ? Il demande des instructions à ce sujet (2)..

Déjà en l'an II, et nous le savons par une. lettre de l'agent national du District de Cahors, le médecin Lagasquie, aux administrateurs du Département en date du 9 fructidor. (26 août 1794, Cledel écrit à son collègue Paganel, pour demander l'élargissement d'un prêtre du nom de Clarety, détenu au ci-devant séminaire, en se basant, sur ce que celui-ci n'exerçant aucune fonction et ne percevant aucun traitemement depuis longtemps avant la Révolution, il n'était pas sujet à la loi du 30 avril, Paganel transmet à Bô, alors dans le Lot, la lettre de Cledel. Bô fut de l'avis de ce dernier et malgré les objections de Lagasquie, Clarety fut mis en liberté (3).

Ce n'est pas seulement après les événements de Thermidor qu'il eut cette attitude, le 8 mai 1795, if écrit de Paris au Directoire du département pour attester le civisme d'un ancien major d'infanterie, partisan d'ailleurs de la Révolution et qui eut même un commandement dans la garde nationale, Maillie, fils d'un des deux derniers professeurs de médecine de l'Université de Cahors, qu'on avait inscrit sur la liste des émigrés en raison d'une absence prolongée de Cahors. Cledel assure,

(1) Rec act. Comité Salut public. T.,XX, p. 600:

(2) Ibidem. T. XXI, p. 60.

(3) Arch départ, du Lot..Série L.-76.

Les conventionnels Paganel et Bô étaient alors en mission dans le Lot et les Départements voisins,


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pour rendre hommage à la vérité, que Mailhe sort de chez lui, qu'il le rencontre fréquemment autour du lien des séances de la Convention, qu'il a souvent parlé avec lui des événements contemporains, et qu'il lui aparu « seulement affecté de l'indiscipline de nos troupes qui doivent combattre contre des troupes bien disciplinées ». Il garantit que Mailhe demande son passeport pour rentrer à Cahors et convaincre les autorités de son pays qu'il n'a pas émigré (1).

Ces démarches répétées jettent de la clarté sur le fonds du caractère de Cledel.

A Paris en messidor an III, comme au Dorat en ventôse, il regarde les terroristes comme des ennemis de l'ordre et signe la lettre suivante envoyée le 20 du mois (8 juillet 1795) aux administrateurs par la députation du Lot et écrite de la main de Laboissière :

« Citoyens,

« La Société populaire de Montauban ne cesse de réclamer un Représentant du peuple, pour mettre de l'ordre dans cette ville qu'elle prétend être encore obsédée par des terroristes et autres personnes mal intentionnées.

« Vous pouvez faire en vertu des lois que vous devez connaître ce que ferait, un Représentant du peuple. S'il y a dans le département des mauvais sujets qui troublent l'ordre public, la députation vous invite et vous recommande expressément d'user des moyens que la loi vous a confiés.

« Salut et fraternité.

« Signé : Laboissière, Cledel, Monmayou, Delbrel, (2). »

A l'expiration de ses pouvoirs la Convention qui devait se séparer le 4 brumaire an IV (26 octobre 1795), avait décidé pour assurer la durée de son oeuvre, en face de la réaction puissante qui se dessinait, que les deux tiers des députés aux nouveaux Conseils des Cinq-cents et des Anciens, créés par la Constitution de l'an III, seraient obligatoirement choisis parmi ses anciens membres par le suffrage restreint et censitaire qu'elle organisait. Ces élections eurent lieu du 20 au 29 vendemiaire an IV (12 au 21 octobre 1795). Elles envoyèrent Cledel au Conseil des

(1) Ibidem. Série L.-74.

(2) Ibid. Série L. 74.


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Cinq-cents, malgré ses 58 ans, qui auraient dû, semble-t-il. le faire entrer au Conseil des Anciens,mais il y avait des élus plus âgés que lui soit dans le département du Lot, dont une scission d'après le Dr Miquel Dalton et lé Dictionnaire des parlementaires, le nomma par 106 voix, soit dans celui de la Haute-Vienne dont il fut le député d'après M. Aulard (1).

Les opinions de Cledel au Conseil des Cinq-cents ne fraîchirent point, et s'il n'aimait point les terroristes il n'en restait pas moins républicain avancé, il signa le 8 floréal an IV (27 avril 1796) une lettre envoyée de Paris aux administrateurs et au commissaire du Directoire exécutif du département du Lot, par les représentants, Laboissière, Cledel, Monmayou et Cavaignac. Dans cette missive ils' accusaient réception de pièces concernant des fonctionnaires destitués, pour leurs sentiments réactionnaires, et qu'ils venaient de remettre à la' police générale'. Ils avaient l'espoir que le Gouvernement « ne ferait pas un pas rétrogradé qui serait une faiblesse», Les personnes destituées faisaient des démarches, mais ils pensaient bien qu'elles seraient infructueuses (2).

Le renouvellement des Conseils, dont lès membres étaient élus pour trois ans, devait être annuel, partiel et triennal. Le sort désigna Cledef

(1) Le Dr Miquel Dalthon, loc. cit ,p. 87,le fait élire par une scission du Lot. Ces scissions ne furent pas rares à celle époque, ni en l'an V, ni même en l'an VI. (Série L. Sous-série M. Elections. Arch. départ, du Lot). Quand un certain nombre d'électeurs n'étaient pas satisfaits d'un scrutin, ils se réunissaient à part et faisaient de nouvelles élections.

D'après la note 1 de la page 403 du T. 1 8.du Recueil des actes du Comité du Salut public, de M. Aulard, Cledel fut élu en l'an IV député au Conseil des Cinqcents par le départ, de la Haute—Vienne.

Dans son Histoire politique de la Révolution française. (Paris, A.Colin;. 1901), à la page 577, M. Aulard dit qu'en l'an IV les opérations électorales» se passèrent « paisiblement sans irrégularités,sauf dans deux départements le Doubs et le Lot. « ailles républicains avancés mécontents des premiers résultais, firent scission et « constituèrent en face de l'assemblée mère, une assemblée rivale qui nomma « Une autre députation. Mais le corps législatif n'admit que les députés nom« mes par les assemblées mères ». Cledel n'aurait donc pas été élu dans le Lot. La question ne peut être résolue avec les ressources locales, car le dossier des élections, déjà cité, qui est aux Arch. du Lot, contient bien les procès verbaux des élections départementales de 1790. (Administrateurs du département) 1791. (Assemblée législative) 1792. (Convention) de l'an V, de l'an VI et de l'an VII. (Anciens et Cinq cents), mais ceux des élections de l'an III. (Renouvellement du tiers de la Convention) et de l'an IV manquent.

(2) Arch. départ. Lot. Série L 147 4


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pour être soumis à la réélection en l'an VI. Il ne fut pas renvoyé aux Cinq-cents,, où il avait tenu un rôle effacé et muet (1).

En l'an VII ont lieu de nouvelles élections du 20 au 29 germinal (10 au 19 avril 1799). L'assemblée fut tenue à Cahors dans la ci-devant Eglise du Collège. Cledel se mit plusieurs fois sur les rangs des candidats mais n'obtint qu'un médiocre succès. Le 20 sur 378 votants, il obtenait 6 voix pour être nommé président définitif de l'assemblée électorale, alors que son ami Laboissière, l'élu par acclamation, comme lui même, à la Convention nationale en avait 108, sans être élu d'ailleurs. Le 23, il est écarté du nombre des scrutateturs : son nom ne réunissant que 43 suffrages au Ier tour ; 23 au 2e et 1 au 3e, sur .384. Au moment du choix des députés aux Anciens et aux Cinq cents ; le 26, on lui donna une fois neuf voix. Il était moins heureux que son confrère Durand, médecin à Cahors, élu aux anciens au 1er tour (2).

C'en était donc fini des acclamations du 2 septembre 1792. Les électeurs faisaient appel à des hommes moins compromis et plus conservateurs.

Il disparait alors de la scène politique et rentre à Alvignac. Il y occupe bientôt le poste d'Inspecteur des Eaux minérales de Miers dont les sources sont à égale distance de ces villages. Ces places créées par la déclaration du roi du 26 mai 1780 et un arrêt du Conseil du 5 mai 1781, furent rétablies par le décret du 29 floréal an VII (18 mai 1799) : la police des eaux ayant cessé d'être exercée depuis 1791, ou ayant été attribuée aux municipalités. Ces Inspecteurs, qu'on appelait Intendants sous l'ancien régime, étaient préposés à la conservation des sources, à leur entretien etc. (3).

Cledel vécut sous l'Empire et la première. Restauration dans le calme et l'obscurité. Il fut maire d'Alvignac pendant 13 ans consécutifs et les actes civils de la Commune portent, sauf quelques-uns, sa signature depuis le 6 messidor de l'an 13 de la République et le premier de l'Empire jusqu'au 26 octobre 181 5 (4). Il était donc maire pendant les cent jours. Mais à peine cette période troublée de notre histoire s'était(1)

s'était(1) Série L. Sous-série M. Elections de l'an VI.

(2) Ibid. Ibid. an VII. .

(3) Dict. Encycl.des Sci.-Méd. de Dechambre.— Art. Eaux minérales, p. 656.

(4) Communication de M. Mortel, instituteur a Alvignac.


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elle écoulée, qu'il était destitué et qu'il était menacé dans la jouissance de son poste d'Inspecteur des Eaux.

Le 4 août 1815, un médecin de Saint-Céré, qui d'après un certificat du maire de cette ville avait donné des preuves de son dévouement absolu aux Bourbons et avait été volontaire royal le 15 mars 1815, demandait à prendre la place de l'ancien conventionnel à la station minérale de Miers. En octobre, à ce premier postulant s'en joignaient deux autres, un docteur en médecine et un officier de santé de l'arrondissement de Figeac. Le 18 de ce dernier mois, le chef dé bureau qui avait dans ses attributions au ministère les Eaux minérales; écrivait au Ministre de l'Intérieur, Vienot de Vaublanc : « des motifs dont « Votre Excellence appréciera la gravité, m'engagent à lui proposer « de retirer à M. Cleydel, médecin, la place d'Inspecteur des Eaux « minérales de Miers. Ce vieillard, âgé de 80 ans, laisse depuis long" temps cet établissement dans un abandon absolu, et il joint à l'im« puissance de bien faire, une réputation justement odieuse aux per« sonnes honnêtes de ce pays ; c'est un des votants régicides et sa « conduite dans ces derniers temps ne s'est pas démentie ».

Ces derniers mots semblent faire croire que Cledel prit dans les limites de son étroite sphère, une part active aux affaires pendant les Cent jours. Il fut d'ailleurs compris parmi les personnes visées à. l'article 7 de la loi du 12 janvier 1816 dite « Loi d'Amnistie » et qui s'appliquait aux régicides « qui au mépris d'une clémence presque sans bornes avaient voté pour l'article additionnel ou accepté des fonctions de l'usurpateur ». C'était, par ce fait, des ennemis irréconciliables de la France et du Gouvernement légitime. Ils étaient bannis du Royaume à perpétuité. Ils devaient en sortir dans le délai d'un mois sous les peines portées par l'article 53 du Code pénal. Ils ne pouvaient y jouir d'aucun droit civil.

Cledel obtint cependant en raison de son grand âge et de ses infirmirtès, un sursis provisoire, en 1816, qui devint définitif en 1818 (1).

Dès le 18 décembre 1815, le Dr Cledel était remplacé dans ses fonctions par Ordonnance royale et le 19 décembre le préfet Lezay-Marnesia le prévenait qu'il avait cessé d'être titulaire de sa place. Au mois de mars 1816, le 19, le ministre s'étonnait auprès du Préfet

(1) Dict. des parlementaires art. Cledel et Miquel Dalton, loc. cit., p. 95.


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qu'on n'eut pas encore destitué ce médecin Inspecteur des Eaux et le Préfet répondait :.« J'ai le droit de me plaindre, moi même, de la personne qui s'est permis d'inculper ma conduite et dont les intentions, sont d'autant plus blamâbles qu'il s'agissait de remplacer un régicide, comme si je n'avais pas provoqué moi-même la destitution de ce régicide d'un emploi plus important (celui de maire d'Alvignac sans doute) et comme si je n'avais pas provoqué, a son égard, des mesures qu'on a jugées trop sévères » (i). Il y avait donc encore des gens qui se souvenaient avec reconnaissance des services que Cledel avait rendus alors qu'il était détenteur d'une portion du pouvoir souverain et que les temps étaient difficiles pour certaines catégories de français. Le sursis accordé à Cledel était évidemment justifié. II lui permit de mourir isolé et célibataire le 16 septembre 1820 à 10 heures du soir, dans sa maison de Cantecor, située dans le Causse stérile, qui occupe la partie Nord-Est de la commune d'Alvignac, sur la limite de la commune de Miers et non loin de la source minérale. Son acte de décès le fait mourir à 87 ans, les témoins étaient mal informés, c'est à 83 ans environ qu'ils auraient dû dire (2).

(J.) Aux archives départ, du Lot, il y a Série M.. 258, nos 4 et 5. Un dossier de plusieurs pièces concernant la destitution de Cledel.

(2) Le Dr Miquel Dalton, loc. cit. p. 95, fait mourir Cledel à Gramat le 26 septembre 1820 Les tables décennales de cette commune de 1813 à 1823 déposées aux Arch. départ, ne font mention d'aucun autre décès d'un Cledel, que de celui d'une Cledel Perreile à la date du 1er octobre 1817.

La note de la page 403 du T. XVIII du rec. des actes du Comité du Salut public de M. Aulard le fait mourir à Alvignae le 20 septembre 1820. Ici le lieu est exact, mais la date ne l'est pas plus que celle donnée par M. Miquel Dalton.

Dans les actes de l'Etat civil d'Alvignac de 1813 à 1823, on ne trouve qu'un acte de décès se rapportant à Cledel et c'est le suivant :

« Décè de Cleder Aitienne, n° 10.

« L'an mil huit cent vingt et le seize septembre à l'heure de dix du soir, par « devant nous Jean-Pierre Solinnac, maire et officier de l'état civil de la commune « d'Alvignac, canton de Gramat, arrondissement de Gourdon, département du « Lot sont comparus Jean Darnis âgé de quarante ans et Jean Batut âgé de cin« quante ans, tous les deux propriétaires et habitants du présent bourg, lesquels « nous ont déclaré que le seize septembre à l'heure de dix du soir, Cleder Aitienne « et décédé dans sa maison situé au vilage de Cantecor sus dite commune, âgé de « quatre vaient sept ans, d'après toute la déclaration faite je me suis transporté « auprès du cadavre pour me rassuré de la vérité, j'ai dresé le présent et fait " lecture, les témoins on dit ne savoir sinié.

Signé: SOLHINAC, maire.

Encore dans ce document le nom de Cledel est-il orthographié Cleder, on retrouve cette orthographe au Bulletin des Lois. T..I, p. 533. Cleder de représentant du peuple) est envoyé en mission dans les départ, de la Haute-Vienne et de la Creuse. 8 frimaire an 3.


Poèmes : Images du Pays

L'ABREUVOIR

Au ras des causses gris s'amincit le soir rouge. Des chênes, un bouquet de pins noirs ; rien ne bouge. C'est l'heure où les grands boeufs fatigués des labours Viennent,lourds et puissants, à la chute des jours, Vers l'étang solitaire et grossi par l'orage Incliner leurs fronts roux couronnés de feuillage... Ils arrivent avec lenteur des chemins creux, Conduits par un enfant qui siffle devant eux Et parfois, les touchant de l'aiguillon sauvage, Guide leur magnifique et conscient servage. Ils viennent à la file au bord de l'abreuvoir. Et, quand le fin croissant tremble dans sou miroir, Ils mugissent, le cou tendu vers cette eau fraîche, Se demandant quel,boeuf, broutant loin de sa crèche Le près glauque et mouvant qui dans la source dort, Vers leur muffle marbré lève ses cornes d'or...

LE LABOUREUR

C'est un ancêtre — un grand vieillard de terre cuite, Rasé, le béret bleu pointu sur le front bas ; Il regarde, du seuil sculpté dé son vieux mas, Songeant à ses blés murs, les nuages en fuite.

La moisson de ses jours fut rudement conduite : Il a planté la vigne, il a dressé les gas ; Mais il veut féconder jusqu'au soir du trépas Le sol qu'il fait plus beau pour y dormir ensuite.

Tel se dresse le fier meneur des boeufs sacrés, Avec sa blouse noire aux vingt boutons nacrés. Une âme grave et bonne hante ce corps robuste ;

Et sur sa face brune aux gros sourcils noueux Ridée et crevassée, ainsi qu'en un champ frustre, Fleurissent les bleuets paisibles de ses yeux...'

EMMANUEL AEGERTER.


Le Meunier de chez nous...

Comme toute province, autrefois, le Quercy Pour les ajustements paysans avait sa mode... Mais, hélas ! le progrès veut que l'on s'accommode Plus prosaïquement... On n'a plus le souci

De rester de chez soi par la blaude ou la jupe... Casque à mèche, bonnet sont tombés, le mouchoir Lui-même est sur le point de tout à fait déchoir... A ressemblera tous chaque rural s'occupe...

Un seul garde pourtant son air particulier ; Au moulin la semaine, au café le dimanche, Il porte béret blanc, gilet blanc, blouse blanche, Pantalon de gros drap gris clair : c'est le meunier !

Du rival d'Arlequin s'il a de loin la mine, Il n'a pas l'anémie... Il fait claquer son fouet A grand fracas : pour lui le sac est un jouet ; Sa joue a des couleurs roses sous la farine...

Comme un pommier en fleurs illumine au printemps Le courtil tout entier de sa blancheur trop vive ; Ou comme, sur les prés, éclate une lessive, Le meunier, en passant, fait tache sur les champs.

Il apporte un sourire aux laideurs de la foire Et tranche sur le flot des meneurs de brebis Et des toucheurs de boeufs ; près des neutres habits Du laboureur, les siens ont un air de victoire.

Le larmier, d'ailleurs, est un homme de bruit : Pour signaler à temps sa venue au village, Vingt clochettes sur son mulet font leur tapage Et l'essieu de son char s'entend de loin, la nuit...

Son moulin est souvent une ancienne demeure ; Il appartint jadis au maître du château ; La porte est blasonnée au milieu du linteau ; La fenêtre à, meneaux que la meunière effleure


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De ses cheveux poudrés à frimas, a grand air.. Sous son lierre, le mur est en pierre de taille ; On dirait un rempart, mieux fait pour la bataille Que pour mirer sans fin son pied dans le flot clair...

Qu'il ait ce beau logis ou bien quelque chaumière, Au toit bas, qu'un écran de saules cache aux yeux; Le meunier met sa roue en marché et vit joyeux, Promenant près des eaux, sa blancheur coutumière...

L'étang nourrit pour lui carpes, tanches, goujons, Dont il fait au marché de, coquets bénéfices ; AUX ruisselets voisins il prend leurs écrevisses ; Sa nasse sait traquer l'anguille dans les joncs...

La besogne au moulin se fait, vaille que vaille,

Seule... Le farinier, taquinant le poisson,

Se dit : « Le métayer se tue. à la moisson,

«Aux semailles; au fond, c'est pour moi qu'il travaille!»

Quand le dur soleil d'août a trop longtemps brûlé Le Causse, le ruisseau se sèche dans la combe; Alors, le meunier part, un soir, quand la nuit tombe Et s'en va vers le Lot, la Gère ou le Célé.

L'homme blanc, son mulet suivent la route blanche Longtemps; l'un se fatigue et l'autre est altéré... Par bonheur, chaque bourg présente un cabaret Et la soif du meunier, dix fois par jour, s'étanche,..

Ainsi, portant des sacs, courant les grands chemins, Au clic-clac de son fouet, au tin-tin des clochettes, Le maître du moulin est de toutes les fêtes... Son costume et son bruit ravissent, les gamins ;

Quand passe le char blanc, ils suivent son sillage ; Ils clament sa venue en redoublant de cris... Avec sa blouse blanche et son pantalon gris Le meunier quercinois est le roi du village !

Eugène GRANGIE,


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Hommage à Lavayssière. — Castelfranc, 7 mai 1911. Broch. in-8 de 60 p. Gravures hors texte. (Publié par le Comité du monument de Castelfranc. — Saumur, imp. moderne, Coubard.

LABRY (Raoul), — La Cathédrale de Cahors. 1 vol. g. in-8 de 104 pages, orné de 17 gravures. 1 fr. 50.— Cahors, imp. Coueslant.

M. Labry ne croit pas que notre Cathédrale soit antérieure à celle de St-Front de Périgueux. Les coupoles et leur structure et la largeur de la nef lui révèlent un art plus complet, plus éprouvé. Aussi bien ce point d'histoire ne l'arrête pas. Ce qu'il a voulu traduire, c'est une émotion d'artiste, l'impression profonde que donne cette masse harmonieuse malgré le disparate du style. C'est surtout le charme pénétrant qui sort des ornements et des figures que trois générations d'imagiers ont dessinés pour l'édification ou le divertisssement des croyants et des amoureux de l'art. Qui voudra connaître notre « Saint-Etienne » et en savourer l'ingénieuse diversité et l'imprévu devra suivre les pas de M. Labry. Jamais description plus menue et plus exacte, interprétation plus spirituelle et plus juste n'avaient été tentées. Le tympan du portail nord est finement analysé ; les nervures et les supports si variés, parfois manières du beau cloître ont été suivis jusqu'au plus menu rinceau. M. Labry connaît parfaitement les conditions de l'art et son langage ; il a une sensibilité vive, une vision très aiguë et son style est alerte, — Des Annales du Midi. T. XXIV. B. PAUMES.

LACOMBE (P.). — L'Appropriation du sol. Essai sur le passage de la propriété collective à la propriété privée; par Paul Lacombe. Coulommiers, imp. P. Brodard. Paris, libr. A. Colin. 1912. Petit in-8, VIII- 411 p.; 5 fr..

MALRIEU (J.). — La Terre des chênes, poème quercynois. Uxellodunum (fragment) ; par J. Malrieu. Cahors, imp. A. Coueslant ; Girma, édit. 1912. In-8. 4 p.; 25 cent.

MOLLAT (abbé S.). — Jean XXII (1316-1334). Lettres communes analysées d'après les registres dits d'Avignon et du Vatican ; par G. Mollat, ancien chapelain de Saint-Louis-desFrançais de Rome, 14e fascicule. T. 6 : feuilles 40 à 60, pages 313 à 480. Châtillon-sur-Seine, imp. A. Pichat. Paris, libr. Fontemoing et Cie. 1911. In-4, p. 313 à 480. 12 fr. 60.


Bibliothèque des écoles françaises d'Athènes et de Rome, publiée sous les auspices du ministère de l'instruction publique. 3e série, 1 bis. Lettres communes des papes d'Avignon analysées d'après les registres du Vatican par les chapelains de Saint-Louis-des-Français, à Rome . Les Papes d'Avignon. — Paris. J. Gabalda. 1912. In-12 XVI-424 p. 3 fr.50.

Bibliothèque de l'Enseignement de l'histoire Ecclésiastique.

PAUMES (B.). — Cabrerets; Conférence faite à Cabrerets le 11 mai 1911, aux membres de l'Association des anciennes élèves du collège de jeunes filles de Cahors ; par B. Paumes, professeur d'histeire au lycée Gambetta. Cahors, imp. J. Bergon. 1911. In-18, 23 p:

ROUSSEL-DESPIERRES (F.). — La Hiérarchie des principes et des problèmes sociaux ; par Fr. Roussel-Despierres. Tours, imp. Deslis frères et Cie. Paris, librairie F. Alcan. 1912. In-8, 248 p.

VIRÉ (C). — Cuplues, Pieds humains, Menhir et Polissoirs des environs de Lorrez-le-Bocage (Seine-et-Marne); par Camille Viré. Le Mans, imp. Monnoyer, 1912. In-8, 8 p. avec 6 fig. Extrait du " Bulletin de la Société préhistorique française », séance du 55 janvier 1912.

VIRE (A.). — Discours prononcés par M. Armand Viré, à l'occasion du septième congrès préhistorique et à la Société préhistorique française (1911-1912). Le Mans, imp. Monnoyer. 1912, In-8, 23 p. avec fig.

Congrès (septième) préhistorique de France, session de Nîmes, 1911. Extrait du Congres et Bulletin préhistorique. — L'Art paléolithique. Conférence de vulgarisation faite à l'occasion du septième congrès préhistorique à Nîmes ; par M. Armand Viré. Le Mans, imp. Monnoyer. 1912. In-8, 15 p. avec 6 fig. Congrès (septième) prehistorique de France, session de Nîmes, 1911. — VIRE (A.). — Poterie hallstattienne aux « Igues de Magnague », commune de Carennac (Lot) ; par Armand Viré (de Paris). Le Mans, imp. Monnoyer. 1912. In-8, 4 p. avec fig.


— 272 —

Extrait du « Bulletin de la Société préhistorique française », séance du 29 mars 1912. — Poterie plombaginée de la Grotte bâtie, à Saint-Sozy

(Lot) ; par Armand Viré (de Paris). Le Mans, imp. Monnoyer. 1912. In-8, 2 p. avec 1 fig.

Extrait du « Bulletin de la Société préhistorique française », séance du 25 avril 1912. — Réemploi de haches polies cassées à l'usage ; par

Camille Viré (Bordj-Menaiel, Algérie). Le Mans, imp. Monnoyer. 1912, In-8, 2 p. avec fig.

Extrait du «Bulletin de la Société préhistorique française », séance du 29 mars 1912, — Sur la cinquième année d'activité de la commission

d'étude des enceintes préhistoriques et fortifications arhistoriques de la Société préhistorique française par M. Armand Viré, docteur ès sciences, président de la commission, avec tables des matières contenues dans les rapports mensuels 41-50. (5e année, 1910-1911). Le Mans, imp. Monnoyer. 1912. In-8, 16 p.

Extrait du a Congrès préhistorique de France », 6e session, Nîmes, 1911.

MUSIQUE

MARGIS (A.).—Au fil du rêve, intermezzo pour piano. Net, 2 fr. Paris, édition Almar.

— Je t'avais donné mon coeur, mélodie, pour barytonmezzo. Poésie de Jules Viers Lafforgue. Avec accompagnement de piano. Paris, édition Almar, 21, rue de Provence.

— Réveil, marche. Paroles de Maurice de Marsan. Avec accompagnement de piano. Net, 2 fr. Paris, édition Almar, 21, rue de Provence. J. GIRMA.


- 273 — PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

DE LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDES DU LOT

PENDANT LE 4e TRIMESTRE DE 1912

Séance du 7 octobre 1912 Présidence de M. l' abbé VIGUIE, président semestriel

Étaient présents : MM. Billières, Combes, Crudy, Daymard, Foissac, Gary, Girma, Lamoure, G. Martin. Paumes, Rames, St-Marty, capitaine Soulages, Albe.

M. le Président fait part de la mort de M. Falret de Tuile qui avait été élu membre correspondant à la dernière séance, à la fin de juillet. C'est un adhérent distingué dont nous sommes privés. Après avoir exercé de hautes fonctions dans l'État, il s'était retiré à Marcilhac, son pays d'origine et il consacrait une large part de sa fortune aux pauvres et à la belle et antique église abbatiale du village. La Société s'associe au deuil de la famille et lui envoie ses condoléances émues.

Les vacances ont amené sur le bureau de notre Secrétaire général un stock considérable de publications variées, dont quelques-unes contiennent des articles qui intéressent notre région. C'est d'abord une invitation qui nous parvient des États-Unis. Le Président du « Rice Institut » nous invite à l'inauguration de la nouvelle Université fondée à Houston (Texas), qui doit se célébrer les 10, 11, 12, 13 octobre Courant. — Le n0 de juin 1912 du Bulletin de la Société agricole et industrielle du Lot renferme, sous ce titre, « l' Époque des vendanges» (1730-1789), des notes de notre jeune collègue M. Lamoure, qui a fouillé les anciens registres communaux de Puy l'Evêque, et pu se rendre compte que les saisons n'étaient pas moins capricieuses autrefois qu'aujourd'hui. — Un groupe de Quercynois de Paris, lou Calel, vient de fonder, sous le même nom, un « recueil publié par les hommes de lettres et artistes du Quercy ». On remarque dans le premier numéro (juillet) la pièce charmante de M. Jules Lafforgue sur « le Calel ». Cette association se propose de publier un choix de poésies d'Olivier de Magny, publication fort utile, parce que peu de personnes connaissent ce poète. Recueil et


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publication sont annoncées dans le numéro de juillet-août de la Revue du Traditionnisme.

La Revue de l'Agenais continue le travail de M. J.-R. Marboutin sur « le château de Gastelnoubel» et les Durfort.— Le Bulletin de la Société des sciences et lettres de la Corrèze (Tulle) publie une nouvelle édition de la monographie de M. Eusèbe Bombai sur le château et la seigneurie de Merle, qui intéresse le Quercy par les familles dont il est fait mention : Vayrac, Grenier de Laborie, etc. — La Revue archéologique du Midi (Toulouse), en sa nouvelle série, n° 39, renferme une charte de 1261 ( avec photographie de cette charte), qui délimite les vicomtés de Bruniquel et de Montclar, publication du colonel de Bourdes; et une note de M. Adher sur « un fief de l'abbaye (il faut lire doyenné) de Cayrac ». — Dans la Revue de la Haute-Auvergne (2e fasc. de 1912) à propos d'un article concernant le grand ouvrage de M. le chanoine Leclerc, de Limoges, sur l'abbaye de Grandmont, il est fait mention de quelques élèves du collège de Mauriac en 1632, originaires de Martel ou des environs.— Le Recueil de l'Académie... de Tarn-et-Garonne nous intéresse par deux articles de M. l'abbé P. Guilhem « noies sur l'histoire de l'Académie de Montauban » extraites du registre des prix d'agriculture fondés en 1777 par l'abbé de la,Tour; et une élude sur, «Terre d'Oc» d'Emile Pouvillon. — Enfin M. le Secrétaire général signale plusieurs articles du Bulletin de la Société archéologique de Tarn et Garonne (1er trimestre 1911) : de M. l'abbé Dacen « l'Inquisition albigeoise dans le Montalbanais » , à l'occasion d'un travail de M. l'abbé Albe paru dans la Revue d'histoire de l'Eglise de France; de M. l'abbé F. Laborie « les subdélégations de Caussade en 1764 », document utile pour connaître l'état du Bas-Quercy à celte époque; de M. Henry de France « la traite foraine d'Auvillar et les transports des vins » où il est question souvent des vins du Quercy, etc., etc.

Diverses publications sont offertes à la Société des Etudes, qui en remercie très cordialement les auteurs : de. M. Labry, sa remarquable élude artistique sur la Cathédrale de Cahors ; de M. Fourgoux : Voyage pittoresque dans le Cantal et l' abbaye de Conques et la Cathédrale d'Albi; de M. Alph. Roux : les Tendances nouvelles de la littérature; de M. Armand Viré, plusieurs brochures, relatant ses dernières découvertes préhistoriques dans le Lot, et son discours comme président du dernier Congrès prehistoriqus de Nîmes,

La Société aura à statuer à sa prochaine réunion sur l'admission de deux nouveaux candidats ; le général Bataille, commandant la 81e


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brigade à Remiremont, présenté par MM. Girma. et Daymard; le conteur Léon Lafage, présenté par MM. Girma et Paumes.

M l'abbé Foissac, a trouvé, dans ses recherches au fonds, des études de notaires, la date très approximative dé la construction de plusieurs églises du diocèse St-Cirq-la-Popie, entre 1522 et 1538; Récollets de Saint-Céré, entre 1658 et 1661; Gagnac (reconstruction) vers 1637. Un article bibliographique du Bulletin de la Société archéologique du Tarn-et-Garonne, sur le petit livre de l'abbé U. Cabrol concernant la révolte des Croquants en Rouergue, amène M. Crudy à nous donner communication de notes extrêmement curieuses, retrouvées par lui au milieu des précieux papiers Greil, sur les Croquants en Quercy et leur défaite définitive entre Cahors et Figeac ; le 7 juin 1624 (d'après une brochure du temps, aujourd'hui introuvable, quelque peu tendancieuse).

M. Ludovic de Valon, membre du bureau de la Société archéologique de Brive et membre de notre Société, qui, ce jour là, avait bien voulu assister à; noire réunion, communique, par l'intermédiaire de M. Albe, la charte des privilèges de la bastide de Tauriac, — C'est-à-dire Puybrun, — accordée par l'abbé de Delon en mai 1282 (parchemin du temps).

Enfin M. le Président rappelle la découverte heureuse, par M. Noël Valois, dans le manuscrit 3290 du fonds latin de la Bibliothèque Nationale, de quelques sermons de Jean .XXII, prononcés dans sa chapelle privée .Cela l'amène à parler d'un traité, de médecine, attribué à notre illustre compatriote, et qui aurait été le premier ouvrage imprimé à Anvers en 1476.

Séance du 21 octobre 1912

Présidence de M. l'abbé VIGUIÉ, président semestriel.

Etaient présents : MM, Billières, Daymard, Combarieu, abbés Bessières et Gary, lieutenants Tourné et de Chomereau, Raines,Dr Bergougnoux, Saint-Marty, Grangié, commandant St-Eloi, Crudy, Martin, Paumes.

M, le Secrétaire général signale parmi les publications reçues. Dans le Bulletin Archéologique du Tarn-et-Garonne, fasc. 2: de M., le chanoine Albe : Les Carmes à Lauzerte (l250) ; de M. Taillefer: Fondation de la Confrérie de St-Eutrope dans l'Eglise de St-Michel de Montaigu. (1642) ; fasc. 3 du Chanoine Albe : L'aliénation du Temporel des Bénéfices, dans le Piocèse de Cahors, à la fin du XVIe siècle ; fasc. 4; de M. Sémezies •


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une note bibliographique concernant le travail de M.E. Depeyre paru dans notre Bulletin, La Défection de Murat en 1814 ; de M. Galabert : Une Sédition à Lacapelle-Livron en 1562 ; de M. Taillefer : Rotation d une Chambrière de Marguerite de Valois (11 août 1590) ; de M. Lalande : Communication d'un rapport fait sous le Consulat par Grenard autorisant la concession à la commune de Moissac du cloître du ci devant chapitre pour la construction d'un lavoir public : Le Gouvernement propose d'en autoriser la vente moyennant 200 livres.

Il lit enfin la chronique qu'a écrite M. Paumes dans le dernier numéro des Annales du Midi (T. XXIV) et qui apprécie dans sa plus grande partie des travaux faits par les membres de notre Société.

M. le docteur Bergougnoux fait don à la Société du tirage à part d'un article de lui lu à la Société Française d'Histoire de la Médecine. C'est le testament de Dardenne, médecin à Cahors au XVIIIe siècle, qui lègue 3.000 francs pour l'entretien de 2 lits à l'hôpital des Incurables de St - Projet ( école actuelle de la rue du Lycée). Il prie l'Evéque de réserver ces lits à des médecins et chirurgiens ou apothicaires dans le besoin.

M. Daymard signale le rapport que M. Fouràstié, archiviste du département, a présenté au Conseil général. Il y est question de trouvailles faites dans les archives des communes et du département qui révèlent l'activité toujours éclairée de notre confrère.

M. le général Bataille et M. Léon Lafage écrivain de renom, tous deux nos compatriotes, sont élus membres correspondants à l'unanimité.

MM. Billières et Paumes proposent, à titre aussi de membre correspondant, M. le docteur Pelissié de Luzech.

M. Grangié fait connaître : 1° Une lettre de M. Delmas, notre nouveau confrère de Marcilhac, qui signale la découverte sur le plateau du Pendant, près de Lauzès, d'un gouffre qui semble considérable. M. Paumes qui a été témoin de la descente courageuse du jeune Fourès dans le gouffre donne des détails assez explicites et l'on émet le désir que des spécialistes, comme notre confrère M. Viré, s'attachent à son exploration.

2° Une lettre de M. Viré qui propose de faire une conférence au théâtre sous les auspices du Syndicat d'initiative et de notre Société.

La Société très heureuse de celle proposition décide cette conférence pour le 6 décembre, à 8 h. 1/2 du soir.

MM. Rames et Grangié sont chargés d'en préparer l'organisation.

M. Paumes fait savoir que le Comité d'initiative de Luzech désirerait reprendre la question de la position d'Uxellodunum. Il invite la Société


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à une excursion sûr l'Impernal ou la Pistoule. La Société, sans rien préjuger, se rendra à cette invitation, le jeudi 7 et M. Viré sera prié de nous accompagner.

M. l'abbé Viguié signale que M. Falret de Tuile, qui est resté si peu de temps notre confrère, a laissé par testament un capital de 10 000 fr. dont les arrérages serviront à l'entretien de la belle église de Marcilhac. M. Falret de Tuile aux oeuvres de charité ajoutait depuis longtemps ses soucis de conservation archéologique. C'est à ses instances que l'on doit la restauration de cette vieille église abbatiale.

Séonce du5 novembre 1912

Présidence de M. l'abbé VIGUIE, président semestriel.

Etaient présents : MM. Bergougnoux, chanoine Bessières, Billières, Bosc, Combarieu, Crudy, Cugnac, Daymard, Foissac, chanoine Gary, Gisbert, Grangié; Labry. Paumes, Rames, Redon, lieutenant Tourné, St-Marty, Armand.Viré, Albe.

La Société des Etudes du Lot souhaite la bienvenue à M. Armand Viré qu'elle s'honore de compter parmi ses membres, et qui doit faire, le surlendemain; au théâtre de Cahors, une conférence sur les gouffres et cavernes de l'Europe; à propos d'une grande calomniée : la Pluie. Grâce au renom du savant conférencier et au zèle des délégués de la Société des Etudes et du Syndi at d'initiative, la conférence promet de réunir une foule nombreuse. On s'occupe des derniers détails; M. E. Depeyre, qui fait partie des deux groupements, accepte de présider et de présenter M. Viré. On s'occupe aussi de l'excursion qui se fera le lendemain à Luzech. Beaucoup de membres se font inscrire pour y prendre part.

M. le Secrétaire signale dans la Revue de Comminges (année 1912, 3e fasc), un article de M. Garrigues, institute ur, sur l'abbaye d'Eaunes ; il y est fait mention de notre compatriote, dom Jean de la Barrière, de Saint-Céré, fondateur de la Congrégation des Feuillants; qui fit profession, le 9 mai 1573, dans celle abbaye. Il fait connaître, d'après un des derniers numéros du Lot à Paris que l'église de Mayraguet, en la commune de Lacave, vient d'être classée parmi les monuments historiques. Enfin il signale la délibération du conseil municipal de Vayrac, qui a naguère changé les noms de certaines rues ou places de la petite ville, pour leur substituer des noms comme ceux d'Uxellodunum, Luctérius, Drapès, Jean de Vayrac, etc. 5


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M. le docleur Pélissié, de Luzech, présenté à la dernière séance, est admis comme membre non résidant à l'unanimité. MM. Viguié et Albe présentent M. l'abbé Guiral, curé de Lacabrette, qui prépare actuellement un travail important sur la Révolution dans la région de CastelnauMontralier.

M. le Président donne lecture d'un article du Journal des Papetiers, d'après un extrait du journal américain The Paper, qui indique les Coutumes de Figeac comme étant un des plus anciens documents écrits' sur papier. Ce texte que l'on dit daté de 1302 est sans doute la copie (des Archives Nationales), faite au moment de l'arrangement passé entre l'abbé de Figeac et le roi de France; car les Coutumes sont certainement plus anciennes.

M. Bergougnoux nous donne un autre tableau de sa Galerie médicale du Lot, en nous faisant connaître les travaux du chirurgien Demeaux (1816 -1887), notamment sur la hernie. L'intérêt de cette biographie réside surtout dans ceci que le savant médecin a passé la plus grande partie de sa vie dans un petit, coin de notre province (Issudel; où il était né, et Puy-l' Evêque, dont il fut conseiller général).

La ville de Prayssac se prépare à célébrer l'an prochain, avec beaucoup de solennité, l'anniversaire de la mort glorieuse du maréchal Bessières, duc d'Istrie, son illustre enfant. À cette occasion, M. l'abbé Foissac a cherché avec une patience inlassable et heureusement retrouvé une longue liste des ascendants directs et des frères et soeurs du maréchal et même plusieurs branches collatérales. M. Paumes a fait aussi de son côté des recherches et des découvertes ; il nous raconte l'enfance et la jeunesse du futur maréchal dans une élude très touillée, où les conjectures que lui suggère sa profonde connaissance du milieu complètent avec beaucoup de vraisemblance les renseignements, trop rares malgré tout, fournis par les documents d'archives. Un détail intéressant, relevé par les deux auteurs, c'est que la famille du maréchal compte de nombreux chirurgiens pendant plus d'un siècle.

M. l'abbé Taillefer envoie, pour noire bibliothèque, le manuscrit des Lettres du prieur de La Bastide-Fortanière à son vicaire, publiées en 1897 (T.XXII. p. 26) dans notre Bulletin, La Société remercie M. Taillefer de son gracieux présent.


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Séance du 17 novembre 1912 Présidence de M, l'abbé VIGUIE, président semestriel.

Etaient présents : MM. chanoine Bessières, Billières, Combes, Cugnac, Daymard, Depeyre, chanoine Gary, Grangié, Girma, Labry, Lorphelin, G. Martin, Rames, Redon, Saint-Marty, lieutenant Tourné, Albe, MM. Crudy et Paumes s'étaient fait excuser.

Il est question tout d'abord de la conférence de M. A. Viré et des excursions à Luzech et au gouffre du Pendant qui ont suivi. Le succès de la conférence, que chacun se rappelle, est prouvé matériellement par le résultat des comptes que nous présente M. Rames, trésorier. Le boni sera partagé entre la Société des Etudes, et le Syndicat d'initiative..

M, le Président lit une lettre de M. Viré à M. Grangié au sujet des subventions qu'il faudrait demander au nom de la Société des Etudes pour commencer des fouilles à l' Impernal. Il a de sérieuses chances de trouver là, sinon peut-être le mystérieux Uxellodunum, du moins un intéressant oppidum gaulois sous de nombreux débris gallo-romains.

M. l'abbé Guiral, curé de Lacabrette présenté à la dernière séance, est admis à l'unanimité, comme membre correspondant. Un nouveau membre est présenté; M. Poujade, pharmacien de Luzech, par MM. Rames et le lieutenant Tourné.

M. le Président fait connaître la date et distribue le programme du 51e congrès des Sociétés savantes de Paris et des Départements qui se tiendra à Grenoble du 13 au 17 mai 1913.

Il signale dans le Lot à Paris les articles de M. Rascouaille, de nature à faire connaître et aimer notre vieux Quercy; le dernier concerne la bastide de Montcabrier et les ruines de Pestillac. Il signale encore, dans la Revue Religieu e, le travail de M. l'abbé Foissac, sur la famille Day de Figeac, qui descendrait d'un frère de Jeanne d'Arc. M. Cavalié, notre confrère, président des Amis du vieux Figeac, lui avait signalé l'enregistrement dans les registres consulaires, (31 décembre 1709), en faveur de noble Mathieu de Day, des lettres d'anoblissement de la famille de Jeanne d'Arc. On sait que; dans ces lettres, celles de 1429, comme dans les lettres confirmatives de 1550, le père elles frères de Jeanne d'Arc sont appelés Day (prononciation lorraine, disent quelques auteurs, du nom d'Arc). Mathieu Day, ou du Lys (ce dernier nom fut pris par les frères de la Pucelle d'après les armoiries qui leur furent données par le roi), assure, dans l'acte de 1709, que ses prédécesseurs avaient fait la preuve de leur


— 280descendance,

280descendance, 12 septembre 1603, par devant Me Darnaldy, lieutenant principal, et que son père avait obtenu l'enregistrement des lettres du roi, en 1660, sur les registres du bureau de l'Election, et en 1693 sur ceux du Sénéchal. On aimerait retrouver les preuves présentées, parce que Charles du Lys, dans un Traité sommaire du nom et des armes... de la Pucelle d'Orléans (1612 et 1628) n'admet pas le nom de Day. M. Foissac, qui a étudié avec sa compétence ordinaire et son heureuse patience la généalogie des Day de Figeac, n'aura pas de repos qu'il n'ait pu retrouver la preuve du bien fondé des affirmations inscrites dans les registres consulaires.

:M. Combes continue de nous donner l'analyse des registres municipaux de Cahors pendant la Révolution (du 10 juin au 14 août 1799).

M. Albe lit une lettre imprimée trouvée parmi les archives de M. de Folmon, dans laquelle M. de Beliud de Monsec, gentilhomme de Castelnau-Montratier, raconte le duel malheureux qu'il a eu avec M. de Bonal de Laure et fait retomber sur son adversaire la responsabilité de cette affaire malheureuse, qui nous donne un aperçu des moeurs de la noblesse quercynoise à la veille de la Révolution (1779). Il lit encore, au nom de M. l'abbé Taillefer, notre confrère, une note sur « une affaire de faux en écriture publique à Lalbenque, en 1755 ». Il s'agit d'altérations graves faites au rôle de la taille.

Enfin M. le Président présente à la Société des Etudes un travail considérable de notre confrère, M. Sol, curé de Bégoux, sur « Le Clergé du Lot sous la Terreur fructidorienne ». Le temps qui s'avance ne permet pas d'en commencer là lecture. M. le Président se contente de lire la lettre dont l'auteur a accompagné son envoi et dans laquelle il explique pourquoi il a commencé, par celle période, ses études sur le Clergé du Lot pendant la Révolution.

Séance du 2 décembre 19J2 Présidence de M. l'abbé Viguié, président semestriel

Etaient présents : MM. Bergougnoux, Billières, Combarieu, Crudy, Cugnac, Daymard, Fourastié, chanoine Gary, Girma, Grangié, Lagarde, Paumes, Rames, commandant Saint-Eloi, Saint-Marty, Albe,

M. le Président salue de quelques paroles élogieuses la mémoire de notre vieux garçon de bureau, Bédué, auquel la Société des Etudes a voulu faire les honneurs comme à un de ses membres, pour reconnaître les


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services qu'il avait rendus depuis la fondation ; il annonce que la Commission d'administration a élu, pour le remplacer, M. Boyssel, ancien gendarme et ancien surveillant au Lycée.

M. le Secrétaire général dépose les publications reçues, parmi lesquelles il signale : le dernier fascicule du Bulletin de la Société Archéologique de Brive, où se trouve la fin du beau travail de M. Richard de Boysson sur l'humaniste Boyssoné (Jehan de Boysson), grand admirateur de notre Marot, ainsi qu'on le voit par les poésies qu'il a composées pour le défendre ; la fin de l'étude de M. J.- G. Coelho sur le culte de N.-D,. de Rocamadour en Portugal. Il rappelle, à l'occasion de la mort de M. Charles. Bourseul, le véritable inventeur du téléphone, que ce savant avait fait des expériences à Cahors, pendant qu'il était directeur des Postes, sous les auspices de la Société des Etudes . On trouvera dans notre Bulletin (tome VI. p. 187 et 247), le compte-rendu de ces expériences, faites les 8 juillet et 2 décembre 1878 ; la première fois il fit connaître l'appareil ordinaire de Bell ; la transmission avait lieu entre la salle de la Société et une salle du premier étage de la mairie ; la seconde fois il expérimentait un appareil expéditeur nouveau construit par lui, et la transmission se fit entre notre salle et le Château d'Eau. La Société des Etudes émet le voeu que le Conseil municipal donne le nom de ce savant, qui a honoré notre ville, à une des nouvelles rues de Cahors.

Le capitaine Lacadé et M, A.-L. Poujade, pharmacien, secrétaire du comité d'Etudes de Luzech, sont élus, à l'unanimité, le premier comme membre résidant, le second comme membre correspondant.

M. Girma dépose sur le bureau de la Société un exemplaire de son Annuaire Almanach du département du Lot pour l'année 1913, où l'on remarque, entre autres choses, une courte notice sur M. Eugène Delard, conservateur du musée Galliera, qui méritait bien sa place dans la série de Nos compatriotes, par ses romans et ses pièces de théâtre, et l'étude si délicate de M. B. Paumes sur Jean Bessières, de Prayssac, duc d' Istrie, maréchal de France, 4768-1813, dont, la Société des Etudes avait eu la primeur.

M. le Président entame la lecture du travail de M. l'abbé Sol sur Le Clergé du Lot sous la Terreur fructidorienne ; ce travail commence par un rapide résumé du coup d'Etat du 18 fructidor, dont l'intérêt consista surtout dans deux lettres communiquées à l'auteur par notre Collègue, M. Péchal, curé de l'Hôpital Saint-Jean ; c'est le récit du coup d'Etat fait par un jeune étudiant en médecine, Antoine-Laurent Murat, plus tard


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chirurgien remarquable, qui écrit à son oncle Labanie, juge au Tribunal civil de Figeac. La lecture de ces lettres, et des notes qui les accompagnent, nous vaut de nombreuses observations de M. Paumes qui connaît mieux que personne les hommes et les choses du Quercy pour toute la période révolutionnaire.

M. le docteur Bergougnoux communique une lettre de Lagasquie, agent national du district de Cahors, qui se trouvait à Paris en juillet 1793 pour des affaires du département, et qui annonce à ses amis de province, en termes que l'on devine, l'assassinat de Marat. Il signale encore, dans un livre un peu oublié malgré son intérêt, Les Mémoires d'un bourgeois de Paris, de L. Véron (tome II, p. 63), un détail assez curieux : la participation du journaliste Baudus à l'évasion de La Valette ; puis il continue la lecture, de sa Galerie médicale du Lot, dont il nous donne deux portraits très différents d'aspect: celui de Jean-François Caviole (1790-1870), plus connu peut-être comme maire de Cahors que comme médecin, bien qu'il fût membre correspondant de l'Académie de médecine, et celui d'Etienne Clédel (1737-1820), qui fut surtout un homme politique, d'ailleurs assez obscur, malgré ses idées très avancées (il vota la mort de Louis XVI sans sursis). Successivement membre de la Législative, de la Convention et des Cinq-Cents, il fut de 1800 à 1816 inspecteur des eaux minérales de Miers.|

Séance du 16 décembre 1912

Présidence de M. l'abbé VIGUIE, président semestriel

Etaient présents : MM. Bergougnoux, Billières, de Chomereau, Combarieu, Combes, Crudy, Cugnac, Depeyre, Daymard, Foissac, chanoine Gary, Girma, Grangié, Lacadé, Lamoure, MaraLuech, Paumes, Palame, Rames, Saint-Marty, Albe.

M. le Secrétaire général fait connaître l'activité déployée par le comité de Luzech au sujet des fouilles de l'Impernal et donne lecture d'une lettre qu'il a adressée, au nom de la Société des Etudes du Lot, au ministre de l'Instruction publique, pour demander une subvention en faveur de ce comité ; il demande également un secours pour que notre Société, trop pauvre, puisse publier les travaux de quelques-uns de ses membres, relatifs à la période révolutionnaire. Il fait connaître aussi la lettre qu'il adresse à M. le maire de Cahors au sujet du voeu émis à la dernière séance, de donner à une rue de Cahors le nom de Bourseul, l'inventeur du téléphone.


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Il signale , parmi les publications reçues , dans la Revue de l'Agenais, n° 5, 1912, l'article où M, Lauzun analyse le beau travail, que M. E. Labat a publié récemment dans la Revue des Deux-Mondes sur "la vocation paysanne et l' école », et qui, sur tant de points, intéresse indirectement notre région . Le dernier fascicule du Bulletin de la Société archéologique de la Corrèze ( Tulle ), comprend la suite de l'étude de M, E. Bombal sur; « la châtellenie de Merle », où certains épisodes, pour la période des guerres de religion, se rapportent à des familles du Quercy, comme les Montal et les Grenier de Laborie. ( En août 1574, prise de La Roquebrou, aux seigneurs de Montal ; en juin 1575, Gilles de Montal, blessé à mort dans un combat contre la dame de Miremont, meurt bientôt après au château de Richac ; en novembre. 1574, Henri de Grenier de Laborie est tué dans une embuscade, près dé Saint-Céré). Nous trouvons là également quelques détails sur Sainte-Fleur , religieuse de l'Hôpital-Beaulieu, qu'il croit la nièce de Foulques 1er de Merle, et sur Gasparde de Merle, dame de Laboisse, qui épousa en 1488 le cadurcien Jean d'Auriole , baron de Gramat et Seigneur de Loubressac L'auteur d'un article intitulé « Une enclave limousine du Quercy : Uxdlodunum » ayant dit qué Justel et Baluze avaient été les premiers à conjecturer que le célèbre oppidum pouvait être au Puy d'Issolud, M. Crudy nous apporte l'édition des Commentaires de César de Blaise de Vigenère, (1602), où l'on voit que, si le savant traducteur admet, comme « la plus commune opinion », que " cette ville d'Uxellodunum... est... Cadenac en Querci » , cependant il à appris de deux frères de Noailles, l'évêque de Dax et l'abbé de l'Isle « qu'assez près de Martel, sur la rivière de Dordonne, y a un lieu qui s'appelle encore, pour le jourd'huy, en langage, du pays, lou puech d'Euxollu, comme qui dirait le puy ou tertre d'Uxollu, où est encore ceste fontaine, que les Romains couppèrent aux assiégés, et la tranchée qui y fut faicte... toute apparente. Mais cela est un peu suspect... il n'y a pas de là jusqu'en Lymosin.. plus d'une lieue, ce qui convient a ce qu'il dit (Oppius) in finibus Cadurcorum...,»

M. Grangié nous lit des vers gracieux et suggestifs, comme il sait les faire quand il décrit noire pays, sur « les, meuniers quercynois ». il Communique trois belles photographies envoyées par M. Armand Viré, dont deux représentent les ruines de l'ancienne église, de Bélaye, l'autre une descente au gouffre du Pendant.

M. Albe lit une lettre de M. Hébray, lieutenant général au sénéchal de Gourdon, adressée au garde des sceaux; enfermant une plainte assez vive


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contre les prétentions du sieur Cavaignac à l'occasion des réunions électorales de mars 4789.

M. Combes continue l'analyse des registres de Cahors du 19 août au 4 octobre 1799. Une note relative à la fêle pour l'anniversaire de la fondation de la République où devait figurer un étendard pris « sur les brigands royaux », amène M. Paumès à donner d'intéressants détails sur l'insurrection royaliste de l'an VIII.

M. le Président achève la lecture du premier chapitre, d'intérêt général, du travail de M. l'abbé Sol sur « le Clergé du Lot sous la Terreur fructidorienne. ».

Séance du 23 décembre 1912 Présidence de M. l'abbé V1GUIE, président semestriel.

Etaient présents : MM. Bergougnoux, Billières, de Chomereau, Combarieu, Combes, Crudy, Cagnac, Daymard, Depeyre, Gary, Girma, Gisbert, Grangié, Lacadé, Lorphelin, Maratuech, Palame, Paumès, Rames, Redon, Saint-Marty, Albe.

M. le Secrétaire général fait connaître les bonnes réponses qu'il a reçues de M. le sénateur Rey et de M. de Monzie, député, qui promettent tous les deux leur intervention auprès du ministre pour obtenir une subvention en faveur des fouilles de l'Impernal de Luzech. M. le Président signale l'excellent article de noire; collègue, M. Raoul Labry, dans le Journal du Lot, relatif à cette question des fouilles, rempli des plus sages conseils que les membres du Comité de Luzech ont promis de suivre de leur mieux.

La Société procède au renouvellement de son Bureau pour l'année 1913. Ont été nommés :

Présidents semestriels : M. le docteur Bergougnoux et M. le chanoine Albe.

Secrétaire général: M. Crudy.

Secrétaire des séances : M. Paumes.

Secrétaire archiviste: M. Girma.

Trésorier: M. Rames.

Conseil d'administration : MM. Combes, commandant Saint-Eloi.

Commission du Bulletin : MM. Fourastié, Gisbert, Grangié, Saint-Marty.

Sur la proposition de M. Depeyre, à l'unanimité des membres présents, on décide de revenir à un excellent usage des premiers temps de


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la Société et d'avoir un banquet annuel ; et tout de suite on fixe le 18 janvier prochain pour cette réunion de confraternité. Le nouveau président, M. le Dr Bergougnoux, MM. Rames et Grangié sont chargés de l'organisation,

M. Albe lit les voeux de bonne année en vers latins que suivant: une tradition déjà fort ancienne nous envoie régulièrement la Société Archéologique du Tarn-et-Garonne. M. Grangié est prié de vouloir bien répondre au nom de la Société des Etudes du Lot dans cette forme poétique française qu'il manie avec tant de souplesse et d'élégance.

M. Viguié lit les chapitres II et III du travail de M. E. Sol sur la Terreur fructidorienne et le Clergé du Lot.

T.XXXVIIe. - 1.

P. 68. — Ier fasc, ligne 2, lire Durand de Léobard au lieu de LachèzeMurel.

P. 189.—3e fasc. La lettre 8 doit être numérotée 1 et être précédée de la division III. — Toutes les lettres suivantes prennent les rangs 2, 3, etc.

P. 194. — Ligne 3, lire Froutgous et non pas Fourgous ; ibid. lignes 5 et 18, Belv ze et non pas Belvès; ibid. ligne 18, Sept-Albres au lieu de Sept Arbres. — N. 1, à 37 au lieu de 22 k. de Montauban ; ibid., à 25 au lieu de 12 k.

P. 195. — Ligne 12, lire Lamothe-Bardegires, canton d'Auvillar, au lieu de Lamothe-Cumont, canton de Beaumont de-Lomagne.

P. 196. — Note 1, ligne 9, lire Canhac, canton de Molières, dont le recteur M. Desseaux, s'exila pendant la période révolutionnaire. — Ibid., note 2, lire Lauture, commune de Cazes-Mondenard, au lieu de Loture, commune de Castelnau.

P. 199. — Note 1, Mirabel, commune du canton de Caussade, à la distance de 11 k.


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BUREAU DE LA SOCIETE DES ETUDES

POUR L'ANNÉE 1913

Présidents semestriels MM. le Dr BERGOUGNOUX (1er semestre) ; Chanoine ALBE (2e semestre).

Secrétaire général

M. CRUOY.

Secrétaire des séances

M. PAUMES, ff A.

Archiviste-Bibliothécaire M. GIRMA, ff, I. libraire-éditeur.

Trésorier M. RAMES, rue St-Géry, Cahors.

Conseil d'administration Les membres du bureau, MM. Commandant SAINT-ELOI, ^ , COMBES ff,

Commission du Bulletin

Les membres du bureau, MM. FOURASTIÉ ff, GISBERT |f ,A. CRANGIÉ f|, A. SAINT-MARTY.


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LISTE DES MEMBRES

COMPOSANT LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDES LITTÉRAIRES, SCIENTIFIQUES ET ARTISTIQUES DU LOT

MEMBRES-NES :

Mgr l'Evéque de Cahors ;

M. le Préfet du Lot ; M, le Président du Tribunal civil ; M. le Maire de Cahors; M., l'Inspecteur d'Académie. ... Membre donateur : M. Fenaille, ^, industriel; 17, rue de l'Elysée, Paris

MEMBRES RÉSIDANTS ; MM.

1896. Albe (le chanoine), ff, A., archiviste de l' Évêché, à Cahors.

1873. Armagnac, ( comte B, d'), à Cahors. 1889. Aymard, || I,.@, M. A. docteur-médecin, à Cahors.

1910. Bergounioux, .^ 0., doct. médecin principal en retraite, à Cahors . 1907. Besse (Pierre), avocat , une Victor-Hugo, Cahors.

1893. Bessières (le chanoine), professeur à l'Ecole supérieure de Théolo.

gie, à Cahors. 1907. Billières, avoué, boulevard Gambetta, à Cahors. 4911. Bosc, instituteur, rue de la Barre, à Cahors.

1910. Chomereau (de Valentin de St-André); lieutenant au 7e de ligne,

rue Victor-Hugo, à Cahors. 1872, Combarieu (L.), 11| , @' , M. A. archiviste honoraire, à Cahors.

1872. Combes, ||, I., contrôleur de la Caisse d'épargne, à Cahors.

1874. Costes, ^,,|| I. ancien sénateur, à Cahors.

1907. Crudy, boulevard Gambetta, à Cahors.

1912. Cuniac, juge au Tribunal civil, rue de l'Hôtel de Ville.

1873. Daymard, I.1|, ingénieur des arts et manufacturés, à Cahors. 1878. Depeyre (Etienne), avocat, à Cahors,


- 288 p.

1900. Foissac (l'abbé Adrien), professeur à l'Ecole supérieure de Théologie, à Cahors. 1900. Fourastié, ff, A., archiviste départemental, à Cahors.

1912. Garric (E.), propriétaire, rue Nationale. Cahors.

1873. Gary (le chanoine), ff, A., directeur de la Revue religieuse, à Cahors.

1884. Girma (J.) ff, libraire-éditeur, à Cahors.

1903. Girma (H)., rédacteur à la préfecture du Lot, à Cahors.

1908. Gisbert, avocat, à Cahors.

1905. Grangié (Eug.), ff, A. commis dès ponts et chaussées, à Cahors.

1912. Labry, professeur au Lycée Gambetta, rue Fénelon.

1912. Lacadé, capitaine au 7e de ligne.

1912. Lacausse, ancien avoué, rue de l'Abrevoir, Cahors,

1912. Lacaze, Louis, avocat.

1912. Lamoure, instituteur à Cahors.

1911. Lorphelin, ancien receveur des domaines, place des Carmes,Cahors.

1911. Maratuech, boulevard Gambetta, Cahors.

1909. Marre, avocat, rue Feydel, à Cahors.

1902. Martin (Georges), avocat, boulevard Gambetta, à Cahors. 1900. De Monzie, ^, député du Lot, à Cahors.

192. Palame (E.), bibliothécaire de la Ville de Cahors.

1905. Paumes, L, A., professeur au Lycée Gambetta, à Cahors.

1885. Peyrissac, docteur-médecin, à Cahors.

1908. Rames, sous-ingénieur, rue Saint-Géry, à Cahors.

1906. Rougier, ff, directeur du Réformateur du Lot, à Cahors.

1906. Roussel (Charles), ^ , ancien conseiller d'Etat, ancien secrétaire

général de la chancellerie de la Légion d'Honneur, à Cahors.

1906. Saint-Eloi (le commandant) ^, à Cahors.

1911. Saint-Marty, instituteur, avenue de la Gare, Cahors.

1910. Sauvêtre, avoué, rue Victor-Hugo, à Cahors. 1900. Séguy (F.), avoué, à Cahors.

1909. Soulages, $fe, capitaine au 7e de ligne à Cahors.

1898. Toulouse, ff, A., architecte, à Cahors.

1910. Tourné, lieutenant au 7e de ligne; à Cahors.

1903. Valon (H. de),.%, M. A., avocat, à Cahors.


—.289 -

MEMBRES CORRESPONDANTS :

MAL

1911. AEgerter, Emmanuel, avocat, 3, rue de la Préfecture et. Paris, 46,

rue Gay-Lussac 1901. Allemand (l'abbé), curé de Cremps (Lot). 1875. Arnault, rue de la Madeleine, 6, Toulouse. 1906. Andrieu (Léopold), ff, A., capitaine, au 95e d'inf. à Bourges

1909. Amadieu (Ernest), à Verteilhac (Dordogne).

1903. Bar (Jos. de), à Argentat (Corrèze) et rue Martignac 5, à Paris.

1898. Bastide, ^ , docteur-médecin, à Tunis.

1912, Général Bataille, commandant la 81e brigade, à Remiremont. 1908. Bibliothèque de Moissac.

1897. Bladier, ff, A., 38, rue des Menuts, Bordeaux.

1887. Blanc (Joseph), ff L, docteur en droit, receveur particulier des

finances, à Saint-Affrique (Aveyron). 1911. Born, professeur à l'Ecole libre de Gourdon. 1887. Bourrières, professeur, allées des Zéphyrs, 13, Toulouse.

1900. Bouygues, conserv. des hypothèques en retraite, à St-Jean-d'Angély

(Charente-Inférieure), chaussée du Calvaire, 17.

1904. Briançon (Fr. de), château de Segadènes, par Soturac (Lot).

1899. Cadiergues (Georges), Dr en méd., à Tunis, l, rue Es-Sadikia.

1908. Calcas, à Neulet par Payrac.

1903. Cangardel (E.), notaire, maire de Marminiac (Lot).

1910. Carbonnel, avocat, à Figeac.

1912. Cassan, curé à St-Pierre Liversou, par Pélacoy.

1909. Cavalié (Luc.) I. ff , principal de collège en retraite, quai Legendre,

à Figeac (Lot). 1906. Gazes, instituteur, à Martel. 1879. Cayla, conseiller à la cour de Poitiers (Vienne). 1899. Cayla, ^, Dr en médecine, 31, aven, de Neuilly (Porte-Maillot), Seine.

1901. Cayla, 103, rue Notre-Dame-des-Champs, Paris. 1873. Claret, avocat, à Salviac (Lot).

1897. Combarel (du Gibanel de), au château de Cénevières (Lot).

1885. Combarieu (Jules), ^ , professeur au Collège de France, inspecteur

d'Académie, 56, quai Passy, Paris. 1899. Combelles (l'abbé), aumônier de l'hospice, à Figeac. 1909. Couderc (l'abbé), curé de Pauliac, par Bretenoux (Lot). 1894. Cros, instituteur, à Aynac (Lot).


- 290 —

1912. Delmas, Emile, à Marcilhac-du Lot. 1912. Abbé Delpech, à Gourdon.

1875. Delpon, conseiller général, à Livernon (Lot). 1873. Dois, notaire honoraire, à Tour-de-Faure (Lot).

1904. Escayrac de Lauture (marquis d'), cours du Jardin public, Bordeaux. 1896. Esquieu (Louis), ff, secrétaire de la Société historique, archéologique et scientifique du Finistère, 2, rue de Rouan, Rennes.

1898. Faret, (l'abbé), ff, A., curé de Frayssinet le Gélat (Lot). 1896. Filsac (l'abbé), $?, curé de Peyrilles (Lot).

1900. Folmont (H. de Testas de) chat, des Albenquats, par Castelfranc

(Lot).

1876. Fontenille (Jean-Baptiste de), propriétaire à Soucirac (Lot).

1905. Foulhiac de Padirac (comte de), ^ , commissaire en chef de la

Marine, 16, rue de la Boëtie, à Périgueux.

1901. Fourgous (J.), docteur en droit, 16, boulev. St-Marcel, Paris.

1904. Gary (baron Fernand de), hôtel de Gary, rue Ninau, 12, Toulouse.

1904. Gary (baron Armand de), — — — 1911. Gauthier, professeur d'histoire à l'Ecole primaire supérieure de

Martel (Lot).

1911. Gineste (Louis), pharmacien à Saint Céré.

1902. Goudal (G.), comptable à Fumel (Lot-et-Garonne). 1900. Guiral (l'abbé), curé de La Madeleine, près Cahors.

1912. Guiral (l'abbé), curé à Lacabrette, par Castelnau -Montralier.

1888. Hébrard de Saint-Sulpice (marquis Fernand d'), avenue Elisée Reclus, Paris ; et au château de St-Sulpice, par Marcilhac (Lot). 1912. Helia, principal au collège de Moissac.

1905. Karkowski, à Lacapelle-Marival.

1872, Lacombe ^, ff, I. inspect. général des arch., à Saint-Fort, par

Lauzerte (T.-et-G.). 1909. Lacoste (abbé), curé d'Anglars.

1903. Lacout (l'abbé), curé de Lissac (Lot).

1912. Léon Lafage, homme de lettres, Jardin Fleuri, rue du Cardinal

Lemoine, Paris.

1880. Lalaurie, ff, I. directeur de l'Ecole normale de Montauban.


- 291 -

1873. Lamberterie (de) ^: ancien député, placé d'Iéna, 3, à Paris ,

1908. Lapanonnie (de), à Couzou.

1897, Larnaudie, (l'abbé), curé de Reyrevignes (Lot).

1912. Larnaudie.(Docteur), conseiller général, à Toirac. 1879. Laroussilhe (de), ff percepteur, à Brienon-sur-Armançon (Yonne); 1897. Lavaur (Raymond de), château de Laboisse, par Saint-Céré; (Lot);

1894. Layral (l'abbé), curé, au Bourg (Lot).

1900. Lespinet (l'aimé), curé de Montcuq (Lot).

1901, Leyge, rédacteur à l'administration centrale des postes et télégraplies,

télégraplies, du Texel, 12,—Paris,

1912. Lherm, instituteur à Mayrinhac Lentour, par Gramat. 1911 Lucie, propriétaire à Saint-Cirq-Lapopie (Lot).

1912. Mairie de Montcuq.

1911. Marty, banquier à Figeac.

1887. Mazelié (Justin), industrie], à Toulouse, 12, place du Pont. 1876. Miran (Sylvain), à Albas (Lot).

1901. Murat de Montaï, à Assier (Lot).

1897. Paulet-Cal, château de Ladevèze, près Labast-Mt (Lot) et à Cahors.

1910. Péchal (abbé), curé de Corn (Lot).

1901. Pechdo, docteur-médecin, à Villefranche-d'Aveyron,

1912. Pélissié (Docteur), à Luzech (Lot).

1895. Planche, instituteur, à Léobard (Lot). 1912. Poujade, pharmacien à Luzech.

1912. Redon, avocat à Tonr-de-Faure (Lot) ou Cahors. 1872. Rey, contrôleur, aux Roques, par Luzech (Lot), 1872. Rey,■$$, sénateur, à Saint-Denis-Calus.

1909. Rey, étudiant à Duravel (Lot),

1888. Roaldès (Arthur de),-$fe O., docteur-médecin, chef de l'hôpital spécial, à la Nouvelle-Orléans.

1902. Roaldès (Fernand de), au château de Figeac, près Montcuq (Lot). 1878. Rouquié (l'abbé), curé à Camburat (Lot)!

1902. Roux (A.), professeur de l'Université, rue des Capucins, 27, Dreux (Eure-et-Loir),

1906; Sol (Eugène, l'abbé), curé de Notre-Dame, près Cahors.


— 292 -

1891. Taillefer (l'abbé), ff, I., curé de, Cazillac, par Lauzerte (Tarn-etGaronne).

(Tarn-etGaronne). E. et J. Terquem et Cie, libraires, 19, rue Scribe, Paris (pour

New-York Public Library).

1911. Thamié, curé de Montfaucon (Lot).

1912. The Hispanic Society of America, Mr Martin, W. R. bibliothécaire,

156 th, street, West of Broadway New York City.

1910. Valet de Réganhac, 6 bis, boulevard Pereire à Paris. 1910. Valon (de) Ludovic, chef de section à Brive. 1902. Vèze (Abel), négociant à Gourdon (Lot). 1912. Veyriêres (de), à Saint-Céré (Lot); 1895. Viguié (l'abbé J.-C), à Cahors.

1912. Ville, curé de Saint-Michel-de-Bannières, par Vayrac (Lot). 1898. Viré, naturaliste, ff I., attaché au Muséum d'histoire naturelle de

Paris, 8, rue Lagarde, Paris 5e, et à la Cave, par Souillac (Lot).


293 —

SOCIETES CORRESPONDANTES

FRANCE

DÉSIGNATION DES SOCIÉTÉS , siège DEPARTEMENTS

Société d'agriculture, sciences et arts,..... Agen. , Lot-et-Gar.

Académie des sciences, agriculture, arts et

belles-lettres . Aix. ch.-d.-R.

Société scientifique et littéraire........... Alais. Gard.

Albia Christiana.. Albi. Tarn.

Société des sciences, arts et belles-lettres du

Tarn................................. Albi. Tarn.

•Société des antiquaires de Picardie... , Amiens.. Somme,

Société des lettres, sciences et arts de la

Haute-Auvergne.... ..... Aurillac. Cantal,

Société archéologique du Gers. Auch Gers

Société archéologique et scientifique....... Béziers. Hérault.

Société archéologique Bordeaux. Gironde.

Société académique de Brest. Brest Finistère.

Société scientifique, artistique et archéologique de la Corrèze. Brive. Côrrèze.

Société des arts et sciences..;............ Carcassonne Aude.

Académie des sciences, lettres et arts Clermont Puy-de-D.

Société de Borda... ......... ;... Dax. Landes.

Société ariégeoise des sciences, lettres et

arts....... ..... .. Foix. Ariège,

Société des sciences naturelles et archéol.

giques de la Creuse................... Guéret. Creuse.

Société archéologique et historique du Limousin .... ;..........,............;.; Limoges. Hte-Viehne.

Société historique et archéologique du Maine Le Mans. Sarthe


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SIEGE

DÉSIGNATION DES SOCIÉTÉS des Sociétés DEPARTEMENTS

Société archéologique de Tarn-et-Garonne.. Montauban. Tarn-et-Gar

Académie des sciences, belles-lettres et arts

de Tarn-et-Garonne id. id.

Société pour l'étude des langues romanes.. Montpellier Hérault.

Académie de Stanislas. ;... Nancy. Meurt.-et-M

Société archéologique de Nantes et de la

Loire-Inférieure .. Nantes. Loire-Infér.

Société historique et archéologique de l'Orléanais Orléans. Loiret.

Société des Antiquaires de l'Ouest Poitiers. Vienne.

Société de spéléologie !,.. Paris.

Musée Guimet :... id.

Comité des Sociétés des Beaux-Arts des

départements. ... id.

Société des sciences, lettres et arts ,.. Pau. Basses-Pyr.

Société historique et archéolog. du Périgord Périgueux. Dordogne.

Ruscino, revue d'histoire et d'archéologie

du Roussillon Perpignan Pyrén. O.

Société des amis des arts ... Rochechouart. Haute-Vien.

Société des lettres, sciences et arts de l' Aveyron

Aveyron Rodez. Aveyron.

Société des archives historiques de la Saintonge

Saintonge de l'Aunis. , .... Saintes, Char.-Infér.

Société des antiquaires de la Morinie... .. Saint-Omer Pas-de-Cal.

Académie des Jeux-Floraux Toulouse. Haute-Gar.

Société archéologique du Midi de la Francel id. id.

Académie des sciences, inscriptions et beles-lettres

beles-lettres id.

Société d'Histoire Naturelle !.. id. id.

Société des Etudes du Comminges !... St-Gaudens id.

Société des lettres, sciences et arts de la

Corrèze Tulle. Corrèze.


295

DÉSIGNATION DES SOCIÉTÉS SIEGE DEPARTEMENTS

ÉTRANGER

Smithsonian Institution .... ...... ...... Washington Etats-Unis.

Société Neuchâteloise de géographie....... Neuchâtel. Suisse

La Société des Etudes reçoit en outre, àtitre d' échange : Le Bulletin de la Société agricole et Industrielle du Lot. Publications du « Missouri Botanical Garden», de Saint-Louis (EtatsUnis).

La Revue du traditionnisme français et étranger, Paris, quai de l' Hôtel-deVille,

Hôtel-deVille,

The American Museum Journal, New-York.


TABLE DES MATIERES

AEGERTER (Emmanuel). — Images du Pays : L'Abreuvoir. -—

Le laboureur 265

ALBE (chanoine Ed.). — Bibliographie : Les papes d'Avignon. 117

Les Reclus en Quercy 127 Procès-verbaux des séances 62, 135, 208, 273 BERGOUNIOUX (le Dr).—Galerie médicale du Lot : Introduction

Un médecin de Joachim Murat :

Guillaume Andral. 51

J.-P.-M. Brassac 89

Guillaume Baudus , 161

Etienne Cledel 246

B. (F.). — (François-Besse). — La Conférence d'Esparbès 24

Bureau de la Société pour 1913. 286

COMBES (A.).— Analyse des Registres municipaux de la commune de Cahors tenus pendant la Révolution ... 5,73,145,213

CRUDY (A.). — Une lettre de Mazarin à l'Evéque de Cahors ... 123

Errata.. : 205

GIRMA (J.). — Bibliographie du Lot pour 1912 268

GRANGIÉ (Eugène). (E. de Surgès). — Images du Pays : Le

Meunier de chez nous 266

Liste des membres de la Société. 287

Liste des Sociétés correspondantes 293

PAUMES (B.). —La Grande Peur en Quercy et en Rouergue.

Notes et Documents 29, 103, 181, 246

TAILLEFER (l'abbé). — Fondation d'une chapellenie de SaintMichel en l'Eglise St-Hilaire de Trouhac 21

Louables coutumes de Segos 201


BULLETIN TRIMESTRIEL

DE LA

SOCIETE DES ETUDES

LITTÉRAIRES, SCIENTIFIQUES ET ARTISTIQUES

DU LOT

TOME TRENTE-SEPTIEME PREMIER FASCICULE

« JANVIER FÉVRIER MARS "

CAHORS

IMPRIMERIE G. ROUGIER 4, RUE FRÉDÉRIC SUISSE

1912

La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans son BULLETIN.

Le gérant : L. DELPÉRIER.




TABLE DES MATIÈRES

Analyse des registres municipaux, de la commune de Cahors tenus

pendant la Révolution, par M. A, COMBES (Suite) . 5

Fondation d'une chapellenie de St-Michel en l'église St-Hilaire de

Trouhiac, par M. B. TAILLEFER 21

La Conférence d'Esparbès, par M. F. B 24

La Grande Peur dans le Quercy et le Rouergue, par M B. PAUMES. 29

Galerie Médicale du Lot, par M. le Dr BERGOUNIOUX 45

Procès-verbaux des séances,' pendant le 1er trim. 1912 ........ 62

Présidents . MM. Combarieu I.O. M.A. (1er semestre) ; l'abbé Viguié (2e semestre). Secrétaire général : M. Crudy

Secrétaire des séances : M. l'abbé Albe, O.

Secrétaire-Archiviste : M. Girma, I. y, libraire- éditeur .

Trésorier : M. Rames, rue Saint-Géry, Cahors. Conseil d'administration : Les membres au bureau, MM. Commant St-Eloi, Combes. Commission du Bulletin : Les membres; du bureau MM. St-Marty, Fourastié, Gisbert, Grangié.

AVIS

Avis imporîant:- La Société des Etudes, dans sa séance du 22 décembre 1890, a fixé ainsi qu'il suit la teneur de l'article 16 de son Règlement intérieur :

Art. 10. - Les cotisations seront recouvrées par le Trésorier dans le courant du premier semestre, et sans avertissement préalable.

Dates des séances pour l'année l912: Lundi : Janvier 8, 22; Février 5, 19: .

Mars 4, 18: Avril 1er, 15, 29 Mai 13 ; Juin 3.17; Juillet 8, 22 : Octobre

7, 21 ; Novembre 4, 18; Décembre 2146, 30.

TARIF POUR TIRAGES A PART :

Une feuille, 12 fr.; — Une 1[2 feuille, 6 fr. ; - Un 1[4 feuille, 3 fr., les cent exemplaires. — Couverture, 5 fr. le cent.


BULLETIN TRIMESTRIEL

DE LA

SOCIÉTÉ DES ÉTUDES

LITTÉRAIRES, SCIENTIFIQUES ET ARTISTIQUES

DU LOT

TOME TRENTE-SEPTIEME DEUXIÈME FASCICULE

« AVRIL MAI JUIN »

CAHORS

IMPRIMERIE G. ROUGIER 4, RUE FRÉDÉRIC SUISSE

1912

La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans son BULLETIN.

Le gérant : L. DELPÉRIER.




TABLE DES MATIERES,

Page),

Analyse des registres municipaux de lacommune de Cahors tenus.

pendant la Révolution, par M. A. COMBES (Suite). 73

Galerie Médicale du Lot, par M, le Dr BERGOUNIOUX (Suite).....,,.. 89 La Grande Peur dans le Quercy et le Rouergue, par M. B. PAUMES

(Suite) 103

Bibliographie — (Les papes d'Avignon), par M. ALBE. 117 Une lettre du cardinal de Mazarin à l'évêque de Cahors, par M; A .

CRUDY.. 123

Les Reclus en Quercy. 127

Procès-verbaux des séances, pendant le 2e trirn.1912 ... 135

Présidents : MM. Combarieu I.O. M.A. (1er semestre) ; l'abbé Viguié (8e semestre) Secrétaire général : M. Crudy

Secrétaire des séances : M. l'abbé Albe,O.

Secrétaire-Archiviste : M. Girma, I. O, libraire-éditeur. Trésorier : M. Rames, rue Saint-Géry, Cahors.

Conseil d'administration . Les membres du bureau, MM. Commant St-Eloî, Combes. Commission du Bulletin : Les membres du bureau 4 MM. St-Marty, Fourastié, Gisbert, Grangié.

AVIS

Avis important.—La Société des Etudes, dans sa séance du 22 décembre 1890, a fixé ainsi qu'il suit la teneur de l'article 10 de son Règlement

intérieur :

Art. 10. —Les cotisations seront recouvrées par le Trésorier dans le courant du premier semestre, et sans avertissement préalable.

Dates des séances pour l'année 1912: Lundi : Janviers, 22; Février 5,19;

Mars 4, 18; Avril Ier, 15, 29 ; Mai 13 ; Juin 3,17 Juillet 8,22 ; Octobre

7,21 ; Novembre 4, 18; Décembre 2, 16, 30.

TARIF POUR TIRAGES A PART :

Une feuille, 12 fr. ; - Une 1[2 feuille, 6 fr. ; — Un 1[4 feuille, 3fr.; les cent exemplaires.— Couverture, 5 fr. le cent.


BULLETIN TRIMESTRIEL

DE LA

SOCIÉTÉ DES ÉTUDES

LITTÉRAIRES, SCIENTIFIQUES ET ARTISTIQUES

DU LOT

TOME TRENTE-SEPTIEME TROISIÈME FASCICULE

« JUILLET AOUT SEPTEMBRE »

CAHORS IMPRIMERIE G. ROUGIER 4, RUE FRÉDÉRIC SUISSE

1912

La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans son BULLETIN.

Le gérant : L. DELPÉRIER.




TABLE DES MATIERES

Pages

Analyse des registres municipaux de la commune de Cahors tenus

pendant la Révolution, par M. A. COMBES (Suite). 145

Galerie Médicale du Lot, par M. le Dr BERGOUNIOUX (Suite) .. 161

La Grande Peur dans le Quercy et le Rouergue, par M. B. PAUMES

(Suite) 181

Louables Coutumes de Ségos, par M. l'abbé TAILLEFER .. ......... 201

Procès-verbaux des séances, pendant le 3e trim. 1912 208

Présidents : MM. Combarieu I.O. M.A. (1er semestre); l'abbé Viguié (2' semestre) Secrétaire général : M . Crudy Secrétaire des séances : M. l'abbé Albe, O., Secrétaire-Archiviste : M. Girma, 1. y, libraire-éditeur. Trésorier : M. Rames, rue Saint-Géry, Cahors.

Conseil d'administration : Les membres du bureau, MM. Commant St-Eloi, Combes.

Commission du Bulletin : Les membres du bureau : MM. St-Marty, Fourastié,

Gisbert, Grangié.

AVIS

Avis important.—La Société des Etudes, dans sa séance du 22 décembre 1890, a fixé ainsi qu'il suit la teneur de l'article 10 de son Règlement

intérieur :

Art. 10. —Les cotisations seront recouvrées par le Trésorier dans le courant du premier semestre, et sans avertissement préalable.

i

Dates des séances pour l'année 1912: Lundi : Janvier 8, 22; Février 5, 19; Mars 4, 18 ; Avril Ier, 13, 29 ; Mai 13 ; Juin 3,17 ; Juillet 8, 22 ; Octobre 7, 21 ; Novembre 4, 18 ; Décembre 2 16, 30.

TARIF POUR TIRAGES A PART :

Une feuille, 12 fr. ; — Une 1[2 feuille, 6 fr. ; - Un 1[4 feuille, 3 fr., les cent exemplaires.— Couverture, 5 fr. le cent.


BULLETIN TRIMESTRIEL

DE LA

SOCIETE DES ETUDES

LITTÉRAIRES. SCIENTIFIQUES ET ARTISTIQUES DU LOT

TOME TRENTE-SEPTIEME QUATRIÉME FASCICULE

« OCTOBRE NOVEMBRE DÉCEMBRE »

CAHORS

IMPRIMERIE G. ROUGIER 4, RUE FRÉDÉRIC SUISSE

1912

La Société ne prend sous sa responsabilité aucune des opinions émises par les auteurs des articles insérés dans son BULLETIN.

Le gérant ; L. DELPÉRIER.




TABLE DES MATIERES

Pages

Analyse des registres municipaux de la commune de Cahors-tenus

pendant la Révolution, par M. A. COMBES (Suite) 213

La Grande Peur dans le Quercy et le Rouergue, par M. B. PAUMES

(Suite) 229

Galerie Médicale du Loi, par M. le Dr (BERGOUNIOUX (Suite). 246

Poèmes : Images du Pays. — L'abreuvoir — Le Laboureur, par

Emmanuel AEGERTER ........ .......... 265

Le Meunier de chez nous, par M.. Eugène GRANGIÉ. 266

Bibliographie du Lot (année 1912), par M. J, GIRMA 268

Procès-verbaux des séances, pendant le 4e trim. 1912 273

Errata 285

Bureau de la Société pour 1913...... 286

Liste des membres. 287

Sociétés correspondantes 293

Présidents : MM. Combaneu I. O. M.A. (1er semestre) ; l'abbé Viguié (2e semestre) Secrétaire général : M. Crudy Secrétaire des séances : M. l'abbé Albe, y. | Secrétaire-Archiviste : M. Girma, I. y, libraire-éditeur Trésorier : M. Rames, rue Saint-Géry, Cahors.

Conseil d'administration Les membres du bureau, MM. Commant St-Eloi, Combes. Commission du Bulletin : Les membres du bureau MM. St- Marty, Fourastié, Gisbert, Grangié.

AVIS Avis important. — La Société des Etudes, dans sa séance du 22 décembre 1890. a fixé ainsi qu'il suit la teneur de l'article 10 de son Règlement

intérieur :

Art. 10. — Les cotisations seront recouvrées par le Trésorier dans le courant du premier semestre, et sans avertissement préalable.

Dates des séances pour l'année 1912: Lundi : Janvier 8, 22; Février 5,19; Mars 4, 18 ; Avil 1er 13, 29 ; Mai 13 Juin 3,17; Juillet 8, 22 ; Octobre 7, 21 ; Novembre 4, 18 ; Décembre 2, 16, 30.

TARIF POUR TIRAGES A PART : Une feuille, 12 fr. ; — Une 1[2 feuille. 6 fr. ; - Un l[4 feuille, 3 fr., les cent exemplaires.— Couverture, 5 fr. le cent