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Titre : Bulletin de la Société archéologique et historique de l'Orléanais

Auteur : Société archéologique et historique de l'Orléanais. Auteur du texte

Éditeur : [s.n.] (Orléans)

Date d'édition : 1908

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34422792x

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34422792x/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 1908

Description : 1908 (T15,N191).

Description : Collection numérique : Fonds régional : Centre-Val de Loire

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5507040w

Source : Société archéologique et historique de l'Orléanais, 2009-624

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 17/01/2011

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BULLETIN

DE LA SOCIETE

ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE DE L'ORLEANAIS

Tome XV. — N° 191.

DEUXIÈME TRIMESTRE DE 1908

Séance du vendredi 10 avril 1908.

Présidence de M. BASSEVILLE, vice-président.

— Rendant compte des publications reçues au cours de la dernière quinzaine, M. le Président signale, dans le Bulletin de décembre 1907 de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, un mémoire sur une Mosaïque africaine représentant le jugement entre Minerve et Neptune, rédigé par un de nos compatriotes, M. Alfred Merlin, directeur des Antiquités et Arts de la Tunisie.

— Dans la correspondance :

1° Un avis de la Société française des fouilles archéologiques convoquant à l'assemblée générale du 13 avril 1908, où doivent être élus deux délégués chargés des rapports de la Société avec le Conseil d'Etat ;

2° Le programme des concours de 1910 ouverts par l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Savoie ;

3° Un bulletin de souscription à l'ouvrage de M. Antonin P..., sur Le tribunal de commerce de Saint-Etienne et son aïeule la Conservation de Lyon.

TOME XV. — BULLETIN N° 191. 5


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— Au nom de la Commission des publications, M. Soyer demande l'insertion au Bulletin du travail de M. Huet, sur l'abbé JacquesFrançois Delafosse, auteur d'une des premières complaintes sur Jeanne d'Arc. La Société adopte les conclusions du rapport de M. Soyer (1).

— M. Lenormand, instituteur honoraire, secrétaire du « Souvenir français », et M. Béraud, conservateur des hypothèques à La Rochelle, sont élus membres associés correspondants de la Société.

— M. de Larnage, membre associé correspondant qui assiste à la séance, donne lecture d'une note sur la terre de Portmorant.

La Société renvoie à la Commission des publications les diverses notes lues ou remises par M. de Larnage, et qui concernent: 1° Le couvent des Jacobins et la famille Compaing ; 2° La terre de Portmorant ; 3° Le monastère de Bonne-Nouvelle d'Orléans ; 4° Un fief de l'abbaye de Saint-Loup ; 5° L'histoire de la terre du Grand-Vaullier 1384-1772.

Un certain nombre de documents manuscrits ayant trait aux mémoires sus-indiqués sont offerts par M. de Larnage à la Société archéologique et aux Archives départementales. Des remerciements sont adressés au donateur.

— M. Soyer fait une communication sur La fin du père Patrault, professeur de mathématiques de Bonaparte à l'école de Brienne, décédé à Villemoutiers en 1817. Cette communication est renvoyée à la Commission des publications.

— M. Auguste Baillet a dressé, d'après les registres d'état civil déposés à la mairie d'Orléans, une liste des curés de Saint-Paterne qui rectifie un certain nombre d'erreurs de noms et de dates gravés, dans l'église Saint-Paterne, sur la plaque de marbre où sont inscrits les curés de cette paroisse.

Le travail de M. A. Baillet est renvoyé à la Commission des publications.

(1) Voir Bulletin n° 190, p. 55.


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— M. Baguenault de Puchesse a rédigé la note que la Société lui avait demandée, sur le second volume des Mémoires du comte de Souvigny. Il en donne lecture et la Société décide qu'elle sera insérée au Bulletin (1).

— Après avoir offert, pour les archives dé la Société, une affiche contenant un Arrêt du Conseil du 6 mars 1717, relatif aux exemptions du droit de grurie dans la forêt d'Orléans, M. Pommier lit une étude sur les manuscrits de Girodet-Trioson, donnés par Becquerel à la Société, en 1859 et 1860.

Cette étude est renvoyée à la Commission des publications.

— M. Soyer demande que la Société se fasse représenter à la réunion des Sociétés des Beaux-Arts des départements qui s'ouvrira à Paris au cours de ce mois. Il est décidé que M. Pommier sera délégué à cette réunion pour y lire son travail sur les manuscrits de Girodet. Si les délais étaient expirés pour l'inscription de cette communication, M. Baguenault de Puchesse propose que l'étude de M. Pommier soit lue au Congrès des Sociétés savantes, qui aura lieu à Paris à la même époque, et dont il doit présider une séance de la section d'histoire. M. Soyer devant faire lui-même une communication à ce Congrès (2), la Société serait ainsi représentée par trois de ses membres. Il en est ainsi décidé.

— M. le Secrétaire dépose sur le bureau le projet de Bulletin pour le 1er trimestre de l'année 1908.

(1) Voir Bulletin n° 190, p. 62.

(2) Le mémoire, communiqué au Congrès le 23 avril 1908, a pour titre : Lettres de rémission accordées par l'empereur Charles-Quint, lors de son passage à Orléans, le 20 décembre 1539. Il sera publié par le Ministère de l'Instruction publique, dans le prochain Bulletin de la section d'histoire et de philologie du Comité des travaux historiques.


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Séance du vendredi 24 avril 1908.

Présidence de M. le chanoine COCHARD, doyen d'âge.

— M. le président et M. le vice-président étant empêchés, le fauteuil de la présidence est occupé par M. le chanoine Cochard, doyen d'âge des membres présents à l'ouverture de la séance, conformément à l'article 3 du règlement.

M. le secrétaire étant également absent, M. Alexandre Pommier fait fonctions de secrétaire.

— Parmi les ouvrages reçus depuis la dernière séance, M. le Président signale un album d'Objets d'art existant dans les églises de la Gironde, envoyé par la Société archéologique de Bordeaux et dont le texte est de M. Brutails, archiviste de la Gironde.

— M. Auguste Baillet, complétant le mémoire qu'il a présenté à la précédente réunion sur la révision de la liste des curés de SaintPaterne, indique que Jean-Louis Mangot, prédécesseur de M. Charles dans la cure de cette paroisse d'Orléans, est mort en 1781, à l'abbaye de Malaize en Bourgogne, après 40 ans de ministère dans cette église.

— M. Larcanger présente, de la part de M. Agricol Bénard, une lithographie originale de cet artiste, représentant l'état actuel de la maison de la rue du Tabour, où a logé Jeanne d'Arc pendant le siège d'Orléans.

La Société décide que cette composition, après avoir reçu une légère modification, figurera dans le Bulletin du présent trimestre, avec une notice que M. Eugène Jarry a bien voulu nous promettre sur ce logis.

M. Agricol Bénard annonce d'ailleurs qu'il peut nous offrir une planche dont le sujet sera à notre choix, pour chacun de nos Bulletins à venir.

— M. Cochard signale la restauration, qui est commencée, des croix qui surmontent les baies des tours de Sainte-Croix.


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— M. Albert Didier demande que la Société intervienne, de concert avec les autres Sociétés savantes et artistiques d'Orléans, auprès de la Municipalité, en faveur de la sépulture du maître dessinateur Charles Pensée, qui se trouve au cimetière Saint-Vincent d'Orléans, et qui, à défaut de concession perpétuelle, est menacée de disparaître. Il espère que la ville, en souvenir des services rendus par cet artiste qui, pendant plus de quarante ans, par son crayon et son pinceau, a reproduit et fait connaître nos monuments, assurera définitivement sa tombe au nouveau cimetière.

La Société décide de joindre ses efforts, pour cette fin pieuse, à ceux des autres Sociétés de notre ville.

— Il est décidé que la prochaine réunion se fera le 6 mai, en raison de la fête de Jeanne d'Arc qui, celte année, tombe le deuxième vendredi de mai.

Séance du mercredi 6 mai 1908.

Présidence de M. DUMUYS, président.

— M. le vice-président rend compte des ouvrages reçus au cours de la dernière quinzaine et signale :

1° Deux magnifiques publications de la Société des antiquaires de Picardie : Album archéologique, 16e fascicule, 1907 (la Picardie à l'exposition des Primitifs français) ; et La Picardie historique et monumentale (arrondissement d'Abbeville, canton de Gamaches) ;

2° Deux articles parus dans le Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 1907 : dans l'un (p. 211), M. Stein signale quatre pièces de tapisserie fabriquées à Aubusson au XVIIe siècle, portant la signature du tapissier Corneille et représentant des épisodes de la vie de Jeanne d'Arc ; ces tapisseries sont actuellement conservées au château de Comblat, près de Vic, chez M. de la Baume Pluvinel. Dans l'autre article (p. 271-273), M. A. Vidier communique et commente deux chartes de Saint-Aignan, d'Orléans, restées inconnues à Hubert, historien de cette maison.


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— M. Soyer signale, dans le Carnet de la Sabretache, n° 181, janvier 1908, un article de notre membre associé correspondant, M. A. Depréaux, sur une affiche de recruteurs pour Royal-PiémontCavalerie 1789. L'article est accompagné d'une reproduction en couleurs de cette affiche qui fut imprimée à Orléans chez Jacob l'aîné.

— Dans la correspondance sont diverses lettres, dont M. le Président donne lecture :

MM. Béraud et Lenormand, nommés récemment membres associés correspondants, nous adressent leurs remerciements.

M. Léon Masson, membre honoraire de la Société, accuse réception des dernières publications qui lui ont été adressées, et nous en remercie.

M. Agricol Bénard s'offre à lithographier ou graver les monuments anciens d'Orléans. Cet artiste a envoyé au Salon de cette année (section d'architecture) un dessin représentant la galerie de la maison dite d'Agnès Sorel en 1876, dessin qu'il a l'intention d'offrir au Musée historique de notre ville.

La Société pour la protection des paysages de France nous demande notre appui-pour l'organisation d'un Congrès internationa ayant pour but d'étudier les mesures de préservation à prendre pour éviter la destruction des forêts et des divers éléments qui concourent à la formation de nos sites et paysages.

— En raison des travaux en cours et de la nouvelle destination des bâtiments du Grand Séminaire d'Orléans, la Société émet le voeu que des démarches soient faites auprès de la Municipalité pour attirer son attention sur la conservation de la crypte de Saint-Avit.

— Deux présentations de membres associés correspondants son déposées sur le bureau ; M. Jules Banchereau, membre de la Société française d'archéologie et de la Société des Sciences d'Orléans, est présenté par MM. Dumuys, Basseville et Garsonnin ; M. le docteur Bergeron est présenté par MM. Dumuys, Pommier et Jacob.

L'élection aura lieu à une séance ultérieure.


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— M. Soyer donne lecture d'un travail où, contrairement à l'opinion de MM. Brette, Aulard et C. Bloch, il démontre que le mot « province » fut employé, même dans les documents officiels, au XVIIIe siècle, comme synonyme de « généralité ».

Le travail de M. Soyer est renvoyé à la Commission des publications.

— En fin de séance, M. Dumuys entretient la Société de quelques acquisitions nouvelles du Musée.

Outre quatre treizains récemment achetés à Paris, M. Dumuys a pu faire entrer dans les collections du Musée un magnifique panneau en bois sculpté qui, d'après lui, doit provenir de la cathédrale ou de l'évêché, d'où il serait sorti à l'époque de la Révolution et qui, depuis de longues années, appartenait à la Société de Saint-Joseph d'Orléans. Cette pièce se compose d'un médaillon central, de style Louis XIV, représentant l' Annonciation, qui a été élégi et refendu à la scie, puis rapporté sur un panneau en bois de chêne épais, décoré de motifs sculptés dans le goût de la Régence.

M. Dumuys a également acheté, pour le Musée, chez un antiquaire d'Orléans, un tableau provenant, dit-il, d'une vente faite, il y a plusieurs années, par l'administration des domaines, d'objets divers déposés à la préfecture du Loiret. C'est une reproduction fidèle, bien que mauvaise comme peinture, du portrait de Jeanne d'Arc, dit de l'Hôtel-de-Ville, exécuté en 1581 sous la mairie de François Colas des Francs. Cette copie, faite vraisemblablement au XVIIe siècle, a les mêmes dimensions que l'original ; elle en diffère sur quelques points : dans l'original, la Pucelle tient, de la main gauche, un mouchoir blanc chiffonné, et de la droite, une épée fleurdelysée ; dans la copie, le mouchoir disparaît de la main gauche qui tient l'épée, tandis que la main droite, libre de tout accessoire, semble montrer le ciel.

L'inscription placée dans le cartouche inférieur est différente dans les deux tableaux : au lieu des vers latins de Germain Vaillant de Guélis que porte l'original, on lit sur la copie deux distiques latins signés du nom de Coffin, l'auteur d'hymnes liturgiques, qui fut recteur de l'Université de Paris en 1718 et mourut en 1749.

Un dernier détail est à noter. La copie porte, en haut du cartouche


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inférieur, le mot Trésor en lettres capitales. Cette copie aurait donc fait partie du Trésor de l'Hôtel-de-Ville d'Orléans, c'est-à-dire de la collection d'objets précieux, appartenant à la communauté des habitants, qui étaient renfermés dans une salle spéciale de l'Hôtel-de-Ville, désignée sous ce nom de Trésor. Par suite de quelles vicissitudes le tableau est-il sorti du Trésor, c'est ce qu'il serait intéressant de connaître ?

Séance du vendredi 22 mai 1908.

Présidence de M. DUMUYS, président.

— M. le vice-président, en rendant compte des publications reçues au cours de la dernière quinzaine, signale dans le Bulletin de la Société archéologique, historique et scientifique de Soissons, tome 13, 1905-1906, un article de M. Félix Brun, intitulé : Nouvelles recherches sur Jeanne d'Arc et « le fait de Soissons », à propos d'un livre récent.

— M. Dumuys signale un ouvrage qui vient de lui être envoyé pour la bibliothèque du Musée de Jeanne d'Arc : Les Tournaisiens et le Roi de Bourges, par M. Maurice Houtart, Tournai, 1908. Il s'y trouve de nombreux documents intéressants pour l'histoire de l'Orléanais, et notamment la fameuse lettre de Jeanne d'Arc aux fidèles habitants de Tournai.

— Il est fait hommage à la Société :

1° Par M. Dumuys, de sa brochure : Etude sur deux anciens tableaux représentant la Pucelle d'Orléans et appartenant au Musée de Jeanne d'Arc (Orléans, Marron, 1908) ;

2° Par M. l'abbé P.-H. Dunand, de la 3e série de ses études critiques sur Jeanne d'Arc, où il traite de Jules Quicheral et Jeanne d'Arc et de Jeanne d'Arc et l'Eglise (Paris, 1908).

Des remerciements sont adressés aux auteurs et donateurs.


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— Dans la correspondance :

1° Une demande de collaboration au Corpus inscriptionum ad medicinam biologiamque spectantium que projette de publier la Société française d'histoire de la médecine. Pour cette publication, M. le docteur Garsonnin se mettra en rapports avec la Société française d'histoire de la médecine ;

2° Une lettre de notre associé correspondant, M. L. Johanet,

donnant des renseignements sur le monastère d'Ambert, dans la

forêt d'Orléans. Les documents, auxquels M. Johanet fait allusion

dans sa lettre, ont été déjà publiés par M. C. Cuissard, dans la

préface de l'Histoire du Siège.

— Au nom de la Commission des publications, M. Soyer a examiné quatre études que M. le baron de Larnage a lues ou fait lire à nos dernières séances : Terre de Portmorant ; — Un fief de l'abbaye de Saint-Loup ; - Histoire d'une terre depuis le XIVe siècle : Le Grand Vaullier ; — Note sur le couvent des Jacobins d'Orléans et la famille Compaing. M, Soyer demande l'insertion au Bulletin des deux premiers mémoires, qui pourront être utiles à ceux qui voudront écrire un travail d'ensemble sur les fiefs de l'Orléanais (1). Les conclusions du rapporteur sont adoptées par la Société, qui décide que les deux derniers mémoires de M. de Larnage seront déposés dans ses archives.

— Au nom de la même Commission, M. Baguenault de Puchesse demande l'insertion au Bulletin du travail de M. Aug. Baillet sur les curés de Saint-Paterne (2), et celui de M. Soyer, sur le mot « province » synonyme de « Généralité » (3) ; il demande également l'insertion aux Mémoires, dans les conditions fixées par la délibération du 8 mars 1907, du travail de M. Pommier sur les Manuscrits de Girodet, avec adjonction de quelques pièces retrouvées par M. Pommier depuis sa communication du 10 avril dernier.

(1) Voir plus loin, pages 19 et 86.

(2) Voir plus loin, page 91. 3) Voir plus loin, page 98.


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Les trois propositions de M. Baguenault de Puchesse sont adoptées par la Société.

— M. l'abbé Cochard signale un article paru dans le Journal d'Indre-et-Loire, du 16 avril 1908 : à la Société archéologique de Touraine (1), une communication a été faite, par M. de Grandmaison, sur deux blasons décorant les portiques de l'aile droite du château de Villandry : l'un représente les armes des Le Breton de Colombiers ou Villandry ; l'autre, celles de la familte Gedoyn, dont un membre, Anne Gédoyn, épousa Jean Le Breton. Ces deux familles étaient d'origine orléanaise. Jean Le Breton, acquéreur de Villandry, était fils de Jean Breton, notaire au Châtelet d'Orléans de 1512 à 1523 ; quant à son beau-père, Robert Gedouin, secrétaire des finances, il était petitfils de Jacques, ou plutôt Jean Gédouin, notaire au Châtelet d'Orléans de 1455 à 1491.

- Conformément au voeu exprimé par la Société dans sa dernière séance, M. Dumuys s'est occupé de la question de la crypte de SaintAvit ; il a reçu, de M. Durand, directeur des travaux municipaux, l'assurance que cette crypte serait sauvegardée, et qu'il n'y serait fait aucune installation de nature à en compromettre la conservation.

— M. Dumuys entretient la Société d'une tête, en marbre blanc, de 0m 38 de hauteur, provenant vraisemblablement d'une statue ou copie de statue antique de la Grèce, et qui se trouve actuellement dans une maison de Chécy, après avoir longtemps décoré le faîte d'un mur, chez des vignerons de Bou. Cette tête représente un guerrier coiffé d'un casque identique à celui de la Pallas-Athêné, du Musée du Louvre. Ne pouvant l'acquérir pour le Musée, M. Dumuys l'a fait photographier.

M. Cochard pense que ce débris de statue vient peut-être du château de Châteauneuf.

— M. Didier fait passer sous les yeux des membres présents la

(1) Bulletin trimestriel de la Société archéologique de Touraine 4e trimestre de 1907, p. LXXXVII.


— 78 — photographie, exécutée par M. Dubreuil (cliché n° 21.395), de la médaille de Ronsard, qui a fait récemment l'objet d'une étude de M. Gabillot.

— Avant de lever la séance, il est procédé à l'élection de deux membres associés correspondants. M. J. Banchereau et M. le docteur Bergeron sont successivement élus et proclamés membres associés correspondants.

Séance du vendredi 12 juin 1908.

Présidence de M. DUMUYS, président.

— Après le compte rendu des publications reçues récemment par la Société, M. le Président annonce qu'il est fait hommage :

1° Par M. Emile-Huet, de sa brochure Les complaintes orléanaises et chant populaire en l'honneur de Jeanne d'Arc, contenant plusieurs reproductions en couleur ;

2° Par M. Octave Justice et M. Casati de Casatis, d'un Essai sur l'Art français dans les monuments civils.

M. Pommier offre, en outre, de la part de l'auteur, M. André Chenal, de Fay-aux-Loges, une thèse pour le doctorat en droit intitulée : Etude sur le Présidial d'Orléans 1051-1790.

Des remerciements sont adressés aux auteurs et donateurs.

— M. Jacob annoncé que les dessins de Girodet, signalés par M. Pommier, dans son mémoire sur les manuscrits de ce peintre, comme ayant été donnés à la Société archéologique, ont été retrouvés dans les collections du Musée de Jeanne d'Arc.

— Après avoir présenté la photographie d'une curieuse vierge de bronze appartenant à M. le chanoine Sejourné, M. Dumuys fait passer sous les yeux des membres présents le carnet de route d'un soldat du premier Empire. Ce carnet, trouvé près d'Olivet il y a peu de


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temps, a été rédigé de 1801 à 1811 par Venon, sergent de la 4e compagnie du 1er bataillon du 7e de ligne. Ce manuscrit contient un grand nombre de locutions orléanaises, qui ne laissent aucun doute sur l'origine de son rédacteur. Or, par une singulière coïncidence, un de nos membres correspondants, M. Depréaux, publie, dans La Sabretache, les Mémoires d'un sous officier du même 7e régiment de ligne (ancienne 31e demi-brigade d'infanterie).

— Comme membre du Comité des intérêts de la rue Bourgogne M. Basseville demande si véritablement Jeanne d'Arc a bien acheté la maison qui fait le coin de la rue Bourgogne et de la rue LouisRoguet, ainsi que l'a avancé M. Doinel (Mémoires, tome XV, p. 494-500). Après avoir relu l'article de M. Doinel, M. Jarry émet des doutes sur l'authenticité de cet achat, et se propose de revoir le texte publié par M. Doinel.

Séance du vendredi 26 juin 1908.

Présidence de M. BASSEVILLE, vice-président.

— Après avoir donné lecture d'un télégramme de M. Dumuys s'excusant de ne pouvoir venir présider la séance, M. le Président fait le compte rendu des ouvrages reçus au cours de la dernière quinzaine.

— M. le Président, au nom de la Société, adresse ensuite des félicitations chaleureuses à M. J. Soyer, membre titulaire, présent à la séance, et à M. de Croy, membre correspondant, qui viennent d'obtenir, pour leur Cartulaire de la ville de Blois (1196-1493), la seconde mention honorable du concours des Antiquités nationales de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres ; sept mentions ont été décernées à ce concours.

— Au nom de M. Jarry, membre de la Commission des publications, empêché d'assister à la séance, M. le Secrétaire donne lecture


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d'un rapport demandant l'insertion au Bulletin du mémoire de M. Soyer sur La fin du père Patrault, professeur de Bonaparte à l'école de Brienne. Ces conclusions sont adoptées(1).

A la suite de ce rapport, une note de M. Jarry demande pourquo le procès-verbal de la séance du 22 mai 1908 porte Jean Le Breton, alors que le secrétaire de François Ier s'est toujours appelé et a toujours signé Breton. M. le Secrétaire répond qu'il a mentionné les deux formes (Jean Breton ou Le Breton), parce que l'article de M. de Grandmaison, qu'il avait mission d'analyser, porte « Jean Breton ou Le Breton, époux d'Anne Gédouin ", et acquéreur de Villandry. Toutefois, il semble que M. Jarry soit dans le vrai en déclarant, comme seul exact et authentique, le nom de Jean Breton.

— Au nom de la Commission des publications, M. Soyer lit une note de M. Jarry destinée à accompagner la lithographie de M. Agricol Bénard, représentant la maison de Jacques Boucher, et il en demande l'insertion au Bulletin. Il en est ainsi décidé : note et lithographie seront insérés dans le Bulletin du second trimestre de 1908 (2).

— Au nom de M. Jarry, M. Soyer lit une seconde note de M. Jarry, intitulée : « Corrections au tome XV de nos Mémoires » ; il s'agit d'une erreur de lecture de M. Doinel qui a attribué à La Pucelle l'acquisition d'une maison, sise rue des Petits-Souliers, faite en réalité par La Pinelle (3).

Cette note est renvoyée à la Commission des publications où, pour la circonstance, M. Jarry sera remplacé par M. Huet.

— M. Brédif dépose sur le bureau la table des matières du tome XIV des Bulletins. Ce travail est renvoyé à la Commission des publications.

(1) Voir plus loin, page 101.

(2) Voir plus loin, page 106.

(3) Voir plus loin, page 114.


— 78 — — M. le docteur Garsonnin donne lecture d'un mémoire sur La Compagnie de la Quintaine de Gien. Ce mémoire est également renvoyé à la Commission des publications (1).

ERRATA DU BULLETIN N° 190

P. 21. — Au lieu de « despensare », lire desponsare. Au lieu de « Raufen », lire Kaufen.

P. 53. — La note (a) de la page 52 doit être reportée à la page 53.

(1) Voir plus loin, page 118.


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TERRE DE PORMORANT

À 12 kilomètres environ d'Orléans, et à 1 kilomètre avant d'arriver à Chécy, sur les bords du canal d'Orléans et au nord de ce canal, se trouvé un groupe d'habitations fort anciennes désignées sous le nom de Port-Morand.

Peu de personnes savent que ce lieu fut jadis une seigneurie importante, sinon par son étendue, du moins par ses possesseurs qui appartiennent aux plus vieilles familles de l'Orléanais.

En 1378, André de Bellenoys, seigneur de Port-Morant, donne à bail, le 22 janvier, à Simon Belin, un quartier de vigne à PortMorant, moyennant une rente de 12 sols parisis.

En 1389, André de Bellenoys consent encore un bail à rente foncière, à Jean Burette de la paroisse de Chécy, de trois arpents de terre qu'il tient lui-même à rente de l'hospice du pont d'Orléans.

Le 10 avril 1404, Ysabelle, veuve d'André de Bellenoys, prend à ferme, pour 59 ans, de Pierre Compaing et autres, maîtres et proviseurs et gouverneurs du Pont d'Orléans et de l'Hôtel-Dieu, une maison, des vignes, terres, rivière du Cens, rooges (droits de port), etc., moyennant 40 sols parisis de rente annuelle. L'état des biens affermés extrait du grand livre de l'Hôtel-Dieu est annexé à cet acte.

En 1489, le 30 septembre, un acte passé par Me Barthélemy Sevin, notaire au Châtelet d'Orléans, nous apprend que Portmorant devint, en 1861, la propriété pour moitié de demoiselle Jeanne de Bellenoys qui prit à bail l'autre moitié de Messire Gérard Compaing, gouverneur du pont d'Orléans pour trois années commençant à la Saint-André 1458 jusqu'à la Saint-André 1461, par devant témoins, en présence de Jean Cosme, notaire au


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Châtelet d'Orléans pour 40 sols parisis par an. A cette époque, « honorable homme et sage maistre Philippe des Plantes et Damoiselle Jeanne le Prévost sa femme, fille de Messire Jean Prévost secrétaire du roi, qui était lui-même fils de la demoiselle de Bellenoys, prirent à bail pour 59 ans la moitié du lieu de Portmorant moyennant la somme de 40 sols parisis de rente des proviseurs du pont et Hôtel-Dieu d'Orléans « Gosme de Cosnus, Pierre Hüe, Pierre Auvaint, Guillaume Aulbri, Gilles de Laubespine, Jean Loger, Jean Boislesve, Jean Albin et Gilles Maurin ». Le bail datait de la Toussaint 1461.

Soixante ans plus tard, c'est noble et sage homme messire Jean Brachet et Jeanne Lhuillier, sa femme, qui possèdent Portmorant, ainsi que nous le montre un acte de 1522 de Mgr Robert, évêque de Rochester, avec la permission de Mgr Jean d'Orléans, archevêque de Toulouse et évêque d'Orléans, autorisant la chapelle élevée par Messire Brachet « en l'honneur de la très précieuse croix de Notre Sauveur ».

Portmorant était devenu la propriété des Brachet par le mariage. du père de Jean Brachet avec une Demoiselle Le Prévost.

En 1574, Jehan Brachet, fils du précédent, seigneur de Fraville et de Portmorant, notaire et secrétaire du Roy et de la maison et couronne de France, demeurant à Orléans, paroisse Sainte-Catherine, par acte passé devant Claude Bruère, notaire royal au Châtelet d'Orléans, le mercredi 27 octobre 1574, exécutait les volontés contenues dans le testament de son père. Il fondait, en l'église St-Pierre et St-Germain de Chécy, des services religieux, au sujet desquels il entre dans les détails les plus précis. Chaque dimanche de l'année, à perpétuité et aux fêtes Notre-Dame, St-Jean, St-Pierre et St-Germain, avant la grand'messe, il doit être chanté un Veni Creator, pendant qu'un cierge sera allumé devant l'autel et que les marguilliers sonneront la grosse cloche seule à branle. De plus, chaque année, le mardi après la Pentecôte, devrait être célébré un anniversaire « auquel sera chanté Vigille à neuf pseaumes et neuf leçons et un» grand'messe à diacre, sous-diacre et chapes, avec


— 81 — ung Libera à laffin de la dicte grand'messe à laquelle grand'¬ messe sera pain Biystortilz par ledict fondateur ou ses enfants et hérittiers pendant la célébration duquel anniversaire y aura six cierges de cire allumez dont fourniront les gagers de ladicte église... Pour l'entretènement desquels service et luminaire sera baillé par chascun ou à tousiouramais au terme et feste de Pentecôte par ledit seigneur de Pormorant ses hoirs et ayant cause aux gagers de ladicte église de Chécy la somme de huict livres tournois à prendre lesdictes huict livres tournois de rente chascun an sur tous les biens et herittages dudict seigneur de Portmorant présents et advenir lesquels il a pour cet effet dès a présent chargés, affectés, obligés et ypothéqués ». Les gagers de l'église de Chécy présents à cet acte étaient « Jean Boitard et Michel Malescot se faisant fort et disant avoir charge des habitants de Chécy ». L'acte rapporte enfin que le 1er novembre 1574, à la suite de la grand'messe et de la proclamation faite au prône par Messire Gilles Vincent prêtre, curé de Chécy, les habitants de Chécy, dont les noms sont cités, approuvèrent cet acte.

En 1544, par acte du lundi 22 décembre, Jean Brachet avait passé à Jacques Le Roy, proviseur du pont d'Orléans, un acte d'hypothèque de 4 livres tournois de rente pour la moitié du lieu de Portmorant qu'il tenait de Philippe des Plantes et qui lui avait été vendue, le 23 août 1411, par les proviseurs de l'hôpital St-Antoine.

Jehan Brachet accrut le domaine de Portmorant par des acquisitions successives : du 22 mars 1552, pour un arpent et demi de vignes,, moyennant cinq livres et six sols tournois ; du 26 avril 1557, pour cinq quartiers, moyennant cent cinquante livres tournois; du 14 mars 1572, pour deux terriers, moyennant six vingt quinze livres.

Portmorant, d'après un inventaire de titres du 4 avril 1681 aurait été vendu par Me Jean des Plantes doien de gage, conseiller du roi à honorable homme Pierre Mazier, le 11 mai 1511, de qui Me Brachet l'aurait donc acheté. Il contenait alors 4 arpents de vignes en dehors des île, rivière et autres droits, et aurait été payé quatre cents escus dor sol.

TOME XV. — BULLETIN N° 191. 6


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Le 13 juin 1587, les enfants et héritiers du sieur Brachet de Portmorant et Damoiselle Antoinette Hennequin, son épouse, se partagent ses biens, par acte passé présents Jacques Fleureau et Jacques Vaslin, notaires. C'est Damoiselle Magdeleine Lerebours, épouse de Michel Colas sieur de Champgrand et petite fille de Jean Brachet, qui devient propriétaire de Portmorant.

Le 21 février 1615, par devant Colme, notaire, Charles Brachet sieur de Gérouville confirme à Michel Colas escuier sieur de Champgrand et d'Espinoi, conseiller du roy et commissaire ordinaire de ses guerres et à Damoiselle Magdeleine Lerebours, son épouse, la moitié de Portmorant qui lui revenait de son père.

Le 30 juin 1628, un nouveau partage a lieu par suite de la mort de Charles Brachet, écuyer, sieur de Gérouville, présents Gerbault et Colme, notaires. Oudard Brachet, écuyer, sieur de Parpignan, son frère, Charles Brissonnet, écuyer, sieur de la Source, son neveu, représentant damoiselle Anne Brachet, épouse de Me Lhuilier, écuyer, sieur d'Interville, y prennent part; le partage met à la charge de Me Michel Colas, sieur d'Espinoi et de Damoiselle Lerebours, son épouse, représentant les enfants de demoiselle Hélaine Brachet, épouse de messire Lallement, écuyer, sieur de Choisy et Bellegarde, les cens et droits seigneuriaux de Portmorant, les 8 livres de rente à l'église de Chécy et les 4 livres de rente envers les maîtres du pont d'Orléans.

Ces deux actes sont basés sur un arpentage des terres et autres héritages dépendant de la succession de Jehan Brachet, notaire et secrétaire du roi, seigneur de Portmorant, dressé par Dussaussoy et affirmé devant le Bailly de Coulommiers, le 25 août 1594. Cet arpentage mentionne dans le Vendômois la seigneurie du Verger ou des Brachets, les biens et seigneuries situés à Huisseau, Gravant, Villermin, Tremblevif en Sologne, à Chécy (Les Bretaux-Pormorant), à Lethuin dans le bailliage de Chartres, à Ghemault en Gâtinais (Gironville), à Gouy, à Guignonville, à Beaulle, à Mareau-aux-Prés.

En 1638, Messire Michel Colas, escuier, sieur de Champ-


- 83 —

grand et de Portmorant, commence une instance contre Maîstre Jehan Palluau, prieur du prieuré de Pont-aux-Moines, qui possédait un pavillon bâti sur la rivière du Cens et prétendait à la seigneurie et au droit de pêche sur cette rivière qui appartenait au contraire, comme nous l'avons vu dans notre premier acte de 1378, au seigneur de Portmorant. Par commission royale du 5 juillet 1638, il fut autorisé à citer devant le Parlement le prieur, et l'arrêt du Parlement du 21 août 1638 lui donna raison et le maintint dans ses droits de haute justice sur la terre de Portmorant et dans les droits de rivière, pèche et justice sur la rivière du Cens.

Le 9 octobre 1645, Dame Magdelaine Le Rebours, veuve du Sr de Champgrand, fait donation de ses biens à ses deux filles Magdeleine et Roze et à son fils Messire Alexandre Colas, abbé, auquel est attribué Portmorant.

Par acte du 16 mai 1652, présent Bordes, notaire, Révérend Père en Dieu, Messire Alexandre Colas, seigneur de Portmorant, abbé de Ste-Magdelaine de Plaineselves nomme pour son successeur à la terre de Pormorant son neveu, le sieur Jacques Lamirault Sgr de Marchais Lambert, fils de Damoiselle Magdelaine Colas, fille du sieur Colas de Champgrand et de Damoiselle Magdeleine Le Rebours.

Pendant quelques années encore cependant le Révérend abbé exerce ses droits de propriété sur Portmorant.

Le 28 février 1647, présent Laurent Bordes, notaire, il passe une transaction avec Claude Cardinet, seigneur de Poinville et de la Salle au sujet du droit de pêche en la rivière du Cens « de l'advis de leurs parents et amis commungs pour norrir paix et amityé entr'eux ».

Le 20 mai 1680, l'abbé de Portmorand passe une nouvelle transaction avec la veuve Maugé et Malescot qui avaient fouillé de la pierre dans le lit de la rivière du Cens.

Le 18 janvier 1663, il fait rendre par la prévôté une sentence contre les maîtres fermiers de la pêche de la rivière de Loire, leur défendant de pêcher dans la rivière du Cens.


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Le 29 août 1653, un arrêt de la,Cour le confirme dans ses droits de haute, moyenne et basse justice.

Le 28 août 1657, un arrêt du Parlement l'autorisait, comme administrateur honoraire de l'hôpital de Chécy, à hypothéquer les biens de cet Hôtel-Dieu pour une somme de mille livres destinée à faire face aux dépenses et restaurations résultant de malversations, violences, voies de fait, vol de meubles et d'argent commis en la chambre de la gardienne de l'HôtelDieu. Estienne et Jean du Four étaient alors administrateurs élus de cet hospice.

Le 30 décembre 1657, il fait publier au prône de la grand'¬ messe, à Chécy, des défenses du bailly de Portmorant de pêcher nuitamment dans la rivière du Cens.

En 1680, Jacques Lamirault, escuyer, seigneur de Marchais Lambert et de Portmorand, est devenu propriétaire de ce lieu, et nous le voyons porter foy et hommage, le 1er juillet 1680, à S. A. R. Monseigneur le Duc d'Orléans dont Portmorant relève comme fief.

En 1681, Jacques Lamirault justifie à Monseigneur Bazin de Bezon, conseiller du roi, intendant de la généralité d'Orléans, par un inventaire de titres, que la terre de Portmorant n'est pas aliénée des biens d'église et jouit légitimement de ses droits de justice et de pêche.

En 1683, c'est Marie Geuffronneau, veuve de Jacques Lamyrault qui porte foi et hommage à S. A. R. Monseigneur le Duc d'Orléans en se portant fort pour ses enfants Michel, Joseph, Etienne et Magdeleine, et par l'entremise de Jean Lamyrault l'aîné de la. famille, au nom de Michel Rousseau, seigneur de Trasseloup et de Marie Lamyrault son épouse et de Damoiselle Catherine Lamyrault.

En 1703, les habitants de Chécy prétendirent avoir droit de pêche sur la rivière du Cens, et Estienne Lamirault, jeune, écuyer, seigneur de Portmorant, conseiller magistrat au bailliage et siège présidial d'Orléans, entame contre eux une longue instance qui aboutit à la confirmation de ses droits en 1700.

En 1735, Etienne Lamyrault obtenait de l'évêque d'Orléans


le renouvellement des privilèges accordés en 1523 à la chapelle de Portmorant.

Le 2 septembre 1749, les soeurs d'Etienne Lamyrault, Elisabeth-Françoise, Marie, Marie-Thérèse et Magdeleine-Angélique, prêtent foy et hommage au duché d'Orléans pour leur part de Portmorant.

En 1756, Pormorant est devenu la propriété de Messire Augustin Sérin de Quincy, écuier, chevalier de l'ordre roial et militaire de St-Louis, par suite de son mariage avec Magdeleine-Angélique Lamyrault, ainsi que nous l'apprend un acte de transaction entre lui et les représentants des habitants de Chécy, François Boitard, syndic, Etienne Cordier et Jacques du Four ancien marguillier au sujet de l'ancien lit de la rivière du Cens.

En 1763, Portmorant a encore changé de propriétaire par suite du mariage de Marie-Reine Lamirault avec François Landré, avocat en Parlement.

En 1783, Damoiselle Marie-Thérèse Lamirault de Pormorand et Joseph-François Landré, écuyer, conseiller, secrétaire du roi donnent à bail Pormorand.

La Révolution vint interrompre l'histoire de Portmorand, mais la famille Landré reprenait, le 25 thermidor an VI, possession de Portmorant par des acquisitions successives.

La lutte pour la possession de l'ancien lit du Cens n'est pas close, et les propriétaires de Portmorant se trouvent cette fois en face de l'Etat représenté par les conservateurs des canaux. C'est le dernier acte de cette longue possession dans une même famille.

H. DE LARNAGE.


86

UN FIEF

DE L'ABBAYE DE SAINT-LOUP

A sept kilomètres environ de La Ferté-Saint-Aubin et à 6 kilomètres de Chaumont-sur-Tharonne, sur la route qui conduit à Orléans, s'ouvre un chemin donnant accès au château de Villedard et à une métairie nommée les Chatelliers. Cette métairie est un lieu fort ancien dont nous avons pu reconstituer l'histoire depuis le commencement du XVIIe siècle.

Le lieu des Chatelliers appartenait au sr Théodore Bongars, écuyer, sieur de Villedart, ainsi qu'il résulte d'un acte de partage, du 21 mai 1614, tant de ses biens que de ceux de sa femme demoiselle Anne Conguet et de celle de demoiselle Rose Gachet, veuve du sieur Nicolas Aubelin, sieur dé Favelle, sa belle-mère.

Les Chatelliers échurent en partage à noble homme Charles Bongard, écuyer, sieur de Sainte-Marie, capitaine d'une des compagnies du régiment de M. de Beaumont, pour le service du roi, sixième enfant de Théodore Bongars.

Les Chatelliers étaient évalués 2712 livres 9 sols et le bétail qui y était attaché sept vingt livres dix sols tournois. La métairie de Grosbois, comprise dans ce même lot, était évaluée deux mille huit cent vingt-trois livres huit sols huit deniers, et le bétail six vingt-neuf livres dix sols.

Les Chatelliers contenaient 201 arpents et Grosbois 171 arpents. Ils relevaient, comme fief de la Seigneurie du Lude,. de la paroisse de Jouy-le-Potier, comme en témoigne un port de foy du 14 juin 1624, rendu à Messire Delarable, chevallier sieur dudit lieu seigneurial du Ludde, par honorable homme Pierre Morisset, marchand, demeurant à Orléans, devenu propriétaire des Chastelliers, par acte d'échange du 1er juin 1624 (Alexandre


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Basly notaire). En 1627, Pierre Morisset, sieur de Saulmery, bourgeois habitant à Orléans, paroisse de Saint-Hilaire, fait aveu à Messire Louis Delarable, chevalier sieur du Ludde pour les Chatelliers et l'acte du 17 juillet 1627 (Basly, notaire) fait mention comme vassal du lieu et métairie de Villeneuve-surConie.

Nous retrouvons en effet les ports de foy et hommage faits au sr Charles Bongars sieur de Sainte-Marie, le 19 août 1616, par François Jaupistre, receveur des dismes comme seigneur du lieu et métairie de Villeneuve, sis en la paroisse de Ligny-leRibault-en-Sollogne, le 1er juillet 1624 (Pierre Monnaye, notaire). Le 5 février 1638, c'est la dame Françoise Hanet, veuve de défunt honorable homme Pierre Morisset vivant sieur de Saulmery, Vilaines et les Chastelliers qui reçoit foy et homage de damoiselle Marie Hardouin veuve de deffunct noble homme François Jaupitre vivant conseiller du Roy receveur général du grenier à sel en là généralité d'Orléans.

Par partage de 1640 entre dame Françoise Hanet, et noble homme Gabriel de là Boullaye et noble homme Robert Gombault, les Chastelliers, Grosbois, Vilaines, échurent à la dame Françoise Hanet.

Celle-ci les vendit, par acte du 27 septembre 1683, aux Révérendes Dames abbesse et religieuses de Saint Loup lès Orléans, moyennant la somme de 7248 livres 5 sols 3 deniers sans préjudice des droits dûs au seigneur du Lude pour lesquels la dame Françoise Amiart veuve Guillaume Egrot vivant conseiller du Roy receveur du domaine confesse avoir reçu 125 livres. L'acte Constate que les paiements ont été effectués par les mains du sieur Pierre Loroy prêtre confesseur des Dames de Saint-Lou p qui leur a remis tous les titres de propriété que nous avons retrouvés.

L'abbesse qui effectuait cette acquisition au nom de ces religieuses de Citeaux installées à Saint Loup en 1249, sous le nom de religieuses blanches de la vigne, était haute et très puissante dame Louise Charlotte de Chatillon.

En 1687 nous voyons François Jaupitre, sr de la Frauge-


rie et de Villeneuve lui porter foy et hommage, comme son fils François Jaupitre écuyer contrôleur des guerres de la compagnie chevaux légers de la garde du roy, le fait en 1734 à l'égard de haute et puissante dame Madame Gabrielle de Jubert de Bouville abbesse de l'abbaye royale de Saint-Loup lès Orléans, dame des Chastelliers. En 1754 c'est un nouveau propriétaire le sieur Henry Chapelle bourgeois d'Orléans, qui s'acquitte de ce devoir, de même que en 1760 c'est André Pierre Claveau, devenu propriétaire en 1750.

La dame abbesse, dame des Chatelliers Grosbois et autres lieux, reconnaissait par acte du 27 septembre 1683 que les lieux des Chatelliers et Grosbois étaient en la mouvance féodale de la terre et seigneurie du Lude et payaient à Jérosme Egrot seigneur du Lude 2000 livres pour le profit de quiert et droit d'indemnité s'engageant en outre « elle et ses successeresses à donner de trente ans en trente ans au sr du Lude déclaration des lieux avec une épée d'argent de la valeur de 40 livres ».

En 1699, Madame Louise Charlotte de Chastillon aggrandissoistencore sa terre des Chatelliers et achetant de Marie Hanet les lieux et métairies des Grands et Petits Villaine les Bénardières et la Coudraye d'une contenance de 492 arpents environ à charge de champart sur 26 mines de terre, de six mines de blé envers la dame Tiballier, de deux mines envers le sr Prévost de Sologne et 40 sols de rente envers la bourse de saint Thomas des srs du chapitre de Saint-Aignan (acte du 16 septembre 1699 Jacquet notaire). Les fermiers de la prévoté de Saint-Aignan reconnaissent par quittances du 9 janvier 1699 que Mme l'abbesse de Saint-Loup leur a effectivement versé 55 livres. Les dames de Saint-Loup s'acquittaient exactement de leurs obligations comme le prouvent des titres et quittances de rentes de 10 livres dûes par l'abbaye et par le sr de Saint Péravy la Colombe aux srs de la Briffe et à la Dlle Landré, depuis 1506 jusqu'à 1777.

En 1717, la dame de Chatillon abbesse de Saint-Loup fait aveu à la dame Laisné du Ludde.

En 1719, les héritiers de Maistre Louis le doyen, clerc tonsuré du diocèse d'Angers, prévôt de Sollongue en l'église de Saint-


Aignan d'Orléans, passe transaction avec les dames de SaintLoup : haute et puissante dame Madame Olimpe de Chastillon abbesse, soeur Marie de Chantemesle prieure, soeur Marie Guymont sous-prieure, soeur Madeleine Pothier, soeur Marguerite Poupardin, sr Caterine Marin, sr Aymée de Garibaldy, sr Anne de Chantemesle, s'' Henriette Colleau, religieuses pro - fesses, à cause de leurs biens sis en la mouvance de la prévôté de Sologne. On convient de payer sept cent cinquante livres et de passer reconnaissance tous les 40 ans.

En 1734, les dames de Saint-Loup signent une transaction avec Messieurs les vénérables doyen chanoine et chapitre de l'église royale de Saint-Aignan d'Orléans relativement à leurs droits de rentes.

Le 20 août 1748, le sr du Lude reconnaît avoir reçu des dames de Saint-Loup l'aveu trentenaire convenu et une épée d'argent de la valeur de 40 livres.

Les dames de Saint-Loup, si exactes à remplir leurs obligations, ne négligeaient pas non plus l'administration de leurs biens. Nous en trouvons la preuve dans les baux passés par elles pour leurs fermes des Chastelliers et de Grosbois de 1749 à 1776.

Leurs voisins trouvaient des personnes fort résolues à faire respecter leurs droits de propriété, comme en témoigne une correspondance échangée entre M. de Morett, seigneur de Villedard, et M. Tranchard, curé de La Ferté Saint-Aubin en 1785 qui s'occupait des intérêts de Saint-Loup. Questions de limites, droits de pacage, droits de chasse étaient sérieusement défendus par leur mandataire. Ces soins amenaient également entre l'abbaye et son mandataire des échanges de politesses. Mme l'Abbesse envoyait à M. le Curé de La Ferté-Saint-Aubin un faisan et celui-ci en remerciant ripostait par « une carpe qu'il croit braïne et un brochet passable ».

Mais nous voici en 1790. Les administrateurs du district de Romorantin font estimer les Chatelliers et Grosbois devenus biens nationaux de première origine, et Louis-François Vallet, notaire à Romorantin, les estime 13.271 livres 12 s. 3 d.


- 90 — Une affiche du 28 brumaire an VI (ou 18 novembre) jour de la foire de Saint-Aignan, annonce la vente en l'étude du Citoyen Asselin, notaire à Orléans, marché de la porte renard. C'est M. Jean Baptiste Pierre Jullien notaire à Orléans, rue Neuve paroisse Sainte-Croix, qui en devient propriétaire et le dernier acte du dossier est la résiliation notariée du bail de Jacques Boullan le dernier fermier de l'abbaye de Saint-Loup.

H. DE LARNAGE.


— 91 —

LES

CURÉS DE SAINT-PATERNE

D'ORLÉANS

Dans l'église Saint-Paterne d'Orléans, sur plaque de marbre blanc placée à la porte de la sacristie, est exposée la liste suivante des noms des curés de la paroisse :

GUESET (Jacques), martyrisé. . . . 1562

MAUGAS (Gilles) 1562-1610

GOUPPY (Paul-Laurent) 1610-1624

SALMON (André) 1624-1635

CHALLON (Gaspard) 1635-1670

CHALLON (Gratis) 1670-1687

ROBEAU (Pierre). . . 1687-1714

DESVERNEYS (Pierre-Augustin). . . . 1714-1741

MANGOT (Jean-Louis) 1741-1781

Cette nomenclature contient de nombreuses erreurs qu'il importe de rectifier. Je n'en connais pas l'auteur ; elle remonte probablement au temps où M. le curé Clesse (1864-1888) reconstruisait l'église de Saint-Paterne. Mais il ne faut pas plus longtemps exposer ceux qui écriront sur l'histoire d'Orléans à prendre pour authentique une liste pleine d'inexactitudes (1).

1. — Du premier, Jacques Gueset, la date initiale est omise. Or, il entra en fonctions le « cinquiesme jour de mars l'an mil « cinq cens quarante quatre. » Telle est la date qu'il écrivit en tête de son " Registre des baptesmes faictz en l'église St

(1) La longue série d'erreurs que je vais signaler a déjà malheur reusement passé dans le livre de M, l'abbé Surcin, La Paroisse de Saint-Paterne.


- 92 —

« Paterne d'Orléans par moy Jaques Gueset, pbre curé de lad. « église et mes chapelains ».

La date de son décès est exacte. Caché pendant l'occupation d'Orléans par les protestants, il fut découvert et mis à mort le 2 août 1562.

2. — Son successeur Gilles Maugas ne fut nommé qu'en 1563 quand Orléans fut rentré sous l'autorité royale. Son registre ne commence que « le dix-huitième jour d'avril après Pasques l'an « mil cinq cens soixante trois ».

Il signe un acte du 13 juillet 1610, mais les treize actes suivants n'ont plus de signature, et celui qui suit, du 10 août, porte la signature : N Gouppy. C'est donc entre ces deux dates que mourut Gilles Maugas et que fut nommé son successeur..

3. — Celui-ci ne s'appelait pas Paul Laurent, mais Nicolas. Il signe partout N. Gouppy curé, et en tête du registre GG 1269 il atteste que ce registre a été commencé «. par moy Nicollas Gouppy ».

Il mourut en août ou septembre 1624, car du 16 septembre 1624 au 27 septembre 1625 l'interrègne fut rempli par Martin prbre.

4. — La date du curé Salmon est donc aussi à rectifier. De plus je ne crois pas que son nom soit André : sa signature L. Salmon curé lui donne pour prénom Louis ou Laurent.

5-6. — L'inscription nomme les deux curés suivants Challon. D'après la comparaison de leur habitude d'écrire les deux' lettres n et u, je pense qu'il faut lire Challou. De plus, une mention trouvée sur un registre de la paroisse Saint-Vincent lève tout doute à ce sujet. Le curé de cette paroisse, « l'an mil « six cent soixante et dix-sept, le dernier jour d'octobre, après « publication de bans sans aucun empêchement tant en ceste « église que dans celle de Saint-Paterne, ainsi qu'il est apparu « par le certifficat et consentement à la bénédiction nuptiale du « sieur curé dudit lieu, signé Chailloü, et daté du jour d'hier ». (GG 2066).


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Le prénom de ces deux curés est, sans aucune hésitation possible, fixé par le titre du registre 1282 intitulé :

Registre des Baptesmes faictz Et Administrés dans l'église parochialle de Saint-Paterne d'Orléans Par moy François Challou Presbtre et Curé d'Icelle Continuant un précédent de deux cents Cinquante feuillets (1 ) commencé par feu Mre Gaspard Challou, Pbre, mon oncle et prédécesseur le 23e de septembre 1655 et achevé ou complet par moy (2) ce jourdhuy jeudy neufviesme juillet 1665. Lequel registre, etc.

Ainsi il est bien prouvé que le second Challou s'appelait François et non Gratis. Jamais saint patron n'a porté ce dernier nom. Tout au plus aurait-on pu lire Gratien. Mais l'erreur est explicable. François Challou et son vicaire Heuzé signent tous les actes. Or, au bas de nombreux actes de décès, à la suite ou au-dessous de leur nom, ils écrivent le mot gratis (3), pour indiquer que les obsèques ont été faites gratuitement. La même mention se retrouve aux registres d'autres paroisses. Comment l'auteur de la plaque de marbre a-t-il pu être assez inattentif pour commettre une pareille erreur ?

La discussion de la date de la « prise de possession » de François Challou est plus délicate. Devint-il curé de SaintPaterne en 1661, en 1665 ou en 1670 ?

On a vu plus haut qu'il avait « achevé ou (au) complet cejour(1)

cejour(1) le registre GG 1279.

(2) En effet l'oncle cesse de signer « le jeudy 22 septembre 1661... » et au v° commence, le 24 septembre, la signature de son neveu.

(3) Comme variantes, je citerai : gratis-pro Deo et gratis propter azymos sinceritatis.


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« d'hui jeudy neufviesme juillet 1665 » le registre commencé par son oncle. On pourrait en conclure tout d'abord que sa prise de possession est antérieure à cette date, ce qui infirmerait déjà celle portée sur la table de marbre. Mais je crois qu'il faut remonter à une date encore antérieure. Un autre registre va faire la lumière.

Le registre GG 1281 est intitulé :

Registre des sépultures Faictes en la paroisse de St-Paterne

De la ville d'Orléans Depuis le premier jour d'Octobre

De l'année mil six cent soixante et un Par François Challou Presbtre Curé

Dudict lieu Qui a commencé en ce temps-là

D'en exercer la charge Quoiqu'il en fust titulaire devant Et depuis le quatriesme juin de la mesme année (1).

Peut-il rester aucun doute sur la date erronée de 1670 ? Comment l'expliquer? Le voici.

Il existe dans les manuscrits de Polluche un relevé d'épitaphes copiées aux cimetières d'Orléans. Il note celle du curé Gaspard Challou :

« Dans le choeur sous la lampe (2) Vénérable et discrète personne Gaspard Challou prêtre, curé de la paroisse, décédé le 15 mars 1670 à l'âge de 78 ans, lequel a donné à la fabrique la somme de 800 francs et un calice d'argent. »

Le registre GG 1286 donne son acte de décès :

« Le lundy 17e mars 1670 fut inhumé dans cette église le corps de " deffunct vénérable et discrette personne Maistre Gaspard Chalet lou, vivant prestre, après avoir receu les sacremens de pénitence,

(1) Ligne ajoutée par une autre main.

(2) Lieu ordinaire de la sépulture des curés.


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« d'eucharistie et d'extrême onction. Sa sépulture faite ez présences « des soubsignés. Ledit deffunct décédé à soixante et dix huict ans « environ. »

Claude Marie Challou (sic)

Marie Challou (sic)

Allix Legrand

Jean-Baptiste Lenormant

Nicolas Lenormant Challou (sic). »

En marge a été plus tard écrite la mention suivante :

« Ledit sieur Gaspart avoit esté curé de ladite paroisse de Saint" Paterne et a fait dans ladite église quatres fondations et plusieurs « dons. »

F. CABART, Vicaire de cette Eglise. »

Ces actes ne disent pas que Gaspard Challou fût décédé dans son presbytère, comme cela est ailleurs mentionné ; il a cessé de signer les actes en 1661 ; son neveu dit lui avoir succédé dès le 4 juin 1661 : ces faits signifient, selon moi, que Gaspard Challou, à l'âge de 71 ans, infirme, ne pouvant plus exercer son ministère, avait obtenu de céder sa cure à son neveu et ne mourut que sept ans après.

Quant au nom de Challou, il s'explique facilement. C'est le nom d'une petite paroisse (1) limitrophe de l'archidiaconé de Pithiviers au diocèse d'Orléans, dont cette famille était sans doute originaire. Il n'y a rien d'étonnant à ce qu'un de ses membres fût entré dans le clergé d'Orléans. Un autre curé d'Orléans mentionne qu'il était né à Gommerville, autre village voisin de Chalou-Moulineux.

7. — François Challou tomba malade dans la seconde quinzaine de décembre 1686 (2) et mourut en avril ou en mai 1687. Il eut pour successeur Pierre Robeau, qui était son vicaire depuis la

(1) Aujourd'hui Chalou-Moulineux, canton de Méréville (Seine-et Oise).

(2) Il signe encore le 17 décembre.


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fin de novembre 1685, et qui signa encore en cette qualité le 18 mai 1687, mais, le 20 mai se dit « prestre curé de cette église ». La date de sa mort, 1714, est exacte. On trouve au 5 février l'acte de décès de " vénérable et discrette personne « messire Pierre Robeau, âgé de 72 ans ».

Il était de famille obscure : ses quatre parents présents à ses obsèques savent à peine signer.

8. — Son successeur, comme son nom l'indique, était étranger au diocèse. Il ne paraît que le 4 juin. Il eut en 1620 pour vicaire un Breton du nom de Kergariou.

La plaque de marbre lui donne le double prénom de PierreAugustin. Je ne lui vois nulle part ce double nom. Son acte de décès du 17 mai 1641, le nomme simplement « messire Pierre Desverneys (1) ». Il mourut à l'âge de soixante-dix-huit ans. Il avait, est-il dit, « gouverné sa paroisse avec tout le zèle et l'at« tention d'un sage et vigilant pasteur. »

Selon l'usage, l'archiprêtre P. Dargouges présida à ses obsèques.

9. — Après lui la paroisse de Saint-Paterne fut quelque temps administrée par ses trois vicaires, Charles Robon, Jacques Dubourg et Joseph Fleury, car son successeur du nom de Mangot ne paraît que le 7 septembre 1742.

Ce successeur Jean-Louis Mangot était également de famille étrangère au diocèse d'Orléans, de Bourgogne probablement, car c'est là qu'il alla mourir en 1781.

« Le vingt-huitième jour de septembre mil sept cent quatre vingt « un M. Jules-César CHARLES a pris possession de la cure de Saint« Paterne vacante par la mort de M. Jean-Louis Mangot, dernier « titulaire décédé à l'abbaïe de Malaize en Bourgogne le douze du « présent mois, après l'avoir gouvernée quarante années avec « sagesse et avoir mérité non seulement de tout son peuple mais de « toute la ville et même de tout le diocèse dont il était sindic.

« LEJEUNE, vicaire. »

(1) Il y a lieu de croire qu'il était chanoine régulier, suivant la règle de saint Augustin.


— 97 —

10. — Un document plus ancien nous fournit le nom du premier curé connu. Aux Archives municipales se trouve un acte coté : " Arrêts et pièces servant à monstrer que les gens d'église et le clergé de la ville d'Orléans sont contribuables (1) pour la quarte partie de tous frais, réparations et fortifications de la ville. »

Tous les curés sont assignés et parmi eux : frère Edouard Trousson, prieur de Saint-Paterne (2), et Jean Turquois, curé de Saint-Paterne, qui devront prendre la tête de la liste sous la date d'avril 1390.

Si donc on rétablit les noms et les dates véritables, voici quel doit être le catalogue des curés de Saint-Paterne :

TROUSSON (Edouard), prieur 1390

TURQUOIS (Jean), curé 1390

GUESET (Jacques)... 5 mars 1543 à 2 août 1562

MAUGAS (Gilles) 1563-1610

GOUPPY (Nicolas) 1610-1624

SALMON (Louis ?) 1625-1635

CHALLOU (Gaspard) 1635-1661

CHALLOU (François) 1661-1687

ROBEAU (Pierre). 1687-1714

DESVERNEYS (Pierre). ....... 1714-1741

MANGOT (Jean-Louis) 1742-1781

Cette notice aura au moins le mérite de fournir les noms et les dates véritables des huit premiers curés de Saint-Paterne donnés avec une inexactitude surprenante par la table de marbre. On ne saurait nier qu'il importait de rétablir la vérité historique et d'avertir avec quelle prudence il faut se servir des documents écrits quelque peu anciens.

Aug. BAILLET.

(1) Cf. Aug. Baillet, Réparations à la Porte Bourgogne en 1459. Bulletins de la Société archéologique, XIV, n° 189.

(2) L'église de Saint-Paterne était un prieuré dépendant de l'abbaye de Saint-Père de Chartres. Aucun autre prieur ne figure sur les registres de baptêmes de la paroisse. Au XVIIIe siècle la cure était à la nomination de l'évêque d'Orléans.

TOME XV. — BULLETIN N° 191. 7


- 98

LE MOT " PROVINCE »

employé comme synonyme de « Généralité » au XVIIIe siècle

Dans le récent ouvrage de M. Armand Brette, Les limites et les divisions territoriales de la France en 1789 (Paris, 1907), et dans les comptes rendus critiques qui lui ont été consacrés par MM. A. Aulard et Camille Bloch, il est beaucoup question du mot « province » et du sens de ce mot.

M. Brette ne voit dans ce terme qu'une expression vague et banale et n'hésite pas à en demander la proscription de notre vocabulaire historique (1).

M. Aulard, dans La Révolution française (tome 53, 1907, page 82), affirme qu' « il y a erreur grossière à employer le terme province par confusion avec le ressort des intendants, par exemple ».

M. Bloch, dans la Bibliothèque de l'École des Chartes (68° année, 1907, page 354), dit que « l'assimilation assez fréquente de la province à la généralité administrée par un intendant ne se justifie pas ».

A mon avis, ces affirmations sont trop catégoriques, car il est certain que, sous les règnes de Louis XV et Louis XVI, le mot « province », comme synonyme de généralité ou de territoire administré par un intendant de justice, police et finances, était d'un usage courant non seulement dans les écrits privés, mais dans les documents officiels.

En voici quelques exemples probants — entre mille —

(1) Avant-propos, p. VIL


— 99 — empruntés aux Archives départementales du Loiret (fonds de l'intendance de la généralité d'Orléans, série C, dont l'inventaire est en cours d'impression). Je donne ces exemples dans l'ordre chronologique :

Arrêt du Conseil d'État du 25 mars 1756 : « ... Vu le rapport du sieur Roger, ingénieur de la Province...; or, dans ses rapports, Roger s'intitule et signe : « ingénieur des Ponts et Chaussées de la Généralité d'Orléans » (C. 266).

Dans une ordonnance du Bureau des finances d'Orléans de 1776, le même ingénieur de la Généralité, Roger, est qualifié d' « ingénieur de la Province » (C. 247).

En 1776, l' « entrepreneur de l'illumination de Paris », écrivant, pour vanter son système d'éclairage, à l'intendant d'Orléans, M. de Cypierre, s'exprime ainsi : «... On peut s'en assurer par les informations que l'on feroit à toutes les villes que j'éclaire, qui sont Paris, Versailles, Nancy, Aras, Châlons, Compiègne, Amiens et Rennes et Nantes ; j'ose vous assurer, Monsieur, que les témoignages que MM. les intendants de ces provinces et les officiers municipaux des villes donneroient de moy vous convaincroient de cette vérité... » (C. 246).

Le 29 mars 1777, l'intendant d'Orléans lui-même, M. de Cypierre, emploie ce mot dans une lettre autographe datée de Paris, par laquelle il fait part du mariage de son fils aux maire et échevins d'Orléans : « Après avoir ainsi pourvu », dit-il, « à l'établissement de mes enfans (1), je n'ai plus d'autres désirs que de consacrer mon zèle à la province qui m'est confiée et de luy procurer tous les avantages et les soulagemens qui dépendront de moy » (C. 110).

Le 26 juillet 1783, dans un arrêt du Conseil-d'État, l'ingénieur Gallot est qualifié tantôt d' " ingénieur en chef des ponts et chaussées de la généralité d'Orléans », tantôt d' « ingénieur en chef de la province. » (C. 269).

(1) L'intendant avait marié sa fille en 1775.


- 100 —

Ces textes, où l'emploi du terme « province » comme synonyme exact de « généralité » se remarque très nettement, font bien comprendre le sens de l'expression « assemblée provinciale », donnée par l'édit de juin 1787 à un Conseil régional siégeant près de l'intendant et s'occupant exclusivement des affaires de la Généralité.

Jacques SOYER.


101 -

LA FIN DU PÈRE PATRAULT

Professeur de Bonaparte à l'École de Brienne

Les historiens qui ont étudié la jeunesse de Bonaparte n'ont pas manqué de parler — mais en termes assez vagues — de Patrault, professeur à l'école royale militaire de Brienne.

M. de Norvins n'en dit qu'un mot dans son Histoire de Napoléon (1), d'où la critique est absente, mais où, en revanche, la mauvaise rhétorique se trouve à chaque page : Il affirme, sans preuve d'ailleurs, que « Pichegru était le répétiteur de Bonaparte sous le père Patrau (sic), qui défendait, dans cet élève de prédilection, le premier de ses mathématiciens. Ainsi, le froc d'un moine cachait le conquérant de la Hollande, et l'habit d'un élève le dominateur de la France et del'Europe » (sic).

C'est certainement M. Arthur Chuquet, dans son très original ouvrage sur La jeunesse de Napoléon (2), qui a donné sur Patrault les renseignements les plus détaillés et les plus précis.

Je me permets de les résumer ici : Le père minime Patrault était un des professeurs de mathématiques de l'École de Brienne. Napoléon, admis dans cette institution en 1779, le regardait comme un excellent maître (3) ; et pourtant il n'était pas tendre pour ses anciens précepteurs. N'a-t-il pas dit qu' « élevé parmi

(1) Cinquième édition, Paris, 1834, page 11.

(2) La jeunesse de Napoléon : Brienne ; 2° édition, Paris, 1897.

(3) Op. cit., p. 110. — La graphie du nom de Patrault est très variable : on trouve aussi Patrauld et Patraud.


— 102 — les moines, il avait eu l'occasion de connaître les vices et les désordres des couvents (1) » ?

Le P. Patrault, d'une grande souplesse et d'une grande intelligence, devint, après l'entrée de Bonaparte à l'Ecole militaire de Paris (car Brienne n'était qu'une école préparatoire), procureur de l'établissement des Minimes (1787-1788) (2). En 1789, on le trouve agent et homme de confiance de l'archevêque de Sens, le cardinal Loménie de Brienne. En 1791, l'ex-minime était secrétaire du nouvel évêché de l' Yonne et vicaire épiscopal (3). En 1793, il se déprêtrisait pour se consacrer entièrement à la famille de Loménie. En 1796, il rejoignait Bonaparte à l'armée d'Italie ; mais il aimait mieux, dit M. Chuquet, calculer sur le papier la courbe des projectiles que d'en vérifier les effets sur les champs de bataille. Entré ensuite dans l'administration des Domaines, il gagna, parait-il, son million, spécula, joua, eut hôtel à Paris, maison de campagne à Suresnes et finit par se ruiner. Il chercha alors à apitoyer le Premier Consul. « J'ai déjà payé vos dettes », répondit Napoléon à Patrault, « je ne peux plus rien pour vous et ne saurais faire deux fois la fortune d'un homme ». Pourtant, il lui acheta ses orangers de Suresnes, qui furent transportés à La Malmaison, et lui paya une pension.

Voilà, en deux mots, ce que M. Chuquet nous apprend sur la carrière bizarre du ci-devant minime.

Une lettre du Sous-Préfet de Montargis, M. de Wildermeth, en date du 1er mai 1817, adressée au baron de Talleyrand; préfet du Loiret — lettre que j'ai trouvée aux Archives du Département (4) — complète singulièrement la biographie de ce personnage et nous renseigne sur sa fin, presque inconnue jusqu'à ce jour.

(1) Sur la faiblesse de l'enseignement donné par les Minimes de Brienne et sur la moralité déplorable de la plupart des élèves, v. Chuquet, op. cit., p. 113 et surtout p. 405.

(2) Op. cit., p. 372.

(3) Op. cit., p. 153-154. — Je cite presque textuellement M. Chuquet dans tout cet alinéa.

(4) Série O, n° 359, original.


— 103 —

Je reproduis ce document qui annonce la mort à Villemoutiers (1), commune du canton de Bellegarde, de JeanBaptiste Patrault, le 29 avril 1817 :

« Montargis, le 1er mai 1817. MONSIEUR LE PRÉFET,

J'ai l'honneur de vous informer que M. Patrault, Jean-Baptiste, propriétaire, domicilié à Villemoutiers, commune de mon arrondissement, est décédé dans sa maison de campagne, le 29 du mois passé, à la suite d'une fièvre catharrale. Cet homme était remarquable en ce qu'il fut, à Brienne, le précepteur de Bonnaparte et désigné à cette fonction par M. de Marboeuf (2). Il fut aussi son secrétaire intime pendant toutes ses campagnes d'Italie, il l'accompagna même en cette qualité en Egypte. Son opinion toute républicaine le brouilla avec son élève, alors que ce dernier se couvrit de la pourpre consulaire pour usurper la dictature à vie. Il rompit avec lui et se retira modestement à Villemoutiers. Là, il n'a point renoncé à ses principes ; car, malgré le désaveu qu'il a fait publiquement de son affection pour Bonaparte, il préférait encore son gouvernement à celui des Bourbons, comme plus rapproché de ses opinions, mais avec assez d'art pour ne jamais se compromettre; il était bienfaisant et ses manières obligeantes le faisaient aimer de ses concitoyens.

M. Patrault avait beaucoup d'esprit ; aussi ai-je lieu de penser qu'il doit avoir laissé des notes fort intéressantes, fruits de ses

(1) Patrault avait acheté l'ancien prieuré de Villemoutiers relevant de l'abbaye de Vézelay, vendu en 1791 comme bien national à Trioson, médecin et père adoptif du peintre Girodet. V. Villemoutiers, par Champion dans Annales de la Société historique et archéologique du Gâtinais, tome II, Fontainebleau, 1884, p. 180. M. A. Chuquet n'a pas connu cet article, qui contient quelques renseignements curieux sur le P. Patrault. — Sur Villemoutiers, v. aussi Patron, Recherches historiques sur l'Orléanais, Orléans, 1871, tome II, p. 63 (renseignements inexacts).

(2) Ceci est de la légende : Ce qui est seulement vrai, c'est que le comte de Marboeuf recommanda le jeune « Napoléon de Bonaparte » au ministre de la guerre en 1778 (V. Chuquet, op. cit., p. 81).


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longues liaisons avec un homme dont la destinée a si longtemps dirigé celle de la France et qui, placé dans sa confiance, a dû être dépositaire de grands secrets. Si j'avais trouvé dans les lois qui nous régissent, quelque lueur d'autorisation, j'en aurais profilé pour receuillir (sic) en faveur du Gouvernement quelques-unes de ces notes.

J'ai cru devoir, Monsieur le Préfet, vous donner avis de cette mort. Peut-être M. Patrault fixait-il dans sa solitude les regards du Gouvernement : sa vie publique a dû nécessairement rendre sa vie privée moins obscure que celle du commun des hommes. Dans le doute où Je puis être à cet égard, il m'a paru que le premier magistrat du département devait être informé du décès d'un de ses administrés dont la vie politique a été assez remarquable.

J'ai l'honneur d'être, avec un profond respect, Monsieur le Préfet, votre très humble et très obéissant serviteur.

Le Sous-Préfet de Montargis : DE WILDERMETH. Monsieur le Préfet du Loiret. »

Le Préfet, le 10 mai 1817, remercia le Sous-Préfet de Montargis du soin qu'il avait pris de l'instruire de cette mort et des détails dans lesquels il était entré.

Dès le 6 mai, il n'avait pas manqué d'informer de ce décès le ministre de la Police générale, M. Decazes. Dans sa dépêche à " Son Excellence », le Préfet s'est borné à recopier la lettre du Sous-Préfet en ajoutant seulement celte phrase : « Il est à croire, Monseigneur, qu'il a laissé des notes intéressantes sur ses relations avec l'homme extraordinaire dont il a suivi quelque tems et peut-être préparé la fortune. »

Les mémoires de Patrault ne nous sont pas parvenus : Heureux l'érudit qui arrivera à les retrouver dans quelque famille ou chez quelque notaire de la région de Villemoutiers !

Sans cette lettre du Sous-Préfet, on ignorerait encore «l'opinion toute républicaine » de l'ex-minime. Malgré son républicanisme, Jean-Baptiste Patrault avait été nommé par le Préfet maire de Villemoutiers pour 5 ans, le 6 janvier 1808. Nous


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constatons par des notes officielles de l'époque qu'il était alors célibataire et qu'il avait 6,500 francs de revenus : il était né en 1752 (1).

Au renouvellement des municipalités, le 29 janvier 1813, il fut continué dans ses fonctions : il avait alors 60 ans, était marié et père de trois enfants (2). Son administration ne cessa que sous la Restauration, après la promulgation de l'ordonnance royale du 13 janvier 1816 prescrivant le renouvellement total des maires et adjoints.

Jacques SOYER.

(1) Archives départementales du Loiret, série M, n° 572 :

Registre contenant les noms, prénoms et autres renseignements

sur les Maires et Adjoints de toutes les communes du département

du Loiret, dont la population est au-dessous de 5.000 habitans,

nommés par M. le Préfet, dans le courant des années 1808... ».

(2) Arch. dép. du Loiret, série M, n° 572 : Registre des maires nommés par le Préfet dans le courant des années 1813 [1814 et 1815, additions]. — Patrault est enterré dans le cimetière de la commune. Son épitaphe est : « Jean-Baptiste Patrauld. Une larme au père des pauvres ».


— 106 —

NOTE SUR LA MAISON DE JACQUES BOUCHER

La charmante lithographie exécutée par M. Agricol Bénard, pour la Société archéologique, représente, dans son-état actuel, la maison où descendit Jeanne d'Arc pendant le siège de 1429 : la maison de Jacques Boucher, trésorier du duc Charles d'Orléans. Il n'y a pas lieu de refaire ici le travail qui a pris place dans nos Bulletins (t. XIII, p. 461), auquel on peut se reporter. Un mémoire complet et définitif est, d'ailleurs, en préparation et en voie d'achèvement. Il complétera et confirmera cette démonstration.

Qu'il nous suffise ici de féliciter notre collègue d'avoir rendu avec autant d'art que d'exactitude la disposition pittoresque appelée à disparaître, et déjà entamée dans l'état qu'il reproduit. Il y a des destructions inutiles que la postérité ne comprendra pas. Car, répétons-le encore une fois, ce n'est pas la façade défigurée et remaniée, c'est surtout l'intérieur et les solives contemporaines de Jeanne d'Arc, qui nous tiennent au coeur, et ont un intérêt archéologique.

E. JARRY. .


Maison où Jeanne d'Arc a logé pendant le Siège d'Orléans.



107 —

LAZARE CARNOT

ET

JEANNE D'ARC

Le Livre d'or de Jeanne d'Arc de M. P. Lanéry d'Arc, au chapitre des Poésies diverses, enregistre, sous le n° 1517, cette courte mention : Carnot (Le Général L. N. M.). Romance de Jeanne d'Arc [1820], in-12, de 12 p. Extrait des Opuscules poétiques du Général Carnot, pages 257-166. Vingt-cinq strophes de huit vers,

A la Bibliothèque, chacun peut se procurer les Opuscules poétiques du Général Carnot. C'est un fort in-8°, publié en 1820 à Paris, par Baudouin fils, imprimeur-libraire-éditeur, rue de Vaugirard, n° 36. Il contient de nombreuses pièces de poésies, des chansons pour la plupart, et à la page 257, en effet, la Romance de Jeanne d'Arc.

Cette romance est une véritable complainte conçue sur le modèle ordinaire de ces sortes de productions, avec la seule prétention de retracer fidèlement en un langage orné de rimes plus ou moins riches qui permettent de le chanter la vie de l'héroïne qu'elle entend célébrer. Au surplus, ce fut là le principal et évident souci de l'auteur, car il a bien soin de l'indiquer à la première note qu'il pique, en bas de page, au dernier vers de la troisième strophe : « Cette romance, écrit-il, « est l'histoire simple et sans aucun mélange de fictions, de « Jeanne d'Arc, dite La Pucelle d'Orléans, qui vécut au temps « de Charles VII. »

A ce titre l'opinion du grand Carnot sur Jeanne d'Arc nous a semblé intéressante à étudier.

Sur le point spécial, d'abord, de sa nationalité, Carnot paraît n'être pas de l'opinion du poète Villon, le chantre de la


- 108 — « bonne Lorraine ». Il semble tenir pour Jeanne Champenoise. Il écrit en effet :

Jeanne était de Champagne. Le bruit de nos malheurs, Jusque dans la campagne, Alla glacer les coeurs.

Je ne sache pas que le Dr Athanase Renard ait jamais invoqué, à l'appui de sa thèse favorite, l'opinion de Carnot qui, pour être dénuée dans sa romance de tout appui documentaire, devait, dans son esprit, reposer sur des raisons réfléchies.

Mais, qu'elle fût née ici ou là, qu'importait? Ce qui était sûr, c'est qu'elle était née simple et pauvre. Le poète le dit fort gracieusement :

Vertus, grâces, courage,

Généreux sentiments,

Furent tout l'héritage

Qu'elle eut de ses parents.

Elle était pieuse, surtout :

Que peut une bergère, Hélas : à dix-sept ans ! Elle offre sa prière Et ses voeux innocens.

Et, simple, pauvre, pieuse, qu'elle soit Champenoise ou non, elle fut patriote :

Ainsi finit la vie De ce pieux martyr, Qui sauva sa patrie, Gardons son souvenir.

Quelle fut la mission de Jeanne ? Sauver Orléans et faire sacrer le Roi. C'est là la pure orthodoxie Johannique. Mais d'où lui venait cette mission ?

Dans sa ferveur sincère, Jeanne à diverses fois, Du Dieu qu'elle révère, Croit ertendre la voix.


— 109 —

Le poète le croit-il, lui aussi? Oui, car il ajoute :

L'éloquence de Jeanne Prouve sa mission, Dans une paysanne, On admire ce ton.

Et ce n'est pas assez. A. cette mission prouvée, il faut une récompense : la voici :

Mais Dieu qui la destine A la palme des saints Permet que l'héroïne Tombe en d'hostiles mains.

Voilà donc Jeanne d'Arc martyre en voie de canonisation de par Lazare Carnot.

A quelle époque cette poésie a-t-elle pu être écrite ? Il est permis d'affirmer avec certitude que ce ne fut point en 1792 : Carnot était alors conventionnel et membre du comité du salut public. En 1795, il faisait partie du Directoire; de 1800 à 1802 il fut ministre de la Guerre, puis Tribun. Disgracié par Napoléon jusqu'en 1813, il quitta la France en 1815 pour aller mourir à Magdebourg, en 1823. Il est donc vraisemblable que c'est entre 1815 et 1820 qu'il s'improvisa chantre de Jeanne d'Arc.

L'organisateur de la victoire de 1795 fut heureux de trouver alors la plume du poète pour traduire, en retraçant la vie d'une grande patriote, ce qui sous ses divers aspects avait été la passion maîtresse de sa vie. Il le dit d'ailleurs :

En lisant cette histoire Vous vous attendrirez : Une jeune héroïne Délivre son pays !

L'éditeur des Opuscules poétiques dit, dans l'avertissement au lecteur, que la table des matières indiquera la musique composée pour chacune des pièces de poésie. Hélas ! Malgré cette promesse, la Romance de Jeanne d'Arc n'a point de musique


— 110 —

indiquée à la table et, alors que pour beaucoup d'autres des airs sont spécifiés dont quelques-uns sont d'un Orléanais, Romagnesi, pour notre complainte, l'éditeur, en fait d'indication, s'est contenté d'imprimer une ligne de points !... C'est insuffisant. Nous le regrettons, mais nous pouvons y suppléer. Le mètre des strophes, en effet, s'adapte merveilleusement à l'air du Noël célèbre : « Nous voici dans la ville ».

LA ROMANCE DE JEANNE D'ARC

Amans de la victoire, Si parfois vous pleurez, En lisant cette histoire, Vous vous attendrirez ; Une jeune héroïne Délivre son pays : De la France en ruine Relève les débris.

Vertus, grâces, courage, Généreux sentiments, Furent tout l'héritage Qu'elle eut de ses parents ; Jeanne apprit dès l'enfance A respecter leurs lois, Bénir la providence, Obéir à sa voix.

L'honneur en ce royaume, Jadis si florissant, N'était qu'un vain fantôme, Un mobile impuissant ; Du trône de ses pères, Charles précipité, Cherchait loin des affaires L'indigne volupté (1).

Les Anglais sous leurs princes, Maîtres de nos pays, Dévastaient nos provinces, Commandaient dans Paris ; Orléans, de la France, Fixait tous les regards, La dernière espérance Etait dans ses remparts.

Jeanne était de Champagne ; Le bruit de nos malheurs, Jusque dans la campagne Alla glacer les coeurs. Que peut une bergère Hélas ! à dix-sept ans ? Elle offre sa prière Et ses voeux innocents.

Dans sa ferveur sincère, Jeanne à diverses fois, Du Dieu qu'elle vénère, Croit entendre la voix : Cette voix lui répète : Seconde mes projets, Quitte moutons, houlette, Vole au camp des Français


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Sa candeur et ses larmes Entraînent Baudricour (2) : Il lui donne des armes, Il l'envoie à la Cour. Jeanne sans artifice, Distingue parmi tous Le Roi sans nul indice, Et tombe à ses genoux (3).

Gentil Dauphin, dit-elle, On m'a donné le nom De Jeanne la Pucelle ; Ainsi suis, et Dieu bon Veut finir vos alarmes. S'il vous plaît donner gens, Courage et force d'armes Sauveront Orléans (4).

D'un ennemi terrible Par le ciel délivré, Vous régnerez paisible, Dans Reims même sacré : Il a confié, Sire, Par ses ordres divins, L'heur de vous y conduire A mes débiles mains.

L'éloquence de.Jeanne Prouve sa mission ; Dans une paysanne On admire ce ton : Son noble enthousiasme Du roi gagne le coeur, Et bientôt le sarcasme Cède au cri de l'honneur.

Charles met l'Amazone Au rang des Chevaliers ; Commande qu'on lui donne Pages et dextriers.

Dans les mains d'une femme On voit un étendard ; Et le guerrier s'enflamme Du feu de son regard.

Bientôt on s'achemine Aux remparts d'Orléans ; Un vif espoir ranime L'effort des habitants. La marche continue, Le secours destiné Arrive, entre à la vue De l'Anglais étonné.

A sa libératrice Un chacun vient s'offrir ; Une main protectrice Semble la soutenir. Dans sa propre Bastille (5) Déjà l'Anglais forcé, Par le bras d'une fille Loin des murs est chassé.

C'est en vain qu'il s'indigne, Partout il est vaincu : Son désordre est le signe D'un courage abattu , Jeanne est victorieuse, Part, revient, en hâtant Sa marche périlleuse Vers son roi qui l'attend.

A Dieu faut rendre gloire, Dit-elle, et l'adorer : Couronnez la victoire En vous faisant sacrer. Je sais que la prudence S'oppose à ce dessein ; Mais qu'est la prévoyance Près d'un ordre divin ?


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On part sans subsistance Pour des lieux étrangers ; On traverse la France Au milieu des dangers. Jeanne se montre pleine De courage et de foi ; Elle arrive sans peine Et fait sacrer son Roi.

Ici, grand Roi, dit-elle, Finit ma mission ; Le devoir me rappelle En mon humble maison : Jeanne d'Arc n'est point faite Pour habiter les Cours ; Je veux dans la retraite Aller finir mes jours (6)

— Non, non, brave amazone Je n'y puis consentir ; Je vous dois la couronne, Veuillez la soutenir : Animez le courage Du Français généreux ; La gloire vous engage A la tête des preux.

Aux ordres du monarque Il fallut obéir ; Partout son drapeau marque Qu'il faut vaincre ou mourir. Elle eut ce vrai courage Seul digne d'un grand coeur, Qui voyant le carnage En adoucit l'horreur (7).

Mais Dieu qui la destine A la palme des saints, Permet que l'héroïne Tombe en d'hostiles mains.

L'Anglais qui l'a surprise Triomphe avec orgueil (8) Quand la nouvelle apprise Met la patrie en deuil.

L'illustre prisonnière Est conduite à Rouen ; On la prétend sorcière Et livrée à Satan. Jeanne d'Arc est remise Au prélat de Beauvais (9), Opprobre de l'église, Qui poursuit son procès.

D'une basse vengeance On forme le complot : En vain son innocence Eclate en chaque mot : La rage est confondue Jeanne est pure envers Dieu, Mais sa mort résolue, On la condamne au feu.

L'exécrable justice Que rien ne peut toucher, Annonce son supplice Et la traîne au bûcher. Jeanne, en sa peine extrême, Prie encor pour son roi, Bénit l'être suprême, Se résigne à sa loi.

Sa piété, ses charmes,

D'incroyables tourments,

Firent verser des larmes

A tous les assistants,

On vit son bourreau même,

Et ses juges en pleurs,

Fuir le juste anathème

Du peuple en ses fureurs (10).


— 113 -

Ainsi finit la vie De ce pieux martyr, Qui sauva sa patrie : Gardons son souvenir. De son sexe modèle, Exemple des héros, Sa gloire est immortelle, Ainsi que ses travaux.

Nous ne reproduisons point ici les dix notes que l'auteur a mises au bas du texte de sa romance. Ces notes sont de pures références aux textes et procèdent toutes de cette idée unique que cette romance est « une histoire simple et sans aucun mélange de fictions ».

Emile HUET.

TOME XV. — BULLETIN N° 191.


- 114

UNE FAUSSE MAISON DE JEANNE D'ARC

CORRECTION AU TOME XV DE NOS MEMOIRES

Cet amour de la vérité, qui est le guide et l'aiguillon des recherches parfois ardues auxquelles nous nous consacrons, peut avoir d'âpres exigences. Il demanderait, si la chose était possible après trente-deux ans de publicité, la suppression d'un des, articles de nos Mémoires.

Des circonstances récentes ont remis en lumière un court travail de M. Doinel, intitulé : Note sur une maison de Jeanne d'Arc [Mémoires de la Soc. archéolog. et hist. de l'Orléanais, t. XV). Tout le travail de l'ancien archiviste du Loiret, doué, comme on sait, d'une vive imagination, est basé sur un membre de phrase d'un bail à loyer du 27 février 1432, concernant : « ung hostel... assis en la rue des Petitz Soullers d'Orléans, ET QUE

TENOIT PARAVANT LA PUCELLE, DONT ESTOIT PLEIGE GUILLOT DE

GUIENNE ». D'après cet acte, Jeanne d'Arc aurait été locataire d'une maison située au coin de la rue des Petits-Souliers, actuellement Louis-Roguet, et de la rue Bourgogne : le n° 290 de la dernière, exactement identifié par M. Doinel. L'érudit archiviste ajoutait que la caution (pleige) était peut-être le héraut Guyenne, très mêlé naguère au siège de 1429, et brodait quelques paragraphes sur cet acte de la Pucelle qui lui semblait naturel.

Cette location d'une maison orléanaise par la Libératrice était pourtant bien singulière. L'héroïne prenant figure de petite bourgeoise rêvant de repos, cela cadrait mal avec la nature historique connue de Jeanne. Les raisons vraiment trop imaginaires dont on illustrait le document étaient bien peu satisfaisantes. Mais, après


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tout, il y avait le document, « un simple contrat, il est vrai, mais auquel le nom de la Pucelle communique un reflet de son propre éclat », comme l'écrivait excellemment M. Doinel,

Pas plus que le fait lui-même, cependant, l'énoncé n'était satisfaisant. « La Pucelle » pour désigner Jeanne d'Arc, c'est bien XIXe siècle ; une plume du XVe siècle aurait écrit « Jehanne la Pucelle », et surtout, comme elle était morte depuis un an, «feue Jehanne la Pucelle». Quant à Guyenne, rien ne permettait de reconnaître le héraut dans Guillot de Guienne. Bien au contraire, en l'absence de toute qualité, la présence d'un prénom suffisait à condamner cette interprétation. « Guyenne » était un surnom. Un contemporain, le héraut Berry, s'appelait de son vrai nom Gilles Le Bouvier. « Berry », « Guyenne », noms d'apanages, de grands fiefs, auxquels ne pouvait, dans cette acception, se joindre un prénom, pas plus qu'à d'autres surnoms de hérauts tels que : « Camail », " Ortie », « Porc-Epic a.

A notre séance du 12 juin, la question fut remise sur le tapis par un habitant du quartier Bourgogne, ancien président de la Société, On proposa de recourir au texte publié par M. Doinel. En le relisant à mes collègues, cette expression toute sèche « la Pucelle », à cette date du 27 février 1432, me parut définitivement inacceptable et je soupçonnai l'erreur.

Dès le lendemain, j'obéissais au précepte qu'à l'Ecole des Chartes nous répétait sans se lasser mon vieux maître Léon Gautier : « Les sources ! recourez toujours aux sources ! » Je demandais aux archives départementales communication du registre G. 183. Au haut du folio 56 verso, deux mots clairs, nets, précis, ne laissant place à aucun doute, comme en témoigne le fac-simile ci-joint, réduisaient au pur néant, sous mes yeux, la légende acceptée depuis trente-deux ans. Pour que l'acte, suivant l'expression de M. Doinel, eût un reflet de l'éclat du nom de la Pucelle, il fallait du moins que ce nom y figurât. IL N'Y FIGURAIT PAS. Contre son habitude, M. Doinel avait mal lu, entraîné par son imagination. Et notre collègue, M. Raguenet de Saint-Albin, dans l'intéressant article qu'il donnait au Journal du Loiret, le 5 décembre 1907, et, avant lui, les historiens de


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Jeanne d'Arc, depuis Quicherat jusqu'au dernier, le chanoine Debout (t. II. p. 202), ont accepté légitimement, — sinon avec une suffisante critique pour les raisons énoncées plus haut, — l'histoire forgée par M. Doinel sur un document.

Or le texte de ce document porte : « LA PINELLE ». C'était la brave femme d'un bon bourgeois du nom de Pineau. Suivant l'usage, gardé encore dans quelques pays, on l'appelait « la Pinelle ». De même la femme d'un Loiseau se disait « l'Oiselle » ; ce qui était d'ailleurs charmant.

Le fac simile joint à la présente note convaincra même les profanes. Il suffira, sans être paléographe, de comparer le troisième jambage qui suit le p de Pinelle, avec le c de renoncié (4e mot de la 2e ligne), de chascun (6° mot de la 6e), de procureur (dernier mot de la 8e), etc..

L'acte publié par M. Doinel reste donc à jamais un simple « contrat " sans reflet d'aucun éclat.

Il est fâcheux que la suppression d'une telle erreur soit impossible. Toute tache, si minime soit-elle, qui paraît ternir l'histoire prodigieuse de notre Libératrice, nous est insupportable. Cette assez sotte histoire de location d'immeuble à Orléans était une ombre légère. Nous la voyons s'évanouir avec une joie sans mélange. La bonne réputation de nos Mémoires compensera le reste.

Eug. JARRY.


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LA COMPAGNIE

DE LA

QUINTAINE DE GIEN

En classant récemment des papiers de famille, j'ai trouvé cinq pièces, datées de 1633 à 1664, donnant sur l'exercice de la Quintaine, à Gien, des renseignements qui, bien qu'incomplets, m'ont paru intéressants. J'en apporte ici le résumé en y joignant des notes d'ordre général.

Je rappellerai tout d'abord ce qu'était autrefois la Quintaine, ainsi nommée du latin quintana. La via quintana, dans les camps romains, servait d'emplacement aux exercices militaires ; par extension, le poteau destiné à ces exercices fut désigné sous le même nom (1).

Le mot Quintaine est le terme le plus usité pour désigner le jeu qui fait l'objet de ces notes. Godefroy (2) cite comme variantes : Cuintaine, Quintine, Quintaigne, Quentaine, Quitaine, Quictaine, Cuitaine, Quitane, Quisaine. A Gien, d'après les pièces que j'ai entre les mains, les termes suivants étaient employés : Quintaine, Quantine, Cantine, Requintaine, Retintaine.

La Quintaine fut un exercice très en honneur au Moyen Age. Du Cange (3) et Godefroy citent des textes des XIIIe et XIVe siècles,

(1) Dictionnaire général de la langue française, par Hatzfeld, Darmesteter et Ant. Thomas.

(2) Dictionnaire de l'ancienne langue française, par Frédéric Godefroy, 1889, art. quintaine.

(3) Glossarium mediae et infimae latinitatis, par Du Cange, art. quintana.


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où il est fait mention de ce jeu. A Orléans même, on s'y exerçait au début du XVe siècle et le compte de Jean Chiefdail (1412-1414) (1), mentionne certaines sommes baillées « à ceulx qui servirent la quintine devant Monseigneur le duc d'Orliens, le jour que mondit seigneur donnoit à disner aux bourgeois d'Orliens ».

Du Cange semble considérer la quintaine comme un exercice purement équestre (decursio equestris ludicra) : un buste d'homme tenant de la main gauche un bouclier et de la main droite une épée, un fléau ou un long bâton était, au sommet d'un pieu vertical, monté sur pivot, de telle sorte que, si on le frappait ailleurs qu'au centre du bouclier, le jaquemart tournait et assénait au maladroit un coup d'épée ou de bâton. Si, au contraire, le coup était appliqué avec adresse, le bouclier tombait à ferre en signe de victoire. Le joueur était monté sur un cheval lancé au galop, et devait toucher le mannequin au moyen d'une lance qu'il tenait à la main. Cet exercice d'adresse s'appelait courir la quintaine. On en trouve la représentation dans une miniature des Chroniques de Charlemagne reproduite par le bibliophile Jacob (Vie militaire et religieuse au Moyen Age, p. 153)

Il y avait une autre façon de s'exercer à la quintaine. Godefroy rapporte un texte daté de 1403 où il est question d'une quictaine jouée sur l'eau en la rivière de Rille (2). Cette joute nautique, très en usage chez les mariniers, consistait à frapper un pieu fiché au milieu de l'eau au moyen d'une légère lance ou perche tenue par un joueur, debout à l'arrière d'un

(1) Je cite ce texte d'après le Dictionnaire de Godefroy; cependant je dois dire que je l'ai vainement cherché aux Archives communales d'Orléans, dans le compte de Chiefdail. CC. 544.

(2) Godefroy, op. cit., art. quintaine : « Yceulx vavassours doivent touttes fois que eulx ou leur aisné fitz se marie jouxter en la rivière de Rille trois cops d'une lance à un pieu fichié en une fosse qui est en ladicte rivière, nommée la quictaine, et doibvent estre en un batel lequel l'en maine à quatre hommes aval ladite rivière (1403 Denombr. du baill. de Rouen, Arch. P. 307, f° 99 v°) ».


120 — bateau que conduisaient, aussi vite que possible, plusieurs rameurs (1). Si le joueur n'était pas un gaillard solide et adroit, et s'il ne réussissait pas à rompre sa lance, généralement en bois d'aune, contre le pal de la quintaine, il y avait grande chance pour qu'il tombât à l'eau. Et les assistants de rire et de prodiguer les moqueries au malheureux qui cherchait à regagner la rive ! Cette seconde façon s'appelait, non plus courir, mais tirer la quintaine.

Dans toute la région du centre, on aimait tirer la quintaine aux jours de fête, dans la belle saison, et l'on s'explique que les seigneurs aient astreint leurs vassaux à un ébat qui exerçait l'adresse des joueurs, et divertissait les spectateurs. A Mézières, en Touraine (2), les meuniers de la châtellenie étaient tenus, une fois l'an, de frapper, par trois coups, le pal de la quintaine, en la plus proche rivière du chatel du seigneur. A La Flèche, le duc d'Alençon avait le droit de faire faire les quintaines en la rivière du Loir, tous les sept ans, le dimanche

(1) Mantellier prétend que le pal de la quintaine était surmonté d'un mannequin tournant, muni d'un bouclier mobile et d'une verge ou d'un fouet. Le texte qu'il cite ne porte aucune de ces indications. (Mémoires de la Société archéologique de l'Orléanais, tome 7, p. 340).

Lottin (Recherches historiques sur la ville d'Orléans, tome 1, p. 321), qui, d'ailleurs, commet une erreur de date et met au 26 mars 1469 la réception du duc d'Orléans, qui eut lieu réellement le 27 mai 1469, indique, sans aucunes preuves, une autre façon de tirer la quintaine. Un timbre, dit-il, était entouré d'un bourrelet assez gros, gui en était éloigné d'un pouce environ, pour ne pas en arrêter la vibration lorsqu'on le touchait. L'adresse des joueurs était de le faire résonner, en le frappant dans l'endroit où il n'était pas couvert, avec des morceaux de plomb en forme de balles, attachés au bout d'une longue perche ou gaule mince et ployante.

En l'absence d'un document donnant une description précise du jeu, il est prudent de n'accepter comme exacte que la description donnée par Laurière pour Mehun-sur-Yèvre.

(2) Cet exemple et ceux qui suivent sont puisés dans le Glossaire du droit françois, par Eusèbe de Laurière, 1704, tome II, p. 263-264.


- 121 — après la Pentecôte, par tous les bouchers jurés de la ville, et par tous les pêcheurs des eaux de Seneges. A Mareuil, en Berry, les jeunes hommes à marier et ceux qui s'étaient mariés au cours de l'année tiraient la quintaine sur la rivière d'Arnon. A Mehun-sur-Yèvre, près Bourges, on tirait également la quintaine, d'une façon que E. de Laurière précise dans son article. « Les hommes nouveaux mariez de l'année sont tenus le Dimanche jour de la Pentecôte tirer la quintaine au-dessous du Château, et par trois fois frapper de leurs perches un pau de bois qui est piqué et planté au milieu du cours de l'eauë, si du premier ou second coup ne rompent leurs perches ; et sont les fers des perches fournis par les grands moulins des Chanoines :.. les perches et le bateau fournis par les Maistres pescheurs, qui doivent aussi mener et conduire le bateau : Et pour ce leur est dû par chacun dix deniers, et le goûter par ensemble : Et quant aux femmes nouvellement mariées, sont tenuës bailler un chappeau de rose ou d'autres fleurs au Procureur du Roy, et à goûter au Greffier du Juge et garde qui en fait le registre : et les défaillans doivent soixante sols d'amende s'ils ont été ajournez le jour précédent à la requeste dudit Procureur par un Sergent Royal ou autre Prevostaire. Et doit le fermier des exploits défauts et emendes, fournir de menestrier et joueur d'instrumens. Toutefois ceux qui ont eu enfans de leur mariage en l'année sont excusez de tirer la quintaine. »

Je terminerai la liste des localités où ce jeu fut en honneur, en rappelant rapidement la quintaine fastueuse, donnée à Orléans, le 27 mai 1469, en l'honneur du duc d'Orléans et de sa mère, Marie de Clèves, qui, de Châteauneuf, retournaient à Blois par la rivière (1).

(1) Dans le tome Ier des Marchands fréquentant la rivière de Loire, Mantellier a donné tout au long le récit de cette fête (p. 337 à 343).

Dans le tome II du même ouvrage (p. 543 à 549), Mantellier a reproduit in-extenso le texte des Comptes de forteresse où il est fait men tien de cette réception (Archives communales d'Orléans, C. C. 561)


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Les habitants d'Orléans, désireux de divertir le jeune due, alors âgé de 7 ans, pendant les deux heures qu'il devait passer en vue de leur ville, n'avaient trouvé rien de mieux à lui offrir qu'une quintaine. Les joueurs, dont un certain nombre appartenait aux meilleures familles, étaient répartis en 4 équipes : 1° l'équipe des chaperons verts, comprenant 12 jeunes gens parmi lesquels Henri de Mareau et Jehan de St-Mesmin le jeune; 2° l'équipe des habits violets, en manière de matelots; 3° l'équipe des compagnons liégeois; 4° l'équipe des nautonniers.

Le jeu eut lieu sur la Loire, en aval du pont, dans un bassin entouré de chalands et de « chaffaulx » richement décorés. Il dura de 2 à 4 heures de l'après-midi. Pendant toute sa durée, le prix destiné aux vainqueurs resta exposé sous un pavillon en toile perse, fleurdelisée, décoré des armes du duc avec le loup et le porc-épic pour supports. Ce prix consistait en une tasse d'argent suspendue à des lacs de soie violette tenus par deux jeunes filles somptueusement vêtues et habillées, l'une à la mode de France, l'autre en Morienne avec des sonnettes aux oreilles.

Ce fut l'équipe aux couleurs du duc, l'équipe verte, qui « mieux fit devoir de frapper la quintaine » et remporta la victoire. Mais le duc et la duchesse « très joyeux et contans de la récepcion » offrirent « Un bel joyau » à chacune des 3 autres « équipes de compaignons qui frappèrent ladicte quintaine ».

A Gien, l'organisation de la Quintaine était différente et, semble-t-il, plus complète. Il y avait une véritable Compagnie formée par tous les jeunes mariniers de la région, ayant des officiers et des sous-officiers élus et possédant un drapeau. En outre, la compagnie était commandée par un capitaine héréditaire qui n'était pas le seigneur de Gien, mais un simple particulier possesseur d'un fief des environs.

J'ignore à quelle époque exacte remonte la formation de cette compagnie, mais on peut supposer qu'elle existait dès le com-


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mencement du XVIe siècle. Voici, en effet, ce qu'expose Pierre Barbier dans une requête au bailly de Gien, datée de juin 1655 : " Vous remonstre Pierre Barbier escuyer sr des Veuvres Capitaine de la Quantine en cette ville de Gien, que pour récompense de certains héritages appartenants aux ayeuls du suppliant et mis au domaine du compté de Gien, Anne de Bourbon pour lors comtesse de Gien leur auroit cédé plusieurs droicts, entre autres le droict de Quantine ou Retintaine dont est en possession

ledit suppliant » Or, malgré la singularité de l'appellation,

Anne de Bourbon ne peut être qu'Anne de France, fille de Louis XI, qui reçut en dot le comté de Gien lors de son mariage avec Pierre de Bourbon, seigneur de Beaujeu, en 1473, et le conserva jusqu'à sa mort survenue en 1522. Il est donc probable que si, avant cette cession, la quintaine n'était pas déjà organisée en compagnie, elle dut l'être immédiatement après, par le seigneur de la Forêt-Portal.

Les héritages cédés à la comtesse de Gien dépendaient d'un fief assez important des environs de Gien, le fief de la ForêtPortal ou Pichery (1), qui, au début du XVIIe siècle, appartenait à un habitant de Gien, Guillaume Blanchard, auquel il était échu par voie d'hérédité. Comme possesseur de ce fief, Guillaume Blanchard était capitaine de la quintaine de Gien. A son décès, l'office de capitaine passa, avec la terre de la Forêt-Portal, aux mains de son gendre, Charles Barbier (2), avocat à Bourges ;

(1) Le nom de La Forêt-Portal ou Pichery est oublié aujourd'hui. Grâce à des pièces des Archives départementales du Loiret (A. 1610, p. 354 à 359) j'ai, avec l'aide de M. Soyer, pu déterminer sa situation. La Forêt-Portal occupait l'emplacement actuel du village de La Forêt situé commune de Briare, à 6 kilomètres au Sud-Est de Gien et à 1,500 mètres environ de la rive droite de là Loire. Ce fief relevait du domaine royal au XVIIe siècle (Voir l'offre de foy et hommage au Roy, fait par Charles Barbier en mars 1633, Arch. départem., A 1610, p. 356).

(2) La famille Barbier, originaire du Berry, est connue dès le commencement du XVe siècle. Plusieurs de ses membres furent, au XVIe siècle, grènetiers au grenier à sel de Vierzon ; l'un d'eux, Etienne Barbier, avait, vers 1500, épousé Françoise Charrier, qui,


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ce dernier mourut en 1642 et ce fut son fils, Pierre Barbier, également avocat à Bourges, qui devint capitaine de la quintaine de Gien : il l'était encore en 1664.

La Compagnie était recrutée parmi les jeunes mariniers et bateliers de Gien, et parmi ceux de la Ronce (1) et de Benne (2), deux villages situés sur les rives de la Loire, en aval de Gien. Le nombre des compagnons ou soldats était, pour Gien, de 100 à 120, en 1633; il était de plus de 150, en 1664, pour les trois localités de Gien, La Ronce et Benne.

En outre du capitaine héréditaire, la Compagnie était commandée par un lieutenant, un porte-enseigne et trois sergents (3), tous élus par les membres de la Quintaine.

Cette Compagnie n'était pas armée, mais habituellement le bailly de Gien ou son lieutenant-général autorisait ses membres à porter, aux jours de fêtes, des armes, fusils et arquebuses, et à battre le tambour. La permission du bailly était indispencomme

indispencomme des Achard, de Vierzon, jouissait du singulier privilège de l'exemption perpétuelle du droit de festage.

Charles Barbier était l'arrière-petit-fils d'Etienne Barbier et de Françoise Charrier. La Thaumassière et Catherinot le représentent comme un des plus célèbres avocats de Bourges. Il fut assesseur et juge particulier en l'université de Bourges (1619), lieutenant du bailly des Chanoines de la Sainte-Chapelle du Palais Royal, bailly du chapitre de l'église cathédrale (1620), conseiller ordinaire de la maison d'Henry de Bourbon prince de Condé (1621), bailly du chapitre de St-Ursin (1622), bailly des terres de Beaugy et d'Etréchy appartenant au duc de Sully (1623), échevin de Bourges (1629), bailly général des justices de St-Palais, Quantilly et St-Doulchard dépendant de l'archevêché de Bourges et maître des eaux et forêts de St-Palais(1632).

(1) La Ronce, commune de Lion-en-Sullias, à 9 kilomètres de Gien, sur la rive gauche de la Loire.

(2) Benne, commune de Dampierre, à 12 kilomètres de Gien, sur la rive droite de la Loire.

(3) Les officiers élus en juin 1664 étaient : Jacques Guillot, marchand batelier, lieutenant ; Jérôme Durand, marchand poissonnier, porte-enseigne ; Denis Rousset, René Bourra et Pierre Evezard, sergents.


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sable ; aussi, lorsqu'ils se réunissaient à l'improviste, ils ne portaient que leurs gaffes et perches. C'est en cet équipage qu'ils se rendaient au devant de leur capitaine, lorsqu'il venait à Gien (1).

La quintaine se tirait à Gien, sur la Loire, le 29 juin, jour de la fête de St-Pierre et St-Paul. S'il en était besoin, le jeu commençait avant cette date et pouvait se prolonger quelques jours plus tard. Au préalable, le capitaine demandait au bailly de Gien les autorisations nécessaires ; lorsqu'il les avait obtenues, des annonces et des assemblées préparatoires étaient faites.

Le jour de la fête, la Compagnie en armes « cheminait et paradait » à travers les rues de la ville. Elle accompagnait au logis du capitaine les jeunes mariés de l'année : ceux-ci étaient, en effet, non seulement astreints à tirer la quintaine, comme cela avait lieu en Berry, mais ils devaient présenter à la table du capitaine un gâteau et une tarte et chanter une chanson « avec autres redevances ». Vraisemblablement cela ne se passait pas sans vider de nombreux pots de vin clairet ou vermeil ni sans échanger quelques propos joyeux.

Dans la journée on se rendait en corps sur les rives de la Loire pour tirer la quintaine. Les toues et les perches étaient fournies par les mariniers et les marchands de Benne et de La Ronce qui, de plus, devaient apporter un quart de vin et des vivres pour réconforter les joueurs. A tour de rôle, les jeunes

(1) Lettre, en date du 16 mai 1633, adressée par les mariniers de Gien à Charles Barbier : « Bien que n'ayons l'honneur de vous cognoistre Mais sachant que estes Nostre cappitaine au lieu de deffunct Monsieur Blanchard votre beau-père Sy eussions sceu que eussiez esté depardeça la sepmaine dernière Nous eussions eu l'honneur de Vous saluer Ung cent de bons Jeunes hommes Mariniers de Gien qui sont de Vos soldats avec nos gasches et bastons pour Vous

servir à tirer la Cantine et à ce qu'il vous plaira Nous commander

Vous nous Manderez.... quel jour Vous Viendrez en cette Ville de Gien à celle fin que ayons l'honneur de Vous recepvoir et aller au devant de Vous le tambour battant. » Signé : Madoré, J. Tibault, J. Devade, P. Devade, F. Renier, Paul Creusillon, P. Dumas, J. Bonnet, B. Chevillé, Bailly, J. Commaille, G. Chevillé.


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gens, mariés au cours de l'année, recevaient une perche et étaient invités à monter sur la toue ou bateau qui les conduisait rapidement vers le pal de la quintaine planté au milieu de la rivière. S'il ne réussissait pas du premier coup à briser sa perche contre le pal de la quintaine, le jouteur recommençait et, s'il n'y pouvait réussir en trois coups, était condamné à une amende.

Tous les jeunes mariés devant tirer la quintaine, la liste en était dressée avec soin. Les défaillants étaient appelés à comparaître devant le lieutenant-général pour faire valoir leurs moyens de refus et empêchement. Par suite, il est probable que, de même qu'à Mehun, un magistrat assistait aux joûtes et qu'un greffier était commis pour tenir registre des noms de ceux qui y étaient astreints.

Ces réunions étaient trop joyeuses pour que les intéressés ne cherchassent pas à les multiplier.

Fréquemment, même en l'absence de leur capitaine, les compagnons de la quintaine s'assemblaient. " Nous avons beu à diverses fois à Vostre santé, écrivent-ils le 13 juin 1664, à Pierre Barbier, et y boirons encorre en attandant que Nous aurons Le bonheur de jouir de Vostre presence Tous ensemblemant. »

La plus importante de ces réunions extraordinaires était celle qui avait pour but de planter le mai, suivant l'ancienne coutume de nos régions du centre. Tous les ans, au mois de mai, les compagnons de la quintaine se rendaient dans la forêt Pichery et en rapportaient un arbuste ou une aubépine fleurie, un mai comme l'on dit en Berry, qu'ils allaient planter, en grande pompe, soit à la porte de leur capitaine, soit à celle d'une personne désignée par ce dernier, à laquelle ils voulaient faire honneur, A ce mai était suspendu un écusson peint aux armes du capitaine (1). Cette plantation était naturellement le prélude de joyeuses agapes.

(1) Les Barbier portaient anciennement : de gueules au chevron d'or, au chef d'or chargé d'une étoile à 6 rais d'azur mise au premier canton. Devise : A cueur souffisant riens trop peu. Ces armes


— 127 — Malgré une rivalité presque incessante entre les mariniers de Gien et ceux de Benne et de La Ronce, qui ne voulaient obéir qu'aux ordres directs du capitaine, ces fréquentes réunions resserraient les liens d'amitié entre les divers membres de la compagnie; la navigation de la Loire, alors très importante, ne pouvait que bénéficier de ces relations.

Que devint la Compagnie de la quintaine de Gien, c'est ce que je ne saurais dire en l'absence de tout document. Très probablement le fief de la Forêt-Portal fut aliéné par Pierre Barbier dont les affaires étaient, par suite de procès multiples, suffisamment embarrassées pour que sa femme, Anne Ducariier, ait, dès 1659, demandé la séparation de biens contre lui. En outre, dans une requête à M. de Séraucourt, intendant du Berry, nous voyons ses deux filles, Anne et Marie Barbier, exposer que leur père n'ayant aucuns biens pour les payer de ce qu'il leur devait au décès de leur mère, leur avait délaissé tous ses meubles par acte authentique du 2 novembre 1692.

L'office de capitaine de la quintaine de Gien, attaché au fief de la Forêt-Portal, passa naturellement aux mains du nouveau propriétaire du fief, mais j'ignore si ce dernier en exerça effectivement les prérogatives et si le jeu de la quintaine continua à Gien, au XVIIIe siècle, comme par le passé.

Dr GARSONNIN.

et devises sont représentées sur une tapisserie que je possède et qui fut exécutée au commencement du XVIe siècle pour Etienne Barbier.

Après sa nomination d'échevin de Bourges, en 1629, Charles Barbier modifia ses armes : au lieu d'une étoile à 6 rais mise au premier canton, il chargea le chef d'une étoile à 5 rais mise au milieu du chef.