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Titre : Le Quotidien de Montmartre : journal hebdomadaire / directeur : Jules Bastia

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1930-08-31

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb421267926

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb421267926/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 31 août 1930

Description : 1930/08/31 (A2,N51).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5504709k

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, LC2-1681

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 06/02/2011

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2° ANNÉE. — N° 51

JOURNAL HEBDOMADAIRE

Directeur : JEAN BASTIA

Dimanche 31 Août 1930..

Les incendies de forêts

Il ne pleut pas partout.

Cet été, comme tous les autres étés, sous l'action du soleil, des forêts ont pris feu et flambé comme un simple bouquet arrosé'de pétrole.

Le soleil est le seul coupable, et c'est 'pourquoi nous sommes en droit de nous étonner qu'une société d'assurances ait été justement le prendre comme patron. La plaisanterie passe lès bornes.

Nous voulons parler ici de la Compagnie « Le Soleil » assurances contre l'Incendie 1 ! !

DOMESTIQUES

A l'heurevoù les gens de maison ont leur syndicat et mènent la vie dure à leurs patrons, les animaux, ' dits domestiques, se rebellent et prennent conscience de ce qu'ils sont et de ce qu'ils peuvent être.

Les boeufs, notamment, sont très soutenus par'le Président du Cartel des Gauches, un notable Brésilien qui est une sorte d'Herriot-deJaneiro.

Les boeufs sont furieux- de ce qu'on leur a fait. C'est ce qu'on peut appeler de la fureur par des pis.

Le proverbe : « Il faut bien que génisse» s'en passe I » n'aura bientôt plus de sens en langue bovine.

Almazoff, chauffeur de taxi

L'ex-tailleur Almazoff, dont on connaît les démêlés avec la police judiciaire, s'est fait chauffeur de taxi.

Il en est à son troisième accident.

Ml Benoîst, commissaire de police de la P. J., qui fut, comme on sait, destitué après la mise en liberté de l'cx-assassin, compterait reprendre l'accusation sur de nouvelles présomptions et prouver qu'Almazoff ne s'est mis chauffeur de taxi que pour pouvoir donner libre cours à sa mauvaise nature.

M. Amy, de son côté, aurait remarqué que les amochés automobilistiques d'Almazoff ont plusieurs point de ressemblance avec l'infortuné Rigaudin, l'ex-victimc de l'extailleur.

Comme on le voit, on n'en est pas à la 'fin avec cette histoire.

Un soir de " Manon "

A l'Opéra-Comique, l'autre soir, il y eut panne de transports.

C'était à l'acte du Gours-la-Rcine, dans Manon.

Au moment où Mlle Emma Suart devait, de la coulisse sur la scène, être transportée en chaise, les deux porteurs ne se trouvèrent pas là. On apprit plus tard qu'ils étaient allé boire.

Manon dut entrer à pied sur le Cours-la-Reino, victime déjà d'une émission de « chaise aux porteurs sans provision ».

L'AGE DU FAUX

On fait beaucoup de bruit autour de quelques toiles

Que le peintre Cazot de Millet imita ;

Critiques et experts, aristarques et sottes,

S'étonnent en détail et s'émeuvent en tas.

Si le plagiat demeure un procédé blâmable,

Cette fois, disent-ils, c'est meilleur que le vrai.

« Rien n'est beaU que le faux, le faux seul est aimable »

Eût déclaré Boileau devant les faux Millets.

Le petit-fils du peintre a monté cette affaire.

Mais il est, autre part aussi, des petits-fils

Qui font retoucher l'oeuvre et moquent leur grand-père

Partant d'Hugues Capet jusqu'après Charles X.

Des Valois aux Bourbons, le trône se transfère ;

Puis, vinrent les Naundorff — ça c'est le « faux-Millet »

Et puis, rue de « Valois », les radicaux siégèrent

Et Herriot se couronne et signe « Edouard IeT »

Adam et Eve ayant fait des fils, ces fils eurent Des enfants à leur tour et leurs enfants, après, Imitèrent d'Adam l'oeuvre et la signature Car les fils ressemblaient au père, traits pour traits. Survint un étranger, homme d'une autre souche, Que quelque fille d'Eve aima d'un coeur ardent ; Elle devint enceinte en partageant sa couche Et l'enfant qui naquit passa pour fils d'Adam.

Nos grands-pères étaient grands maîtres en musique Et grand-père Lecocq a fait la « Fille Angot » '

El Biïel fit « Carmen ». Aujourd'hui, d'Amérique Tous leurs airs Imités viennent par paquebots. Que de vrais menuets en taux-trots se déguisent ! Que de tangos sont nés des valses de jadis ! Ils maquillent, refont et volent à leur guise Sans que cela, d'ailleurs, profite aux petits-fils.

Au 14 Juillet, nos grands-pères farouches Prirent une Bastille et nous, imitatifs, Nous, leurs petits-enfants, plus portés sur la bouche, . Aux 14 Juillet, prenons l'apéritif. Au sein du Parlement, les petits-fils plagiaires Faux orateurs, faux républicains sont des tas ; Pas seulement faux Saint-Justs et faux Robespierres, Mais, simplement, faux Jaurès et faux Gambettas.

A tous les 1er Mai, vous voyez par les rues Vendre plus de muguet que'n'en produit le sol Grosses fleurs sans parfum, tout à coup, apparues Imitant lourdement la fleurette à Mayol. Mayol n'a pas de fils, ni de petit-fils même Pour expliquer d'où vient autant de faux muguet Et c'est du faux bonheur que, sous ce faux emblème, Les neveux de Mayol vous offrent en bouquet.

Aux billards des cafés combien de fausses queues 1 « Ne faisons rien devant lespnfants ! » comme on dit. Tous ces faux champions dés villes et banlieues Naquirent d'un carambolage de Conti. Aux portes des studios combien de femmes sonnent Pour jouer le jeu de l'Amour et de la Star El le nombre de faux... togéniques personnes Fait que le cinéma passe pour un faux art.

Coty, l'Ami du Peuple )... Avec quelle assurance

Il s'ailribue en faux le titre de Marat I

Et que de faux jetons à la Banque de France

En bronze aluminium nous fabrique-f-on là l

Leur franc vaut quatre sous. Nos frappeurs de monnaie

Sont bien les 'petits-fils de Philippe le Bel !...

Et c'est un faux encor quand Ciiroên essaye

De nous faire avaler qu'il fil la Tour Eiffel.

El combien de faux nez, en nombre invraisemblable ! Tel le nez droit qu'au lieu de son nez à crochet Sorel vient de s'offrir. Mais, ici, le coupable N'est pas le petit-fils.., la grand'mère a tout fait.

Ltes Braits de Paris

M. le Préfet de police s'emploie à rendre le calme à Paris, où le soir ne ramène^plus le silence.

Mais Paris n'a jamais été une ville calme et silencieuse, seulement, il faut bien l'avouer, lé bruit était autrefois plus pittoresque. Ceci a remplacé cela. La manière accentuée des petits détaillants du temps passé est >à peu près perdue et les cris, les vieux cris de Paris, qui furent le point de départ de mélodies célèbres, vont s'éteignant. Dans quelques années, il nous faudra, pour en retrouver le souvenir, nous contenter du répertoire lyrique. '.''■'

Spontini, dans son Fernand Cortez, reproduit le cri longuement chantant'de l'ancien marchand d'encre, et Halévy, dans son Guido e Ginevrà, celui du marchand d'asperges, incorporé à l'air célèbre du ténor : « Quand renaîtra la pâle aurore ».

« A la barque, à la barque « est le

refrain d'une romance: populaire

d'il y a quelque quatre-vingts ans,

" l'Homme à la carabine, musique du

vicomte d'Adhémar.

Par ailleurs, une vieille ronde française, sur quoi dansaient encore les petites filles, vers 1880, avait fourni un thème au marchand de navets.

De tous les cris des villes d'Europe, ceux qui présentaient le plus d'intérêt, au double point de vue de l'histoire des peupleset des formes rythmiques et musicales, étaient les cris de Paris. ;

Comettant cite à l'appui' les curieux exemples que voici : '

Entendez-vous le coq lointain ? Un air plus frais rase la terre. A Vhorizon l'ombre s'altère : Sonnes légers... C'est le matin.

— Vlù les pommes de terre !

— Les gâteaux de Nanlerre !

— Artichauts, mes gros artichauts 1

— Mouron pour les'petits oiseaux 1

— Couteaux, ciseaux, à repasser !

— en avez-vous du verr' cassé ! l—Raccommodez lu-vaisselle,

La faïence et les verres cassés

Horrible tapage,

Vacarme odieux ! 4 Des voix qui glapissent, ' Des voix qui mugissent,

Cent marteaux de fer,

Les chiens qui s'ébattent,

Les volets qui battent :

Paris, c'est l'enfer I

— Deux liards les reinettes !

— Mes trois paquets d'allumettes I

— Chasselas de Fontainebleau !

Vlà le maquereau frais' ! V'M le

[maquereau —• Bon jromag' de Marolles 1 —■ Etamcz.les eass'roles ! •— Car'leur d'souliêr !

— Vlà Vvitrier 1

•—Marchand d'balais !

— A deux liards tous les Anglais !

— Cerneau...au I

— A'l'eau...eau I

:— Achetez paillassons. 1

— Vlà la marchand' de chiffons I

JEAN BASTIA.