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Titre : Le Quotidien de Montmartre : journal hebdomadaire / directeur : Jules Bastia

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1930-06-22

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb421267926

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb421267926/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 22 juin 1930

Description : 1930/06/22 (A2,N42).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k55046527

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, LC2-1681

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 06/02/2011

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2» ANNÉE. — N° 42.

JOURNAL HEBDOMADAIRE

Directeur : JEAN BASTIA

Dimanche 22 Juin 1930

La mort de l'apache

Un apache vient de mourir au quartier de la Goutte-d'Or (xviii» arrondissement), l'un des moins sûrs de Paris, dans des conditions presque héroïques.

On l'appelait La Ramée, comme un soldat d'autrefois. A la vérité, il se nommait à l'état civil — et aux greffes des tribunaux correctionnels — Jules Dupont, ayant eu plu^ sieurs « sapements », c'est-à-dire ayant été épingle plusieurs fois.

Mais il descendait, en effet,,et en ligne droite, d'un soldat des guerres du xvin».

(Ici, xvm° signifie XVIII" siècle et non plus xvm 6 arrondissement).

Son aïeul avait appartenu aux troupes de Maurice de Saxe et, très fier de ce passé, le La Ramée contemporain avait appris par coeur l'histoire des guerres du règne de Louis XV et la contait, le soir, daiis les bars interlopes. Il fallait l'entendre narrer dans ses détails la prise de Prague en 1741 et, même, il portait à l'actif de son grand-père des faits d'armes extraordinaires, en lui faisant jouer le premier rôle dans des histoires du genre de celle-ci :

« Sous Prague, le colonel Chevert réunit ses sergents et leur dit :

« Vous êtes tous des braves, mais il me faut ici un brave à trois poils. » . Et se tournant vers La Ramée (mon grand-père, disait-il avec orgueil), il s'écrie :

« Voici le brave en question. Camarade, monte le premier, je te suivrai; »

— Oui, mon Colonel I

-— Quand tu seras sur le mur, la sentinelle criera : « Vardô 1 » Tu ne répondras pas 1

—- Oui, mon Colonel 1

— Elle tirera un coup de fusil et te manquera.

—- Oui, mon Colonel 1

— Tu tireras et la tueras.

— Oui, mon Colonel 1

La Ramée ajoutait : t C'est ainsi que mon grand-père et son colonel entrèrent dans Prague. »

Il fallait aussi l'entendre narrer la prise de Fohtenoy.

« C'est mon grand-père qui le premier défia les Anglais et leur dit : « Tirez les premiers I » . Et M ajoutait : « Mon héroïque grand-père tomba sous la première salve. »

Cela n'empêchait pas l'apache de la. Goutte-d'Or, une fois finis ces reelts héroïques, d'errer sur le boulevard de -la Chapelle et clans les rues adjacentes et d'y dévaliser les passants.

Mais son glorieux passé devait lui être fatal. On n'est pas ainsi, Impunément, prisonnier d'un tel atavisme.

Une nuit qu'il rôdait, guettant la proie opulente, ayant laissé passer successivement plusieurs gibiers de trop maigre poil, il vit, vers les deux heures du matin, une belle chaîne de montre luire sur un ventre opulent et te profiler une riche pelisse,

-Il braqua son t pétard » et dit : « Haut les mains 1 »

Une voix britannique répondit :

— Who goes there?... tandis que le « pante », de son côté, dirigeait sur l'apache une arme de même sorte.

Alors, La Ramée laissa tomber son revolver et dit :

— Tirez d'abord, Mllord, s'il vous platt.

Il fut tué sur le coup — comme son grand-père.

La Psittacose en mer

La psittacose, cette maladie contagieuse et mystérieuse, vient de se manifester en mer, sur de nombreux voiliers, et sur tous de même façon : la mâture qui, au départ, semble être en bon état, se voit soudain attaquée dans un de ses arbres, lequel s'émiette bientôt et tombe en poussière. Comme, à chaque fois, c'est du mât du perroquet qu'il s'agit, force a bien été de mettre - ces mêmes accidents au compte de. la sournoise psittacose.

LE PREMIER MOUTARDIER SE FRANCE

M. André Tardieu a parlé à Dijon et ses paroles ont fait verser beaucoup d'encre dans toutes les presses.

Les partisans du président du Conseil considèrent ce morceau d'éloquence comme la Bible des temps nouveaux et une sorte d'adaptation politique de l'André tel qu'on le parle.

Le retour du père prodigue

La couronne roumaine que le prince Carol avait envoyée promener par-dessus les moulins, ou bazardée sur quelque marehé-de-Saint-Ouen international, finis coronat aux ptices, dit le proverbe latin ■— a été finalement ramassée par son titulaire, revenu de ses erreurs de jeunesse.

Toutes les belles au roi dormant dûment résiliées, tous les amis de vadrouille-définitivement semés — « Oui, de ta culte, ô Roi, de ta cuite, j'en suis !» — le fils de la reine Marie, le frère de la reine des Serbes est rentré chez sa femme Hélène et son fils Michel qui, de 5 à 8 ans, a fait l'intérim.

La nouvelle reine de Roumanie, princesse Hélène de Grèce, n'était pas, malgré son nom, partie avec Paris. C'était, cette fois, le mari d'Hélène que Paris (sans accent circonflexe) retenait.

LES MARCHÉS D'ESCLAVES

A son retour de Djibouti et environs, où il est allé sur place, nouveau cardinal Lévygerie, combattre l'esclavage, M. Joseph Kessel a été prié par notre confrère le Malin de poursuivre son enquête à Paris même, où l'esclavage sévit, paraît-il, dans certains milieux.

Chez M. Albert Vf..., le grand traiteur, M. Joseph Kessel, habilement maquillé en contrôleur de la Compagnie du Gaz, a vu des nègres astreints à un travail des plus pénibles : ils avaient à faire entrer

des paroles intelligentes dans dès sortes de corsets musicaux aux mailles étroites. Lés malheureux suaient sang et eau.et, malgré qu'un esclave pianiste leur jouât, de temps à autre, des airs du pur système Salabert, ils n'avaient pas envie de rire. Le nègre Max E... et le nègre Charles P... faisaient peine à voii\ De là, M. Kessel s'est rendu chez une certaine Miss T..., danseuse à plumes de la Scala (Scala* on.sait, Veut dire : escalier), où il a pu apercevoir, soumis à un entraînement sévère, quelques-uns de ces pauvres roseaux dansants dont Pascal parle le nègre Earl L... et les nègres Rocky T..., si malades qu'ils en étaient devenus pales.

Amy comme aVant

M. Henri Jeanson, dont le théâtre Antoine a repris l'excellente pièce Toi que j'ai tant aimée, fait représenter sur la même scène. un acte de la comédie de moeurs policières, qu'il a intitulée : Aveux spontanés.

H y traite de l'histoire du tailleur Almazian, lequel eut, comme on sait, des démêlés avec .la police et fut quelque peu malmené par les inspecteurs de la P. J. Même, le sous-directeur du Service de l'identité judiciaire, M. Amy, conclut a la culpabilité du tailleur dans l'affaire Rigaiidin, après examen des pièces. On sait que les conclusions de M. Amy furent, par la suite, réduites à néant par des experts autrement qualifiés que lui et qu'un non-lieu intervint en faveur dû prévenu Almazian.-

Aveux spontanés aurait donc pu s'appeler tout aussi bien : Amy comme avant, du titre d'une autre pièce du même auteur. Mais c'aurait eu l'air d'une autre reprise.

A propos du même M. Amy, rappelons que le tailleur Almazian poursuit le sous-chef en un million de dommages-intérêts.

Les journaux qui ont annoncé la nouvelle disaient tous à peu près ceci : i Almazian poursuit M. Amy » refusant à Almazian la qualité de « Monsieur » qu'ils accordent à Amy.

Nous devons, cependant, sous peine de professer l'anarchie, nous incliner devant les autorités qu régissent notre société : les juges ont renvoyé Almazian libre de toutes charges, donc Almazian est innocent. Donc, on doit dire « M. Almazian »,

A moins que nos grands confrères n'aient voulu consacrer, en supprimant le « Monsieur », la célébrité du tailleur. On dit : « Douniergue » et non « M. Doumergue » ; on dit « Briand » tout court, non « M. Briand » ; on dit « Herriot » tout court, « Rappoport » tout court, « Sacha Guitry » tout court « Jauréguy » tout court, « Cochet » tout court, « Dranem > tout court

« Monsieur » est souvent péjoratif, comme, par exemple, dam « M. Amy ».

JEAN BASTIA.

— Je suis énervée, Joseph... voulez-vous faire le rôle de Monsieur le Marquis ?...

— C'est çal je vais coucher avec la bonne.,.