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Titre : Le Quotidien de Montmartre : journal hebdomadaire / directeur : Jules Bastia

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1930-06-01

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb421267926

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb421267926/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 01 juin 1930

Description : 1930/06/01 (A2,N39).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k55046453

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, LC2-1681

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 06/02/2011

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. 2e ANNIÏE. — N» 39.

Dimanche 1" Juin 1930

Jeanne l'Anglophobe

Nos grands confrères du matin ont passé sous silence un phénomène qui s'est produit le 11 mai, jour de la fête votive de sainte Jeanne d'Arc, et, qui, à proprement parler, tient du miracle. Voici :

Dans tous les hôtels de Paris et plus spécialement dans ceux du centre, et plus intensément dans les hôtels de première catégorie, les palaces, tous les Anglais y résidant se sont trouvé, soudain, projetés hors de leurs lits, et cela à la seconde précise où le canon des Invalides commençait de tonner, annonçant la fête nationale.

Même quelques Anglais ont été traînes jusque sur le palier, comme tirés par une main invisible.

Nous avons pu joindre une personnalité distinguée de l'Institut des Sciences psychiques qui nous a dit qu'il n'était pas impossible que ce fût Jeanne d'Arc elle-même qui ait voulu, une fois de plus, bouter les Anglais hors de France.

Ces dames au Salon

Ce Salon est un grand succès, cette année. Non point que la valeur des tableaux soit tellement supérieure que les foules d'amateurs y aillent davantage que les années précédentes, mais peut-être en raison d'une heureuse innovation.

On sait que le Salon présente de nombreux tableaux de nu, particulièrement réussis.

Le catalogue, cette année, indique non seulement le nom du peintre mais aussi celui du modèle, avec l'adresse.

Ce catalogue n'a jamais tant été vendu ; son tirage dépasse celui du nouveau livre de Raymonde Machard.

Il était juste, d'ailleurs, que les ■ modèles pussent tirer honneur et profit du fait du succès des tableaux qui les représentent.

Les peintres ne sont pas peu contents de cette innovation du catalogue, car ils prévoient une forte baisse sur le prix de l'heure des modèles.

Beaucoup de femmes du monde se seraient fait inscrire comme modèle à l'oeil chez les plus réputés peintres de nu à Montparnasse.

La famille du billet de banque

Les héritiers de Luc-Olivier Merson, le graveur qui nous donna l'affreux billet de cinquante francs que vous savez, protestent contre une malfaçon de la Monnaie qui ferait procéder à des tirages du dit billet après avoir apporté à l'oeuvre dei modifications.

Cei héritiers se placent au point de vu* artistique, Ht ont peuMtte raison.

Mais qu'ils veuillent bien considérer qu'il y a un autre point de vue autrement grave que l'artistique, c'est le fiduciaire.

• Quand le premier billet de L. O. M. sortit des presses, il valait X francs. Mais, depuis, le coût de la vie ayant monté, là valeur du dit billet a diminué d'autant et il ne vaut plus que X-Y.

Quoi qu'il en soit, artistiquement ou fiduciairement, l'Etat a fait subir une grave dépréciation à cette coupure.

Courses de Haies

Nous voici dans le temps des grandes épreuves sportives, notamment des épreuves hippiques.

Je ne vais pas voir les courses parce que je ne sais pas à quoi ça rime. Surtout les courses de haies.

A quoi ça nous avance-t-il que les chevaux sautent des haies ?

Dans la rue, les chevaux ont-ils besoin de savoir sauter 1 Et, à 'îa campagne, là où le tracteur n'a pas encore pénétré, avez-vous vu sauter les chevaux ?

La cavalerie de guerre n'existe plus ; je veux dire : n'a plus de raison d'exister. La caserne de Saumur sera bientôt désaffectée et deviendra un garage.

Il n'y a plus guère d'équestre que quelques agents mont es à quelques carrefours particulièrement encombrés. Encore a-t-on

fait plus sagement en aménageant, place de l'Opéra, une sorte de tour de muezzin, d'où il domine la situation et où ses ordres ont l'air de prières.

On a dit des courses qu'elles servaient à l'amélioration de la race hippique. Quel , besoin ? Je ne m'explique plus le cheval qu'au point de vue phagique.

Je comprendrais qu'Auteuil, Longchamp, Chantilly, Enghien et autres pelouses célèbres fussent transformées en pâturages où des chevaux de luxe seraient engraissés par l'équarisseur ■— ou par le conservateur, des hippotecks — en- vue de fournir aux repas des amateurs de viande de cheval qui habitent les 8e et 16e arrondissements ; les chevaux de fiacre seraient réservés aux petites gens ; les chevaux de labour aux paysans.

Mais qu'on s'occupe du saut des automobiles.

Voilà la question !

A cause de l'embouteillage de nos rues, les autos chenillent et n'avancent pas. Tandis que, si l'on arrivait à avoir des automobiles sauteuses, qui franchiraient trois, quatre automobiles, qui sauraient boire l'obstacle de la voiture à bras qu'on retrouve au début de tous les encombrements, peut-être, alors, le problème de la circulation serait-il résolu.

Quand l'Automobile-Club, remplaçant le Jockey-Club, organisera des courses d'autos sauteuses j'irai à Auteuil. Le cheval ne m'intéresse plus.

RUE DES MARTYRS

— Voua devti mettre louvent un bulletin blanc t

lia eUFe de lenteur

Après avoir été une dès capitales au monde des plus bruyantes, mouvementées, encombrées, Paris est subitement devenu, sur certains points, une ville tranquille.

Cela grâce à une intelligente administration.

La police est bien faite à Paris.

« Policez-là sans cesse et la repolicez a, conseillait déjà Boileau qui a écrit de belles tirades sur les encombrements.

Aujourd'hui, les policiers de la circulation sont plus nombreux que les promeneurs, il le fallait sans doute, puisque, avant cette extension des forces policières, oh ne circulait plus.

Il y a certaines heures, notamment, où les boulevards deviennent des lieux de' délices ; l'on y peut se reposer des accès de fièvre mil. à d'autres heures, s'emparent de la rite.

C'est au moment où l'affluence des voitures est telle qu'elle rend Impossible tout mouvement. Alors, vous prenez une auto de louage, si vous n'avez pas d'auto propre, et vous la lancez dans l'encombrement. Dès que vous êtes parvenu au milieu de la foule des voitures, vous jouissez d'une sorte de béatitude statuquoïque, d'un engourdissement de bien-être immédiat, d'une suspension quasi-absolue de toute activité, d'un calme grisant, d'un bienfaisant repos. Les gros autobus encombrants stoppent et semblent dormir sur place, paisibles et alangvis : et pax omnibus bonoe voluntalts.

Je lisais récemment qu'il y avait bien moins d'accidents de rue depuis quelque temps, malgré la multiplication des engins de locomotion. Le contraire ne s'expliquerait pas, étant donné que ces engins ne sont plus nuisibles dès qu'ils sont arrêtés ou évoluent à des allures dignes des moteurs bovins qui, jadis, promenaient dans Paris des monarques indolents.

Seuls, sur les boulevards, marchent encore les compteurs horokilométriques qui, eux. ne s'arrêtent jamais. H y a de bonnes voilures de place, mais, aussi excellents que soient leurs cylindres ou leurs pneus, rien ne vaut la qualité de leurs compteurs qui ne s'arrêtent jamais, ne ralentissent jamais.

Il y a eu des chauffeurs devenus millionnaires en un mois. Ils ont vendu leur voiture et sont rentrés dans la tombe : je veux dire qu'ils sont devenus, à leur tour, clients de taxis. Au bout de quinze jours, nyanl constaté que leur million se trouvait réduit à vingt mille francs, ils ont racheté une voilure, et sont redewnus chauffeurs,

Un mois après, Ils étaient a nouveau millionnaires,

JEAN BASTU,