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Titre : Le Quotidien de Montmartre : journal hebdomadaire / directeur : Jules Bastia

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1930-05-04

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb421267926

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb421267926/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 04 mai 1930

Description : 1930/05/04 (A2,N35).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5504638z

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, LC2-1681

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 06/02/2011

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L' « S » possessif anglais

Il n'y a pas de lettre plus bizarrement employée que celle-là. Nos boutiquiers français en font à leurs devantures une consommation irraisonnée. ' Vous connaissez tous ces « Anthracite's Bar» ou ces « Bougnat's Bar», qui ont remplacé le chand' vins-charbonnier d'avant guerre.

Vous, savez aussi qu'à Marseillfi existe un « Mariu's Bar», qui est bien le comble de tout.

Quelques-uns de nos concitoyens ont même donné le sens possessif à d'autres lettres que l's, allant beaucoup plus loin que la langue anglaise.

Un bouif du quartier Montmartre a fait peindre à sa devanture « Moder'n Ressemelage », et un certain Tony qui est coiffeur pour tlames n'a .pas hésité à faire mettre en enseigne sur ses vitres « Ton'y Coiffeur ». -

Aussi barbares que soient ces façons d'angliciser à outrance la langue parlée de la réclame, je sais peu d'exemples plus étonnants que le nom de ce garage de Fontainebleau situé en face du palais, et qui s'appelle ni plus ni moins « Napoléon's Garage».

o

MOINS CINQ

Un guichet de banque ; une main passe un chèque ; une autre main distribue des billets de banque. Ce jeu plusieurs fols.

La vue s'agrandit. Présentation du caissier ; il nage au milieu des billets de banque.

Pendant qu'il compte ses billets de banque, une chanson se fait entendre, chanson dont le titre est Moins cinq. Il s'arrête un peu ; geste d'énervement et H reprend son décompte.

Dans la rue, des chanteurs chantent la chanson : Moins cinq.

Le caissier, gêné par la chanson, va fermer-les fenêtres. La chanson continue à être entendue, mais très en sourdine.

Le directeur fait appeler le caissier pour lui dire :

« Ce soir, à huit heures, soyez à la banque. M. Duranton viendra et versera deux millions en espèces ; vous les mettrez dans le coffre de votre caisse. »

Le caissier revient dans sa caisse. U finit de mettre en ordre ses affaires, n est midi. Les employés s'en vont. Il ferme sa caisse, prend son chapeau et sort.

Dans la rue, un éventaire de fleurs. Sur l'ardoise, à la craie : • Sainte Estelle ».

Il achète un petit bouquet de violettes, puis, avisant une devanture de maroquinier, il s'arrête, contemple les sacs, fouille dans sa poche, n'en retire que quelque menue monnaie. Il cherche dans son portefeuille : 11 est vide.

Il se revoit, en pensée dans sa caisse, au milieu des billets de banque.

Chez Estelle. Elle va le quitter. I Elle reçoit devant lui un coupon de ( voyage : « Quinze jours en Grèce». Un vieil adorateur lui offre cette balade. Il est consterné. Elle dit : « Peux-tu en faire autant... » Il répond : 5 Non». Elle reprend : « Alors, laisse-moi vivre ma vie...»

Il s'en va, découragé.

La banque, le même soir, à huit heures.

M. Duranton, le client annoncé par le directeur, vient verser l'argent : deux millions en espèces. Cela se passe devant le directeur et le caissier.

' M. Duranton et le directeur sont partis. Le caissier a mis les billets dans le coffre, et, en rangeant des papiers personnels dans son portefeuille, il trouve la photo de sa maîtresse et repense au voyage qu'elle va faire.

A ce moment, le gardien de nuit, qui passe, s'arrête 1 pour causer ; cela l'agace visiblement.

Quand le gardien est sorti, après un moment d'hésitation, il rouvre le coffre, s'empare de l'argent, le range dans la poche intérieure de son veston et sort.

Il retourne chez Estelle. Il la décide à partir avec lui. Il lui fait

croire qu'il a pu avoir des vacances et dix mille francs.

Elle renvoie le billet à l'autre adorateur. Ils partiront le lendemain, tous les deux, à dix heures.

Ils dînent dans un grand restaurant.

Ils vont au music-hall et y entendent la chanson : Moins cinq.

L'intérieur d'un bouge, à Grenelle : des couples d'apaclies dansant au son d'un accordéon, « C'est la Java...», chanson-type.

Dans un coin, trois individus sont attablés. Un quatrième vient les rejoindre. Il leur dit : « Ce soir à huit heures, un versement de deux millions a été effectué à la Banque Machin. »

Il n'y a pour les garder qu'un vieux gardien de nuit.

Trois apaches frôlent le mur de la banque, forcent une porte.

L'intérieur de la Banque : Les apaches se jettent sur le gardien de nuit, le ligotent et le bâillonnent, puis, se dirigeant vers le coffre-fort où sont déposés les deux millions, commencent à l'éventrer au chalumeau oxydé.

Le caissier chez lui : il ne peut dormir. Il lit. Il fume une cigarette. Il ouvre son portefeuille et regarde

». les billets de banque. Il se lève regarde l'heure. Il écoute les bruits extérieurs. Il entend une conversation, vient sur le balcon. Il aperçoit des gens dans la rue. Il ferme brusquement les fenêtresT"

En rentrant dans la chambre, il s'aperçoit dans une glace. Il se revoit petit enfant ; sa mère corrige ses devoirs. Il se revoit lycéen, remportant de nombreux prix. Il se revoit sergent, au régiment ; puis, entrant à la banque, et caissier, dans son état actuel ; enfin il revoit le geste qu'il vient de faire : Voleur I...

Dans la rue de la banque, deux agents aperçoivent la porte forcée et pénètrent dans la banque.

L'intérieur de la banque : Le coffre-fort est forcé. Les apaches s'aperçoivent qu'il est vide. A ce moment, ils entendent du bruit et s'échappent.

Les agents arrivent, délivrent le gardien, téléphonent à un commissariat.

Le commissariat téléphone au banquier, l'informe.

A nouveau, l'intérieur de la banque. C'est l'heure de l'ouverture. Le commissaire, le banquier, des policiers sont là. Ils enquêtent.

Le caissier rentre à la banque par une porte dérobée ; il a relevé son col de pardessus ; il veut passer inaperçu.

A l'intérieur de la banque, au moment où il va franchir la porte qui mène dans sa caisse. Une main s'abat sur son épaule ; il blêmit, tremble, son expression signifie : « Je suis pris...»

Il introduit une main dans la poche intérieure de son pardessus et retire la liasse de billets de banque qu'il avait volée la veille, en disant : « Les voici...» Il baisse la tête.

Il est aussitôt entouré par le banquier, le commissaire, les policiers, qui le félicitent et le remercient. Le banquier lui dit : « Vous êtes un homme prévoyant,.. » Lui, comprenant la situation, dit : « Oui, j'ai pensé qu'ils seraient plus en sûreté dans ma poche que dans le coffre-fort. »

Le banquier lui répond : « Ce que vous avez fait là mérite une belle récompense, que voulez-vous ?» 11 répond : « Je veux voir la Grèce ; payez-moi deux voyages. » Le directeur lui dit : « Ces! entendu, voici vingt mille francs. » Le caissier jette un coup d'oeil sur l'horloge et pense : ■ Je n'ai que. le temps ! » Il s'ensauve.

Le quai de la gare de Lyon. Estelle arpente le quai. Elle regarde l'horloge, l'horloge marque « moins cinq». Le phono du buffet joue Moins cinq.

Il arrive, courant. Elle lui dit : « On n'a pas idée de venir, pour un voyage en Grèce, cinq minutes avant le départ du train. » Il lui répond : « Il était moins cinq que jo n'y aille pas. »

Le train siffle. Il monte en marche, pendant que le phono du buffet de la parc continue sa chanson et que le rythme du train semble le chanter aussi.

JEAN B ASTI A.

— Tu comprends ! Le. cabinet Tardieu avec toutes les exigences socialistes... *

— Ça va! Ça va, occupons-nous des exigences du printemps...