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Titre : Le Quotidien de Montmartre : journal hebdomadaire / directeur : Jules Bastia

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1930-04-27

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb421267926

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb421267926/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 27 avril 1930

Description : 1930/04/27 (A2,N34).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5504637j

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, LC2-1681

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 06/02/2011

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Propos maigres

Nous avons une bonne qui [nous a dit très sérieusement :

— Est-ce que le petit chat peut manger de la viande le vendredisaint 1

• %

La soeur de cette bonne fait de la prostitution à Montmartre!

Le vendredi-saint (c'est sa soeur, notre bonne, qui nous l'a dit) elle ne reçoit aucun monsieur payant ; elle réserve ce jour-là à son poisse. Elle fait maigre.

C'est une fille à principes.

LA DÉFORMATION PROFESSIONNELLE

Un procès bien curieux, va se plaider au Tribunal de Commerce.

Un commissaire des morts a été remercié par l'Administration des Pompes funèbres,- parce qu'il avait une façon trop personnelle de conduire les convois.

Ancien cornac des automobiles qui baladent les étrangers à Paris, il connaît admirablement les beautés de la capitale, à travers lesquelles il a dix années durant, mené les promeneurs.

Il faisait passer les convois funèbres par des itinéraires spéciaux, qu'il avait longtemps suivi, et se retournant vers les familles des « de eu jus » leur racontait Paris avec force détails clceronesques :

« Ici, Mesdames et Messieurs, c'est l'Opéra, où... etc..

« Nous arrivons maintenant au Paramount, ancien Vaudeville. C'est ici qu'on passe les films de Maurice Chevalier, le créateur de Valenline, Ma Régulière, Louise, C'est jeune et fa ne sait pas... Demandez le répertoire Chevalier 1... »

Les familles se sont plaint. L'homme a été congédié.

Il estime qu'il n'a pas reçu une Indemnité suffisante.

D'où procès.

Le Téléphone au Vatican

Le pape a le téléphone. v '

Et même l'appareil est en or

massif.

Le Pape va pouvoir téléphoner

avec Tinter. L'inter, pour le Pape,

c'est le Ciel.

— Allô, Mademoiselle !... Donnezmoi le Ciel 1

— Allô !..; Je suis avec le Ciel.

— Oui. Ici, c'est sainte Jeanne d Arc. Car, forcément, au Ciel, c'est Jeanne d'Arc, à cause des Voix, qui est détachée au Standard.

-~ Allô I Mademoiselle 1... Je voudrais causer avec Saint Pierre.

— Allô, saint Lévy, ne coupez pas I... " i

La Marche du Sel

On sait qu'aux Indes le' révolutionnaire Gharidl soulève les populations contre la gabelle, ou impôt du sel.

Heureux Indous qui en sont encore là. ■-

Nous, Français, il y a longtemps que nous payons pour le sel, pour le poivre, pour l'huile, le vinaigre, l'eau de Rubinat, les suspensoirs, la moutarde à bains de pieds, etc..

LE FOX-TROT INACHEVÉ

Un compositeur de musique, chez lui, est à son piano ; 11 compose un fox-trot. Il s'arrête de jouer, sort son portefeuille, en retire une photo qu'il embrasse. Il tire une loupe de sa poche et regarde la photo à travers la loupe.

Sur la photo, on lit cette dédicace : « A Paul pour la vie 1 Sa Zouzou. »

Une autre-photo est sur le piano, dans un cadre ; elle porte cette dédicace : « A Paul pour la vie ! Son Adèle. »

Il compare les deux photos, puis met la petite photo devant la grande, regarde à nouveau la petite photo à travers la loupe.

La petite photo à travers la loupe est devenue aussi grande que l'autre photo.

Il se rassied à son piano, continue sa composition. Il Joue pour la photo, qu'il regarde amoureusement.

La sonnerie du téléphone l'interrompt.

l'interrompt. va, de mauvais humeur, décrocher l'appareil.)

C'est Adèle qui téléphone. Elle lui demande de venir la rejoindre chez elle.

Le compositeur tergiverse, essaie de faire comprendre qu'il travaille, puis, tout d'un coup, très nerveux, il se décide et lui dit : « Je viens. »

Son chapeau. Le voici dehors.

Chez Adèle. Elle lui fait une scène de jalousie qui devient très violente. Il lui dit : «Eh bien ! c'est fini entre nous I » et sort en claquant la porte. Adèle fond en larmes.

Il est revenu chez lui. Il reprend sa composition au piano, puis, se ravisant, il saisit le cadre dans lequel est la photo d'Adèle, enlève la photo et met la petite à la place.

La petite photo a l'air plus petite encore dans ce grand cadre.

Puis il continue son fox-trot, toujours regardant la photographie de Zouzou.

Une sonnerie. C'est un petit télégraphiste qui apporte Un pneumatique.

Zouzou lui donne rendez-vous au Jazz-Hylton pour dîner. Il s'habille en vitesse, court à la porte, l'ouvre, mais revient vers son piano, prend sa musique inachevée, la met dans sa poche.

Au Jazz Hylton. Il est attablé avec Zouzou devant une bou-, teille de Champagne. Des couples dansent sur la piste. La danse finie, il sort son fox-trot de sa poche et dit à Zouzou : « Tu vas voir, je vais leur demander de jouer ça. Ça va avoir un succès formidable. C'est un foxtrot que j'ai fait cet après-midi, en pensant à toi.»

Il se lève, va vers le chef du jazz,

lui remet un billet de cent francs et sa musique.

Le jazz commence à jouer son air; Les couples se forment, bientôt presque tout le monde danse. Mais, au beau milieu du fox-trot, l'orchestre s'arrête net ; tous les danseurs restent avec une jambe en l'air...

Protestations des danseurs : o Alors quoi 1 Et la suite ?.. « Le chef du jazz : » Il n'y a pas de suite : c'est un fox-trot inachevé...»

Tout le monde se moque de la musique, y compris Zouzou. Paul, furieux, entraîne Zouzou hors du dancing.

Dans une taverne de Montparnasse. Adèle est allée retrouver quelques amis, des rapins, des poètes, etc.. Elle leur conte son infortune. L'un des rapins lui dit : « T'en fais pas I nous allons arranger ça... Laisse-moi faire : j'ai une idée. »

•Le lendemain chez^Paul. Il est encore à son piano et essaie d'achever son fox-trot ; 11 s'énerve.

Sonnerie à la porte d'entrée. Il va ouvrir. C'est un ami à lui, un des rapins de la Taverne. Paul lui demande : « Qu'est-ce qui t'amène, mon vieux?...» L'autre lui dit : « Ecoute, j'ai appris que tu n'étais plus avec Adèle ; j'ai toujours eu le béguin pour elle, mais, tant que tu étais son amant, 1g n'ai pas osé lui faire la cour... Tu comprends, ça n'aurait- pas été propre...» L'autre lui dit : «Tu as bien fait...» Le rapin : « Mais maintenant, cette fois, c'est bien vrai, tu n'es plus avec elle?

Sur l'assurance que Paul lui donne, le rapin dit : » Eh bien I je vais me déclarer, si j'ose...» Et il sort, laissant Paul à son travail.

Peu après, le téléphone retentit. C'est, un autre rapin qu'on aperçoit au bout du fil et qui dit : « C'est bien vrai que tu n'es plus avec Adèle ?.,. Eh bien I je vais en faire ma maîtresse...»

Paul, un peu énervé, raccroche l'appareil et sort.

Il arrive à la Taverne, où il trouve un troisième rapin qui lui dit : « Est-ce que c'est vrai que tu n'es plus avec Adèle ?... Eh bien I je vais l'inviter pour ce soir... Depuis ie temps que cela me démange de lui dire que je l'aime...»

Paul quitte la Taverne, visiblement agacé.

Sur l'autobus, il rencontre un quatrième rapin qui lui dit : « Je' viens d'apprendre que tu n'es plus avec Adèle... Eh bien, mon vieux,' je l'épouse... »

Rentré chez lui, Paul appelle Adèle au téléphone : « Oublie la scène ridicule d'hier soir... je n'aime que toi 1... reviens vite...»

Paul enlève la petite photo du cadre où il l'avait placée et la déchire, en même temps qu'il endette le manuscrit de son fox-trot inachevé.

A peine a-t-il déchiré cette photo et cette musique, que la porte s'ouvre. Adèle, entre... Us tombent aux bras l'un de l'autre.

JEAN BASTIA.

— Oui, Maurice, je sais que que votre coeur est brûlant... Mais modérez votre chaleur, vous faites faner les fleurs...