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Titre : Le Quotidien de Montmartre : journal hebdomadaire / directeur : Jules Bastia

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1930-04-20

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb421267926

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb421267926/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 20 avril 1930

Description : 1930/04/20 (A2,N33).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5504635q

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, LC2-1681

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 06/02/2011

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2* ANNÉE. — N« 33

JOURNAL HEBDOMADAIRE

Directeur : JEAN BASTIA

Dimanche 20 Avril 1930

La Passion de N. S. Lemarchand

' En'-ce-temps-là, Louis dit à ses danseuses :

— Vous savez" qu'on fera la Pâquë dans deux jours et que lé Fils de ses OEuvres sera livré et recevra la croix.

Alors- les Princes des Chevaliers et les Anciens de la Légion s'assemblèrent dans la salle du grand'prêtre appelé Làutier, et tinrent conseil pour arriver à se saisir adroitement de Louis et à le faire mourir (de joie).

Or,' pendant que Louis était à Bergerie, dans là maison de Dervalle-Somptueux, une femme mie s'approcha de lui avec un vase d'albâtre plein d'un parfum de grand prix, qu'elle répandit sur sa tête quand il était à table.

Et Louis dit à ceux qui s'indignaient :

— Laissez faire eettefemme. Elle veut avoir un rôle ; dans la revue.

Et comme il s'était retiré côté îardin, dans un décor représentant des oliviers, pour méditer, il vit venir à lui une troupe d'hommes armés qui lui dirent :

— N'êtes-vous pas Louis-le-Bergéréen ?

Il répondit :

— Je suis celui que vous cherchez. Ils dirent alors :

— Suivez-nous chez Lautier. Alors, Louis leur dit :

' — Je ne suis pas en état de paraître encore devant mon Père. J'irai d'abord chez Pilatè, pour jne faire faire une friction à la pierre ponce et me laver les mains.

Et Pilate, le grand coiffeur et procurateur de petites femmes, lui dit :

— Êtes-vous le roi des Juifs? Louis lui répondit :

— J'ai été élevé par les Pères, au collège du Tivoli à Bordeaux. SI j'étais Juif ça se saurait.

Et comme en rasant Louis, il l'avait un peu coupé, Pilate dit :

— Je suis innocent du sang de ce juste.

Et après avoir fait flagellé Louis, il dit ;

— Tu as flagellé bien des petites femmes dans ta bergerie. Aujourd'hui c'est ton tour.

Mais Louis souriait et disait :

— Mon père, pardonnez-leur ; ils ne savent pas ce qu'ils font.

Alors, Louis fut conduit à Lautier qui lui dit :

— Tu as mis en croix bien des petites femmes dans ta bergerie. Aujourd'hui, c'est ton tour de recevoir la croix.

Et comme un homme voulait s'interposer et aider Louis à porter sa croix, celui-ci dit :

— Je la porterai bien tout seul.

Alors, les huissiers des BeauxArts lui arrachèrent ses vêtements disant :

— Tu as déshabillé bien des petites femmes dans ta bergerie. Aujourd'hui, c'est ton tour d'être tout nu.

Et Louis diL :

— Si je suis nu, oit pourrai-je porter ma croix ?

Mais ils riaient et ne l'écoutaient pas.

Et comme il avait soif, ils voulurent lui faire boire du vinaigre mêlé à du fiel (ce qui le changeait du Château-Margaux de son enfance). Aussi il le refusa.

Et, à la neuvième heure, Louis s'écria d'une voix forte :

— Eli, EU, lamma sabachtani. Et les marcheuses qui étaient

venues pour Voir sa croix dirent :

— Voilà qu'il fait du texte ! Alors, inclinant sa tête sur sa

poitrine, il rendit l'esprit. .

Il y avait là à distance plusieurs femmes qui avaient suivi Louis depuis les Quinconces pour le servir ; parmi lesquelles étaient Alice Méva, Yvonne Guiïlet et la belle Chrysis.

Vers le soir,, un homme riche de Bergerie, nommé Randall, qui était aussi disciple de Louis, vint et enleva son corps. s

Le lendemain, qui était le Sabbat, il y avait matinée et Louis y parut avec de beaux habits et une croix neuve.

Et tous ceux qui le virent dirent :

— C'est un miracle ! et ils crurent en lui.

(Selon Saint-Jean.)

LA RÉPÉTITION DES COUTURIÈRES DU "GRAND SOIR "

Le cabinet de travail d'un banquier.

. Un garçon de banque, installé dans un fauteuil, lit un journal gui s'appelle « la Mort aux rats ».

Le Banquier entre.

— Rien de neuf, Albert?

— Rien, Monsieur.

— Mlle d'Argenteuil ?

— Pas encore venue. Tout à coup la sirène.

— Qu'est-ce que c'est que ça?... Il y a alerte?... Cependant, ce n'est plus la guerre.

Alors, le garçon de bureau se redressant :

— C'est toujours la guerre. Cette sirène indique l'avènement du bolchevisme. Les bolchevistes sont les maîtres à cette heure. Banquier, donne-moi ta jaquette, ta chaîne, ta montre et prends-ma livrée.

— Qu'est-ce que c'est que ces façons?...

— Je suis bolchevick. Voici ma carte. J'ai Je grade n° 4. Obéis ou je te brûle la cervelle.

— Voilà, Voilà ! Ne vous fâchez pas. ;

Ils échangent leurs vêlements. Alors, Albert, Vêtu en banquier, parle :

— Vous êtes maintenant mon garçon dé bureau. Vous gagnez 23 francs 33 centimes par jour, vous n'en foutez . pas une secousse et vous lisez « la Mort aux rats», organe officiel de la Révolution. Moi, je m'occuperai de la banque.

•— Ça va être du propre :

Une belle demoiselle apparaît.

C'est Yolande, maîtresse du banquier.

Elle l'aperçoit dans sa livrée.

— Hector... c'est toi qui est là ? Qu'est-ce que c'est que ce costume?

L'ex-banquier lui explique ce qui vient de se passer.

—■ C'est ennuyeux!.. Mais, comme il faut vivre, tu ne trouveras pas mauvais que je reste ici la maîtresse du banquier.

Albert attire alors Yolande vers lui :

— Assieds-toi sur mes genoux, Yolande... je vais t'initier à l'amour bolchevick.

La cuisinière survient. Elle parle :

— Est-ce que Mademoiselle est là?... Oui, je la vois... Mademoiselle, donnez-moi votre chapeau, votre robe, vos bijoux, et prenez mes frusques et mon tablier. Vous êtes à mon service.

— Rosalie devient folle.

— Vous n'avez donc pas entendu la sirène? Je suis bolchevick. Voici ma carte. Changeons de costume, vous dis-je.

Ainsi se fait.

Maintenant que je suis nippée 1) où est le. banquier? Albert se manifeste :

— C'est moi, Rosalie.

— Appelle-moi Yolande et embrasse-moi... Je suis ta maîtresse.

—• Ma maîtresse?

-— Je suis demi-mondaine et maîtresse de banquier. Obéis... Voici ma carte, je suis bolchevick..:

—■ Voici la mienne.

—• Quel degré?

■— Degré 4.

— Peuh ! moi, degré 2. Obéis, Le dis-je... et grouille-toi. Tâche voif que j'aie rien à te reprocher.

— Plus souvent que je m'appuie un morceau de ton espèce I

■—•' Refus d'obéissance? Agent...

Un agent, qui se tenait prêt, intervient.

—■ Que faut-il servir à Madame? Des carottes, des pommes de terre, des bons choux-fleurs ?

— Qu'est-ce que c'est que cet agent-là?

■— Je ne suis agent que depuis le coup de la sirène, ma bonne damé! Avant ça, j'étais marchand de quatre saisons. Au premier coup de sirène, j'ai suivi les instructions du manuel du parfait bolchevick — car je suis bolchevick —■ et j'ai obligé uh agent qui me dressait contravention à changer,, de costume avec moi,

— Quel grade avez-vous chez les' bolchevicks?

— Le grade N°

— Moi le N° 2. Je parle et commande. Tu vas obliger tout de suite cet homme à devenir mon amant.

— Vous, l'homme... Alors, Albert : -

■— Tu n'as que le grade N° 5. J'ai le N» 4. Je te défends de me parler sur ce ton.

—• Nous n'en sortirons pas. Appelons le commissaire.

La cuisinière s'empare dii téléphone :

— Allô, le commissaire de police? Le commissaire de police entre :

— Présent ! Qu'est-ce qui gn'a? Tous se sont reculés instinctivement, car ce commissaire de police n'a rien d'un commissaire de police ordinaire, c'est un commissaire de police bolchevick. Voici son costume : casquette à carreaux, pas de col, chandail, pantalons retenus par une ceinture de cuir, espadrilles et, brochant le tout, une écharpe rouge' à l'étoile noire.

Ils veulent parler, tons, mais n'osent pas.

Alors, le commissaire de police :

— Y a-t-il des bolchevicks ici? —■ Oui... grade N° 2.

— Grade N° 4.

— Grade N° 5.

— Et les deux autres ?

— Pas bolchevicks.

— Très bien!-... .l'ai ce qu'il faut pour arranger tout le monde.

Il extrait de sa poche un browning et tire cinq balles sur six, faisant successivement tomber raides morts le ' banquier, sa maîtresse, le garçon-de bureau, la cuisinière èl l'agent, Puis il s'exclame : —. Vive le Grand Soir'! Et tire, en l'air, pour le plaisir, sa

sixième balle. ' ' l

JEAN BASTIA.

— Crois-tu qu'il m'a?plaqué soi-disant pour changer de vie cl je l'ai rencontré avec une sale grue i