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Titre : Le Quotidien de Montmartre : journal hebdomadaire / directeur : Jules Bastia

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1930-03-23

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb421267926

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb421267926/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 23 mars 1930

Description : 1930/03/23 (A2,N29).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5504625b

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, LC2-1681

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 06/02/2011

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CHEZ LES LAMPISTES

La H. P. A. (Homosexuelle Parisienne Association) annonce, pour le jour de la Mi-Carême, son fameux bal annuel, qui est à proprement parler une des choses les plus infâmes sur quoi la police ferme un oeil coupable, car j'imagine qu'elle ne ferme pas les deux.

Cette cérémonie solennelle (solennelle là, mais on la renouvelle dans d'autres endroits) pourrait s'appeler d'une variation de la célèbre phrase d'Opéra : « Et sa Tante conduit le bal. »

Un grand poète qui répond au nom de François Porche a publié un livre qui a pour titre : l'Amour qui n'ose pas dire son nom. Cet amour là, c'était celui (ou celle) à quoi je fais ici allusion. M. François Porche est tin poète, c'est-à-dire un homme qui rêve beaucoup, et qui prend ses rêves pour la vie. Je ne sais pas où il a. vu-.qùè'cet amour-là n'osait pas dire s'orï'nom. Il y en a à peu près un dans.; toutes les familles.

Autrefois, l'aîné était soldat, le cadet était prêtre.

Aujourd'hui, ce n'est point aussi bien réglé : le choix de la carrière est laissé plus libre, mais on comptera bientôt un inverti par foyer.

11 semble que les hommes se soient transmis ce vice de génération en génération. Et c'est d'autant plus extraordinaire que c'est un vice qui n'est pas générateur.

Aujourd'hui, il s'affiche, s'étale, triomphe. On le promène' sur les boulevards. 11 a ses péritapéticiens aussi.

Des bals ont lieu, publics, où ils se rencontrent, et certains d'eux s'y déguisent en femmes, qui pourraient (paraît-il) être prises pour des êtres de ce sexe auquel nous devons nos tantes — les vraies — les femmes ou les soeurs de nos oncles.

N'allez point à ces bals dans l'espoir d'apercevoir les leaders de ces parties. Ils ne s'y montrent point. ils sont vieux ; ils ont atteint l'Académie ou la maison de retraite, ils sont devenus grand'tantes et n'exercent plus.

Mais pourquoi les jeunes se travertisscnt-ils en femmes ?... Quel plaisir peuvent éprouver ceux qui conservent le costume masculin à fox-trotter ou charlestqnner avec des hommes habillés en femmes ?...

Je comprendrais mieux qu'ils se missent en terrassiers, en charpentiers, en zingueurs, en forts des Halles, c'est-à-dire qu'ils exagérassent — et j'emploie cet. imparfait du subjonctif pour bien marquer jusqu'où je voudrais qu'allât ceLle exagération — le côté mâle de leur individu, plutôt que de le féminiser.

Puisque la femme c'est l'ennemi.

Mais il me semble voir sourire de pitié ceux de nos invertis qui me font l'honneur de lire cet. article. C'est que je suis, en ces matières, comme celle-là — qui n'en était pas « une » — à qui Arvers — et non « A-revers» — dédia ce sonnet, dont les derniers hémistiches prévoient

prévoient ne comprendra pas et se .demandera :

— Quelle était celte femme ?

o

Les Mots et leurs Masques

Il me souvient, q'une nuit-, voyageant sur le P.-L.-M. et dormant à poings fermés, j'entendis au milieu de la nuit, dans mon rêve, de formidables rugissements de fauves en furie.

Le train stoppant, les lumières d'une grande gare venant frapper aux vitres du wagon, je me réveillai. Des voix ferroviaires criaient : Lyon ! Lyon 1

J'avais donc calembourisé en dormant. On ne peut, dans ce travers, jamais être en repos.

Le même calembour s'étale sur les affiches de publicité de la Foire de Lyon : un superbe félin, puissamment pattu, domine la ville qui s'étaye aux pieds de la colline ■ de Fourvières.

Les sosies sont de Lyon — disaient les célèbres revuistes, frères Cogniard, qui calembourisaient aussi.

Les calembours .des armes parlantes sont notoires ; certaines armoiries sont conçues dans le style des rébus des journaux illustrés.

Il y a des calembours célèbres. Si cette façon de faire de l'esprit est rejetée comme impure par certains, le calembour a pour défendre sa cause de glorieuses références.

M. Guizot a écrit que Cicéron affectionnait les calembours et. qu'il en a mis dans ses discours les plus solennels. Toutefois, ce ne doit pas être le grand orateur latin qui a trouvé celui-ci, qui courait avant guerre, à propos de la facilité d'éloculion d'un nôtre rhéteur :

— Cicéron, c'est Poincaré.

Il y a le calembour célèbre que fit Bonaparte, en Italie, répondant aux

émissaires de la capitale lombarde :

— Je suis jeune aujourd'hui. Mais demain j'aurai Milan.

On prétend même qu'il a réédité ce mot, preuve qu'il en était content, lorsque, en Egypte, voyant un, deux, trois et quatre milans juchési sur les Pyramides, il dit à ses soldats: Quatre milans vous contemplent.

Ce que les historiens ont traduit par « quarante siècles », entérinant ainsi une boutade ou, mieux, fabriquant, grâce à elle, un mot historique.

De même, ce typo de qui la coquille transforma en vers célèbre ce qui n'était aussi qu'un calembour de la part de Malherbe : Et Rosette a vécu ce que vivent les

roses...

Calembour encore cette phrase qu'un clerc facétieux, fabricant de livres de messe, attribua à JésusChrist, s'il vous plaît : « Tu es Pélrus et. super liane petram...

petram... es Pierre et sur cette pierre...

11 est bien vraisemblable qu'un esprit aussi sérieux que celui de Dieu le fils se soit jamais amusé à des jeux (lignes tout au plus d'un frère lai.

o

La Grève des Théâtres

Maurey, l'an dernier, jouait dix pièces [dans l'année. Quand on parlait grève, il disait « oui »

[pour toul discours. Mais, depuis « Topaze » à la brillante

[destinée, Maurey ne tient plus à faire grève, même

[un jour. Mais les Matlmrins demandent à ceux

[qu'ils rencontrent : « Quand faisons-nous grève ? »,à tous

[relâches résignés. Ainsi chacun voit, comme on dit, midi

[à sa montre. Falconetli pense : C'est toujours (a

[de gagné !

EN VUE DE LA PROHIBITION EN FRANGE

— C'est ça Ion banque! de la ligue antialcoolique ?

— Mais oui, le ehampuqne était obligatoire.

Broyons du noir !

Parlant, l'autre jour, ici même, de l'envahissement noir je faisais allusion aux « nègres» de. la littérature.

On sait qu'on désigne ainsi certains praticiens] des lettres qui travaillent anonymement à l'oeuvre d'un autre, à sa renommée, sa fortune, ses décorations.

Mais voici ce qu'un ciseau, adroitement promerié dans les colonnes de notre confrère L'Intransigeant, a extrait de ses annonces :

Littérateur pauvre, céderait roman inédit, reconnu excellent par compétences. Sérail arrangeant. Ecrire : L. H. D., Ab. P. O. P., 21, rue de Choiseal.

Je disais, l'autre jour, que nous . étions en plein âge nègre. Il le sent si bien, ce littérateur pauvre-là, qu'il réclame sa naturalisation noire et se déclare prêt à tourner la meule des mots chez n'importe quel grand esclavagiste des idées

Et il fait d'avance acte de soumission, promet d'être arrangeant, c'est-à-dire accepte .d'être arrangé.

L'artiste, prêt à vendre son oeuvre, fait songer à ces parents trop misérables, qui abandonnent leur progéniture aux riches ménagessans enfant.

Que de romanciers dans des galetas sans feu que la moindre bonne à tout faire refuserait comme chambre, écrivent sur de vilaines tables, où la moindre ragoûtante des filles de cuisine ne voudrait pas poser son peigne sale, de jolis romans d'amour, pleins de belles descriptions, la tête dans le bleu tiède des rêves, tandis que leurs pieds gèlent dans les courants d'air des portes mal jointes

« Nous arrivâmes à Nice par une radieuse matinée de mars méditerranéen. Le soleil riait à toutes les fenêtres du ciel Cl les fleurs s'épanouissaient comme des seins de femme de trente ans. »

Et, dans le galetas voisin, un autre débarque au Lirîo et écrit, en y croyant :

« Àli ! Venise ! Venise !»

El ce sont des carnavals, des farandoles, des réjouissances, et de l'amour, de l'amour, de l'amour...

Douloureux illusionnistes d'euxmêmes !...

Pendant quoi, ceux qui leur ont acheté roman ou pièce de théâtre crient : « Au voleur ! » s'ils retrouvent une des virgules dont ils se sont rendus acquéreurs dans les pages d'un autre livre.

De qui sont les mots ?... A qui sont les idées ?...

On sait que Molière n'a rien écrit, que c'est une étiquette ; Shakespeare est une firme ; Homère un nom de cru grec du cellier des rythmes.

El. l'on sait aussi que le grand oeuvre de la Création du Monde a été signé Domklaïr, lodonaï, Erkangilos et Uphambolnitazar, quatre Titans, sortes de nègres antiques, de qui les quatre initiales ont formé le nom de D. I. E. U.

JUAN I3AST1A.