Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 1 à 1 sur 14

Nombre de pages: 1

Notice complète:

Titre : Le Quotidien de Montmartre : journal hebdomadaire / directeur : Jules Bastia

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1930-01-26

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb421267926

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb421267926/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 1109

Description : 26 janvier 1930

Description : 1930/01/26 (A2,N21).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5504608t

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, LC2-1681

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 06/02/2011

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 97%.


2» ANNÉE. — N° 21

JOURNAL HEBDOMADAIRE

Directeur : JEAN BASTIA

Dimanche 26 Janvier 1930

Les taxes de théâtre j

. En scène, le Compère et la Commère.

Le Compare vient de dire. — Moi, je ne suis pas d'ici.

A quoi ta Commère a répliqué.- — Mais, moi non plus, je n'appartiens pas à la maison.

Dans la salle, une ouvreuse se manifeste.

L'OUVREUSE. — Excusez-moi, Monsieur, Madame, mais le contrôleur de l'Assistance Publique exige que vous payiez la taxe.

LE COMPÈRE, LA COMMÈRE. — Quoi ?

Le contrôleur de l'Assistance intervient.

LE CONTRÔLEUR. — Parce que, Monsieur, vous venez de prononcer une phrase bien nette : « Je ne suis pas d'ici, » à quoi Madame a répondu : « Moi non plus I »

LE COMPÈRE, LA COMMÈRE. — Eh bien ?

LE CONTRÔLEUR. — Eh bien, les termes du décret autorisant la perception de la taxe d'État dans les théâtres sont bien nets : « Toute personne étrangère au théâtre doit acquitter les taxes d'État. »

LA COMMÈRE. — Mais nous ne sommes pas étrangers au théâtre ! LE COMPÈRE. •— Nous faisons partie de la troupe.

LE CONTRÔLEUR. — Alors, pourquoi dites-vous que vous n'êtes pas d'ici ? .

LE COMPÈRE. — C'est le texte de nos rôles.

LE CONTRÔLEUR — Quel bête de texte 1

LA COMMÈRE. —■ Eh bien ! mais-., avec vous les taxes sont bien gardées.

LE CONTRÔLEUR. — On pouvait s'y tromper, n'est-ce pas ?

LE COMPÈRE. —■ Aile».!... enchaînons !... {il reprend) Moi je ne suis pas d'ici.

LA COMMÈRE. — Moi non plus, je n'appartiens pas à la maison. LE COMPÈRE. —C'est comme moi. LA COMMÈRE — J'ai passé en fraude par la porte...

LE CONTRÔLEUR (intervenant à nouveau). -.— Ah I Ah 1 vous avouez... LA COMMÈRE. — Oh I encore 1... Laissez-moi au moins terminer ma phrase... (Elle reprend). J'ai passé en fraude par la porte 15 kilos de cocaïne.

LE CONTRÔLEUR. — Ça ne me regarde pas I C'est des histoires de douane.

LE COMPÈRE. — Et moi, dans la doublure d'un fauteuil, j'ai fait entrer du Bénarés.

Lis CONTRÔLEUR. — Ça ne me regarde pas I

LE COMPÈRE. —• Et j'ai remis a la Caisse un billet de 100 francs pour le fauteuil.

LE CONTRÔLEUR. — Cent francs pour un fauteuil ? alors, payez les 17/117° du prix du fauteuil."

LE COMPÈRE. ■—■ Oh 1 ce que vous pouvez Être embêtant, vous ! Une femme entre en scène. LA FEMME. -— Je suis la femme du directeur. Je. ne paie pas.

LE CONTRÔLEUR. — Si, Madame !..

la femme du directeur paie la taxe, comme tout le monde.

LE COMPÈRE. — Mais il'ne s'agit pas du directeur du théâtre... Madame joue le rôle de la femme du directeur de l'Hôtel des Contrebandiers de la frontière.

LE CONTRÔLEUR. — Alors, coupez tout cela, coupez. Sinon, je serai obligé de sévir.

Dans fa salle, un individu, mal vêtu, hirsute, de plus, aveugle, tenant son chien dans ses bras, se manifeste.

L'INDIVIDU. —: Vous n'y entendez rien.

LE COMPÈRE. — Qui interrompt ?

L'INDIVIDU. — Moi.:.

LE COMPÈRE. — Vous ?

LA COMMÈRE. — Qui vous ?

L'INDIVIDU. — Le Pauvre.

LE COMPÈRE — Le pauvre ?... Quel pauvre ?...

L'INDIVIDU. — Je vais vous expliquer...

(// se dirige vers la scène.)

LE COMPÈRE (au public). — Mesdames, Messieurs, c'est un aveugle... Laissez le passer, je vous prie.

L'INDIVIDU. •— Merci, Merci ! Pardon, Madame I Pardon, Monsieur ! Pardon, Mademoiselle I Pardon, Militaire ! Pardon, Madame I

LA COMMÈRE. •— Comme il différ rencic bien les spectateurs, pour un aveugle I

LE CONTRÔLEUR. — 11 a un faux chien.

L'INDIVIDU. — Bien sûr ! Je suis un faux aveugle, alors j'ai un faux chien.

LE COMPÈRE. — Qu'est-ce que vous venez dire ici ?

L'INDIVIDU. ■—■ J'ai un peu le droit d'y être, je crois. Je suis le Pauvre... Monsieur (il désigne le contrôleur) est mon représentant

LE CONTRÔLEUR. — Je ne connais pas ce Monsieur.

L'INDIVIDU. — Vous n'êtes pas représentant du Droit des Pauvres ?

LE CONTRÔLEUR. — Si ! L'INDIVIDU. — Alors ?... Moi, je suis le Pauvre. Donc, vous êtes mon employé. C'est moi qui vous

paie. (Au Compère.) J'ai le droit de savoir ce qui se'passe. J'écoute cette revue depuis un bon bout de'.temps. Elle' ne me plaît pas. Elle ne me plaît pas du tout. J'ai le droit d'en parler : le droit des Pauvres. C'est pour nous autres, les Pauvres, que les théâtres sont ouverts, qu'ils sont exploités...

LE CONTRÔLEUR. — Par les directeurs ?

L'INDIVIDU. •— Oui. Et les directeurs sont exploités par vous, enfin, je veux dire... Nous nous comprenons ?... Chacun sait que les affaires de théâtre sont déficitaires. Ce n'est donc pas pour les directeurs qu'elles existent. Ce n'est pas non plus pour les acteurs qui ne sont pas payés, en raison du déficit, ni pour les fournisseurs. Seuls les Pauvres gagnent de l'argent dans les entreprises de spectacle, parce que leurs contrôleurs commencent par prélever les 17/117 de toute somme versée par les spectateurs.

LE COMPÈRE. — Alors ?

L'INDIVIDU. — Alors, nous voudrions bien être un peu consultés sur le choix des pièces, nous seuls devrions avoir voix au chapitre. On ne nous consulte jamais. On joue n'importe quoi. Alors, a partir d'aujourd'hui, nous avons décidé d'intervenir. Nous allons, entre pauvres, constituer un comité de lecture des pièces. On ne jouera que celles ayant notre assentiment. Moi, je passe en coulisse pour voir un peu les costumes des femmes et pour les décolleter davantage. Il faut que cette revue soit vue par Tout-Paris.

LE COMPÈRE. — Y compris les aveugles.

L'INDIVIDU. — Vous ne croyez pas si bien dire...

DEUX BOMBES A LA CHAMBRE

Un journal parisien, du soir, donnait l'autre jour la nouvelle d'un attentat commis à Delhi,

aux Indes. Mais, par suite du pliage, sa typographie, en caractères gras, se présentait ainsi :

DEUX BOMBES

FONT EXPLOSION '<

EN PLEINE SÉANCE

DE LA CHAMBRE

QUATRE DÉPUTÉS BLESSÉS

LE BANC DES MINISTRES

RÉDUIT EN MIETTES

Inutile de vous dire que les exemplaires de ce journal, au vu de cette nouvelle vraiment sensationnelle, s'enlevèrent en un clin d'oeil. Les acheteurs ne prenaient même pas le temps de réfléchir que, s'il s'était agi de la Chambre française, il y aurait eu, sous le titre du journal, une manchette composée en caractères énormes, et qu'une nuée de camelots eut parcouru les rues de Paris faisant .un raffut de tous les diables.

Quand ils connurent qu'il ne s'agissait que de la Chambre hindoue, les lecteurs passèrent à d'autres articles.

Nous avons fait nous-mêmes l'expérience, présentant le journal aux amis que nous rencontrions dans les rues, et qui, dès qu'ils savaient qu'il ne s'agissait pas de la Chambre française, avaient un sourire qui semblait dire : « Ah ! bien, c'était une blague I»

Tant il est vrai que rien'ne nous émeut que ce qui nous touche, et que la mort d'un homme, survenue naturellement, dans son lit, défraie davantage les conversations de l'immeuble qu'un cataclysme du Tennessee ou qu'un tremblement de terre au Japon. C'est pour cela que Jean-Jacques pouvait admettre que : tue à distance un mandarin l'homme dont on a coutume de dire qu'il ne ferait pas du mal a une

mouche.

* * *

De même, la nouvelle qui nous parvient de Budapest, d'après laquelle Mlle Joséphine Baker a assommé son partenaire, un danseur espagnol, en lui cassant tour à tour sur la figure une chaise, un pyrogène et un siphon d'eau de Seltz — de quoi le danseur dut avoir ce qu'on appelle un minois siphoné ■— a été lue par nous d'un oeil indifférent. Si Joséphine avait commis ce bel exploit a Paris, la queue de la location se serait encore allongée à la porte des Folies Bergère, mais du moment que c'est à Budapest, ça n'a pas d'importance.

Et du moment que c'est à Delhi, ça en a moins encore.

Quel est celui de nous qui s'est, vraiment intéressé aux vicissitudes du roi Amanoullah, et qu'est-ce qu'a pu vous faire qu'Abubouliah lui ait pris son trône, et qu'Inayatoullah soit venu, troisième larron, pour essayer de s'asseoir entre feux deux ?

La moindre altercation entre le camarade Cachin et M. Taittingcr est autrement palpitante.

Mais on en parlerait certainement moins à table que si la bonne s'était attrapée avec la concierge.

JEAN BASTIA.

■— Ah ! si je vous avais connu il y a vingt ans ! ■— Mon pauvre, ami, vous auriez 61 f. en cour d'assises... j'avais trois ans!