LE VOYAGEUR
Une guise de Voyageur, pour marcher face au vent. SIEGFRIED
Mais, là-dessous, il te manque un œil Quelqu'un te l'aura crevé sans doute, dont tu barrais la route avec trop d'arrogance ? Allons, place ou tu pourrais bien perdre l'autre, aussi.
LE VOYAGEUR
Je vois, mon fils, qu'où tu ne sais rien, du moins sais-tu promptement t'aider. C'est grâce à l'œil, dont je suis privé, que tu aperçois celui qui m'est reste pour voir (1).
(t) Pour comprendre cette phrase obscure (en apparence), il suffirait, à la rigueur, de se rappeler qu'Odm étant un dieu bor"ne, t'œil qui lui manque n'est autre chose que que le soleil, disent les mythographes. C'est gràce à cet < œit de Wotan que Siegfried pfM< voir l'autre œit, celui qui reste an Dieu. Wagner, notais-je dans l'Or-drt-Rhin, s'est servi cà et là de cette interprétation; mais il l'a, suivant l'habitude de son génie, enrichie d'un nouvel et profond sens philosophique, dont séclatro son quadruple Drame si l'on veut bien prendre la peine de se reporter a cette même note (p. 1W, ~t se rappeler dan3 quel but Wotan a « mis eu gage t'œil qui lui manque (pour épouser Fricka, la Sagesse incarnée~, sans doute comprendra-t-on pourquoi, tout en recommandant comme utile, en raison do sa simplicité, la glose mythographique ci-dessus, je me rallie sans hésitation & celle de M. Athed Ernst. L'énigmatique passage signifie, d'après lui, que t'œit auquel a renoncé Wotan (pour acquérir la froide Sagesse, qu'il a crue nécessaire au gouvernement du Monde) est t'one do ses deux clairvoyances clairvoyance de l'instinct, ou, si l'on veut, du cœur. Et l'éminent critique ajoute « Issu cie la tendresse que Wotan eut pour tes hommes, loin des dieux, contre les dieux même et les lois édictées (cf. dans La ~M~, le rote entier de Siegmund te r<M< de Wotan à Brünnhitde; l'émotion do Brünnhilde, Wotan-féminin, devant la douleur du Héros), Siegfried est comme le fut Siegmcnd, le représentant de cette clairvoyance sacritiée il en procède, et il regarde Wotan précisément avec t'ceit qui manque a celui-ci, c'est-a-dire avec la lumineuse sûreté d'une libre nature, d'un cœur libre. <