Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 1 à 1 sur 8

Nombre de pages: 1

Notice complète:

Titre : Journal amusant : journal illustré, journal d'images, journal comique, critique, satirique, etc.

Éditeur : Aubert et cie (Paris)

Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1874-01-24

Contributeur : Philipon, Charles (1800-1862). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327966940

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327966940/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 37721

Description : 24 janvier 1874

Description : 1874/01/24 (A27,N908).

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5501335r

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, LC2-1681

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 17/01/2011

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 97%.


ir 908.

Prix do numéro i 35 centime*. Dans les gare» des départements X 40 centimes.

26 Janvier 1874.

(27* ANNKK.)

Un coup bien cruel vient de nous frapper. Notre coi cher Directeur Eugène Philipon a succombé aux suites <îo d'une impitoyable maladie. Quelques jours ont suffi ex pour terrasser cette nature vaillante dont la volonté tenait tête déjà depuis plusieurs années au mal qui le be minait sourdement. so

Notre rédacteur en cbef va vous dire ce que fut cet homme de bien, ce travailleur droit et loyal.

Mais, auparavant, nous venons ici déposer sur cette

tombe aimée l'hommage collectif de nos profonds

ce regrets, et offrir à une famille en larmes le sincère

tribut de nos sympathies douloureuses.

LA RÉDACTION.

EUGÈNE PHILIPON.

s:

On a souvent parlé des navrantes angoisses du malheureux comédien, forcé de grimacer la gaieté lorsque " quelque deuil poignant lui tord le coeur et fait monter les pleurs à sa paupière. Il n'y a pas que les comédiens, hélas! qui connaissent ces épreuves déchirantes. La vie littéraire, elle aussi, a de ces supplices et de . ces antithèses.

Combien, par exemple, il semble pénible à porter,

en un jour comme celui-ci, ce titre de Journal amu\

amu\ auquel répondent le bruit de la terre tombant

sur un cercueil ami, et l'écho des sanglots qui disent i v un éternel adieu à celui qui part sans retour !

Tout à l'heure il faudra reprendre le ton railleur que l'inexorable nécessité du journalisme impose, léger à nos plumes comme à nos crayons ; mais que du moins, isolant notre douleur dans ces quelques lignes, nous puissions être un instant tout entier à l'amertume de la perte que nous venons de faire.

D'une seule phrase je résumerais la vie d'Eugène Philipon, en disant : — Il n'avait que des amis !

Et pourtant il s'était vu dès longtemps mêlé aux chocs et aux luttes de cette arène tumultueuse qu'on nomme la presse. Déjà de son vivant, Charles Philipon, son père, avait commencé à l'initier aux secrets et aux difficultés de cette tâche de Sisyphe, qu'il faut recommencer toujours et qui ne se termine jamais.

Ce fut une des plus hautes et des plus personnelles figures de notre temps que celle de Charles Philipon, un des créateurs de la presse satirique et de la presse illustrée en France. Homme d'initiative, remueur d'idées, chercheur infatigable, il avait exploré cent sillons différente, frayé cent voies nouvelles. Mais,

comme tous les initiateurs, il ne lui avait guère été so

donné de jouir du fruit de ses fondations et de ses m; explorations.-

Aussi, lorsqu'il mourut, la besogne qui allait retom- qi

ber de tout son poids sur les épaules d'Eugène Philipon, jo

son fils, était-elle pleine d'incertitudes et d'écueils. m

la

. T

.pi Ce n'était pas une oeuvre aisée que de faire fructifier

ce grand héritage, que de continuer les traditions

d'une maison célèbre, que de soutenir la réputation

d'un nom qui s'était fait une si artistique popularité.

si Eugène Philipon n'eut qu'un but: suivre fidèlement

a les traces paternelles et faire lever la moisson qu'avait

v semée aux quatre vents ce puissant cerveau. Esprit net

et droit, administrateur habile et sévère, appréciateur rempli de goût etde tact, Eugène Philipon, sans fracas, sans mise en scène, modestement et loyalement, s'attela au rude labeur qu'il ne devait déserter que quelques jours avant de fermer les yeux. s On peut dire qu'il est mort à la peine ; mais il aura s eu du moins le suprême honneur et la suprême conso- j c lation d'avoir mené à bien toutes les entreprises dont

il avait reçu le legs, d'avoir dignement représenté 1 _ i

l'honneur de la maison.

i

1

t Parmi les nombreux recueils qu'il dirigeait, un de

t ses soucis de prédilection était le Journal amusant

dont il avait bien voulu me confier la rédaction en

r chef, et où j'ai la bien triste mission de rendre aujourr

aujourr à sa mémoire un dernier hommage.

, Chaque numéro était pour lui l'objet d'un long et

s minutieux examen. Chaque dessin était soumis à un

e contrôle qui excluait tout ce qui pouvait, ou froisser

une personnalité, ou dépasser la mesure du rire de

bonne compagnie. Avant tout, il tenait à ce que le

succès toujours croissant du Journal amusant ne dût

e rien à la brutalité ni au scandale.

Les artistes qui se trouvaient en relations quoti.x diennes et assidues avec lui étaient unanimes pour n apprécier cette bienveillance qui n'était pas, tant s'en î, faut, de la banalité, cette rectitude de jugement et ix cette rectitude de coeur qui se complétaient si bien î- l'une par l'autre.

La parole d'Eugène Philipon valait tous les écrits, es et l'on peut dire qu'il réalisait, dans ses plus intimes i, délicatesses, le type du vir probus. se H avait encore cette qualité rare, d'être encourait"

encourait" pour les nouveau-venus et de n'accueillir jamais nt personne par une fin de non-recevoir préalable. Celui s, qui, timide et tremblant, se présentait à lui, le carton

sous le bras, était sûr d'être écouté et jugé pièces en mains.

Et notre pauvre ami avait certes plus de mérité qu'aucun autre à en agir ainsi. En effet, presque toujours disputant pied à pied ses journées à de vagues malaises qui devaient trop tôt se formuler en une maladie sans remède, il avait cet aspect mélancolique qu'on retrouve chez tous ceux que la souffrance visite périodiquement.

Parfois même la mélancolie allait jusqu'à l'involontaire agacemeut. Mais par combien d'effusions charmantes, par combien de bon vouloir il s'efforçait aussitôt d'effacer l'impression que, malgré lui, il pouvait avoir produite par un mouvement inconscient de mauvaise humeur !

Il m'est interdit de parler ici au public des qualités de l'homme privé. Avec quelle éloquence cruelle ne ~ sont-elles point attestées par l'inconsolable deuil des siens et des amis qui garderont à jamais la mémoire

Ide sa cordialité solide ! Ironie amère du hasard ! En tête du premier numéro de cette année, le Journal amusant publiait à l'adresse de ses lecteurs des souhaits que signait Eugène Philipon. Ces souhaits se terminaient par cette formule enjouée :

— Puissions-nous, dans trente ans, échanger encore les mêmes voeux!

Dans trente ans! Lorsque notre regretté Directeur

écrivait ces mots, déjà il recelait la mort en son sein.

Et peut-être quelque sourde douleur vint-elle faire

trébucher sa plume, comme pour l'avertir de sa fin

prochaine.

Dans trente ans!... Il n'y a pas trente jours de cela p

et tout est consommé !...

e

e

t -

Non! Il nous reste quelque chose de celui qui n'est

plus. Il nous laisse, en nous quittant, les traditions r que lui-même avait reçues de son père, et auxquelles, n tous ici, nous nous efforcerons de rester fidèles. Il it nous laisse l'exemple d'une vie dédiée au devoir. Les anciens disaient de l'homme de bien : — Transiit benefaciendo. . Ils se trompaient. Ceux qui, comme Eugène Philipon,

ont été des modèles d'honneur et de dévouement ne passent pas. Ils se survivent par les tendres sympathies qu'ils ont inspirées et par les réconfortantes exhortations que leur souvenir murmure encore de

ui W

>n PIERRE VÉRON.