Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 14 à 14 sur 19

Nombre de pages: 1

Notice complète:

Titre : Journal amusant : journal illustré, journal d'images, journal comique, critique, satirique, etc.

Éditeur : Aubert et cie (Paris)

Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1904-01-02

Contributeur : Philipon, Charles (1800-1862). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327966940

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327966940/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 37721

Description : 02 janvier 1904

Description : 1904/01/02 (N236).

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k54984417

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, LC2-1681

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 17/01/2011

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 93%.


236 JOURNAL AMUSANT. H

ENTRE COUR ET JARDIN

Ce n'est pas qu'une sorcière, c'est une enchanteresse qui nous apparut l'autre soir sur la rive bleutée où la cruelle Tolède hérisse ses créneaux, dominant le Tàge qui charrie des cadavres. (Ce Tage est sans pilié.) j:

A quelle mandragore chantante Mme Sarah Bernhardtà avait-elle ravi sa voix musicale, jeune, et jeune comme un ruisseau? A quels talismans avait-elle ravi

ce charme printanier, celte grâce ensorceleuse qui sitôt qu'elle apparut mit à ses pieds une salle enivrée?

y|Bièn> des: gens qui l'admirent passionnément étaient là et tous avaient cette impressioiiVque la vraie, la prodigieuse Sarah nous était rendue, qu'on ne l'avait pas vue telle depuis bien des rôles.

Car si dans Ilamlel ou Y Aiglon elle avait été jusqu'au bout de son admirable génie tragique, elle avait dans ce rôle de la sorcière Zoraya retrouvé un rôle de tendresse passionnée, un rôle de femme, trois et quatre fois femme, et tous les ravissements de sa. voix, de son sourire, de sa grâce souveraine trouvaient à s'épanouir librement.

C'a été une soirée d'apothéose pour la comédienne comme pour l'auteur, ce vaillant et glorieux maître qui va entrer dans sa cinquantième année de théâtre. C'est en effet en 1854 que fut représentée sa première oeuvre, la Taverne des Trabans.

Depuis, Victorien Sardou a connu des triomphes uniques: La Famille Benoiton fut jouée quatre cents fois de suite, Rabagas trois cenls. Divorçons battit tnus ces records. Et Théodora et Madame Sans-Gêne et tant d'autres, dont la seule liste dépasserait la longueur de cet article!...

La carrière de Victorien Sardou est unique et prodigieuse. Par l'abondance il égale Lope de Vega ou Hardy, ces écrivains prodiges; par le succès, la hardiesse, la norlée

de l'oeuvre, il est au rang des plus grands écrivains de son pays. Par la variété, l'autorité, le prestige, comme par le masque il rappelle Voltaire. Et il n'est personne parmi lf*c Ttl Ile lminac fi* 1 ne nlnp

. .„„ ,„„„ j „ ^ .„„ ,„uo

ardents de nos contemporains qui puisse approcher, sans en être ébloui, cette activité merveilleuse, ce ressort et celte fécondité incomparables; ce tempérament de bataille, de volonté; celte énergie sans exemple.

Et voici qu'à 73 ans,il donne

à la scène française une nouvelle oeuvre, où la jeunesse fleurit, où la fraîcheur ruisselle, où l'invention dramatique n'a rien perdu de son abondance et de sa souplesse.

Le sujet est beau, fort, simple, charpenté par un maîlre. Le milieu historique est reconstitué avec cette science étonnante du théâtre qui sait rendre loule la physionomie d'une époque sans verser dans l'érudition encombrante et l'archéologie poussiéreuse.

Je vous ai dit que le premier décor — •H.onsin s'y est révélé le plus pittoresque et le plus coloriste des décorateurs— représentait les bords déchirés et fleuris du Tage. C'est là que le beau gentilhomme Henrique de Palacios heurte sa destinée à celle de Zoraya la ..Mauresque. Oh, certes elle est sorcière, car toutes les sorcelleries sont dans la langueur de Ses yeux, dans la divine harmonie de ses lignes.

Au second acte ils sont amants, malgré la loi redoutable qui défend aux chrétiens d'aimer des mécréantes. Palacios, auquel le jeune et vibrant Decoeur prête une élégance altière et une belle voix un peu banale — il y a donc un Conservatoire à Tolède? — Palacios n'a pas osé avouer à Zoraya qu'il était fiancé à Juana, la fille du gouverneur Padilla, l'ennemi juré des Maures, auquel Rrauss a donné une très belle allure. Zoraya apprend tout et surgit au milieu

des têtes du mariage en un délicieux patio tout parfumé de jasmins.

Mais l'Inquisition veille. Elle surprend les amants et les livre aux Saints Juges.

Le quatrième acte, qui met en scène le tribunal de l'Inquisition, est un dès plus effroyablement beaux qu'on ait vus au théâtre. 11 est torturant, brutal, terrible. De Max y a admirablement dessiné la silhouette de cauchemar du cardinal Ximénès, cet exécuteur sinistre qui à lui seul condamna quaranle-cinq mille personnes au bûcher, aux galères et aux fhpace.

Quelle mesquine figure fait auprès de ces hécatombes notre Terreur, qui à Paris se contenta dedeux mille sept cents victimes!

Dans ce rôle de grand inquisiteur l'artiste inégal et fougueux qu'est de Max a fait un chef-d'oeuvre. Les attitudes, les yeux, les mains, les grands plis de la robe franciscaine doublée de la pourpre cardinalice évoquent un terrifiant tableau de Bibera. A coté de lui Mmes Morého et Blanche Dufrêne ont créé deux sorcières, l'une impressionnante de joli réalisme, l'autre douloureuse et humaine, toutes deux profondément belles.

Zoraya est jugée, menée au bûcher. Le gouverneur, pour sauver sa fille, que la Mauresque a endormie d'un sommeil léthargique, lui fait grâce de la vie. Mais la foule lâche et fanatique ne veut pas la laisser échapper, Zo-