3o<5 DESCRIPTION DE L'EMPIRE DE LA CHINE,
:ontent du petit Etat que le Ciel lui avoit donné à gou- ] /erner ; ôc qu'il se voyoit avec chagrin ôc avec peine sur • m Trône , dont il n'étoit pas le légitime héritier. ',
Les Grands de l'Empire persistèrent à lui remontrer, ; que c'étóit par une disposition particulière du Ciel qu'il • átoit aísis furie Trône? que le Ciel touché du malheur des Peuples , l'avoit choisi pour être le libérateur de fa ', patrie, ôc qu'il s'expliquoit aíîèz par le concours unanime ' de tous les Ordres de VE.tat, qui ne vouloient point avoir d'autre Souverain que lui.
Tching tang 3 dont la conduite étoit sincère , se rendit enfin aux empressemens ôc aux instances des Grands , ôc gouverna l'Empire avec la même modestie qui l'avoit porté à le refuser.
Il abrogea d'abord les Loix cruelles de son prédécesseur , ôc en établit d'autres pleines de sagesse ôc "d'équité. Ii honora de sa confiance un Ministre nommé Y yn , dont le mérite, la prudence, ôc la fidélité lui étoient parfaitement connus : il le mit à la tête de ses Conseils, ôc lui confia le commandement de ses armées.
Les soldats, qui auparavant étoient accoutumez au pillage, furent contenus dans la plus exacte discipline, ôc en peu de tems on vit régner Vordre & la tranquillité dans les Provinces. Tout retentissoit des bénédictions, dont les Peuples combloient un Prince si attentif à procurer leur bonheur.
Il fit graver íur tous les vases, qui étoient à Vufage du Palais, les plus belles maximes de morale, afin que lui ôc ses Officiers eussent continuellement devant les yeux, les principes selon lesquels ils dévoient se conduire.
II donna une marque bien éclatante de fa tendresse envers ses siijets., dans le tems d'une sécheresse universelle qui dura sept ans, fans qu'il tombât une seule goutte de pluye, ôc qui est peut-être la même dont il est parlé dans la Génese: attribuant à ses propres fautes une calamité si générale , il se dévoua comme une victime pour le salut de son Peuple.
Après s'être imposé un jeune rigoureux, il se dépouilla des ornemens de fa dignité \ ii se sit couper les cheveux qu'on portoit alors forts longs i ôc nuds pieds, en posture de criminel, il leva les mains vers le Csel, ôc pria le Seigneur d'épargner ses sujets, ôc de faire tomber fur lui seul tout le poids de fa colère. L'Histoire rapporte qu'à la fin de fa prière le Ciel se couvrit de nuages, ôc qu'une pluye générale rendit les terres fécondes , ôc rétablit Vabondance.
La mort de ce Prince, qui arriva la quarante-quatrième année du Cycle , mit tout l'Empire e-n deuil, ôc chacun le regretta, comme s'il eût perdu son père. Son
Seconde
Dynastie
nommée
Cbang.
TCHING TANG premier Empereur.