48 DESCRIPTION DE L'EMPIRE DE LA CHINE,
-&quà l'âge de quarante ans il n'étoit -plus tems de faire son apprentissage des astaires d'Etat ; le Roy lui ordonna d'ac^ -cepter ce Gouvernement, & d'aller incessamment en prendre possession.
Ce Prince, qui, par la sageísè & la douceur de son gouvernement , avoit -gagné le :ceur de tous ses sujets, mourut fans laisser après lui de postérité. Ta mo, que les droits du Sang approchoient le plus ..près du Trône, fut reconnu fans -nulle difficulté de tous les Etats pour le Successeur légitime.
Ce fut un Prince entièrement livré à ses plaisirs. 11 vêcut en paix avec ses voisins ; mais ses emportemens, ses violences, & les cruautez qu'il exerça , le rendirent fi odieux à ses sujets, qu'ils abamdonnoient en foule leur patrie, pour se mettre à couvert de ses continuelles vexations. Ce fut par lui que commença la décadence de ce Royaume.
Le désordre augmenta bien davantage après fa mort : comme il n'a voit point laisse d'enfans, ni nommé de Successeur, un des Ministres gagné par la Reine veuve, fit d'abord proclamer Roy le fils de Paivé son favori, & l'un des plus grands du Royaume.
Au premier bruit qui se répandit du choix qu'on venoit de faire , Kie tou na premier Ministre d'Etat, courut au Pa» lais, & s'y opposa. »La familleRoy ale est» elle donc éteinte, s'écria-t-ii! & n'est-ce » pas un crimede chercherailleurs unRoi? Son zèle lui coûta la vie : on le tua dans le tems qu'il se retiroit»
Cette conduite de la Cour révolta presque tous les esprits ■-, mais ils furent bien plus irritez -, lorsqu'ils apprirent que ce Roy qu'on leur donnoit > n'étoit qu'un enfant de trois ans, dont le nom ne serviroit qu'à autoriser toutes les entreprises du favori. Enfin le parti de la Reine se trouva si puissant à la Cour, qu'on fut contraint de plier, &: de reconnoître ce jeune Prince avec les cérémonies ordinaires. Quand cette nouvelle vint à l'armée,
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qui étoit alors près des Frontières -, lé grand Général Lu kpng ge refusa de recevoir les Ordres qui lui furent envoyez de la Cour , & pensa même à se faire Roy.
G'étoit un homme d'une ambition démesurée , fier, plein de son mérite, extrêmement colère, òc souvent cruel 5 mais d'ailleurs il avoit de la bravoure, & del'adreííè, & il étoit capable des plus grandes entreprises. Il saisit donc sans balancer cette occasion de monter fur le Trône. Il fit d'abord courir le bruit qu'il se préparoit à vanger la Maison Royale, en exterminant les usurpateurs de la Couronne : il leva de nouvelles troupes, dont il grossit son armée, & vint en diligence au-devant de celle du nouveau Roy : il la défit entièrement, il prit & pilla Ouei tcheou , & par la jonction d'un grand nombre d'Officiers &de mécontensqui étoient venus le trouver avec leurs troupes , il sè trouva à la tête de cent mille combattans. Il ne s'agissoit plus que de faire entrer les Gouverneurs des Provinces dans son projet , & c'est à quoi il pensa dabord
Cham pi pi étoit un des principaux : il s'étoit fait une grande réputation parmi tous les gens de guerre. Dès qu'il fut charsrédu gouvernement de Tchen tcheou par le Roy Y tai, il s'étoit tellement appliqué à discipliner ses troupes en leur íàiíant faire souvent l'éxercice, & en leur apprenant divers stratagèmes de guerre -y qu'on les regardoit comme les meilleures troupes de l'Etat»
Lu kpng ge voulut le sonder dabord, & après lui avoir écrit une lettre captieuse , il s'avança vers fa Ville» Cham pi pi pénétra le deílèin du Général , & résolut de le traverser. Pour le tromper à son tour, il lui fit une réponse si modeste, que Lu kpng gène douta point qu'il ne l'eût gagné à son parti.
Auísi-tôtaprés le départ du Courrier, Cham pi pi se mit en marche avec toutes ses troupes ; il fit tant de diligence, qu'il arriva presque en même-tems que
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