C. R. Acad. Se. Paris, t. 289 (12 novembre 1979) Série D - 827
spécialement thermophile n'a pu être reconnue. Au moment de la prise de vue, les Hêtres étaient couverts de jeunes feuilles, par contre les Chênes présentaient des couronnes transparentes non feuillées.
Le contrôle géologique met en évidence un recouvrement colluvial épais de 2 à 3 m ne présentant pas de différences notables sur et hors anomalie thermique. Le pH est uniforme, le pourcentage d'humidité du sol, bien qu'élevé (20 à 25 %) est homogène.
Le contrôle thermique réalisé entre 0 et — 1 m, montre une grande stabilité de températures, sans différence notable entre les stations situées sur l'anomalie et à l'extérieur.
Une campagne de sondages « wagon drill » effectuée courant 1978 par le B.R.G.M. a mis en évidence, à l'emplacement de l'anomalie thermique une roche de type granitoïde, probablement une albitite quartzique de structure aplitique, de 20 m de puissance en moyenne, poreuse et saturée en eau, dans un encaissant de schistes et d'amphibolites compacts. Cette formation de remplissage pourrait s'être mise en place à la faveur de l'accident qui met en contact Dévonien et Briovérien. L'analyse de l'albitite n'a pas révélé de valeur géochimique anomale.
En conclusion, l'anomalie thermique apparaît indépendante de la morphologie du modèle, du peuplement végétal, de la nature des formations superficielles et de la géochimie; en outre elle ne se manifeste pas dans la température des sols, par contre, elle se superpose remarquablement à une roche granitoïde de remplissage de fracture.
Il est cependant difficile avec les éléments dont nous disposons actuellement, de définir avec précision les processus qui font de la couronne des Hêtres adultes des révélateurs d'anomalie de sub-surface. On peut néanmoins penser qu'ils sont d'ordre physiologique et intimement liés à des phénomènes hydriques. En effet, la nappe d'eau qui est à environ 12 m dans cette région, remonte à la faveur de l'albitite très fracturée jusqu'à 3 m, donc au niveau des racines. La saturation en eau de cette roche provoquerait une asphyxie des racines des grands arbres. Cela pourrait se traduire dans les feuilles par une diminution de la transpiration et par une augmentation de la température.
Ces premiers résultats permettent donc d'envisager une origine thermohygrométrique et physiologique de l'anomalie de Coat-an-Noz. Ils sont d'autant plus intéressants qu'ils confirment des résultats obtenus récemment par ailleurs ([4]-[5]) et qu'ils en associent les processus.
Recherche menée dans le cadre du programme de recherche et de développement du G.D.T.A. (I.G.N., C.N.E.S., B.R.G.M., I.F.P.).
(*) Remise le 1" octobre 1979
[1] H. L. CANNON, Sciences, 132, n° 3, 427, 1960, p. 591-598.
[2] F. C. CANNEY, Remote Détection of Geochemical Soi! Anomalies (Geology, 2 nd annual aircraft programm review, Houston, Texas, N.A.S.A. 1970, p. 1-8).
[3] F. C. CANNEY, Analysis of Thermal Patterns of Geochemically Stressed Trees at Cotheart Mountain, Maine (4e colloque des ressources terrestres, N.A.S.A., Houston, Texas, 1971).
[4] J.-M. BROSSE. La télédétection en géologie structurale; le massif granitique de Villefranche-de-Rouergue (Aveyron) et le système filonien de Violas (Lozère) (Massif central, France) (Thèse de spécialité), Université d'Orléans 1975."
[5] F. C. CANNEY, Anomalies thermiques de la végétation liées à des anomalies géochimiques (Présentation orale au séminaire sur la télédétection spatiale appliquée à la géologie, Flagstaff, Arizona, 1978.
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