LES AVENTURIERS DE LA MER 269
furent tués, un quatrième blessé à mort. Le quartier maître et deux matelots se mirent à nager vers notre navire, et nous envoyâmes un canot qui put les recueillir. »
Le navigateur hollandais, constatant l'impossibilité de se procurer de l'eau et des vivres chez ces sauvages intraitables et qui avaient répondu par le meurtre aux avances amicales qu'on leur avait adressées de loin, fit appareiller ses navires. Quand on fut sous voiles, vingt-deux pirogues des insulaires partirent de terre et s'avancèrent vers lés vaisseaux, avec le désir sans doute de ne pas laisser échapper une si belle proie. Mais on les tint à distance par quelques coups de canon chargés à mitraille. — A la façon dont les naturels s'étaient emparés d'un des cadavres, on peut conjecturer que c'était pour le manger.
Plus malheureux encore que le navigateur hollandais, cent trente années plus tard, le capitaine Marion du Fresne et seize de ses gens périrent victimes de la plus détestable trahison.
Le 13 mai 1772, le capitaine Marion du Fresne, chargé d'entreprendre un voyage scientifique dans l'océan Austral,et ayant sous ses ordres les navires le Mascarin et le Marquis de Castries, avait cherché un refuge près de la Baie-des-Iles du capitaine Cook, où il mouilla. C'est là qu'il tomba sous les coups des sauvages Maoris. ■ ' -
On doit au capitaine Crozet le récit de ce massacre. Nous le lui empruntons en l'abrégeant.
A deux lieues du cap Brett, les navires du capitaine Marion aperçurent trois pirogues qui venaient à eux ; il ventait peu et la mer était belle. Une des pirogues s'approcha d'un des vaisseaux ; elle contenait neuf hommes. On les engagea par signes à venir à bord. Ils s'y décidèrent après quelques difficultés.
Le capitaine Marion leur offrit du pain. Il en mangea d'abord devant eux, et ils en mangèrent. Puis on leur fit voir différents outils, tels que haches, herminettes, ciseaux. Les sauvages se montrèrent extrêmement désireux de les avoir, et s'en servirent aussitôt pour montrer qu'ils en comprenaient l'usage. Enfin, la plupart d'entre eux, très satisfaits de la réception qu'on leur avait faite, partirent, laissant.à bord quelques-uns de leurs compagnons.
Pendant ce temps, un canot envoyé pour explorer de près la côte, revint vers le soir après avoir reconnu l'existence d'une baie au fond de laquelle se trouvait un village considérable, avec un port, des terres cultivées, des bois