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Notice complète:

Titre : Germinal / par Émile Zola ; dessins de J. Férat ; gravés par D. Dumont

Auteur : Zola, Émile (1840-1902). Auteur du texte

Éditeur : Librairie illustrée (Paris)

Date d'édition : 1885-1886

Contributeur : Férat, Jules (1829-1906). Illustrateur

Contributeur : Dumont, D.. Graveur

Notice d'oeuvre : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12011567j

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb31690687z

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 1 vol. (500 p.) : fig., pl., couv. ill. ; in-4

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Description : [Germinal (français)]

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5493777b

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 4-Y2-1243

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 10/02/2009

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260 GERMINAL

couche molle; sur d'anciens bois, plantés en forme de table, il y avait de tout, du pain, des pommes, des litres de genièvre entamés: une vraie caverne scélérate, du butin entassé depuis des semaines, même du butin inutile, du savon et du cirage, volés pour le plaisir du vol. El le petit, tout seul au milieu de ces rapines, en jouissait en brigand égoïste.

— Dis donc, est-ce que lu te fous du monde ? cria Etienne, lorsqu'il eut soufflé un moment. Tu descends te goberger ici, quand nous crevons de faim là-haut?

Jeanlin, atterré, tremblait. Mais, en reconnaissant le jeune homme, il se tranquillisa vite.

Veux-tu dîner avec moi? finit-il par dire. Hein? un morceau de morue

grillée?... Tu vas voir.

Il n'avait pas lâché sa morue, et il s'était mis à en gratter proprement les chiures e mouche, avec un beau couteau neuf, un de ces petits couteaux-poignards à manche d'os, où sont inscrites des devises. Celui-ci portait le mot « Amour », simplement.

— Tu as un joli couteau, fit remarquer Etienne.

— C'est un cadeau de Lydie, répondit Jeanlin, qui négligea d'ajouter que Lydie l'avait volé, sur son ordre, à un camelot, de Monlsou, devant le débit de la Tète-Coupée.

Puis, comme il grattait toujours, il ajouta d'un air lier:

— N'est-ce pas qu'on estbien chez moi ?... On a un peu plus chaud que là-haut, el ça sent joliment meilleur !

Etienne s'était assis, curieux de Je faire causer. Il n'avait plus de colère, un intérêt le prenait, pour cette crapule d'enfant, si brave cl. si industrieux dans ses vices. Et, en effet, il goûtait, un bien-être, au fond de ce trou : la chaleur n'y était plus trop forte, une température égale y régnait en dehors des saisons, d'une tiédeur de bain, pendant que le rude décembre gerçait, sur la terre la peau des misérables. En vieillissant, les galeries s'épuraient des gaz nuisibles, tout le grisou était parti, on ne sentait là maintenant que l'odeur des anciens bois fermentes, une odeur subtile d'élher, comme aiguisée d'une pointe de girofle. Ces bois, du reste, devenaient amusants à voir, d'une pâleur jaunie de marbre, frangés de guipures blanchâtres, de végétations floconneuses qui semblaient les draper d'une passementerie de soie et de perles. D'autres se hérissaient de champignons. Et il y avait des vols de papillons blancs, des mouches et des araignées de neige, une population décolorée, à jamais ignorante du soleil.

— Alors, tu n'as pas peur? demanda Etienne. Jeanlin le regarda, étonné.

— Peur de quoi ? puisque je suis tout seul.

Mais la morue était grattée enfin. Il alluma un petit J'en de bois, étala le brasier et la fit griller. Puis, il coupa un pain en deux. C'était un régal terriblement salé, exquis tout de même pour des estomacs solides.