UNE
TACHE D'ENCRE
1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 18, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23. Voilà tout ce que j'ai à dire des vingt-trois premières années de ma vie. L'énumêration suffît : elle peint bien leur ressemblance commune et leur commune monotonie.
J'ai perdu mes parents très jeune. C'est à peine si je me souviens de leurs traits, et je ne me souviendrais pas de notre maison de la Cbâtre, si je n'avais été élevé non loin d'elle, vendue, il est vraie, et morte aussi pour moi. Oui, la Cbâtre, la destinée a de ces rigueurs : c'est là que je suis né; le lycée de la Châtre a dévoré jusqu'à la dix-huitième de mes années. Le proviseur avait coutume de dire que le collège est une seconde famille, en quoi j'ai toujours supposé qu'il faisait tort à la première.