VIII PREFACE
dans un Annexe à l'édition populaire de 1903. Rien ne servirait maintenant d'entrer dans le détail de cette polémique et de combattre les critiques parues depuis. Car il s'agit en réalité de l'antagonisme profond de la science et de la foi, de la connaissance de la nature et de îa révélation supposée, qui depuis des milliers d années agitent l'esprit pensant et investigateur des hommes. Je ne fonde toute ma philosophie moniste que sur les convictions que m'a données un demi•iècle de recherches actives et infatigables sur la Nature et ses lois. Mes adversaires dualistes n'accordent à celte expérience qu'une importance restreinte et veulent la soumettre aux fantômes qui leur fournit leur croyance à un monde surnaturel. Il n'est honnêtement point de compromis possible entre nés deux conceptions contradictoires : soit la connaissance de la nature, et l'expérience — soit la foi et la révélation 1
C'est pourquoi je juge inutile d'examiner de plus près les critiques violentes qu'ont subies mes Enigmes ; d'autant moins encore répondrai-je aux attaques personnelles par lesquelles plusieurs ont jugé bon de me combattre. J'ai appris à connaître les moyens répugnants qu'emploient les croyants fanatiques pour tâcher d'assommer un libre penseur haï : altérations et paralogismes, sophismes, diffamations, calomnies. ^Les philosophes « critiques » du néo-kantisme rivalisent sur ce terrain avec les théologiens orthodoxes les plus modernes. Ce que j'ai dit, dans mon complément aux Enigmes, du théologien Loofs de Halle, du philologue Dennert de Godesberg et du métaphysicien Paulsen de Berlin vaut aussi pour d'innombrables adversaires de même acabit. Que ces fanatiques continuent en paix à m'injurier et à me calomnier : la cause de la vérité, pour laquelle je lutte, n'y perdra rien.
D'un bien plus grand intérêt pour moi furent les nombreuses lettres que m'écrivirent ces cinq dernières années, surtout après la publication de l'édition populaire, des lecteurs réfléchis ; leur nombre se monte à environ cinq mille. Au début je répondis consciencieusement à la plupart de ces lettres ; plus tard je dus me contenter d'envoyer en guise de réponse une circulaire imprimée, avec cette excuse réelle que