Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 1 à 314 sur 314

Nombre de pages: 314

Notice complète:

Titre : Bulletin de la Societe Linneenne de Normandie

Auteur : Société linnéenne de Normandie. Auteur du texte

Éditeur : (Caen)

Date d'édition : 1928

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34378172z

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34378172z/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Langue : Français

Format : Nombre total de vues : 26589

Description : 1928

Description : 1928 (SER8,VOL1,N1)- (SER8,VOL1,N8).

Description : Collection numérique : Fonds régional : Basse-Normandie

Description : Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie

Description : Collection numérique : Bibliothèque numérique de Rouen

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5475967q

Source : Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, 8-S-291

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 17/01/2011

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 100%.





BULLETIN

DE LA

SOCIETE LINNËËNNE

DE NORMANDIE

FONDÉE EN 1823

Et reconnue d'utilité publique par décret du 22 avril 1863

8E SÉRIE. - 1ER VOLUME

ANNÉE 1938

CAEN E. LANIER, IMPRIMEUR

31, BOULEVARD BERTRAND, 31 1929


Avis relatif aux tirages à part

Les Auteurs peuvent faire faire un tirage à part de leurs communications à leurs frais et aux conditions suivantes.

L'Auteur devra en faire la demande expresse et par écrit soit en tête de son manuscrit, soit en tête du premier placard, soit par une lettre spéciale, qu'il adressera en même temps que le premier placard.

Tout tirage à part devra porter la mention « Extrait du Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie. » suivie de l'indication du volume.

Les tirages à part seront payés directement à l'Imprimeur conformément au tarif ci-après :

NOMBRE D'EXEMPLAIRES

NOMBRE DE FEUILLES

25 50 100 200 500

1 feuille de 16 pages 34 » 38 » 47 » 68 » 120 »

3/4 _ 12 - 32 » 35 » 44 » 60 " 105 »

1/2 - 8 - 23 » 25 » 30 » 40 » 70 »

1/4 - 4 - 17 » 20 » 26 » 34 » 50 »

Couverture imprimée 28 » 32 » 35 » 45 » 70 »

- sans impression 5 » 7 50 13 » 23 » 52 »

(Satinage, brochage, pliage compris)

Nouavelle augmentation de 10% sur les prix ci-dessus

Composition et impression d'un faux titre, 15 francs.

Changement de folios, 5 francs par feuille de 16 pages .

Nouvelle mise en pages pour une feuille de 16 pages, 20 fr. ; pour une fraction quelconque de feuille, 13 fr.

Nouvelle correction : 5.50 l'heure.

Pour toute communication dont l'importance sera de plusieurs feuilles, l'imprimeur de la Société s'engage à faire une diminution sur le tarif ci-dessus. Cette diminution sera proportionnée au nombre de feuilles de la communication.

Les auteurs sont priés de s'entendre directement avec l'imprimeur de la Société.

INTERCALATION DE PLANCHES

50 EXEMPL. 100 EXEMPL.

Chaque planche avec onglet replié. , 5 50 8 »

- avec onglet ajouté 9 50 16 »

Chaque pli en sus 5 50 8 »

Le papier employé pour les tirages à part sera le même que celui du Bulletin.

Pour les tirages de luxe et les changements de papie ou de format, les prix en seront donnés à l'avance su' le demande de l'Auteur.


BULLETIN

DE LA

SOCIÉTÉ LINNÉENNE

DE NORMANDIE



BULLETIN

DE LA

SOCIÉTÉ 'LINNÉËNNE

DE NORMANDIE

FONDÉE EN 1823

Et reconnue d'utilité publique par décret du 22 avril 1863

8e SÉRIE. - 1ER VOLUME

ANNEE 1938

CAEN

E. LA NIER, IMPRIMEUR

31, BOULEVARD BERTHAND, 31

1929


Les opinions émises dans les publications de la Société sont exclusivement proprés à leurs auteurs ; la Société n'entend nullement en assumer la responsabilité (art. 23 du règlement intérieur).

La Société Linnéenne de Normandie, ayant été reconnue établis, sèment d'utilité publique par décret en date du 22 avril 1863 a qualité pour accepter les dons et legs dont elle serait gratifiée

COMPOSITION DU BUREAU DE LA SOCIÉTÉ

Pour l'année 1928

Président . . . ... . MM. LEBOUCHER ( J.)

Vice-Président MOUTIER (Dr Fr.)

Secrétaire. BIGOT (A.)

Vice-Secrétaire. BUGNON (P.)

Trésorier . . . ....... MAZETIER (G.)

Bibliothécaire MERCIER (J.)

Vice-Bibliothécaire. . . . . LE Roux (Mme)

Archiviste. ......... LANGEVIN (Ed).

Sont Membres de la Commission d'impression pour l'année 1928 :

MM. les MEMBRES DU BUREAU ;

MM MERCIER (L.), MOUTIER (Dr A.), AUDIGÉ (P.), sortants en 1929.

BOUYGUES (Dr H., LEBAILLY (Dr). OSMONT (Dr), sortants en 1930.

MEMBRES DE LA SOCIETE DÉCÉDÉS PENDANT L'ANNÉE 1927

MM. DUQUESNE. le Dr BARBÉ. E. LEMÉE.


8e SÉRIE, t. I N° 1 ANNÉE 1928

BULLETIN MENSUEL

DE LA

Société Linnéenne de Normandie

FONDÉE EN 1823

et reconnue d'utilité publique par décret du 22 Avril 1863

Adresser la correspondance au Secrétaire : M. A. BIGOT,

Faculté des Sciences de Gaen

Faire les envois de fonds au Trésorier : M. G. MAZETIER,

9, rue de Bras, à Caen, C/C 5.546, Bureau de Rouen

PRIX DU NUMERO : 1 FR. 50

SEANCE DU 9 JANVIER 1928

Présidence de M. L. MERCIER, Ancien Président

La séance est ouverte à 17 heures et levée à 18 h. 15.

Y assistent : MM. AUDIGÉ, BIGOT, BUGNON, GALLIEN, GUILLAUD, LANGEVIN, Dr LEMANISSIER, LEMÉE, LE TESTU, Mme LE ROUX, MM. MAZETIER, MERCIER J., MERCIER L., Dr MOUTIER, POISSON, Abbé TOLMER.

Absents excusés : MM. le Dr DORANLO et le Dr BOUYGUES.

Le procès-verbal de la séance du 5 décembre 1927 est lu et adopté.

Correspondance. - M. G. Marie, récemment élu membre correspondant de la Société, adresse ses remerciements.

M. le Dr Doranlo expose les raisons qui ne lui permettent pas d'accepter la présidence de la Société pour 1928 ; l'estime générale de ses Confrères, plus encore que la tradition, l'y aurait certainement appelé.

Prix Hébert. - Le Président se fait l'interprète de la Société pour adresser les plus vives félicitations à notre Confrère, M. Pierre SÈVE, professeur de physique appliquée à la Faculté


des Sciences de Marseille, à qui l'Académie des Sciences a récemment attribué le Prix Hébert pour son ouvrage sur les courants alternatifs.

Prix Paul Drouet. - Sur les propositions de la Commission d'impression, la Société décide de fixer le sujet suivant pour l'obtention du prix Paul Drouet en 1928 : Recherches sur les Diptères parasites des animaux domestiques et des végétaux cultivés en Normandie. Les manuscrits devront être parvenus au Secrétariat avant le 31 décembre de l'année courante.

Elections. - Il est procédé à l'élection des membres du Bureau pour 1928 et au renouvellement partiel de la Commission d'impression. Sont élus successivement :

Président MM. LEBOUCHER (J.).

Vice-Président MOUTIER (Dr Fr.).

Secrétaire BIGOT (A.).

Vice-Secrétaire BUGNON (P.).

Trésorier MAZETIER (G.)-

Bibliothécaire MERCIER (J.).

Vice-Bibliothécaire... LE ROUX-LEGUEUX(Mme)

Archiviste LANGEVIN (Ed.).

Membres de la Commission d'impression pour deux ans : MM. BOUYGUES (Dr), LEBAILLY (Dr), OSMONT (Dr).

Présentation. - M Pierre MAÇAIRE, élève au Lycée Malherbe, place Saint-Martin, 2, est présenté par MM. Dalibert et Mazetier pour devenir membre résidant.

Admissions. - M. GALLIEN est admis comme membre résidant; M. l'abbé GOURNEY est admis comme membre correspondant.

Dons à la Bibliothèque. - De lapait de l'auteur, M. Raymond POISSON :

Recherches sur quelques processus spermatogénétiques observés dans les éléments sexuels jeunes de Notonec.ta maculata Fab. (Hémipt. Notonectidae) (Extrait des Archives de Zoologie expérimentale et générale, t. 66, fasc. 2, février 1927).


- 3 -

Les Herpetomonas des Hémiptères cryptocérates aquatiques. Quelques remarques, sur Herpetomonas nobnectae n. sp. parasite intestinal de Notonecta viridis Delcourt (Extrait du Bulletin biologique de la France et de la Belgique, t. LXI, fasc. 4, 1927).

Sur une Eccrinide nouvelle : Taeniellopsis orchestise nov. gen., nov. sp., Protophyte parasite du rectum de l'Orchestia bottae M. Edw. (Crust. amphipode). Son cycle évolutif (Extrait des Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t.185, séance du 5 décembre 1927).

Dépôt de travaux. - Abbé L. TOLMER : Essai sur la répartition géographique du genre Pôlycera Cuv. 1817 (Mollusque Nudibranche), et des trois espèces P. quadrilineata Müller, P. Lessonii d'Orbigny, P. ocellata Aider et Hancock.

COMMUNICATIONS

Communication écrite présentée par le Vice-Secrétaire :

Louis GUILLAUME. - Sur la présence de Cyclostoma elegans Millier dans la région littorale du Bessin.

On sait que Cyclostoma elegans se rencontre à l'état fossile dans les tourbières littorales du Calvados, non seulement entre Luc-sur-mer et Arromanches, où MM Bigot et LeboUcher l'ont découverte et où j'ai pu le recueillir moi-même, mais encore en divers points du cordon de tourbières submergées qui s'étend, à peu près continu, entre Golleville-sur-Mer et Vierville-sur-Mer.

En 1860, de l'Hôpital signalait la présence de cette espèce dans la falaise de Longues (1). Au cours de

(1) DE L'HÔPITAL. - Premier supplément au catalogue des Mollusques terrestres et fluviatiles des environs de Caen. B.S.L.N., 5, p. 283, Caen, 1860.


recherches géologiques, j'ai pu constater que ce Gastropode est toujours très abondant dans toutes les falaises du Bessin, entre Arromanches et Colleville-surMer. Il y vit jusqu'aux points les plus rapprochés de la mer où la végétation a pu s'établir.

La disparition de cette espèce dans la région littorale entre Lion-sur-Mer et Courseulles a été signalée à diverses reprises et tout récemment encore par M. L. Mercier (1). Parmi les causes qui ont pu amener cette disparition, notre savant confrère met en avant le défrichement ou l'influence immédiate du climat marin.

L'hypothèse d'après laquelle Cyclostoma elegans ne pourrait se maintenir qu'à une certaine distance (plusieurs kilomètres) du rivage, à l'intérieur des terres, est directement contredite par les observations qui précèdent et qui ne correspondent certainement pas à un fait isolé. Par voie de conséquence, on ne saurait s'en servir pour supputer, soit l'étendue du recul des falaises depuis le dépôt des limons les plus récents où C. elegans se rencontre à l'état fossile, soit la distance la plus faible de la mer à laquelle ont pu s'établir les tourbières littorales de la côte du Calvados, actuellement submergées.

L'hypothèse de la disparition de C. elegans par-suite de la culture intensive de la région littorale entre Lionsur-Mer et Courseulles, et du défrichement qui en résulte, n'est guère plus satisfaisante, car en de nombreux points de cette région subsistent des herbages ou

(1) L. MERCIER. - Une espèce de Mollusque (Cyclostoma elegans Millier) éteinte à Luc-sur-mer..., etc. B.S.L.N. (7), 10, pp. 83*-84*, Caen, 1927. On peut remarquer que si l'auteur met une restriction au début de sa note, il semble généraliser ses observations à l'ensemble de la côte du Calvados vers la fin de la même communication (voir au bas de la page 83*).


- 5 -

même des terres incultes où l'espèce aurait très bien pu se maintenir. Ce cas intéressant de variations dans les limites d'une aire de répartition demeure donc encore inexpliqué.

Communications orales présentées par leurs auteurs respectifs :

L. MERCIER. - A propos de « la présence de Cyclostoma elegans Millier dans la région littorale du Bessin ».

Dans sa note, très intéressante, M. Louis Guillaume rappelle, après d'autres Naturalistes normands, que Cyclostoma elegans Müller peut, dans certaines régions de la Côte du Calvados, vivre jusqu'aux points les plus rapprochés de la mer où la végétation a pu s'établir. M. Guillaume a constaté récemment ce fait dans les falaises du Bessin, entre Arromanches et Colleville-surMer (ne pas confondre avec Colieville-sur-Orne). D'autre part M. le Dr Moutier nous a signalé, au cours de notre séance du 7 novembre 1927, qu'il avait recueilli C. elegans aux abords immédiats de la côte dans la région de Villers-sur-MerCes

Villers-sur-MerCes montrent l'intérêt qu'il y avait à signaler l'absence de C. elegans « vivants » aux abords immédiats de la mer entre Ouistreham et Courseulles. M. Guillaume ne pense pas que l'on puisse expliquer l'extinction de cette espèce, en ce point de la côte du Calvados, soit par l'influence immédiate du climat marin, soit par le défrichement. Il admet que les terres incultes ou les herbages qui existent encore sont suffisants pour permettre à l'espèce de se maintenir. A ce sujet, M- Guillaume paraît méconnaître les conditions de vie que réclame Cyclostoma elegans.


I

MARIE L. LE ROUX-LEGUEUX. - Sur un petit Coléoptère fouisseur : Heterocerus maritimus Guér.

Le cours inférieur de l'Orne, entre Bénouville et la pointe du Siège, présente, sur un parcours de 4 km. environ, des berges vaseuses où se développe le « shorre » avec sa végétation habituelle : Obione portulacoïdes Moquin-Tandon, Glyceria maritima Wahlberg, Aster Tripolium L., Spartina glabra Mühlb var. Townsendi (Groves) Gorb. et Chev.

Sur la rive gauche, en dehors de la région de l'embouchure où le « shorre » s'étale sur plus de dix mètres de largeur, il atteint environ et régulièrement une largeur de trois à quatre mètres. Il est délimité vers la rivière par un abrupt de quarante à cinquante centimètres de hauteur, abrupt qui le sépare des vases nues de la « slikke ». Aux pleines mers de quadrature, l'eau saumâtre arrive à la base de l'abrupt et ce n'est qu'aux pleines mers de grandes marées que l'eau peut en atteindre la partie supérieure. De plus, à la mauvaise saison, l'eau de pluie, séjourne dans les dépressions de la surface du « shorre ».

La surface de l'abrupt dépourvue de végétation, mais toujours humide, laisse apparaître la masse argileuse du « shorre » dans l'épaisseur de laquelle se trouve une faune assez complexe. En effritant de petits blocs de cette tangue, prélevés dans le tiers supérieur de l'abrupt, j'ai recueilliau mois d'octobre dernier un petit Coléoptère dont les pattes antérieures conformées en pattes fouisseuses ont tout de suite attiré mon attention.

J'ai soumis ce petit Coléoptère à l'éminent spécialiste normand, M. G. Mazetier, qui m'a dit qu'il s'agissait d'un Heteroceridae et m'a communiqué les documents


qui m'ont permis de faire une détermination précise.

Je rapporte ce Coléoptère au genre Heterocerus Fabr. (sous-genre Littorimus Goz.) et à l'espèce maritimus Guér. Les individus d'Heterocerus maritimus que j'ai recueillis dans cette station mesurent environ trois millimètres de longueur et correspondent exactement à la diagnose de E. Barthe (1). Cette espèce présente des pattes antérieures dont les tibias sont épineux et très dilatés vers le sommet. Grâce à cette disposition, l'animal pent se faire un passage' à travers la vase dans laquelle on le trouve, parfois enfoncé assez profondément.

J'ai trouvé pour la première fois H. maritimus en octobre dernier ; au mois de novembre, j'en ai encore retrouvé deux individus. H. maritimus était déjà connu (E. Barthe, p. 28, loc. cit.) dans les mêmes conditions d'habitat de l'Ouest de la France (Seine-Inférieure, Manche, Ille-et Vilaine, Finistère). Cette espèce n'a jamais été signalée en France sur la côte de l'Océan Atlantique au sud de la Bretagne, ni sur la côte méditerranéenne. Il est probable que c'est parce qu'elle n'y a pas été recherchée puisqu'elle est connue par ailleurs de l'Andalousie et de l'Algérie. Cette espèce est nouvelle pour le Calvados.

Nouvelle localité du Limax cinereo-niger Woolf, aux environs d'Alençon. - L'abbé Letacq, dans son Manuel pour servir à l'étude des Mollusques du Maine, de la Mayenne et de la Basse-Normandie (p. 56), signale cette espèce dans les forêts d'Écouves et d'Andaine, près d'Alençon ; ce

(1) E. Barthe. Tableaux analytiques des Coléoptères de la Faune Franco-Rhénane. Famille XLVII, Heleroceridac (Miscellanea Entomologica, vol. XXIX), 1926, pp. 1-32.


- 8 -

sont les seules localités normandes indiquées ; mais l'auteur fait prévoir que » cette limace, assez commune dans les forêts des environs de Paris, se rerouvera certainement ailleurs dans notre région ». J'en ai découvert un exemplaire, en fin septembre, sur la lisière sud de la forêt de Perseigne, au voisinage de l'étang de Vaubezon, sous un fagot ; puis un autre, en pleine forêt, sous du bois pourri, le 2 novembre.

G. LEMÉE.

Le Gnorimus octopunotatus F. observé aux environs d'Alençon. - Ce Coléoptère est considéré par Bedel (Faune du Bassin de la Seine, t. IV, p. 151) comme une espèce méridionale ; mais il a été rencontré au nord de la Loire dans le Morbihan, le Finistère et jusque dans le SudOuest de l'Angleterre. Houlbert et Monnet {Faune armoricaine, 1910) l'indiquent en plusieurs localités de la Mayenne. Sa présence aux environs d'Alençon n'a donc rien d'inattendu. J'en ai trouvé un exemplaire à Neuchâtel-en-Saosnois (Sarthe), le 24 juillet 1927, sur la lisière sud de la forêt de Perseigne, au voisinage de chênes, conformément aux indications d'habitat données par Bedel. Cet exemplaire appartient à la variété angularis Neb., distincte du type par l'absence de deux des taches blanches du pronotum.

G. LEMÉE.

RAYMOND POISSON. - Présentation d'un Coenurus serialis Gerv., forme larvaire du Taenia serialis Baillet. '

Un Cénure, on le sait, est la forme larvaire vésiculaire de certains Gestodes dont la paroi interne de la vésicule bourgeonne des groupes de scolex. Six espèces de


- 9 -

Cénures sont actuellement connues (E. Brumpt 1922)(1). En France on peut observer le Cénure cérébral du Mouton, qui provoque chez cet animal la maladie connue sous le nom de « tournis », et le Cénure sériai du Lapin domestique ou sauvage.

Le Cénure sériai, faisant l'objet de cette communication, m'a été envoyé par notre Collègue M. Lemercier, pharmacien à Argentan, qui l'a observé chez un Lapin domestique. On le trouve plus spécialement dans le tissu conjonctif des diverses régions du corps et dans les séreuses. Parfois il se localise sous la peau des Lapins, y déterminant de grosses tumeurs vésiculeuses. La vésicule de ce Cénure peut atteindre en effet le volume d'un oeuf de Poule; elle peut.bourgeonner des vésicules filles (A. Raillet). L'on remarquera, dans une zone déterminée de la vésicule du Cénure sériai dont il est question, la présence des scolex souvent distribués en séries linéaires. Si un tel Cénure est absorbé par un Chien, chacun de ces scolex peut donner naissance à un Taenia (= Taenia serialis) qui se localise dans l'intestin grêle de l'animal et qui peut atteindre de 45 à 72 cm. de longueur.

Les troubles occasionnés par le C. serialis chez le Lapin seraient peu importants. Notons encore que ce Cénure aurait été aussi observé chez le Lièvre et chez des Écureuils (A. Raillet, 1895) (2).

(1) 1922. Brumpt (E.). - Précis de parasitologie. Paris. (2] 1895. Raillet (A.). - Traité de zoologie médicale et agricole. Paris.


10

L. MERCIER. - Quelques Calliphorinae, types d'espèces jointives, capturés à Luc-sur-Mer.

J'ai capturé, au cours des années passées, quelques Calliphorinae (Diptères ; Myodaires supérieurs ; Tachinidae) qui méritent de retenir l'attention car ils sont d'excellents exemples de ce que j'ai appelé dans une note récente (1927 a) des « espèces jointives ».

D'après le sens que je donne à cette expression, les espèces jointives correspondent aux « espèces naissantes » de Cuénot telles que le savant Biologiste les comprend, par exemple, pour les Seiches (1917) et pour les Tardigrades (1926).

Les espèces jointives sont généralement dérivées d'espèces communes, largement répandues. La ressemblance entre les premières et les secondes est telle qu'à première vue on les a longtemps confondues et qu'on les confond encore très souvent. Afin de bien marquer les rapports qui unissent les formes jointes, j'emploie pour les désigner la nomenclature trinominale et je dis, par exemple, que Sepia officinalis Filliouxi Lafont est l'espèce jointive de S. officinalis officinalis L.

Les espèces de Calliphorinae dont il sera question dans cette note, sont les suivantes : Lucilia silvarum bufonivora Mon. qui se joint à L. silvarum silvarum Meig., Lucilia sericata Richardsi Collin qui se joint à L. sericata sericata Meig. et enfin, Pollenia rudis bisulca Pand. qui se joint à P. rudis rudis Fbr.

Lucilia silvarum bufonivora Mon. - Obtenu d'élevage de larves parasites d'un Crapaud (Bufo vulgaris Laur.) capturé dans les marais de Colleville (août 1926).

L. bufonivora a été identifié par Moniez (1876) ; mais pendant longtemps, on a continué à le confondre avec


- 11 -

L. silvarum Meig. C'est le Dr Villeneuve (1914) qui a démontré que L. bufonivora devait être considéré comme une bonne espèce. D'autre part, Villeneuve (1925) admet que L. bufonivora, à larves parasites, est dérivé de L. silvarum à larves habituellement saprophages. Les caractères distinctifs des deux formes affectent tout particulièrement la morphologie de l'armature génitale mâle et la chétotaxie.

Lucilia sericata Richardsi Collin- - Un exemplaire capturé en août 1924 dans un herbage à Luc-sur-Mer.

Jusqu'à ces derniers temps, ce Lucilia a été confondu avec L- sericata Meig. dont il est cependant facile de le différencier par la présence d'une courte soie surmontant la longue soie médiane située sur le côté externe (dorsal) des tibias II.

L. Richardsi est certainement dérivé de L. sericata dont les larves sont habituellement saprophages ; mais comme nous ignorons sa biologie larvaire, il est impossible de fixer le déterminisme de cette évolution.

Pollenia rudis bisulca Pand. - Nombreux exemplaires capturés en août 1927 dans un herbage situé en bordure de la falaise, entre Luc et Lion-sur-Mer.

Cette espèce, décrite par Pandellé, est méconnue par la plupart des Diptérologistes qui la confondent avec Pollenia rudis rudis Fbr.

Or, d'après Keilin (1915), les larves de P. rudis rudis Fbr. sont parasites de Vers de terre du genre Allolobophora. Faut il admettre, par comparaison avec les faits mis en lumière par Villeneuve (loc. cit.), que P. bisulca est l'espèce souche, à larves normalement saprophages, dont est dérivé P. rudis- Il n'est pas possible, actuellement, de répondre à cette question, car nous ignorons la biologie larvaire de P. bisulca.

En résumé, si la genèse de Lucilia silvarum bufonivora


- 12 -

semble être bien établie, de nouvelles recherchés sont nécessaires pour élucider les problèmes posés par l'existence de L. sericata Richardsi et Pollenia rudis bisulca. On voit également combien il est préférable d'employer l'expression « d'espèces jointives » au lieu de celle « d'espèces naissantes » ; la première de ces expressions ne préjugeant de rien au point de vue de savoir laquelle de deux espèces jointes est née de l'autre. En effet, s'il ne peut y avoir aucune hésitation à admettre que L. bufonivora et L. Richardsi sont nés respectivement de L. silvarum et de L. sericata, il n'est plus possible d'être affirmatif quand il s'agit de P. rudis et de P. bisulca. La première de ces deux espèces est extrêmement commune dans la région où je chasse, alors que je ne connais qu'une seule station de la seconde. D'autre dart, si la chétotaxie des tibias II paraît être définitivement fixée chez P. bisulca, elle est encore hésitante chez P. rudis (Mercier, 1927 b).

Aussi, je ne serais pas surpris que l'on établisse un jour que P. bisulca est la souche dont est dérivé P. rudisGrâce à une adaptation particulièrement favorable, le mutant serait devenu prépondérant et tendrait à se substituer à la forme spécifique primitive (loi de Delboeuf).

INDEX BIBLIOGRAPHIQUE

1917. L. CUÉNOT. - Sepia officinalis est une espèce en voie de

dissociation [Arch. zool. exp. T. 56, p. 315). 1926. L. CUÉSOT. - Formation des espèces chez les Tardigrades

Tardigrades rend. Congrès Soc. Sav. Sect. Sc.

Poitiers, p. 374). 1915. D. KEILIN. - Recherches sur les larves de Diptères

cycloraphes (Bul. Scientif. France et Belgique. T. 49,

p. 15).


- 13 -

1927 a. L. MERCIER. - Les Seiches de la baie de Seine en juillet et août 1927 (Bal. Soc. Linn. Norm., 7e S., 10e vol., p. 105*).

1927 6. L. MERCIER. - Pollenia bisulca Pand. (Myodaire supérieur ; Calliphorinae) est-il une bonne espèce ? Les espèces naissantes chez les Calliphorinae (Bull. Soc. Zool. France. T. 52, p. 324). .

1914. Dr J. VILLENEUVE. - Notes diptérologiques (Feuille Jeunes Nataral., 44e Année, p. 95).

1925. D J. VILLENEUVE. - Espèces naissantes chez les Calliphorinae (Myodaires supérieurs ; famille des Tachinidae). (Assoc. franc, avancem. Sc. Congrès Grenoble, p. 414).

AVIS AUX AUTEURS

Depuis 1914, les prix d'impression ont été multipliés par un coefficient que la Société n'a pas cru pouvoir appliquer au tarif des cotisations ; elle se trouve donc provisoirement contrainte de demander aux auteurs une contribution financière pour la publication de leurs travaux.

1° Les frais qu'entraînent les illustrations dans le texte ou hors texte sont entièrement à la charge des auteurs ;

2e La différence entre le prix de revient du Bulletin (diminué des frais d'illustration) et l'annuité que la Société peut y consacrer (augmentée, le cas échéant, du montant des subventions et de la contribution volontaire) représente la contribution totale réclamée aux auteurs, au prorata du nombre de pages de leurs travaux ;

3° La Société n'accorde à titre gratuit à chaque auteur, dans le Bulletin mensuel, que cinq pages par an, avec une page au plus par séance. Les pages supplémentaires seront facturées à un tarif plus élevé que celles des travaux originaux.


8e SÉRIE, t.1 N° 2 ANNÉE 1928

BULLETIN MENSUEL

DE LA

Société Linnéenne de Normandie

FONDÉE EN 1823

et reconnue d'utilité publique par décret du 22 Avril 1863

Adresser la correspondance au Secrétaire : M A. BIGOT,

Faculté des Sciences de Caen

Faire les envois de fonds au Trésorier : M. G. MAZETIER,

9, rue de Bras, à Caen, C/C 5.548, Bureau de Rouen

PRIX DU NUMÉRO : I FR. SO

SEANCE DU 6 FEVRIER 1928

Présidence de M. le Dr MOUTIER, Ancien Président

La séance est ouverte à 17 heures et levée à 17 h. 50.

Y assistent : MM. BIGOT, BUGNON, DALIBERT, Abbé GABRIEL, GALLIEN, LANGEVIN, LEMÉE, LE TESTU, Mme LE ROUX, MM. MAZETIER, MERCIER J., MERCIER L., Dr MOUTIER, SEGAUD, Abbé TOLMER.

Absent excusé : M. le Dr BOUYGUES.

Le procès-verbal de la séance du 9 janvier 1928 est lu et adopté.

Correspondance. - MM. J. LEBOUCHER et le Dr Fr. MOUTIER, respectivement élus Président et Vice-Président au cours de la dernière séance, adressent des remerciements à la Société.

Le Smithsonian Institution adresse une invitation à la cérémonie à la mémoire de son Secrétaire, Ch. D. Walcott.

Distinction honorifique. - Le Président se fait l'interprète de la Société pour adresser les plus chaleureuses félicitations à notre Confrère, M. l'Abbé GABRIEL, l'actif et dévoué Secrétaire de la Commission météorologique du Calvados, qui vient d'être nommé Officier d'Académie.


- 15 -

Excursion annuelle. - Le Secrétaire suggère à la Société l'idée d'une excursion à Carteret et Barneville le dimanche 3 juin. Les géologues pourraient étudier le Dévonien de BarnevilleCarteret et les calcaires Cambriens fossilifères.

Les zoologistes et les botanistes auraient également un beau champ de récherches, tant dans la zone intercotidale que dans les vases salées et les dunes de la zone littorale.

La proposition est adoptée et le Secrétaire est prié de faire le nécessaire pour la préparation matérielle de cette excursion et de la réunion annuelle de la Société à Barneville.

Budget. - Le Trésorier présente son compte de gestion pour l'année 1927 et fait l'exposé de la situation financière de la Société au 1er janvier 1928.

Une commission, composée de MM. Langevin, L. Mercier et l'Abbé Tolmer, examine les comptes du Trésorier, qui sont reconnus exacts.

Le Président adresse les remerciements et les félicitations de la Société à M. Mazetier pour son dévouement et son excellente, gestion.

La Société arrête ensuite le projet de budget suivant pour

l'exercice 1928.

CRÉDIT

Avoir au 1er janvier 1928 2.093 fr. 33

Total des Recettes 5.149 fr. 96

Formant avec l'avoir précédent un crédit de 7.243 fr. 29

DÉPENSES Indemnité pour le service de la Bibliothèque... 250 » Frais de gestion (convocations, affranchissements, recouvrements, etc.) 500 »

Impression du Bulletin de 1927 3.000 »

Attribution du prix P. Drouet au 31 déc. 1928.. 2.100 »

Remise aux auteurs, pour le Bulletin de 1927... 1.005 fr. 45

Total 6.855 fr. 45

Il resterait une somme disponible de 7.243 fr. 29 - 6.855 fr. 45 = 387 fr. 84


- 16 -

Admission. - M. Pierre MACAIRE est admis comme membre résidant.

Dons à la Bibliothèque. - De la part de l'auteur, M. L. MERCIER : Pollenia bisulca Pand. (Myodaire supérieur Calliphorinae) est-il une bonne espèce ? Les espèces naissantes chez les Calliphorinae (Extrait du Bull. Soc. Zool. de France, t. LU, n° 5, 1927).

De la part de l'auteur, M. E. HUE, une carte de la « Côte de Nacre ». En présentant cette carte, le Secrétaire en souligne l'intérêt scientifique ; M. Hue a représenté à grande échelle toute la région littorale comprise entre l'embouchure de l'Orne et Ver-sur-Mer ; il y a figuré tous les bancs rocheux ou sableux qui découvrent à marée basse.

Le prix de cette carte est très modique : 6 fr. 50.

La plupart des membres présents se font inscrire pour en acheter un exemplaire à titre personnel.

Dépôt de travaux. - Jean MERCIER : A propos des variations de l'aire ligamentaire d'Ostrea Wiltonensis Lyc. et du genre Pernostrea Munier-Chalmas.

COMMUNICATIONS

Communications orales présentées par leurs auteurs respectifs :

JEAN MERCIER. - Note sur un radiole de Cidaris calloviensis Cot. parasité.

M. A. Bigot a bien voulu me confier la détermination d'un radiole d'Echinide que lui avait communiqué M. Tourteau, professeur à l'École Normale d'AlençonCet échantillon a été récolté dans le Callovien de la carrière de la Roche, à Chailloué (Orne). Bien que l'anneau et le bouton manquent à cette baguette, j'ai


- 17 -

pu l'identifier à celle du Cidaris calloviensis Cotteau par son aspect général trapu et glandiforme, par l'étroitesse de la base, l'évasement des contours, le renflement irrégulier du sommet sur lequel les stries longitudinales sont surtout apparentes. Les catalogues d'Echinides jurassiques (Cotteau et Triger : Echinides du département de la Sarthe ; - Cotteau : Catalogue des Echinides jurassiques de Normandie ; [Bul. Soc Géol. Norm., VI, 1890] ; -Cotteau : Paléontologie française. Echinides réguliers) ne mentionnent pas cette espèce en Normandie; elle doit y être excessivement rare.

Ce radiole est quelque peu déformé par une galle. M. Tourteau, à qui j'adresse mes vifs remerciements, a bien voulu m'en laisser faire l'étude.

On voit sur le bord marginal du sommet deux orifices de 1 m/m de diamètre, voisins l'un de l'autre. A peu de distance de ceux-ci se trouve une excroissance qui gonfle la paroi du radiole. Il s'agit là d'une galle provoquée par un parasite. Les deux orifices sont ceux d'entrée et de sortie et l'excroissance indique son gîte. Ce parasite appartient-il au genre Myzostoma comme ceux qui provoquent des excroissances pathogènes chez les Crinoïdes ? M. N. Yakowlev (1) a montré que les Myzostomes sont parasites des glandes génitales des Crinoïdes. J'ai moi-même signalé la présence d'une galle semblable dans la zone interambulacraire d'un individu d'Hemicidaris luciensis d'Orb. (2). Si, véritablement, les Myzostomes attaquent seulement les glandes génitales, l'annélide qui a produit cette déformation dans le radiole de C. calloviensis appartient à un groupe différent.

(1) N. Yakowlev. Zool. Anzeig. Vol. LIV, p. 287, 1922.

(2) J. Mercier. B.S.L.N., 7e sér., 1.10, p. 42*, 1927.

II


- 18

L. GALLIEN. - Présence d'un Mollusque opisthobranche du genre Alderia Allman dans la baie de Sallenelles (côte du Calvados). Note préliminaire.

Le petit village de Sallenelles est situé sur la rive droite de l'embouchure de l'Orne, au sud de la vaste concavité que présente l'estuaire de cette rivière avant de s'ouvrir dans la Manche.

Du village jusqu'au lit mineur de l'Orne, s'étend, depuis le « Corps de Garde », au Sud, jusqu'aux dunes de Merville, au Nord, une formation moderne spéciale, bien connue des Géologues, qui lui ont donné le nom d'argile à Scrobiculaires.

Sur ce sol argilo-sableux, une faune et une flore spéciales se sont établies, faune et flore adaptées aux conditions très particulières de ce milieu. Sans entrer dans plus de détails, disons seulement avec Massart qu'il existe deux zones dans ces vases : la première est la Slikke, recouverte deux fois par jour à marée haute; la seconde, qui n'est recouverte qu'aux marées de syzygies et d'équinoxes, est le Schorre.

C'est en étudiant la bionomie de cette seconde zone que j'ai eu la bonne fortune de trouver le Mollusque, Opisthobranche, Ascoglosse, qui fait l'objet de cette note et que je rapporte au genre Alderia Allman.

Quittant Sallenelles le lundi 12 décembre et me dirigeant vers l'ouest, du côté du « Corps de Garde », je marchais sur le schorre, foulant aux pieds le tapis spongieux des Glyceria, parsemé d'Aster Tripolium L., Statice Limonium L., Plantago maritima L. ; j'arrivai en un point où existent de petites dépressions du sol, envahies par l'eau, occupées par des Glyceria et diverses


- 19 -

espèces d'Algues vertes, en particulier : Enteromorpha intestinalis. C'est dans l'une de ces dépressions, située face au lieu dit « Corps de Garde » et à environ 800 mètres du lit de l'Orne, que j'ai recueilli les Alderia. Par la.suite, j'en ai capturé trois exemplaires le 13 décembre et, après une forte gelée, six exemplaires le 12 janvier. L'espèce vit eu compagnie de : Gobius microps Kröyer, Peringia ulvae Pennant, Carcinus moenas Pennant. de Sphoeromiens, de Turbellariés, etc.

Voici, d'après l'étude sur le vivant, les principaux caractères de l'Alderia de Sallenelles :

Taille : 8 à 10 millimètres de long, 3 à 4 millimètres de large.

Corps : oblong, ovale. Région, antérieure tronquée arrondie et légèrement déprimée en son centre.

Tête : distincte, dépassant le pied, d'un vert plus sombre que celui du dos, légèrement déprimée en son milieu, portant de chaque côté, deux lobes céphaliques arrondis, mobiles, bordés d'une tache blanche.

Dos : arrondi, de couleur variable, chez certains individus, vert jaunâtre, moucheté de taches sombres d'un vert glauque, parties latérales d'un vert accentué ; chez d'autres individus, presque décoloré, fauve, parsemé de taches plus sombres, rousses ou verdâtres. Cirres : Chez certains individus, verts dans la région antérieure, blancs en dessous et au sommet ; chez d'autres individus, fauves ou roux verdâtre comme le reste du corps. Mobiles lorsque l'animal est vivant. Elliptiques, oblongs, ou claviformes. Leur taille va en augmentant d'avant en arrière et du pied vers le dos. Disposés suivant trois rangées longitudinales et six ou sept rangées transversales. Les derniers cirres dépassent un peu le pied lorsque l'animal rampe.

Anus : postérieur, médio-dorsal.


- 20 -

Pied : épais, jaunâtre, grossièrement quadrangulaire, plus ou moins relevé sur les bords.

Radula : unisériée à 13-14 dents, les dents âgées sont caduques dans un sac ou asque.

Bulbe : petit, présente une poche (asque) dans laquelle tombent les vieilles dents.

Pénis : blanc, épais, long de 2 millimètres. Situé sur le côté droit du corps, en arrière du lobe céphalique.

D'après la structure du bulbe et la conformation de la radula, il est évident que cet Opisthobranche appartient au sous-ordre des Ascoglosses, groupe créé par Bergh en 1876. D'autre part, la diagnose que je viens de donner permet de rapporter cet Ascoglosse au genre Alderia Allman 1844 dont les caractères sont mentionnés dans le bel ouvrage de Aider et Hancock (1).

Le genre Alderia comprend les espèces suivantes : A. modesia Lovén 1844 ; A. scaldiana Nyst 1855 ; A. corhosa Costa 1866 ;

Les deux premières de ces espèces sont septentrionales alors que la troisième est de la Méditerranée (Naples). L'Alderia de Sallenelles appartient vraisemblablement à l'une ou l'autre des deux formes septentrionales, mais en l'absence de documents bibliographiques, je ne puis me prononcer.

Lès conditions de milieu dans lesquelles Allman a trouvé A. modesta correspondent presque exactement à celles où vit l' Alderia de Sallenelles, au point que je pourrais reprendre la description qu'en donne cet auteur et dont voici les passages les plus typiques :

« Many (A. modesta) had crept quite out of the water

(1) ALDER et HANCOCK : A monograph of the British nudibranchiate Mollusca, 1845.


- 21 -

and were crawling over the moist fronds of Enteromorpha intestinalis and seemed to delight in exposing their slimy bodies to the influence of the warm autumnal sun. Others swarmed on the mud in the little shallow pools of the marsh, when their ova were abundantly deposited in the usual gelatinous masses, characteristics of the eggs of the nudibranchiate gasteropods, a fact which is of itself sufficient to prove that this strange semi-marine and even semi aqueous habitat was quite natural to our little nudibranch. Their bodies were enveloped in an exceedingly abundant mucous sécrétion which was poured out more copiously than I recollect to have witnessed in almost any other Gasteropod, and which is perhaps in some way connected with their singular, almost amphibious habits » {In Aider et Hancock). Mais les moeurs d'Alderia scaldiana sont identiques (Gilson) (1).

Le genre Alderia est intéressant à plusieurs points de vue. C'est tout d'abord une des rares formes euryhalines d'Opisthobranches. Il vient prendre place en effet à côté d'Ancylodoris baïkalensis, petit Doridien trouvé par Dybowski en 1900 dans le lac Baïkal, d'Embletonia pallida (Aid. et Hanc.) découvert par Meyer et Mobius dans la baie de Kiel et retrouvé en différents points de nos côtes.

Outre leur euryhalinité, les Alderia que j'ai recueillis sont encore remarquables par la particularité qu'ils ont de pouvoir sortir de l'eau. Ce fait avait déjà été signalé par Allman et j'ai pu le vérifier sur des exemplaires que j'élève au laboratoire.

L'intérêt que présente l'étude de la distribution

(1) GILSON : Mémoires du Musee Royal d'Histoire naturelle de Belgique : Le Musée d'Histoire naturelle moderne, p. 23 et p. 64.


- 22 -

géographique du genre Alderia ne lé cède en rien à celui de son éthologie. Jusqu'à présent, à ma connaissance, ce genre n'est pas connu des côtes de France; il n'est pas signalé dans les listes d'Opisthobranches données par : Giard (Wimereux), Hecht (Roscoff), Labbé (Le Croisic), Cuénot (Arcachon), Pruvot-Fol (Banyuls), Vayssière (Marseille).

Laboratoire de Zoologie de la Faculté des Sciences de Caen. 1er Février 1928.

Oursin fossile. - M. le Dr MOUTIER présente quelques exemplaires d'un Oursin du Bathonien, récoltés soit à Giberville, soit à Amfréville. Il n'a pu les rapporter à aucune espèce décrite jusqu'à ce jour pour le bathonien normand. M. BIGOT pense qu'il s'agirait peutêtre de jeunes individus, chez lesquels la disposition des plaques n'est pas la même que chez les individus adultes.

AVIS AUX AUTEURS

1° Les frais qu'entraînent les illustrations dans le texte ou hors texte sont entièrement à la charge des auteurs ;

2° La différence entre le prix de revient du Bulletin (diminué des frais d'illustration) et l'annuité que la Société peut y consacrer (augmentée, le cas échéant, du montant des subventions et de la contribution volontaire) représente la contribution totale réclamée aux auteurs, au prorata du nombre de pages de leurs travaux ;

3° La Société n'accorde à titre gratuit à chaque auteur, dans le Bulletin mensuel, que cinq pages par an, avec une page au plus par séance. Les pages supplémentaires seront facturées à un tarif plus élevé que celles des travaux originaux.


8* SÉRIE, t. I N° 3 ANNÉE 1928

BULLETIN MENSUEL

DE LA.

Société Linnéenne de Normandie

FONDÉE EN 1823 et reconnue d'utilité publique par décret du 22 Avril 1863

Adresser la correspondance au Secrétaire : M. A. BIGOT,

Faculté des Sciences de Caen

Faire les envois de fonds au Trésorier : M. G. MAZETIER,

9, rue de Bras, à Caen, C/C 5.546, Bureau de Kouen

PRIX DU NUMÉRO : I FR. 50

SEANCE DU 5 MARS 1928

Présidence de M. L. MERCIER, Ancien Président

La séance est ouverte à 17 heures et levée à 18 heures.

Y assistent : MM. AUDIGÉ, BIGOT, BUGNON, Abbé GABRIEL, GALLIEN, LEMÉE, Mme LE ROUX, MM. MAZETIER, MERCIER J., MERCIER L., Dr MOUTIER, Abbé TOLMER.

Le procès-verbal de la séance du 6 février 1928 est lu et adopté.

Correspondance. - L'Académie des Sciences de Madrid fait part du décès de son Président, D. J. R. Carracido; la Société exprime ses condoléances

Le Directeur du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique annonce l'envoi de la collection complète (36 volumes parus) des Mémoires de ce Musée, échangée, conformément à une décision antérieure de la Société, avec une collection, aussi complète que possible, des Bulletins et Mémoires de la Linnéenne.

Le Secrétaire présente les Ouvrages reçus depuis la dernière séance.


- 24 -

Nomination. - Le Président, se faisant l'interprète des sentiments de la Société, exprime au Secrétaire les plus vives félicitations pour sa récente nomination comme Doyen honoraire de la Faculté des Sciences. Cette nomination est un témoignage de reconnaissance pour les services rendus à la Faculté des Sciences par M. Bigot au cours de ses vingt années de décanat ; les Linnéens ne peuvent oublier, à ce propos, que l'autorité et l'influence que conféraient à leur Secrétaire les fonctions de Doyen de la Faculté des Sciences ont été souvent et fort heureusement mises par lui au service de la Linnéenne.

Démission. - La Société enregistre la démission de M. Kollmann.

Présentation. - M. le Dr GOMBERT, à Bernay (Eure), est présenté par MM. Guillaud et Le Brun pour devenir membre correspondant.

Don à la Bibliothèque. - De la part de l'auteur, M. l'abbé P. FRÉMY ; Les Rivulariacées de la Normandie (Extrait des Notices, Mémoires et Documents publiés par la Société d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire naturelle du département de la Manche, 39e vol., p. 166-198, 1927).

Dépôt de Travaux. - M. L. Mercier dépose, au nom de M. MAURT, un travail destiné aux travaux originaux du Bulletin et intitulé : Tanaidacés et Isopodes des Côtes normandes (Excl. Epicarides) (Crustacés marins, d'eaux saumâtres et d'eau douce).

COMMUNICATIONS

Communications écrites présentées respectivement par le Secrétaire, M. L- Mercier, M. G. Mazetier et le Vice-Secrétaire:

Culture du Lupin à café à Sully, près Bayeux. - M. G. MARIE signale la culture du Lupin à café (Lupinus angustifolius) à Sully, près Bayeux. Les quelques personnes qui font cette culture utilisent effectivement les graines, après


- 25 -

torréfaction, comme succédané du café. La plante est surtout cultivée, dans le Midi notamment, comme plante fourragère. Mais, en de nombreuses régions de la France, on connaît l'usage de ses graines torréfiées, seules ou en mélange avec du café véritable ; cet usage reste toutefois peu répandu.

Pommes à cidre tératologiques- - M. G. MARIE a décrit également un certain nombre d'anomalies de pommes à cidre, qu'il a pu étudier en 1927 à Vaux-sur-Aure. Ces anomalies se rapportent à deux types : 1° le fruit prend la forme d'une poire ; 2° concrescences diverses.

Si ce deuxième type d'anomalies a été très fréquemment décrit et figuré dans les ouvrages de tératologie, le premier paraît beaucoup plus rare.

ANDRÉ MAURY. - Note sur les G-nathiidae (Crustacés Isopodes) de la Faune normande.

Les Gnathiidae constituent un groupe fort intéressant de Crustacés Isopodes par suite de leur curieux mode de vie. Leur cycle évolutif comprend en effet une période larvaire (stade Pranize, stade Ancée) pendant laquelle l'animal vit en parasite sur divers poissons ; puis une période adulte pendant laquelle l'animal a une vie libre et se reproduit.

Mes recherches sur la côte normande m'ont permis de recueillir quelques espèces de cette famille dont une est nouvelle pour la région. C'est Gnathia oxyuraea (Lilljeborg) ; les autres espèces : Gnathia maxillaris (Montagu), Paragnathia formica (Hesse) ont déjà été signalées et je n'indiquerai que les nouvelles stations où je les ai recueillies.


- 26 -

1) Gnathia oxyuraea (Lilljeborg)

Habitat. - Les exemplaires d* et Ç que je possède de cette espèce proviennent de dragages effectués en août 1926 et septembre 1927 au large de Luc-sur-Mer, à une profondeur d'environ 15 mètres.

Géonémie. - Monod (1926) donne la répartition géographique de cette espèce : « Gnathia oxyuraea est « commune dans la Mer du Nord (côtes allemandes, " Scandinaves, britanniques, écossaises) et dans l'Atlan« tique Nord (côtes irlandaises, britanniques, écossaises). « Dans la Manche, G. oxyuraea a été observé sur la côte « sud de l'Angleterre à Starcross et à Torquay (Devon.). « L'espèce a été récoltée aussi sur plusieurs points de la « Méditerranée occidentale (Naples, Messine, Syracuse).

« La répartition géographique de l'espèce comprend « donc actuellement deux aires disjointes, l'une médi« terranéenne, l'autre nordique, mais que des recher« ches futures réuniront certainement par la découverte « de l'espèce sur les côtes occidentales de la France et « de la péninsule ibérique. »

Si la présence de Gnathia oxyurea dans les eaux normandes est insuffisante pour affirmer la réunion des aires disjointes susvisées, elle est cependant fort intéressante en tant d'abord qu'un acheminement vers la plausibilité de cette jonction.

Elle permet, en outre, de tirer des conclusions relatives au comportement bionomique de l'espèce. Si l'on compare les conditions dans lesquelles cette espèce a été recueillie on remarque que la profondeur du dragage augmente avec la latitude du lieu.

En Italie, Wagner (1869, p. XIII), cité d'après Monod (1926), dit qu'elle vit vis-à-vis de l'île de Nisida, sous les feuilles mortes d'une Monocotylédone marine ; à Star-


- 27 -

cross (Devon.), dans la Manche, elle provient de 16 mde profondeur.

En Norvège, la profondeur à laquelle on la trouve est encore plus grande : Hardanger Fjord, profondeur 36-72 mètres; Herlöfjord, profondeur 130-170 mètres.

Il est intéressant de noter cette distribution bathymétrique.

Gnathia oxyuraea (Lillj.) serait-elle une espèce sténotherme ?

2) Gnathia maxillaris (Montagu)

Habitat. - J'ai recueilli cette espèce (c?, Ç)à Granville, où elle est très commune dans la partie rocheuse des zones littorales moyenne et inférieure (Cap-Lihou, plage de Granville, Donville).

On trouve G. maxillaris dans les galeries des Tanaïs cavolinii Milne Edw., dans les remplissages des fentes qui séparent les blocs de schistes, parfois dans le bois des vieux casiers à homard.

Géonémie. - D'après Monod (1926), « cette espèce " n'est connue avec certitude que de la Manche occiden« taie, de la Mer d'Irlande et de quelques localités « océaniques françaises »... « elle se rencontre non seu« lement sur toutes les côtes océaniques de la France « et de la péninsule ibérique, mais pénètre même dans « la région tout à fait occidentale de la Méditerranée « (Banyuls, Baléares) »

Dans la Manche, elle a déjà été recueillie sur les côtes françaises à Roscoff (Delage) ; à Cancale, à Saint-Malo ; aux îles Saint-Marcouf (Gadeau de Kerville) ; dans le Pas-de-Calais (Hallez); sur les côtes anglaises à Polpero, Looe, Falmouth, Bantham ; aux îles anglo-normandes, Guernesey.


- 28 - 3) Paragnathia formica (Hesse)

Habitat. - Embouchure de l'Orne, dans les vases des marais que forment les boucles de l'Orne près de la pointe de Ouistreham. A la limite supérieure du flot à marée haute, parmi les Obione portulacoïdes, sous les pierres et même dans la vase. Cette espèce est très localisée, mais aussi très commune à son niveau.

Courseulles - Embouchure de la Seulles.

Géonémie. - Cette espèce possède une vaste distribution géographique ; elle affectionne « les estuaires et vases saumâtres de l'Ecosse au Maroc et à la Méditerranée » (Monod, 1926). Sur le littoral normand, cette espèce a déjà été capturée par Monod à Courseullessur-Mer (Calvados) (1921).

Il est intéressant de noter que les conditions bionomiques sont identiques dans les stations de l'Orne et de la Seulles et que la même association faunique se retrouve dans les deux stations.

E. LEBIS. - Aberration nouvelle du Chrysocaràbus Eiuronitens Fbr. : AB. : OBERTHURI LEBIS.

Dans la plupart des forêts normandes où se rencontre le Chrysocarabus auronitens Fbr., on trouve ça et là, à côté des formes ordinaires à tête et pronotum rouge feu, cuivre ardent ou groseille, des individus présentant un mélanisme plus ou moins accentué, quelquefois même affectant tout le dessus du corps, les fémurs et le premier article antennaire restant très généralement rouges (var. cupreonitens Chev de la forêt de Cerisy, où elle constitue véritablement une race géographique).


- 29 -

Dans les autres forêts, le mélanisme est seulement partiel et affecte surtout la partie postérieure du corps. Les tibias, très souvent rouges comme les fémurs, ont quelquefois tendance à se rembrunir; les tarses sont toujours noirs. Rarement le dessous du corps est d'un brun de poix, particulièrement aux sutures ventrales (Peut-être est-ce un phénomène d'immaturité).

Au cours du dernier congé de Noël, j'ai visité la forêt de la Ferté-Vidame-Senonches, toute voisine du département de l'Orne, sur les confins de l'Eure-et-Loir, et j'ai été assez heureux pour y capturer un individu femelle semblable à un autre que m'avait fait voir, en octobre dernier, notre savant collègue, M. René Oberthur, au cours d'une rapide visite qu'il avait eu l'amabilité de me faire. Voici les caractères de cette intéressante forme :

Tête d'un cuivreux groseille accentué surtout sur la partie occipitale et près des yeux ; antennes normales ; Pronotum d'un cuivreux groseille superbe sur les marges, très sombre sur le disque, qui conserve cependant un éclat métallique très accentué; côtés faiblement sinués vers la base ; par suite, angles postérieurs larges et légèrement surbaissés.

Elytres en ovale régulier, leur plus grande largeur sensiblement au milieu, entièrement d'un noir ardoisé {d'un noir chocolaté chez l'exemplaire de M. Oberthur), sans aucune teinte verte ni cuivreuse, à larges côtes très brillantes, sculpture des intervalles assez semblable à celle des formes ordinaires. De faibles points enfoncés se remarquent, accolés au. côté interne de la 3e côte. (Ce caractère rappelle mon ab. foveipennis (in Miscellanea).

Pattes de coloration normale.

Taille 26 m/m. Faciès robuste.


- 30 -

M. René Oberthur ayant, le premier, reconnu l'existence de cette belle aberration, je propose de la lui dédier, et de la désigner ainsi : C. auronitens.

AB : OBERTHÙRI m. (E.-et-L., forêt de la Ferté-Vidame-Senonches).

1 exemplaire, in museo Oberthur. 1 exemplaire, ma collection.

Polypodium cambricum L. - M. LELOUTRE a récolté à Saint-Nicolas, près Granville, une fronde de Polypodium vulgare dont le segment inférieur est beaucoup plus développé que les suivants et pennatifide ; l'ensemble donne presque l'impression que la fronde a présenté une dichotomie précoce, l'une des branches demeurant toutefois environ deux fois plus petite que l'autre et paraissant portée latéralement par celle-ci. C'est à cette forme que se rapporte le binôme Polypodium cambricum L. Cette variation est indiquée comme très rare dans la Nouvelle Flore de Normandie, de L. Corbière.

Communications orales présentées par leurs auteurs respectifs :

Les Turgot et la culture de la pomme de terre en France. - M. BIGOT donne lecture d'une lettre qui lui a été adressée, en 1926, par M; Dubois de l'Estang, petit-fils du chevalier Turgot et petit-neveu du ministre Turgot. Il résulte de cette lettre, commentée par M. Bigot, que si la pomme de terre a été cultivée à Bons, propriété du père de Turgot, elle était déjà cultivée depuis longtemps en France, et qu'il est très douteux qu'elle y ait été apportée de la Guyane par le chevalier Turgot.


31 -

L GALLIEN. - Sur deux espèces intéressantes de la faune des vases salées de Sallenelles.

Dans les mares à Enteromorpha intestinalis, où vivent les Alderia que j'ai étudiés dans une note précédente (1), j'ai recueilli en grande abondance, cette année, au cours des mois de Janvier et Février, une nouvelle espèce d'Opisthobranche, Ascoglosse, de la famille des Limapontiadae. Je la rapporte au genre Limapontia et à l'espèce Limapontia.depressa Aid. et Hanc.

Les conditions de vie de ce Mollusque des eaux sau- mâtres supra-littorales sont sensiblement les mêmes que celles d'Alderia.

Cette espèce est nettement différente de Limapontia capitata 0. F. Muller (= Pontolimax capitata, Limapontia nigra Johnston), qui se rencontre de Juillet à Septembre, parmi les Algues vertes, dans la zone du balancement des marées. Limapontia capitata est connu de Kiel, des côtes anglaises, de la mer du Nord, de Brest, d'Arcachon, de Marseille. Giard signale comme très voisin de cette dernière espèce Limapontia cornuta (?) qu'il a recueilli, également dans la zone du balancement des "marées, à Wimereux.

Eliot (2) mentionne que Limapontia depressa n'a jamais été retrouvé depuis l'étude faite par Aider et Hancock.

Je me propose dans une note prochaine de décrire ce Mollusque, d'étudier son éthologie et sa répartition géographique.

(1) Bulletin mensuel de la Société Linnéenne de Normandie, 8e série, tome I, n°2, p. 18.

(2) ELIOT : British Nudibranchiate Mollusca, II, 1910.


32

Dans les dépressions des vases salées de Sallenelles où j'ai trouvé les Alderia et les Limapontia, vit en abondance un petit Coléoptère de la famille des Hydrophilidae. M. Mazetier, que je remercie vivement, a bien voulu, avec son obligeance habituelle, se charger de sa détermination. Il s'agit d'Ochthebius punctatus Steph., qui vit à Sallenelles en compagnie d'Ochthebius marinus Payk. Si ce dernier est commun dans les eaux saumâtres et à l'intérieur des terres, il n'en est pas de même d'Ochthebius punctatus, qui est signalé seulement des côtes de l'Angleterre, de l'Océan et de la Méditerranée. Il est considéré comme rare dans le Nord- Bedel (1) signale sa présence à Calais (de Norguet) et à Moidrey dans la Manche (Fauvel), où il est peu commun. Dans ce même département, il a été également signalé à Barfleur (J. S. CL Dev.). C'est donc une espèce nouvelle pour le Calvados.

G. MAZETIER. - A propos de la capture d'un Coléoptère de la famille des Cerambyeidae, Haplocnemia nebulosa F., dans une maison particulière à Caen.

Suivant les renseignements consignés par Fauvel dans son Catalogue des Coléoptères de Normandie, cette espèce serait très rare dans notre région; elle se rencontrerait sur les branches sèches d'Amentacées et de quelques autres arbres non résineux ; la larve vivrait

(1) BEDEL : Faune des Coléoptères du Bassin de la Seine, tome I, 1881, p. 263-318-354.


- 33 -

dans le bois devenu friable. On trouverait l'adulte en cassant les branches de chêne tombées pendant l'hiver.

Haplocnemia nebulosa n'est signalé, par Fauvel, que des forêts de Roumare et de la Londe (Seine-Inférieure), d'après Mocquerys.

Or, M. Mercier, professeur de Zoologie à la Faculté des Sciences, a eu l'amabilité de m'oftrir un exemplaire de cette espèce qu'il a capturé, tout dernièrement, dans son habitation. C'est la première fois que ce coléoptère est signalé dans le Calvados ; mais on peut se demander s'il n'a pas été introduit avec du bois de chauffage ?

L. MERCIER et Abbé L. TOLMER. - Anomalies dans la nervation des ailes chez Napaea coarctata Fall. (Diptère, Ephydridae).

Les différentes clés dichotomiques (Schiner, Becker) qui permettent la détermination des espèces du genre Napaea Rob.-Desv. (= Parhydra Stenh.) utilisent, dès le début, un caractère tiré de la conformation de la nervure longitudinale R 2 + 3. Cette nervure, en effet, présente (fig. A) ou ne présente pas d'annexé ; d'où deux grandes coupures parmi les espèces. Napaea coarctata Fall. appartient au groupe des espèces pourvues d'une annexe à R 2 + 3. Mais les différents auteurs ont jugé bon d'attirer l'attention sur les variations que celle-ci peut montrer dans sa longueur. Tantôt bien développée, tantôt courte, tantôt rudimentaire, l'annexe peut.même complètement disparaître soit sur une aile, soit sur les deux ailes. Dans ce dernier cas, qui peut quelquefois gêner la détermination, un oeil exercé

III


- 34 -

perçoit presque toujours le coude brusque et caractéristique de l'extrémité distale de R 2 + 3.

D'après ces données, il est évident que la bifurcation terminale de R 2 + 3 constitue un caractère variable. D'ailleurs, sur 117 exemplaires de N. coarctata, nous avons observé chez sept individus, à l'extrémité distale de ladite nervure, dès anomalies qui révèlent une variation de la structure beaucoup plus importante que ne l'est la plus ou moins grande longueur de l'annexe.

Les anomalies que nous avons relevées peuvent être réparties en trois séries :

1° R 2 + 3 est en trident à son extrémité distale, soit par suite de l'existence d'une troisième branche intercalée entre l'extrémité de la nervure et l'annexe (fig. B),

soit par suite de la présence d'une troisième branche en dehors du dispositif normal (fig. C). 2° R 2 + 3 présente à son extrémité distale une boucle


- 35 -

qui est tantôt arrondie (fig. D), tantôt ovale, tantôt triangulaire (fig. E).

3° R 2 + 3 n'atteint plus le bord de l'aile (fig. F). Un seul exemplaire nous révèle cette anomalie, qui existe à la fois sur les deux ailes.

Si, à ces malformations, nous ajoutons que sur les 117 Napaea coarctata examinés, nous avons compté 13 individus chez lesquels l'annexe n'existe que sur une seule aile, et 8 chez lesquels elle manque aux deux ailes, il s'ensuit que les anomalies de R 2+ 3 sont relativement fréquentes : 28 cas sur 117, soit environ le quartFaut-il

quartFaut-il rejeter ce caractère tiré de la présence ou de l'absence d'une, annexe à R2 + s, si utile pour la détermination des espèces du genre Napaea ? Nous ne le pensons pas, si nous admettons avec E. de Wildeman (1927) (1) que les caractères spécifiques doivent être surtout recherchés dans les caractères morphologiques externes ou internes. La valeur du caractère tiré de la conformation de R2 + 3 étant fixée, ce caractère est donc utilisable. D'autre part, Giard (1895) (2) a déjà insisté sur l'intérêt que présente l'étude des cas tératologiques de la nervation alaire chez les Insectes « au point de vue de la philosophie biologique ». N'est-il pas légitime de se demander si certaines de ces anomalies ne sont pas susceptibles de devenir héréditaires, et d'être alors considérées, par certains, comme des caractères justifiant la création d'espèces nouvelles.

(1) E. de WILDEMAN. - Les caractères dits « spécifiques » en biologie (Bull. Cl. Sc. Acad. royale de Belgique, 5° S., T. 13, 1927, p. 385).

(2) GIARD. - Sur un exemplaire chilien de Pterodela pedicularia L. à nervation doublement anormale (Actes de la Soc. scientif. du Chili. T. V, 1895, p. 19).


- 36 -

En terminant, nous signalerons que si l'annexe de R 2 + 3 peut manquer chez N. coarctata, elle peut par contre exister à titre d'anomalie chez N. hecate Halid. (= obliqua Beck.) qui normalement en est dépourvu. C'est ainsi que sur dix N. hecate qui ont fait l'objet de notre examen, deux présentent une annexe à R2 + 3 à l'une des ailes.

AVIS AUX AUTEURS

Depuis 1914, les prix d'impression ont été multipliés par un* coefficient que la Société n'a pas cru pouvoir appliquer au tarif des cotisations ; elle se trouve donc provisoirement contrainte de demander aux auteurs une contribution financière pour la publication de leurs travaux.

1° Les frais qu'entraînent les illustrations dans le texte ou hors texte sont entièrement à la charge des auteurs ;

2° La différence entre le prix de revient du Bulletin (diminué des frais d'illustration) et l'annuité que la Société peut y consacrer (augmentée, le. cas échéant, du montant des subventions et de la contribution volontaire) représente la contribution totale réclamée aux auteurs, au prorata du nombre de pages de leurs travaux ;

3° La Société n'accorde à titre gratuit à chaque auteur, dans le Bulletin mensuel, que cinq pages par an, avec une page au plus par séance. Les pages supplémentaires seront facturées à un tarif plus élevé que celles des travaux originaux.


8e SÉRIE, t. I N°4 ANNÉE 1928

BULLETIN MENSUEL

DE LA

Société Linnéenne de Normandie

FONDÉE EN 1823 et reconnue d'utilité publique par décret du 22 Avril 1863

Adresser la correspondance au Secrétaire : M A. BIGOT,

Faculté des Sciences de Caen

Faire les envois de fonds au Trésorier : M. G. MAZETIER,

9, rue de Bras, à Caen, C/C 5.546, Bureau de Rouen

PRIX DU NUMÉRO : I FR. 50

SEANCE DU 16 AVRIL 1928

Présidence de M. P. AUDIGÉ, Ancien Président.

La séance est ouverte à. 17 heures et levée à 18 heures 10.

Y assistent : MM. AUDIGÉ, BIGOT, BUGNON, GALLIEN, Mme LE ROUX, MM. MACAIRE, MAZETIER, MERCIER J., MERCIER L., POISSON,. Abbé TOLMER.

Le procès-verbal de la séance du 5 mars 1928 est lu et adopté.

Correspondance. - La Smithsonian Institution annonce que M. Ch. G. ABBOT a été élu Secrétaire pour succéder au regretté Ch. D. WALCOTT.

L'Académie des' Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen fait connaître qu'une cérémonie intime a eu lieu le 24 mars dernier à l'occasion du centenaire de la naissance de l'historien normand Charles DE BEAUREPAIRE (né à Avranches).

Le Secrétaire présente les ouvrages reçus depuis la dernière séance et notamment les 36 volumes des Mémoires du Musée


- 38 -

royal d'Histoire naturelle de Belgique, dont l'envoi a été annoncé au cours de la précédente séance.

Admission. - M. le Dr GOMBERT est admis comme membre correspondant de la Société.

Don à la Bibliothèque. - De la part de l'auteur, M. R. MESLIN : Notes sur la flore du département de la Manche (Extrait des Notices, Mémoires et Documents publiés par la Société d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire naturelle du département de la Manche, 39° vol., p. 199-224, 1927).

Dépôt de Travaux. - P. BUGNON : Hypophyllodes et protophyllodes chez le Ribes sanguineum.

R. POISSON : Contribution à la connaissance des Pentatomidae (Hém. Hétéropt.) de Normandie.

R. POISSON et G. MAZETIER : A propos de deux Coléoptères myrmécophiles du genre Atemeles Steph. (Staphylinidx, Aleochaninse).

COMMUNICATIONS

Gordiérite de la Bellière. - M. BIGOT présente des échantillons de Cordiérite provenant de la pegmatite de la Bellière, commune de Vaudry, près de Vire. Ces échantillons proviennent de l'ancienne collection du Musée d'Histoire naturelle, à laquelle ils avaient été donnés par Dubourg d'Isigny, et dans laquelle ils figuraient sous le nom de pinite.

Les cristaux de Cordiérite de la Bellière ont été décrits par M. Alfred Lacroix dans le tome Ier, p. 519, de la Minéralogie de la France et de ses Colonies : « De superbes pseudomorphoses de cordiérite (gigantolite) ont été trouvées dans les carrières de la Bellière, près de Vire. Elles dépassent 5 centim. et présentent les formes m (110) h1 (100) g2 (130) g1 (010); les plans de séparation


- 39 -

suivant p (001) sont fréquents. Elles accompagnent l'andalousite dans une pegmatite. Leurs faces sont souvent très nettes; m (110) h' (100) g1 (010) sont également développées. J'ai observé un fragment d'un grand cristal ayant 5 cm. de diamètre et représentant la structure parfaitement régulière reproduite par la fig. 4 ». (La fig 4, p. 576, représente un échantillon de Cordiérite transformé en mica (gigantolite), avec plans de séparation marqués suivant p (001), provenant de Ozon-en-Montmort (Saône-et-Loire)

Abbé L. TOLMER. - OEufs de Poule nains ou oeufs de Coq; les Légendes; le déterminisme de leur formation.

La présentation à la Société Linnéenne, le 22 mai 1927 (1), d'un oeuf de Poule inclus dans un autre, et la communication récente de M. Mercier à la Société de Biologie de Paris (2), au sujet des oeufs à jaune nain, remet en question le problème très ancien des oeufs sans jaune, dits « OEufs de Coq ».

Dès les temps les plus reculés les anomalies des oeufs ont attiré l'attention, car l'oeuf utilisé pour l'alimentation humaine et considéré comme mystérieux, est devenu la base de beaucoup de cosmologies antiques. Son caractère symbolique et sacré le fait employer dans la divination et dans l'alchimie. Il n'est pas étonnant après cela qu'il subsiste encore des superstitions touchant l'oeuf; et un des préjugés les plus tenaces est

(1) Bull. Soc. Linn., 7e Série, 10e vol., 1927, p. 54*.

(2) L. Mercier. OEufs de Poule à jaune nain. Compl. Rend. Soc Biol Paris, Tome XCVIII, p. 840, 1928.


- 40 -

celui qui est attaché aux oeufs de coq et qui a donné naissance à la légende du basilic. Animal monstrueux à la tête de coq et à la queue de serpent, être malfaisant et dangereux, le basilic a-t-il existé? Le reptile que décrivent les anciens n'a rien de commun avec le Basiliscus americanus Laur., qui vit actuellement au Guatemala. Comment la légende du Basilic est-elle née? Peut-être par une fausse interprétation d'Elien par le Physiologus, peut-être par dérivation d'un Zodiaque égyptien qui représente une constellation à la tête d'Ibis et à la queue de serpent. En tout cas, l'animal mystérieux, dont l'iconographie a tiré parti, a quelque utilité, et c'est pourquoi, malgré les protestations de savants comme Albert le Grand, se propagent des recettes qui donnent le moyen de produire des basilics aux dépens d'oeufs de coq. La croyance populaire exploitée par des charlatans a subsisté longtemps, mais si personne aujourd'hui ne croit plus au basilic, il en est encore qui croient aux oeufs de coq.

Que penser de ces oeufs? Un coq peut-il pondre? Il a fallu attendre jusqu'au XVIIIe siècle pour permettre à l'anatomiste de la Peyronie de répondre expérimentalement par la négative, et de démontrer que les oeufs attribués à des coqs sont pondus par des poules.

Ces oeufs sans jaune sont dus à des malformations anatomiques ou au non-fonctionnement de l'ovaire. Ils peuvent être pondus aussi par de jeunes poulettes bien nourries dont l'oviducte fonctionne avant que la grappe ovarienne soit arrivée à maturité. Dans le cas de l'oeuf de Poule à jaune nain, étudié par M. Mercier, il s'agit d'un oeuf d'une Poule arrivée à la fin d'un cycle de ponte. Un dernier ovule, sans avoir atteint le volume normal s'est détaché, a été recueilli par le pavillon, a cheminé dans l'oviducte, où il s'est entouré d'albumine


- 41 -

et de la membrane coquillière. Des contractions de l'oviducte l'ont repoussé vers le pavillon d'où il est tombé dans la cavité abdominale, chose que la petite taille de l'oeuf a rendue possible.

G. MAZETIER. - Captures récentes de Coléoptères rares ou paraissant nouveaux pour le Calvados ou pour la Normandie.

DYTICIDAE. - Hydroporus palustris L., var. vittula Er. : Venoix, fossés près de l'ancien moulin; Merville, mare des dunes.

STAPHYLINIDAE. - Atheta pallidicornis Thoms. : SaintAndré-sur-Orne; Bretteville-sur-Laize. Atemeles paradoxus Grav. : May-sur-Orne,

capturé parmi des fourmis. A temeles emarginatus Payk : pris à Mouen par M. Raymond Poisson, dans une fourmilière de Formica fusea L.

CRYPTOPHAGIDAE.. - Cryptophagus micaceus Rey. : Forêt de Cinglais, région de Fresney-le-Puceux (d'après M. Falcoz : Etude sur les Cryptophagidae, cette espèce se rencontre dans les arbres creux habités par des guêpes). Cryptophagus Thomsoni Reitt. : Troarn; Villy près Falaise; Fontenay-le-Marmion.

NITIDULIDAE. - Cercus bipustulatus Payk. : Caen, prairie (cette espèce ne paraît pas avoir été précédemment signalée du Calvados).

TENEBRIONIDAE. - Hypophloeus fasciatus F. : Béuouville, prairies, sous écorces d'orme.

EUCINETIDAE. - Eucinetus haemorrhoidalis Germ . : Merville, sous une pièce de bois en décomposition.


- 42 -

CURCULIONIDAE. - Centhorrhynchus Schonherri Bris. : Fontenay-le-Marmion.

Ces deux dernières espèces paraissent nouvelles pour la région.

Les déterminations de la plupart de ces diverses espèces sont dues à l'extrême obligeance de MM. Falcoz, Hustache, Dr Normand et Peschet.

Acanthinula aculeata Müller. - Gastéropode pulmoné, très longtemps classé parmi les Hélix, rangé aujourd'hui dans la famille des Pupidoe.

Recueilli dernièrement un exemplaire de cette rare espèce, sous des feuilles mortes, à Banneville-la-Campagne, localité à ajouter à celles du Calvados précédemment signalées.

D'après M. Louis Germain, Acanthinula aculeata se rencontre presque partout en France, mais surtout dans le Nord et l'Est.

G. MAZETIER.


- 43 -

RÉUNION ANNUELLE

du Dimanche 3 Juin

Cette réunion se tiendra à Barneville (Manche).

Le programme comprend :

Pour les géologues : l'étude des formations cambriennes et siluriennes de l'anticlinal des Moitiers d'Allonne et du Dévonien de Barneville-Carteret. On étudiera spécialement les calcaires cambriens à Archaeocyathus et Trilobites.

Pour les Zoologistes et les Botanistes : la faune et la flore marines; l'exploration des dunes de Carteret et de Barneville, des vases salées de l'estuaire de Carteret.

Les Linnéens venant de Caen pourront arriver à Barneville le samedi 2 à 20 h. 45, en partant de Caen à 17 h. 14. Ils pourront rentrer à Caen le dimanche 3 à 22 h. 44 en partant de Barneville à 19 h. 14.

Le Secrétaire prie les Confrères qui auraient l'intention de participer à la réunion de bien vouloir, en vue des arrangements à prendre, lui faire connaître avant le 26 mai dernier délai :

1° S'ils désirent une chambre à Barneville le 2 juin ;

2° S'ils dîneront à Barneville le 2 juin à l'arrivée du train de 20 h. 45 ;

3° S'ils prendront part au déjeuner du 3 juin à Barneville;

4° S'ils dîneront à Barneville le 3 juin avant le départ du train de 19 h. 13.

Le centre de séjour prévu à Barneville est l'Hôtel de la Gare.


8e SÉRIE, t. I N° 5 ANNÉE 1928

BULLETIN MENSUEL

DE LA

Société Linnéenne de Normandie

FONDÉE EN 1823

et reconnue d'utilité publique par décret du 22 Avril 1863

Adresser la correspondance au Secrétaire : M. A. BIGOT,

Faculté des Sciences de Caen

Faire les envois de fonds au Trésorier : M. G. MAZETIER,

9, rue de Bras, à Caen, C/C 5.546, Bureau de Rouen

PRIX DU NUMÉRO M FR. 50

SEANCE DU 7 MAI 1928

Présidence de M- le Dr A. MOUTIER, Ancien Président.

La séance est ouverte à 17 heures et levée à 17 heures 35.

Y assistent : MM. BUGNON, GALLIEN, LEMÉE, Mme LE ROUX, MM. MACAIRE, MAZETIER, J. MERCIER, L. MERCIER, Dr A. MOUTIER, Abbé TOLMER.

Le procès-verbal de la séance du 16 avril 1928 est lu et adopté.

Prix de Guerne. - Ce prix vient d'être décerné par la Société zoologique de France à notre confrère, M. J. ROY, Professeuragrégé au Prytanée militaire de la Flèche, pour l'ensemble de ses travaux sur les Crustacés inférieurs. Le Président se fait l'interprète de la Société Linnéenne pour adresser à notre Confrère les plus chaleureuses félicitations.

Présentation. -M. le Dr CAUVIN, rue Marguerite-de-Navarre, à Alençon, est présenté par MM. J. Leboucher et Tourteau pour devenir membre correspondant de la Société.


- 45 -

Don à la Bibliothèque. - De la part de M. Henri GADEAU DE KERVILLE : Voyage zoologique d'Henri Gadeau de Kerville en Syrie (avril-juin 1908), tome I. Récit du voyage et liste méthodique des animaux récoltés en Syrie, par H. GADEAU DE KERVILLE. - Mémoires sur l'Éponge, les Copépodes, les Ostracodes, les isopodes, les Opiliones, les Myriopodes, les Thysanoures, les Odonates, les Orthoptères, les Hyménoptères mellifères, les Diptères et les Oligochètes récoltés pendant ce voyage, par E. TOPSENT, G. D. MARSH, E. DADAY DE DEÉS, Mme H. R. SEARLE, W. SÖRENSEN, le Cte C. ATTEMS, le Dr F. SILVESTRI, R. MARTIN, I. BOLIVAR, J. PÉREZ, le Dr J. VILLENEUVE, J. SURCOUF et le Dr W. MICHAELSEN. Fort volume de 365 pages, richement illustré (36 fig. dans le texte et 37 pl.). Paris, J.-B. Baillière et fils, 1926.

Dépôt de travaux. - P. BUGNON : Les cotylédons du Crataegus monogyna Jacquin sont des protophyllodes.

J. MERCIER : Etude sur le contact du Bathonien et du Gallovien en Normandie et dans la Sarthe et sur l'équivalent du Cornbrash anglais.


SESSION ANNUELLE DU 3 JUIN 1928

à Barneville et Carteret (Manche)

Conformément au programme inséré dans le procès-verbal de la séance du 16 avril 1928, la Société a tenu sa réunion générale le 3 juin et elle a fait, à Barneville et à Carteret, les excursions annoncées dans le n° 3 du Bulletin mensuel. Le compte rendu de ces excursions sera inséré ultérieurement dans le Bulletin.

Ont pris part à la session : MM. BIGOT, BUGNON, CORBIÈRE, DALIBERT, FOCET, GUILLAUD, LANGEVIN, J. LEBOUCHER, Dr M. LEBOUCHER, MAURY, MAZETIER, J. MERCIER, L. MERCIER, Dr A. MOUTIER, POISSON, TURPIN, VIALLET, membres de la Linnéenne et, à titre d'invités, M. ASSELIN, de Portbail, MM. C d'AUTUME, BRUNEAU, Gt GROVA, Amal LE CANNELIER, P. LE CANNELIER, FAVIER père et fils, Mmes BRUNEAU et CROVA, de Cherbourg, Mmes BUGNON, GUILLAUD, J. MERCIER et POISSON, de Caen, ainsi que Mlles COUVREUR et HARDY, étudiantes à la Faculté des Sciences de Caen.

MM. le Dr F. MOUTIER et l'abbé P. FRÉMY ont exprimé leurs regrets de ne pouvoir prendre part à la session.

SÉANCE ANNUELLE DU 3 JUIN 1928

tenue à Barneville (Manche)

Présidence de M. J. LEBOUCHER, Président

La séance est ouverte à 13 h. 20 et levée à 14 heures. Y assistent tous les membres participant à la Session, ainsi que les invités. Le procès-verbal de la séance du 7 mai 1928 est lu et adopté.


- 47 -

Allocution du Président. - Le Président prononce l'allocution suivante :

MESDAMES, MESSIEURS,

Il est d'usage, dans des réunions comme celle-ci, de rappeler le souvenir de Linné, au début de l'ordre du jour des communications qui doivent être présentées.

Cet usage rappelle en effet un nom que tous les naturalistes vénèrent, il rappelle un savant, un travailleur, un précurseur des recherches dans toutes les branches de l'Histoire naturelle.

Notre Société s'honore en conservant cet usage; n'est-elle pas filleule de Linné ?

Maintenant, je ne sais si je dois remercier ou gronder votre bureau de m'avoir nommé, cette année, président de la Société Linnéenne. Je vous avoue que j'ai été surpris et confus de cet honneur, n'ayant aucun titre scientifique à cette nomination.

Peut-être ma barbe blanche et mes 40 ans passés comme membre de la Société ont pesé dans votre détermination; certainement, il ne peut y avoir que cela.

Ceci dit, je tiens d'abord à vous saluer, Mesdames, qui avez bien voulu être des nôtres aujourd'hui. Votre présence donne le charme et la note gaie dans toutes nos réunions; aussi, en vous remerciant de votre présence, j'exprime le voeu que cette coutume se perpétue au sein de la Société.

Je regrette de ne pouvoir rien vous dire sur le beau pays .que nous voyons aujourd'hui, je ne le connais pas; mais je compte sur de bons et vieux amis pour combler cette lacune.

M. Bigot n'a-t-il pas écrit des relations très documentées sur les découvertes qu'il a faites à Carteret; mieux que tout autre, il va nous en faire connaître les résultats géologiques.

M. Corbière, qui connaît toutes les stations botaniques de la région, va bien vouloir nous signaler les richesses du pays en plantes rares.

M. Mercier avec M. Poisson et M. Mazetier, voudront bien


- 48 -

aussi nous indiquer les curiosités zoologiques et entomologiques des côtes.

De cette façon, Mesdames et Messieurs, je serai président pour la forme, j'aurai des compétences pour me seconder, et alors mon rôle sera surtout d'écouter et d'apprendre.

Les rapports que vous allez entendre ne manqueront pas, 'en suis certain, de laisser l'assemblée sous l'impression d'une excursion charmante, toute amicale et cependant d'une grande portée scientifique.

A tous, mes voeux les meilleurs.

Présentation. - M. PENNES, receveur des Finances, 41, rue Haldot, est présenté par MM. Bigot et Mazetier pour devenir membre résidant.

Admission. - M. le Dr GAUVIN est admis comme membre correspondant de la Société.

Dons à la Bibliothèque. - De la part de leurs auteurs :

A. BIGOT : La faune cambrienne du Massif Armoricain (Extrait du Compte rendu du XIVe Congrès Géologique intern., Madrid, 1926).

A. BIGOT : Formations monastiriennes et postmdnastiriennes de Basse-Normandie (Extrait des Comptes rendus de l'Acad. des Sc, séance du 24 oct. 1927,1.185, p. 824).

P. FRÉMY : Note sur le Phormidium luridum (Kuetz.) Gom. (Extrait des Archives de Botanique, t. II, Bull. mens. n° 3, mars 1928, p. 53-54).

P. FRÉMY : Remarques sur Sirocoleum Jensenii Weber van Bosse et sur Scytonema keiense Weber van Bosse (Extrait des Annales de Cryptogamie exotique, t. I, fasc. 1, mars 1928, p. 48-50).


- 49 - COMMUNICATIONS

Communication écrite présentée par le Secrétaire :

Abbé P. FRÉMY. - Polygomim Bistorta L. dans le département de la Manche.

Cette jolie Polygonacée, peu commune en Normandie, est certainement très rare dans le département de la Manche. DE BRÉBISSON, dans les 3e et 4e éditions de sa flore, ne l'y mentionne qu'à Villedieu. BESNOU (Flore de la Manche, 1881, p. 263) ne fait sans doute que préciser l'indication de BRÉBISSON en signalant la Bistorte à a Sainte-Cécile [près de Villedieu], pré sous le bois de Graffa, au rapide ». CORBIÈRE, dans sa Nouvelle Flore de Normandie, 1893, ne donne, pour la Manche, aucune localité de Polygonum Bistorta. On n'en trouve pas non plus dans les Additions et rectifications (1895), ni dans le Deuxième supplément à la nouvelle Flore de Normandie (1898). Ce silence s'explique aisément : notre éminent confrère devait savoir que la station VilledieuSainte-Cécile était détruite, et il n'en avait pas trouvé d'autre par ailleurs.

Le 7 mai 1928, au cours d'une promenade, j'ai trouvé la Bistorte sur le territoire de la commune de Gourfaleur (près de Saint-Lô), dans un pré, sur la rive gauche de la Vire, à 200-300 mètres au Sud-Est du pont de la route de Saint-Lô à Vire par Tessy et Pontfarcy, au bord du chemin de halage. Elle y formait une colonie peu étendue, d'une vingtaine de pieds, et elle était associée à des Graminées, à Symphytum officinale L. et à Urtica dioica L.

IV


- 50 -

Communications orales présentées par leurs auteurs respectifs :

M. DALIBERT. - Coléoptères de la région de Barneville, inédits pour le département de la Manche (Extrait du Catalogue des Coléoptères de Normandie de Fauvel et Dubourgais).

La liste ci-dessous comprend des captures mentionnées dans le manuscrit de Dubourgais sous le signe (double point d'exclamation) d'Albert Fauvel, et très probablement effectuées par lui. Les signes AC, AR., R., RR., placés après les noms, sont ceux-là même employés dans ce manuscrit et indiquent le degré de rareté en Normandie. L'ordre suivi est celui du Catalogus Winkler (en cours de publication).

SCYDMAENIDAE. - Cephennium thoracicum Müll., AC, cap de Carteret.

STAPHYLINIDAE. - Micropeplus staphylinoides Marsh., R., cap de Carteret. - Phloeobium clypeatum MülI., AC-, ibid. (et Portbail). - Oxytelus Perrisi Fvl. (B. S. L. N., 4 mars 1861, VI, 42), B., Carteret (et Portbail). - Tachyporus macropterus Steph , R., cap de Carteret. - T. tersus ET., R., cap de Carteret (et Portbail). - Diglotta submarina Fvm. Lab-, AR., Carteret- - Atheta (Halobrecta Th.) atricilla Er. (=? atricilla Scriba = flavipes Th.), R., Carteret. - A. (Hqlobrecta) puncticeps Th. = algae Hardy et Bold. (sec cat. Fvl.-Dub., seulement ex parte sec. Reitter), R., Carteret (et Portbail). - A leochara (Euryodma Rtt.) brevicornis Grv., AC., CarteretCRYPTOPHAGIDAE.

CarteretCRYPTOPHAGIDAE. {Anchicera) gutta Steph., R., Carteret (et Portbail).

CURCULIONIDAE. - Otiorrhynchus rugifrons v. Dilwyni Steph., R., cap de Carteret.- Trachyphloeus spinosus


- 51 -

Goeze, R-, ibid. (et Portbail). -Strophosomus (Neliocarus Th.) faber Hbst., R., Carteret. - Hypera (s. str.) plantaginis de G., AR., Carteret (et Portbail). - Bagous {s. str.) frit. Herbst., R., Saint-Georges-de-la-Rivière- - Orthochaetes setiger Beek, RR., cap de CarteretL.

CarteretL. - Question 'posée par la distribution géographique de certains Diptères.

Dans une première liste des Dolichopodidae de Normandie (Bul. Soc. Linnéenne de Normandie, 7e s., t. VIII, 1925, p. 67), nous avons mentionné, l'Abbé 0. Parent et moi, la capture de 57 espèces. Parmi celles-ci, il en est deux qui, aujourd'hui, méritent de retenir l'attention d'une façon toute particulière. Ce sont : Micromorphus albipes Zett. et Hydrophorus proecox Lehm. La première de ces deux espèces était connue d'Europe, d'Egypte et du Maroc; la seconde, de toute l'Europe, de l'Afrique du Nord, des îles Canaries. Or, M. l'Abbé Parent vient de me dire toute la surprise qu'il a eue de trouver ces deux espèces représentées dans un envoi qu'il vient de recevoir de la NouvelleZélande-

Il est très difficile d'expliquer, dans l'état actuel de nos connaissances, la vaste distribution géographique de, ces deux espèces. Il est de toute évidence que l'Homme a contribué à la dissémination de certaines espèces de Diptères. Mais en ce qui concerne M. albipes et H. praeeox, il semble bien que leur distribution géographique ne peut s'expliquer qu'en admettant l'ancienneté de ces espèces et des rapports, différents de ceux d'aujourd'hui, présentés parles continents dans la suite des temps géologiques.


- 52 -

La distribution géographique de M. albiceps et d'H. prsecox est à rapprocher de celle d'Hecamede albicans Meig et de Chrysomyia albiceps Wied. Hecamede albicans (Ephydridse) est une espèce très commune sur la côte du Galvados ; or, sa présence a été signalée par J. R. Malloch. {Notes on Australian Diptera. Proceed. Linn. Soc. New. South Wales. T. 50. Part. 2, n° 201, 1925,- p. 86), le long de l'Encounter Bay (au sud de l'Australie, à l'embouchure du fleuve Murray).

Chrysomyia albiceps (Calliphorinae), est la Mouche du ver épineux de la laine des moutons australiens.

Ce Diptère est répandu dans la région circa-méditerranéenne, sur le continent africain, dans les Indes Orientales et en Australie. Or, j'ai eu l'occasion de capturer, ces dernières années, des exemplaires de C. albiceps à Luc-sur-Mer {Comptes rend. Acad. Sc, t. 185, 1927, p. 185).

En résumé, nous sommes en présence de quatre espèces de Diptères que j'ai capturées sur la côte du Calvados ; deux d'entre elles : Micromorphus albipes Zett. et Hydrophorus prsecox Lehm., vivent également en Nouvelle-Zélande et les deux autres : Chrysomyia albiceps Wied. et Hecamede albicans Meig., en Australie.

Si, en ce qui concerne Chrysomyia albiceps, la route entre les stations extrêmes est jalonnée, il faut reconnaître qu'il n'en est pas de même pour les trois autres espèces. Il est à souhaiter que des observations futures nous apportent des précisions à ce sujet.


53 -

REUNION

DE LA

Société Géologique et Minéralogique de Bretagne

dans le Calvados

Cette Société, qui a déjà tenu une de ses réunions annuelles en Basse-Normandie en 1926, se réunira de nouveau à Caen, du 8 au 13 septembre prochain, pour étudier les terrains secondaires du Calvados, sous la direction de M. A. Bigot.

lre Journée. - Matin : Conférence d'orientation; Visite des collections du Laboratoire de Géologie de la Faculté des Sciences.

Après-midi : MAY-SUR-ORNE. - Lias et Bajocien; relations des horizons de ces étages entre eux et avec la pénéplaine hercynienne ; lacunes, ravinements, surfaces perforées, hardgrounds. Vésulien calcaire.

2e Journée. - PORT-EN-BESSIN ET CARRIÈRES DE SULLY. - Calcaires à silex (Aalénien supérieur). - Bajocien : Couches à Sonninia Sowerbyi ; Oolithe ferrugineuse ; Oolithe blanche à Spongiaires (Falaises de Sainte-Honorine-des-Pertes). - Vésulien argileux ; couches de passage du Bajocien au Bathonien (Port-en-Bessin). - Bradfordien inférieur (Calcaires à silex).

Pli et failles des Hachettes.

Résurgences de l'Aure-Drôme à Port-en-Bessin. - Phénomènes littoraux.


3e Journée. - BRADFORDIEN DE LA BASSE VALLÉE DE L'ORNE - Faciès zoogène du Bradfordien inférieur (Blainville) ; Pierre de taille de Ranville, facies « caillasse » et facies « pierre blanche de Langrune » (Ranville, Amfréville). Conditions de sédimentation pendant le Bradfordien : sédimentation de courants rapides; marnes à Ammonites et argiles à Brachiopodes ; surfaces durcies et perforées (hardgrounds). - Estuaire de l'Orne.

4e Journée. - FALAISES ENTRE SAINT-AUBIN ET LION-SURMER. - Bradfordien supérieur : Récifs de Spongiaires et calcaires à Bryozoaires de Saint-Aubin et de Douvres. - Pierre blanche et argiles à Brachiopodes. - Hard-ground terminal de la ce pierre blanche » et Gornbrash argileux de Lionsur-Mer.

Plage suspendue monastirienne de Saint-Aubin. - Vallée remblayée et limons de la Brèche du Corps de garde.

Phénomènes littoraux.

5e Journée. - FALAISES ENTRE HOULGATE ET VILLERS. - BUTTE DE BÉNERVILLE. - Série oxfordienne : Marnes de Dives et de Villers à Quenstedticeras Lamberti et Mariae ; couches à Cardioceras cordatum; Oolithe blanche kNucleolites scutatus; Coral-rag; Récif de coraux de Bénerville (Mont-Canisy).

Transgression crétacée : Cénomanien : Glauconie de base; craie glauconieuse à Spongiaires siliceux, Acanthoceras Mantelli et Oursins (Holaster suborbicularis).

Destruction des falaises des Vaches-Noires. - Régularisation du littoral entre l'Orne et la Dives. - Phénomènes littoraux.

6e Journée. - FALAISE ET LA BRÈCHE AU DIABLE, Falaise : Briovérien, Grès armoricain et schistes à Calymènes de la cluse du Val d'Ante; faille limite du Massif de


- 55 -

Falaise. - Route de Caen : Argiles triasiques, galets et sables du Lias, Calcaires à Acanthothyris spinosa.

La Brèche au Diable : (Soumont-Saint-Quentin) : Grès armoricain, minerai de fer, schistes à Calymènes et Grès de May de la cluse du Laizon ; Calcaires bradfordiens à galets de grès. - Stations paléolithique et néolithique.

Carrières de Perrières : Terminaison périsynclinale du Grès armoricain; transgression et facies de récif du Bathonien.

Régime hydrologique de la Campagne de Falaise; Ruisseau de Perrières, source de la Fontaine et perte de la Maison Neuve.

Le programme est présenté dans un ordre logique, mais les exigences de l'heure des basses mers pourront obliger à intervertir les journées. La course du 6e jour se fera en autocars, avec départ de Caen et retour par Jort et Mézidon.

Les repas de midi, excepté celui de la première journée, seront tirés des sacs.

Si le nombre des participants est suffisant, des réductions sur le prix des tarifs de transport seront demandées aux Chemins de fer de l'Etat (minimum 10) et aux Chemins de fer du Calvados (minimum 20).

Prière de s'inscrire, pour tout ou partie des excursions, avant le 1er août, au plus tard. S'adresser à M. Bigot, Laboratoire de Géologie, Faculté des Sciences de Caen, ou à M. Milon, Secrétaire général de la Société Géologique de Bretagne, Laboratoire de Géologie de la Faculté des Sciences de Rennes.


8* SÉRIE, t. I N° 6 ANNÉE 1928

BULLETIN MENSUEL

DE LA

Société Linnéenne de Normandie

FONDÉE EN 1823

et reconnue d'utilité publique par décret du 22 Avril 1863

Adresser la correspondance au Secrétaire : M. A. BIGOT,

Faculté des Sciences de Caen

Faire les envois de fonds au Trésorier : M. G. MAZETIER,

9, rue de Bras, à Caen, C/C 5.546, Bureau de Rouen

PRIX DU NUMÉRO : I FR. 50

SEANCE DU 2 JUILLET 1928

Présidence de M. le Dr A. MOUTIER, Ancien Président

La séance est ouverte à 17 heures et levée à 18 heures.

Y assistent : MM. BIGOT, BUGNON, Abbé GABRIEL, Mme LE Roux, MM. LE TESTU, MAZETIER, J. MERCIER, L. MERCIER, Dr A. MOUTIER, POISSON, Abbé TOLMER.

Le procès-verbal de la séance du 3 juin 1928 est lu et adopté.

Correspondance. - La Société Linnéenne de Bordeaux fait part de la célébration du Centenaire de sa fondation et invite la Linnéenne de Normandie à se faire représenter aux fêtes et cérémonies organisées à cette occasion.

La Linnéenne regrette de ne pouvoir déléguer un de ses membres à cette cérémonie et envoie à la Société soeur l'expression de ses félicitations et de ses voeux.

Présentation. - M. Pierre LE CANNELLIER est présenté par MM. Corbière et Dalibert pour devenir membre correspondant.


- 57 -

Admission. - M. PENNES est admis comme membre résidant.

Dépôt de Travaux. - Pour le Bulletin :

Raymond POISSON, A propos de la rareté de plus en plus grande en Normandie de l'Hirondelle de fenêtre (Delichon urbica L.) et de l'Hirondelle de cheminée (Ilirundo rustica L.).

Abbé L. TOLMER, La faune des côtes de la Manche au XVIe siècle d'après François Rabelais.

Pour les Mémoires :

Fr. PELLEGRIN, La flore du Mayombe d'après les récoltes de M. Georges Le Testu.

Ce travail, présenté par M. Le Testu, constitue la suite de celui qui a paru dans le 2e fascicule du XXVIe volume de nos Mémoires, en 1924. Comme précédemment, l'auteur s'engage à en supporter tous les frais d'impression; mais la Société le fera bénéficier des subventions de la Caisse des Recherches scientifiques qu'elle espère obtenir.

COMMUNICATIONS

Communications écrites présentées par le Président :

Edmond HUE. - 1° Cinq Nautilus découverts sur les plages de Luc et de Langrune.

I. - Le 14 septembre 1925, un Nautilus recueilli, en place, dans le banc de marnes bleues, à l'Est de la Roque-Mignon, à 100 mètres au large de la falaise du Corps-de-Garde de Luc.

II. - Le 10 novembre 1925, découverte d'un Nautilus, en place, dans le même banc de marnes bleues et à environ 50 mètres du précédent.

III. - Le 11 novembre 1927, découverte d'un Nautilus, en place, dans le banc de marnes à brachiopodes du Moulin-de-Luc, à 1 m. 50 du pied de la digue de Luc et à 20 mètres du Ruisseau de Luc.


- 58 -

IV. - Le 15 février 1928, découverte d'un énorme Nautilus, en place, dans le banc calcaire rougeâtre, à 42 mètres de l'escalier Est de la digue de Langrune, et à 8 m 50 de la falaise endiguée.

V. - Le 18 février 1928, découverte d'un autre Nautilus, en place, dans le même banc, à 61 mètres à l'Est du premier et à 3 m. 50 de la falaise.

Ces Nautilus seront présentés ultérieurement à la Société Linnéenne, avec leur étude plus complète..

2° Deux racines de bois fossiles découvertes sur la plage de Luc.

I. -Le 14 avril 1927, découverte d'une forte racine fossile, en place, incrustée dans une fissure horizontale, à la surface d'un banc calcaire sous-jacent à la couche de marnes bleues. Environ 150 mètres au large de la falaise du Corps-de-Garde, à l'Ouest du Parc.

II. - Le 18 mars 1928, découverte d'une forte racine fossile, en place, incrustée dans une fissure horizontale du même banc calcaire que la précédente, à 44 mètres de la falaise, à l'Est du Corps-de-Garde à Luc

Ces deux échantillons sont en ce moment à la détermination chez un spécialiste et seront présentés ultérieurement à la Société Linnéenne.

3° Ossements quaternaires des limons du Corpsde-Garde de Luc.

Le 5 avril 1927, découverte d'un humérus droit de bovidé de très grande taille (le bloc mesurait 60 centimètres de long.), au contact du cailloutis bathonien, à la base des limons de remplissage du Vallon du Corpsde-Garde de Luc. L'extrémité supérieure de l'humérus


- 59 -

est à peu près entière et pourra être décrite; le reste est en petits fragments dans le bloc de limon et sera difficile à reconstituer.

Communications orales présentées par leurs auteurs respectifs :

P. BUGNON. - Notes de flore normande.

1. - Vicia bithynica L. - Une première localité aux environs de Caen fut signalée en 1925 (1). La plante a été retrouvée, le 10 juin dernier, à Gavrus, sur le talus herbeux du chemin de Gavrus à Baron, dans la portion de ce chemin qui contourne « le Val » ; elle se trouvait en société avec les Lathyrus Nissolia L. et L. Aphaca L.

2. - Carum Bulbocastanum Koch. - Cette espèce de l'Europe centrale et occidentale est rare dans l'Ouest de la France et très rare en Normandie. Signalée à Sommervieu (arrondissement de Bayeux) dans le Catalogue d'Hardouin, Renou et Le Clerc, elle n'est plus indiquée que dans quelques localités de l'Eure, dans la Flore de Corbière.

Je l'ai récoltée, les 23 et 28 juin, sn plusieurs points du plateau de la Folie, près Caen, sur la bordure nord du ravin du champ de tir, dans les moissons, aux endroits arides.

J'ai noté d'assez nombreux triakènes; l'existence de trois carpelles au lieu de deux est d'ailleurs un fait indiqué comme presque normal pour le genre Carum dans le Traité de tératologie de Penzig.

3. - Saponaria Vaccaria L. - Cette espèce, bien que rencontrée dans presque toute la France, dans les

(1) P. BUGNON et M. GUILLAUD, Trois Vesces adventices aux environs de Caen (Bull. Soc Linn. Normandie, 7e sér., t. VIII, p 54, 1925).


60

moissons des terrains calcaires ou argileux, est cependant rare en Normandie. Je l'ai trouvée, le 26 juin, en compagnie des trois suivantes, dans un terrain vague situé à proximité de la station de Frenouville-Cagny. Parmi les quelques localités indiquées pour le Calvados, Soliers est celle qui est la plus voisine.

4. - Plantago arenaria Waldstein et Kitaibel. - Cette espèce se rencontre en France dans les lieux sablonneux, surtout dans le Midi, le Centre et l'Ouest. Rare en Normandie, Deauville paraît être la seule localité antérieurement signalée (Gahéry) dans le Calvados.

5. - Bupleurum protractum Link et Hoffmansegg. - Comme l'espèce précédente, celle-ci n'a été signalée dans le Calvados qu'à Deauville (Gahéry). Rare en Normandie, elle est surtout bien représentée en France dans les moissons des terrains calcaires du Midi.

6. - Anethum graveolens L. - Autre espèce des moissons et cultures de la région méditerranéenne, quelquefois cultivée et subspontanée ailleurs; elle n'a pas encore été signalée en Normandie.

Les six espèces précédentes sont évidemment introduites ; leurs stations (moissons, terrains vagues aux abords des gares, dans une région de culture du lin) ne permettent aucun doute à ce sujet. Il est néanmoins intéressant de suivre leur apparition, leurs progrès ou leur disparition dans une région donnée.

7. - Monotropa Hypopitys L. - Deux nouvelles localités de cette espèce pour les environs de Caen : bois de Mouen et de Gavrus (juin 1928).

8.-Monotropa Hypophagos Dumortier. - P. Senay (1), en signalant sa présence dans un bois de pins des dunes

(1) P. SENAY, Monotropa Hypophagos Dumort. (Bull. mens. Soc. Linn. Seine-maritime, 11e année, n° 12 bis, déc. 1924).


- 61 -

de Merville, a résumé dernièrement les données acquises sur la distribution de cette plante en Normandie. Le 26 juin dernier, dans quelques-uns des bois de pins plantés entre Frenouville et Chicheboville, je l'ai trouvée en cercles nombreux de riombreux individus, à l'exclusion de l'espèce voisine. Le Dr A. Moutier en a récolté également dans des bois analogues aux environs de la station de Moult-Argences. La plante paraît donc devenir commune dans les bois de pins de notre région.

Raymond POISSON- - Notes fauniques.

1e Pulvinaria vitis L. (= betulae L.) (HémiptèreHomoptère Coccidae).

Les Coccides ou Cochenilles sont des Homoptères Stenorhynches dont les femelles aptères conservent toujours un aspect larvaire et qui sécrètent des substances variées telles que soie, cire, laque, miellat. Beaucoup de ces Insectes sont des parasites de nos plantes cultivées; c'est le cas, en particulier, de Pulvinaria vitish., la Cochenille rouge de la vigne, dont les exemplaires qui font l'objet de cette présentation ont été recueillis par notre Collègue, M. Langevin, à Caen, sur une vigne de serre.

La femelle adulte de P. vitis se fixe à un sarment, reste immobile, puis émet une sécrétion cireuse, constituant un ovisac; celui-ci est d'un blanc pur et en forme de coussinet d'aspect cotonneux. La Cochenille repose à la surface de l'extrémité antérieure de l'ovisac; la face dorsale de l'insecte demeure donc nue. La ponte s'effectue dans l'ovisac au début de juin; à l'éclosion les larves émigrent sur les feuilles de la vigne en se cantonnant de préférence le long des nervures et sur la face supérieure du pétiole.


- 62 -

Les larves mâles sont petites et allongées ; les larves femelles sont plus grosses et circulaires.

Les mâles adultes sont de petite taille et possèdent une paire d'ailes; mais, ainsi que chez la plupart des mâles adultes de Coccides, l'absence de rostre et l'atrophie du tube digestif font qu'ils ne peuvent s'alimenter. Ces mâles parviennent à maturité sexuelle en octobre; ils fécondent les femelles, puis meurent peu après. Les femelles fécondées passent l'hiver fixées aux sarments et se modifient graduellement, tout en s'accroissant, par atrophie des pattes et des antennes et disparition partielle de la segmentation du corps. La Cochenille prend alors l'aspect d'une carapace largement adhérente au support.

P. vitis n'est pas strictement ampélophage; elle aurait, en effet, été observée sur le groseillier, le pêcher, le bouleau, le charme, le peuplier, le hêtre, (P. Vayssière 1926, P. Grasse 1927). Mais, cette polyphagie n'est peut-être pas aussi accusée qu'on pourrait être tenté de le croire puisque la présence sur Fagus de P. vitis n'a été certainement constatée que d'Autriche (P. Vayssière). Toutefois, contrairement à l'opinion des anciens auteurs, la Pulvinaire du bouleau {P. belulae L.) et celle de la vigne {P. vitis) constituent une seule et même espèce; de même, P. ribesiae Sign. des groseilliers ne représente qu'une simple variété de P. vitis L. (W. E. Collinge 1911) (I).

P. vitis est connue de toute l'Europe viticole et des Etats-Unis d'Amérique (2). Dans l'Europe septentrionale

(1) Journ. Ècon. Biol, t. VI, p. 4.

(2) Pour s'en débarrasser, écorcer et badigeonner avec la bouillie suivante : chaux vive 20 kgr., huile lourde 5 kgr., eau 75 1. ; à la chaux éteinte on ajoute l'huile lourde et on remue le mélange. On peut étendre ensuite d'eau la masse jusqu'à 100 1. (in Grassé).


- 63 -

on l'observe surtout sur les vignes cultivées en serre (Lindinger 1912);

2° Cixius venustulus (Germ.) (Hémiptère-Hompptère Fulgoridae).

Ce Fulgoride est une espèce surtout méridionale de France et d'Italie (Oshanin 1907). Toutefois, sa présence a été signalée sur le littoral maritime de la Loire-Inférieure, « à Pornic, en juin, dans les herbes », par A. Dominique (1902). De mon côté, j'ai capturé C. venustulus, en 1926, dans les mêmes conditions que A. Dominique, sur les côtes de la baie du Mont Saint-Michel (Ille-et-Vilaine, Manche), et aussi sur les côtes du Calvados à Colleville-sur-Orne et Ouistreham (A. et R. Poisson 1927), mais toujours jusqu'ici à l'état d'individus isolés. Or, au cours de la récente excursion de la Société Linnéenne à Barneville-Garteret (Manche), j'ai recueilli C. venustulus en abondance sur les plantes basses herbacées des dunes ; je l'ai aussi capturé sous des pierres dans les vases salées de Barneville, en compagnie de Crustacés [Orchestia gamarellus (Pallas) et mediterranea Costa (Amphipodes) (1), Sphéromiens (Isopodes)], et de Mollusques [Hydrobia (Peringia) ulvae (Pennant), jeunes individus de Littorina radis Maton., entraînés là, accidentellement, par le flot] (2). Cixius venustulus apparaît donc comme étant une de ces espèces méridionales qui, affectionnant le littoral maritime, a été susceptible, en suivant ce littoral, d'une certaine extension septentrionale. Sa limite nord actuelle semble être le département du Calvados- L'espèce est à rechercher en mai et en juin, sur les plantes basses des dunes;

(1) Détermination M.-L. Leroux-Legueux(2)

Leroux-Legueux(2) noter que, sous ces pierres, le Fulgoride semble se nourrir aux dépens des racines de l'Armeria maritima Willd., Plombaginée abondante dans les vases.


- 64 -

3e Xenylla subwelchi Denis (Aptérygote Collembole).

J'ai signalé, l'an dernier, la capture de ce Podure dans le jardin botanique de Caen en faisant remarquer qu'il n'était alors connu que de Monaco. Cette année encore, à la même époque et dans les mêmes conditions, X. subwelchi est à nouveau apparu en grand nombre dans le quartier réservé aux semis. Il est vraisemblable que ce Collembole vit dans le terreau, d'où il émigré en mai-juin pour constituer sur les pièces d'eau des amas grégaires dont la recherche des sexes doit être un des principaux déterminants.

Quoiqu'il en soit, cette année également, j'ai observé l'espèce sur un petit ruisseau, au voisinage d'un jardin, dans les dunes de Carteret (Manche). Il est bien probable que X. subwelchi est largement répandu en Normandie.

BIBLIOGRAPHIE

1902. DOMINIQUE (Abbé A.). - Catalogue des Hémiptères de la Loire-Inférieure (2e éd.). Bull. Soc. sc. nat. de l'ouest de la France, 2e sér., t. II.

1927. GRASSE (P.). - Les Cochenilles de la vigne. Progrès agricole et viticole, pp. 1-7, Montpellier.

1912. LINDINGER (L.). - Die Schildläuse Europas, Nordafrikas, etc., in-8, Stuggart.

1927. POISSON (A. et R.). - Contribution à l'étude des Hémiptères-Homoptères de Normandie. Bull. Soc. Linn. Norm., 7e sér., t. IX, pp. 131-145.

1927. POISSON (R.). - Xenylla subwelchi Denis, Insecte aptérygote de l'ordre des Collemboles, nouveau pour la faune normande, Bull. Soc. Linn. Norm., 7e sér., t. X, pp. 60-61.

1926. VAYSSIÈRE (P.). - Contribution à l'étude biologique et systématique des Coccidae. Thèse, Paris, Ann. des Epiphyties, t. XI, pp. 197-382.


- B5 -

G MAZETIER. - Helix arbnstorum. L. dans le Calvados.

Dans son Manuel pour servira l'étude des Mollusques du Maine et de la Basse-Normandie, 1924, p. 100, l'abbé Letacq fait remarquer que l'Helix arbuslorum, L. est une espèce des montagnes encore assez répandue dans le N. et l'E. de la France, mais très rare dans nos contrées de lOuest. Il ajoute qu'on devra surtout la chercher dans les parties de l'Orne et du Calvados limitrophes de l'Eure : sa présence y paraît probable puisqu'on la trouve assez fréquemment en HauteNormandie et aux environs de Paris.

En ce qui concerne le Calvados, les prévisions de l'abbé Letacq viennent de se réaliser. En effet, lors d'une récente excursion entomologique à Crèvecoeur, localité non limitrophe mais se rapprochant de l'Eure, j'ai recueilli, au haut de la côte de Saint-Pair-du-Mont, un exemplaire d'Hélix arbustorum tombé- dans mon filet fauchoir ; puis un second individu dans le chemin couvert conduisant au champ de tirL'habitat

tirL'habitat l'espèce est bien celui indiqué par l'abbé Letacq : voisinage des eaux, marais, sur les arbustes et les tiges des plantes aquatiques.

OEufs de coq. - M. l'abbé GABRIEL présente deux « oeufs de coq «récemment pondus par une poule âgée, à la fin d'une période de ponte.


- 66 -

BIBLIOGRAPHIE

Le Comité des plantes médicinales et à essences vient de publier la 7e série de 8 fiches en couleurs des plantes médicinales de France, comprenant : bardane, bigaradier, lavande vraie, guimauve, datura, mélisse, marronnier, mousse de chêne.

A la portée de tous par leur prix très modique (2 fr. 50 la série), ces fiches présentent au recto une image coloriée de la plante et au verso un texte suffisamment détaillé rappelant les caractères botaniques de l'espèce représentée, le mode de récolte, la préparation pour la vente et les usages.

En vente à l'Office national des Matières premières, 12, avenue du Maine, Paris.


8* SÉRIE, t.1 N° 7 ANNÉE 1928

BULLETIN MENSUEL

DE LA

Société Linnéenne de Normandie

FONDÉE EN 1823 et reconnue d'utilité publique par décret du 22 Avril 1863

Adresser la correspondance au Secrétaire : M. A. BIGOT,

Faculté des Sciences de Caen

Faire les envois de fonds au Trésorier : M. G. MAZETIER,

9, rue de Bras, à Caen, C/C S.546, Bureau de Rouen

PRIX DU NUMÉRO : I FR. 50

SÉANCE DU 5 NOVEMBRE 1928

Présidence de M. le Dr A MOUTIER, Ancien Président

La séance est ouverte à 17 heures et levée à 18 heures.

Y assistent : MM. AUDIGÉ, BIGOT, BUGNON, GUILLAUD, Mlle JENN, MM. LANGEVIN, LEMÉE, Mme LE ROUX, MM. MAZETIER, J. MERCIER, L MERCIER, Dr A. MOUTIER, POISSON, PORTE, Abbé TOLMIIR.

Le procès-verbal de la séance du 2 juillet 1928 est lu et adopté.

Correspondance. - Notre Confrère, M. G. MARIE, de Vauxsur-Aure, décrit l'état assez lamentable des collections d'histoire naturelle du Jardin des Plantes de la Ville de Bayeux. Il se propose d'établir un catalogue de l'herbier, comprenant 38 cartons, et en demande l'insertion par courts fragments dans les procès-verbaux des séances. La Commission d'impression sera saisie de cette demande.


- 68 -

Distinction honorifique. - Notre confrère, M. AUBERT, conservateur des Eaux et Forêts à Alençon, a été nommé chevalier de la Légion d'honneur (Ministère de l'Agriculture). Le Président se fait l'interprète de la Société pour lui présenter les plus chaleureuses félicitations

Présentations. - M. Pierre HENRV, ingénieur des Mines, 28, rue de Geôle, à Caen, est présenté par MM. A. Bigot et le Dr J. Hommey pour devenir membre résidant.

M. TOUCHET, négociant en bois à Mortagne, est présenté par MM. Turpin et Vialet pour devenir membre correspondant.

Admission. - M. Pierre LE CANNELLIER est admis comme membre correspondant.

Dons à la Bibliothèque. - De la part des auteurs :

A. BIGOT : Excursions géologiques de la Société géologique et minéralogique de Bretagne en Basse-Normandie, 1926 et 1928 (Extrait du Bulletin de la Société géologique et minéralogique de Bretagne, t. VII, fascicule spécial, 1928).

Dr F. GIDON : Deux thèses de Caen sur la méthode de Bernard de Jussieu (1747 et 1778) (Extrait du Bulletin de la Société française d'Histoire de la Médécine, t. XXII, nos 5-6, 1928).

L. TOLMER : Folk-lore et biologie. OEufs de coq et basilic. Bayeux, 1928.

P. FRÉMY et R. MESLIN : Trois Oscillariées nouvelles pour la flore française (Extrait des Archives de Botanique, t. II, Bull. mens. n° 5, mai 1928).

R. MESLIN : Recherches sur les Myxomycètes au cours des dernières années (1925-1927) (Extrait des Archives de Botanique, t. I, Bull. mens. n° 11, nov 1927).

R. MESLIN : Tétraspores chez les Némalionales (Extrait des Archives de Botanique, t. II, Bull. mens. n° 2, fév. 1928).

R. MESLIN : Epipactis dunensis Godf. on the french coast (Extrait de The Journal of Botany, t. LXVI, août 1928, pl. 586)

P. FRÉMY : Myxophycées récoltées aux îles Chausey au cours de l'excursion du laboratoire maritime de Saint-Servan du 25 août 1928 (Extrait ;du Bulletin du Muséum National d'Histoire naturelle, 1928).


- 69 -

R. POTIER DE LA VARDE et P. FRÉMY : Sur deux Mousses rares observées aux environs de Saint-Lô (Extrait des Notices, Mémoires et Documents publiés par la Société d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire naturelle du département de la Manche, 40° vol., 1928).

Dépôt de Travaux -Louis GALLIEN, Etude de deux Mollusques Opisthobranches d'eau saumâtre.

COMMUNICATIONS

Communications écrites présentées ; respectivement par le Vice-Secrétaire, le Secrétaire et M. Mazetier :

Abbé P FRÉMY. - Sur la présence, en Normandie, de Fissidens Julianus (Sav.) Scnimp.

Jusqu'à ces derniers temps, Fissidens Jutianus était inconnu en Normandie Je crois être le premier à l'y avoir trouvé en place. En effet, le 12 juillet 1925, j'ai récolté abondamment cette Mousse, dans la Vire, sur les pierres, au fond du déversoir du Maupas, près dé Saint-Lô Depuis, soit seul, soit en compagnie d'autres botanistes, je l'ai retrouvée en grande quantité dans presque tous les rapides de cette rivière, depuis Fervaches jusqu'au Porribet. Les circonstances ne m'ont pas permis de visiter d'autres points ; mais ces faits permettent de supposer que Fissidens Julianus se rencontre également dans tous les cours d'eau de quelque importance du bassin de la Vire, et aussi dans tous ceux de Normandie et sans doute du Nord de la France où se trouvent réalisées les trois conditions suivantes : fond pierreux (au moins de place en place), présence de courants, quantité d'eau telle qu'en été la plante soit encore immergée;


- 70 -

Fissidens Julianus est assez abondant en Bretagne. Il s'y trouve surtout dans les fontaines, à une profondeur d'au moins 30 cm. Il possède alors des tiges assez souvent longues de 10-15 cm. Les échantillons de la Vire ont rarement plus de 5 cm. de long. Je n'y ai jamais observé d'organes reproducteurs.

Nouvelle rectification. - Nous croyons devoir signaler que l'Eldmostethus interstinctus L. que nous pensions avoir été pris à Bellême et à la Noë-de-Gesne (V. B. S. L. N., 7° sér., 10e vol., 1927, p. 67*), appartient en réalité à l'espèce E. minor Horvath (déterminations revues et confirmées par M. le Dr Royer) ; mais M. Dalibert a trouvé tout récemment un exemplaire c? typique d'Elamosthetus interstinctus L. (dét confirmée par M. le Dr Royer) dans le bois de Saint-Léger-sur-Sarthe (Orne) Elminor Horvath ne semble pas avoir été encore signalé dans nos régions; il est extrêmement voisin d'interstinctus L., et l'on pourra consulter, pour leur distinction, l'article de M. le Dr Royer in Bulletin de la Société entomologique de France, 1905, p. 287 (figures).

M. DALIBERT et G. LAISNÉ.

M. ANTOINE. - Notes entomologiques.

VIII (1)- - Sur quelques carabiques (im. coleopt.) du Calvados et de l'Orne

Les quelques insectes dont il est question ici ont été capturés pendant les grandes vacances 1927.

(1) Notes I à V in Bull. Soc. Linn. Nord de la France, années 1914 18-14; notes VI-VII in Bull. Soc, Linn. de Norm,, 7e sér., t. IV, 1921.


- 71 -

SCYBALICUS OBLONGIUSCULUS Dej - J'ai déjà montré dans ce Bulletin (7e sér., XIV, 1921), l'extension remarquable de cet insecte, pendant ces deux dernières décades, aux environs de Caen où il était considéré comme fort rare ; j'en ai pris un nouvel exemplaire, en août, entre Fresnay-le-Puceuxet Fontenay-le-Marmion, courant au matin sur la route. D'autre part, nos collègues, MM. Poisson et Mazetier, en ont capturé plusieurs aux Mont-d'Eraines, et ceci est encore plus intéressant, car, non seulement cette nouvelle capture étend notablement son aire dé dispersion, mais elle montre qu'il commence à s'écarter assez loin du voisinage de l'Orne au cours duquel il semblait jusqu'à présent presque inféodé. Enfin, il importe de remarquer que, dans cette dernière localité, il se rencontre en même temps que Licinus punctatulus F., lui aussi en voie d'extension dans le Calvados, et j'ai déjà signalé les liens curieux encore qu'obscurs semblant rapprocher ces deux insectes et qui trouvent là une nouvelle confirmation.

PTEROSTICHUS (Bothriopterus) ANGUSTATUS Duft. - Celui-ci paraît être aussi une espèce en voie d'extension. C'est une forme forestière essentiellement orientale et boréale que l'on rencontre communément dans toute l'Europe centrale et septentrionale jusqu'au Caucase et même en Sibérie. Elle manque complètement dans les péninsules méditerranéennes : Grèce, Italie, Espagne. A l'époque de Dejean, elle était encore inconnue en France, et il n'y a pas très longtemps, on ne l'y connaissait que des Vosges (Bourgeois puis Scherdlin) où sa présence est très normale, du Massif central (Bruyant et Eusebis, et plus récemment Benoît, Dauphin, etc.) et du Massif armoricain.

En 1881, Bedel publie le premier volume de sa faune du Bassin de la Seine et il n'y figure pas. Ce n'est guère


- 72 -

qu'à partir de 1900 qu'on commence à le signaler de nos régions :

Dans la Haute-Marne : Rolampont (Peschet) 1.

Dans l'Aube : bois de Vendoeuvres, Bligny (Gruardet), forêt de Rumilly (Doublet, Antoine, Lerat).

Dans la Côte-d'Or : Montbard (Gruardet;-

Dans la Seine-et-Marne : Fontainebleau (Gruardet, Tressens, Joffre).

Dans la Seine-et-Oise : Rambouillet (Tressens 1923).

A ce moment il est, si on peut dire, aux portes de la Normandie. Aussi est-ce avec un véritable intérêt que j'en ai capturé une trentaine d'individus en plusieurs points de la forêt d'Andaine.

Toutefois il est intéressant de constater que cette capture ne se lie aucunement au mouvement d'extension vers l'ouest que semblent exprimer les localités énumérées plus haut mais bien plutôt au contraire à une colonisation vers l'est de l'îlot antérieurement établi dans le Massif armoricain dont la forêt d'Andaine dépend nettement. Je suis absolument convaincu qu'il suffira de quelques recherches bien conduites pour le retrouver en Ecouves et en Perseigne où il doit exister déjà.

La rareté relative de cet insecte chez nous tient à ce fait que, dans toute cette partie extrême occidentale de son aire de répartition, il a un habitat extrêmement particulier que j'ai déjà signalé ici même (loc. cit.) et que je ne suis d'ailleurs pas seul à avoir remarqué. Il affectionne, en effet, les sols riches en charbon de bois et peut devenir subitement abondant après les incendies de forêts dans toute la région dévastée. Quand, la végétation reprenant le dessus, le charbon disparaît sous l'humus, l'insecte semble disparaître aussi.


- 73 -

En Normandie, les incendies de forêt sont heureusement peu fréquents, mais il trouve exactement les mêmes conditions d'existence sur les ronds de charbonnages qui ne sont pas rares en Andaine et c'est là uniquement que je l'ai rencontré, comme d'ailleurs dans l'Aube, douze ans auparavant. Il s'y trouve, abrité sous les morceaux de bois, les débris divers (vieux sacs, ferraille, etc.) laissés par les charbonniers, au pied des touffes de mousse ou enterré peu profondément dans la terre charbonneuse. Mais encore faut-il que ces ronds ne soient ni trop récents ni trop vieux. Trop vieux, la végétation (graminées, chardons) a tout envahi et cache le sol; trop récents, la colonisation n'a pas eu le temps de se faire, et la nourriture manque. Les meilleurs sont ceux d'un an environ. Ils ont passé un hiver et sont alors couverts partiellement d'un fin tapis de mousses (Funaria hygrometrica) et d'hépatiques qui doit probablement abriter les petites bestioles dont lui ou sa larve se nourrissent.

Cette observation s'accorde assez bien avec celle de Dauphin (1) qui déclare que " l'insecte se trouve toujours à la limite des parties incendiées et jamais en contact avec les cendres et le bois carbonisé ». M. Dauphin a sans doute chassé peu de temps relativement après les incendies Toutefois je serai moins catégorique que lui, car il m'est arrivé de rencontrer à Rumilly (Aube) le Pterostichus abrité sous des morceaux ronds de charbon pur, sur un rond récent (3 à 4 mois au plus). D'ailleurs, les ronds de charbonnage, contrairement aux incendies naturels, ne présentent jamais de cendres et peut-être est-ce là la raison de l'exclusive signalée si catégoriquement par cet auteur.

(1) Miscellanea entomologica, XXVII, p. 65, mars 1914.


- 74 -

Dans tous les bois de nos régions on rencontre aussi très communément le Bolhrioptrrus obtongopunctatus F. ; mais, contrairement à son congénère, il ne semble pas affectionner les endroits charbonneux encore que je l'y ai rencontré plusieurs fois. Les deux espèces sont d'ailleurs fort voisines, ayant à peu près la même répartition géographique, et également forestières. C'est un assez bel exemple d'espèces géminées comme nous en possédons quelques cas dans nos régions (Panagoeus crux-major L. et bipustulatus F.; Badister unipustulatus Bon. et bipustulatus F., etc.). Les deux espèces se distinguent assez facilement grâce aux caractères suivants :

B. obtongopunctatus : Plus grand, 9-12 mm. 5, noir avec un reflet métallique bronzé ou verdâtre très net ; Prothorax plus long à côtés peu arqués, à base rectiligne, troisième interstrie muni de 5 à 6 pores ombiliqués (rarement 4). Tibia franchement roux.

B. angustatus : Plus petit (7 1/2-10 1/2) noir sans reflet métallique sensible. Prothorax plus court à côtés fortement arqués, à base obliquement redressée de chaque côté, troisième interstrie muni de 3e pores ombiliqués (rarement 4). Tibias noirs ou brun de poix foncé.

C'est dans la partie de la forêt d'Andaine voisine de la Ferté-Macé que j'ai capture mes exemplaires, les deux tiers aux environs de l'étang de la Forge et l'autre tiers tout près de Saint-Michel-des-Andaines. Le mauvais temps persistant m'a empêché d'étendre plus loin mes recherches.

En même temps j'ai recueilli un certain nombre d'individus du Poecilus coerulescens dont deux très sombres presque noirs. Je ne pense pas qu'il y ait un rapprochement à faire entre cette teinte sombre et


- 75 -

l'habitat Toutefois la chose est à signaler surtout étant donné la grande rareté en Normandie des formas mélanisantes de cette espèce.

Parmi mes autres captures en forêt d'Andaine, ie signalerai seulement :

Bimbidium Doris Panz.

- callosum Kust. Stenolophus skrimshireanus Steph. Pterostichus niger Schall Poecilus dimidiatus bl.

Communications orales présentées par leurs auteurs respectifs :

Méduses bajociennes. - M. PORTE présente plusieurs exemplaires d'un fossile recueilli au sommet de l'Oolithe ferrugineuse bajocienne de Sainte-Honorinedes-Pertes et dont M. Bigot a de son côté recueilli plusieurs échantillons.

M. Bigot fait connaître qu'il a signalé à l'Académie des Sciences (Séance du 5 novembre 1928) l'existence de ces organismes, rapportés par lui à des Méduses.

Les échantillons recueillis par MM. Bigot et Porte feront l'objet d'une note en commun de nos deux confrères.

Echouage de Calmars sur les côtes du Calvados. - M. Bigot signale que des Calmars se seraient échoués en grand nombre sur le littoral du Calvados.

M. Porte confirme cette information. Au mois de mars 1928, il a été témoin, à Grandcamp, de l'échouage de ces Calmars, qui ont été recueillis aussi en quantité considérable à Port-en-Bessin. D'après M Porte, ces Calmars seraient différents du Loligo vuiguris et il a cru


- 76 -

reconnaître l'Encornet de Terre-Neuve, dont, par ailleurs, on a signalé la rareté cette année autour de cette île.

D'après M. L. Mercier, cet échouage n'aurait pas été constaté dans la région de Luc-sur-Mer.

Jean MERCIER. - Notes échinologiques. III.

Cotteau (1) a maintenu dans la classification le genre Polycyphus créé par Agassiz en le réduisant à un très petit nombre d'espèces. Trois de celles-ci existent dans le Bathonien. L'une, commune, est P. Normannus Desor. Les deux autres, beaucoup plus rares, sont P Jauberti Cotteau et P corallinus Cotteau. Aucun catalogue des Echinides de la Normandie et de la Sarthe ne mentionne ces deux espèces.

J'ai recueilli dans le Bradfordien du Calvados les trois espèces ensemble.

P. Jauberti très reconnaissable à ses deux rangées de tubercules ambulacraires bordant directement les zones porifères et à ses tubercules interambulacraires disposés sans ordre et espacés, est assez fréquent dans la Pierre blanche de Langrune (Bradfordien sup ) entre Luc et Lion-sur-Mer. La plupart des échantillons ont conservé leur appareil apical, étroit, avec plaques génitales inégales, portant 2-3 granules sur le bord interne. Le pore génital esta quelque distance du bord. La madréporique est plus grande et plus bombée que les autres génitales, perforée seulement sur sa moitié interne. Ocellaires petites, intercalées dans l'angle des génitales.

(1) Pal. française. Echinides réguliers. Terr. jur., t, X, 2e partie, pp. 772-783. PI: 479-481.


- 77 -

Cette espèce existe dans les collections du Laboratoire de Géologie de Caen et dans la collection Mazetier.

P. corallinus diffère de P. Normannus par ses tubercules ambulacraires qui forment deux rangées parfaitement régulières sur le bord des zones porifères, avec quelques tubercules intercalés entre ces deux rangées à l'ambitus.

Cette espèce attribuée à tort au « Corallien » doit conserver le nom que Cotteau lui a donné bien qu'elle ne provienne pas de ce niveau.

P. corallinus paraît être très rare, je n'ai recueilli qu'un seul échantillon de cette espèce dans la caillasse bradfordienne de l'une des carrières de Ranville. Je n'en connais qu'un échantillon dans les collections locales (collection Porte).

Abbé L. TOLMER. - Notes sur la faune marine de la région de Luc-sur-Mer. Juillet-Septembre 1928

Le beau temps continu qui a favorisé l'été de 1928 nous a permis de poursuivre nos recherches sur la faune marine de la région de Lrfc-sur-Mer.

Nous apportons cette année encore, comme nous l'avons fait le 7 novembre 1927, une vue d'ensemble sur les animaux que nous avons recueillis sur nos côtes Nous nous contentons de donner aujourd'hui un aperçu général, quitte à revenir dans des communications échelonnées au cours des prochaines séances, sur des espèces qui ont plus particulièrement retenu notre attention

Disons tout d'abord que nous avons étendu le rayon de nos observations à la vaste zone encore assez peu explorée de la baie de l'Orne. Les quelques dragages


- 78 -

qui y ont été effectués nous ont révélé la présence d'espèces intéressantes.

La région classique des rochers de Luc à Courseulles a été fouillée comme d'usage, et non sans fruit. A côté des formes habituelles, nous avons encore eu la bonne fortune d'y trouver un certain nombre de types intéressants dont quelques-uns sont rares ou nouveaux pour la région.

Le Quihot a changé d'aspect. Quand la mer commence à baisser, ce n'est plus la région N.-O. de ce rocher qui découvre en premier lieu, mais un banc de sable situé au centre Cet amas d'apport récent a été fouillé méthodiquement, il est encore complètement azoïque. Par contre la moulière se repeuple.

COELENTÉRÉS Une pêche au filet fin au large de la

bouée d'Ouistreham a permis de recueillir une grande quantité de Beroe ovatus Brug.

ECHINODERMES. - Les fonds de Courseulles ont fourni un grand nombre d'Ophiothrix fragilis Abild , de Solaster papposus Linck. dont l'un avait un bras bifide, une dizaine de Anseropoda membranacea Linck. vivants; jusqu'ici cette belle espèce était réputée comme assez rare.

VERS. - Nous avons retiré d'un dragage fait au large de Bernières un Pontobdella muricata L. avec sa ponte si caractéristique, et une Némerte du genre Carinella.

CRUSTACÉS. - Signalons la capture au large de Ouistreham d'une grosse Caprelle en masses si abondantes que la drague en était couverte. Cet Amphipode, aimablement déterminé par Mme Leroux-Legueux, se rapporte à l'espèce Phtisia marina Stabber.

Une seule Sacculine a été observée sur une Pisa, et deux Pleurocrypta sur un Galathaea.


- 79 -

L'étude des Paguridae de la région a été entreprise. Elle nous permettra d'identifier un certain nombre de types, et de faire à leur sujet quelques observations biologiques.

MOLLUSQUES. - Pélécypodes. - Nous avons recueilli Anomia patelliformis L. sur une coquille d'huître ramenée par la drague. L'examen de nombreux Pectinidae, dont nous avons observé les divers modes de fixation, nous a permis, à côté des Pecten opercularis L. et P. varius L., d'identifier un individu de P pusio L. qui n'avait pas encore été signalé sur nos côtes. Nous avons eu la bonne fortune d'isoler d'un dragage le curieux Sphenia Binghami Turton, qui existe en alcool dans la collection de Luc, et que Brasil (1900) n'avait jamais recueilli vivant ou mort.

Nous avons pu également reconnaître que les concrétions calcaires formant des saillies sur certaines coquilles ou certains galets des fonds rocheux, ramenés par la drague, étaient produites par le Mollusque perforant Gastrochaena dubia Pennant. Ce fait connu, observé pour la première fois sur nos côtes, fera l'objet d'une note séparée.

Gastéropodes. - Le groupe des Opisthobranches vient s'enrichir de plusieurs espèces nouvelles pour la région. Nous avons, en effet, trouvé deux individus de Doris subquadrata Aid et Han-, deux d'Eolis picta Aid. et Han-, et un Antiopa cristata della Chiaje. Ces intéressants mollusques seront décrits dans une communication ultérieure. Nous avons également trouvé un certain nombre de Philine aperta L. dans les fonds sableux.

Parmi les Prosobranches, signalons des Acmaea virginea Mûller vivants, Calliostoma granulatus Born.,


- 80 -

Velutina laevigata Pennant et un individu du très rare Lamellaria perspicua L.

CÉPHALOPODES.- Nous devons cette année encore constater la rareté de la pieuvre Octopus vulgaris L.

Il nous reste à dire un mot des Poissons Les Hippocampes sont absents cette année; par contre les Blennius ocellaris L. qui avaient il y a quelques années une réputation de rareté ont été recueillis en assez grand nombre dans les dragages des fonds rocheux.

Comme cet exposé permet de s'en rendre compte, l'étude d'une faune déterminée, même connue dans ses grandes lignes, est toujours fertile en découvertes, surtout si le chercheur, au lieu de se contenter de cataloguer des espèces, essaie de ramener ses observation aux grandes lois qui régissent les phénomènes biologiques.

Laboratoire de Luc-sur-Mer, 20 Septembre 1928.

L. MERCIER. - Diptères capturés au cours de l'excursion de Carteret-Barneville.

La Société Linnéenne de Normandie a tenu sa réunion annuelle à Barneville, le 3 juin 1928. Au cours des excursions faites dans la journée, j'ai eu l'occasion de capturer de nombreux Diptères que j'ai pu rapporter à quarante espècesParmi

espècesParmi espèces, il en est qui sont largement répandues; telles sont : Chloromyia formosa Scop., Thereva bipunctala Meig., Empis tessellata Fabr., Chrysopitus atratus Fabr., Syrphus corollae Fabr., Phaonia erratica Fall., Acroptena divisa Meig., Lispa tentaculata de G., L. pygmaea Fall., Sarcophaga setipennis Rnd., Scatophaga stercoraria L-, S. merdaria Fabr.. Tricopalpus punctipes Meig., Sapromyza fasciala Fall.


- 81 -

Mais, en plus de ces espèces ubiquistes, j'en ai recueilli d'autres qui sont plus spécialement localisées le long du littoral des mers.

L'excursion de la: matinée m'a donné l'occasion de chasser, à Carteret, dans les dunes qui bordent la mer, à droite de l'entrée du port, et le long d'un ruisselet qui prend naissance au pied des dunes, du côté opposé à la mer.

Les dunes m'ont donné les espèces caractéristiques suivantes : Tetanops myopina Fall , OEdoparea buccata Fall., Ochlhiphila maritima Zett., Medetera petrophiloïdes Par et Coelopa frigida Fall. Parmi ces espèces, Tetanops myopina{Ortalinae) mérite de retenir l'attention.

A ma connaissance, ce Diptère n'a été, jusqu'à pré- - sent, capturé en France qu'une seule fois, par le Dr Van Oye, aux environs de Dunkerque (communication de M. le Dr Villeneuve!)

Le long du ruisselet prenant sa source au pied des dunes, j'ai recueilli un certain nombre d'espèces de Dolichopodidae, d'Ephydridae et un exemplaire de Lucilia bufonivora Mon.

Les Dolichopodidae sont : Dolychopus ungulatus L.. D. excisas Lw., Hydrophorus proecox Lehm , Campsicnemus curvipes Fall., Xantochlorus ornalus Hal. C'est la première fois que je capture, en Normandie Xantochlorus ornatus {Campsicneminae). Cette espèce est connue de toute l'Europe et des îles CanariesEphydridae.

CanariesEphydridae. Je n'ai capturé aucune espèce de cette famille qui soit nouvelle pour ma collection. J'ai identifié : Notiphila cinerea Fall., Pelina aenescens Stenh., Ephydra riparia Fall-, Scatella palludum Meig., S. stagnalis Fall., S. Stenhamari Zett., Napaea coarctata Fall., N. fossarum Hal., N. hecate Red.

L'exemplaire de Lucilia bufonivora que j'ai capturé est

VI


intéressant au point de vue de la question des « espèces jointives » (voir L. Mercier. - Bull. Soc. Linn. de Normandie, 8e S., T. I, 1928, p. 10). En effet, il possède deux soies acrosticales postsuturales à droite et trois à gauche. Or, L. bufonivora type est caractérisé par deux paires de soies acrosticales postsuturales alors qu'il existe trois paires de ces soies chez L. silvarum Meig , espèce jointive. Le L. bufonivora capturé à Carteret met donc en évidence, d'une part, les rapports phylogénétiques qui existent entre ces deux espèces et, d'autre part, il montre que du côté chétotaxique l'évolution n'est pas encore terminée. L'identification de tels exemplaires n'est possible que par l'étude de l'armature génitale mâle.

Après le déjeuner et la réunion annuelle, les vases salées de Barneville reçurent la visite des Linnéens. J'ai eu ainsi l'occasion, en plus d'espèces capturées au cours de la matinée (Medelera petrophiloïdes Par., Ephydra riparia Fall. et Pelina aenescens Stenh.) de reprendre un certain nombre de formes déjà recueillies dans les vases salées de Sallenelles (Calvados) et qui sont caractéristiques de ces stations très spéciales. Ce sont : des Dolichopodidae : Dolichopus clavipes Hal., Thinophilus flavipalpis Zett., Hydrophorus bisetus Liv. ; des Anthomyides : Dexiopsis lacteipennis Zett., .Limnophora marina Coll. ; et enfin Scatophaga litorea Fall.

En résumé, j'ai recueilli au cours de l'excursion de Barneville-Carteret un certain nombre d'espèces caractéristiques des dunes et des vases salées; en plus, je peux ajouter une forme nouvelle à la liste des espèces qui vivent sur notre littoral normand, c'est Tetanops myopina Fall.


83

G. MAZETIER. - Captures de Coléoptères rares ou paraissant nouveaux pour le Calvados ou pour la Normandie (1).

CARABIDAE. - SPHODRINI. - Laemosthenus complanatus Dej. - En août dernier, capturé deux exemplaires à Caen, rue de Bras, sous des pots à fleurs dans une courette. Cette espèce avait été recueillie, il y a plusieurs années, par M. Antoine, à la décharge publique, entrée de la prairie de Caen, où nous l'avions également prise. Sphodrus leucophthalmus L. -Un exemplaire pris par M. Langevin, en octobre dernier, dans la cave de son habitation, à Caen.

DYTICULE - Dyticus circumftexus F. - En juillet dernier, capturé un exemplaire Q dans une, petite mare, sous le pont du chemin de fer séparant la prairie de Caen de celle de Louvigny. Rhanlus Grapi Gyll. Hydaticus cinereus L.

Ces deux espèces recueillies dans les fossés des marais de Troarn, en juin.

SILPHIDAE. - Catops (Plomaphagus) umbrinus ErCapturé à Caen, dans un nid de rat, par M. Langevin.

ANISOTOMIDAE. - Anisotoma axillaris Gyll. - Pris par M. Antoine dans la forêt d'Andaine (Orne) en août.

(1) V. précédente liste, p. 41 de ce Bulletin, procès-verbaux des séances.


- 84 -

PHALACRIDAE. - Stilbus oblongus Er. - Baron, Biévillesur-Orne, forêt de Cinglais, en août, septembre et octobre.

CRYPTOPHAGIDJE. - Telmatophilus brevicollis Aubé. - Blainville-sur-Orne, en mars et mai.

SCARABAEIDAE. - Trox sabulosus L. - Merville, sous une peau de lapin desséchée, en juin.

EUCNEMUDAE. - Throsçus obtusus Curtis. - Louvigny, près Caen, en février, pendant inondation.

CANTHARIDAE- - Malthinus balteatus Saff. - Caen, champs Saint-Gabriel, en juillet; forêt de Cinglais, en août.

CLERIDAE. - Clerus-allonyx-4-maculatus Schall- - Un exemplaire pris, en juillet, sous écorce de Pin, par M. R. Poisson, dans la bruyère de Baron. Un autre exemplaire avait été capturé précédemment par M. Antoine, à Lebisey, près Caen.

ANOBIIDAE. - Episernus gentilis Rosenb. - Les Monts d'Eraines, en juin.

SPHINDIDAE. - Sphindus dubius Gyll. - Recueilli dans la forêt d'Andaine (Orne) par M. Antoine, en août.

CISIDAE. - Octotemnus mandibularis Gyll. - Lebisey, près Caen, dans un bolet, en août.

TENEBRIONIDAE. - Diaperis boleti L. -- Capturé, en août, par M. R. Poisson, à Neuilly-le-Bisson, forêt de Bourse, près Alençon (Orne).

MORDELLIDAE. - Mordellislena abdominalis F. - Villy, près Falaise, en juin.

CURCULIONIDAE- - Sibinia potentillae Germ. - Carrières de Feuguerolles-sur-Orne, en mai.

SCOLYTIDAE. - Crypturguspusillus Gyll. - Forêt de Cerisy, un exemplaire capturé par M. Antoine.


- 85 -

CHRYSOMELIDAE. - Luperus pinicola Duft- - Blainvillesur

Blainvillesur ; bruyère de May-sur-Orne, en mai Chaetocnema subcoerulea Kutsch. - Forêt de

Cinglais, en août. Cassida pusilla Waltl.- Bruyère de Baron. Cassida azurea F. - Moult. Ces deux espèces

capturées par M. R. Poisson, en juillet et

août.

G MAZETIER. - Sphodrus leucophthalnms L.

Notre Collègue, M. Langevin, veut bien avoir l'amabilité de me donner les coléoptères qu'il a l'occasion de capturer, ce dont je lui suis très reconnaissant.

Tout récemment, il vient de recueillir, daus la cave de son habitation, à Caen, une espèce de Carabidae rare et même très rare pour la localité, d'après Fauvel.

C'est le Sphodrus leucophthalmus L, : espèce nocturne, se rencontrant, en général, dans les endroits sombres et humides, caves et celliers.

Cette espèce est répandue dans toute la faune européoméditerranéenne.

P. BUGNON. - Notes de mycologie normande pour 1928.

La sécheresse de l'été a pratiquement supprimé la poussée des champignons pendant cette période; seules, des espèces lignicoles ont pu être observées. Sous l'effet des pluies automnales, la végétation fongique a repris, mais apparemment très modifiée par la sécheresse antérieure ; c'est ainsi que, dans le bois de Mouen, en des points où l'Amanita rubescens abondait l'an dernier.


- 86 -

cette espèce faisait complètement défaut cette année, et que le Clitocybe aurantiaca, que je n'avais pas aperçu l'an dernier, était la seule espèce abondamment représentée en fin octobre cette année.

Un important incendie a détruit, vers là mi-septembre, les landes, bruyères et bois occupant la partie des bois de Baron comprise entre les deux ruisseaux qui se jettent dans l'Odon à 800 m en amont et à 200 m. en aval du Moulin de Cheux. Au début d'octobre, sur toute l'étendue brûlée, le Pyronema. confluens Tulasne était très abondamment représenté.

Au début de novembre, les talus des anciennes carrières de la Maladrerie étaient encore stériles.

Liste des principales espèces récoltées aux environs de Caen et non signalées dans mes listes antérieures (1)-

BASIDIOMYCÈTES

Lepiota excoriata Quélet- - Près : Feuguerolles (14 oct.); Mouen (21 oct.). PC. En société avec Agaricus campesterVolvaria

campesterVolvaria Gillet. - Balles de céréales pourrissantes : le type à Louvigny (4 nov.) ; la forme speciosa à Feuguerolles (14 oct.)- Quelques exemplaires seulement.

Agaricus xanthodermus Gehevier. - Bois : parc du château de Maltot (4 nov.)- AC.

Stropharia coronilla Quélet. - Chaumes : Caen (oct.). CPholiota

CPholiota Gillet.. - Souches de peupliers : Louvigny (1er avril). Abondant.

(1) P. BUGNON, Contribution à la flore nrycologique normande Bull Soc. Linn. Norm., 7e sér., t. X, p. 49-82, 1927).


- 87 -

Marasmius oreades Fries. - Prés : Feuguerolles (14 oct.) ;

Mouen (21 oct). PC. Pleurotus cornucopiae Gillet. - Vieille souche : Moult

(4 août). Lentinus tigrinus Fries. - Vieille souche : Mouen

(21 oct.). Crepidotus mollis Quélet. - Souches de peupliers : Louvigny (ler avril). Polyporus giganteus Fries. - Vieilles souches de chênes :

forêt de Cinglais (7 oct.). Hymenochaete rubiginosa (Dicks.) Lev. - Souche de

chêne : bois de Rocreuil (25 mars). Scleroderma verrucosum Persoon. - Sur la terre : Jardin

des Plantes de Caen (début d'oct.)-

MYXOMYCÈTES

Lycogola miniatum Pers. (L. epidendrum L., Rostaf.). - Sur souche de Pinus sylvestris : Moult (26 mai).

Lycogola flavo-fuscum Rostaf.- Sur souche de Pinus sylveslris : Mouen (21 oct.).


8e SÉRIE, t. I N° 8 ANNÉE 1928

BULLETIN MENSUEL

DE LA

Société Linnéenne de Normandie

FONDÉE EN 1823

et reconnue d'utilité publique par décret du .22 Avril 1863

Adresser la correspondance au Secrétaire ; M. A. BIGOT,

Faculté des Sciences de Caen

Faire les envois de fonds au Trésorier : M. G. MAZETIER,

9, rue de Bras, à Caen, C/C 5.546, Bureau de Rouen

PRIX DU NUMÉRO : I FR. 50

SÉANCE DU 3 DECEMBRE 1928

Présidence de M. le Dr A. MOUTIER, Ancien Président

La séance est ouverte à 17 heures et levée à 18 heures.

Y assistent : MM BIGOT, BUGNON, GUILLAUD, LEMÉE, Mme LE ROUX, MM. MAZETIER J MERCIER, L. MERCIER, Dr A. MOUTIER, PENNES, POISSON, Abbé TOLMER.

Le procès-verbal de la séance du 5 novembre 1928 est lu et adopté.

Nomination. - Le Président exprime les regrets que cause à la Société le départ du Vice-Secrétaire, M. P. BUGNON, nommé Maître de Conférences à la Faculté des Sciences de Rennes, mais il se réjouit de l'avancement si mérité de notre Confrère.

Le Secrétaire s'associe à ces regrets ; il est heureux de constater que M. Bugnon occupe enfin le poste qu'il méritait depuis longtemps par sa valeur scientifique.

M. Bugnon exprime ses remerciements et adresse en parti-


- 89 -

culier à M. Bigot l'expression de sa vive gratitude : dans son rôle de Vice-Secrétaire, s'il a rendu quelques services à la Société, il a surtout fait l'apprentissage, si utile pour lui, de la publication d'un périodique scientifique, en profitant constamment de la grande expérience du Secrétaire ; dans sa carrière scientifique, c'est à la haute et bienveillante influence de M. Bigot qu'il doit surtout les améliorations successives de sa situation.

Distinction honorifique. - Notre Confrère, M. le Dr J. HOMMEY, de Sées, a été promu Officier de la Légion d'Honneur (Ministère de la Guerre). Le Président se fait l'interprète de la Société pour lui adresser les plus chaleureuses félicitations.

Commission d'impression. - Sur les propositions de cette Commission, la Société décide :

1° De fixer la contribution des auteurs à 10 francs par page pour les travaux originaux du Bulletin et à 13 fr. 80 par page supplémentaire pour les procès verbaux des séances;

2° D'attendre, pour envisager la publication du catalogue de l'herbier du Jardin Botanique de la ville de Bayeux que M. G. MARIE en ait achevé le manuscrit. Il est essentiel, en effet, qu'un travail aussi important soit publié en totalité, et la Société a déjà eu le regret de voir interrompue la publication d'un catalogue semblable, inséré par fragments dans son Bulletin.

Présentations. - Melle J. RABAUD, professeur agrégé au Lycée de Jeunes Filles de Caen, est présentée par MM. A. Bigot et J. Mercier, pour devenir membre résidant.

Melle M. BOURIAUD, Professeur à l'École Normale d'Institutrices de Caen, est présentée par MM. A. Bigot et Guillaud pour devenir membre résidant.

M. B. LECORDIER, étudiant, 2, rue Daniel-Huet, à Caen, est présenté par MM. l'Abbé Lucas et Guillaud pour devenir membre résidant.

M. M. ORIA, Instituteur à Mézidon, est présenté par MM. P. Bugnon et J. Mercier, pour devenir membre correspondant.


- 90 -

Admissions. - M. Pierre HENRY est admis comme membre résidant. M. TOUCHET est admis comme membre correspondant.

Démission. - La Société enregistre la démission de M. G. Lefèvre.

Dons à la Bibliothèque. - De la part des auteurs.

A. BIGOT. - Sur l'existence de Méduses dans le Bajocien du Bessin (Extr. C. R. Ac. Sc, T. 187 ; p. 866 ; séance du 12 novembre 1928).

ED. HUE. - Contribution à l'Étude du Quaternaire. Plage surélevée de Luc-sur-Mer (Calvados). - (Extr. Bull. Soc. Préh. française, t. XXV, n° 10, séance du 25 octobre 1928).

Dépôt de Travaux. - Jean MERCIER. Application des empreintes à la celluloïdine pour l'étude des Echinodermes fossiles.

Louis MERCIER et Abbé L. TOLMER. - Introduction à l'étude des Ephydridae de la Faune de France. Catalogue raisonné des Ephydrides de Normandie.

M. BIGOT présente une note de MM. F. CANU et R. S. BASSLER sur les ovicelles des Bryozoaires jurassiques. Les matériaux de cette étude proviennent, de localités normandes et sont conservés dans les collections géologiques de la Faculté. Sur la proposition de M. Bigot, la. Société décide de publier ce travail dans le Bulletin, mais les frais d'impression du texte et des 3 planches qui l'accompagnent ne seront pas à la charge de la Société.

COMMUNICATIONS

Communications écrites présentées respectivement par M. Dalibert et par le Vice-Secrétaire :

M. Dalibert a communiqué à la réunion du groupe d'Alençon les observations suivantes de M. Pierre

LE CANNELLIER :


- 01 -

Triton marbré. - M. Pierre LE CANNELLIER a trouvé un c? de ce bel Urodèle (Molge marmorata Latr.) dans une cuvette desséchée de la mare de Vauville (Manche) ; cette espèce n'aurait été signalée jusqu'ici, dans nos régions, que de la lande de Donville, près Granville (Faune de Normandie d'Henri Gadeau de Kerville) et de Saint-Pair-les-Eaux, près de Granville également (abbé Letacq, 1924). Vauville doit être la limite septentrionale française pour cette espèce.

Gortyna Flavago Schiff. (Lep.-Noctuidae). - Bien qu'indiquée « Partout » dans le Catalogue des Lépidoptères français en cours de parution (n° 748, p. 279), cette espèce n'est pas mentionnée du Calvados, de l'Orne, des environs de Pont de-l'Arche ni de Cherbourg; le catalogue Luff des îles anglo-normandes la signale de Jersey et (chen.) de Guernesey. La présence de deux chrysalides a été observée à Vatteville, près Biville (Manche), par M LE CANNELLIER, dans une seule tige de Cirsium palustre Sc., plante déterminée par M. Corbière, et déjà signalée comme nourricière de la chenille, par Bellier de la Chavignerie.

Dytiscus circumflexus F. - M. LE CANNELLIER a capturé un c? de cette espèce dans une cuvette des sables de Vauville ; c'est la localité la plus septentrionale pour la Manche, où l'espèce a été citée notamment de Baubigny près Carteret (V. cat. de Mgr Pasquet, n° 306).

M. DALIBERT ajoute que, dans l'Orne, l'espèce a été signalée par l'abbé Letacq (B..S. L.N., 1922, p. 74) et que M.Turpin lui en a remis un exemplaire Q, trouvé à Alençon même, dans son jardin (coll. Dalibert, détR. Peschet),


- 92

Abbé P FRÉMY. - Gloeocapsa polydermatica Kütz. var. Duquesnayi n. var.

Le Gloeocapsa polydermatica fût décrit pour la première fois avec quelques détails précis par Kûtzing (Spec. Alg., 1849, p 218) sur des échantillons normands : "' Ad Falaise legit amic. De Brébisson, qui specimen misit ». Voici la description de cette plante : Masses gélatineuses compactes, d'un vert sale ou d'un brun-olivâtre ; cellules épaisses de 3-4, 5 (A (1); téguments très épais, hyalins, à nombreuses lamelles concentriques ; à protoplasma d'un vert érugineux. subhomogène. - J'observe depuis plusieurs années un Gloeocapsa qui vit sur le mortier d'un mur sec exposé au Nord, à Agneaux, près de Saint-Lô. En le comparant au type de BRÉBISSON dont j'ai retrouvé des échantillons dans l'herbier Godey, et aux dessins du regretté N. WILLE qu'a récemment publiés K. MUNSTER STROEM {Nyt Magaz. f. Naturvidens Kaberne, Bd. LXII, 1924, Taf XII, fig. 22-26) j'ai acquis la conviction que ce Gloeocapsa appartient sûrement à l'esp. polydermatica. Mais il présente certains caractères qui permettent d'y voir une variété non encore décrite : le thalle, est, en été, d'un jaune orangé très voisin de la teinte de Trentepohlia aurea ; en hiver, il est un peu plus pâle ; à sec, il devient roussâtre Les cellules sont un peu plus grosses que dans le type et ont une épaisseurde 5-7 u, leur protoplasma est d'un jaune-fauve et formé de gros granules.

Dans le mucus de cette plante, j'ai observé de jeunes thalles de Nostoc sphaericum Vauch, et des filaments d'une Vaginariée voisine de Schizothrix fragilis Gom.

(1) En réalité ces chiffres donnés par Kützing doivent être maj o rés de 1 à 1,5 u (d'ap. l'éch. de Brébisson).


- 93 -

Je dédie cette variété à mon excellent confrère et ami, M. l'abbé Achille DUQUESNAYDiagnose.

DUQUESNAYDiagnose. Differt a typo, strato aurantiaco, cellulis crassionibus (5-7 (A), protoplastnate luteo-fulvo, grosse granuloso (v. v.).

Communications orales présentées par leurs auteurs respectifs :

G. LEMÉE. - Plantes rares des environs d'Alençon :

Berteroa incana DC. : plante répandue en HauteNormandie, signalée en 1907 dans l'Orne à Valframbert par l'abbé Letacq ; je l'ai trouvée en 1922 dans la plaine de Montsort à Alençon ; revue cette année.

Elaiine hexandra DC. : plante occidentale connue de plusieurs localités de l'ouest du département ; je l'ai recueillie à la limite orientale de son aire de dispersion, au bord des étangs de Fontenay-les-Louvets, associée à Stellaria uliginosa Murr. et Peplis portula L

Lathyrus Nissolia L. et L. tuberosus L. : plantes calciphiles à tendance méridionale, particulièrement la secondé ; la première récoltée à la Feuillière au sud d'Alençon, la seconde à Bellevue, commune de Damigny ; Lelièvre l'avait signalée à Damigny en 1836, où elle n'avait pas été revue depuis.

Pinguicula lusitanica L. : plante occidentale commune dans l'ouest de la France (Llyod), rare dans l'Orne où elle n'abonde que dans les marais du massif de Multonne ; je l'ai trouvée sur une pente marécageuse de la butte Chaumont, associée à Drosera rotundifolia, mais non sur des touffes de Sphaignes, ce qui est exceptionnel.


- 94 -

Juncus bufonius L., var. fascieulatus Bert : forme robuste de J. bufonius croissant dans les lieux secs. Assez répandue sur le littoral, cette plante n'est encore connue que de trois stations ornaises : Saint-Siméon (Chevalier), les Rablais (Letacq) et la butte Chaumont où je l'ai trouvée cette année en abondance. Là comme à l'étang des Rablais, elle croissait dans les parties sèches, alors que la forme typique occupait les endroits humides.

Fossiles bathoniens- - M. le Dr MOUTIER présente des fossiles énigmatiques du Bathonien de Ranville et de Giberville. M. A. BIGOT pense qu'il s'agit, au moins pour l'échantillon venant de Ranville, d'un disque centro-dorsal d'Antedon.

Feuille Saint-Lô de la Carte géologique détaillée de la France - M. A. Bigot présente un exemplaire de la 2e édition de cette feuille revisée par lui, et qui vient de paraître.

SECTION D'ALENÇON SÉANCE DU 27 NOVEMBRE 1928

La Section alençonnaise de la Société Linéenne de Normandie s'est réunie le mardi 27 novembre 1928, à 14 heures, dans une salle de l'Hôtel de Ville d'Alençon, sous la présidence de M. Leboucher.

Présents : MM. DALIBERT, FOCET, LAISNÉ, LEBOUCHER, OSSEDAT, TOURTEAU, membres de la Société.

Excusés : Mme DALIBERT, MM. abbé GARNIER, Dr CAUVIN, TURPIN, VIALLET.

M. TOURTEAU remplit les fonctions de secrétaire.

Changement d'adresse : M. TOURTEAU, Professeur d'École Normale, 105, rue Eugène-Lecointre, Alençon (Orne).


- 95 -

COMMUNICATIONS

Mesosa nubila Gmel = Haplocnemia nebulosa Fabr. - M LEBOUCHER signale avoir capturé en 1927 et en 1928 plusieurs exemplaires de ce joli Cerambycide dans des branches mortes de noyer à Alençon ; connu dans la Sarthe (cat Monguillon) et le Calvados (B. S. L. N. 1928, p. 32*).

Eleocharis ovata R. Br. - M. FOCET rappelle les discussions soulevées entre les botanistes à propos des apparitions périodiques de cette Cypéracée et les difficultés de l'explication de ses apparitions à des intervalles très éloignés.

Rectification. - M. DALIBERT signale que dans la liste de Coléoptères de la région de Barneville, insérée suprà (Bull, mensuel, S. L. N-, 1928, p. 50, ligne 28), il convient de lire Aleochara brevipennis Grv. et non brevicornis.

Captures de coléoptères. - M. DALIBERT signale les captures suivantes, dans l'ordre du Cat. Winkler (V. pour plus de détails, Bull. Soc entomologique de France, 1928, n° 15, p. 236-237) :

1° Hydrochus nitidicollis Muls. {Hydrophilidae) : 1er étang de La Trappe, commune de Soligny, 12 juin 1925 (dét. A. d'Orchymont), - nouveau pour l'Orne ;

2° Atheta {Plagiarthrina Keys) Fordhamiana Keys, 1920 {Staphylinidae) : détritus d'inondation de la Sarthe, à Saint-Léger-sur-Sarthe (Orne) - nouvelle pour la Normandie, c'est la 2e capture, pour la France, de cette espèce anglaise, déjà trouvée à Sucy-en-Brie (Seine-et-


- 96 -

Oise) par M. le Col. Gruardet (déterminations J. SainteClaire-Deville) ;

3° Chrysanthia viridissima L. (OEdemeridae) (dét. corrigée par le capteur et confirmée par M. Aug. Méquignon) : monts d'Eraines, 28 juin 1925 Signalée seulement en Normandie des bois de la Tour (sub OEdemera), par de Brébisson ; signalée de la Sarthe par Monnot ;

4° Isarthron (= Tetropium) castaneum, ab. fulcratum F. (Cerambycidae) : Le Mesle-sur-Sarthe, 31 mai 1928, dans une cuisine (Marg. Langlois) - nouveau pour l'Orne ; seule cette aberration a été trouvée jusqu'ici en Normandie, et deux fois seulement : par M. de Beauchêne, en présence de Fauvel, à Caen, au château de La Motte, en mai 1895, sur une barrière près d'un tas débuches provenant des environs (Cf. Bed. Fne Seine, V, p. 368, note 1) ; et par Dubourgais, dans le jardin de l'école d'Ouilly-le-Basset, en juillet 1900. - Signalé aussi en Seine-et-Oise, de Versailles, par M- L. Gaudin in Bull. Soc- entom. France, 1921, p. 228. - L'ex. signalé de Préval (Sarthe) par M. Monguillon (Bull. Soc. Agric, Se. et Arts Sarthe, LI, 142) n'appartient pas à cette aberration ; le castaneum L. est signalé d'ailleurs des environs de Laval par E. Labbé dans la Faune armoricaine, Cérambycides, 2e édit., 1909, p. 47. - Signalé de Paris par M. Mairidron, de Reims par Ch. Demaison (dans une rue), c'est un insecte toujours très rare dans la faune du bassin de la Seine, « RRR » en Normandie selon le catalogue Fauvel-Dubourgais.

Communication par M. Dalibert d'observations de M. Pierre LE CANNELLIER (voir p. 90),


- 97 -

G. LAISNÉ - Contribution à l'Étude des Hydrocorises de Normandie. - Insectes capturés aux environs d'Alençon et dû Mesle-sur-Sarthe.

Nepa cinerea L. CC partout.

Ranatra linearis L. beaucoup moins C.

Plea minutissima L. St-Aubin-d'Appenai.

Notonecta glauca L. CC. partout ainsi que sa variété marmorea F.; tous les intermédiaires existant d'ailleurs entre le type et sa variété, les tachés marginales des élytres étant parfois séparées très nettement ou au contraire empâtées dans un seul cordon marginal, la tache de l'angle interne des élytres existe toujours bien que parfois très réduite. La variété furcata F. (C.C) semble au contraire beaucoup plus distincte du type, mais on peut remarquer en général sur les individus de glauca et surtout de marmorea que la région de l'élytre avoisinant immédiatement l'écusson reste claire. Je possède même plusieurs exemplaires de marmorea présentant les deux taches claires divergentes si caractéristiques de furcata.

Notonecta maculata F. Je l'ai trouvée à Alençon dans la Sarthe mais ne l'ai jamais remarquée dans l'eau des mares.

Megqlocorixa Geoffroyi Leach. CC. partout.

Corixa striata L. CC. partout. Aphelocheirus aestivalis F. J'ai capturé un exemplaire de cette espèce à l'Étang du Mortier, commune de Gesnes-le-Gaudelain, à environ 9 kilomètres au Sud d'Alençon. Cet insecte ne semble pas, à ma connaissance, avoir été trouvé plus au Nord et paraît nouveau pour notre faune.

Naucoris cimicoïdes L. CC. partout. Naucoris maculata F. Alençon (Sarthe).


- 98 -

G. LAISNÉ. - Note sur quelques Hétéroptères nouveaux à ma connaissance pour la région.

Eusarcoris perlatus F. (Pentatomidae). Bois de Mongoubert, commune de Saint-Julien-sur-Sarthe. M. Dalibert m'a montré un exemplaire d'Eusarcoris melanocephalus F. trouvé à Buré (Ruisseau d'Erine).

Gonocerus juniperi H. Sch. (Corcidae) Bois du Breuil Saint-Aubin-d'Appenai - obtenu d'une larve élevée en captivité.

Lygens superbus Pollich. Alençon, Jardin de l'École Normale, M. Dalibert m'a montré deux exemplaires de cette espèce capturés par lui à Saint-Léonarddes-Bois (Sarthe) - au lieu dit Narbonne.

Notes entomologiques. - M. TOURTEAU signale quelquesunes de ses captures, entre autres :

Dyticus dimidiatus Bergsh, confirmé par M. Peschet, 2 9 à Lignière-la-Carelle (Sarthe) non connu dans la Sarthe (non signalé cat. Monguillon).

Dyticus marginalis L v. 9 conformis Kunze à Condésur-Sarthe (Orne), dans une mare d'une des carrières de la Boissière, nouveau pour la région, mais déjà connu dans l'Orne : Laigle (coll. Lubin) et Saint-Aubind'Appenai (G. Laisné) (renseignements fournis par M. Dalibert).

A ce sujet, il signale la grande richesse faunique de la mare sus-dite où D. punciulatus F. et Hygrûbia tarda Herbot sont en assez nombreux exemplaires avec D. marginalis L., ainsi que celle d'une mare d'Alençon au lieu dit Villeneuve où il a pu capturer près de 60 Acilius sulcatus L. ainsi que de nombreux petits Aquicoles actuellement soumis à M. Peschet.

M. Tourteau signale en outre quelques-unes des


- 99 -

captures des élèves-maîtresses de l'École Normale d'Institutrices d'Alençon.

Cybister laterimarginalis de Geer, par Melle D. Barré à Donville (Manche), nouveau pour la Manche, le catalogue de Mgr Pasquet le signale comme « pas impossible » pour ce département (p. 68) ; il est connu dans l'Orne (abbé Letacq, B. S. L. N., 1922, p. 74*), mais RRR dans nos régions (cat. Fauvel-Dubourgais).

Hydrons piceus L., par Melle D. Barré à Donville (Manche), déjà connu dans ce département mais nouveau pour cette, localité où M. le Dr Cauvin a déclaré l'avoir capturé.

Osmoderma eremita Scop. par Melle Dudonné à Eperrais (Orne); cette station est à ajouter à celles déjà connues (Voir Mise Ent., vol. XXX, p. 91 et 96 et vol. XXXI, p. 31, par M. Dalibert et Tourteau).

Clonopsis (Bacillus) gallicus Charp. par MeIle Chevallier à Vernie (Sarthe), 2 ex. ; cette localité, à 10 kil. au sud de Fresnay-sur-Sarthe est à ajouter à celles déjà connues (Cf.Catalogue des Orthoptères observées dans le département de l'Orne et aux environs d'Alençon, par l'abbé Letacq, Assoc. fr. av. Sc Congrès de Rouen, 1921, p. 653 et note B. S. L. N., 1927, p. 67*, Tourteau).

Paludina vivipara Moq. Tand. - Comme suite à la note parue dans le Bulletin de 1927, p. 68*, M. TOURTEAU rend compte des recherches de Paludines effectuées dans différents cours d'eau du département. Cet intéressant Mollusque n'a pu être trouvé que dans la rivière, la Sarthe à Alençon, au barrage de l'usine d'Ozé, en amont de la ville ; les recherches poursuivies plus en amont, ainsi que dans les autres cours d'eau du département, ont été infructueuses. Il signale en outre l'extrême abondance de la Paludine dans la Sarthe à la hauteur


- 100 -

de l'École Normale d'Instituteurs, soit 300 mètres environ en aval du barrage d'Ozé.

M. LEBOUCHER rappelle qu'il a trouvé la Paludine il y 30 ans à Alençon en aval de la ville, au « pont de Fresnay », et il affirme qu'elle n'existait pas alors à l'École Normale d'Instituteurs. Nous assistons donc à sa progression vers l'amont.

Présentation de plantes. - M. TOURTEAU présente quelques rares Fougères : Polystichum aemulum, Hymenophyllum Tunbridgense et H. Wilsoni récoltées par lui à la cascade de rochers de Saint-Herbot (Finistère), cette station étant d'ailleurs bien connue.

Vanessa (Araschnia) levana L. et sa forme estivale prorsa L. - Cette Vanesse, inconnue dans la région jusqu'en 1917 (le catalogue M. Langlais et M. Leboucher note son absence) a été capturée en 1927 et 1928 (forme levana), par M. LEBOUCHER à AlençonA

AlençonA sujet, M. DALIBERT communique les renseignements suivants quant à la présence de cette Vanesse dans l'Orne : la forme prorsa a été obtenue d'éclosion à Sées par M. le chanoine Dupont (provenance de la chenille ignorée de l'abbé Letacq) ; un exemplaire a été capturé par l'abbé Letacq (forme prorsa) le 17 août 1918 à Saint-Denis-sur-Sarthon, non loin de l'ancienne forge, presque sur les bords de la rivière ; les formes prorsa et levana ont été prises par M. H. Coiffait à Moutiers-auPerche et à Rémalard ; la forme prorsa à Saint-Légersur-Sarthe (7 août 1927), par M Georges Jaudeau (!) ainsi qu'à Essai (!) et la forme levana au Mesle-sur-Sarthe par le même.

M. G. LAISNÉ ajoute avoir capturé la forme prorsa (2 ex.) à Bazoches-sur-Iîoesnes en août 1928.


- 101 -

Cette Vanesse est connue de l'Eure (M. L Dupont : La distribution géographique d'A. levana en France, in Feuille des Jeunes Naturalistes, 1er juillet 1914, n° 523, p. 114-118) et de la Seine-Inférieure(Cf P.V.de la séance du 7 juin 1928 de la Soc. des Amis des Sc. nat. de Rouen, p. 5-6).

Les captures signalées pour l'Orne confirment la multiplication de cette espèce signalée dans le Bulletin des Amis des Sc. nat. de Rouen, suprà.





TRAVAUX ORIGINAUX



3 -

Jean MERCIER. - A propos des variations de l'aire ligamentaire d'Ostrea Wiltonensis Lyc. et du genre Pernostrea Munier-Chalmas.

J'ai recueilli, dans les carrières de Lion-sur-Mer, de la Roche de Sallenelles et du Rocreux près Berville (Calvados), de nombreuses huîtres sur la surface terminale du Bradfordien et à la base des argiles qui le surmontent. Ces huîtres appartiennent à deux espèces : Ostrea explanata Goldf. et O. Wiltonensis Lyc. - Parmi les échantillons d'O. Wiltonensis, très variable de forme et de taille, j'ai remarqué que l'aire ligamentaire de certains spécimens possédait un nombre variable de fossettes ligamentaires, ce qui les rapproche des Pernostrea.

Le genre Pernostrea a été proposé par Munier-Chalmas en 1864 (1) pour désigner un groupe différent des Pernes et des Huîtres, mais formant un lien entre les Ostracés et les Malléacés. De faciès général d'Ostreidé, les Pernostrea possèdent une aire ligamentaire analogue à celle des Perna. Siège d'un ligament multiple, cette aire ligamentaire porte 5, 6, 7, 8 et même 10 fossettes.Tantôt le plateau cardinal est très élevé, tantôt il est très court.

P. Fischer, reprenant la question des Pernostrea (2) trouve ce nouveau genre établi sur des bases solides.

L'examen de l'aire ligamentaire a permis à MunierChalmas de distinguer plusieurs espèces. Celles-ci sont basées sur la variabilité du plateau cardinal et du nombre des fossettes ligamentaires.

(1) Munier-Chalmas. Description d'un nouveau genre monomyaire du terrain jurassique. Journ. de Conch., 3e sér., t. IV, p. 71.

(2) P. Fischer. Ibid., p. 362.


- 4 -

Mon maître, M. A. Bigot, m'a engagé à étudier ces variations.

En plaçant, comme le conseillait P. Fischer (Loc. cil , p. 365), mes échantillons en série, j'ai remarqué qu'en partant d'O. Wiltonensis, on pouvait suivre ces variations depuis cette forme à ligament simple jusqu'aux formes à ligament multiple.

Voici le résultat de ces observations :

Ostrea Wiltonensis Lycett.

Bien que Lissajous (1) considère cette espèce comme une variété d'O. explanata Goldf., je préfère garder le nom proposé par Lycett (2) pour désigner ces huîtres qui, conformes à la figure donnée par ce dernier, diffèrent d'O. explanata par leur empreinte musculaire quelque peu excentrique, et par leur forme déviée. L'aire ligamentaire possède une seule fossette, large et peu profonde. La surface interne est déprimée sous l'aire ligamentaire et creusée d'une rigole concentrique à l'empreinte musculaire.

Echantillon n° 1 (3), fig. I :

Valve libre, subquadrangulaire, de petite taille (hauteur : 7 cm. ; longueur : 6 cm. 5). Aire ligamentaire assez large et peu haute, portant la trace de deux fossettes ligamentaires. La fossette b est plus large et plus profonde que la fossette a. L'aire ligamentaire est perpendiculaire à la ligne de plus grande hauteur de la coquille.

Echantillon n° 2. fig. II :

(1) Lissajous. Etude sur la faune du Bathonien des environs de Màcon. Trav. du Lab. de Géol, Univ. de Lyon. Fasc. V ; Mém. 3,1923.

(2) Lycett. Sup. Monog on the Mollusca from the Great OolitePalaeont. Soc, 1862; PI. XXXIV; fig. I.

(3) Ces échantillons, désignés seulement par des numéros, sont déposés dans la collection du Laboratoire de Géologie de Caen.


- 5 -

Valve libre, subcirculaire, de petite taille (hauteur : 6 cm.; longueur : 5 cm. 6). Aire ligamantaire large et peu profonde avec trois fossettes. La fossette a est la

plus profonde, b est longue et peu déprimée, c est à peine esquissée.

Echantillon n° 3. fig. III :

Valve fixée, subpentagonale, de petite taille (hauteur : 7 cm.; longueur : 7 cm. 5). Aire ligamentaire très large (3 cm. 5) et peu haute (7 mm.) à trois fossettes. Les fossettes a, b, c, sont bien marquées, cependante est la plus accusée. L'aire ligamentaire est oblique par rapport à la ligne de plus grande hauteur de la coquille.

Echantillon n° 4, fig. IV :

Valve fixée d'assez grande taille (hauteur, 11 cm.; longueur, 9 cm.). Test épais. Aire ligamentaire assez large (3 cm. 4) et haute (2 cm ). Trois fossettes ligamentaires. La fossette b est large et peu profonde, a est

Ostrea Wiltonensis Lyc. Aires ligamentaires


- 6 -

semblable à b, c est étroite et très accusée. La surface interne est creusée d'une dépression, indice, d'après P. Fischer (loc. cit., p. 367), d'une pointe aviculiforme, et d'une rigole concentrique à l'empreinte musculaire. Tels sont les échantillons recueillis. Aucun d'eux ne possède plus de quatre fossettes ligamentaires et ne peut être assimilé à une des espèces décrites par MunierChalmas.

Il est à remarquer que les fossettes ligamentaires n'ont jamais la même importance. Toujours une des fossettes extrêmes est la plus accentuée alors que celles qui suivent sont normales ou seulement esquissées. En outre, la fossette la plus accentuée est en relation avec la dépression de la surface interne de la coquille.

Ces observations montrent que l'on a, en partant d'O. Wiltonensis, des Ostreidés présentant des variations dans le nombre de leurs fossettes ligamentaires et formant une série se terminant aux échantillons figurés par Munier-Chalmas (loc cit. PL III, fig. 1, 2, 3) et par Lycett (loc. cit. PL XXXIV, fig. I a).

Le genre Pernostrea ne semble donc pas différer radicalement des Ostrea str. s. et il est fort probable que les espèces placées sous la rubrique Pernostrea ne sont que les variants extrêmes de la série établie ci-dessus.

Ces variations du nombre des fossettes ligamentaires qui, ainsi que le remarque P. Fischer, n'ont pas la force de caractères spécifiques, ne sont pas suffisants, a fortiori, pour établir une coupure générique et même subgénérique. Je propose donc de considérer toutes ces formes comme des variants d'Ostrea Wiltonensis Lycett et de leur laisser le nom que leur avait donné ce savant paléontologiste.

Néanmoins, le travail de Munier-Chalmas garde toute


- 7 -

son autorité quant au lien établi par lui entre les Os tracés et les Malléacés.

Quel est le déterminisme de ces variations? Aucun exemple semblable n'est signalé à ma connaissance dans les travaux de Zoologie. Est-ce l'existence, chez les embryons de ces huîtres, d'une glande ligamentaire irrégulière ou de plusieurs glandes ligamentaires qui aurait déterminé la formation de plusieurs fossettes? Ou bien est-ce la conséquence d'un mode de fixation particulier, lié à des conditions spéciales d'habitat? Cette dernière hypothèse paraît être la plus plausible.

Laboratoire de Géologie et Paléontologie Caen, janvier 1928.

Jean MERCIER. - Etude sur le contact du Bathonien et du Callovien en Normandie et dans la Sarthe et sur l'équivalent du Cornbrash anglais.

INTRODUCTION

On a beaucoup écrit sur les limites du Bathonien et du Callovien de l'Ouest du Bassin de Paris et nombreuses sont les divergences d'opinion des auteurs sur l'âge exact des couches qui recouvrent le Bradfordien.

Deux opinions étaient en présence : l'une était soutenue par Hébert, E. E.- Deslongchamps (1), Guillier et P. Bizet qui plaçaient dans le Callovien les assises qui

(1) E. E.-Deslongchamps fut le premier à signaler l'existence du Cornbrash à Lion-sur-Mer et en Normandie (B. S.L. N-, ler sér., t.1, p. 24), par la suite, il changea d'opinion, sans doute sous l'influence des idées d'Hébert.


reposent sur la surface terminale perforée et durcie du Bathonien, en se basant sur ces arguments :

1° La nature minéralogique de ces assises qui se lient tellement au point de vue stratigraphique et minéralogique au Callovien ;

2° L'existence à leur base d'une ligne de séparation indiquée par une surface durcie et perforée ;

3° Malgré la présence de fossiles bathoniens dans ces couches, la faune de céphalopodes est éminemment caractéristique du Callovien (Macrocephalites macrocephalus).

Il ne pouvait être question, pour ces auteurs, de considérer ces assises comme l'équivalent des dépôts du Cornbrash anglais à cause de l'absence de Zeilleria lagenalis Schl., si caractéristique de ces couches.

L'autre thèse, avec Triger, Guéranger et Cotteau, fait considérer ces dépôts comme le terme le plus élevé du Bathonien. Triger considère que l'association faunique des couches de la Sarthe indique une identité avec le Cornbrash anglais. Cotteau, se plaçant au point de vue échinologique, classe les assises en question dans le Bathonien.

Enfin, Munier-Chalmas, M. de Grossouvre et M. A. Bigot considèrent que l'équivalent du Cornbrash d'Angleterre existe en Normandie et dans la Sarthe. Le premier en donne une coupe dans les falaises de Lion-sur-Mer (1), MM. de Grossouvre (2) et A. Bigot (3), le mettent en évidence dans le département de la Sarthe.

(1) MUNIER-CHALMAS. Communication sur les terrains jurassiques de Normandie. B. S. G. F., 3e sér., t. XIX, p. CVIII, 1890.

(2) DE GROSSOUVRE. Sur le système oolithique inférieur dans la partie occidentale du bassin de Paris. B. S. G. F., 3e sér., t. XV, p. 513.

(3) A. BIGOT. Terrains secondaires de la feuille Mayenne (C. R. Col. Serv. carte Géol. de la France, vol. IX, p. 45, 1898).


- 9 -

J'ai essayé, dans cette note, de synthétiser ces différents travaux en y ajoutant mes observations personnelles faites sur le terrain. Je n'ai pu les coordonner que grâce à la grande obligeance de mon maître, M. A. Bigot; je le prie de trouver ici l'expression de ma vive et respectueuse gratitude. M. Bigot a mis à mon entière disposition les documents inédits et les fossiles qu'il a accumulés, me donnant ainsi des renseignements précieux sur des gisements réputés comme classiques autrefois et n'ayant laissé aucune trace aujourd'hui.

Mes remerciements vont aussi à MM. le Dr Moutier et Mazetier qui ont mis leurs riches collections à ma disposition.

Calvados

Le Cornbrash a été observé en plusieurs points dans le Calvados. Ces gisements sont disposés sur une ligne jalonnée par les localités de Lion-sur-Mer, de Gollevillesur-Orne, de la Roche de Sallenelles, d'Hérouvillette, de la Butte d'Escoville et de Saint-Pierre-sur-Dives. Les gisements de Lion, de la Roche de Sallenelles et de Saint-Pierre-sur-Dives sont les seuls visibles actuellement.. Les autres sont masqués par la végétation.

J'ai étudié en détail les couches argileuses de Lionsur-Mer dans une note à laquelle je prie de se reporter (1). Je ne rappellerai ici que les principaux résultats de cette étude.

Ces couches consistent en des bancs argileux, bleus à la base, passant ensuite au jaune, alternant avec cinq bancs de calcaires marneux. Elles reposent sur la

(1) J. MERCIER. Sur l'âge et la faune des assises argileuses de Lion-sur-Mer. B. S. Linn. Norm., 7e sér., t. X, p. 23, 1927.


- 10 -

surface durcie, perforée, couverte d'huîtres adhérentes, rubéfiée, de la Pierre blanche de Langrune (Bradfordien supérieur). On peut distinguer dans ces argiles plusieurs niveaux : Ceux de la base sont caractérisés

par : Terebratula intermedia Sow., T. Fleischeri Opp., Eudesia cardium Lamk. (très rare), Rhynchonella Morierei Dav., forme type, Ostrea Wiltonensis Lyc. -

Les niveaux moyens contiennent : Perisphinctes subbackeriae d.'Orb., Clydoniceras discus Sow. et sa variété Hochstetteri Opp., Oppelia aspidoides Opp. (1). Les niveaux supérieurs; sont caractérisés par la présence de : Rhynchonella badensis Opp., Rh . Morierei Dav. grosse variété {= Rh. major Desl. non Sow), Zeilleria obovata Sow., Z. umbonelal Lamk., Pseudomonotis echinata Sow., Ostrea lothar ingica de Gros., Gervillia acuta Sow., Pseudodiadema Wrighti Cott., Acrosalenia spinosa Ag. -

Les onze niveaux ci-dessus (fig. 1) peuvent se fusionner en trois zones :

Zone inférieure : Terebratula intermedia, T. Fleischeri, Rhynchonella Morierei.

(1) Echantillon communiqué par M. MOUTIER qui m'a dit l'avoir recueilli dans ce niveau moyen.

Fig. 1. Coupe des Carrières de Lion-sur-Mer


- 11 -

Zone moyenne : Perisphinctes subbackeriae, Clydoniceras discus et Hochstetteri, Oppelia aspidoides.

Zone supérieure : Rhynchonella badensis, Pseudomonotis echinata, Zeilleria obovata.

J'insiste tout particulièrement sur la faune de ce niveau supérieur qui n'a été remarquée que par Munier-Chalmas et M. A. Bigot.

Le changement de faciès que l'on observe dans les falaises et dans les carrières de Lion est très marqué. Au faciès de sables très calcaires déposés sous l'action de courants rapides, succède un faciès vaseux qui est l'indice d'un régime tranquille pendant lequel se sont déposées les couches de Lion-sur-Mer et celles de lasérie oxfordiee, permettant la fossilisation d'individus entiers de Pentacrines. Les limites stratigraphique et lithologique sont nettes, marquées, l'une par la surface durcie et perforée, l'autre par le changement de faciès. La limite paléontologique est incertaine ce qui montre que la lacune indiquée par la surface durcie estd'importance secondaire. A des formes propres à l'horizon sont associées des formes nettement bathoniennes et des formes calloviennes.

Comme l'avait remarqué E. E.- Deslongchamps, les couches de Lion se sont déposées dans des dépressions de la Pierre blanche de Langrune. Elles s'étendent ainsi de place en place vers l'Ouest jusqu'au sommet de Luc (sommet de la falaise). Elles plongent vers l'Est et disparaissent sous le village de Lion-sur-Mer. Elles forment certainement le sous-sol des marais de Colleville-sur-Orne, c'est-à-dire toute la dépression située entre Lion et l'embouchure de l'Orne, limitée au Sud par la ligne de relief cote de 30 jalonnée par les localités d'Hermanville, de Périers et de Colleville-surOrne.


- 12 -

Le Cornbrash a été observé dans cette dernière localité par E. E -Deslongchamps et par MM. Bigot et Mazetier. Comme à Lion, ces dépôts consistent en une alternance de niveaux argileux et calcaro-marneux. Ils contiennent : Rhynchonella badensis Opp., Rh. Morierei Dav., Rh. spathica Lamk., Terebratula intermedia Sow., T. Fleischeri Opp., Ostrea lotharingica de Gross. Aucun échantillon de Céphalopode n'y a été signaléOn

signaléOn le Cornbrash à la Roche de Sallenelles (1) Bien qu'il soit recouvert par des alluvions anciennes qui limitent les observations, j'ai pu me rendre compte qu'il ne diffère pas de celui de Lion-sur-Mer. On y voit la même alternance de bancs argileux et de bancs de calcaire marneux. Ce complexe repose sur une surface durcie et perforée. J'ai pu y reconnaître deux zones :

Zone inférieure : Exogyra lingulata Walk., Ostrea. Wiltonensis Lyc., de nombreux débris de Pinna ampla Desh.

Zone supérieure : Rhynchonella badensis Opp., Zeilleria obovata Sow.

On trouve en outre : Natica cf. cincta Phill., Ostrea lotharingica de Gross., Plicatula retifera Desl. Dans son ensemble, la faune paraît être moins riche que celle de Lion-sur-Mer.

M. Bigot a observé le Cornbrash à Hérouvillette et y a récolté les fossiles suivants : Exogyra lingulata Walk., Ostrea Wiltonensis Lyc, Pseudomonotis echinata Sow., Zeilleria biappendiculaia Desl., Z. pala de Buch, Terebratula intermedia Sow. - On ne peut donner aucune coupe de cette carrière.

(1) J. MERCIER. Sur quelques gisements de Cornbrash de la région au Nord de Caen. B. S. L. Norm., 7e sér., t. X, p. 93.


- 13 -

Le Cornbrash a été signalé à la butte d'Escoville, mais les quelques documents que j'ai eu à ma disposition sont trop incertains pour qu'on puisse en tirer des conclusions.

On exploitait autrefois, dans la carrière du Rocreux, à Berville, au sud de Saint-Pierre-sur-Dives, des calcaires dont la surface est durcie et perforée. Ils sont surmontés par des argiles appartenant au Cornbrash. Celles-ci sont herbées et inobservables. J'ai pu y recueillir les quelques fossiles suivants : Ostrea Wiltonensis Lyc, O. Deslongchampsiana Defr., Terebratula intermedia Sow., T. Fleischeri Opp., Zeilteriaobovata Sow., Z. biappendiculata Desl., Z. umbonella Sow., Rhynchonelloidea cerealis Buckm.

Le faciès argileux n'est pas constant; par place, on trouve des calcaires graveleux, faciès que l'on trouve dans tout le département de l'Orne.

Orne

Les affleurements du Cornbrash sont localisés dans ce département aux environ de Nonant-le-Pin, de Sées et de Suré.

Je n'ai retrouvé aucune trace du Cornbrash de Nonantle-Pin, localité indiquée dans les travaux de P. Bizet.

MM. le Docteur Hommey et Ganel (1) ont donné une liste complète des endroits où se voyait le Gornbrash dans le canton de Sées. Il affleure sur les versants de la vallée de l'Orne entre Sées et Aunou-sur-Orne. Ses affleurements bordent de part et d'autre le plateau bradfordien, formant, au Nord, une bande étroite qui va de la Fauvelière à Echassé et Saint-Léger, inter(1)

inter(1) J. HOMMEY et CANEL. Géologie-Agronomie du canton de Sées. OEuvre A. Lorttreuil. Paris, 1901.


- 14 -

rompue çà et là par une couverture de Callovien ou de limons. Le Gornbrash pousse une pointe jusqu'à Sées, le long de la route de Rouen. Au Sud, on trouvé une bande analogue à la précédente à Épinay, à Granlay et à la Ronce. Dans cette région, les dépôts du Cornbrash sont des calcaires marneux, désagrégés, graveleux, de couleur jaunâtre.

M. Bigot a pu recueillir, lors du creusement de la tranchée pour la pose de la conduite des eaux de la ville de Sées, le long de la route de Rouen, les espèces dont voici la liste. La roche qui les contient est un calcaire marneux à oolithes marneuses et ferrugineuses.

Limatula gibbosa Sow. Zeilleria obovata Sow.

L. duplicata Sow. Z. sublagenalis Dav.

Pecten vagans Sow. Rhynchonella spathica

P. fibrosus Sow. Lamk.

Homomya gibbosa Sow. Echinobrissus orbicuiaris

Pholadomyacarinata Goldf. Desor.

Macrocephalites macroce- E. clunicularis d'Orb..

phalus Schl. Holectypus depressus Desor.

Perisphinctes subbackefiae Acrosalenia spinosa Ag.

d'Orb. Pseudodiadema Wrightii

Terebratula subcanaliculata Cott.

Opp. Strophodus tenuis Ag. (dent) T. Perrieri E.-Desl.

En outre; dans le puits d'alimentation d'eaux de la ville, M. Bigot a récolté : Macrocephalites macrocephalus (Tmetokephalites septifer S. Buckm.), Collyriles ovalis Leske., Zeilleria biappendiculata Desl., Ostrea lotharingica de Gross., 0. eruca Defr.

La faune d'Aunou-sur-Orne ne diffère pas de celle de Sées. Aucune répartition paléontologique n'est possible.


- 15 -

L'ensemble de la faune indique un niveau plus élevé que ceux du Calvados. Rhynchonella Morierei et Rh. badensis ne s'y trouvent pas, par contre, Macrocephalites macrocephalus a fait son apparition.

Dans les environs de Suré, le Cornbrash se montre avec son faciès graveleux. Une pose récente de pylones de lignes électriques m'a permis de constater l'uniformité de ce faciès dans toute la région. J'ai pu observer une coupe de ces assises sur le talus de la roule de Mamers à Bellême, près du pont d'Aulne; on ne peut relever de niveaux dans les deux mètres de calcaire désagrégé où j'ai recueilli quelques fossiles : Zeilleria obovata Sow., Z. sublagenalis Dav., Pecten vagans Sow. Pour compléter les données sur le Cornbrash de Suré, je suis obligé de faire un emprunt aux travaux de P. Bizet (1). Celui-ci a fait une étude extrêmement minutieuse, quant aux faits, de cette région. D'autre part, des fossiles récoltés en place par M. Bigot m'ont permis de donner une idée exacte de leur faune.

Le Cornbrash repose sur la surface durcie et perforée du Bathonien. Les perforations sont parfois remplies de cristaux de gypse. A Suré même, la faune est riche et comprend : Limatula gibbosa Sow., Pecten vagans Sow., P. fibrosus Sow., Trigonia bathonica Lyc, T. Bizeti Bigot., Macrocephalites subtumidus Waag., Zeilleria obovata Sow-, Z. sublagenalis Dav., Rhynchonella spathica Lamk., Echinobrissus clunicularis d'Orb., Ech. orbicuiaris Desor., Clypeus Mulleri Wright., Holectypus depressus Desor., Pygurus depressus Ag. Au carrefour des routes de Mortagne et de la Perrière,

(1) P. BIZET. Note sur les limites du terrain callovien dans le nord-ouest de la France. B. S. G. Norm., t. XVI, p. 79,1893.


- 16 -

dans le chemin de la ferme d'Aulne, la faune est semblable et contient en outre : Plicatula cotyloïdes Desl., Zeilleria biappendiculata Desl., Strophodus tenuis Ag. (dent).

D'après P. Bizet, la limite supérieure de ces couches serait le niveau à Trigonia Bizeti Bigot.

Sarthe

Le Cornbrash existe au Nord du département de la Sarthe à Mamers, à Bourg-le-Roi, à Petit-Oisseau, et au Sud à Domfront-en-Champagne, à Saint-Benoit et à Pécheseul.

Je -n'ai pu observer aucune trace de Gornbrash à Mamers. On voyait autrefois ses assises en face de la gare de Mamers, dans la tranchée du tramway. Elles ont une texture graveleuse et les fossiles y sont peu abondants. M. Bigot m'a communiqué ceux qu'il a recueillis dans cette tranchée. Ce sont : Modiola gibbosa Sow., Ceratomya goniophora Cossm., Zeilleria sublagenalis Dav., Holectypus depressus Desor., Collyrites analis des Moul. Echinobrissus clunicularis d'Orb.

Le Cornbrash de Mamers disparaît à l'Est sous le Callovien argileux.

A Bourg-le-Roi, j'ai pu observer directement le Gornbrash dans une carrière abandonnée. On a la superposition suivante :

Terre végétale. Banc de calcaire marneux . 0,10

Banc argileux. 0,25

Banc de calcaire marneux 0,05

Banc argileux 0,10

Banc de calcaire marneux 0,10

Banc argileux 0,20

Surface durcie.


- 17 -

Non loin de cette carrière, j'ai recueilli sur le talus du chemin vicinal de Bourg-le-Roi à Louvigny les espèces suivantes : Oxynoticeras Hochstelteri Opp., Zeilleria obovata Sow., Z. sublagenalis Dav., Collyrites analis des Moul.

A Petit-Oisseau, où je n'ai pas retrouvé d'affleurement du Gornbrash, M. Bigot a recueilli : Alectryonia gregarea Sow., Rhynchonelloidea cerealis Buckm., Zeilleria biappendiculata DesL, Z. obovata Sow., Z. sublagenalis Dav.

Je n'ai pas retrouvé les gisements de Rouessé-Fontaine, de la Feuillère et de Bethon.

Les carrières de la Tuilerie et de l'Écotay, près de Domfront-en-Champagne. sont inobservables et je n'ai retrouvé aucun document sur ces deux gisements.

La carrière de Saint-Benoît est encore exploitée et les observations y sont faciles. La coupe de la carrière donne la succession ci-dessous.

4 Argiles bleuâtres.

3 Calcaire marneux gréseux sans fossile.

2 Calcaire marneux à oolithes ferrugineuses.

1 Calcaire à Montlivaultia.

La couche 2, ou Oolithe ferrugineuse de Saint-Benoit, est très fossilifère. Il serait oiseux de donner ici la liste des espèces qui composent la faune de cette oolithe. Guillier (1) a donné une liste aussi complète que possible des faunes de Saint-Benoît et de Pécheseul. Je ne rappellerai que la faune de Céphalopodes.

Belemnites (Hibolites) hastatus Blain. B. (Belemnitopsis) latesulcatus d'Orb. Perisphincles aurigerus Opp.

(1) GUILLIER. Géologie du département de la Sarthe Le MansParis, 1886.


- 18 -

P. Moorei Opp.

P. evolutus Neum.

P. subbackeriae d'Orb.

Macrocephalites macrocephalus Schl. et variétés.

M. subtumidus Waag.

Sphaeroceras microstoma d'Orb.

Sph. bullatum d'Orb.

Oppelia stenorhyncha Opp.

Op. aspidoides Opp.

Hecticoceras pleurospanium Par-Bon. - (Am. inflexus

de Gross.). H. metomphalum ? Bonar. Oekotraustes Grossouvrei Par-Bon. - (Am. serrigerus

de Gross.). Clydoniceras discus Sow.

Tous les fossiles se rencontrent ensemble sans qu'il soit possible de les distribuer par niveaux.

M. Bigot a récolté dans la même couche : Macrocephalites macrocephalus (var. Canizzaroi Gem.), Sphaeroceras microstoma et Oekotraustes Grossouvrei.

Les carrières de Pécheseul, qui surmontent la rive droite de la Sarthe, sont abandonnées. Les déblais sont boisés et le front de taille est inaccessible. J'ai cependant pu me rendre compte de l'exactitude de la coupe de Guillier à laquelle je prie de se reporter (Voir Guillier loc. cit., p. 161). L'oolithe de Pécheseul n'a pas la même épaisseur surtoute sa longueur. Elle m'a semblé, autant que j'ai pu m'en rendre compte, former de grandes lentilles. Cette disposition doit tenir à l'ondulation de la surface durcie des calcaires à Montlivaultia sous-jacents. Cette oolithe ferrugineuse de Pécheseul est, comme celle de Saint-Benoît, pétrie de fossiles qui indiquent une faune absolument identique.


- 19 -

Discussion des arguments

tendant à faire considérer les assises en question comme

calloviennes et des faits conduisant

à les considérer comme l'équivalent du Cornbrash des Anglais

ARGUMENTS TIRES DES CARACTERES PETROGRAPHIQUES

Ils n'ont qu'une valeur absolument locale. Il faut les mettre au second plan lorsqu'une faune riche permet de tirer des conclusions plus rigoureuses. De plus, lorsqu'il s'agit de dépôts de la zone néritique, et c'est le cas ici, les variations de faciès sont très fréquentes. Nous avons vu qu'à Lion et dans le Calvados en général, le Cornbrash se lie, lithologiquement, d'une manière intime au Callovien; par contre, dans l'Orne, ses sédiments diffèrent peu de ceux du Bathonien, pour en différer à nouveau dans le département de la Sarthe. Les arguments d'Hébert, de Deslongchamps perdent leur valeur lorsque ces auteurs les examinent du point de vue pétrographique.

Un autre argument est tiré de la présence d'une surface perforée et durcie au-dessous du Gornbrash.

Comme l'a écrit Gosselet, une surface perforée et durcie n'est pas forcément une limite d'étage. La formation de ces surfaces, qui peuvent exister en nombre plus ou moins grand dans un horizon nettement défini, dépend des conditions de sédimentation. M. Bigot (I) a montré récemment l'importance de ces hard-grounds dans le Bathonien supérieur de la région de Caen. Il peut arriver que ces surfaces coïncident

(ij A. BIGOT. Conditions de dépôt du Bathonien supérieur dans la région de Caen. C. R. Ac. Sc, t. 184, p. 1149, 1929.


- 20 -

avec les limites lithologiques et paléontologiques de deux étages et même de deux systèmes. Comme le pense M. de Grossouvre, elles n'ont de valeur que lorsqu'elles coïncident avec une lacune importante et lorsqu'elles ont une extension et une continuité suffisantes. Hébert avait choisi comme limite à Pécheseul, parmi les trois surfaces perforées, celle qui cadrait avec les limites lithologiques.

Cependant, il est évident qu'une surface durcie et perforée termine le Bradfordien dans tous les gisements dont il a été question. La constance de cette surface permet de supposer qu'elle est continue depuis la côte du Calvados jusque dans la Sarthe. Elle marque partout la fin du faciès calcaire auquel se superpose par endroits le faciès vaseux du Gornbrash, ailleurs le faciès change peu.

Une légère lacune coïncide avec cette surface, trop faible cependant pour que, de part et d'autre de celle-ci, il y ait une variation importante de faune. Abstraction faite des modifications résultant des différences de faciès (faune du calcaire à Montlivaultia; faune de l'oolithe ferrugineuse de Pécheseul; faune de la Pierre blanche de Langrune et faune des assises argileuses qui la surmontent), la faune, dans son ensemble, a peu varié.

Il faut considérer ce hard-ground terminal du Bradfordien comme résultant d'un important changement dans les conditions de dépôt.

ARGUMENTS TIRES DES CARACTÈRES PALÉONTOLOGIQUES

E. E.-Deslongchamps ne tenait compte que des espèces calloviennes des argiles de Lion-sur-Mer. Pour lui, les fossiles caractéristiques du Cornbrash et de la Grande


FIG. 2. - Variations de faciès du Cornbrash en Normandie et dans la Sarthe


- 22 -

Oolithe ont été remaniés à la base des argiles et il prétendait qu'ils y sont exclusivement cantonnés. Or, une récolte de fossiles systématiquement pris niveau par niveau m'a permis de montrer que les espèces propres au Cornbrash se rencontrent à tous les niveaux des argiles et que des espèces très caractéristiques telles que Rhynchonella Morieri et Rh. badensis se trouvent en abondance au sommet des argiles et qu'elles sont rigoureusement en place. Il est évident qu'une des formes les plus caractéristiques du Cornbrash d'Angleterre, du Boulonnais, que l'on trouve dans l'Est du Bassin de Paris, Zeilleria lagenalis Schl., n'est connue ni à Lion ni en Normandie, et c'est là le principal argument des auteurs pour nier la présence du Cornbrash dans la bordure occidentale du bassin de Paris. Il existe cependant à Lion des fossiles qui accompagnent Z. lagenalis dans les gisements où on la trouve, tels que Z. obovata et Rh. badensis. Dans les départements de l'Orne et de la Sarthe, Zeilleria sublagenalis Dav., que certains auteurs et en particulier Triger considèrent comme aussi caractéristique que Z. lagenalis, est assez abondante. Enfin, le niveau à Z. lagenalis n'est pas constant au sommet du Cornbrash en Angleterre.

L'autre argument capital pour les auteurs qui considèrent ces assises comme calloviennes est la présence de Macrocephalites macrocephalus Schl. - Cette Ammonite n'est pas exclusivement localisée dans le Callovien comme le pensait Hébert. - J. Wohlgemuth la signale dans le Bathonien supérieur de l'Est de la France ; Rigaux et Sauvage dans le Cornbrash du Boulonnais ; M. de Grossouvre dans les couches à Rhynchonella badensis de la Nièvre. On la rencontre dans les couches supérieures du Gornbrash d'Angleterre.


BATHONIEN ESPÈCES D'AMMONITES CORNBRASH CALLOVIEN

moyen supérieur

0. aspidoides

H. pleurospanium

C. discus

C. Hochsletteri

Sph. bullatum

Sph. microstoma

M. Macrocephalus

P. auriqerus ....

P. subbackeriae.

P. évoluais ....


- 24 - - 25 -

Tableau comparatif du Corabras e Normandie et la Sarthe avec celui du. Boulonnait de l'Angleterre

BOULONNAIS ANGLETERRE

CALVADOS ORNE SARTHE S. S. BUCKMAN

A. P. DUTERTRE PARENT WOOBWRAD OPPEL PHILLIPS

1918. 1922 1927

Couches Zone

CORNBRASH de Sées et

de Sure à T. Louche a Macrocephalilan Handthorpian T. lagenalis

sup sublagenalis Couches C T. lagenalis.

et M. macro. de Mamers à ; Macrocephalus

cephalus. T. sublagenate

sublagenate M. macrocephalus.

macrocephalus. C. du Yorkshire

_____ _____ _____ ferrugineuse

Couches de Pécheseul Z. à lagenalis Stalbridgian Zone

Couches de Bourg-le- à

CORNBRASH de Lion-sur- blagenalis et C. discus. Zone W. abovata T. lagenalis

chetteri, C. B Clydoniceratan

MOYEN discus, P.

subbackerioe, Ctaworthian

Rh. badensis

Z. obovata. C. sans Oolithe

T. lagenalis du Was

Couches Z. à Kulchirhynchia Bedfordian T. intermedia C de

de Lion-sur- Chippenham

Mer, de Col- Chippenham

leville, de StCORNBRASH Pierre - surDives à INF Rhynchonella Morierei, T. Fleischeri


- 26 -

Enfin des espèces caractéristiques du Cornbrash anglais, telles que Clydoniceras discus Sow. et surtout sa variété Hochstetteri Opp., existent dans le Cornbrash de Normandie et de la Sarthe.

A parties Ammonites du groupe des Macrocephalites, toutes les autres se rencontrent dans le Bathonien. La faune de Brachiopodes paraît caractériser le même niveau sur la bordure du Bassin de Paris et en Angleterre.

Le tableau ci-contre, emprunté en partie à M. de Grossouvre, montre la répartition verticale des Ammonites.

Comparaison du Cornbrash

de Normandie et de la Sarthe avec celui de l'Angleterre et du Boulonnais

Les travaux d'Oppel, de Woodward et de M S. S. Buckman (1) m'ont permis de faire une comparaison assez serrée.

Le Cornbrash de Chippenham, près de Stanton correspond, par sa faune, aux couches du Calvados. Zeilleria lagenalis et Macrocephalites macrocephalus y sont absents. On y a trouvé Clydoniceras discus.

La présence de M. macrocephalus signalée par Phillips montre une équivalence entre lé Cornbrash du Yorkshire et les couches de l'Orne et de la Sarthe.

Woodward a montré que M . macrocephalus est abondant dans le comté de Midland, mais rare dans le Sud.,

M. S. S. Buckman a proposé plusieurs horizons fauniques pour le Cornbrash anglais.

(1) S. S. BUCKMAN. Jurassic chronology, III, Some faunal horizons in Cornbrash (Q. J. G. S., LXXXIII, P. I, p. \, 1927).


Sa zone à Kutchirhynchia (Rh. Morierei) ou Bedfordian semble correspondre aux couches du Calvados. Son Clydoniceratan correspondrait en partie aux couches du Calvados et de la Sarthe et son Macrocephalitan aux couches de l'Orne et de la Sarthe.

Dans le Boulonnais, les couches b et c de A. P. Dutertre (1) semblent correspondre aux couches de Normandie et de la Sarthe. De même, les différentes zones de M. H. Parent (2) ont leur équivalent dans notre région.

Il semble que l'on doive admettre, dans le Cornbrash de la bordure occidentale du Bassin de Paris, en se basant sur les niveaux fauniques de M. S. S. Buckman, les divisions suivantes :

CORNBRASH

SUPÉRIEUR : Couches à Macrocephalites macrocephalus et à Sphaeroceras bullatum,

MOYEN : Couches à Clydoniceras discus, Perisphinctes subbackeriae, O. Hochstetleri.

INFÉRIEUR : Couches à Rhynchonella Morierei et à Terebratula Fleischeri.

Le Cornbrash paraît exister d'une manière continue depuis les côtes du Calvados jusque dans le département de la Sarthe. Il faudrait le considérer, ainsi que le pense

(1) A.-P. DUTERTRE. Contribution à l'étude du Bathonien du Bas-Boulonnais. (Ami. S. G. Nord, t. XLV, p. 157, 1921).

(2) H. PARENT. Etudes sur le Jurassique du Bas-Boulonnais. Ann, S. G. Nord, t. XXVII, p. 65, 1898).


- 28 -

M. S. S. Buckman, comme une formation de passage (a bridge formation). Sa limite inférieure est nettement établie, mais il est très difficile de se prononcer sur la limite supérieure et sur la base du Callovien. On peut considérer que les couches qui renferment Macrocephalites macrocephalus accompagné d'Ammonites bathoniennes appartiennent au Cornbrash et que celles qui abritent cette ammonite sans son cortège de formes bathoniennes sont calloviennes.

BEMARQUES SUR LA FAUNE

Clydoniceras discus Sow.

Cette espèce est réputée comme rare dans les gisements où on la trouve ; par contre son aire de répartition est très vaste. En Normandie, Clydoniceras discus est relativement abondant. Plus de vingt exemplaires ont été recueillis dans le Bradfordien. Les argiles de Lion-sur-Mer ont livré jusqu'ici cinq individus. J'ai retrouvé cette espèce à Bourg-le-Roi, à Saint-Benoît et à Pécheseul d'où proviennent aussi de nombreux exemplaires répartis dans plusieurs collections,

Genre Macrocephalites

On trouve dans le Cornbrash Macrocephalites macrocephalus Schloth. et ses variétés (M. Canizzaroi Gem.) - M. subtumidus Waag. est assez fréquent. Enfin, je rapporte avec quelque doute certaines formes aux M. dimerus Waag. et subtrapezinus Waag., formes qui, selon Maurice Nicklès (1), ont une affinité indo-mal(1)

indo-mal(1) NICKLÈS. C. R. S. S. G. Fr.,.fasc. 3, p. 33, 1928.


- 29 -

gache. Cette affinité de la faune est encore indiquée par la présence de Rhynchonella Marierei Dav. (Kutchirhynchia Buckman).

Zeilleria obovata Sow.

Cette espèce est très abondante dans le Cornbrash. Ellet es très variable dans sa forme. Dans une série d'individus, on peut distinguer des échantillons très semblables à ceux figurés et décrits par M. S. S. Buckman sous les noms de : Obovothyris magnobovata Buck. et 0. grandobovaia Buck. (loc cit., PI. I, fig. 9-10). Ces échantillons ne me paraissent être que des variétés du type, variétés très fréquentes chez tous les BrachiopodesLes différences de taille, de longueur, d'épaisseur plus ou moins considérables ne sont pas suffisantes pour être spécifiques.

Ce travail était déposé quand nous est parvenue la première partie du volume LXXXIV du Quarterly Journal of the Geological Society. Ce fascicule contient un mémoire de MM. J.-A. Douglas et W.-J. Arkell : The stratigraphical distribution of the Cornbrash, I.

Les résultats généraux de ce travail viennent confirmer ceux auxquels je suis arrivé indépendamment en Normandie et dans la Sarthe. De plus, les analyses des différents gisements anglais montrent une équivalence très appréciable entre les couches de la Normandie et celles de l'AngleterreLaboratoire

l'AngleterreLaboratoire Géologie et de Paléontologie

de la Faculté des Sciences de Caen,

Mars 1928.


- 30 -

Abbé L. TOLMER- - Essai sur la répartition géographique du genre Polycera Cuv. 1817 (Mollusque Nudibranche), et des trois espèces P. quadrilineata, Mûller ; P. Lessonii, d'Orbigny ; P. ocellata, Aider et Hancock.

Il n'y a plus à démontrer qu'il existe des rapports étroits entre les êtres vivants et le milieu dans lequel ils vivent. Mais il semble bien qu'un type donné ne peut supporter la variabilité des facteurs complexes qui agissent sur lui, que dans une certaine limite. Telle espèce marine, par exemple, vivant normalement dans - des eaux de salure ou de température déterminées, ne peut, au hasard des migrations, s'adapter brusquement à un milieu totalement différent, sous peine de se voir condamnée à périr. De là découle l'importance dé la biogéographie. Il est intéressant, en effet, après avoir décrit l'anatomie d'un animal, après avoir suivi les phases de son développement, d'étudier sa répartition géographique pour connaître son aire d'extension, et par là projeter quelque lumière sur les points obscurs de sa bionomie.

A ce propos, à l'occasion de Polycera ocellata (Aider et Hancock), que j'ai signalé comme espèce nouvelle pour la région de Luc, et que les différents auteurs qui l'ont observée donnent comme peu commune, j'ai été amené à étudier la répartition géographique du genre Polycera en général, et des espèces P. quadrilineata, Lessonii et ocellata en particulier. Ce modeste essai présentera forcément des lacunes, car je n'ai pu avoir en mains tous les éléments d'information, mais je possède assez d'observations précises et dûment contrôlées, pour me livrer à un travail d'ensemble sur l'exten-


- 31 -

sion de ce curieux genre de Mollusque Nudibranche. Je joins à cette note une carte de l'Europe occidentale sur laquelle j'ai marqué au moyen de signes distincts, les différentes stations des trois espèces qui font l'objet de cette étude.

Le genre Polycera fut créé par Cuvier en 1817. Il le décrit dans son « Règne Animal » d'après le type de la Doris quadrilineata de Müller, signalée chez différents auteurs sous les noms variés de cornuta, flava, lineata, varians et typica, espèce dans laquelle le caractère Polycérien (c'est-à-dire à. plusieurs cornes) se reconnaît distinctement.

Ce genre (= Themisto, Oken) peut être divisé en deux sections bien nettes (Aider).

1. Voile dilaté en filaments tentaculaires. Appendices branchiaux linéaires. Un de chaque côté. Type : P. quadrilineata2.

quadrilineata2. court, bilobé et portant des tubercules. Appendices branchiaux tubercules. Plus d'un de chaque côté.

Types : P. Lessonii P. ocellata

Ajoutons-y Polycera Cooki, Angas, découvert en 1858 aux environs de Port-Jackson (Nouvelle-Galles du Sud), et qui n'est connu que par un seul exemplaire. Cette espèce reçut le nom du navigateur anglais, car elle fut trouvée à Botany-Bay, près de l'endroit où il débarqua.

Le genre Polycera a une aire d'extension très vaste ; pour l'Europe : de la Norvège et des Iles Britanniques à la Méditerranée en passant par le Portugal (AIder). Il a été trouvé à Boston (U. S.), à Rio-de-Janeiro (Aider), à Sydney (Hedley), et dans la Nouvelle-Galles du Sud (Angas). Un sous-genre JEthedoris créé en 1877 est signalé dans l'océan Indien (Fischer).


- 32 -

Il semble que l'espèce quadrilineata (Müller) soit la plus répandue. Très abondante surtout en Norvège et en Angleterre, fréquente dans le Devonshire et le Cornwall, elle se rencontre en grande quantité à Scarborough. Elle se trouve aussi dans la mer d'Irlande, à Dublin, dans le Firth of the Clyde, et à l'île de Man (Aider). En France, abondante à Wimereux en 1888, elle est rare en 1899 (Giard). Elle est signalée à Saint-Malo (Dautzenberg), à Roscoff (de Beauchamp, Hecht), à Arcachon (Cuénot); elle est également trouvée au Portugal (Vayssière); dans la Méditerranée : Banyuls (Mme Pruvot-Fol), Marseille, Nice, Gênes, Naples (Vayssière); dans la mer Adriatique, à Trieste (Vayssière).

Il est curieux de noter que différentes listes de Mollusques des côtes françaises de l'Océan Atlantique, ne comprennent pas de Polycera (Faune de Belle-Ille-enMer, Vignal ; du Croisic, Labbé ; du Maroc, Dautzenberg) ?

Polycera Lessonii (d'Orb.) est moins fréquent que quadrilineata. Il semble avoir une aire d'extension moins méridionale. Trouvé en Suède (Loven) ; çà et là en Angleterre, à Cullercoats, à Dublin où il est peu commun (Aider), il a été signalé à Grandcamp, Calvados (Gadeau de Kerville), à la Rochelle (d'Orbigny), et une variété a été capturée à Boston U. S. (Aider).

Polycera ocellata (Aid. et Hanc.) jouit du privilège de la rareté. Il n'est connu jusque-là que des lles Britanniques : Torbay (Lyme Bay, Devon), baie de Dublin (Aider), Plymouth (Garstang), Liverpool (Scott) ; d'Allemagne, Kiel et Heligoland (Meyer et Môbius); du Danemark, Petit Belt, île de Samsoe (Meyer et Môbius) et des côtes françaises de la Manche : Wimereux (Giard), Luc-sur-Mer (L. Tolmer), Saint-Malo (Dautzenberg et Durouchoux), Roscoff (Hecht, de Beauchamp).

Je dois noter que Giard (1899) le signale à Wimereux


- 33 -

comme une variété de P. Lessonii, alors que les deux espèces sont nettement distinctes, et que Aider et Hancock mettent les naturalistes en garde contre leur confusion possible. La différence principale entre Lessonii et ocellata réside, outre la couleur, dans les tentacules. Ceux d'ocellata sont plus longs, plus épais et plus coniques ; ils ont moins de lames et sont plus renflés à l'extrémité que chez P. Lessonii. Les plumes branchiales également sont plus grandes et les lobes branchiaux plus minces et moins nombreux.

A ce point de vue, une remarque s'impose sur laquelle insistent Aider et Hancock dans leur monographie. Les auteurs anglais indiquent qu'il peut y avoir des différences très nettes entre les formes du Sud et celles du Nord (celles-ci ont les tentacules et les plumes branchiales plus minces), et que les zoologistes doivent se méfier des variations sporadiques. Aider et Hancock emploient même le mot de Sport, très à la mode dans le langage mutationniste. Giard semble lui-même l'avoir constaté quand il dit « que plusieurs mollusques du Boulonnais, particulièrement les Nudibranches, présentent des formes intermédiaires entre les types britanniques et ceux observés à l'entrée dé la Baltique. Tels sont, pour citer quelques exemples, Eolis Papillosa, les Polycera ocellata et cristata ».

Comme nous le voyons d'après cette citation, Giard signale à Wimereux la présence d'un Polycera cristata. Or, cette' dénomination spécifique ne se rapporte pas à un Polycera, mais au genre Ancula. Aider décrit bien un Polycera cristata en 1841, mais le genre fut démembré, et P. cristata d'Aider, devint Ancula cristata, quand fut créé en 1846 le genre Ancula par Loven, dans son « Index Molluscorum Scandinavie ». Ce genre Ancula diffère de Polycera par la présence de filaments à la base

3


34 -


- 35 -

des tentacules, et dans l'absence d'expansion du voile et de l'aire dorsale. Il est extraordinaire que le grand naturaliste ait été pris au piège qu'il soupçonnait, et qu'il n'ait pas tiré tout le parti possible des indications d'Aider, puisqu'il considère P. ocellata comme une simple variété de P. Lessonii.

CONCLUSION : Le genre Polycera a une aire d'extension très grande. L'espèce quadrilineata semble la plus répandue, P. ocellata et P. Lessonii sont nettement septentrionales, ocellata étant plus rare et ne dépassant pas le Sud de la Manche. Leur habitat est généralement distinct, et découle de leur nourriture favorite. P. quadrilineata est plus herbivore, et se rencontre avec d'autres Nudibranches dans la zone de balancement des marées (avec 6 Doris, 1 Triopa, 8 Eolis, Saint-Malo, Dautzenberg). Lessonii et ocellata seraient plus carnivores, et habitent des eaux plus profondes. Il semble que, malgré l'opinion de Vayssière et d'Ad. Dollfus, nous devions nous ranger à l'avis de Giard qui adopte lui-même la façon de voir d'Aider : « Chaque Nudibranche a une nourriture spéciale, et, souvent, il y a entre l'individu et sa nourriture des phénomènes de mimétisme surprenant ». Manque de précision au sujet de l'habitat, embarras dans la recherche apporté par le mimétisme, voilà peut-être les deux raisons pour lesquelles il est si difficile de découvrir P. Lessonii et P ocellata; c'est peut-être aussi pourquoi les confusions sont si faciles entre ces espèces qui peuvent subir des variations considérables.

Laboratoire de Zoologie

de la Faculté des Sciences de Caen.

6 Janvier 1938.


- 36 - INDEX BIBLIOGRAPHIQUE

ALDER AND HANCOCK. - A monograph of the British Nudibranchiate Mollusca, by Joshua Aider and Albany Haucock, Ray Society, London, 1845.

ANGAS G.-F. - Description d'espèces nouvelles appartenant à plusieurs espèces de Mollusques Nudibranches des environs de Port-Jackson (S. New-Wales), Journal de Conchyliologie, 3e série, tome IV, n° 1, 1851.

BEAUCHAMP (DE). - Les Grèves de Roscoff, 1914.

CUÉNOT. - Contribution à la Faune du Bassin d'Arcachon. IV. Eolidiens, 1906. - IX. Revue générale de la Faune et Bibliographie, 1927. In Bulletin de la Station Biologique d'Arcachon.

DAUTZENBERG. - Liste des Mollusques marins récoltés en 1915-1916 par M. Lecointre sur le littoral du Maroc. Journal de Conchyliologie, 1917.

DAUTZENBERG et DUROUCHOUX. - Supplément à la faunule malacologique des environs de Saint-Malo. Feuille des jeunes Naturalistes, 36e année, 1906.

FISCHER (H.). - Mollusques marins recueillis à Guéthary. Travaux des Laboratoires. Station biologique d'Arcachon, 1918.

FISCHER (P.). - Catalogue des Nudibranches et Céphalopodes

des côtes océaniques de la France. Journal de

Conchyliologie, tome XV, 1867; tome XVII, 1869;

tome XX, 1872 ; tome XXIII, 1875; Gastropodes,

page 527.

GADEAU DE KERVILLE. - Recherches sur les faunes marine et maritime de la Normandie. Bulletin Soc. Amis

Sciences Nat. Rouen, 1877 (tirage à part, 2e voyage,

1898, page 40).

GARSTANG. - A completelist of the Opisthobranchiate Mollusca found at Plymouth. Journal of the Marine biol. Assoc, vol. 1, 1890.

GIARD (A.). - Recherches faunistiques. Bull. Scienc. France et Belgique, t. 19, p. 492. OEuvres complètes, t. II.


- 37 -

GUIART. - Contribution à l'Etude des Gastéropodes opisthobranches et en particulier des Céphalaspides. Mém. Soc. Zool. France, tome XIV et thèse, Paris. HECHT (E.). - Contribution à l'Etude des Nudibranches, 1896.

Thèse, Paris. HEDLEY (C). - A check list of the Marine fauna of N. S.

Wales, Sydney. N. S. W. J. R. Soc, 1918. HESSE. - Diagnose des Nudibranches nouveaux des côtes de

Bretagne. Journal de Conchyliologie, t. XII, 1872, JEFFREYS. - British Conchology, vol. 5, London, 1869. LABBÉ (A.). - Les Opisthobranches du Croisic, note préliminaire. Bull. Soc. Sc. Nat. Ouest, 1921 ; Bull. Soc.

Sc. Nat. Ouest, 1922. LABBÉ (A.). - Note préliminaire sur cinq espèces d'Eolidiens

de la station du Croisic. Bull. Soc. Zool. France,

1923, 1er août. LABBÉ (A.). - Description sommaire de cinq espèces nouvelles

d'Eolidiens trouvés à la station du Croisic. Bull.

Soc. Sc. Nat. Ouest, 1923. LAFONT. - Note pour servir à la Faune de la Gironde. Actes

Soc. Linn. Bordeaux, 1871, tome 28. LOVEN. - Index Molluscorum Scandinaviae, 1846. MEYER und MOBIUS. - Fauna der Kieler Bucht, Opisthobranchiata,

Opisthobranchiata, SAUVAGE. - Catalogue des Nudibranches des côtes du

Boulonnais. Journal de Conchyliologie, 3e série,

tome XIII, 1873. SCOTT (A.). - Faunistic notes. Proc. Trans Liverpool Biol.

Soc, 1923. TOLMER (L.). - Polycera ocellata (Aider and Hancock), Nudibranche

Nudibranche pour la région de Luc-sur-Mer:

Bull. Soc. Linn. Norm., 1927, p. 109*. TRINCHESE. - AEolididae. Atti d. R. Accad. dei Lincei, série 3,

vol. X, 1881. VAYSSIÈRE (A.). - Mollusques de France et régions voisines,

tome II.


- 38 -

VAYSSIÈRE (A.). - Sur la faune marine de la côte occidentale du Golfe de Marseille. Paris, C R. Acad. Sc, 1920.

VAYSSIÈRE (A).- Recherches zool. et anat. sur les Mollusques opisthobr. du golfe de Marseille. Ann. Musée Marseille, 1919.

VAYSSIÈRE (A.). - Etude comparée des opisthobr. des côtes françaises de l'Océan Atlantique et de la Manche avec ceux de nos côtes méditerranéennes. Bull. Scientif., tome 34, 1901.

VIGNAL (L.). - Liste des coquilles recueillies en sept. 1917 par M. Petit aîné à Belle-Ille-en-Mer. Paris, Bull. Soc. Zool., 1917.

VOGT (C.). - Recherches sur les Opisthobranches. Mém. Inst. Nat. Genevois, 1854, vol. 1,

P. BUGNON. - Hypophyllodes et protophyllodes chez le Ribes sanguineum.

Les feuilles végétatives adultes du Groseillier sanguin, Ribes sanguineum Pursh, présentent une différenciation accusée en limbe, pétiole et gaine (fig. 1). Ce sont des feuilles dites complètes. Si l'on veut faire usage de la terminologie de BOWER (1884), on dit que leur phyllopode se montre nettement différencié en épipode, mésopode et hypopode. Dans les deux cas, le langage utilisé conduit à accorder une importance morphologique équivalente et une certaine autonomie aux trois parties ainsi distinguées dans ces feuilles complètes.

L'étude de leur développement révèle que l'ébauche primordiale se divise de bonne heure, par un étranglement, en une région proximale et une région distale, le Blattgrund et l'Oberblalt d'EiCHLER (1861); en règle générale, pour EICHLER, c'est du Blattgrund que dérive la gaine et c'est à l'Oberblatt qu'appartient toujours la


- 39 -

région intermédiaire étranglée, destinée à devenir le pétiole pendant que la région terminale devientle limbe. Si l'on accepte le schéma d'EICHLER, le pétiole se trouve donc, par l'ontogénie, étroitement rattaché au limbe et isolé de la gaine. Au contraire, avant EICHLER, on considérait souvent la gaine comme une simple modification locale ou générale du pétiole, la feuille complète ne comprenant que deux parties fondamentales : pétiole et limbe [1]. Il est essentiel de se remémorer ces variations historiques dans la manière d'interpréter les parties d'une feuille, et surtout les importantes variations du sens attribué au terme de pétiole, pour aborder l'étude des homologies foliaires.

Chez le Ribes sanguineum, pétiole et gaine différent, non seulement par leurs caractères morphologiques externes, mais encore par la distribution de leurs faisceaux conducteurs : ceux-ci sont accolés parallèlement en un cordon unique dans la région cylindrique étroite correspondant au pétiole ; la région étalée correspondant à la gaine est au contraire parcourue par trois cordons, qui divergent en descendant à partir de la base pétiolaire et dont j'ai fait connaître antérieurement les relations ontogéniques [2].

La présence habituelle de ces trois cordons permet de rapporter immédiatement à la région hypopodiale la lame des écailles pérulaires ; on trouve d'ailleurs de nombreux intermédiaires (fig. 2) entre les écailles typiques et les feuilles végétatives ; ces intermédiaires permettent d'admettre que les écailles se forment par l'arrêt plus ou moins précoce du développement des régions épipodiale et mésopodiale, dans une ébauche foliaire déjà différenciée en ses trois régions fondamentales et capable de se transformer en feuille végétative; c'est d'ailleurs ce que l'observation directe de l'ontogénie


- 40 -

des écailles pérulaires permet de vérifier ; c'est aussi ce que l'expérience prouve : en provoquant, par la taille par exemple, le développement prématuré d'un très jeune bourgeon axillaire, ses premiers phyllomes deviennent effectivement des feuilles végétatives et non des écailles pérulaires. Les lames foliaires que celles-ci constituent, différenciées aux dépens de la région hypopodiale d'une ébauche foliaire, représentent donc des hypophyllodes [3].

Dans les feuilles intermédiaires entre les écailles pérulaires et les feuilles végétatives typiques, on observe une bordure membraneuse plus ou moins large sur les marges de la gaine; cette bordure peut même former, vers le haut, des oreillettes stipuliformes, qui restent d'ailleurs dépourvues de nervures. Nombre d'auteurs ont considéré ces organes comme de vraies stipules, entr'autres ROSSMANN (loc cit., p. 35), PAYER [4], LUBBOCK [5], VELENOVSKY [6], etc. ; GLÜCK [7] voit même, chez le Ribes sanguineum, un exemple frappant de la manière dont les stipules peuvent s'éteindre peu à peu dans une espèce : les stipules latérales se seraient conservées dans la région inférieure du bourgeon, là où elles étaient nécessaires comme organes protecteurs ; la gaine des feuilles végétatives proviendrait de la réduction des stipules latérales en stipules vaginales.

Dans l'inflorescence et dans la fleur, on trouve d'autres types foliaires. J'ai déjà indiqué brièvement (loc. cit., p. 1036-1037) que la nervation des bractées ne permet pas de les homologuer aux écailles pérulaires, ainsi qu'on l'a fait souvent antérieurement : PAYER (loc cit., p. 388), EICHLER [8], VELENOVSKY (loc. cit., p. 514), etc. ROSSMANN, qui les a décrites et figurées (loc. cit., p. 49-51, pl. II, fig. 43-48), y voyait déjà des lames plus complexes, à la constitution desquelles


- 41 -

prenaient part à la fois le limbe et le pétiole (sensu lato) ; mais il n'en a pas décrit la nervation : l'étude détaillée que j'ai faite de celle-ci m'a conduit non seulement à modifier l'interprétation que j'avais d'abord proposée (toc. cit., p. 1037), voisine de celle de ROSSMANN, mais encore à voir dans les bractées, les sépales, les pétales et les élamines du Ribes sanguineum une série morphologique continue de phyllomes, appartenant tous à la catégorie des phyllodes d'ébauche foliaire ou protophyllodes [9].

Il n'est pas rare de trouver, à la base des grappes, des bractées où l'on observe, bien distinctes, les trois régions superposées du phyllopode. La figure 3 en représente un cas : à part la taille et la lobation, le limbe a tous les caractères de celui d'une feuille végétative; le mésopode est relativement court, et si sa nervation reste celle d'un pétiole de feuille végétative, ses marges manifestent une tendance à se développer ; de plus, elles se montrent pourvues de longs cils capités, comme les marges membraneuses de la gaine; celle-ci présente toujours les trois faisceaux divergents de l'hypopode des feuilles végétatives.

Dans la bractée de la figure 4, on peut encore, grâce à la nervation, fixer les limites du mésopode par rapport à l'épipode et à l'hypopode ; le mésopode se montre cependant aplati comme cette dernière région et possède, sur toute la longueur de ses flancs, une marge membraneuse et ciliée semblable à celle qui borde la gaine.

Dans la bractée de la figure 5, un seul des faisceaux conducteurs latéraux de l'hypopode est représenté ; mais il suffit à marquer la hauteur relative de cette région dans la bractée. L'épipode reste lui-même bien caractérisé. Quant au mésopode, corrélativement à son aplatissement de plus en plus accentué, ses faisceaux


- 42 -

conducteurs s'écartent les uns des autres au lieu de rester étroitement accolés en un cordon unique.

Jusqu'ici, toutefois, les marges mésopodiales restent dépourvues de nervures. On peut saisir le mode d'apparition et d'extension des nervures marginales dans les bractées des figures 6 et 7. Dans la bractée de la figure 6, la marge de droite, la moins développée, montre une nervure différenciée dans son angle supérieur; mais cette nervure ne s'est pas assez étendue vers le bas pour se mettre en rapport avec le cordon conducteur médian de la bractée; elle demeure totalement indépendante, comme le faisceau latéral de l'hypopode représenté du même côté. Dans la bractée de la figure 7, la marge de droite, plus développée que dans la bractée précédente, présente deux faisceaux propres, dont l'un s'est suffisamment étendu vers le bas pour entrer en relation, par une petite anastomose transverse, avec le cordon conducteur médian, tandis que l'autre faisceau reste encore complètement isolé. La marge de gauche offre un système nervuraire déjà plus complexe, en rapport lui aussi avec l'appareil conducteur médian, et en outre avec le faisceau latéral de l'hypopode présent du même côté. Du côté gauche de la bractée précédente (fig. 6), la marge mésopodiale est beaucoup plus importante; son système nervuraire, encore plus complexe, ne prend

Fig. 1 : Feuille végétative. X 4/5- Fig. 2 : Ecaille pérulaire avec épipode et mésopode distincts, quoique peu développés. X 4 - Fig. 3 à 10, 12 : bractées 1 à 5, 8, 7, 9, 26 d'une même grappe, récoltée le 10 mars 1928. X 4. - Fig. Il et 15 bractées récoltées le 6 avril 1928. X 4. - Fig. 14 : bractée récollée le 8 avril 1926. X 4. - Fig. 13, 16, 17 ; sépale, pétale et étamine (lames 759 et 760). X 4.-

Dans les figures 4 à 9, la ligne pointillée marque la limite inférieure de la région épipodiale, colorée en vert sur le frais, et qui tranchait ainsi sur le reste de la bractée, teinté de rouge.


- 43 -

Fig. 1 à 17. - Ribes sanguineum Pursh.


- 44 -

contact avec le cordon conducteur médian que vers la base de l'hypopode, dont le faisceau latéral gauche manque.

A partir de ce type de bractée (fig. 6 et 7), on peut suivre deux séries conduisant, l'une aux sépales, l'autre aux pétales et aux étamines. Dans les deux séries, il y a d'ailleurs : 1° réduction de l'importance relative de l'épipode, qui perd progressivement les caractères structuraux du limbe; 2° suppression de la lobation terminale ; 3° disparition complète des faisceaux conducteurs latéraux de l'hypopode (fig. 8, 9, 10).

Les bractées des figures 11 et 12 montrent comment on arrive à l'organisation des sépales (fig. 13), où les systèmes nervuraires des marges mésopodiales deviennent d'habitude indépendants du cordon conducteur médian du phyllopode.

Les bractées des figures 14 et 15 montrent comment on aboutit à l'organisation des pétales (fig. 16), par réduction du système nervuraire total, qui reste ici complètement subordonné au cordon médian du phyllopode, et dont les dernières ramifications n'atteignent plus le bord de la lame. Corrélativement, la région hypopodiale se rétrécit et, dans le pétale, elle tend à prendre l'aspect d'un pétiole ; dans l'étamine (fig. 17), si voisine du pétale par la taille et la forme d'ensemble, le cordon médian du phyllopoda reste seul présent : le développement des sacs polliniques aux dépens des marges mésopodiales a, comme dans l'anthère de Viola odorata [10], empêché le développement des faisceaux conducteurs.

Mais l'anthère, comme la lame du pétale, représente ici un complexe, homologue des régions épipodiale et mésopodiale des feuilles végétatives, homologue d'un lobe médian pétio-limbaire et de lobes latéraux stipu-


- 45 -

laires pour ceux qui veulent voir des stipules dans les marges membraneuses développées sur les flancs du phyllopode. La région du filet de l'étamine, du pseudopétiole du pétale, s'est différenciée aux dépens de la base de l'hypopode : c'est un podode

Les bractées, dont la figure 10 représente le type moyen, résultent du développement en lame unique de toute une ébauche foliaire indifférenciée. D'une part, grâce aux nombreux intermédiaires, normaux ou tératologiques [11], qui les relient aux feuilles végétatives, on peut retrouver dans cette lame, sans d'ailleurs pouvoir en général fixer avec précision leurs limites réciproques, les trois régions que présentent nettement les feuilles végétatives. D'autre part, grâce aux intermédiaires nombreux qui les relient aux sépales, aux pétales et aux étamines, on peut découvrir les homologies des diverses régions de ces feuilles florales. On peut enfin rapporter toutes ces feuilles à un prototype unique [12].

BIBLIOGRAPHIE ET REMARQUES

[1] C'est, par exemple, l'opinion exprimée par A.-P. DE CANDOLLE (Théorie élémentaire de la botanique, 1813 ; Organographie végétale, 1827), BRISSEAU-MIRBEL (Elémens de physiologie végétale et de botanique, 1815); Ach. RICHARD (Nouveaux élémens de botanique et de physiologie végétale, 6e éd., 1838); etc. Parmi les auteurs qui firent prévaloir l'opinion adverse, suivant laquelle la gaine constitue une partie fondamentale et autonome de la feuille, il faut citer en particulier D. CLOS (Importance de la gaine de la feuille dans l'interprétation des bractées, des sépales et des écailles des bourgeons. Bull. Soc. bot. Fr., 3, p. 679, 1856; etc.).

[2] BUGNON (P.), Différenciation de la trace foliaire trifasciculée du Ribes sanguineum (Bull. Soc. bot. Fr., 73, p. 1032,1926).


- 46 -

[3] Ce sont les écailles pérulaires d'une espèce voisine, le Ribes nigrum L., qu'Agnès ARBER a choisies comme exemple démonstratif pour définir ses phyllodes de base foliaire [The phyllode theory of the Monocotyledonous leaf, with special reference to anatomical evidence (Ann. of Bot., XXXII, p. 474-475, fig. 5, 1918)].

J'ai justifié, dans une publication antérieure* [Aperçu sur l'origine et l'évolution du concept de phyllode (C. R. Congrès de Lyon A. F. A. S., 50e Session, p. 369, 1927)], l'application du terme de phyllode à une lame hypopodiale ; comme Agnès ARBER, j'emploie par là ce terme avec son sens primitif, le sens large que son créateur, A.-P. DE CANDOLLE, lui attribuait et non avec le sens abusivement restreint de lame mésopodiale que maints auteurs modernes voudraient lui imposer.

Je citerai encore ici, à l'appui de mon opinion, cette phrase de ROSSMANN, lequel, comme DE CANDOLLE, employait le terme de pétiole avec son sens large : « Ich bezeichne, wie es bereits Grise bach gethan hat, mit Phyllodium einem Blattstiel welcher die Stelle des ganzen Blattes vertritt, ganz einerlei ob er cylindrisch, spreitenartig horizontal verbreitert oder von der Seite zusammengedruckt erscheint, ob sich Stipularbildungen an ihm nachweisen lassen oder nicht, ob er von gewohnlich-blattartiger Textur und grüngefârbt, oder ob er, haûtig oderlederig, eine weissliche, rôthliche oder brâunliche Fârbung besitzt » (Beitrâge zur Kenntniss der Phyllomorphose, Erstes Heft, p. 30, 1857). Et ROSSMANN rangeait parmi les phyllodes : les écailles pérulaires, les bractées et les sépales des Helleborus, les pétales des Paeonia, etc.

On trouvera une intéressante mise au point du problème de la valeur morphologique des écailles pérulaires, avec bibliographie étendue, dans le mémoire tout récent de A.-S. POSTER : Salient features of the problem of bud-scale morphology (Biological Reviews, III, p. 123, 1928).

[4] PAYER (J.-B.), Traité d'organogénie comparée de la fleur, p. 389, 1857.

[5] LUBBOCK. (Sir J.), On stipules, their forms and functions, [Journ. of Linn. Soc, Bot,, XXVIII, p. 235-236,fig. 8-10, 1891).


- 47 -

[6] VELENOVSKY (J ), Vergleichende Morphologie der Pflanzen, II, p. 513-514, fig. 332, 1907.

[7] GLUCK (H.), Blatt-und blûtenmorphologische Studien, p. 49 et 206, 1919.

[8] EICHLER (A.-W.), Blûthendiagramme, 2e partie, p. 434, 1878.

[9] Voir notamment à leur sujet : BUGNON (P.), Pododes et protophyllodes végétatifs (C.R. Congrès de Grenoble A.E.A.S., 49e Session, p. 366, 1926).

P. VUILLEMIN (Les anomalies végétales. Leur cause biologique, Paris, 1926), qui veut n'accorder au mot phyllode que son acception restreinte de lame mésopodiale, a critiqué de ce point de vue le terme de protophyllode : « Le phyllome est continu lorsqu'il ne laisse apercevoir aucune démarcation entre des mériphylles tels que gaine, limbe ou pétiole. Le protophyllode de Bugnon (1925) répond à la même idée, mais l'exprime mal puisque le mot phyllode qui entre dans sa composition est défini dans un sens différent » (loc. cit., p. 237).

J'ai montré, depuis, que non seulement le terme de phyllode devait s'appliquer aussi bien aux lames hypopodiales qu'aux lames mésopodiales (voir plus haut, note 2), mais que la région épipodiale elle-même pouvait entrer, pour une part plus ou moins importante, dans la constitution des phyllodes sensu stricto, tels que les admet GOEBEL par exemple ; j'en ai conclu qu'on était fondé à définir dorénavant un phyllode : toute lame foliaire simulant un limbe sans en être l'homologue, qu'elle soit formée aux dépens de l'une quelconque ou de plusieurs des régions hypopodiale, mésopodiale et épipodiale du phyllopode. [A propos des phyllodes dans le genre Lathyrus (Bull. Soc. bot. Fr., 73, p. 909-912, 1926)].

[10] BUGNON (P.), Homologies foliaires chez la Violette odorante : étamines et carpelles (Comptes rendus Ac. Sc, 180, p. 1174, 1925).

[11] Chez les Ribes, des grappes anormales peuvent présenter des bractées transformées en feuilles végétatives ; inversement, des pousses normalement végétatives (rameaux longs) peu-


vent se terminer tératologiquement en grappes, leurs feuilles végétatives terminales prenant les caractères des bractées. J. C. COSTERUS en a décrit récemment (Profileration of the inflorescence of Ribes. - Recueil des travaux bot. néerlandais, XXIII, p. 263-268, 5 fig., 1926) quelques cas pour les Ribes rubrum L. et nigrum L. ; 'j'ai également en collection quelques rameaux longs de Ribes sanguineum anormalement terminés en grappe florale. La tératologie fournit donc, comme la morphologie normale et l'anatomie comparée, des preuves en faveur de l'homologie des bractées et des feuilles végétatives.

[12] BUGNON (P.), Sur les homologies foliaires chez les plantes à graines (Bull. Soc. bot. Fr., 70, p. 732, 1923).

Chez le Ribes sanguineum, en particulier, on ne voit pas sur quel fait ontogénique, morphologique, anatomique ou tératologique on pourrait s'appuyer pour justifier l'affirmation générale de P. VUILLEMIN (loc. cit., p. 19) suivant laquelle le pétale serait un frondome dérivé de l'étamine, alors que la bractée serait un phyllome, sans rapport phylogénique et sans homologie avec le pétale et l'étamine.

P. BUGNON. - Les cotylédons du Crataegus monogyna Jacquin sont des protophyllodes.

Les feuilles végétatives de l'Aubépine (Cratsegus oxyacantha L. et C. monogyna Jacquin) ont d'habitude un limbe ovale, plus ou moins profondement lobé (3-5 lobes dentés), un pétiole bien caractérisé et deux stipules, insérées sur une base foliaire très courte, de part et d'autre de la base du pétiole. Dans une publication antérieure (1), j'ai rappelé le polymorphisme

(1) P. BUGNON, Pododes et protophyllodes végétatifs (Comptes rendus Congrès de Grenoble Assoc. fr. Av. Sc, 49e session, p. 366,1926).


- 49 -

considérable des stipules : minuscules et rapidement caduques dans les feuilles des rameaux courts, elles peuvent au contraire acquérir l'importance, le rôle et la durée des autres lobes foliaires dans les feuilles des rameaux longs.

Les premières feuilles végétatives portées par l'axe primaire, au-dessus des cotylédons, sont également stipulées; mais leurs stipules sont petites, et d'autant plus petites qu'on se rapproche davantage des cotylédons (fig. t et 2).

Quant aux feuilles cotylédonaires, elles présentent seulement une lame ovale, à contour entier, portée sur une région basilaire plus étroite, mais non bordée de lobes stipulaires (fig. 1 et 3).

En ne considérant que ces faits, malgré les différences observées dans la forme d'ensemble et dans la nervation, on pourrait donc être porté à assimiler la lame cotylédonaire au limbe des feuilles végétatives, la portion basilaire rétrécie de cette lame au pétiole, et à supposer l'avortement total des stipules.

Cependant, lorsqu'on étudie comparativement les feuilles d'un rameau long, développé comme rameau anticipé à partir d'un bourgeon axillaire de l'année, on constate, en allant du sommet vers la base du rameau : 1° une réduction progressive de l'importance du limbe par rapport aux stipules et une réduction correspondante de la longueur du pétiole ; 2° puis, la formation d'une lame unique, comprenant visiblement les trois lobes principaux (lobe médian pétiolimbaire et lobes latéraux stipulaires) qui sont séparés dans les feuilles typiques ; 3° la disparition finale de la lobation même et, souvent, pour les feuilles les plus inférieures, une légère extension longitudinale de la base foliaire : celle-ci, étroite par rapport à la


- 50 -

lame complexe qu'elle supporte, prend ainsi l'aspect d'un pétiole.

J'ai décrit et figuré ces feuilles spéciales (loc. cit., fig. 2 à 12, p. 367) et j'ai désigné sous le nom de protoFIG.

protoFIG. à 16. - Crataegus monogyna Jacquin


- 51 -

phyllode leur lame, sous le nom de podode le pseudopétiole qu'elles peuvent posséder; elles se forment par le développement en une seule lame de toute une ébauche foliaire; les nombreux intermédiaires entre les feuilles végétatives typiques et les protophyllodes les plus inférieurs prouvent d'ailleurs que, pour ceux-ci, la partie de la lame qu'on peut rapporter au lobe médian pétio-limbaire est de faible importance; ce sont les portions correspondant aux lobes latéraux stipulaires qui ont pris la prédominance.

La ressemblance entre les cotylédons et ces protophyllodes à lame entière, rétrécie à la base en podode, est assez frappante pour qu'on soit naturellement porté à interpréter les cotylédons, eux aussi, comme des protophyllodes.

Donc, si l'on s'en tient aux données de la morphologie foliaire comparée, on peut hésiter entre deux interprétations au sujet de la valeur morphologique des

Fig. 1. - Ensemble d'une germination ; gr. nat. (lame 994). - Fig. 2 - La première feuille au-dessus des cotylédons d'une autre germination ; ses stipules, surtout celle de droite, sont particulièrement réduites; X 2 (1. 994).- Fig. 3. - Un cotylédon d'une autre germination ; X 2 (1. 994). - Dans ces trois figures, on n'a représenté que les nervures principales. - Fig. 4 à 12. - Coupes 20, 29, 35, 50 (I. 2189), 50 (1. 2190), 30, 46 (1. 2191), 15, 25 (1. 2192) d'une série de sections transversales dans une germination ; ca, cb : les deux cotylédons; F1, F2 : les deux premières feuilles au-dessus des cotylédons. X 5/2 - Fig. 13 à 16.- Coupes 15, 31, 72, 96 (1. 853) d'une autre série analogue à la précédente ; cc, cd : les deux cotylédons. X 25/2. Dans toutes ces coupes, on n'a figuré que l'appareil conducteur; les cordons conducteurs foliaires sont en noir ; l'anneau conducteur caulinaire est hachuré.


- 52 -

cotylédons chez l'Aubépine. L'étude de l'anatomie foliaire comparée permet de choisir entre elles.

Lès feuilles végétatives typiques présentent, dans leur base, trois cordons conducteurs : un médian, le plus important, et deux latéraux (fig. 34, h et 42) ; ces trois cordons divergent en descendant à partir du niveau d'insertion des stipules (fig. 36, 35, 34, h et 42); ils traversent l'écorce de la tige, au noeud, pour venir prendre place indépendamment l'un de l'autre dans l'anneau conducteur caulinaire (fig. 33, h). Au niveau de l'insertion des stipules, les deux latéraux, rapprochés du médian, se bifurquent vers le haut : la branche externe se rend dans la stipule correspondante; la branche interne s'accole étroitement au cordon médian (fig. 36, 37, h et 42), de manière à former, à la base du pétiole, au-dessus de l'insertion des stipules, un cordon conducteur unique, à section transversale en arc ouvert du côté de l'axe (fig. 38, h).

Dans les premières feuilles végétatives suivant les cotylédons, la région pétiolaire est peu accusée ; dans la basé foliaire, les deux cordons latéraux sont d'autant plus faibles que les stipules sont elles-mêmes plus petites; au-dessus de la bifurcation de ces cordons, les

Fig. 17 à 22. - Coupes 50, 80 à 84 (lame 854) de la même série que celle des figures 13 à 16. La feuille F1 y présente un cordon conducteur unique dans sa base (fig. 17), par suite du non développement des cordons latéraux en-dessous dès stipules, st. g., st. d. ; fig. 19 : dernière trace vers lé bas du cordon latéral gauche ; fig.. 20 à 22 : ramification de ce cordon au niveau d'insertion de la stipule correspondante. X 120/2. - Fig. 23 à 28. - Schémas de la course des cordons conducteurs dans la basé des cotylédons ca, cb, cc, cd et dans la base des feuilles F, des figures 4 à 12 et 17 à 22 ; l'agrandissement dans le sens longitudinal est quatre fois plus fort que dans le sens transversal.


- 53 -

branches internes peuvent rester écartées du cordon médian et poursuivre leur course vers le haut, jusque dans les marges du limbe, en demeurant ainsi plus ou moins isolées (fig. 9 à 12, F, et 27). Il peut même arriver, lorsque les stipules sont très petites, que les deux cordons latéraux, d'ailleurs grêlés en conséquence, ne se différencient qu'au niveau de l'insertion des stipules, et à partir de là vers le haut comme ci-dessus, mais non

Fig. 17 à 28. - Crataegus monogyna Jacquin


- 34 -

vers le bas, dans la base foliaire : le cordon médian est alors seul représenté dans cette région et il est seul à assurer les rapports entre l'appareil conducteur foliaire et l'anneau conducteur caulinaire (fig. 17 à 22, 28). C'est un fait du même genre que ceux que j'ai décrits chez le Ribes sanguineum (2) ; il prouve, ici comme là, que le point d'origine des cordons latéraux est dans la feuille, que leur différenciation se fait à partir de la feuille vers l'axe et non à partir de l'axe vers la feuille.

Dans les protophyllodes inférieurs, les deux cordons latéraux tendent à prendre, au contraire, presque autant d'importance que le médian et à se comporter de façon assez variable dans leurs relations avec lui (fig. 29 à 32, a, b, c et 39, 40, 41) : ce comportement est en rapport évident avec l'importance relative prise par les régions stipulaires dans la lame commune et avec l'absence d'une région pétiolaire rétrécie.

(2) P. BUGNON, Différenciation de la trace foliaire trifasciculée du Ribes sanguineum (Bull. Soc. bot. Fr., t. 73, p. 1032-1038, 25 fig., 1926).

Fig. 29 à 38. - Coupes 20 (lame 868), 4, 16 (1. 869), 1 (1. 870), 27 (1. 873), 16, 31 (1. 874), 6, 12, 16 (1. 875) d'une série de sections transversales dans un jeune bourgeon axillaire en voie de développement en rameau anticipé; a, b, .., h, i, feuilles successives ; h est la première feuille végétative typique, à pétiole bien caractérisé (fig 38) ; les feuilles inférieures sont des protophyllodes. Dans les figures 29 à 32, on n'a représenté les cordons conducteurs foliaires que pour les protophyllodes a, b, c, d; dans les figures 33 à 38, on n'a représenté ces cordons que pour les feuilles g, h, i, sauf dans la figure 35, où tous les cordons foliaires sont indiqués. X 25/3. - Fig. 39 à 43. - Schémas de la course des cordons conducteurs dans la base des feuilles a, b, c, h, g. Même agrandissement que pour les figures 23 à 28.


55 -

FIG. 29 à 43. - Crataegus monogyna Jacquin


- 56 -

Or, ce sont des conditions très analogues qu'on trouve réalisées dans les cotylédons, en ce qui concerne l'importance relative des deux cordons latéraux, leur mode de ramification vers le haut, les rapports qu'ils contractent alors avec le cordon médian (fig. 7 à 12 ; les comparer aux figures 29 à 32). Toutefois, en descendant, les deux cordons latéraux des cotylédons viennent normalement, et plus ou moins tôt, converger avec le médian, de telle manière qu'au noeud cotylédonaire, c'est un seul cordon, résultant de leur association, qui pénètre dans l'anneau conducteur caulinaire (fig. 7. à 4 ; 16 à 13 ; 23 à 26). Mais on peut observer une disposition semblable dans certains protophyllodes : le protophylIode g (fig. 33 à 38, g et 43) se comporte à cet égard comme un cotylédon (comparer notamment au cotylédon cd, fig. 16 à 13, 26).

En définitive, l'anatomie comparée permet de reconnaître que ce n'est pas avec l'appareil conducteur d'une feuille végétative à stipules très, réduites, comme sont les premières feuilles végétatives portées par l'axe primaire, que l'appareil conducteur des cotylédons offre les plus grandes analogies, mais bien avec celui d'un protophyllode. Par la forme d'ensemble et par la nervation : 1° La lame cotylédonaire doit être assimilée à un protophyllode et non à un limbe ; 2° la base cotylédonaire doit être assimilée à un podode et non à un pétiole.


57

Raymond POISSON. - Contribution à la oonnaissance des Pentatomidae (Hémiptères-Hétéroptères) de Normandie.

SOMMAIRE

Observations sur quelques espèces rares : Sehirus luctuosus Muls. et R., p. 58. Sehirus biguttatus (L.), p. 58. Sehirus dubius (Scop.), p. 59. Troilus luridus Fabr.,p. 61. Rhacognathus punctatus (L.),p. 61. Codophila varia (Fab.) p. 62. Holcogaster flbulata Germ., p. 63. Jalla dumosa (L.), p. 65. Description de la nymphe de Jalla dumosa, p. 66. Les représentants de la sous-famille des Acanthosominae : Acanthosoma haemorrhoidale (L.), p. 69. Elasmostethus interstinctus (L.), p. 70. E. minor Horv., p. 71. Elasmucha ferrugala (Fab.), p. 72. E. grisea (L.) et E. picicolor (Westw.), p. 73. Cyphostethus tristriatus (Fab.), p. 77. Liste récapitulative des espèces de Pentatomidae capturées en Normandie, p. 78. Les Hémiptères Pentatomidae et l'agriculture, p. 80. Conclusions, p. 81.

INTRODUCTION

Parmi les Hémiptères Pentatomidae dont j'ai déjà eu l'occasion de signaler l'existence, au cours de ces dernières années, dans le nord-ouest de la France, certains méritent une attention particulière soit à cause de leur rareté, soit à cause de leur distribution géographique ; d'autres enfin, et c'est le cas des genres Elasmucha et Elasmostethus, renferment des espèces plus ou moins difficiles à différencier les unes des autres. Le but de cette note est précisément de donner quelques indications complémentaires sur ces différentes formes.


- 58 -

OBSERVATIONS SUR QUELQUES ESPÈCES RARES

Sehirus luctuosus Muls et R., 1866 PUTON, Synops., 2, p. 31

Syn. : Cimex tristis Hhn., 1826. - morio (H. S.), 1835. Sehirus morio Am. et Serv., 1843, etc.

Puton (1881) considère cette espèce « comme assez rare » bien que répandue dans toute la France; Populus (1881) dans le département de l'Yonne, d'Antessanty (1890) dans l'Aube, J. Dominique (1902) dans la LoireInférieure, Lethierry dans le Nord, etc., donnent également S. luctuosus comme peu commun. J'ai observé cette espèce sous des écorces humides d'arbres abattus, sous la mousse et aussi dans la terre au pied d'arbres divers, en forêt de Cinglais (Fresney-le-Puceux) et dans les bois de Mouen (Calvados) en août et octobre 1927. Les conditions dans lesquelles les captures ont été faites permettent de comprendre le mode de vie de l'Insecte qui recherche les endroits humides et obéit à des instincts fouisseurs. La soi-disant rareté de l'espèce résulterait de ce qu'elle vit le plus souvent cachée.

Sehirus luctuosus est connu d'Europe, d'Algérie, d'Asie-Mineure et du nord du Turkestan (Oshanin).

Sehirus biguttatus (L), 1758 PUTON, Synops., 2, p. 34

Syn. : Cimex biguttatus L., 1758.

Sehirus biguttatus Fieber, 1861.

Canthophorus (Adomerus) biguttatus Muls. etR., 1866, etc.

Cette espèce était commune sous la mousse dans les


- 59 -

bois de Mouen et de Verson (Calvados) en octobre 1927. Elle est signalée aussi comme affectionnant les bruyères (Puton). C'est une forme d'Europe et du Caucase.

Sehirus dubius (Scop.), 1763 PUTON, Synops., 2, p. 33

Syn..- Cimex dubius Scop., 1763.

- albomarginatus Schrk., 1776.

- histriolus Goeze, 1778.

- viennensis Gmel., 1788.

- albomarginellus Fab., 1803. Sehirus dubius Fieber, 1861, etc.

L'étude comparative d'exemplaires septentrionaux et méridionaux de Sehirus, qui a priori ont l'aspect du S. dubius, permet de décomposer cette espèce nodale en deux formes : le S. dubius dubius (Scop), et le S. dubius melanopterus (H. S.); cette seconde forme est généralement considérée comme représentant une variété de la première.

S. dubius dubius présente, en particulier, une membrane élytrale blanche et un sillon transverse sur le pronotum, large et profond ; S. d. melanopterus possède, au contraire, une membrane noire et le sillon du pronotum, très superficiel, est à peine visible; sa taille est, en outre, un peu plus grande. D'après Puton (op. cit.) S. d. d. serait plus spécial aux régions montagneuses et froides, tandis que S. d. m. serait une forme méridionale. Je n'ai pas observé la forme melanopterus dans le nord ouest de la France; par coritre, la forme dubius n'est pas rare en été sur les plantes basses des dunes du littoral de la Manche. Ce Pentatomide n'est donc pas, en France, localisé uniquement aux régions montagneuses.


- 60 -

J'ai pu constater, en outre, que, dans le midi de la France [environs d'Àrgelès-sur-Mer (Pyr.-Or.), par exemple] les deux formes coexistent parfois dans une même station. Mais il existe aussi dans le Sud et le Sud-' Ouest (J. Dominique, op. cit., A. Lambertie, 1910, J -L. Lacroix, 1927, etc.) des localités où l'on ne trouve que des dubius et d'autres localités où l'on ne trouve que des melanopterus. Ce fait peut, je crois, être interprété comme une preuve de la valeur hérédita ire des caractères spécifiques des deux formes.

Bref, l'une des deux formes représente vraisemblablement une espèce naissante. Mais, afin d'être d'accord avec la plupart des Hémiptéristes qui considèrent la forme melanopterus comme une variété de dubius, doiton considérer melanopterus comme un mutant dérivé de dubius ? Si l'on tient compte que, dans les cas de variation évolutive, lé mutant est souvent plus résistant que la souche qui lui a donné naissance, je regarderais volontiers la forme dubius, plus ubiquiste et présentant une vaste distribution géographique, comme un mutant dérivé de melanopterus (1).

A noter que Puton (op. cit.) mentionne avoir observé des individus intermédiaires entre melanopterus et dubius. Il est donc possible que, là où elles coexistent, les deux formes puissent présenter des croisements féconds donnant naissance à des hybrides, d'autant plus que l'étude comparée de leurs armatures génitales ne décèle pas de grosses différences de conformation.

(1) Voir à ce sujet : GUÉNOT (L.). - La Genèse des espèces animales (2e éd.) F. Alcan, Paris, 1921, p. 356. MERCIER (L.). - Quelques Calliphorinae, types d'espèces jointives, capturés à Luc-sur-Mer. Bull. mens. Soc. Linn. Norm., n° 1, pp. 10-12,1928. VILLENEUVE (Dr J.). - A propos « d'espèces naissantes » Kirbya moerens unicolor nov. spec. vel. subspec. Bull, et Ann. Soc. ent. Belg., t. 67, XI-XII, p. 268, etc.


- 61 -

S. dubius dubius est connu d'Europe, de Sibérie, de la province circaméditerranéenne, du Turkestan et de la Perse.

S. dubius melanopterus est signalé de la province circaméditerranéenne du sud de l'Autriche et de la Hongrie, du Caucase, de Perse et de Chine.

Troilus luridus (Fabr.), 1775 PUTON, Synops., 2, p. 80

Syn. : Cimex luridus Fabr, 1775.

serrulatus Müll., 1776.

- dentatus Schrk., 1781.

- beryllinus Gmel., 1789.

- elector Fabr., 1794. Arma lurida Kolen., 1845. Asopus luridus Grsk., 1852. Podisus luridus Muls. R., 1866. Troilus luridus Stàl., 1870-76, etc.

C'est un Pentatomide présentant une vaste distribution géographique englobant l'Europe, le Caucase, la Sibérie et la région orientale (Indes septentrionales, Burma. (Oshanin). Mais si l'on s'en rapporte aux Catalogues régionaux, on est surpris de voir que cette espèce, bien que signalée çà et là en France, y serait, fort rare. Je l'ai capturée sur des chênes et sur des pins aux Monts d'Eraines (cf. M. Dalibert, 1927) et à Mouen (Calvados) et je crois que, dans le nord-ouest tout au moins, T. luridus affectionne surtout ces deux essences végétales sur lesquelles il sera à rechercher.

Rhacognathus punetatus (L.)., 1758 PUTON, Synops., 2, p. 81

Syn. : Cimex punctatus L., 1758,

- variegatus Goeze, 1778.


- 62 -

Cimex annularis Geoffr., 1785. Eysarcoris annularis Hhn., 1831-35. Arma - Kolen., 1845.

Zicrona - Sahlb., 1848.

Asopus - Grsk., 1852.

Rhacognathus - Fieber, 1861, etc.

D'après Puton (op. cit.) Rh. punctatus affectionnerait les régions froides ou tempérées, mais surtout montagneuses. Toutefois, ce Pentatomide a été signalé çà et là en France, dans les catalogues régionaux, mais toujours comme rare ou même très rare. Or, l'espèce semble être relativement commune en Normandie, en particulier dans la forêt de Balleroy (Calvados) où je l'ai observée dans l'herbe et la mousse des sous-bois et aussi sur le Cornus sanguinea L. Bien que Robineau-Desvoidy et Lethierry mentionnent que Rh. punetatus vit sur les saules, je crois qu'il est préférable de le rechercher en fauchant sur les plantes basses herbacées de la lisière des bois et forêts et sur les cornouillers.

Parmi les exemplaires recueillis, certains diffèrent du type par la coloration d'un beau vert bronzé de tout l'abdomen. Chez le type, on le sait, le dessous du corps est d'un fauve pâle ponctué de vert, avec une grande tache verte lisse sur le milieu du sixième segment ventral.

Rh. punetatus serait répandu dans les provinces européenne, sibérienne et peut-être mandchourienne de la région paléarctique.

Codophila varia (Fabr.), 1787 PUTON, Synops., 2., p. 61

Syn : Cimex varius Fabr., 1787.

- lunula Fabr., 1794.

- eryngii Germ., 1816.


- 63 -

Carcoporis bilunulata Kolen., 1746. o* Penlatoma distinguenda Costa., 1847 . 9 ' - laborans Costa., 1847. Mormidea varia Fieb., 1861. Codophila lunula Mls. R.. 1866, etc.

Deux exemplaires de ce Pentatomide ont été capturés dans l'herbe au filet fauchoir, sur la lisière nord-ouest de la Forêt de Perseigne (Sarthe), à quelques kilomètres d'Alençon, c'est-à-dire sur les confins du département de l'Orne.

La présence de C. varia dans cette région paraît, à l'heure actuelle, difficile à expliquer; c'est qu'en effet, en France, l'espèce n'était signalée jusqu'à ce jour que du département des Landes (M. Lambertie) et de la régon méditerranéenne (Puton, M. Royer). A noter que la présence de C. varia dans le département de la Sarthe est à rapprocher de celle de Nezara viridula (L.) autre Pentatomide méridional, dans le département d'Eureet-Loir (R. Poisson, 1925a).

C. varia est, en outre, connu de toute la province circaméditerranénne, de Perse, de la Russie méridionale, du Caucase, du Turkestan (Oshanin).

Holcogaster fibulata Germ., 1831

PUTON, Synops., 2, p. 67

Syn. : Penlatoma fibulata Germ., 1817. Holeogaster fibulatus Fieber, 1861. Aulacetrus fibulatus Muls. et R.. 1866.

Trois individus appartenant à cette espèce ont été capturés par notre collègue M. Langevin à La Londe (Orne). Toutefois la présence de ce Pentatomide dans cette région de la Normandie demanderait à être


- 64 -

confirmée. De même que Nezara viridula et Codophila varia, H. fibulata est en effet une espèce méridionalePuton (op. cit.) mentionne qu'il est « assez commun sur les diverses espèces de pins et de genévriers dans le midi de la France ». D'Antessanty (op. cit.) ne le signale pas dans le département de l'Aube, ni Populus (op. cit.) dans l'Yonne; mais il est connu de la LoireInférieure (Dominique, 1902). Enfin, fait digne de remarque, M. Royer (1907-10) a mentionné la présence d'H. fibulata en Seine-et-Oise, dans les environs de la Ferté-Alais ; c'est du reste ce qui m'a incité à tenir compte, dès à présent, de la capture de cette espèce dans le département de l'Orne.

Dans l'Orne, aussi bien qu'en Seine- et-Oise, H. fibulata se trouve vraisemblablement à sa limite extrême d'extension géographique septentrionale. Rappelons qu'en ce qui concerne les Hémiptères, nous avons d'autres exemples de semblables répartitions géographiques avec, d'une part, Nezara viridula et Codophila varia, Pentatomides méridionaux, que j'ai capturés le premier à Unverre (Eure-et-Loir) ((R. Poisson, op. cit.), le second dans le nord du département de la Sarthe, ainsi que je l'ai indiqué précédemment, et, d'autre part, la présence d'Haemaloloma dorsata (Germ.), Homoptère Cercopidae méridional, en Seine-et-Oise (M. Royer), en Meurthe-et-Moselle (L. Mercier), dans l'Eure et dans le Calvados (R. Poisson 1925 6-1927), etc.

L'existence de stations septentrionales d'une espèce normalement méridionale est souvent difficile à expliquer. En effet, si dans certains cas il est possible de suivre les diverses étapes de l'extension vers le nord (ex : Haematoloma dorsata), il arrive aussi que des stations intermédiaires entre le midi et le nord semblent actuellement manquer (ex. : Codophala varia. Nezara


- 65 -

viridula). Doit-on alors envisager toujours l'hypothèse d'apports : l'espèce ayant pu se maintenir et se multiplier, après avoir été introduite d'une façon quelconque dans une station propice? La question me paraît plus complexe, tout au moins en ce qui concerne les insectes Hémiptères. Je me propose de l'examiner dans un autre travail.

Jalla dumosa (L), 1758 PUTON, Synops., 2, p. 81

Syn. : Cimex dumosus L., 1758.

Asopus - Grsk., 1852. Jalla dumosa Hhn., 1835, etc.

Les Hémiptéristes considèrent en général ce Pentatomide comme une grande rareté. Cependant J. dumosa a été signalé çà et [là dans toute la région paléarctique.

En France, Puton citait l'espèce comme rare partout excepté dans les Basses-Alpes. D'Antessanty (op. cit.) ne l'a pas observée dans le département de l'Aube. Populus (op. cit.) dans l'Yonne n'en a capturé qu'un exemplaire, à Vincelles, dans des détritus d'inondation. M. Royer (1922) en a recueilli un individu dans la forêt de Fontainebleau. Quant à Guérin et Péneau (op. cit), ils doutent de l'existence de l'espèce dans la région armoricaine. J'ai eu la bonne fortune de capturer trois individus adultes de J. dumosa dans la région de Caen (La Maladrerie, Banneville-la-Campagne, Monts d'Eraines) et, de plus, d'observer quelques larves appartenant à cette espèce. Ce Pentatomide fait donc partie de la faune normande.


- 66 -

Les auteurs ne sont pas d'accord sur les plantes hôtes recherchées par l'espèce. C'est ainsi que Kirkaldy (in A. F. de Seabra) mentionne avoir fait des captures sur Corylus, Erodium, Pteris aquilina, Vaccinium, tandis que J. Guide (1921) signale avoir fait les siennes sur Teucrium chamsedrys (L.), Salvia et Verbascum. Si l'on s'en rapporte à ces données, J dumosa serait une espèce ubiquiste. Or, mes observations me portent à croire qu'il n'en est rien. En effet, sur les trois adultes de Jalla que j'ai capturés, deux avaient leur rostre piqué dans des feuilles de menthe au moment de la capture et c'est sur des plantes aromatiques des genres Mentha et Origanum, poussant à la lisière d'un bois, que j'ai observé également des larves de ce Pentatomide, vers la mi-août 1927, dans la région de Banneville-laCampagne. Aussi, à mon avis, ces plantes aromatiques représentent les véritables plantes nourricières des Jalla, tout au moins dans la région normande.

Les larves des Insectes Hémiptères sont en général assez mal connues et, en particulier, celles de Jalla dumosa n'ont pas encore, à ma connaissance, été décrites; c'est ce qui m'engage à décrire la nymphe (larve au cinquième stade) de ce Pentatomide.

DESCRIPTION DE LA NYMPHE DE JALLA DUMOSA

TÈTE. - L'épistome longuement rectangulaire est arrondi à son extrémité antérieure et dépasse légèrement les joues; la partie antérieure en est rugueuse et


- 67 -

plutôt mate, tandis que la postérieure est lisse et plus brillante. La surface des joues est rugueuse.

Le vertex est sillonné par deux zones longitudinales mates et finement striolées qui prennent naissance de part et d'autre de la base de l'épistome. Il existe une impression mate semi-circulaire au voisinage de chaque oeil. Celui-ci, assez globuleux, déborde toutefois de très peu le bord antérieur du pronotum.

ANTENNES. - Le premier article (tubercule antennifère) est court et cylindrique; le deuxième, légèrement aplati, est presque aussi grand que les deux derniers réunis, qui sont subégaux. L'article basilaire est noir bronzé; le deuxième article est d'un flave plus ou moins rougeâtre avec l'apex noirâtre; les deux derniers ont le tiers inférieur d'un flave rougeâtre et les deux tiers supérieurs noirâtres.

PRONOTUM. - Cette région est transverse ; son bord postérieur est près de deux fois et demie plus long que son bord antérieur. Les bords latéraux sont finement et irrégulièrement dentelés (ils sont lisses chez l'adulte). Le pronotum présente une légère impression médiane linéaire qui se continue sur la région scutellaire et, de part et d'autre de cette impression, une cicatrice mate, de couleur vert foncé, vaguement triangulaire. Audessus de chaque cicatrice il existe un petit calus jaune roussâtre et au-dessous de chacune d'elles, et à leur contact, un autre calus plus gros de même teinte.

La couleur du pronotum est d'un vert foncé métallique; ses bords latéraux sont flavescents parfois blancs sur l'insecte vivant.

RÉGION SCUTELLO-ÉLYTRALE. - Sa couleur est également d'un vert foncé métallique. Les bords latéraux des fourreaux alaires sont flavescents. De part et d'autre de la base de la région scutellaire s'observe une cicatrice


- 68 -

analogue à celles du pronotum et, à son contact, un calus jaunâtre.

Le pronotum et la région scutello élytrale sont rugueusement ponctués.

Le dos de l'abdomen est ponctué. Sa teinte, d'un beau flave rougeâtre chez l'insecte vivant, devient de plus en plus foncée chez les individus desséchés.

Chaque segment abdominal présente dorsalement une plaque chitineuse vert métallique, striolée transversalement au centre et particulièrement bien développée sur les 3e et. 4e segments où se trouvent les glandes répugnatoires de position dorso-abdominale chez les larves (1). De plus, le bord latéral de chaque segment possède une plaque chitineuse, également d'un vert métallique et présentant une petite tache flave médiomarginale.

ROSTRE. - Le rostre est robuste et s'étend jusqu'au niveau des hanches postérieures.

PATTES. - Les pattes sont noires sauf la face ventrale des fémurs qui est plus ou moins tachetée de blanc; il existe, en outre, un anneau flavescent de position sensiblement médiane sur chaque tibia. La morphologie des pattes antérieures est surtout intéressante à connaître car elle est très comparable à celle des pattes antérieures de l'imago. On y observe, en effet, l'épine fémorale et l'éperon tibial caractéristique de l'adulte.

Longueur : 9-10 mm. N. B. - A rechercher en juillet-août sur les menthes et la marjolaine poussant au voisinage des bois et forêts.

(1) Chez l'adulte, on le sait, il n'existe plus qu'une glande métathoracique s'ouvrant ventralement.


- 69 -

LES ACANTHOSOMINIE NORMANDS (1)

Quatre genres d'Acanthosominse sont représentés en normandie : Acanthosoma Curt-, Elasmostethus Fieb., Elasmucha Stâl., Cyphostethus Fieb.

Acanthosoma Curt., 1824 (T. Esaki 1926) (2)

Les espèces appartenant à ce genre sont surtout répandues dans les provinces sibérienne et mandchourienne de la région paléarctique (partie est de l'Asie, Sibérie, Japon), ainsi que dans toute la province indienne de la région orientale. Une seule espèce d'Acanthosoma est connue en France :

Acanthosoma haemorrhoidale (L.), 1758 PUTON, Synops., 2, p. 75

Syn. : Cimex haemorrhoidalis L., 1758. - bidens Suez., 1761.

- sanguineotuberculatum Goeze, 1778.

- pabulinus Harr., 1781.

- pungens Geoffr., 1785. Clinocoris hoemorrhoidalis Whn., 1826. Acanthosoma hoemorrhoidale Kolen., 1845, etc.

Acanthosoma hoemorrhoidale paraît être répandu dans toute la France, mais il se montre fort rare partout. Ce

(1) Au sujet des moeurs curieuses de certains représentants de cette famille et, en particulier, des soins apportés par les femelles d'Elasmucha grisea L. à leurs oeufs et à leurs jeunes larves, consulter :

DE GEER ; J. HELLIUS (Entom. month. Mag., VII, p. 53 et XI, p. 42) E. SAUNDERS (Hemipt.-Heteropt., etc., p. 37, 1892); Abbé PIERRE (Bull. Soc. Ent. Fr., 25 mars 1903), etc.

(2) Ann. Mus. Nat. Hang., XXIII, pp. 198-201, 1926.


- 70 -

Pentatomide a été capturé sur diverses plantes : Acer campestre (L.), Betula pendula Roth., Cratoegus oxyacantha L., Populus tremula L., Tilia parvifolia Ehrh., Quercus, Lilium etc. (de Seabra). Pour ma part je l'ai observé dans les environs de Caen (Calvados) et d'Alençon (Orne) sur des trembles et sur des chamécerisiers (Lonicera xylosteum L.).

Il existe une variété à angles latéraux du pronotum beaucoup plus saillants et pointus que chez le type : var. inhabile Schumacher (1911); d'après M. Royer (1922) cette variété serait, en France, aussi répandue que le type.

A. hoemorrhoidale est une espèce connue du nord de l'Europe et de l'Europe moyenne, de la Crimée, du Caucase, de la Perse septentrionale, de la Sibérie, du territoire de l'Amour (Sibérie orientale).

Elasmostethus Fieb., 1860

Le genre Elasmostethus renferme trois espèces paléarctiques (Oshanin). Deux d'entre elles s'observent en France et en particulier en Normandie : E. interstincius (L.) et E. minor Horv.

Elasmostethus interstinetus (L ), 1758 PUTON, Synops., 2, p. 75

Syn. : Cimex interstinetus L., 1758.

- dentatus de Geer, 1773.

- hoematogaster Schrk., 1781.

- bidens Gmel., 1788.

- arboreus Gmel., 1788.

- collaris Fabr., 1803.

- lituratus Zett., 1840. Acanthosoma hoematogaster Kolen., 1846.


- 71 -

Acanthosoma dentatum Flor., 1860, Dgl. Sc, 1865,

Puton, 1881, Saund., 1892. Elasmostethus dentatus Fieb. Oxydalis - Mis., R., etc.

Cette espèce est largement répandue dans toute la région paléarctique. On l'observe sur les bouleaux (Puton), sur l'aulne, sur le tremble, sur le saule Marsault (Lethierry, Dubois).

J'ai pu constater qu'E. interstinetus est relativement commun en Normandie (Le Havre, Caen, La FertéFresnel, Alençon, etc.). Il est surprenant que l'espèce, qui est connue du sud-ouest de la France, d'Espagne et du Portugal, soit, parait-il, si rare dans la Loire-Inférieure (J. Dominique) et dans le Massif armoricain (Guérin et Péneau).

Elasmosthetus minor Horv., 1899 HORVATH, Termesz. Füz., XXII, p. 445

E. minor a été séparé par Horvath d'E. interstinetus. Ces deux espèces, qui a priori paraissent très voisines, doivent être souvent confondues dans les collections. L'examen des segments génitaux, tant des mâles que des femelles, permet de les différencier (1).

J'ai capturé deux individus mâles d'E. minor aux environs d'Alençon, en septembre 1926, sur des Lonicera. L'espèce semble être étroitement adaptée au Lonicera xylosteum L.

E. minor est actuellement connu d'Autriche, de Hongrie, de Bosnie (Horvath); du Tyrol, de la Russie

(1) Voir à ce suiet les figures données par M. Royer in : Bull. Soc. ent. Fr., pp. 287-288, 1906.


- 72 -

moyenne (Oshanin); des environs de Frankfort-sur-leMain (J. Guide); et, en France, des départements de l'Aube (Bois de Fontvannes) (M. Royer) et de l'Orne.

Elasmucha Stàl, 1864

D'après le catalogue d'Oshanin (1912), trois espècs du genre. Elasmucha sont susceptibles d'être observées en France. Deux d'entre elles : E. grisea (L.) et E. picicolor (Westw.), existent en Normandie et spécialement dans le département du Calvados ; mais nous verrons que la présence de la troisième, E. ferrugata (F.), doit encore être considérée comme douteuse.

Elasmucha ferrugata (Fab.), 1787 PUTON, Synops., 2, p. 75

Syn. : Cimex ferrugatus Fab., 1787.

- adustus Gmel., 1789.

- bispinus Pnz., 1796. Clinocoris ferrugator Hhn., 1831-35. Acanthosoma ferrugator Kolen., 1845 Sastragala - Fieber, 1861. Elasmucha ferrugata Stàl., 1868-69. Elasmostethus ferrugata Puton, 1886, etc.

Je n'ai capturé jusqu'ici qu'un seul exemplaire femelle d'E. ferrugata en fauchant sur des arbustes le long d'une ligne de chemin de fer des environs de Caen. Il se pourrait que l'insecte ait été apporté accidentellement en cet endroit; aussi je mentionne cette capture sous toute réserve.

Puton (op. cit.) précise que ce Pentatomide est localisé dans les « provinces du nord et de l'est, surtout dans les montagnes et les forêts ». Mais ces indications


- 73 -

doivent être complétées car, depuis Puton, E. ferrugata a été observé, à ma connaissance, dans les environs de Moret-sur-Loing (Seine-et-Marne) (M. Royer, 1922), dans l'Isère (J. Guérin, 1904), dans les Hautes-Pyrénées (Pandellé) ainsi que dans les Landes (M. Lambertie, 1910).

E- ferrugata est une espèce du nord de l'Europe et de l'Europe moyenne, du Caucase et de la Sibérie.

Elasmucha grisea (L.), 1758 PUTON, Synops., 2, p. 76

Syn. : Cimex griseus L., 1758.

- betulae de G., 1773. alni Strom, 1783.

- agathinus Fab., 1794. Acanthosoma griseum Sahlb., 1848. Elasmostethus griseus Fieber, 1861. Meadorus interstinetus Muls. et R., 1866. Clinocoris griseus Reut., 1880. Elasmucha interstincta Reut., 1888, etc.

Ce Pentatomide est relativement commun en Normandie, en particulier sur les bouleaux, les aulnes, les saules et aussi sur les pins. Je l'ai parfois capturé sur des Conifères en compagnie de Cyphostethus tristriatus (F ).

E. grisea paraît être uniformément réparti en Europe; on le connaît aussi du Caucase et de la Sibérie.

Elasmucha picicolor (Westw.), 1837 PUTON, Synops., 2, p. 76

Syn. : Acanthosoma picicolor Westw., 1837. Elasmostethus fieberi Jak., 1864. Clinocoris fieberi Reut., 1880. Elasmucha grisea Reut., 1888.

Je possède trois exemplaires de cette intéressante


- 74 -

espèce capturés avec des E. grisea, sur des aulnes, dans la forêt de Cinglais (environs de Bretteville-sur-Laize) (Calvados). Il est vraisemblable qu'E. picicolor qui est très voisin d'E. grisea, comme je le montrerai, doit être souvent confondu avec ce dernier dans les collections.

Puton (op. cit.) n'en connaissait qu'un seul individu provenant des Vosges et pendant longtemps E. picicolor a été regardé comme spécial à la Russie, la Finlande et la Livonie où J. Sahlberg et Reuter l'ont capturé sur le Pinus sylvestris.

Actuellement on tend à considérer E. picicolor comme une espèce du nord de l'Europe et de l'Europe moyenne, de Sibérie et du nord de la Mongolie. En France, on ne le trouve pas cité dans la plupart des catalogues régionaux (Reiber et Puton, Populus, d'Antessanty, Dominique, Guérin et Péneau, Lambértie, J. Guérin, etc.). Toutefois M. Royer (1907) a observé E. picicolor aux environs de La Ferté-Alais (Seine-et-Oise), en battant des pins sur le plateau de L'Ardenay. L'auteur, qui donne l'espèce comme rare, ajoute qu'elle a été également capturée à Maisons-Laffitte et dans la forêt de Marly.

La comparaison des listes synonymiques des trois espèces du genre Elasmucha permettra de se faire une idée de la complexité de leur synonymie. C'est ainsi en particulier que l'E. grisea de Reuter n'est pas l'E. grisea de Linné. Comme d'autre part E. grisea et E. picicolor sont deux espèces affines il est possible, ainsi que je l'ai déjà indiqué, qu'elles soient souvent confondues dans les collections régionales. Aussi, je crois utile de préciser les caractères distinctifs de ces


- 75 -

deux dernières formes. On les trouvera indiqué dans le tableau ci-dessous :

E. grisea (L.)

Antennes flaves avec le dernier article et parfois les deux derniers articles noirs.

Ventre à ponctuation faible surtout sur les derniers sternites.

Couleur variable : grisâtre, rougeâtre, flave ou légèrement rosée.

Rostre dépassant à peine les hanches intermédiaires.

Angle antérieur du pronotum formant une petite dent ne débordant pas le bord externe de l'oeil.

Longueur 8 mm.

E. picicolor (Westw.)

Antennes entièrement noires.

Ventre fortement et assez densément ponctué de noir.

Couleur générale plus sombre.

Rostre dépassant un peu les hanches postérieures.

Angle antérieur du pronotum présentant une dent qui déborde le côté externe de l'oeil

Longueur 8 mm.

On se rendra compte que ces caractères, qui sont ceux que l'on trouve généralement dans les livres de détermination, sont assez peu tranchés et parfois difficiles à apprécier. Mais les indications fournies par l'examen de la morphologie des segments génitaux sont beaucoup plus nettes comme je vais le montrer.

MALES

E. picicolor. - Le segment génital présente dorsalement une profonde échancrure en demi-cercle (fig. 1, C, e) et les styles (fig. 1, C, s), droits et grêles, portent une petite excroissance la melleuse interne. De plus les derniers sternites (6, 7, 8) sont fortement ponctués.

E. grisea. - Le segment génital n'est que faiblement


- 76 -

arqué dorsalement (fig. 1, A); les styles plus robustes sont recourbés en crochets à l'extrémité (fig. 1, A, s). Enfin, les derniers sternites abdominaux sont peu et légèrement ponctués.

Fig. 1. - Segments génitaux mâles et femelles d'Elasmucha grisea (L.) et picicolor (Westw.), vus ventralement.

A, E. grisea mâle. B, E. grisea femelle. C, E. picicolor mâle. D, E. picicolor femelle.

e, échancrure du dernier segment génital; s, styles; p, plaques génitales; 7 et 8, septième et huitième sternites;X 4 environ.

FEMELLES

E. picicolor- - Le septième sternite est profondément échancré en son milieu (fig. 1, D). Chaque plaque


- 77 -

génitale (p) est deux fois plus longue que large. Les derniers sternites sont peu mais fortement ponctués, etc.

E. grisea. - Le septième sternite est moins profondément échancré en son milieu-(fig. 1, B). Chaque plaque génitale (p) est à peu près aussi longue que large. La ponctuation des derniers sternites est à peine indiquée.

En résumé, si parmi les trois espèces du genre Elasmucha susceptibles d'être observées dans le nord-ouest de la France, l'une E. ferrugata est aisée à reconnaître, en particulier par les angles latéraux du pronotum longuement prolongés extérieurement en une corne très aiguë, il n'en est pas de même des deux autres espèces : E. grisea et picicolor. Pour différencier à coup sûr ces deux dernières, qui s'observent souvent ensemble, il est prudent de faire l'examen des segments génitaux. Là encore, ainsi que chez beaucoup d'autres espèces d'insectes, la morphologie des pièces de l'armature génitale fournit les meilleurs caractères spécifiques.

Cyphostethus tristriatus (Fab.), 1787 PUTON, Synops., 2, p. 77

Syn. : Cimex tristriatus Fab., 1787. - lituratus Pnz., 1797. Acanthosoma picta Curt., 1824.

- clypsatum Burm., 1835.

- pictipennis Curt., 1852. Cyphostethus lituratus Fieb., 1861, etc.

Ce Pentatomide, signalé çà et là en Europe et en France, paraît être assez étroitement adapté au Genévrier (Juniperus communis) ; aussi son aire de distribution géographique semble-t-elle se superposer à celle du


- 78 -

Juniperus. La méconnaissance de cette adaptation peut faire croire à la rareté de l'espèce dans un endroit déterminé. C'est ainsi que J. Dominique et surtout Guérin et Péneau considèrent l'espèce comme très rare. C. tristriatus est très commun, l'été, dans toute la région dite des Monts d'Eraines (Calvados), sur les genévriers qui abondent dans cette contrée.

LISTE RÉCAPITULATIVE DES ESPÈCES DE « PENTATOMIDAE » CAPTURÉES EN NORMANDIE

CYNDNIDAE

Thyreocoris scarabaeoides (L.). Cydnus nigrita (F.).

- pilosus H. S. (in Bucaille).

- flavicornis (F.). Geotomus punctulatus (Costa). Brachypelta aterrima (Forst.). Gnathoconus albomarginatus (Goeze).

- picipes (Fail.). Sehirus luctuosus M. R.

- morio (L.).

- bicolor (L.).

- dubius (Scop.).

- biguttatus (L.). Ochetostethus nanus (H. S.).

PLATASPIDJE

Coptosoma scutellatum (Geoff.).

PENTATOMIDE (s. str.)

Odontoscelis dorsalis (F.).

- fuliginosa (L.). Odontotarsus purpureo-lineatus (Rossi). Eurygaster maurus (L.).

- - var. pictus (F.)


- 79 -

Eurygaster meridionalis Pen. Graphosoma italicum Muell. Podops inuncta (F.). Sciocoris cursitans (F.).

- macrocephalus Fieb Dyroderes umbraculatus (F.). Aelia acuminala (L.).

- rostrata Boh.

- Klugi Hhn. Neottiglossa pursilla (Gmel.). Stàgonomuspusillus (H. S.). Eusarcoris aeneus (Scop.).

- melanocephalus (F.). Peribalus vernalis (Wlff.).

- sphacelatus (F.). Palomena viridissima (Poda).

- prasina (L.). Chlorochroa juniperina (L.).

- pinicola (Muls.) (in Bucaille). Carpocoris fuscispinus (Boh.).

- purpureipennis (de G.).

- lunulatus (Goeze) (1). Codophila varia (F.). Dolycoris baccarum (L.). Holeogaster fibulata Germ. Eurydema ornatum (L.).

- festivum (L.).

- oleraceum (L.).

- herbaceum (H. S.) (in Monnot). Nezara viridula (L.) var. smaragdula Fabr. (Eureet-Loir).

PiezoUorus lituratus (F.).

- - var. alliaceus (Germ.).

(1) Forêt de Perseigne, Saint-Rigomer-des-Bois (Sarthe). Ce Pentatomide, d'affinités méridionales, remonte jusque dans le département de l'Oise (Carpentier et Dubois, 1892).


- 80 -

Rhaphigaster nebulosa (Poda). Pentatoma rufipes (L.). Acanthosoma hoemorrhoidale (L.). Elasmostethus interstinetus (L.).

- minor Horv.

Elasmucha ferrugata (F.).

- picicolor (Westw.).

- grisea (L.). Cyphostethus tristriatus (F.). Picromerus bidens (L.). Arma custos (F.).

Troilus luridus (F.). Rhacognathus punctatus (L.). Jalla dumosa (L.). Zicrona coerulea (L.).

LES PENTATOMIDE ET L'AGRICULTURE

Toutes les espèces de Pentatomidoe ne sont pas phytophages; quelques-unes sont carnassières.

Les espèces phytophages sont naturellement nuisibles; mais, en général, la plupart d'entre elles ne s'attaquent qu'à des plantes non cultivées. Quant aux espèces carnassières elles peuvent, dans une certaine mesure, être considérées comme utiles.

ESPÈCES NUISIBLES. - Les espèces des genres Eurygaster et Aelia s'attaquent fréquemment aux épis des céréales et la piqûre du rostre peut déterminer l'atrophie de nombreux grains.

Graphosoma italicum, qui vit normalement sur les ombellifères, s'attaque parfois aux pommiers.

Sehirus bicolor peut, par ses piqûres, faire avorter les inflorescences de divers arbres fruitiers.

Les Eurydema ornalum et oleraceum sont, dans cer-


- 81 -

taines régions normandes (quand ils pullulent, ce qui est rare), des plus nuisibles aux Crucifères cultivées et en particulier aux choux dont ils criblent les feuilles de nombreux trous.

Enfin les espèces des genres Dolycoris, Palomena, Rhaphigaster, Penlatoma, qui s'observent fréquemment sur divers arbres fruitiers, peuvent communiquer aux fruits une odeur infecte en déposant à leur surface la sécrétion nauséabonde émise par la glande répugnatoire métathoracique, etc.

ESPÈCES UTILES. - Arma custos, Picromerus bidens, Rhaphigaster nebulosa, Pentatoma rufipes, tout en ne dédaignant pas la sève des plantes, s'attaquent volontiers aux chenilles, comme j'ai pu le constater à diverses reprises, et aussi à certaines larves de Coléoptères chrysomelidae.

P. bidens, en particulier, recherche avec avidité les larves de certains Nematus (Hyménoptères Tenthrédides) qui dévorent les feuilles des saules.

De même, dans le midi de la France, Zicrona coerulea est peut-être l'un des plus grands ennemis des adultes immatures et surtout des larves de l'Altise de la vigne (Haltica ampelophaga) (V. Mayet, Feytaud, F. Picard); en normandie il s'attaque surtout à la Galéruque de l'orme (Galerucella luteola).

CONCLUSIONS

Précisons tout d'abord que de nouvelles recherches et de nouvelles captures viendront certainement enrichir encore notre faune normande d'Hémiptères pentatomidae. C'est ainsi, par exemple, que l'on peut espérer trouver en Normandie certaines espèces des

6


- 82 -

genres Psacasta, Pinthaeus, Rubiconia, Menaccarus, Staria, etc., puisque leurs alliés méridionaux : Nezara, Dyroderes, Holcogaster, Codophila y ont été capturés. Mais, à côté de ces représentants méridionaux, il ne semble pas exister en Normandie d'espèces d'affinités franchement nordiques, semblables à celles dont j'ai précédemment signalé l'existence parmi les Homoptères (R. et A. Poisson, 1927) (1). Cependant, les documents déjà rassemblés permettent de se faire une idée de la richesse de la faune des Hémiptères pentatomidae normands qui, à côté d'espèces communes, renferme aussi des formes considérées comme fort rares (Arma, Jalla, Troilus, certains Sehirus, Elasmucha et Elasmostethus).

La distribution géographique des espèces étroitement adaptées à certaines plantes est naturellement en rapport avec la répartition des plantesThôtes, qu'il faut donc s'astreindre à rechercher avant de prétendre capturer les formes en question dans une région déterminée (Elasmostethus minor, Cyphostethus tristriatus, etc., par exemple).

Peu de Pentatomidoe en Normandie sont, à vrai dire, réellement nuisibles à l'agriculture; certaines espèces même pourraient plutôt être considérées comme utiles.

BIBLIOGRAPHIE

1890 ANTESSANTY (abbé d'). - Mém. Soc. Acad. agr., etc., de

l'Aube, XXVII, 3e sér., p. 178. 1886 BUCAILLE (E.). - Bull. Soc. Sc. Nat. de Rouen, XXII,

3e sér., 2e sem. 1892 CARPENTIER (L.) et DUBOIS (M.). - Mém. Soc. Linn. Nord

Fr., VIII, p. 406.

(1) Bull. Soc. Linn. Nom,, 7e sér., 9e vol., pp. 131-145.


- 83 -

1927 DALIBERT (M.) - Proc.-verb. Soc. Linn. Norm., 7e sér.,

X, p. 63*. 1902 DOMINIQUE (abbé J.). -Bull. Soc. Sc. nat, de l'Ouest de

la Fr., 2e sér., p. 161. 1912 DUPONT (abbé A.). - Bull. Soc. Amis Sc. Nat. Rouen,

XLVII, p. 102. 1904 GUÉRIN (J.).-455. Fr. Av. Sc, congrès de Grenoble, p. 1. 1904 GUERIN (J.) et PÉNEAU (J.). - Bull. Soc. Sc. et Méd. de

l'Ouest. Suppl. Rennes.

1924 GULDE (J.). - Ach. d. Senckt. nat. Gesell, XXXVII,

heft 4, s. 329. 1927 LACROIX (J.-L.). - Bull. Soc, Sc. Nat. Ouest Fr., 4e sér.,

VII, p. 86. 1910 LAMBERTIE. - Miscellanea entomologica, XVI-XVIII. 1912 OSHANIN (B). - Katalog, etc., Berlin. Friedlânder.

1925 a POISSON (R.). - Bull. Soc. Ent. Fr., n° 3, p. 39.

1925 b POISSON (R.). - Bull. Soc. Linn. Norm., 7e sér., VIII,

p. 48* 1925 c POISSON (R.). - Bull. Soc. Ent. Fr., n° 12, p. 196. 1927 POISSON (R.). - Bull. Soc. Linn. Norm,, 7e sér., X, p. 44*. 1927 POISSON (R.) et PQISSON (Mme A.). - Bull. Soc. Linn.

Norm., 7e sér., X, p. 73*. 1881 POPULUS. - Bull. Soc. Sc. hist. et nat. de l'Yonne,

XXXIV, p. 13. 1881 PUTON. - Synopsis des Hémiptères - Hétéroptères de

France, Remiremont. 1880 REIBER et PUTON. - Bull. Soc. Sc. nat. Colmar, XXI,

p. 51. 1923 RIBAUT (H.). - Bull. Soc. Hist. Nat. Toulouse, LI, p. 183. 1907 ROTER (M.). - Bull. Soc. Ent. Fr., n° 5, p. 72. 1910 - Mém. Soc. Acad. Aube, LXXIII, p. 1,

1922 - Bull. Ass. Nat. vallée du Loing, V, p. 66.

1925 SEABRA (A. F. de). - Mem. e est. do Museu zool. da Univ.

de Coimbra, sér. 1, n° 1, fasc. II et III.

Caen, le 2 Avril 1928.


- 84 -

R. POISSON et G. MAZETIER. - A propos de deux Coléoptères myrmécophiles (1) du genre Atemeles Steph. (Staphylinidse, aleocharinse).

Au cours de récentes excursions nous avons eu la bonne fortune de capturer deux espèces du genre Atemeles :

A. paradoxus Grav.

A. emarginatus Payk. (2).

La première espèce a été recueillie à May-sur-Orne et la seconde dans les bois de Mouen; toutes deux paraissent être rarissimes en Normandie (Cf. cat. A. Fauvel); de plus, les deux stations où nous les avons observées sont nouvelles pour le Calvados.

Ce qui fait encore l'intérêt de cette capture, ce sont les moeurs curieuses de ces Atemeles. Nous les avons recueillis tous deux dans des fourmilières : A.paradoxus avec des fourmis du genre Myrmica; A. emarginatus avec Formica fusca L. Les Atemeles sont, en effet, des Coléoptères myrmécophiles que l'on trouve répartis dans une grande partie de l'Europe, et surtout dans l'Europe centrale, chez diverses espèces de Fourmis. Wasmann (1894), qui a étudié le genre de vie des Atemeles, a montré qu'ils habitent, au cours de leur

(1) Les espèces animales myrmécophiles sont fort nombreuses; elles appartiennent presque toutes à l'embranchement des Arthropodes et, en particulier, à la classe des Insectes (Ch. Janet, 1897). D'après E. WASMANN (1894), 263 espèces de Staphylinidse seraient myrmécophiles.

(2) Rappelons que l'A. pubicollis Bris., ainsi que la variété nigricollis Kr; de l'emarginatus sont également connus du Calvados (Cat. A. Fauvel).


- 85 -

existence, les nids de deux hôtes différents; l'auteur désigne ces hôtes comme « hôte primaire » et « hôte secondaire».

En règle générale un Atemeles passe l'automne, l'hiver et le début du printemps dans un nid de Myrmica; l'accouplement a lieu dans ce nid. Puis, le Staphylin quitte la fourmilière de Myrmica et va dans un nid de Formica. La femelle y dépose ses oeufs; les larves éclosent, sont élevées par les Fourmis et passent à l'état de nymphes. Dès leur transformation, qui a lieu à la fin de l'été, les jeunes imagos quittent le nid de la Formica pour aller dans un nid de MyrmicaWasmann

MyrmicaWasmann cit.) mentionne que l'accouplement de l'A. pubicollis aurait lieu en mai (1). D'après nos captures il pourrait en être de même pour A paradoxus ; par contre, l'accouplement d'A. emarginatus, en Normandie, semble avoir lieu plus tôt, puisque, dès le début d'avril, nous l'avons observé chez F. fusca.

A. emarginatus et paradoxus ont le plus souvent comme hôte primaire (existence imaginale) une des races de la Myrmica rubra L. (race loevinodis Nyl., ruginodis NyL) sulcinodis Nyl.). L'hôte secondaire (existence larvaire) serait pour Atemeles paradoxus la Formica rufibarbis Fab. et pour A. emarginatus la Formica fusca; peut-être aussi, semble-t-il, mais beaucoup plus rarement, la F. rufa L.

Les Atemeles (adultes et larves) sont léchés par les Fourmis (sécrétion de glandes à trichodes) (2) et

(1) Observations faites aux environs de Linz-am-Rhein.

(2) Les trichodes sont des touffes de poils jaunâtres ou rougeàtres spéciales aux Coléoptères myrmécophiles des genres Claviger. Lomechusa, Atemeles, etc., et à l'extrémité desquelles suinte un liquide qui parait Atre un éther gras, agréable aux fourmis.


- 86 -

nourris par ces dernières par dégorgement bouche à bouche ; mais ces Staphylins savent également se nourrir eux-mêmes (Wasmann). Néanmoins les Atemeles, et en particulier A emarginatus et paradoxus, sont de véritables myrmécoxènes (Emery), c'est-à-dire que, soignés et nourris par leurs hôtes, ils leur fournissent en retour des sécrétions dont ceux-ci semblent très avides. Il n'en est pas de même, on le sait, de tous les Staphylinides myrmécophiles, dont beaucoup ne sont que de simples Synoekètes (Wasmann).

BIBLIOGRAPHIE

1881 ANDRÉ (E.). - Species des Hyménoptères d'Europe et

d'Algérie, t. II. 1909 CARPENTIER (L.) et DELABY (E.). - Catalogue des Coléoptères du département de la Somme, 2e éd. Soc.

Linn. du Nord de la Fr., 1909. 1892 FAUCONNET (L.). - Faune analytique des Coléoptères de

France. Autun, 1897 Janet (Ch.). - Etudes sur les Fourmis, les Guêpes et les

Abeilles. Note 14. Limoges. 1927 PERRIER (R.). - Faune de France. Coléoptères, 1re part.,

fasc. 5. Lib. Delagrave. 1888 WASMANN (E.). - Beitraege zur Lebensweiseder gattungen

Atemeles und Lomechusa. Tijdschr. voor Entom.,

t. 31, p. 245. 1894 WASMANN (E.). - Kritisches verzeichniss der Myrmecophilen

Myrmecophilen Termitophilen Arthropoden. Berlin.

Caen, le 20 avril 1928.


87 -

A. BIGOT. - Analyse de travaux récents sur le Quaternaire du littoral du Nord-Ouest de la France.

I. Yves MILON et Louis DANGEARD. - Note préliminaire sur la plateforme d'abrasion marine quaternaire aux environs d'Audierne (A. F. A. S., Congrès de Constantine, 1927, pp. 203-204, sept. 1928).

Les levées de galets d'âge quaternaire de la région d'Audierne contiennent des galets de roches étrangères à la région, dont le transport a été attribué par M. Charles Barrois à des glaces flottantes. Ces dépôts de galets s'élèvent jusqu'à une dizaine de mètres audessus du niveau actuel de la haute mer, constituant une terrasse qui se rattache à un des niveaux marins du MonastirienLa

MonastirienLa de cette terrasse repose sur une plateforme d'abrasion marine, dont la surface est parsemée de marmites et d'autres formes d'abrasion remarquables, gouttières profondes et ramifiées, champignons à base évidée. Cette plateforme se confond sur certains points avec la plateforme littorale actuelle.

Cette analyse me donne l'occasion de décrire deux plateformes d'abrasion marine, en rapport avec d'anciens niveaux marins monastiriens, observées dans le Nord du Cotentin.

MAUPERTUS. - A l'Est de la pointe du Grand-Câtel (ou du Brick) s'enfonce une petite baie, connue sous le nom d'anse du Brick, dans laquelle aboutit un ruisseau descendant de Maupertus. Pointe et anse sont formées par un granite pegmatoïde. Au fond de l'anse, à l'Ouest du ruisseau, le granité se termine par une surface d'abrasion marine, parfaitement


- 88 -

plane, sans marmites ni rigoles, située a 2 m. 60 au-dessus du niveau des galets actuels. Cette surface supporte une couche de gros galets et de blocs, complètement arrondis; la plupart sont en granité ; un des blocs, de forme ovalaire, mesure un mètre suivant son plus grand diamètre; on trouve

aussi des galets de quartz filonien et de rares galets de silex noir, crétacé, de la grosseur d'une noix. Cette couche de galets se termine par une petite couche, épaisse de 20 cent., de sables jaunâtres, bien stratifiés, contenant quelques petits galets de silex noir. Au-dessus de ces couches d'origine marine le sommet de la falaise est formé par des limons argileux, un peu sableux, jaunâtres, avec parties teintées en noir par de l'oxyde de manganèse.

Cette terrasse de limons est ici peu développée, mais à l'Ouest de la pointe du Brick elle s'étend par Bretteville jusqu'au Béquet, formant un talus accolé par une rupture de pente à la falaise rocheuse qui termine le plateau du Val-deSaire ; elle descend en pente douce vers la mer, où elle a donné, à la Pointe du Heu, des silex chelléens bien caractérisés ; décrits par M. H. Menut.


- 89 -

HERQUEVILLE. - Les grès grossiers avec galets de la base du Cambrien aboutissent à la mer dans la petite pointe qui abrite au Nord la cale du débarquement du Houguet.

Les bancs subverticaux de ces grès, dont la direction est perpendiculaire à la côte, s'accolent au Nord, par faille, au granité à amphibole.

A quelques mètres au Sud de ce contact, les bancs de grès sont tranchés horizontalement par une surface d'abrasion

marine située à 5 mètres au-dessus du cordon littoral actuel. La surface d'abrasion est plane ; mais elle est irrégulière, par suite de la dureté inégale des bancs qu'elle sectionne ; elle ne présente ni marmites, ni rigoles. Les galets qu'elle porte sont peu nombreux, disséminés, de taille inégale ; parmi eux on trouve quelques galets de silex crétacés.

La plateforme d'abrasion se termine

termine Nord contre une paroi très redressée, inclinée vers le Sud, qui formait une petite falaise au-dessus de la plateforme. Contre cette falaise s'appuient des limons argileux, avec lignes de blocaux fortement inclinées vers le Sud ; ces limons forment la base d'une terrasse qui se développe au Sud du canal de débarquement, atteint une vingtaine de mètres sous le Petit-Beauniont et se continue jusqu'à Vauville.


- 90 -

II. Y. MILON et L. DAMGEARD- - Sur l'importance des phénomènes de solifluction en Bretagne pendant le Quaternaire (G. R. Ac. Sc. Paris, t. 187, 9 juillet 1928, pp. 136-138).

On n'avait pas donné d'explication satisfaisante de la disposition des terrasses littorales pleistocènes de Bretagne et de Basse-Normandie, que j'ai le premier signalées en 1896, ni de la disposition des dépôts qui les constituent. Faute d'une meilleure explication, j'avais décrit ces terrasses comme des « dépôts de ruissellement et d'éboulis de pentes, provenant du voisinage immédiat et accumulés sur l'ancienne plateforme monastirienne » (1).

Il était cependant difficile de concevoir comment ces dépôts avaient pu être entraînés et accumulés sous une pente très faible, très éloignée de la pente d'un talus d'éboulis.

Dans leur note, MM. Y. Milon et L. Dangeard comparent les dépôts des terrasses aux coulées pierreuses et aux coulées boueuses, produites par solifluction dans les zones subglaciaires ou périglaciaires qui bordent les zones occupées par les glaciers. Ces coulées de sols mouvants, saturés d'eau au moment de la fonte des neiges, peuvent s'écouler comme des torrents boueux sur des pentes faibles et recouvrir de vastes surfacesEn

surfacesEn le phénomène n'était pas localisé à la zone littorale ; il affectait aussi les vallées qui sont parfois remblayées, jusqu'à une grande hauteur.

(1) A. BIGOT. Formations monastiriennes et postmonastiriennes de Basse-Normandie (C. R. Ac. Sc. Paris, 1.185, 24 oct. 1927, pp. 824-826).

- Les terrasses littorales pleistocènes de la Hague (p. 28, C. R. des Réunions extr. de la Société Géol. et Min. Bret., 1926-1928, Bull-, t. Vll, fasc. spécial).


- 91 -

Cette explication est sans doute exacte. Elle est en tout cas très judicieuse et très satisfaisante, car elle s'accorde avec ce que nous savons sur les conditions climatériques de l'Ouest de la France pendant une partie du Quaternaire. Elle nous permet de comprendre, non seulement l'origine des terrasses littorales, mais celle des vastes talus d'éboulis, à pente faible, qu'on observe au pied des crêtes gréseuses. Il convient cependant de ne pas exagérer les conditions climatériques du Nord-Ouest pendant le Pléistocène ; on ne connaît jusqu'ici dans cette région aucune trace de phénomènes en relation avec des glaciers locaux.

La disposition des galets de la base de la terrasse du Jerd'heux, à Omonville-la-Rogue, m'a toujours intrigué. Ces galets, ovalaires, sont très roulés ; la plupart ont des dimensions atteignant la grosseur de la tète ; ils ne sont pas posés à plat, c'est-à-dire avec leur grand axe horizontal ; ils sont dressés plus ou moins obliquement ; certains ont leur grand axe presque vertical. Cette disposition est très nette du côté Est de la petite chaussée naturelle qui relie le Jerd'heux à la côte. Elle est inexplicable par l'intervention mécanique de la vague agissant sur les éléments d'un cordon littoral. Est-elle en relation avec des phénomènes de solifluction qui, dans les sols réticulés, peuvent dresser, de champ, des pierres pesant plus de 100 kilogrammes ?

III. Edmond HUE. - Contribution à l'étude du Quaternaire. Plage surélevée de Luc-sur-Mer, Calvados (Bull- Soc. Préh. Française, t. 25, n° 10, séance du 25 octobre 1928, 8 p.).

Dans cette note très intéressante, M. Edmond Hue décrit les dépôts d'une « plage surélevée » qu'il a découverte et étudiée, au cours de l'année 1928, dans des excavations pour la construction de caveaux creusés dans le cimetière neuf de Luc-sur-Mer.

Ces dépôts reposent, à l'altitude moyenne de 15 m. 25 au-dessus du zéro des cartes, sur les plaquettes batho-


- 92 -

niennes. Ils sont constitués par une couche de sables blancs, généralement fins, épais de 20 à 80 centimètres, et contenant des coquilles marines. Un banc discontinu de conglomérat dur, dit « Calcin », qui peut atteindre 30 centimètres d'épaisseur, surmonte les sables ; il contient aussi des coquilles marines. Au-dessus, les limons, dont l'épaisseur dépasse 2 mètres, débutent par un cailloutis, surmonté par le fauvet, altéré en « rougeât » à sa partie supérieure.

Le conglomérat du « Calcin » ne contient pas de roches cristallines : granité, amphibolites...,.mais des fragments de grès et de schiste, des silex jurassiques et crétacés.

La faune des mollusques recueillie dans les sables et le « Calcin» de Luc comprend 15 espèces, caractérisant, suivant M. Edm. Hue, « une faune boréale sans mélange ».

Plusieurs des espèces du cimetière de Luc ont été signalées (1) dans les sables de la plage suspendue de Saiht-Aubin-sur-Mer. Buccinum undatum L est représenté dans les deux localités par de nombreux exemplaires dont la coquille est fragile et fort mince, et qui n'atteignent qu'une petite taille. Purpura lapillus L. est aussi très commun à Luc, mais en exemplaires de petite taille (2 ctm. de hauteur), tandis qu'à Saint-Aubin les individus, à test très épais, peuvent atteindre 5 ctm. Le Cardium edale L., très commun à Saint-Aubin, n'a pas été trouvé à Luc.

La rencontre de dépôts marins monastiriens à l'altitude moyenne d'environ 15 mètres et à 1250 mètres de la ligne de

(1) A. BIGOT. Formations monastiriennes et post-monastiriennes de Basse-Normandie (C R. Ac. Sc. Paris, 1.185,1927 (24 oct), pp. 824-825).


- 93 -

rivage actuelle permet d'espérer que d'heureuses circonstances donneront l'occasion d'observer ces dépôts plus loin encore dans l'intérieur, au-dessous de « la petite plaine côtière qui s'étend en arrière du rivage actuel, en s'appuyant sur le bord du plateau limité par Courseulles, Tailleville Douvres, Cresserons, Hermanville » (1).

Raymond POISSON. - Sur la rareté de plus en plus grande en Normandie de l'Hirondelle de fenêtre (Delichon urbica L.) et de l'Hirondelle de cheminée (Hirundo rustica L.).

Les Oiseaux que l'on désigne communément sous le nom d'Hirondelles comprennent, d'une part, les Hirondelles proprement dites et, d'autre part, les Martinets. Lés premiers font partie de l'ordre des Passeriformes et de la famille des Hirundinae; les seconds appartiennent à l'ordre des Coracciformes et à la famille des Cypselidae.

Les Hirundinae que l'on peut observer en Normandie sont au nombre de trois (2) ; par contre la famille des Cypselidae (3) ne comporte qu'un seul représentant.

(1) A. BIGOT. Compte rendu des Réunions extraordinaires de la Société géologique de Bretagne en Basse-Normandie en 1926 et 1928 (B. S. Géol. et Min. Bretagne, t. VII, fasc. spécial, octobre 1928, p. 88).

(2) Hirundo rufula (Temminck) a été observé accidentellement en Grande-Bretagne et pourrait l'être de même en Normandie ; c'est une forme méridionale.

(3) Apus melba (L.), le Martinet alpin, a été vu exceptionnellement en Normandie (environs d'Etretat et de Tancarville) (H. Gadeau de Kerville, Faune de Normandie, fasc. II, Oiseaux, p. 204, 1890).


- 94 - Hirundinae.

Hirundo rustica L. (1758)

Brit. Birds, XI, p. 3. 1917. - P. Paris, II, p. 187,1921, etc. Syn. : Chelidon rustica(L.).

C'est l'Hirondelle de cheminées (1); elle nous arrive la première au printemps de l'Inde et de l'Afrique tropicale et du sud où elle hiverne. Certaines observations, qui mériteraient d'être vérifiées, tendraient à faire supposer que des individus sont susceptibles d'hiverner dans notre région; mais je n'ai pas constaté personnellement ce fait.

Delichon urbica (L.) (1758)

Brit. Birds, XI, p. 3, 1917, etc.

Syn. : Hirundo urbica L.

Chelidon urbica (L.).

Le D. urbica, Hirondelle des fenêtres, s'observe, en particulier, comme son nom l'indique, dans les endroits habités au voisinage des habitations. Il hiverne dans le sud-est de l'Afrique et dans le nord-ouest de l'Inde, arrive quelques jours après l'Hirondelle de cheminée et repart un peu plus tard que ses congénères.

Riparia riparia (L.) 1758

P. Paris, II, p. 189,1921, etc.

Syn. : Hirundo riparia L. Cotile riparia (L.).

Désignée communément sous le nom « d'Hirondelle de rivage », cette espèce est assez répandue sur le littoral

(1) Des nids ont été également observés sous des corniches et des hangars ; dans des écuries, etc.


- 95 -

normand où ses nids abondent par endroit, dans des trous creusés dans la falaise (1). L'Oiseau s'observe aussi au voisinage des rivières et des étangs, dans des régions où la présence de berges ou de coteaux suffisamment escarpés lui permettent de nicher. C'est ainsi que j'ai remarqué sa présence dans maints endroits: carrières de Ranville, May-sur-Orne (le long de la Laize et de l'Orne); vallée de l'Odon (Verson, Moulin de Cheux); Ecouché (Orne); environs, d'Alençon (Orne) (berges de la Sarthe), etc.

R. riparia hiverne dans l'est et le sud de l'Afrique et dans l'Inde et aussi en Amérique du Sud (Hartert, 1912). Cette espèce arrive plus tard que les formes précédentes et repart aussi plus tôt.

CYpselidae.

Apus apus (L.) 1758

P. Paris, II, p. 500, 1921, etc.

Syn. : Hirundo apus L. Cypselus apus (L.).

C'est le Martinet noir commun qui, le plus souvent, fait son nid dans les trous des toitures, les crevasses des murs, etc. Il arrive le dernier au printemps de l'Afrique du Sud et de Madagascar où il hiverne (Hartert), et repart le premier.

Par leur coloration bien caractéristique les quatre espèces d'Oiseaux que je viens de passer rapidement en revue sont faciles à reconnaître et à distinguer les

(1) C'est l'Oiseau lui-même qui creuse ces trous à l'aide de ses ongles.


- 96 -

unes des autres. Si j'ai cru de quelque utilité d'en parler c'est pour attirer l'attention sur la rareté croissante de deux d'entre elles dans notre région : le Delichon urbica et l'Hirundo rustica.

Tous ceux qui s'intéressent aux Oiseaux ont pu faire cette constatation, surtout en ce qui concerne l'Hirondelle des fenêtres, et ce fait semble malheureusement être général en France car déjà, en 1921, P. Paris faisait remarquer que D. urbica était de « moins en moins répandu... ».

Les conditions de la vie moderne, néfastes à beaucoup d'espèces animales, le sont naturellement pour beaucoup d'Oiseaux, troublés en particulier dans la recherche de leur nourriture, leur nidification et pourchassés lors de leurs migrations. C'est ainsi, par exemple, que la baie de l'Orne, si riche il y a quelques années (et même pendant la dernière guerre au cours de laquelle la chasse fut partiellement suspendue), en Oiseaux aquatiques d'espèces variées, et dont beaucoup y nichaient, est à l'heure actuelle, de l'avis de chasseurs, presque dépeuplée.

En ce qui concerne les Hirondelles de fenêtre et de cheminée il est difficile de préciser à quels facteurs attribuer leur rareté actuelle, et cela d'autant plus que leur allié le Cypselus apus, qui présente sensiblement le même mode de vie, est toujours aussi abondant.

Caen, le 25 Mai 1928.


-97 -

Abbé L. TOLMER. - La faune des Côtes de la Manche au XVIe siècle d'après François Rabelais.

Dans un chapitre particulièrement instructif de son Etude sur l' « Histoire Naturelle dans l'OEuvre de Rabelais » le philologue L. Sainéan (1) fait ressortir l'emploi que fait l'auteur de Gargantua de la nomenclature régionale. Les noms patois des animaux constituent un apport considérable qui donnent à l'oeuvre de Rabelais non seulement un intérêt social et linguistique, mais surtout un caractère scientifique indiscutable. En glanant dans son immense compilation, nous pouvons établir un certain nombre de jalons qui nous permettent d'être fixés sur la présence au XVIe siècle, sur les côtes de la Manche, déformes marines faciles à identifier.

Au chapitre LX du Quart Livre, Rabelais donne une nomenclature de poissons qui suppose des recherches sérieuses et une enquête large et suivie. Il est prouvé qu'il n'a rien emprunté à Gilles, le seul dont il eût pu utiliser le livre de 1538, et les ouvrages de Belon et de Rondelet n'ont servi en rien à sa documentation puisqu'ils sont postérieurs à l'apparition du Quart Livre. Faute de textes écrits, il recourt aux sources vivantes; il interroge les pêcheurs, car il voyage. C'est aux ports de Saint-Malo, de Dieppe et du Havre qu'il recueille son vocabulaire zoologique. II vient même jusque chez nous, puisque dit-il « Partans de Rouen, arrivâmes à Hommefleur » (II, 23).

Nous n'insisterons pas sur les espèces marines qu'il nomme dans ses écrits, et qui sont communes à la

(1) Revue du XVIe siècle, tome V, page 28.


- 98 -

Manche, à l'Océan et à la Méditerranée, telles que Oursins, Méduses, etc.. Notre unique objet dans cette note est de nous limiter aux renseignements que peuvent fournir les seuls termes normands.

Les listes de Rabelais font une large part aux poissons en général, et aux poissons salés en particulier, car nous dit L- Sainéan : " Pendant ses années de moinage, maître François a assez souvent fait maigre pour connaître tous les poissons capables d'approvisionner la table monastique ».

Nous trouvons d'abord l'Adot ou Eglefin, Gadus oeglefînas L. de l'anglais haddock. Le nom anglais de ce poisson est usuel sur le marché de Dieppe. Un passage du coutumier de Dieppe (1396) porte en effet « Il est à assavoir que chascun qui apporte poisson à Dieppe par mer... ou Hadoz saliez ». Et nous lisons sur une pancarte de péage de 1449 « Baril de haran blanc, cent d'adots, pièce de marsouin ».

Le Cradot, nom breton et normand de l'Atherina presbyter Cuv., est connu à Noirmoutier sous le nom de Gras dos, et ne doit pas être confondu avec le Gradot qui d'après Lacurne semble s'appliquer à un Trigle « fort petit poisson qui se prend dans la mer et qui porte ce nom sur les côtes de Normandie ».

La Godepie, Godefis ou Godefie désigne à n'en pas douter la morue, ce mot étant un reflet de l'anglais codfish. Belot appelle colfish la morue salée « Golfisch qui est à dire Ichtyocolle. Je ne scay pourquoy ils l'ont nommé Colfish, n'estoit qu'ils feissent aussi de la colle de sa vescie ». Rabelais en tire le dérivé gaudepisé, c'est-à-dire séché comme la morue, II, 13.

Le mot, Moulue semble par contre représenter exclusivement la morue fraîche ou cabeliau.

Gracieux Seigneur était jadis le nom breton du


- 99 -

Cyclopterus lumpus C. Ce poisson, d'après Moreau, est nommé encore aujourd'hui Seigneur à Bayeux, et Gros Seigneur à Cherbourg, car il s'engraisse énormément sans se déplacer.

Le Pocheteau désigne la raie blanche. Ce poisson est ainsi appelé en Bretagne, et Poche d'eau en Normandie (Rolland, Faune populaire, t. III).

Pôle est d'après Moreau le nom havrais du Pleuronectes megastoma L., assez commun au Havre et semblable à la sole. Cette appellation répond au breton Poule de Mer, simplement Poule à Fécamp (Rolland). Il y a encore la Vieille, poisson du genre Labrus L. appelé Grande Vieille à Fécamp, et Vieille à Jersey (Moreau).

Enfin l' Ange qui désigne comme aujourd'hui le Squaiina angelus Dum.

Il existe d'autres noms de poissons dans l'oeuvre de Rabelais, mais ou bien leur identification est douteuse, ou bien ces noms s'appliquent à des formes de la Méditerranée qui ne nous occupent pas ici.

Nous pouvons faire quelques remarques intéressantes au sujet de certains Invertébrés. Rabelais nous parle du Homard. Ce mot est curieux, car c'est un mot purement normand « l'Ecrevice de mer en Normandie s'appelle Homar » (Rondelet) qui devient français au XVIe siècle. Nous le trouvons dans les comptes de François Ier en 1525 (XV homars, XL sous).

Hannon est une appellation normande pour désigner le genre Pectunculus. « Ce que les habitans de Rouen disent Hannons et les Parisiens Pétoncles et ce que les Latins disent Pectunculus »

Le mot Guodefie qu'emploie Rabelais a donné lieu à une discussion très serrée (1). Désigne-t-il un poisson,

(1) Revue des Etudes Rabelaisiennes, tome VII, p. 406 et 446.


- 100 -

le Gadus luscus L. ou un mollusque le Pecten maximus L. appelé encore aujourd'hui chez nous Gofiche ? A Trouville le mot Godefiche est usité ; Flaubert s'en est servi dans Un Coeur simple « des oursins, des godefiches, des méduses ». Il faut le comparer aux vocables cottefiche à Honfleur (1828, Saint-Amand, Lettres d'un voyageur à l'embouchure de la Seine, d'après Rolland, Faune populaire, t. III, p. 216) et gofiche à Caen. Disons en passant que cofiche à Granville et à Cherbourg désigne l'Haliotis, sens adopté par Littré dans son dictionnaire. Il semblerait que le terme employé par Rabelais s'applique bien à un mollusque, car le mot primitif coquefiche serait, d'après Barbier, un dérivé de l'anglais cockle, anciennement cockille qui remonte au français coquille. Cette opinion trouverait sa confirmation dans l'appellation coque que nous employons aujourd'hui pour désigner le Cardium edule L.

A côté des listes de Rabelais, nous trouvons dans son oeuvre certains passages qui montrent très clairement que l'érudit était doublé d'un observateur sagace. « Approchans vismes sur mer certains petits feuz volans : de ma part je pensois que fussent, non lanternes, mais poissons, qui de la langue flamboyans, hors la mer fissent feu : ou bien Lampyrides, vous les appelez Cicindeles, là reluisans comme au soir font en nia patrie, l'orge venant à maturité » V, 32. - Il s'agit peut-être de certains Trigles dont les nageoires peuvent miroiter au soleil. Ne serait-ce pas plutôt une allusion à la phosphorescence de la mer produite par les Noctiluques ? Cette dernière opinion trouverait sa confirmation dans le texte même de Rabelais qui se rapporte aux dernières heures de la nuit puisque, dit-il « le quatrième jour approchons de bon heur du pays des Lanternois ».


- 101 -

Il est intéressant aussi de signaler une observation d'homochromie que Rabelais donne comme une propriété de la Tarande, animal qui n'est autre que le Renne. Ce changement de couleur, nous dit-il, lui « est commun avecques le Poulpe marin et le Caméléon ». A-t-il vraiment vu un Renne qui « change de couleur selon la variété des lieux es quelz il paist et demoure » ? IV, 2 S'il est certain qu'il ait visité en 1536 la « ménagerie » de Philippe Strozzi à Florence (IV, 11), y a-t-il vraiment contemplé un caméléon, et dans l'affirmative a-t-il pu constater l'homochromie de cet animal ? Les observations concernant le Renne et le Caméléon pourraient bien n'être qu'un écho de Pline (1); mais ne faudrait-il pas y voir plus simplement une description de l'homochromie qu'il a pu observer chez le Poulpe au cours de ses pérégrinations le long des côtes de l'Océan ou de la Manche, et qu'il applique à la Tarande d'après ce qu'il connaît des livres ou des récits de voyageurs ?

Disons enfin qu'à côté de ces documents que nous fournit Rabelais sur la faune de nos mers au XVIe siècle, nous trouvons dans son oeuvre des termes comme Zoophytes (III, 8), Lampyrides et Cicindèles (V, 32) qu'il a créés et qui vont être adoptés plus tard dans la terminologie scientifique.

La conclusion qui découle naturellement de cet aperçu, c'est d'abord que la faune de la Manche il y a quatre siècles renfermait des espèces qui sont encore aujourd'hui communes, et ensuite que le naturaliste a tout à gagner à la fréquentation des vieux auteurs français, de ceux surtout comme Rabelais qui attachent la plus haute importance à la « Congnaissance des faicts de Nature ».

1) Pline, Hist. Nat., Livre VIII, ch. LI et LII.


- 102 -

Dr H. BOUYGUES. - Considérations sur la circulation des liquides dans le tissu ligneux. - Deuxième partie (suite et fin).

La circulation dont nous venons de parler, en envisageant plus particulièrement l'eau, est inhérente à l'état . de vie de la plante puisque c'est grâce aux divers phénomènes physiques et chimiques qui caractérisent cet état que celle ci s'effectue.

Durant la vie du végétal son intensité fluctue avec celle de ces phénomènes dont elle dépend le plus directement, pour finir par disparaître complètement chez les végétaux morts ou pour devenir infiniment réduite, pendant l'hiver, chez les végétaux à feuilles caduques.

De sorte que, chez un végétal mort, il n'y a plus de circulation naturelle. Mais on peut y provoquer une circulation artificielle. Celle-ci se produit, du reste, toutes les fois qu'on plonge un morceau de bois dans un liquide ou bien lorsqu'on refoule celui-ci à l'aide d'une pression extérieure.

Dans le premier cas la circulation s'effectue exclusivement par imbibition des membranes. Dans le deuxième, cette circulation se produit encore par imbibition des membranes, mais les vaisseaux, eux aussi, entrent en jeu et le rôle qu'ils remplissent alors est prépondérant. De plus, les cavités cellulaires tendent à se remplir rapidement de liquide.

Cependant, même dans les conditions les plus favorables, ce remplissage n'est jamais total. En effet, un morceau de bois mort comporte, en plus de la masse de ses membranes, un volume V d'air réparti dans ses diverses cavité? cellulaires. Une fois ce morceau de


- 103 -

bois plongé au sein du liquide sur lequel on exerce la pression, celui-ci tend à y pénétrer rapidement. De proche en proche, il imbibe les parois et remplit les cavités cellulaires. Mais par suite de son refoulement vers l'intérieur du bois le volume de l'air diminue peu à peu. De ce fait sa tension augmente progressivement. De sorte que celle-ci s'oppose faiblement d'abord, puis, de plus en plus fort ensuite, à la pénétration plus profonde du liquide. Elle finit, du reste, par s'y opposer tout à fait à partir du moment où cette tension devient égale à la pression extérieure exercée sur le liquide.

La portion de la masse ligneuse, dans laquelle est alors localisé l'air ainsi comprimé, ne subit pas le remplissage des cavités cellulaires et seules les membranes, qui limitent cette région ininjectée, s'imbibent.

Cette circulation forcée peut être du plus haut intérêt surtout si le liquide ainsi refoulé dans le bois est un antiseptique puissant. C'est sur elle, en effet, que repose la conservation de la matière ligneuse, laquelle conservation constitue une des questions les plus importantes de notre époque.

Aussi allons-nous donner un aperçu des généralités que nos recherches poursuivies en commun, pendant vingt ans, avec M. DEVAUX, professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux, nous ont permis d'acquérir.

APERÇU HISTORIQUE

On peut dire que de tout temps on s'est préoccupé de la conservation des bois. PLINE (1) enseignait, en effet, que l'amertume de certains les protège contre les tarets, et il donne comme exemple le cas du Cyprès. VITRUVE

(1) PLINE. - Hist. Nat., lib XVI,


- 104 -

disait du Larix (1) : « Le Larix a un suc d'une amertume véhémente qui empêche la carie ou les vers de lui nuire ».

VIRGILE (2) lui-même a écrit que les pièces de bois qui entrent dans la constitution de la charrue doivent « être suspendues au foyer et exposées à la fumée pour en éprouver la solidité »

Lorsque CÉSAR (3) fit le siège d'Alise, il entoura la partie accessible de la place « avec des pieux ronds de la grosseur de la cuisse, qui avaient été appointés et brûlés par le bout ».

Les anciens avaient encore observé que les bois résineux sont moins corruptibles que les autres. Aussi fabriquaient-ils les cercueils des riches et les navires avec du Cèdre et du Cyprès. Il leur arrivait aussi de cuirasser les navires avec de la poix ou des résines auxquelles ils donnaient une teinte verdâtre. Cette couleur qui n'intéressait nullement la conservation des vaisseaux et dont les voiles en étaient teintes aussi, avait simplement pour but de permettre aux éclaireurs montant ces navires d'être mieux dissimulés aux yeux du guetteur. Comme on le voit, le principe du « bleu horizon » de la dernière guerre était connu depuis bien longtemps.

CATON l'ancien (4) recommandait de répandre sur les meubles de bois, de l'amurca, c'est-à-dire du marc d'huile d'olive, pour les préserver de la pourriture.

La fameuse statue de Diane, en bois d'ébène ou de vigne, qui fut conservée pendant des siècles dans le

(1) Vitruve, lib. II, cap. IX.

(2) VIRGILE. - Georg., lib. I, 175.

(3) CÉSAR. - De bella Gall., liv. VII, cap. 73.

(4) CATON L'ANCIEN, - De re rustica, XCVIII.


- 105 -

célèbre temple d'Ephèse, était arrosée avec de l'huile de Nard (1) au moyen de petits trous qui permettaient au fluide préservateur de la fortifier et d'en maintenir les jointures.

Ces quelques exemples, choisis parmi bien d'autres, suffisent à montrer que, dès l'antiquité, on se préoccupait de préserver les bois contre toute détérioration. Mais il faut bien remarquer qu'à cette époque lointaine, pas plus qu'au moyen âge, on ne se faisait aucune idée des causes susceptibles de provoquer ces détériorationsCependant

détériorationsCependant esprits hardis émirent, à ce propos, dès les XIIe et XIIIe siècles, des opinions parfois fort intéressantes. VINCENT DE BEAUVAIS notamment, encyclopédiste des plus distingués, écrivait que « l'atmosphère voisine de la terre est peuplée de corpuscules vivants, de petits démons aussi nombreux que les poussières aperçues dans un rayon de soleil. Ces corps ne sont pas là à l'état de repos, mais animés d'un mouvement incessant; ils volent dans ce milieu, le traversent en tous sens ; et si la divine Providence les a cachés à nos regards imparfaits, c'est afin que nous ne fussions pas plongés dans une insupportable épouvante » (2).

Mais cette opinion, pas plus que d'autres, ne retint l'attention des savants de cette époque et, dès 1772, alors qu'apparaissait cependant la chimie exacte, c'està-dire la chimie débarrassée des vues alchimiques, les

(1) D'après C. FRAAS (1845), les « Nardos » des anciens correspondaient aux diverses espèces de Valérianes et le Nardus gallica (PLIN. 21, 7,1,12) en particulier, à notre Valeriana celtica ; le Nardum rusticum de PLINE serait la V. Dioscoridis.

(2) VINCENT DE BEAUVAIS. - Speculum mundi, cap. CXIV lib. IV.


- 106 -

chercheurs s'occupaient beaucoup moins de trouver les causes de la détérioration que d'enrayer ses effets.

Toutefois les moyens d'investigation devenant de plus en plus nombreux et précis, la recherche des causes fut abordée, et l'on peut dire que, grâce aux travaux de GAY-LUSSAC, GAGNARD-LATOUR, SCHWANN, CHEVREUL, FLOURENS, BRONGNIART, SCHLOESING, HARTIG, BERTHELOT, SCHLOESING fils, PASTEUR, DUCLAUX, GAYON, METCHNIKOFF, ROUX, etc , etc., celles-ci sont aujourd'hui connues en majeure partie.

Nous ne pouvons certes point, à cause du cadre limité que nous avons volontairement tracé à ce modeste aperçu, étudier ici en détail toutes ces causes, ainsi que leurs modes d'action. Mais nous pouvons cependant dire, à propos de la matière ligneuse morte, que sa désorganisation, sa désagrégation et sa transformation sont le plus souvent l'oeuvre de la matière organisée vivante. Les bois, en effet, sont attaqués par des masses protoplasmiques possédant un degré de différenciation plus ou moins avancé auxquelles ils servent de nourriture, voire même de. substratum (Bactéries, Champignons). Ces masses s'emparent de certaines des substances qui constituent les bois, les transforment en d'autres substances et les assimilent ensuite pour s'en nourrir

Mais les bois, au moment de leur emploi, peuvent déjà renfermer des parasites dans leur masse, ou bien être placés dans un milieu en contenant, ou bien en posséder et en être entourés. De sorte que le problème de la conservation du bois se trouve résumé dans ces deux mots : asepsie et antisepsie.

Voyons maintenant comment on peut réaliser ces deux états en ce qui concerne les bois.


-107 -

ASEPSIE

On peut arriver à aseptiser un bois en le soumettant plus ou moins longtemps à une chaleur sèche ou humide ou bien en imprégnant toute sa masse d'un liquide susceptible de détruire tous les germes destructeurs

1er Mode. - Or; les recherches que nous avons faites, M. DEVAUX et moi (1), sur le premier mode d'asepsie nous ont montré que la chaleur pénètre à l'intérieur des bois, d'après la loi de FOURIER(2) et qu'il est toujours possible d'amener le centre de ceux-ci à une température telle que le protaplasma des filaments myceliens et des Bactériacées soit coagulé, desséché, et, amené à un état colloïdal irréversible, c'est-à-dire tué.

2e Mode. - Quant au deuxième mode d'asepsie, les études (3) que nous avons effectuées sur lui nous ont montré que son action est beaucoup moins complète que celle du premier. Pour qu'elle le fût, en effet, il faudrait que la masse ligneuse se laissât imbiber partout. Or, toutes les parties d'un bois sont-elles également perméables ? Tout est là ! Voyons ce que nous devons en penser.

(1) H. DEVAUX et H. BOUYGUES. - La pénétration de la chaleur dans les bois (Soc Sc. Phys., etc , de Bordeaux, 1903).

(2) FOURIER. - Théorie analytique de la chaleur (OEuvres de Fourier, par G. Darboux, t. I, p. 357).

(3) H. DEVAUX et H. BOUYGUES. - Sur la rétention des liquides antiseptiques dans les bois (Soc. Linn. Bordeaux, 1913).

H. DEVAUX et H. BOUYGUES. - Recherches sur la répartition des liquides antiseptiques injectés dans les bois (Société Linn, Bordeaux, 1913).


- 108 -

VARIATION DE LA PERMÉABILITÉ SUIVANT LES RÉGIONS ANATOMIQUES DU BOIS. - A l'époque où HALES et les autres firent les expériences que nous avons relatées dans la première partie de ce travail, les constitutions anatomique et histologique des bois n'étaient pour ainsi dire pas connues. On savait cependant, surtout grâce aux recherches de MALPIGHI, que dans tout bois il existe des vaisseaux et des « pores ». Et c'est du reste en se basant sur ces connaissances que HALES expliquait la pénétration de l'eau dans le bois mis en expérience par lui.

Mais ces connaissances n'étaient vraiment pas suffi" santes pour qu'il vint à l'idée de ce savant de rechercher si une masse ligneuse donnée peut présenter des régions diversement perméables aux liquides. Toutefois, depuis cette époque, déjà très lointaine, de précieuses données ont été acquises dans ces domaines grâce à des travaux aussi nombreux qu'importants. Et ce sont ces données qui vont nous permettre de solutionner la question que HALES ne pouvait se poser, et pour causé.

RÉGIONS ANATOMIQUES D'UN BOIS D'OEUVRE. - D'une façon à peu près générale, les bois d'oeuvre comportent deux parties, toujours bien distinctes, au point de vue anatomique : l'aubier et le coeur.

Aubier. - L'aubier (alburnum) ou bois imparfait, représente le bois jeune, c'est-à-dire le bois dont les éléments n'ont pas encore subi les transformations qui, lorsqu'elles se produisent, le changent en bois parfait ou coeur, ou duramen. L'aubier est toujours situé à la périphérie de ce dernier et peut présenter un volume plus ou moins considérable. Il est formé de vaisseaux ouverts et fermés (trachées et trachéïdes). Mais il peut n'y avoir, comme dans certains cas, les Conifères par


- 109 -

exemple, que des vaisseaux fermés. En outre, les vaisseaux ouverts de l'aubier ne présentent presque jamais de thylles : formations spéciales sur lesquelles nous reviendrons dans un instant.

Les divers vaisseaux de l'aubier sont ensuite réunis entre eux par un parenchyme ligneux, lequel peut offrir, en coupe transversale, tous les types classiques connus (parenchyme à parois minces, parenchyme scléreux, sclérenchyme) (1). Toutefois, l'aubier présente deux particularités essentielles. Ses éléments, en effet, possèdent une quantité importante d'amidon et de matières albuminoïdes résultant de la répartition, dans tout le végétal, des produits élaborés par les feuilles. Ensuite les membranes de ces éléments n'ayant pas encore subi de transformations physiques et chimiques profondes, il s'ensuit que leur perméabilité est maintenue et que le volume des espaces qu'elles circonscrivent n'est pas rapetissé.

Coeur. - Le coeur ou bois parfait (duramen) représente au contraire le bois âgé dont les éléments ont subi des transformations physiques et chimiques.

Il est toujours entouré d'aubier et son volume varie avec l'âge du végétal. Au point de vue de sa constitution anatomique nous dirons qu'il comporte les mêmes tissus que le bois imparfait. Mais les vaisseaux ouverts présentent, ici, très souvent des thylles. Ces formations, que nous avons déjà citées, tirent leur origine de cellules de parenchyme qui bordent directement les vaisseaux. A cet effet certains de ces éléments poussent un prolongement à travers une ponctuation du vais(1)

vais(1) dit parenchyme dit tissu comblant. Nous maintenons ici la classification des parenchymes adaptée par V. Tieghem dans son Traité de Botanique (pp. 607 et 629) de 1891.


- 110 -

seau. Ce prolongement fait bientôt hernie dans sa lumière, s'y développe ensuite beaucoup et prend la forme d'une sphère. Puis celle-ci se sépare, finalement, à l'aide d'une cloison, de la cellule qui lui a donné naissance et, à partir de ce moment, la thylle est constituée.

De telles formations s'observent dans Salix Caprea, Populus alba, P. tremula, P. nigra (SALICACÉES) ; Quercus Robur, Q. alba, Fagus sylvatica (GUPULIFÈRES) ; Juglans regia (JUGLANDACÉES) ; Platanus occidentalis (PLATANACÉES); Ficus Carica, Morus alba, Broussonetia papyrifera, Ulmus campestris (URTICACÉES) ; Fraxinus excelsior, Qlea europoea (OLEAGÉES); Laurus nobllis (LAURAGÉES); Robinia pseudo-acacia (LÉGUMINEUSE) ; Prunus mahaleb (ROSACÉE), etc., etc., etc.

La lumière des éléments anatomiques du coeur peut encore être obstruée par des formations gommeuses, lesquelles ajoutent leur rôle obturateur à celui des thylles. Il en est ainsi, par exemple, dans Quercus pedunculata, Castanea vesca (CUPULIFÈRES) ; Juglans regia (JUGLANDACÉES) ; Morus alba (URTIGACÉES) ; Magnolia grandiflora (MAGNOLIACÉES) ; Tilia sylvestris (TILIACÉES) ; Ailanthus glandulosa (SIMARUBACÉES); Acer platanoides (SAPINDACÉE) ; Cytisus Laburnum, Robinia pseudo-acacia (LÉGUMINEUSES); Pirus Malus, Sorbus Aucuparia, Prunus Amygdalus, etc. (ROSACÉES), etc., etc.

Enfin, l'occlusion des éléments peut être encore rendue plus parfaite par la présence de matières résineuses comme ceci a lieu, par exemple, dans Guaiacum officinale (ZYGOPHYLLACÉES), Acer Negundo (SAPINDACÉES) ; ou bien par la présence de carbonate de chaux comme dans Fagus sylvatica (CUPULIFÈRES) ; Ulmus campestris (URTICACÉES) ; Sorbus torminalis (ROSACÉES) ; Cornus sanguinea (CORNACÉES), etc., etc.


- 111 -

Mais ce n'est pas seulement le volume interne des éléments anatomiques du coeur qui est modifié, c'est aussi leurs parois. Elles sont d'abord très épaisses. En outre, elles s'imprègnent fortement de matières riches en carbone et en hydrogène, lesquelles ont plus ou moins d'affinité pour les liquides. Elles s'imprègnent encore de sels très nombreux, sels de K, Na, Ca, Mg, Fe, Al, Mn, Si, qui diminuent leur perméabilité d'une manière très sensible.

Telles sont brièvement résumées les constitutions anatomique et histologique de ces deux régions qu'on rencontre presque toujours, dans des proportions fort variables il est vrai, de tout bois d'oeuvre.

Or, ces deux régions sont loin de laisser circuler de la même façon les liquides dans leur sein et de se prêter à une imprégnation parfaite avec la même facilité. C'est ainsi que l'aubier n'oppose qu'une résistance relativement faible à l'accomplissement de ce double phénomène dans un temps relativement court. Par contre, le coeur paraît s'y opposer fortement car quels que soient les moyens employés, quelles que soient les pressions qu'on fasse agir à la surface du liquide dans lequel il plonge, il n'en reste pas moins pratiquement impénétrable. Nous disons, pratiquement, parce que, à la longue, il doit se laisser imprégner. Ce qui nous autorise à penser qu'il en est ainsi, c'est que si on examine en forêt, un très vieux tronc d'arbre immédiatement après son abatage, on constate nettement que le duramen est humide. Or, cette humidité ne peut être due qu'à l'eau se trouvant dans ses éléments constituants, laquelle est localisée soit dans leur cavité et leurs membranes, soit, ce qui est bien plus probable, dans leurs membranes seulement. Or, la présence de cette eau, qui a été amenée là par une ou plusieurs des causes


- 112 -

examinées dans la première partie de ce travail et qui transforment certainement le duramen en une sorte de réservoir où le reste des cellules vivantes de la plante puise au moment des grandes sécheresses (1), nous autorise à penser qu'un coeur, même à l'état 'sec, doit se laisser pénétrer, imbiber à la longue, par les liquides.

Du reste, une coutume fort ancienne vient encore à l'appui de cette hypothèse. Ne plaçait-on pas jadis, en effet, pendant des années et des années, les madriers devant servir à la construction des navires, dans l'eau de mer à seule fin d'imbiber les membranes de chlorure de sodium et ces madriers, dont la plupart étaient énormes et en chêne, n'étaient-ils pas pour ainsi dire exclusivement formés de coeur ?

Et puis découpons dans un coeur d'arbre des morceaux d'une forme quelconque. Pesons-les d'abord, puis plongeons-les dans l'eau et plaçons-les de nouveau de temps en temps sur le plateau d'une balance. Nous constaterons qu'ils pèsent de plus en plus parce que s'imbibant d'eau. L'imbibition est certes des plus lentes, mais elle n'en existe pas moins pour cela.

Il résulte donc de ce qui précède que, dans bon nombre de bois d'oeuvre, on trouve deux régions anatomiques nettement différentes au point de vue de la rapidité de pénétration et de circulation des liquides dans leur masse. Ces régions sont l'aubier et le coeur, autrement dit le bois imparfait et le bois parfait. Le premier se laisse toujours facilement pénétrer; le deuxième ne se laisse pas pratiquement pénétrer. Voilà

(1) Des recherches sont actuellement en cours pour vérifier cette hypothèse. Nous ferons connaître en temps voulu les résultats qu'elles nous auront donnés.


- 443 -

\e fait important du moins si l'on se place au seul point de vue de la conservation de la matière ligneuse.

On conçoit donc que la puissance aseptique du deuxième mode soit limitée puisqu'il ne permet pratiquement pas la désinfection du coeur, c'est-à-dire la destruction des organismes qui peuvent malgré tout s'y trouver quoi qu'en dise Hartig (1).

Diagnose des régions perméables et non perméables d'un bois donné. - Mais est-il possible de reconnaître spontanément, à première vue, dans un morceau de bois donné, ce qui peut être aseptisé par le deuxième mode, de ce qui ne peut pas l'être? Autrement dit, ces deux régions si différentes au triple point de vue anatomique, histologique et physique, présentent-elles encore en les examinant, à L'oeil nu, un ou des caractères correspondant à des différences de perméabilité ?

Le plus souvent la limite pratique, entre l'aubier et le coeur, peut être établie en se basant sur un contraste de couleurs. Celui-ci est du reste parfois des plus accentués, surtout dans la plupart des arbres des pays tropicaux.

C'est ainsi, par exemple, que le coeur est rouge et l'aubier blanchâtre chez Mesua ferrea (GUTTIFÈRES) ; Thespesia populnea (MALVACÉES) ; Pistacia atlantica (TEREBINTHACÉES) ; Schmidelia serrata (SAPINDACÉES) ; Dalbergia nigra, Pterocarpus suberosus, Centrolobium robustum, Swartzia tomentosa, Machaerium Schomburghii, Varènnea polystachya, Coesalpinia echinata (LÉGUM.).

Quelquefois le coeur est d'un rouge pourpre éclatant et l'aubier blanc (Peltogyne venosa : LÉGUM). D'autres fois le premier est jaune ou jaunâtre et, le second blanc (Serianthes myriadena : LÉGUM.). Pas mal d'essences ont

(1) HARTIG. - Maladie des arbres, p. 41.

8


- 114 -

un coeur rougeâtre ou rouge vif avec un aubier jaune ou jaunâtre. C'est ce qui a lieu chez Flindersia Fournieri (RUTACÉES); Metopium Linnaei (TEREBINTHACÉES) ; Myrospermum robiniaefolia, Brya Ebenus, Pithecolobium gummiferum, P. Unguis Cati, Andirainermis, Xylia dolobriformis (LÉGUM.), etc., etc.

Assez souvent le coeur est brun ou noirâtre et l'aubier jaunâtre. Cette variante nouvelle se trouve dans Mangifera indica (TÉRÉBINT.); Bowdichia virgilioides, Bocoa Provacensis, Andira Aubletii (LÉGUM.), et elle atteint surtout son maximum d'intensité dans l'Ebène où le coeur est d'un noir parfait et l'aubier blanc (Diospyros Ebenum, D. melanoxylon, D. Ebenaster : EBENACÉES).

Mais les arbres de notre pays peuvent présenter aussi un aubier et un coeur de couleur différente. Ainsi dans le Mûrier, par exemple (M. alba, M. nigra : URTICACÉES) le coeur est brun et l'aubier jaune Dans les Noyers; (Juglans regia : JUGLANDACÉES), le coeur est encore brun et l'aubier blanchâtre. Dans le faux Ebénier (Cytisus Laburnum : LÉGUM.), le coeur est noirâtre et l'aubier très pâle. Dans le Poirier commun, le Pommier (Pirus communis, P. Malus : ROSACÉES), le coeur est rougeâtre et l'aubier blanchâtre, etc., etc.

Donc, dans bien des cas, il est possible de reconnaître à première vue, dans un morceau de bois, ce qui est perméable de ce qui ne l'est pratiquement pas.

Mais il ne faut cependant pas croire que cette diagnose basée sur le contraste des couleurs de l'aubier et du coeur ne supporte pas des exceptions. Il est, en effet, des essences comme Populus nigra, P. alba, Salix alba (SALICA.) qui présentent deux régions bien distinctes : une, externe, blanche correspondant à l'aubier et une interne, rougeâtre ou brunâtre correspondant au coeur. Mais ce coeur est injectable car ses éléments n'ont pas


- 115 -

subi les modifications histologiques qui caractérisent généralement cette région du bois. Ce n'est donc pas un coeur parfait. Il n'est coeur que de nom parce que occupant le centre du bois.

De même il serait imprudent d'affirmer qu'un bois ne présentant pas de dissemblance de teinte dans sa masse soit dépourvu de ce fait de coeur et d'aubier.

Ainsi certaines essences comme Abies alba, Picea excelsa, dont l'aubier et le coeur sont à peine distincts, présentent cependant, en réalité, deux régions très nettement différentes, l'une interne, l'autre externe; car, une fois desséchées, la première perd toute perméabilité. Il y a, par conséquent, un aubier et un coeur et rien cependant ne les décèle nettement l'un de l'autre à première vue.

Donc, si dans la majorité des cas, il est possible de différencier la partie perméable d'un bois de celle qui ne l'est pas, où autrement dit l'aubier du coeur, en se basant sur le contraste de leur couleur respective, il n'en est pas moins vrai que la donnée sur laquelle repose cette diagnose comporte des exceptions.

Résumé

Il résulte de tout ce qui précède que l'asepsie totale d'une masse ligneuse ne saurait être obtenue que par la chaleur. Ce n'est que dans certains cas, plutôt rares du reste, où le coeur n'est pas différencié en coeur parfait, que cette asepsie peut être encore obtenue à l'aide de substances antiseptiques liquides ou solubles dans l'eau. Partout ailleurs, en effet, ce mode est sans action totale : le coeur étant pratiquement imperméable.


- 116 -

ANTISEPSIE

Abordons maintenant la question de l'antisepsie.

Lorsque le bois est aseptisé il faut l'antiseptiser, c'est-à-dire le mettre à l'abri d'attaques cryptogamiques venant de l'extérieur. Or, pour atteindre ce but il y a lieu d'imprégner toute la masse ligneuse du liquide antiseptique qu'on a choisi et de l'y maintenir le plus longtemps possible. Donc imprégnation totale du bois par l'antiseptique, puis fixation de celui-ci dans sa musse, tels sont les deux actes qui assurent une antisepsie de longue durée.

Or, est-il pratiquement possible de réaliser l'un et l'autre ?

Et d'abord parlons de l'imprégnation totale.

Imprégnation totale. - Nous avons vu, à propos de l'asepsie, que l'imprégnation totale ne peut se produire que fort rarement à cause même de l'impénétrabilité pratique du coeur. Par contre nous avons vu que l'aubier est toujours perméableOr, cette perméabilité de l'aubier, quoique constante, n'est-elle pas susceptible de variations suivant l'état de siccité de la masse ligneuse et, aussi, suivant la fluidité du liquide antiseptique employé ?

DEGRÉ DE SICCITÉ DU BOIS. - Les recherches que nous avons effectuées à ce sujet, avec M. DEVAUX, nous ont montré que, en principe, un aubier, doit être franchement sec pour assurer une imprégnation totale Cependant lorsque le liquide est une solution aqueuse il n'est pas essentiellement utile que le bois soit parfaitement sec. L'eau préexistant en lui, en effet, a seulement pour rôle, dans le cas des solutions salines antiseptiques, de diminuer leur concentration : ce qui ne saurait du


- 117 -

reste nuire beaucoup à leur pouvoir antiseptique, la concentration des solutions employées étant d'habitude beaucoup plus élevée que celle qui est nécessaire pour coaguler le protoplasma de la partie active des filaments myceliens.

Par contre, lorsqu'il s'agit d'un liquide de consistance huileuse il faut que le degré de siccité soit maximum. Une expérience des plus simples va nous le prouver. Prenons un filtre en papier, une membrane perméable, imbibés d'eau. Versons sur eux un corps huileux, Celui-ci ne les traversera pas. Par contre, imbibons-les tout d'abord d'huile, puis versons de l'eau sur eux et celle-ci les traversera. Voilà les faits qui, disons-le de suite, sont d'une très grande portée scientifique. Quant à leur explication il n'est pas possible de les donner ici sans sortir du cadre tracé à ce modeste travail. Aussi nous contenterons-nous de dire, pour le moment, que ces phénomènes sont le résultat d'actions de surface; qui se produisent entre les trois milieux mis en présence.

Il est donc nécessaire, comme on le voit, que l'aubier soit parfaitement sec pour laisser librement circuler dans sa masse les liquides antiseptiques de consistance huileuse qu'on désire y faire pénétrer.

FLUIDITÉ DU LIQUIDE.-Pour qu'un liquide circule librement à travers la masse de l'aubier et qu'il soit susceptible de l'imprégner il faut, avant tout, qu'il présente une fluidité parfaite. Les pseudo-solutions paraissent, en effet, devoir être laissées de côté, du moins pour le moment Nous disons pour le moment, car des variétés d'amidon auxquelles on ne saurait refuser la nature colloïdale, passent cependant à travers des filtres extrêmement serrés, lesquels sont suscep-


.- 118 -

tibles d'arrêter des particules colloïdales de 2 uu. (0 mm. 000.002) Et alors ?

Or, si cette fluidité est toujours facilement réalisée avec les sels solubles, il n'en est pas de même avec les huiles lourdes de houille improprement appelées « créosotes », lesquelles sont employées comme antiseptiques à cause des crésols et des phénols qu'elles contiennent. Dans celles-ci, en effet, il existe toute une série de carbures d'hydrogène solides dont le plus abondant est de beaucoup la naphtaline.

Dans certains cas, leur abondance est telle que ces huiles se présentent alors, en temps ordinaire, sous l'aspect d'une bouillie cristalline fort épaisse Mais si on les chauffe elles deviennent de plus en plus fluides et ce, au fur et à mesure qu'on se rapproche de leur point d'ébullition. Au moment où celui-ci est atteint, leur fluidité est parfaite et elles sont susceptibles de circuler et d'imprégner la masse desséchée de l'aubier à la condition toutefois que toutes les régions de celui-ci soient, au moins, à la même température que l'huile lourde de houille.

Or, dans la pratique, la chose est sinon impossible du moins très onéreuse à réaliser. De sorte que l'aubier n'est jamais porté, dans toute sa masse, à la température de l'huile lourde. Il s'ensuit alors que le principe de la paroi froide joue de très bonne heure : ce qui entraîne le dépôt de nombreux cristaux de carbures d'hydrogène sur les membranes et dans les cavités les plus externes du bois. Ces cristaux diminuent la perméabilité des membranes, obturent les cavités cellulaires périphériques et s'opposent ainsi, à partir de ce moment, à une pénétration plus profonde de l'huile lourde. Le seul moyen de rendre celle-ci apte à une circulation facile est donc de la priver de ses carbures d'hydrogène


- 119 -

solides. Elle n'y perd rien au point de vue cryptogamicide, comme nous avons pu souvent nous en rendre compte, M. DEVAUX et moi; elle y gagne, au contraire, en fluidité et, partant, en puissance d'imprégnation.

Fixation de l'antiseptique. - Abordons maintenant l'étude de la fixation de l'antiseptique dans la masse même de l'aubier.

Pour que les liquides antiseptiques dont on imprègne les bois assurent à ces derniers une conservation de très longue durée, il faut qu'ils soient retenus dans leur sein Autrement dit, il faut que les substances qu'ils contiennent en solution soient stabilisées dans le bois, c'est-à-dire qu'elles soient rendues sinon totalement du moins difficilement entraînables hors de la masse de l'aubier sous l'action des agents de déplacement dont le plus important est, sans contredit, l'eau.

SOLUTIONS SALINES AQUEUSES. - En ce qui concerne les solutions salines le plus couramment employées il es absolument impossible, dans l'état actuel de nos connaissances sur ce point, de les fixer pour toujours sur les tissus de l'aubier. Les recherches effectuées, en effet, par M. DEVAUX (1), sur la fixation des sels métalliques par la paroi cellulaire et que j'ai été moi-même amené à répéter en poursuivant des études de même nature sur la cuticule (2), ont montré que ceux-ci ne sont pas fixés par les membranes lignifiées, du moins dans les

(1) H. DEVAUX. - Soc. Linn. Bordeaux, 3 avril 1901.

H. DEVAUX. - Sur l'emploi des sels métalliques en histologie végétale (Soc. Linn. Bordeaux, 5 février 1902).

H. DEVAUX. - Fixation des poisons métalliques très dilués par les cellules végétales (C. R. Axad. Sc, t. CXXXII, p. 717).

(2) H. BOUYGUES. - La cuticule et les sels de cuivre (Soc Linn. Bordeaux, t. LVIII).


- 120 -

conditions normales. Par contre, il est facile de les decéler dans les membranes celluloso-pectosiques au sein desquelles elles se maintiennent soit paradsorption, soit en formant peut-être des composés plus ou moins stables avec les éléments constitutifs des membranes. Mais l'aubier ne possède pour ainsi dire pas de ces éléments celluloso-pectosiques et lorsque par hasard ils existent, ils sont très peu abondants et constituent même une anomalie. De sorte qu'il est inutile de songer à faire fixer par les membranes de l'aubier, les solutions de sels métalliques employées généralement comme antiseptiques. Aussi ces derniers sont-ils peu à peu entraînés par l'eau toutes les fois que le bois est mis en service à l'air sans être abrité.

Voici du reste comment cet élément intervient. Considérons un aubier dont les membranes et les cavités cellulaires contiennent une solution saline antiseptique. Soumettons-le ensuite à un dessèchement progressif et poussons celui-ci très loin, de manière à provoquer l'évaporation de toute l'eau de la solution primitive. A partir de ce moment le sel sera abandonné, à l'état cristallin, dans les membranes et dans les cavités. Supposons maintenant qu'un tel aubier soit soumis à l'action de l'eau de pluie, par exemple, et n'envisageons, dans le raisonnement qui va suivre, que l'élément eau et non pas l'acide carbonique qu'elle contient toujours en abondance, lequel est capable de provoquer des réactions susceptibles de modifier certaines solutions salines.

Dès les premiers contacts avec l'eau de pluie, l'aubier va s'imbiber et tout le sel mis en dépôt va se dissoudre de nouveau. Or, à ce moment, deux cas peuvent se produire : ou bien la pluie est passagère et alors le bois


- 121 -

se dessèche de nouveau : ce qui entraîne une nouvelle cristallisation du sel sur place ; ou bien la pluie est persistante et alors le bois, après s'être fortement imbibé, laisse échapper, sous l'action de la pesanteur, une partie de cette eau chargée de sel. Mais cette eau, sortant du bois, permet à une nouvelle quantité d'eau de pluie d'y pénétrer. Celle-ci se charge encore de sel métallique et s'écoule à son tour. De sorte que, tant qu'il pleut, il se produit un ruissellement lent à travers la masse de l'aubier qui lui, enlève peu à peu le sel et diminue progressivement sa résistance aux attaques cryptogamiques. Et si ces alternances de dessèchement et de ruissellement se succèdent, l'aubier ne tarde pas à être privé de tout le sel et à ne plus être immunisé, à moins que, une partie de celui-ci ne soit entrée en combinaison avec les produits cellulaires pour former des composés plus ou moins stables et toxiques, ce qui est infiniment peu probable et dans tous les cas ce qui est à démontrer. Cependant peut-on affirmer, même dans le cas où le sel ne formerait pas, in situ, des composés très peu ou pas solubles, qu'il est entièrement drainé par les eaux de pluie ?

Si nous tenons compte du phénomène d'adsorption, lequel est toujours possible, il va sans dire que la sortie du sel n'est jamais complète. Mais alors, à cet état extrême de dilution celui-ci ne changerait-il pas de rôle, et, de fungicide ne deviendrait-il pas, au contraire, un excitant de la croissance ? Les remarquable recherches d'EFFRONT sur le fluorure de sodium, par exemple et les nôtres (1) sur le même sel onten effet

(1) H. DEVAUX et H. BOUYGUES - De l'efficacité du Fluorure de Sodium employé comme antiseptique (C, R. Axad. Sc, 26 avril 1930, t. 170, p. 1006).


- 122 -

montré que celui-ci, lorsqu'il est à la dose de 10 à 40 milligr. par litre, est un excitant de certains microorganismes. Ceux-ci sont plus turgescents et se multiplient abondamment. Par contre sous l'influence de solutions salines de même nature, mais dont la concentration atteint 3 gr. par litre d'eau, ces mêmes microorganismes cessent de se multiplier. Toutefois ils ne finissent de vivre que pour des concentrations supérieures à cette limite minima.

Donc le fluorure de sodium, toxique à une dose donnée pour un être vivant, peut au contraire devenir un adjuvant, voire même un excitant de son développement, lorsqu'on le fait agir sur cet être à dose faible. Or, ce qui est vrai pour le fluorure de sodium l'est aussi pour bien d'autres sels. Il faut savoir, en effet que « une dose de poison assez faible peut déterminer des réactions physiologiques inoffensives ou mêmes avantageuses » (2) De sorte que, dans le cas présent, non

seulement le sel ne conserverait pas l'immunité à l'aubier mais encore le mettrait dans un parfait état de réceptivité- Le développement des champignons susceptibles de venir de l'extérieur serait donc favorisé dans sa masse au lieu d'y être enrayé.

Il résulte de ce qui précède que les sels métalliques dont on imbibe communément le bois, n'échappent pas à l'action de l'agent de déplacement par excellence, l'eau. Il s'ensuit par conséquent que l'immunité qu'ils confèrent à la matière ligneuse ne peut être que passagère et d'une durée d'autant plus longue que les périodes de déplacement sont plus courtes et plus espacées

LIQUIDES HUILEUX. - Voyons maintenant si la même chose a lieu pour la « créosote ».

(1) W. PFEFFER. - Physiologie végétale, t, II, p. 340.


- 123 -

On serait tenté de croire, à priori, que la « créosote », imbibant un corps poreux, empêche l'eau d'y pénétrer. Mais nous avons soumis, M. DEVAUX et moi, la chose au contrôle de l'expérience et nous avons trouvé un résultat absolument contraire Du papier, du bois, imprégnés de créosote, d'huile, etc., etc., s'imbibent parfaitement avec l'eau. L'imbibition pour le papier écolier est même plus facile si ce papier est huilé ou créosote que s'il est sec.

L'attraction des parois ligneuses est donc plus forte pour l'eau que pour la « créosote » puisque toutes les expériences, faites dans ce sens, montrent que l'eau déplace la « créosote » des corps qui en contiennent (bois, papier, terre, surface de récipients, etc., etc.). A la suite de ce phénomène de déplacement l'antiseptique se rassemble en gouttes plus ou moins grossesDans le cas particulier du bois ce remplacement d'un liquide par l'autre se produit tout d'abord à sa surface lorsque celle-ci étant séchée, une pluie vient à la mouiller. La « créosote » ainsi rassemblée en gouttes est ensuite emportée définitivement loin du contact du bois: Mais cette pluie provoque aussi, surtout pendant les mois chauds, Une contraction thermique de l'air confiné à l'intérieur du bois : d'où une absorption rapide de l'eau par sa surface. Et comme conséquence directe de cette absorption : déplacement de la créosote imprégnant les tissus plus profonds. Mais lorsque la sécheresse revient, une partie de l'eau s'évapore Le reste, au contraire, tend à pénétrer plus profondément par imbibition. Or, la « créosote «des parties profondes, déjà déplacée, peut à ce moment imbiber de nouveau les parties superficielles. lien résulte que cette nouvelle quantité d'antiseptique pourra être à son tour déplacée et entraînée par une nouvelle pluie. Et l'on comprend


- 124maintenant,

124maintenant, la longue, les alternances continuelles de mouillage et de dessiccation des surfaces dues aux variations atmosphériques, arrivent à désinjecter, d'une manière de plus en plus notable, d'abord les portions superficielles des pièces de bois et, ensuite, les parties plus profondes. Et là se trouve l'explication de ce que nous avons maintes fois constaté, M. DEVAUX et moi : le début de l'attaque des bois injectés, par les champignons supérieurs soit dans les régions en contact avec le sol, soit dans leur région superficielle.

Mais l'eau n'est pas le seul agent qui soit susceptible d'entraîner « la créosote » hors du bois. A cet égard la terre joue aussi un rôle important.

En effet, des recherches que nous avons faites sur ce point encore il résulte qu'une pièce de bois, injectée à la « créosote " et placée dans le sol, perd une quantité considérable d'antiseptique : celui-ci étant très fortement attiré vers l'extérieur par la terre.

Les pertes sont parfois telles, qu'elles peuvent atteindre jusqu'à 100 grammes par jour et par mètre carré superficiel de bois. On peut, du reste, facilement contrôler ce que nous avançons en mettant un fragment de bois créosote et préalablement pesé dans une case cylindrique au milieu d'une masse de terre sèche.

Avec une terre calcaire, de couleur blanche par conséquent, la « créosote » produit une tache sombre très visible qui s'étend progressivement à des couches de plus en plus éloignées du bois. En un mois et demi l'épaisseur de terre imbibée atteint de 4 à 7 centimètres pour une pièce de bois ayant 14 à 15 centimètres de diamètre. Autrement dit, en un mois et demi, la masse de terre entièrement imprégnée de « créosote » perdue atteint un volume égal à celui du morcean de bois lui" même. Le phénomène débute instantanément et il est


- 125 -

dû à ce que les corps poreux exercent, sur les liquides, une attraction capillaire considérable, d'autant plus considérable du reste que le corps poreux envisagé est plus sec. De sorte que la sortie de l'antiseptique d'un morceau de bois-donné se fera toujours beaucoup plus sentir dans les couches superficielles de la terre que dans les couches profondes, les premières, en effet, étant toujours bien plus sèches que les secondes.

Cette observation est d'importance. Elle nous apprend, en effet, qu'il est essentiel de réduire au minimum, les phénomènes de capillarité qui peuvent se produire entre le sol et la masse ligneuse injectée pour empêcher la sortie de l'antiseptique par cette voie nouvelle. Or, ce but est toujours atteint, comme nous avons pu le constater et le préconiser, en entourant de pierres, cassées en assez gros fragments, la matière ligneuse créosotée.

Résumé

Les liquides huileux sont donc, comme les solutions salines, déplacés et entraînés par les eaux météoriques. De sorte que dans le cas spécial des huiles lourdes de houille celles-ci ne sauraient donner aux bois qu'une immunité passagère dont la durée est d'autant plus longue que les périodes de déplacement sont encore ici plus courtes et plus espacées.

CONCLUSIONS

Il résulte de ce que nous venons d'exposer un certain nombre (Je faits saillants qu'il est nécessaire dé résumer en terminant ce travail.

I. - D'une manière générale tant que le végétal est vivant il se produit en lui un déplacement de liquide


- 426 -

à travers sa masse : déplacement qui constitue la circulation.

II. - Si le végétal est vascularisé ce déplacement se fait bien de cellule à cellule, à travers les membranes rigides et albuminoïdes des éléments vivants, mais il se fait aussi par l'intermédiaire de vaisseaux ouverts ou fermés et, dans ce dernier cas, lumières et membranes entrent en jeu.

III. - Toutefois ces deux voies suivies par les liquides, et, en particulier, par l'eau et les sels qu'elle peut contenir en dissolution, jouent un rôle un peu différent. La première, en effet, assure surtout une répartition constante de l'eau entre les divers éléments vivants, la deuxième, au contraire, la transporte directement vers les centres assimilateurs.

La rapidité et la continuité de la première circulation sont subordonnées à la nature des membranes et surtout à celle du contenu cellulaire. Au contraire, la rapidité et la continuité de la deuxième dépendent d'un certain nombre de phénomènes physiques et chimiques (capillarité, turgescence, transpiration, formation de produits dans les feuilles etc., etc.) dont les optima, en se totalisant, assurent l'optimum de cette circulation et dont les variations individuelles influent sur l'intensité de celle-ci.

IV - Mais en plus de cette circulation naturelle on peut en produire une autre purement artificielle dont le rôle est des plus importants surtout si on la provoque dans un bois d'oeuvre avec un liquide fortement antiseptique. C'est du reste sur elle qu'est basée la conservation des bois. Cette circulation se traduit par une imprégnation, une imbibition de la masse ligneuse et sa rapidité ainsi que sa continuité sont fonction du degré de siccité du bois, de sa constitution histologique,


- 127 -

de la nature du liquide employé et de la pression qu'on exerce sur ce dernier.

a) Degré de siccilé. - Le degré de siccité n'est pas d'une très grande importance s'il s'agit de la circulation d'une solution aqueuse. Par contre, le rôle qu'il joue est capital lorsque le liquide employé est de nature huileuse. Dans ce cas l'état de siccité doit être maximum et on peut facilement atteindre celui-ci, soit en laissant dessécher le bois sous un abri, soit en le portant progressivement à une température sèche de plus en plus élevée sans toutefois dépasser 125° : point au-dessus duquel la masse ligneuse subirait un commencement de décomposition. Dans ces conditions la chaleur pénètre dans l'intérieur du bois conformément à la loi de FOURIER et, tout en assurant son dessèchement, elle détruit en même temps les Cryptogames inférieures dont il peut être naturellement infecté.

b) Constitution histologique. -- La circulation artificielle ne peut être complète dans un bois d'oeuvre donné que si celui-ci est dépourvu de coeur. Cette région anatomique est, en effet, pratiquement impénétrable aux liquides.

c) Nature du liquide employé. - Pour que la circulation artificielle se fasse normalement il est nécessaire que le liquide employé soit parfaitement fluide et se maintienne, dans cet état, durant toute l'opération. Si, en effet, par suite de variations de température, des principes contenus dans le liquide viennent à se solidifier, la circulation artificielle ne s'effectue plus normalement et peut même être totalement enrayée.

d) Pression- - La circulation dans la masse ligneuse est d'autant plus rapide que la pression exercée sur le liquide est plus grande. Toutefois quelle que soit la


- 4_8

grandeur de celle-ci le coeur n'en reste pas moins hostile à toute circulation.

V. - COMPORTEMENT DES LIQUIDES INJECTÉS DANS LES BOIS. - Les liquides ainsi mis à l'intérieur d'un bois d'oeuvre peuvent se comporter de différentes façons, suivant leur nature et suivant que celui-ci est mis à l'abri des précipitations atmosphériques ou bien y est exposé.

a) Mise à l'abri. -Dans ces conditions si le liquide est une solution aqueuse d'un sel métallique, l'eau s'évapore peu à peu et le sel reste dans le bois. Si, au contraire, le liquide est huileux celui-ci ne s'évapore pour ainsi dire pas sauf les produits plus ou moins volatils qu'il peut contenir.

h) Exposition aux intempéries. - Dans ces conditions les sels métalliques sont peu à peu déplacés par les eaux météoriques car ils ne sont pas chimiquement retenus par les membranes lignifiées. Il est même probable que l'adsorption joue fort peu. Et, en admettant même qu'elle joue, ce qui reste du sel se comporte alors vis-à-vis des Cryptogames inférieures non plus comme un fongicide, un bactéricide, mais comme un excitant de la multiplication cellulaire.

Les liquides huileux sont aussi déplacés grâce à des actions de surface qui se passent entre eux et les eaux météoriques. Ils le sont encore par suite des phénomènes de capillarité qui se produisent entre le bois qu'ils imprègnent et le sol avec lequel il est en contact direct.

Il s'ensuit que l'antisepsie dont on dote un bois d'oeuvre appelé à être exposé aux précipitations atmosphériques, en l'injectant d'une solution saline ou d'un liquide huileux, comme l'huile lourde de houille, ne saurait être que passagère.


- 129 -

Pour qu'il en fut autrement il faudrait fixer, dans la masse ligneuse, les corps huileux ou les solutions salines toxiques sans altérer pour cela la résistance mécanique du bois. Or, jusqu'ici, aucun moyen pratique n'a été trouvé.

Jean MERCIER. - Application des empreintes à la celluloïdine pour l'étude des Echinodermes fossiles.

L'étude des Echinodermes fossiles, et surtout celle des Echinides, exige une reproduction très exacte de tous les détails du test et principalement des zones ambulacraires.

Les difficultés que j'ai rencontrées pour cette étude m'ont fait songer à appliquer le procédé des empreintes à la celluloïdine.

Ce procédé, appelé aussi empreintes au collodion, était connu depuis longtemps et avait été appliqué par quelques auteurs. Mais une nouvelle technique a été exposée par M. C. Nicolesco (1) pour la reproduction de la cloison des Ammonites. Par la suite, de nombreux perfectionnements y ont été apportés par M. G. Nicolesco et M. Debeaupuis (2).

(1) C. Nicolesco (C R. Ac Sc , t. 165, p. 708, 19 nov. 1917).

C. Nicolesco. Application des empreintes au collodion à la reproduction des cloisons des Ammonoïdés (B.S.G.F., 4e sér., t. XVIII, 19)8).

(2) C. Nicolesco et M. Debeaupuis. Sur la reproduction des cloisons des Ammonoïdés au moyen d'empreintes au collodion (C. R. somm. S. G. F., n° 6 p. 64, 1918).

C. Nicolesco et M. Debeaupuis. Nouvelles applications des empreintes au collodion à la reproduction des Cloisons d'Ammonoïdés (B. S. G. F., 4e sér., t. XVIII, p. 222, 1918).

9


- 130 -

Voici, rappelée pour mémoire, la façon dont on opère pour obtenir la celluloïdine :

On dissout du celluloïd (1) dans un mélange à parties égales d'acétone et d'acétate d'amyle. On peut associer au sirop obtenu de 10 à 15 % d'huile de ricin ou de glycérine afin d'avoir, dans le premier cas des empreintes transparentes, dans le second, des pellicules laiteuses opaques.

Il est utile de posséder deux solutions de concentrations différentes, l'une de 1 à 2 % pour constituer la première couche, l'autre de 10. et 15 % pour les couches successives qui serviront de soutien à la première.

MODE OPÉRATOIRE. - Après avoir bien nettoyé un oursin (2) et l'avoir bien séché, on fait tomber quelques gouttes de celluloïdine à 2 % au sommet de la zone dont on désire l'empreinte, gouttes que l'on étale en donnant à l'échantillon des inclinaisons variables.

Lorsqu'après évaporation du dissolvant, la pellicule est solidifiée, on applique quelques couches (de 3 à 5) de celluloïdine à 10 % à l'aide d'un pinceau, en agissant très rapidement.

Après une exposition à l'air d'une journée (la prise de la pellicule est assez lente - 12 à 24 heures - mais les empreintes n'en sont que plus fidèles) on détache à l'aide d'un scalpel la pellicule obetnue.

(1) On se procure quelquefois difficilement du celluloïd pur, je l'ai remplacé en employant des pellicules photographiques usagées et le résultat obtenu m'a donné satisfaction.

(2) Afin d'avoir une surface bien nette, surtout s'il s'agit de relever l'empreinte d'une aire ambulacraire avec ses zones porifères, le meilleur moyen est de passer une ou deux couches de celluloïdine sur lesquelles se fixeront les poussières qui se trouvent dans les lignes de suture des plaques et dans les pores ambulacraires.


- 131 -

Lorsque les pellicules sont tirées à partir de petits échantillons, on les met sous presse et on peut les conserver entre lame et lamelle, en les montant au baume de Canada, après les avoir déshydratées.

Les pellicules de grande taille peuvent aussi être montées au baume, mais elles se conservent aussi bien dans des tubes après avoir été un certain temps en extension.

On peut apporter à cette méthode les nombreux perfectionnements que donne M. C. Nicolesco.

La coloration au vert d'iode me donne entière satisfaction. On prépare une solution alcoolique de vert d'iode. On souligne à la plume à dessin les sutures des plaques et on ponctue les pores ambulacraires, puis on laisse sécher. La réaction du vert d'iode sur la celluloïdine donne une teinte très franche et indélébile.

APPLICATIONS DU PROCÉDÉ. - Elles sont nombreusesTout d'abord, pour la reproduction exacte des formules porifères. Il suffit de considérer la pellicule obtenue comme un négatif pour tirer une épreuve sur papier au ferriprussiate ou de la projeter avec le grossisement voulu sur une feuille de papier et de dessiner directement la projection.

Ensuite, ce sont des documents très fidèles, peu encombrants, qui permettent de comparer très exactement deux échantillons.

Enfin, pour des espèces très rares, qu'on ne veut pas faire circuler, il est très simple de faire une photographie du type que l'on a, de lever une ou deux empreintes à la celluloïdine et ces documents auront autant de valeur pour la détermination que la comparaison directe du type avec les échantillons que l'on veut identifier.


- 132 -

Au besoin, on peut accompagner les moulages de types de ces pellicules sur lesquelles seulement peuvent se fixer les détails.

L. MERCIER et abbé L. TOLMER. - Introduction à l'étude des Ephydridae de la Faune de France. Catalogue raisonné des Ephydrides de Normandie.

Les Ephydridae sont des Diptères Cyclorrhapha, Athericera, Schizophora, Acalypterae. Ce sont donc des Myodaires inférieurs à cuillerons réduits (Acalypterae) ; à suture frontale apparente et à ptiline persistante (Schizophora) ; à larve présentant l'aspect d'un asticot, l'imago ayant des antennes à trois articles dont le troisième porte un arista dorsal souvent pectine (Athericera) ; à puparium libérant l'imago grâce à une déhiscence annulaire antérieure qui découpe un couvercle en forme de clapet (Cyclorrhapha).

Un Ephydridae se reconnaît aux caractères suivants :

1° Aile a). La nervure sous-costale est accolée plus ou moins totalement à la première longitudinale, et la nervure costale est échancrée au point où elles aboutissent. b). Les cellules anale et basale postérieures sont absentes ;

2e L'arista est pectine, rarement nu ;

3° La bouche, habituellement grande, ne présente pas de vibrisses distinctes.

Les larves des Ephydridae sont généralement aquatiques ; elles vivent dans l'eau douce, l'eau saumâtre et même dans les liquides organiques (Tichomyza). Quel-


- 133 -

ques-unes minent les feuilles de plantes aquatiques (Hydrellia). Etant donné l'habitat des larves, les imagos se rencontrent tout particulièrement au bord des eaux, ou dans des stations présentant un certain degré d'humidité.

Notre catalogue raisonné des Ephydridae de Normandie comporte l'énumération d'espèces capturées surtout dans le département du Calvados et aussi dans les départements limitrophes: Seine-Inférieure, Manche, Orne, Sarthe. Nos détermiriations ont été faites à l'aide des ouvrages fondamentaux de Schiner (Fauna A ustriaca, die Fliegen, 1864) et de Becker (Dipterologische Studien IV. Ephydridae, Berliner Entomol. Zeitschrift Bd. XLI, 1896, Heft ll, p. 91, et Die Fliegen der Palaearctischen Region Lief. 10-11, 1926).

Dans son mémoire de 1896, Becker comprenait dans la famille des Ephydridae, le genre Canace ; mais en 1926, il l'en sépare et établit deux familles distinctes : les Ephydridae et les Canaceidae. La discrimination entre les deux familles est aisée, si l'on se souvient que chez les Ephydridae la cellule basale postérieure et la cellule anale sont absentes ; elles existent chez les Canaceidae. Nous mentionnerons à la suite de notre liste d'Ephydridae les espèces de Canaceidae que nous avons capturées sur la côte normandeEphydridae

normandeEphydridae

La marche que nous avons suivie pour déterminer

les exemplaires d'Ephydridae recueillis au cours de nos

chasses nous a montré l'avantage de procéder de la

façon suivante :

Etude : 1° des antennes; 2° des yeux et de la bouche.

1° Antennes. Si le deuxième article des antennes porte


- 134 -

une forte épine dirigée en avant, on est en présence d'un Notiphilinae.

Si l'épine antennaire manque, il faut examiner;

2° Les yeux et l'ouverture de la bouche. Les yeux sont poilus ou nus ; l'ouverture de la bouche est petite ou grande.

Si les yeux sont poilus et la bouche petite, il s'agit d'un Hydrellinae ;

Si les yeux sont nus et la bouche grande, on se trouve en présence d'un Ephydrinae.

Notiphilinae, Hydrellinae, Ephydrinae sont les trois sous-familles dans lesquelles se répartissent uos Ephydridae.

Notiphilinae

GENRE NOTIPHILA Fall.

Chez les Notiphila, la costale ne dépasse pas la 3e longitudinale (r 4 + 5). L'identification de certaines espèces de ce genre est parfois délicate, car les caractères différentiels employés sont souvent basés sur la coloration des antennes, des palpes, des pattes, du thorax et de l'abdomen.

N. annulipes Stenh. Jusqu'ici nous ne l'avons capturé qu'au pourtour de la mare de la Meauffe (Manche), juin 21. Cette espèce est connue du nord et du centre de l'EuropeN.

l'EuropeN. Fall. est extrêmement commun dans toute l'Europe. Nous le possédons de nombreux points du Calvados (côte et intérieur) ; de la Meauffe, Tourlaville, Biville, Carteret (Manche) ; de Sées (Orne). D'avril à octobre.

N. dorsata Stenh. Cette espèce a été recueillie au voisinage d'une mare d'eau saumâtre à Bénouville


- 135 -

(Calvados), et sur les bords d'une mare d'eau douce à Saint-Aubin d'Arquenay (Calvados), juin et août 22. N. dorsata est connu du nord et du centre de l'Europe.

N. nigricornis Stenh. Capturé en août 22 au pourtour de la mare de Bénouville (Calvados), et en juin 24 à Biville (Manche). L'espèce est connue de Scandinavie, d'Allemagne, de Damas et du Caucase.

N. riparia Meig. Nos exemplaires proviennent des marais de Colleville (côte du Calvados), juin 20 et 28, et de Tourlaville (Manche), juin 24. Cette espèce est connue de toute l'Europe, d'Asie Mineure et de l'Oural.

N. venusta Lw. Nous ne connaissons cette espèce que de la mare d'eau saumâtre de Bénouville (Calvados), juin, août 22 (Mercier, 1923). N. venusta existe donc en France et présente une distribution géographique plus vaste que celle que lui assigne Becker (1896 et 1926).

GENRE HECAMEDE Hal.

Les espèces de ce genre sont spéciales au littoral des mers. Sur la côte du Calvados nous n'avons capturé qu'une seule espèce.

H. albicans Meig ; dune de Colleville, avril-mai 22, avril 24 ; dune de Lion-sur-Mer, août 23, Luc-sur-Mer, août-septembre 28; dunes de Bernières, mai 22, de Courseulles, mai 22.

H. albicans se reconnaît facilement à la coloration de ses ailes qui sont d'un blanc laiteux, à son visage blancgrisâtre muni d'une saillie médiane qui lui donne un profil caractéristique. L'espèce est connue des côtes de toutes les mers d'Europe, et de la Méditerranée.

GENRE ALLOTRICHOMA Beck.

A. laterale Lw. : deux exemplaires mâles. Nous avons capturé cette espèce sur les bords de la Sarthe,


- 136 -

au Mans (juillet 25). Les mâles se reconnaissent facilement à la conformation de leur armature génitale. Chez A. laterale, celle-ci présente deux appendices latéraux en forme de massue portant chacun de fortes soies. Becker (1926) ne mentionne cette espèce que du sud et du centre de l'Europe.

GENRE MOSILLUS Latr. (= Gymnopa Fall.)

Le travail de Becker (1926) renferme des contradictions qui rendent difficile l'identification de ce genre. En effet, dans la clé dichotomique (p. 9) qui doit donner accès (n° 10) au genre Mosillus, il est dit « Keine Dorsozentralborste ». Or, dans la description du genre Mosillus donnée page 21, l'auteur nous dit qu'il existe « ein Paar Dorsozentralborsten dicht vor dem Schildchen ». D'ailleurs le schéma (fig. 23) représente les soies en question. Becker (1926) semble avoir reproduit dans la clé une erreur de son ouvrage de 1896, page 126 « Dorsozentralborsten fehlen ». De l'étude des exemplaires de Mosillus de notre collection, il résulte que les soies dorsocentrales existent bien au nombre de deux.

M. subsultans Fbr. Nous possédons cette espèce de Luc, juillet, août 24, septembre 28; du Mans, juillet 25. Elle est répandue dans l'Europe entière, et on la connaît même de l'Asie centrale. M. subsultans est remarquable par la constitution de ses fémurs antérieurs (f. 1) munis à l'extrémité distale, à la face inférieure, de courtes et fortes épines ; ce qui donne aux membres antérieurs l'aspect de pattes ravisseuses.

GENRE DISCOMYZA Meig.

D. incurva Fall. Luc, août-septembre 1928. Cette espèce connue du nord, du centre et du sud de l'Europe, du nord de l'Afrique, est remarquable par son aspect trapu,


- 137 -

par ses ailes teintées de brun-noir le long de la nervure costale et de la transverse postérieure, et par des saillies punctiformes disposées en série de chaque côté de la face.

GENRE CLANONEURUM Beck. (= Discomyza Halid.)

Cl. cimiciforme Halid. Nous possédons cette espèce des dunes de Courseulles, mai 22. Une de ses caractéristiques est de présenter deux plis sur chaque aile. Cette espèce signalée pour la première fois des côtes de France par l'un de nous (Mercier, 1923) est connue des côtes d'Angleterre et de la Méditerranée, du voisinage de sources salées continentales.

GENRE ATISSA Halid.

Les espèces du genre Atissa ont les yeux poilus; il importe de ne pas les rapporter, à la suite d'un examen superficiel, à la sous-famille des Hydrellinae. En suivant rigoureusement pour la détermination la marche que nous avons indiquée au début de ce travail, toute erreur sera évitée. La présence de l'épine antennaire caractéristique montre, en effet, qu'il s'agit bien d'un Notiphilinae.

A. limosina Beck. La présence de cette espèce en France a été signalée pour la première fois par l'un de nous (Mercier, 1925). Elle a été capturée au bord du canal, de Caen à la mer (septembre 23). A. limosina paraît être une espèce maritime ; elle est encore connue des côtes de Norvège (environs d'Oslo).

A. pygmaea Halid. Espèce capturée sur les bords du canal de Caen à la mer (Bénouville, septembre 24) et le long de la falaise de Luc (août 27). Elle est connue de toute l'Europe, d'Egypte, de Syrie, du nord de l'Afrique et des Iles Canaries.


- 138 -

GENRE PSILOPA Fall. (= Ephygrobia Schin.).

Nous possédons un certain nombre d'espèces de ce genre.

P. leucostoma Meig. Marais de Colleville, août 26. Espèce connue du nord et du centre de l'Europe.

P. nigritella Stenh. Brèche-au-Diable (Calvados), juin 24- Espèce connue de toute l'Europe, du nord de l'Afrique et de l'Asie centrale.

Dans son travail de 1896, Becker (p. 138) admettait les espèces suivantes : P compta Meig., P. nitidula Fall., et P. obscuripes Lw. En 1926, il ramène ces trois espèces à P. nitidula Fall. ; compta Meig. et obscuripes Lw. n'étant que des variétés de P. nitidula. Nous dirons, avec l'un de nous (Mercier, 1928), que ce sont des espèces jointives. Les trois formes peuvent se différencier de la façon suivante :

Tous les tibias et les tarses sont jaunes Psilopa nitidula compta!

compta! postérieurs jaunes Psilopa nitidula. Tibias postérieurs en grande partie noirs. Psilopa nitidula obscuripes

Nous possédons Psilopa nitidula Fall., de May (Calvados), avril 24 ; de Sallenelles, mai 22 ; des rives de l'Orne, entre Ranville et Ouistreham, août 21.

P. nitidula compta Meig. a été recueilli à Sallenelles (juin 22, juin 24, juillet 25), à la mare de Bénouville (juillet 25, août 26), au marais de Colleville (septembre 28), et dans la forêt de Balleroy (mai 24).

P. nitidula obscuripes LAV. nous est connu de Sallenelles, mai 22.

Au cours de nos chasses, nous avons capturé, à


- 139 -

Bénouville, sur le bord du canal de Caen à la mer, septembre .24, plusieurs exemplaires d'une espèce de Psilopa gui pourrait être rapportée à Psilopa aequalipes Beck-, connu uniquement de Biskra. Mais, étant donné ce que nous venons de dire de P. nitidala et de ses variétés, nous faisons des réserves sur la valeur de P. aequallpes en tant qu'espèce; les exemplaires de Bénouville ne sont peut-être qu'une autre variété de P. nitidula.

P. nitidula est une espèce très répandue : Europe, nord de l'Afrique, Iles Canaries.

P. polita Macq ; Calix (près Caen), avril 25. C'est une espèce connue de toute l'Europe.

Viennent ensuite des espèces appartenant aux trois genres suivants : DISCOCERINA Macq. (= Clasiopa Stenh.), DISCOCERINELLA Mercier, et DICLASIOPA Hend.

Le genre Discocerinella a été créé par l'un de nous (Mercier, 1927). Il se différencie de Discocerina et de Diclasiopa surtout par l'absence de soies préocellaires. Nous modifions donc comme il suit la clé dichotomique donnée par Becker (1926, page 10).

1° Pas de soies préocellaires Discocerinella Mercier

2° Des soies préocellaires.

a) - Soies de la face disposées en une seule série

Discocerina Macqb)

Macqb) Soies de la face disposées en deux séries

Diclasiopa Hend.

GENRE DISCOCERINELLA Mercier.

D. omonvillea Mercier. Baie d'Hainneville (près Cherbourg), juin 24; La Roque (cap de la Hague), septembre 26; Luc-sur-Mer, août 28. Jusqu'à plus ample informé, nous considérons celte espèce comme propre au littoral des mers.


- 140 -

GENRE DISCOCERINA Macq. (= Clasiopa Stenh.).

D. obscurella Fall. Bénouville mare, mars 22, août 26. Calix près Caen, avril 25. Bény-sur-Mer, août 25. Rives de la Sarthe (Le Mans), juillet 25. Cette espèce est connue du nord et du centre de l'Europe.

GENRE DICLASIOPA Hend.

D. daplosetosa Beck. Bénouville, juin 24 ; dunes de Ver-sur-Mer, juillet 23. Cette espèce n'était connue que de Silésie et de Hongrie.

D. xanthocera Lw., rives de la Sarthe (Le Mans), juillet 25. Espèce qui n'était signalée que de l'Europe centrale et de la Silésie.

Hydrellinae

GENRE OCHTHERA Latr.

0. mantis Deg. Nous possédons cette espèce de Fermanville (Manche), août 28, et nous l'avons capturée à la même époque à Luc-sur-Mer. O mantis présente une curieuse conformation des membres antérieurs ; ceuxci portent des dents et des épines qui leur donnent un aspect de pattes ravisseuses. Cette espèce a une aire de distribution géographique très vaste, car elle est connue d'Europe, de l'Asie centrale, du nord de l'Afrique, des Iles Canaries et de l'Amérique du nord.

GENRE GLENANTHE Halid.

G. ripicola Halid. Dunes de Courseulles, octobre 21. La présence de cette espèce en France a été signalée par l'un de nous (Mercier, 1922). Mais aujourd'hui elle est connue de toute l'Europe et de l'Asie centrale. G. ripicola possède des yeux qui ont une forme en poire très caractéristique.


- 141 -

GENRE HYDRINA Rob.-Desv- (= Philygria Stenh.).

H. punctato-nervosa Fall. Dunes d'Hermanville, août 23 ; de Courseulles, septembre 22 et 23. Cette espèce est connue du nord et du centre de l'Europe.

H. sexmaculata Beck. Dunes d'Hermanville, août 23. Becker (1926) signale cette espèce uniquement d'Allemagne. On voit donc que son aire de distribution s'étend jusqu'à l'ouest de l'Europe.

H. stictica Meig. Dunes d'Hermanville, septembre 23, et de Courseulles, avril 27; Blainville (près Caen), avril 26. Comme l'espèce précédente, H. stictica a une aire de distribution plus vaste que ne l'indique Becker (1926) ; celui-ci mentionne seulement l'espèce du centre et du sud de l'Europe.

GENRE PHILYGRIOLA Hend.

P. picta Fall. Calix (près Caen), avril 25. Luc, juillet 25. Cette jolie espèce est connue de toute l'Europe et d'Egypte.

GENRE HYADINA Halid.

H. guttata Fall. Cette espèce signalée par Becker (1926) du nord et du centre de l'Europe est relativement commune dans le département du Calvados. Nous l'avons capturée à Colleville, avril 24; à Hermanville, août 23; à Luc, mai à août 22-24, 25-27; à Courseulles, juillet 25.

H. humeralis Beck. Nous possédons cet Ephydride de Lion-sur-Mer, août 23, et du Mans, juillet 25. Il est également connu d'Allemagne.

H. nitida Macq. Colleville août 26. L'espèce est connue du nord et du centre de l'Europe.


- 142 -

GENRE PELINA Halid.

P. aenea Fall. Nous avons capturé cette espèce, connue de toute l'Europe, à Bénouville, octobre 22; à Saint-Aubin d'Arquenay, juin 22; à Bernières, mai 22.

P. aenescens Stenh. Bénouville, août 26; septembre 24; Carteret, Barneville (Manche), juin 28. L'espèce est connue du nord et du centre de l'EuropeP.

l'EuropeP. Lw. C'est une espèce méridionale dont l'un de nous (Mercier 1923) a déjà signalé l'existence dans le Calvados. Becker (1926) la mentionne uniquement d'Italie et de Corfou. Nous possédons cette espèce en provenance de Bénouville, novembre 21, février, mars 22.

GENRE HYDRELLIA Rob. Desv.

H. fascitibia v. Roser. Capturé à Bénouville août 25 ; c'est une espèce connue du nord et du centre de l'Europe.

H. griseola Fall. Cette espèce est extrêmement commune dans toute l'Europe. Nous la possédons de nombreux points du Calvados, de la Manche, de la Seine-Inférieure. Nous l'avons capturée à toutes les époques de l'année.

H. ranunculi Halid. Luc, septembre 22. Cet Hydrellia est également connu de toute l'Europe.

H. thoracica Halid. Saint-Aubin d'Arquenay, juin 22. Becker (1926) donne cette espèce de l'Europe centrale.

Ephydrinae

GENRE EPHYDRA Fall.

Les espèces de ce genre sont relativement faciles à déterminer. En effet, il suffit d'examiner la face externe du troisième article des antennes ; si celui-ci porte une


- 143 -

soie piliforme, l'espèce considérée appartient au groupe d'Ephydra micans Halid-, sinon elle se rattache au groupe d'Ephydra riparia Fall.

E. micans Halid. Nous avons capturé cette espèce à Colleville, février 23, août 26, et à Fermanville (Manche) août 26. Elle est connue de toute l'Europe et des Iles Canaries.

E- riparia Fall. Cet Ephydrinae est connu de toute l'Europe ; c'est la mouche la plus commune au bord des mares supralittorales ; nous l'avons capturée de Sallenelles à Courseulles, février à octobre; à Cherbourg, à Carteret (Manche). Il faut noter que la présence d'E. riparia a été également signalée au voisinage de mares salées continentales.

GENRE CAENIA Rob. Desv.

L'examen des soies fronto-orbitaires permet de différencier le genre Caenia du genre précédent. Alors que chez Ephydra il existe 3-4 soies orbitaires, Gaenia n'en présente que 2. D'autre part, dans ce dernier genre, l'arista antennaire est longuement cilié.

A propos des caractéristiques du genre Caenia, nous ferons remarquer que Becker (1926) dans la clé des Ephydrinae qu'il donne page 72, indique cinq soies dorsocentrales. Or, dans la diagnose du genre, il reconnaît « 5 ou 4 paires de dorsocentrales ". Nous avons eu l'occasion d'examiner des Caenia fumosa ne présentant que quatre paires de dorsocentrales; la clé que donne Becker est donc à modifier sur ce point.

C. fumosa Stenh. Assez commun dans notre région. Nous l'avons capturé à Bénouville, août 26 ; Saint-Aubin d'Arquenay, juin 22; Colleville, septembre 28, Luc, août 24, septembre 28 (Calvados); Rouen, juin 22. L'espèce existe dans le nord et le centre de l'Europe.


- 144 -

C. palustris Fall. Cette espèce est aussi répandue que la précédente. Nous la possédons de Saint-Aubin d'Arquenay, juin 22; de Bénouville, mars à octobre; Colleville, août 22 ; Hérouville, juillet 28. Elle est connue de toute l'Europe et des Iles Canaries.

GENRES SCATELLA Rob. Desv. et LAMPROSCATELLA Hend.

Dans son travail de 1926, Becker ne conçoit plus le genre Scatella Rob. Desv., tel qu'il le présentait en 1896. Il le démembre et accepte en particulier le sous-genre Lamproscatella Hend.

Nous ferons encore une remarque au sujet de la clé donnée par Becker (1926), p. 72. Cette clé conduit à la détermination des deux genres Scatella et Lamproscatella par le caractère suivant : « mésonotum avec deux dorsocentrales ». Or, parlant des caractères du genre Lamproscatella (p. 84), Becker reconnaît l'existence de trois paires de dorsocentrales, ce qui est d'ailleurs conforme à la clé de son travail de 1896, p. 226. Il y a donc là une erreur dont il faut être prévenu, d'autant plus que Scatella silacea Lw. présente également trois paires de dorsocentrales. Aussi pour déterminer les espèces que nous ayons capturées, nous proposons d'utiliser le tableau simplifié suivant qui possède avant tout un intérêt pratique et permet de se reconnaître parmi les nombreuses espèces des genres Scatella et Lamproscatella. I. 2 paires de soies dorsocentrales .... SCATELLA

A. Ailes présentant des taches claires plus ou moins marquées.

a) visage blanc d'argent, joues sans soies.

1) pattes noires . . . . . Scatella paludum

2) tarses jaunes Scatella indistincta

b) visage non blanc d'argent.


- 145 -

1. tache entre là nervure 2 (r2+3) et là nervure 3 (r4+5) plus grande que les autres ; tarses d'un jaune rougeâtre . . . . Scatella subguttata

2. 5 taches sensiblement de même dimension.

a) pattes noires . . . . . Scatella stagnalis

P) genoux et métatarses jaune rougeâtre. . ... . . Scatella lutosa

B. Ailes présentant des taches brunes, a) trois taches brunes au dernier segment de la 3e nervure longitudinale (r4+5). pattes noires . . . . Scatella Stenhammari b) deux taches brunes au dernier segment de la 3e nervure longitudinale (r4+5). tarses postérieurs jaunes . Scatella quadrata II. 3 paires de soies dorsocentrales LAMPROSCATELTLÂ.

A. face d'un blanc d'argent. Lamproscatella dichacta

B. la face n'est pas d'un blanc d'argent .... Lamproscatella pilosigenis

Scatella indistincta Beck. Nous avons capturé, cette espèce dans la dune d'Hermanville, août 23 et à Luc-sur-Mer, septembre 28 (Calvados). Jusqu'à présent, elle n'avait pas été signalée en France. Becker (1926) la donne uniquement de Hongrie (sur les bords d'un lac salé situé près dé Torda).

Scatella lutosa Halid. Cette espèce est commune sur la côte du Calvados; nous l'avons recueillie dans les vases salées de Sallenelles, juin 22 ; à Bénouville, aoûtoctobre 21-24; dans les marais de Colleville, août 26; à Saint-Aubin d'Arquenay, juin 22; dans la dune de Lion, février 22; à Luc, juillet 24. Elle est signalée de toute l'Europe, de l'Egypte et de l'Asie centraleScatella

centraleScatella Meig. (= sorbilans Halid.) Ce Scatella est connu de toute l'Europe. Nous l'avons

10


- 146 -

capturé dans le Calvados : Bénouville, octobre 21-22; Colleville, février 23 ; Saint-Aubin d'Arquenay, juin 22; Luc, mai à octobre 21-24-28; vallée de la Mue, juin 24; Brèche-au-Diable (près Falaise), juin 26 ; dans la Manche : Biville, juin 24; Carteret, juin 28; dans la Sarthe : Le Mans, juillet 25.

Scatella quadrata Fall. Dunes d'Hermanville et de Colleville, février-août 23; Luc, juin 22. L'espèce existe dans toute l'Europe.

Scatella stagnalis Fall. Ce Scatella est des plus communs dans le nord et le centre de l'Europe. Nous le possédons du Calvados : Sallenelles, juin 22; Bénouville, mars à septembre 22-24 ; Ouistreham, mars 21, juillet 22; Colleville, février à août 23-26 ; Saint-Aubin d'Arquenay, juin 22; Lion, février 22; Luc, mai 22, juillet 24 ; de la Manche : lande de Lessay, juin 25; Tourlaville près Cherbourg, juin 24; Biville, juin 24; Carteret, juin 28; de la Seine-Inférieure : Rouen, juin 22 ; de la Sarthe ; Le Mans, juillet 25.

Scatella Stenhammari Zett. Jusqu'à présent, nous n'avons capturé cette espèce que dans le département de la Manche, à Fermanville, août 26, et à Carteret, juin 28. Elle est connue de toute l'Europe. Il est facile de ne pas la confondre avec Scatella quadrata Fall. dont elle diffère par le nombre des taches brunes des ailes et la coloration des pattes.

Scatella subguttata Meig. (= aestuans Halid.). Nous avons capturé cette espèce à Bénouville, le long du canal de Caen à la mer, août-septembre 24-25-26 ; dans les vases salées de Sallenelles, juin 25; à Luc, août 28Elle est connue de toute l'Europe.

Lamproscatella dichaeta Lw. Espèce recueillie à Bénouville, août 26, septembre 24; Sallenelles, juin 25. Elle est connue de toute l'Europe, de l'Asie centrale et d'Egypte.


- 147 -

Lamproscatella pilosigenis Beck. Cette espèce dont la présence en France a été signalée pour la première fois par l'un de nous (Mercier, 1922) d'après des captures faites à l'embouchure de l'Orne, juin 21-22, a été retrouvée ensuite à Sallenelles, juin 24; Colleville, février 23, août 28; Lion, février 22; Luc, février 22. Elle offre donc une aire de distribution géographique plus vaste que celle que lui assigne Becker (1926); cet auteur la signale uniquement du Schleswig.

GENRE SCATOPHILA Beck.

Chez les espèces de ce genre, la nervure costale n'atteint que la troisième longitudinale (r 4 + 5). Parmi les Ephydrinae que nous avons recueillis, ce sont les seules à présenter cette particularité.

5. caviceps Stenh. est connu du nord et du centre de l'Europe. Nous l'avons trouvé à Calix (près Caen), avril 25 et à Luc, août 27.

S. despecta Halid. Colleville, février 23 ; Hermanville, août 23; Luc, août 28, septembre 22; Louvigny, mai 24. Ce Scatophila est signalé par Becker de l'Europe centrale et septentrionale.

GENRE TICHOMYZA Macq.

T. fusca Macq. C'est la mouche des urinoirs. Elle existe dans toute l'Europe. Nous l'avons trouvée à Luc, à Sallenelles où elle est particulièrement abondante, en septembre et octobre.

GENRE NAPAEA Rob. Desv. (= Parhydra Stenh-).

Parmi les Ephydrinae que nous mentionnons, les espèces du genre Napaea sont les seules à présenter un clypeus saillant. Il est donc facile de les isoler du produit d'une chasse. Napaea pubera Lw. se reconnaît de


- 148 -

suite à son thorax poilu Pour les autres espèces, on trouve d'excellents caractères différentiels dans l'examen de la disposition des nervures et des taches des ailes, en tenant compte toutefois des anomalies qui peuvent se présenter et que nous signalerons au fur et à mesure de notre énumération.

N. aquila. Fall. Nous possédons cette espèce de la Sarthe (Le Mans, juillet 25). Elle est caractérisée par la tache brillante du front qui affecte la forme d'une feuille de trèfle. Cette espèce est connue du nord et du centre de l'Europe.

N. coarctata Fall. De nombreux points du Calvados nous ont fourni cette espèce où nous l'avons capturée toute l'année. Nous la connaissons également de la Manche. C'est une forme extrêmement commune dont la présence est signalée de toute l'Europe ; la 2e nervure longitudinale (r 2 + 3) est pourvue d'une annexe. Nous rappelons cependant (Mercier et Tolmer, 1928) que la présence de cette annexe, d'importance et de formes variables, n'est pas constante et qu'elle peut manquer sur une seule aile ou même sur les deux ailesN.

ailesN. Halid. Cette espèce est aussi commune que la précédente. Nous l'avons capturée également pendant toute l'année dans le Calvados et dans la Manche. Elle est connue du nord et du centre de l'Europe. Elle se différencie facilement de la précédente, par l'absence d'annexé à la 2e nervure longitudinale (r2 + 3).

N. hecate Halid. L'aire de distribution géographique de ce Napaea est beaucoup plus vaste que celle que lui assigne Becker. En effet, cet auteur (1926) ne le mentionne que de Karlovac en Croatie et de Macerata au nord de l'Italie. Or, nous le connaissons (Mercier, 1925) du Calvados : Bénouville, juin 25, août 25, 26; Luc,


- 149 -

mai-juin 24; Louvigny (près Caen), juin 24; Feuguerolles, mai 24; forêt de Balleroy, mai 24 ; de la Manche (Carteret, juin 28), et de la Sarthe (Le Mans, juillet 25). Cette espèce ne présente pas normalement d'annexé à la 2e nervure longitudinale (r 2 + 3), cependant nous en possédons deux exemplaires qui ont une annexe à l'une des ailes.

N. pubera Lw. Becker (1896) ne signalait cette espèce que de Sicile et de Calabre ; dans son Mémoire de 1926, il la mentionne en plus de Chypre, du sud de la France et du nord de l'Afrique, à Biskra. Or, l'un de nous (Mercier, 1922) en a capturé de nombreux exemplaires, au bord d'une mare d'eau saumâtre, à Bénouville (septembre et octobre). Depuis nous avons retrouvé l'espèce à Sallenelles, février 22; à Bénouville, juillet, 25, 26; et à Colleville, juillet 28.

N. pusilla Meig. Nous avons capturé cette espèce à Louvigny (près Caen), mai 24, et à Hérouville, au bord du canal de Caen à la mer, juin 28. Elle est connue du nord et du centre de l'Europe.

N. quadripunctata Meig. Cette espèce comme N. coarctata présente une annexe à la deuxième nervure longitudinale (r 2+3), mais elle s'en distingue très facilement par la teinte enfumée que présente l'extrémité de cette nervure ainsi que son annexe. Nous la [possédons de la Brèche-au-Diable (près Falaise), juin 24, et de Verson (près Caen), juin 28. Becker (1926) signale également l'espèce d'Allemagne.

Canaceidae

Becker (1926) a démembré le genre Canace Halid. pour faire le nouveau genre Dinomyia Beck. Canace nasica Halid. est une espèce des côtes de la


- 150 -

Méditerranée, des Iles Canaries et des côtes de la mer du Nord. Nous l'avons capturée au cap de la Hague, septembre 26.

Dinomyia ranula Lw. a une aire de distribution beaucoup plus restreinte, tout au moins si l'on en juge d'après ce que dit Becker (1926). En effet, d'après lui, cette espèce ne serait connue que des côtes de la mer du Nord. Or, l'un de nous (Mercier, 1922) l'a signalée des vases salées de Sallenelles, août 21.

Le bilan de nos chasses en Normandie comporte l'énumération de 60 espèces d'Ephydridae et de 2 espèces de Canaceidae.

Nous pourrions considérer un grand nombre de ces espèces comme nouvelles pour notre Faune, si l'un de nous (Mercier, 1927) n'avait déjà eu l'occasion de signaler quelques omissions faites par Becker dans son travail de 1926, à propos de la répartition géographique de certaines d'entre elles. Cet auteur semble ignorer systématiquement que la France fait partie de la région paléarctique, et que les Diptères ne connaissent pas les frontières tracées par les hommes.

Un grand nombre des espèces que nous mentionnons présentent une aire de dispersion très étendue ; il en est cependant qui méritent de retenir l'attention. Les unes, dans l'état actuel de la documentation, paraissent localisées au littoral des mers ; d'autres doivent être considérées soit comme des espèces septentrionales, soit comme des espèces méridionales.

Les espèces septentrionales sont : Atissa limosina Beck, Lamproscatella pilosigenis Beck., Dinomyia ranula Lw. Les espèces méridionales sont : Allotrichoma laterale Lw., Pelina nitens Lw. et Napaea pubera Lw.

Etant donné la région que nous avons explorée, il


- 151 -

n'y a pas lieu d'être surpris si les espèces littorales sont relativement nombreuses. Citons : Hecamede albicans Halid, Clanoneurum cimiciforme Halid., Atissa limosina Beck., Discocerinella omonvillea Mercier, Ephydra riparia Fall., Scatella indistincta Beck., Canace nasica Halid. et Dinomyia ranula Lw. Il importe toutefois de noter que certaines de ces espèces ont été également capturées au bord de mares salées continentales. C'est le cas de Clanoneurum cimiciforme Halid., d'Ephydra riparia Fall. et de Scatella indistincta Beck.

INDEX BIBLIOGRAPHIQUE

1922. - L. MERCIER. Diptères de la Côte du Calvados, 3e liste.

(Ann. Soc. Entorri. Belg. T. 62, p. 3).

1923. - L. MERCIER. Diptères de la Côte du Calvados, 4e liste.

(Ann. Soc. Entom. Belg. T. 63, p. 9). 1925. - L. MERCIER. Diptères de la Côte du Calvados, 5e liste.

(Ann. et Bull. Soc. Entom. Belg. T. 65, p. 173). 1927. -L. MERCIER. Discocerinella omonvillea, genre nouveau,

espèce nouvelle d'Ephydridae (Dipt.) de la région

paléarctique. (Ann. et Bull. Soc. Entom. Belg. T. 67,

p. 123).

1927. - L. MERCIER. A propos de la distribution géographique

de quelques Diptères de la famille des Ephydridae. (Compt. rend. Soc. de Biogéogr. Paris, p. 67).

1928. - L. MERCIER. Quelques Calliphorinae, types d'espèces

jointives, capturés à Luc-sur-Mer. (Bull. Soc. Linn. Norm., 8e Série, T. I, p. 10). 1928. - L. MERCIER et L. TOLMER. - Anomalies dans la nervation des ailes chez Napaea coarctata Fall. (Bull. Soc. Linn. Norm. 8e Série, T. I, p. 33).


- 152 -

ANDRÉ MAURY. - Tanaïdacés et Isopodes des Côtes normandes (Excl. Epicarides). (Crustacés marins, d'eaux saumâtres et d'eaux douces). 1re liste.

C'est de Brébisson (1825) qui a établi la première liste des Isopodes de Normandie. Beaucoup plus tard, Le Sénéchal (1885) cite également quelques espèces de ces Crustacés, parmi les animaux qu'il a recueillis au laboratoire maritime de Luc-sur-Mer (Calvados), pendant les années 1884 et 1885.

Enfin dès cette époque, paraissent successivement les résultats des recherches de Gadeau de Kerville (1885-86-88-94-97-1900) sur les faunes marine et maritime de la Normandie.

Néanmoins, l'étude des Crustacés Isopodes n'a jamais été faite spécialement en Normandie, et Fauvel(1905) signalait l'opportunité d'une telle entreprise.

La présente note a pour objet de donner la liste des Crustacés Isopodes et Tanaïdacés que j'ai pu recueillir, jusqu'à ce jour, tant sur le littoral que dans les eaux douces et saumâtres de la région normandePour

normandePour de ces espèces je prendrai une classification analogue à celle suivie par Monod (1923). En même temps que je signalerai les stations où furent recueillies les espèces citées, je donnerai quelques renseignements sur leurs conditions bionomiques particulières et sur les associations fauniques qui peuvent se rencontrer.

Mais avant, je tiens à exprimer ma respectueuse gratitude à M. le Professeur Mercier qui a bien voulu me recevoir au laboratoire de Luc et mes bien respectueux remerciements à M. le Professeur Gravier qui en


- 153 -

m'accueillant à son laboratoire a bien voulu mettre à ma disposition la collection d'isopodes du Muséum d'Histoire Naturelle, ce qui m'a permis de vérifier mes déterminations.

TANAIDACEA

Famille des TANAIDAE

Genre Tanais Aud. et M. Edw.

1. T. cavolinii Milne-Edwards. Stations : Manche : Granville (cap Lihou, plage), Donville, Saint-Pair, Nacqueville ; dans les rochers à Chtamalus et Fucus. Seine-Inf. : Le Havre (plage de Sainte-Adresse) ; sur les vieux bois des briselames de la plage en compagnie de Limnoria, de Corophium acherusicum Costa (Dét. Mme Leroux) et de Chelura terebrans Philippi. Bionomie : Faciès rocheux, surtout dans la zone littorale moyenne. A Granville, cette espèce vit dans des galeries tubuleuses creusées dans les remplissages des fentes de la roche; on la recueille en délitant les schistes constituant les rochers. On trouve aussi T. cavolinii M. Edw. dans les vieux bois des casiers à homards en compagnie de Limnoria et de Chelura.

Genre Heterotanais Sars

2. H. oerstedi Kröyer. Station : Calvados : Canal de Caen à la mer, Bénouville (Legueux et Maury 1925). Bionomie : Dans les colonies d'un Mollusque lamellibranche Mytilopsis cochleata Kickz. en compagnie de Cyathura carinata Kröyer. Cette espèce d'eau saumâtre est très intéressante par son dimorphisme sexuel ; elle a déjà été signalée sur le littoral du Calvados, à Courseulles-sur-Mer par Monod (oct. 1924).

Genre Leptochelia Dana

3. L. savignyi (Krôyer). Station : Calvados : Luc-sur-Mer. Rocher du Quilhoc, parmi les algues.


- 154 -

Famille dés APSEUDIDAE Genre Apseudes Leach

4. A. talpa (Montagu). Stations : Calvados : Luc-sur-Mer. Rocher du Quilhoc, au pied des Laminaires. Manche : Donville, dans les fentes des rochers de la zone littorale moyenne.

ISOPODA

Sous-Ordre des GNATHIIDAE

Famille des GNATHIIDAE

Genre Gnatbia Leach

5. G. maxillaris (Montagu). Stations : Manche : Granville (Cap Lihou, plage) ; Donville. Cette espèce se rencontre dans les fissures des rochers, dans des galeries souvent en compagnie de Tanais cavolinii M. Edw.

6. G. oxyuraea (Lilljeborg). Station : Calvados, Dragage au large de Luc-sur-Mer. Cette espèce n'a pas encore, à ma connaissance, été signalée sur nos côtes.

Genre Paragnathia Orner Cooper

7. P. formica (Hesse). Stations : Calvados : Ouistreham. Dans les vases de l'embouchure de l'Orne, parmi les Obione et sous les pierres; Courseulles. Dans les banquettes de vase de l'embouchure de la Seulles. Déjà signalée par Monod (1921).

Sous-Ordre des ANTHURIDEA Famille des ANTHURIDAE Genre Anthura Leach

8. A. gracilis (Montagu). Station : Calvados : Luc-sur-Mer ; un seul exemplaire provenant d'un dragage au large de Luc par 10 à 15 mètres de fond.


- 155 -

Genre Cyathura Norman et Stebbing

9. C. carinata Kröyer. Stations : Calvados : Canal de Caen à la mer, Bénouville, (Legueux (M.-L.) et Maury A. 1926). Manche : Granville, Donville. Faciès rocheux. Bionomie : En compagnie de Hétérotanaïs oerstedi Kröyer dans les Mytilopsis cochleata Kickz du pont de Bénouville. Cette espèce a déjà été signalée à Saint-Waast-la-Hougue dans du matériel récolté par Lienhard en 1911 (Remy 1926). A Granville, on la trouve entre les blocs de schistes du cap Lihou et de Donville en compagnie de Tandis Cavolinii M. Edw.

Sous-Ordre des FLABETLLIFERA

Famille des CIROLANIDAE Genre Eurydice Leach

10. E. pulchra Leach. Stations : Calvados : vases de Sallenelles dans l'eau saumâtre ; Ouistreham sur le littoral dans les cadavres, de Carcinus moenas. - Manche : Barneville. Déjà signalée par Monod à Trouville, Villers, Courseulles.

Famille des LIMNORIIDAE Genre Limnoria Leach

11. L. lignorum (Rathke). Stations : Seine-Inf. : Le Havre, dans les bois des brise-lames, plage de Sainte-Adresse, avec Corophium acherusicum et Chelura terebrans. Manche : Granville, dans les Yieux bois de casiers à homards en compagnie de Chelura terebrans.

Famille des SPHOEROMIDAE Genre Sphoeroma Bosc

12. Sph. serratum (Fabricius). Cette espèce est très commune sur tout le littoral, dans les zones littorales moyenne et supérieure.

13. Sph. hookeri Leach. Station : Calvados : Luc-sur-Mer, rocher le « Quilhoc » à marée basse.


- 156 -

14. Sph. rugicauda Leach. Stations : Calvados : Canal de Ouistreham, marais de l'embouchure de l'Orne, marais de Sallenelles, Bernières, Courseulles à l'embouchure de la Seulles. - Seine-Inf. : Embouchure de la Seine, pointe du Hoc. Bionomie : espèce d'eau saumâtre.

Genre Cymodoee Leach

15. Cym. truncata (Montagu). Stations : Calvados : Luc-surMer, à marée basse sur le rocher du Quilhoc parmi les algues et sous les rochers. - Manche : Barneville, Donville, Granville, dans les fentes des schistes de la zone littorale moyenne ou inférieure.

Genre Dynamene Leach

16. D. bidentata (Adams) vit dans les mêmes stations que l'espèce précédente.

Les deux espèces précédentes présentent un dimorphisme sexuel assez accusé si bien que les c? et les 9 ont longtemps été désignés sous des noms différents :

tf .? 9

Sphoeroma curtum Sp. B. et W. Cymodoce truncata (Montagu)

Sph. prideauxianum Sp. B. et W.

Dynamene rubra Sp. B. et W. Naesa bidentata, Leach Dynamene viridis Sp. B. et W.

Genre Campeeopea Leach

17. C. hirsuta (Montagu). Stations : Manche : Donville, Granville (cap. Lihou) sur les rochers des zones littorales supérieure et moyenne surtout sur les rochers couverts de Chtamalus en compagnie d'un bivalve Lasaea rubra Mont, et d'un Collembole Anurina maritima Laboul. dans les touffes de Lichina.

Sous-Ordre des VALVIFERA Famille des IDOTEIDAE

Genre Synisoma (Collinge) 18. S. lancifer (Leach). Station : Calvados : Luc-sur-Mer, rocher du « Quilhoc » parmi les Halopteris scoparia Sauvageau.


- 157 -

Genre Cleantis Dana

19. Cl. prismatica (Risso). Station : Calvados : Luc-sur-Mer, rocher du « Quilhoc » à marée basse parmi les Halopteris. Bionomie : Cette espèce est tubicole, mais alors que Dollfus (1894) l'avait signalée dans des tubes d'origine végétale à Luc et à Villers, je l'ai trouvée à Luc dans des tubes d'origine minérale (Maury, 1925).

Genre Idotea Fabricius

20. I. viridis (Slabber). Espèce commune le long du littoral, dans l'horizon supérieur de la zone littorale parmi les Fucus.

21. I. granulosa Rathke. Stations : Calvados : Courseulles, Bernières, Luc, Villers, parmi les algues.

22. I. baltica (Pallas). Stations : Calvados : Luc-sur-Mer, parmi les algues, rocher du « Quilhoc », à marée basse. Manche : Granville, parmi les algues, horizon inférieur de la zone littorale.,

23. I. linearis (Pennant). Stations : Calvados : Luc-sur-Mer, dragage. Plage d'Hermanville, dans les algues rejetées par la mer. Manche : Granville, pêchées avec des crevettes.

24. I. pelagica Leach. Stations : Calvados : Villers (rochers des Vaches-Noires), Trouville (jetée promenade). Seine-inf. : Le Havre, Cap de la Hève. Bionomie : Dollfus (1894) signalant cette espèce à Villers-sur-Mer, écrivait que très commune de 1882 à 1887, elle avait presque disparu de la localité. En 1926, une excursion aux rochers de Villers m'a permis de constater que l'espèce était redevenue très commune parmi les Balanes et les Moules. Cette même année je l'ai trouvée parmi les byssus des Moules, fixées contre l'estacade métallique de la jetée promenade de Trouville et au cap de la Hève parmi les Moules et les Balanes fixées aux rochers. Dollfus signalait également cette espèce à St-Waast-la-Hougue.

I. pelagica paraît être commensale des Moules.


- 158 -

Sous-Ordre des ASELLOTA

Famille des ASELLIDAE Genre Asellus Geoffroy

25. A. aquaticus L.

26. A. meridianus Racov. Ces espèces sont assez communes dans les eaux douces de Normandie. On les trouve parfois ensemble dans une même station, mais les ruisseaux et les mares semblent surtout colonisés par A. meridianus (Maury, 1926).

Famille des MDNNIDAE

Genre Munna Kröyer

27. M. fabricii Kröyer. Station : Calvados, Luc-sur-Mer, rocher du « Quilhoc ». Cette espèce se trouve sur les Bugula turbinata Aider (Bryozoaire), elle est nouvelle pour les côtes françaises (Maury, 1926).

Famille des JAERINIDAE Genre Jaera Leach

28. J. marina (Fabricius). Cette espèce communesur tout le littoral a parfois été signalée en eau douce; sur la côte du pays de Caux, dans le voisinage de la Source de Grainval (Monod 1923); ruisseau de l'anse d'Ecalgrain, pointe de la Hague (Maury, 1926).

Sous-Ordre des ONISGOIDEA Famille des LIGIIDAE Genre Ligia Fabricius

29. Ligia oceanica L. Espèce commune sur toute la côte.

ADDENDUM

L'examen du matériel provenant de deux dragages effectués au large, entre Luc et Ver-sur-Mer, par 25 à 30 m. de fond environ, pendant le mois d'Août 1928,


- 159 -

m'a permis de recueillir trois autres espèces de Crustacés Isopodes, qui, à ma connaissance, n'avaient pas été signalées sur le littoral de Normandie.

TANAIDAGEA

Famille des TANAIDAE Genre Paratanais Dana

30. P. Batei G. O. Sars. Station : Dragage au large entre Luc et Ver-sur-Mer (Calvados) par 25 à 30 m. de fond. Nombreux exemplaires 9

ISOPODA

Sous-Ordre des FLABELLIFERA

Famille des CIROLANIDAE Genre Conilera Leach

31. C. cylindracea (Montagu). Même station. Un exemplaire 9 Cette espèce se trouvait déjà représentée dans la collection du Eaboratoire de Zoologie Maritime de Luc-sur-Mer.

Genre Eurydice Leach

32. E. truncata (Norman). Cette espèce n'a pas encore été signalée, à ma connaissance, sur le littoral normand. Monod (1923) la signale de Concarneau et de Belle-Isle.

BIBLIOGRAPHIE

1825. M. DE BRÉBISSON. - Catalogue méthodique des Crustacés terrestres, fluviatiles et marins, recueillis dans le département du Calvados (Mémoires Soc. Linn. du Calvados, t. II).

1905. P. FAUVEL. - Histoire naturelle de la presqu'île du Cotentin, vol. III. La faune (Extrait de Cherbourg et le Cotentin, volume publié à l'occasion du Congrès de l'A. F. A.S. à Cherbourg).


- 160 -

1885. H. GADEAU DE KERVILLÉ. - Aperçu de la faune actuelle

de la Seine et de son embouchure (depuis Rouen jusqu'au Havre). (L'Estuaire de la Seine. Mémoires et documents pour servir à l'étude de l'estuaire de la Seine par G. Lennier).

1886. H. GADEAU DE KERVILLE. - Faune de l'estuaire de la

Seine (Annuaire Normand, Congrès de Honneur). 1888. H. GADEAU DE KERVILLÉ, - Les crustacés de la

Normandie, espèces fluviales, stagnâtes et terrestres

(1re liste). (Bul. Soc. Amis Sc. Nat. Rouen,

1er semestre). 1894. H. GADEAU DE KERVILLÉ. - Recherches sur les faunes

marines et maritimes de Normandie, 1er voyage.

Région de Granville et îles Chausey (Manche). (Bul.

Soc. Amis Sc. Nat. Rouen, 1er semestre). 1897. H. GADEAU DE KERVILLÉ. - Ibid., 2e voyage. Région de

Grandcamp-les-Bains (Calvados) et îles SaintMarcouf

SaintMarcouf (Bul. Soc. Amis Sc. Nat. Rouen,

2e semestre). 1900. H. GADEAU DE KERVILLE. - Ibid., 3e voyage. Région

d'Omonville-la-Rogue et Fossé de la Hague (Manche).

(Bul. Soc. Amis Sc. Nat. Rouen, 2e semestre). 1905. HANSEN H.-J. - Revision of the European marine forms

of the Girolaninae, a subfam. of Crustacea Isopoda

(Journ. Lin. Soc. London. Zool., vol. XXIX, n° 192). 1913.; ISSEL, RAFFAELE. - Nota sulla Zenobiana prismatica

Risso (Idotea chelipes Costa), et sulla identita del

gen. Zenobiana Risso col gen. Cleantis Dana (Ann.

Mus. Zool. univers. Napoli. N. S., vol. IV, n° 1, 8 p., 9 fig.). 1881. LENNIER G. - G. R. des observations géologiques et

zoologiques faites dans la baie de la Seine sur les

rivages et les falaises qui limitent la baie (Bibl.

municipale du Havre). 1886-87. Le SÉNÉCHAL (R.). - Note sur quelques animaux

recueillis dans le canal de Caen à la mer (Bul. Soc.

Lin. Norm. (4), I, p. 87-95).


- 161 -

1925. LEGUEUX (M.-L.) et MAURY (A.). - Sur un Tanaïdacea

du canal de Caen à la mer(Bul. Soc. Lin. Normandie, 7° série, 8° vol. p. 79*-80*).

1926. LEGUEUX (M.-L.) et MAURY (A.). - Sur la présence de

Cyathura carinata Kröyer (Crustacé Isopode) dans le canal de Caen à la mer (Bul. Soc. Lin. Norm., 7° série, 9 vol., p. 22*).

1925. A. MAURY. - Étude sur le comportement de Zenobia

prismatica Risso (Bul. Soc. Lin. Normandie, 7e série, 8 vol., p. 89-92).

1926. A. MAURY. - Une nouvelle station dulcaquicole de

Jaera marina (Fabricius) (Crustacé Isopode) (Bul.

Soc. Lin. Normandie, 7e série, 9e vol., p. 103*). 1926. A. MAURY. - Une espèce du genre Munna nouvelle

pour les côtes françaises : Munna Fabrich Kröyer

(Bull. Soc. Lin. Normandie, 7° série, 9° vol. p. 109*). 1926. A. MAURY. - Note sur quelques Idoteidea (Crustacés

Isopodes) de Normandie et sur leur géonémie

(Bul. Soc. Lin. Normandie, 7e série, 9e vol. p. 43-50). 1926. A. MAURY. - Recherches géonémiques sur le genre

Asellus (Bul. Soc. Lin. Normandie, 7e série, 9e vol., p. 50-63). 1923. MONOD (CH.). - Prodrome d'une faune des Tanaïdacea

et des Isopoda (Excl. Epicarides) des Côtes de France

(excl. Méditerranée) (Ann. Soc. Sc. Nat. La Rochelle

fasc. 4, n° 37, p. 19-124). 1926. MONOD (CH.). - Les Gnathiidae, Essai monographique (1re thèse) (Mém. Soc. Sc. Nat. Maroc, XIII, 1925). 1926. MONOD (CH), - La Région de la Basse-Seulles. Étude

bionomique (2e thèse). 1925. RAYMOND POISSON et P. REMY. - Contribution à l'étude

de la faune des eaux saumâtres. - I. Canal de

Caen à la mer (Bul. Soc. Lin. de Normandie,

7e série, 8e vol. p. 144).

11


- 162 -

Louis GALLIEN. - Etude de deux Mollusques Opisthobranches d'eau saumâtre.

Si la plupart des espèces de Gastéropodes Opisthobranches sont marines, il existe cependant quelques rares formes qui tendent à abandonner leur milieu originel, pour évoluer peu à peu vers le milieu terrestre en passant par des faciès biologiques intermédiaires.

C'est ainsi qu'en 1900 Dybowski a décrit sous le nom d'Ancylodoris Baïkalensis un petit Doridien vivant dans le lac Baïkal. De même Embletonia pallida Ald. et Hanck a été trouvé dans la baie de Kiel, et plus récemment dans le canal de Caen à la mer. Enfin, dans le groupe des Ascoglosses le genre Alderia Allman paraît propre aux vases salées (1) ainsi que Limapontia depressa Ald. et Hanck.

C'est la description, l'éthologie, les premiers stades du développement, la répartition géographique de ces deux dernières formes qui font l'objet de ce travail.

LE MILIEU : LES VASES SALÉES DE SALLENELLES

Le petit village de Sallenelles est situé sur la rive droite de l'embouchure de l'Orne, au sud de la vaste concavité que présente l'estuaire de cette rivière avant de s'ouvrir dans la Manche.

Au nord du village, et jusqu'au lit mineur de l'Orne,

s'étend depuis le lieu dit « le Corps-de-Garde » au sud,

jusqu'aux dunes de Merville au nord, c'est-à-dire sur

une longueur de quatre kilomètres et une largeur de

800 à 1.000 mètres une formation spéciale bien connue

(1) Appelées encore : prés salés, marais salés et en Angleterre salt-marsh, saltings.


- 163 -

des Géologues, qui lui ont donné le nom d'argile à Scrobiculaires en raison de la présence dans cette argile de coquilles de ce Bivalve.

Ce dépôt qui s'effectue, soit dans les anses abritées du littoral, soit dans l'estuaire de certains cours d'eau, est constitué par une argile compacte, d'un gris bleuâtre à laquelle se mêle un peu de sable.

A Sallenelles, les courants marins dirigés W.-E. ont déterminé la formation d'une longue langue de dunes qui va de Ouistreham à la pointe du siège. Cette flèche de sable a forcé l'Orne, qui depuis Caen coulait sensiblement N.-S-, à incliner son cours vers l'est avant de se diriger à nouveau vers le nord, pour se jeter dans la mer. La rivière décrit ainsi une courbe à grand rayon, que domine le village de Sallenelles.

La ligne de dunes préserve l'estuaire des influences du large, d'autre part celui-ci est abrité par la butte de Bavent à l'est, les coteaux Bathoniens au sud et à l'Ouest. Toutes les conditions nécessaires au dépôt de l'argile à Scrobiculaires sont ainsi réalisées. Massart (1908) a distingué deux grandes zones dans les vases salées. La première est la Slikke recouverte deux fois par jour à marée haute. La seconde qui n'est recouverte qu'aux marées de Syzygies et d'Equinoxes est le Schorre. La Slikke qui borde plus ou moins régulièrement ce dernier constitue une vaste étendue de vase nue, gluante, très peu consistante. On y trouve peu d'animaux : Scrobicularia plana da Costa, Nereis diversicolor O. F. Müller, Corophium volutator Pallas, de petites exemplaires de Carcinus moenas Pennant. Les végétaux y sont également rares : ils manquent totalement sur de vastes espaces et en d'autres n'ont pu s'établir que grâce à une Graminée : Spartina glabra Mühlb. variété Townsendi (Groves) Corb. et Chev. qui introduite


- 164 -

récemment à Sallenelles (1) s'y est développée d'une façon remarquable.

Contrairement à la Slikke le Schorre est relativement plus riche en espèces et en genres. C'est une véritable prairie dont la coloration générale, vert glauque ou grisâtre l'été, vert roux ou gris violacé l'hiver, est tout à fait caractéristique. Il y a là une douzaine d'espèce de Phanérogames. Le fond de la végétation est constitué par Glyceria maritima Wahlberg, qui peuple surtout les parties basses du marécage. Sur les bords des nombreux ruisseaux qui découpent en tous sens le Schorre, ainsi que dans les régions humides, vit en abondance Obione portalacoïdes Moq. A Sallenelles cette espèce couvre une grande étendue de terrain particulièrement au sud-ouest du marais salé. Au nord-est au contraire, c'est Spartina Towsendi qui est le plus derise. Aster tripolium L. existe lui aussi en grande abondance et un peu partout. Parmi les plantes communes je signalerai encore : Glaux maritima L., Spergularia marginata Bor., Triglochin maritimum L., Cochlearia anglica L., Suoeda maritima L-, Plantago maritima L., Salicornia herbacea L-, Statice limonium L. Vers l'intérieur des terres apparaissent des halophytes spéciaux moins aptes à subir une immersion prolongée : Beta maritima L., Juncus maritimus L., Agropyrum pungens Roem. et Schult, Artemisia maritima L., Scirpus maritimus L., Phragmites communis Trin.

Parmi les Phanérogames et surtout dans les parties basses du Schorre existent de nombreuses Algues

(1) La première indication bibliographique qui se rapporte à cette localité paraît être due à P. Le Brun (1920) : la découverte de la plante remonterait à 1918 et aurait été faite par M. JANOWICZ. M. BUGNON (1920) à qui j'empreinte ces renseignements l'a récoltée pour la première fois le 9 août 1920.


- 165 -

comme Enteromorpha intestinalis, Enteromorpha percusa Ag., Ulva clathrata Ag., Ulva lactuca Le Jolis, Bostrychia scorpioides Gmelin.

Les animaux qui peuplent la Schorre sont plus nombreux que ne le laisseraient croire de prime abord les conditions biologiques d'un tel milieu.

J'en citerai seulement quelques-uns; en particulier ceux qui vivant en compagnie des Alderia et des Limapontia témoignent du caractère euryhalin des Opisthobranches de Sallenelles.

J'ai recueilli.

Vers

Tubellariés. Nématodes.

Crustacés

Carcinus moenas PennantSphoeroma rugicauda Leach.

Insectes (Coléoptères)

Ochthebius punctatus Steph. Ochthebius marinus Payk.

Mollusques : Peringia ulvae Pennant. Poissons : Gobius microps Kroyer.

Les conditions de vie de ces animaux sont très spéciales. Si pendant l'hiver les dépressions du Schorre sont envahies par l'eau, dont la température est fort variable, l'été au contraire le sol est sec. D'autre part la concentration de l'eau peut se modifier notablement. Au moment des marées d'équinoxes elle est celle de l'eau de mer. Les pluies diminuent la concentration, tandis que sous l'action du soleil celle-ci augmente.

Telles sont les conditions générales du milieu dans lequel vivent les Alderia et les Limapontia. La station où je les ai trouvés correspond à une des nombreuses dépressions du marécage envahies temporairement par l'eau. Là, parmi les Glyceria, Aster tripolium, Statice


- 166 -

limonium, Plantago maritima stagnent des Algues vertes en particulier Enteromorpha intestinalis- Cette station se trouve à environ 300 mètres à l'ouest du village de Sallenelles à 30 mètres du chemin qui borde les laisses des plus hautes mers, par conséquent à 800 mètres de l'Orne et à 3 kilomètres de la mer.

Si j'ai insisté sur la description du milieu c'est afin de mettre en évidence la rapidité relative avec laquelle il peut se modifier, et de marin devenir terrestre, fait qui ne peut manquer d'entraîner de profonds changements dans la bionomie.

DESCRIPTION : PRINCIPAUX CARACTERES

1° Alderia modesta. - C'est à la suite d'un coup de filet heureux que je trouvai le 12 décembre 1927 un premier exemplaire d'Alderia modesta.

S'il me fut impossible d'en recueillir d'autres en employant cette méthode, par contre en ramassant des Algues, des tiges de Glyceria et en les étalant au laboratoire dans des cristallisoirs sous une légère couche d'eau, j'ai pu récolter le lendemain de chaque pêche un certain nombre d'individus de cette intéressante espèce. C'est ainsi que le 13 décembre, j'en ai isolé trois, puis six le 12 janvier (après une forte gelée) et un le 24 février.

Voici d'après l'étude sur le vivant les principaux caractères des Alderia de Sallenelles.

Taille : 8 à 10 millimètres de long, 3 à 4 millimètres de large.

Corps : Oblong, ovale. Région antérieure tronquée arrondie et légèrement déprimée en son centre.

Tête : Distincte, dépassant le pied, d'un vert plus sombre que celui du dos, légèrement déprimée en son


- 167 -

milieu, portant de chaque côté deux lobes céphaliques, arrondis, mobiles, bordés d'une tache blanche.

Dos : Arrondi, de couleur variable, chez certains individus, vert jaunâtre, moucheté de taches sombres d'un vert glauque, parties latérales d'un vert accentué ; chez d'autres individus presque décoloré, fauve, parsemé de taches plus sombres rousses ou verdâtres.

Cirres : Chez certains individus, verts dans la région antérieure, blancs en dessous et au sommet ; chez d'autres individus fauves ou roux verdâtre comme le reste du corps. Elliptiques, oblongs, ou claviformes. Leur taille va en augmentant d'avant en arrière et du pied vers le dos. Disposés suivant trois rangées longitudinales et six ou sept rangées transversales. Les derniers cirres dépassent un peu le pied lorsque l'animal rampe.

Anus : Postérieur, médio-dorsal.

Pied : Épais, jaunâtre, grossièrement quadrangulaire, plus ou moins relevé sur les bords.

Badula : Unisériée à 13-14 dents, les dents âgées sont caduques dans un sac ou asqueBulbe

asqueBulbe Petit, présente une poche (asque) dans laquelle tombent les vieilles dents.

Pénis : Blanc, épais, long de 2 millimètres. Situé sur le côté droit du corps, en arrière du lobe céphalique.

D'après la structure du bulbe et la conformation de la radula, il est évident que cet Opisthobranche appartient au sous-ordre des Ascoglosses, groupe créé par Bergh en 1876. D'autre part la diagnose que je viens de donner permet de rapporter ce Mollusque au genre Alderia Allmann 1844 (Famille des Hermoeidae) dont les caractères sont mentionnés dans le bel ouvrage de Aider et Hancok (1845).

Les recherches bibliographiques auxquelles je me


- 168 -

suis livré semblent établir qu'à ce jour, 4 espèces d'Alderia ont été décrites :

A. modesta Loven 1844; A. scaldiana Nyst 1855; A. Comosa Costa 1866; A. Harvardiensis Agassiz.

Les conditions dernilieu dans lesquelles Allman a trouvé A. modesta correspondent presque exactement à celles où vit l' Alderia de Sallenelles.

Par ailleurs l'examen des planches que donnent Aider et Hancock, et surtout Eliot (1910) montrent que les Alderia de Sallenelles ressemblent en tout point à l'espèce qui fut décrite par Loven sous le nom d'Alderia modesta.

Dans une note malheureusement trop brève H. Nyst (1855) a proposé le nom d'Alderia scaldiana pour une espèce d'Ascoglosse trouvée sur la vase que les eaux de l'Escaut venaient d'abandonner. D'après cet auteur A. scaldiana diffère d'A- modesta par les caractères suivants : 1° sa couleur verte à l'état vivant au lieu de jaunâtre; 2° les taches noirâtres qui occupent la partie supérieure du corps et se terminent postérieurement en une bande de même couleur ; 3° les branchies lamelleuses qui se recouvrent lorsque l'animal est hors de l'eau et qui sont disposées sur deux rangées au lieu d'une seule. La largeur de l'animal est de 6 à 7 millimètres.

Ces caractères que Nyst trouvait suffisants pour séparer A. scaldiania d'A. modesta le sont très peu à mon sens si l'on considère les échantillons de Sallenelles En effet la couleur de ces Alderia est essentiellement variable ainsi que la disposition des taches noirâtres. J'ai pu observer tous les passages entre la


- 169 -

teinte verte et jaunâtre du corps. D'autre part si la taille des échantillons de l'Escaut est de 6 à 7 millimètres, distincte en cela des Alderia décrits par Loven et qui atteignent 12 millimètres, j'ai parmi mes échantillons tous les passages entre la taille de 8 mm. et celle de 12 mm. Le troisième caractère invoqué par Nyst est assez obscur car dans la description donnée par Aider et Hancock il n'est pas question de branchies disposées sur une rangée mais bien sur trois. Il est donc probable qu'A. scaldiana n'est qu'une forme d'A. modestaA.

modestaA. qui fut décrit en 1866 par Costa d'après des échantillons très rares recueillis dans la baie de Naples apparaît lui aussi comme très voisin d'Alderia modesta. Les caractères invoqués par Costa sont :

1° La couleur verte des exemplaires de Naples ;

2° La longueur qui ne dépasse pas 8 millimètres ;

3° L'extrémité des cirres qui est blanche. On sait ce qu'il faut penser des deux premières objections . En ce qui concerne la troisième j'ai parmi les échantillons recueillis à Sallenelles des exemplaires dont l'extrémité des cirres est blanche et d'autres où cette coloration n'est pas visible.

D'après Eliot, A. modesta est une forme extrêmement variable et il est probable que le genre Alderia compte une seule bonne espèce. Voici d'ailleurs ce que cet auteur pense de la question :

« A. comosa is green, with numerous long cerata, and the anal papilla lies behind the pericardium. It must be regarded as very doubtful if A . harvardiensis is really distinct from A. modesta. It differs in being darker, in having fewer and smaller cerata, and if Gould's figure may be trusted, in the more angular shape of the head. But the description and the figure do not quite agree as to the disposition of the cerata, and the colour of A. modesta is very variable ».


- 170 -

Mais que les espèces d'Alderia considérées comme distinctes d'Alderia modesta le soient ou non, il semble bien que les exemplaires recueillis à Sallenelles ne puissent être rapportés qu'à l'espèce décrite par Loven.

R. Weill (1926) ayant observé des nématocystes chez Hermoea bifida Mont, qui appartient à la même famille qu'Alderia modesta, il était intéressant de rechercher ces éléments chez cette dernière espèce.

L'étude de coupes histologiques m'a montré l'absence totale de nématocystes. De plus je n'ai jamais trouvé à Sallenelles de Coelentérés auxquels les Alderia auraient pu emprunter des nématocystes. D'ailleurs nous verrons plus loin qu'Alderia modesta est phytophage.

Il n'existe, ni orifice externe, ni nématocystes, ni canal cilié dans les cirres. En coupe transversale une papille est constituée :

1° D'un épithélium mince externe;

2° D'une gaîne musculaire formée de fibres longitudinales dont le jeu provoque les mouvements des papilles;

3° De travées conjonctives internes qui émettent des ramifications sur lesquelles sont fixées de grosses cellules glandulaires.

2° Limapontia depressa : Ald. et Hanc. - Dans les dépressions du marais salé où vivent les Alderia, j'ai récolté une autre espèce d'Opisthobranche Ascoglosse que je rapporte & Limapontia depressa Ald. et Hanck.

Voici d'après l'étude sur le vivant quels sont les principaux caractères de L. depressa.

Taille : La longueur est très variable, les plus petits exemplaires ont de 2 à 3 millimètres de longueur et les plus grands atteignent 6 à 7 millimètres. La dimension moyenne oscille entre 3 et 4 millimètres. La largeur


- 171 -

varie elle aussi suivant les individus et suivant que l'animal est retracté ou en extension.

Corps : oblong, ovale, contractile, allongé lorsque l'animal rampe, terminé postérieurement en une pointe mousse, renflé dans la région, médiane. Région antérieure tronquée, légèrement déprimée en son centre. Téguments noirs ou brun noirâtres, parsemés de taches blanches ou jaunâtres particulièrement abondantes dans la région postérieure et inférieure du corps.

Chez la plupart des individus l'une des taches jaunâtres est plus développée que les autres. Elle est située dans la région médio-dorsale, un peu en avant de l'anus. Les ramifications du foie sont très nettement visibles par transparence à travers le corps.

Tête: Arrondie en avant, légèrement déprimée en son centre, anguleuse sur les côtés. Les régions latérales se relèvent légèrement, pour former deux lobes céphaliques peu saillants qui portent les yeux. Ceux-ci sont situés au tiers postérieur d'une aire jaunâtre, allongée suivant le lobe céphalique. La région médiane de la tête est généralement plus sombre que les régions latérales. La tête déborde le pied en avant.

Dos : Arrondi, dépourvu de cirres, brun noirâtre.

Pied : Étroit, blanchâtre ou jaunâtre, laissant voir par transparence le tube digestif. Tronqué dans la région antérieure, se terminant en pointe postérieurement. Largement débordé par le corps même lorsque l'animal est en extension.

Orifices du corps : Anus subterminal, situé au fond d'une dépression arquée dont la concavité est tournée vers la partie postérieure du corps. Il existe en plus deux orifices antérieurs situés sur le côté droit du corpsLe premier, en forme de fente allongée, est placé


- 172 -

immédiatement sous l'oeil : il sert à l'émission des pontes. Le second orifice, très apparent est situé un peu en avant de la région médiane du corps. A plusieurs reprises j'ai vu sortir par cet orifice de petites masses muqueuses.

Radula : Unisériée, à 14 dents, formée de deux branches ; l'une ascendante, l'autre descendante. A la base de la branche ascendante il existe un renflement volumineux constitué par l'ensemble des dents de remplacement. La taille de la radula varie suivant les individus. Ses dimensions moyennes sont les suivantes : branche ascendante 192 µ, branche descendante 140 µ, renflement formé par les dents de remplacement : 177 X 150 µ. Les dents sont sabatiformes non denticulées, mais plus ou moins sinueuses et sont longues d'environ 60 µ.

D'après l'ensemble des caractères ci-dessus mentionnés, il est facile de rapporter cet Opisthobranche au sous-ordre des Ascoglosses et plus particulièrement au genre Limapontia de la famille des Limapontiadae. Le genre Limapontia comprend deux espèces.

Limapontia çapitata O. F.. Müller (Pontolimax capitata, Limapontia nigra Johnston).

Limapontia depressa A. et H.

La première vit dans la zone de balancement des marées, alors que la seconde vit dans les eaux saumâtres. Par ailleurs les caractères sont sensiblement les mêmes puisque suivant Eliot (1910) « L. depressa differs from L. nigra in being larger, flatter and wider, and almost shows a commencement of wing like expansions as in Elysia ». Or, ce sont des caractères difficilement appréciables car parmi le lot de Limapontia que j'ai recueillis, la taille est extrêmement variable et change suivant la concentration du milieu en sel, les animaux vivant dans une eau presque douce, étant beaucoup plus turgescents que ceux mis dans de l'eau de mer.


- 173 -

Cependant, les caractères des Limapontia de Sallenelles, leur habitat, l'examen de la planche donnée par Eliot me déterminent à rapporter ces Opisthobranches à Limapontia depressa.

ETHOLOGIE

1° Homochromie ; moyens de défense. - Si la recherche des Alderia et des Limapontia offre certaines difficultés, cela tient à plusieurs causes. Outre leur petite taille et leur faible mobilité, ces deux Opistobranches, en particulier Alderia modesta, sont homochromes avec le milieu dans lequel ils vivent. Cette homochromie jointe à leur forme plus ou moins globuleuse, les rend peu discernables parmi les algues vertes mêlées de tiges et de feuilles sèches d'une tonalité rousse ou jaunâtre. Les Limapontia dont la couleur brune semblerait moins protectrice sont cependant peu visibles lorsqu'ils rampent sur l'argile noirâtre du fond des dépressions.

La grande quantité de mucus qu'émettent ces Opisthobranches est, elle aussi, un moyen de défense. Ce fait avait frappé Allman qui dit en parlant des Alderia : « Their bodies were enveloped in an exceedingly abundant mucous secretion, which was poured out more copiously than I recollect to have witnessed in almost any other gasteropod (In Ald. et Hanc. I) B ; l'auteur pensait qu'il y avait probablement une relation entre cette grande quantité de mucus et la vie amphibie de ces animaux. Eliot (1910) n'a pas été sans remarquer cette particularité puisqu'il dit dans sa monographie d'Alderia : « The animal yields a quantity of mucus, has a strong sugar smell, and is sluggish in its motions (In Eliot Brit. Nud. Noll. II).

Pour ma part j'ai pu observer chez Limapontia depressa le rôle protecteur de ce mucus. Un petit indi-


- 174 -

vidu de cette espèce se trouvait entouré par six Copépodes très actifs qui l'attaquaient violemment L'animal émit alors par l'orifice droit du corps un certain nombre de petites masses muqueuses dans lesquelles il enroba en se roulant les Copépodes. Ceux-ci me semblèrent alors paralysés et incapables de bouger pendant quelques minutes comme si le produit émis par Limapontia depressa, outre son caractère adhésif était encore anesthésiant.

2° Nourriture- - Les avis des auteurs sont assez partagés sur le régime alimentaire des Opisthobranches en général. Alors que Ad. Dollfus et Vayssière estiment qu'ils ont un régime herbivore, d'autres, en particulier Giard, soutiennent que ce sont surtout les Eponges, les Hydraires et les Bryozoaires qui deviennent la proie de ces Mollusques.

En ce qui concerne Alderia modesta et Limapontia depressa il semble que ces deux espèces sont strictement phytophages. En effet, j'ai élevé au laboratoire, les premiers pendant un mois, les seconds pendant trois, dans des cristallisoirs où la seule nourriture qui leur était offerte consistait en algues vertes. Ils venaient brouter ces algues dont la bordure était bientôt marquée par de nombreuses denticulations irrégulières Cette observation est corroborée par le fait que les excréments qui se présentent sous forme de tubes muqueux longs de 5 milimètres à 1 centimètre ne contiennent que des débris d'algues.

3° Moeurs et habitudes. - Ces deux Mollusques qui paraissent bien spéciaux aux vases salées, vivent facilement en captivité puisque pendant plusieurs mois je les ai élevés dans des cristallisoirs.

Leurs habitudes semi-aquatiques sont remarquables. Fréquemment ils viennent à l'air pour ramper de longs


- 175 -

moments sur les parois du vase ou sur les frondes humides des algues vertes, après quoi ils retournent à l'eauJ'ai

l'eauJ'ai à ce sujet l'expérience suivante : dans un cristallisoir contenant du coton humide et quelques filaments d'algues j'ai placé 10 Limapontia depressa. Ces animaux ont vécu normalement pendant un mois et se sont montrés assez actifs. La vie semi-marine d'Alderia modesta et de Limapontia depressa correspond à une euryhalinité remarquable . J'ai pu préciser ce degré d'euryhalinité par un certain nombre d'expériences effectuées sur L. depressa :

a) Limapontia depressa s'adapte parfaitement et immédiatement à l'eau de mer : j'ai placé 10 Limapontia depressa dans de l'eau de mer contenant 33 grammes de Cl Na par litre. Ces animaux se sont adaptés à ce milieu dans lequel ils ont vécu deux mois. Mais j'ai remarqué qu'ils présentaient une diminution de la turgescence ; de plus les téguments étaient devenus roux ou jaunâtres, presque transparents ;

b) Limapontia depressa peut vivre dans une eau notablement sursalée : ayant placé des L. depressa dans l'eau de mer j'ai augmenté progressivement la concentration de celle-ci en sel. Dans une eau contenant 43 grammes de Cl Na les Limapontia vivaient normalement ;

c) Limapontia depressa ne peut pas vivre dans l'eau douce : j'ai placé 10 L. depressa dans de l'eau douce pendant quelques minutes. Tout d'abord les animaux se montrent actifs, puis leurs tissus se glonflent considérablement et la mort survient bientôt. J'ai observé le même phénomène sur Alderia modesta;

d) Limapontia ne peut vivre dans une eau contenant moins de 3 grammes de Cl Na par litre. Dans une eau


- 176 -

contenant 3 grammes de Cl Na par litre, L. depressa vit mais se montre peu actif. Dans une eau contenant 2,45 grammes par litre, beaucoup d'individus meurent. Dans de l'eau à 1,56 grammes par litre aucun individu ne s'adapte. Il semble donc que c'est entre 2 et 3 grammes de Cl Na par litre que se trouve le seuil de vie de L. depressa en eau saumâtre.

LA REPRODUCTION ET LES PREMIERS STADES DU DÉVELOPPEMENT

J'ai pu suivre au laboratoire sur des Alderia et des Limapontia, les différentes phases de l'accouplement et le début du développement larvaire. Mes observations complètent ou confirment celles que plusieurs auteurs, en particulier Hecht (1896) et Trinchese (1879) ont faites

sur d'autres espèces d'Opisthobranches.

Accouplement

1° A- modesta. - Allman, lorsqu'il découvrit pour la première fois A. modesta pendant l'automne de 1842 signale qu'il trouva en même temps que les adultes les pontes « .. their ova were abundantly deposited in the usual gelatinous masses » (in Ald. et Hanc.). Pour ma part j'ai observé l'accouplement, que suit de près la ponte, chez des individus recueillis en janvier et février ce qui semblerait indiquer que ces animaux peuvent se reproduire pendant une grande partie de l'année.

L'accouplement chez Alderia se fait assez rapidement, après de courts préliminaires. Lorsque deux individus à maturité sexuelle se rencontrent, ils se frottent l'un à l'autre et se déplacent, en rampant, en arquant leurs corps ou en s'enlaçant de manière à amener leurs orifices génitaux en contact. L'un d'eux dévagine alors


- 177 -

son pénis et féconde le conjoint Au bout de quelques minutes, les deux individus se séparent et reprennent leur marche, celui qui a rempli le rôle de mâle ne rentrant son pénis qu'au bout d'un temps parfois assez long.

L'accouplement s'accomplit sous l'eau, mais aussi hors de l'eau et se renouvelle plusieurs fois en quelques jours.

2° Limapontia depressa. - En raison de la faible taille de ces animaux, il m'a été plus difficile de suivre l'accouplement ; je n'ai pu notamment observer le pénis. La fécondation dure moins longtemps que chez Alderia, mais elle est précédée de préliminaires plus longs. Les deux Limapontia se touchent du mufle, passent en se frottant l'un contre l'autre, se rétractent ou se mettent en complète extension avant de s'accoupler. Chaque individu passe alors à la droite de l'autre et rampe de manière à s'accoler par le côté droit, celui des orifices génitaux. Il en résulte que chaque animal a l'extrémité céphalique dirigée vers l'extrémité caudale du voisin. Lorsque la fécondation est terminée chacun des conjoints, reprend sa marche, mais ses orifices génitaux ne se referment pas immédiatement. C'est pendant la dernière semaine de février que les accouplements ont été les plus nombreux. Mais comme chez Alderia il semble que la période de maturité sexuelle soit assez longue puisque dès le début de'janvier j'ai observé plusieurs pontes.

Modes de ponte

1° Alderia modesta.- Après avoir agglutiné à l'aide de son mucus quelques détritus et des débris d'algues qui se trouvent au fond des cristallisoirs, l'animal plonge, pendant une dizaine de minutes, son mufle

12


- 178 -

dans ce substratum. y fixe solidement l'extrémité du ruban de ponte et commence à le dérouler, ceci dure une vingtaine de minutes après quoi la ponte est terminée.

A propos d'Alderia je signalerai le cas des pontes multiples que Hecht (1896) avait déjà observées chez Calma glaucoïdes et qui pour lui indiquent, à juste titre, l'existence d'une certaine sociabilité chez les Opisthobranches. J'ai observé que si A ? modesta émettait parfois dès pontes séparées, il arrivait à plusieurs individus de venir fixer leurs oeufs sur le substratum où leurs congénères avaient déjà fixé les leurs. De sorte que, finalement il pouvait y avoir cinq à six rubans de ponte réunis autour de la même masse de mucus.

Chacun des individus émet, en l'espace de quelques jours, plusieurs pontes, en général 2 ou 3. C'est ainsi que cinq Alderia ont donné 12 pontes.

2° Limapontia depressa. - Le mode de ponte chez Limapontia depressa est beaucoup moins compliqué et moins long que chez Alderia, il dure seulement quelques minutes. L'animal après avoir fixé sa ponte, soit contre la paroi du cristallisoir, soit de préférence dans les algues vertes, la déroule en quelques minutes et reprend sa marche.

Structure des pontes

1° Alderia modesta. -- Les pontes, que j'ai étudiées sur le vivant, sont assez difficiles à observer, en raison de leur transparence. Elles sont blanches ou jaunâtres et ont la forme d'un cordon arqué, légèrement claviforme, dont la taille est essentiellement variable. La longueur maximum paraît être 2 centimètres, le plus souvent elle oscille entre 1 et 1,5 cm, les dernières pontes étant les plus petites et ne dépassant pas 4 à 5 m/m. La largeur oscille entre 2 et 3 m/m.


- 179 -

Les oeufs sont enveloppés d'une gaîne gélatineuse épaisse ; l'une des extrémités est fixée au substratum, l'autre est libre et arrondie; la surface externe de cette gaîne retient un certain nombre de particules solides qui gênent l'observation des oeufs- Ceux-ci logés à l'intérieur de l'enveloppe muqueuse protectrice, sont disposés bout à bout en une ligne spirale, à l'intérieur du ruban de ponte. Si on sectionne une des extrémités de ce ruban il est facile de dérouler la spirale: La taille du ruban de ponte variable suivant les individus varie aussi suivant l'âge de la ponte. Au fur et à mesure que les oeufs se développent, la gaîne gélatineuse qui les enveloppe semble se gorger d'eau : son volume augmente notablement en même temps qu'elle devient plus hyaline. Finalement lorsque les embryons véligères vont sortir de leur coque, L'extrémité libre de la gaîne muqueuse se liquéfie, les oeufs sont libérés et les jeunes larves d'Alderia qui ont brisé leur coque nagent activement dans l'eau à l'aide des cils vibratils du voile.

2° Limapontia depressa. - La dimension des pontes est plus variable encore que chez Alderia modesta et est en rapport avec la taille essentiellement différente des individus. Les plus petits donnent des pontes elliptiques dont la longueur ne dépasse pas 2 m/m., alors que les plus grands fournissent des pontes atteignant 1 cm. de longueur, leur largeur étant environ 1 m/m.

Le cordon ovigère, jaune d'or a une section circulaire; il est droit ou plus ou moins arqué. Tronqué à son extrémité libre, il est fixé aux algues ou aux parois des cristalloirs.

La gaîne muqueuse entourant les oeufs a une structure analogue à celle qui s'observe chez A. modesta.


- 180 -

Elle aussi englue un certain nombre de partioules solides mais elle ne paraît pas augmenter de taille avec l'âge de la ponte.

Les premiers stades du développement

d'après l'étude sur le vivant :

1° Alderia modesta. - Les oeufs situés dans la gaîne muqueuse ont une forme ellipsoïdale. Leur taille n'est pas absolument constante, elle varie légèrement suivant les pontes, entre 110 µ et 200 µ.

Quelques heures après la ponte, la première division de segmentation se produit : le lendemain il est facile d'observer le stade à quatre blastomères. La segmentation se poursuit activement et le soir du second jour de nombreux blastomères se sont déjà constitués Cette segmentation est inégale mais il y a peu de différence entre la taille des macromères et celle des micromères.

Le stade blastula est très court, bientôt la gastrula se forme par embolie. Cette gastrula vue par-dessus a une forme grossièrement quadrangulaire, le blastopore est constitué par une fente allongée parallèlement aux côtés de la gastrula. Peu à peu le blastopore s'arrondit et reste ouvert. Les bords s'invaginent alors pour former le début de l'oesophage. Celui-ci est bien visible par transparence à travers le corps de l'embryon. Ces transformations exigent deux jours.

A ce moment, au niveau du blastopore, et dans un plan perpendiculaire au plan de symétrie de la fente blastoporique, des cils apparaisent. La larve prend ainsi les caractères d'une trochosphère et commence à tourner lentement dans l'oeuf. Les cellules ciliées vont donner le voile. Celui-ci commence à se différencier le neuvième jour par deux expansions épaisses qui entourent le blastopore. En même temps devant celui-ci


- 181 -

et un peu au-dessus, un épaississement prend naissance, c'est l'ébauche du pied. Dès lors la larve véligère présente ses éléments principaux ; par la suite ceux-ci vont se développer et la forme de l'embryon changer.

Globuleux et aplati tout d'abord dorso-ventralement (si l'on convient d'appeler face ventrale, celle du pied) il s'allonge, s'étrangle légèrement sous le voile et le pied, et se comprime peu à peu latéralement. Lorsque la larve véligère est sur le point de briser la coque de l'oeuf, son corps paraît formé de deux parties. Une région inférieure en forme de sac où se différencient un certain nombre d'organes, et une région supérieure plus large constituée par les deux lobes du voile et par le pied. Pendant que ces transformations s'effectuent la taille de l'embryon augmente jusqu'à emplir complètement la coque. J'ai noté que, pour un oeuf dont les dimensions étaient 200 X 152 µ l'embryon mesurait au moment où il allait éclore : 196 X 140 µ.

En même temps la coloration de la larve se modifie. Elle était d'un jaune clair au début. Peu à peu elle s'obscurcit. Des corpuscules verts apparaissent dans certaines cellules. De très bonne heure l'orifice buccal se colore en noir par des pigments ainsi que le début de l'oesophage, et le pied. Cette pigmentation rend difficile l'étude des organes par transparence.

Au fur et à mesure que l'embryon modifie ainsi sa morphologie externe, différents organes prennent naissance à l'intérieur de son corps. C'est ainsi que dès le neuvième jour il est facile d'observer, au niveau du pied, de part et d'autre de la bouche deux taches claires arrondies qui correspondent aux ébauches des statocystes.

A partir du onzième jour, le sac qui est appendu sous le voile et le pied, commence à s'organiser. Trois régions


- 182 -

se différencient. Si l'on suppose la larve placée sur le dos, il est facile d'observer : à droite un premier bourgeon volumineux constitué par de grandes cellules qui circonscrivent une cavité. Cette poche correspond à ce que Trinchese appelle le grand diverticule. Au centre, un lobe, qui d'abord petit, s'agrandit peu à peu. Dès la 12e journée, j'ai pu y observer un corpuscule noir continuellement en mouvement par suite des pulsations rapides. Cette région médiane constitue l'estomac de l'embryon. Enfin, à gauche, deux petits lobes se différencient ; ils sont formés de petites cellules et constituent la région du petit diverticule de Trinchese.

Lorsqu'on observe latéralement l'embryon pendant les 11e et 12e jours on peut voir, sous le pied, le grand diverticule. Dorsalement, entre la base du voile et la région stomacale, il semble se produire un décollement» entre la surface externe du corps de l'embryon et l'intérieur. C'est dans la cavité ainsi délimitée que se différenciera l'intestin postérieur. Cet intestin postérieur aboutit à l'anus situé à la base du voile, il est maintenu en place par trois tractus très fins qui le relient à la paroi externe du corps. A ce stade la larve rappelle de près la figure que donne Trinchese de Berghia coerulescens (1). Mais cette cavité postérieure semble être transitoire. A partir d'un stade plus âgé (17e jour) je ne l'ai plus observée. Il est probable, que la membrane externe s'accolle contre l'intestin pendant que les tractus disparaissent.

Jusqu'au moment où il quittera la coque de l'oeuf, l'embryon ne modifiera guère sa structure. Le développement sera simplement marqué par une accentuation

(1) Trinchese : p. 141, pl. LXXVIII, 4-5.


- 183 -

des trois lobes qui seront de plus en plus différenciés. L'estomac s'organise et finalement il a l'aspect d'une vaste poche, aux parois épaisses, animée de pulsations rythmiques.

Lorsque ce développement interne est achevé, le voile et le pied auront acquis leur structure définitive. Celui-ci prend un grand développement; pour une larve dont les dimensions étaient 196 X 140 µ le pied mesurait 115 µ de long et 90 µ de large. Il a grossièrement la forme d'un trapèze dont la grande base correspond à l'insertion sur le corps. Il présente sur son bord libre des cils courts différents de ceux du vélum. Ces cils sont animés d'un mouvement très actif. Enfin le pied est mobile; il se redresse et s'abaisse grâce à l'action de deux muscles qui ont une insertion unique dans la partie postérieure médio-dorsale du corps.

Le voile, qui avait au début de son développement la forme d'un fer à cheval, se divise bientôt et donne deux couronnes ciliées situées de part et d'autre de la bouche. Ces couronnes très développées, arrondies, contractiles, constituent une sorte de cupule à rebord épais, sur laquelle sont implantés les cils. Ceux-ci sont longs, sauf dans la région du voile qui se trouve près de la bouche. Ces cils sont animés de mouvements variables. A l'état de repos ils sont rabattus vers le centre de la cupule. Lorsque l'animal se déplace dans la coque de l'oeuf et plus tard dans l'eau, ils peuvent ou se rabattre vers l'extérieur et, par un mouvement simultané de haut en bas très actif, faire avancer la larve, ou bien s'abaisser successivement de haut en bas de manière à constituer une sorte de membrane ondulante qui fait avancer et tourner l'animal sur lui-même, ou encore se rassembler par groupes de quatre ou cinq de manière à constituer des flammes vibratiles qui se déplacent


- 184 -

dans le sens des aiguilles d'une montre et dont le but paraît être d'amener vers la bouche des particules nutritives.

Quand la larve a réalisé complètement le stade véligère, elle emplit alors totalement la coque de l'oeuf dans laquelle elle se montre très active. A ce moment, par le jeu combiné des cils vibratils et des contractions du pied, elle finit par faire éclater suivant une ligne régulière, la région de la coque sous laquelle se trouve le voile. Celui-ci passe alors à l'extérieur, le reste du corps reste protégé; les cils vibratils battent activement et leur mouvement entraîne l'animal, tout d'abord dans la gaîne gélatineuse qui se liquéfie, ensuite dans l'eau. Ceci se passe le treizième jour après la ponte.

Les larves véligères après avoir nagé quelques heures au sein de l'eau se rassemblent en groupes, à la surface, où l'aspect argenté de leur coque permet de les reconnaître. Elles tournent là en rond, à l'aide de leurs couronnes ciliées, certaines abandonnant momentanément la surface pour y revenir peu après.

Au vingtième jour après la ponte, la larve véligère se libère complètement de la coque de l'oeuf. Après avoir abandonné celle-ci à la surface de l'eau, le jeune embryon gagne le fond des cristallisoirs pour y poursuivre son évolution. Malheureusement cette métamorphose entraîne une très forte mortalité des larves.

Dans la dernière phase qu'il m'a été possible d'observer, le voile très développé s'était gaudronné et relevé vers la face dorsale; le pied l'avait amené dans cette position en se redressant fortement pour venir s'appliquer contre lui. La bouche était ainsi au centre d'un entonnoir profond, constitué par les deux lobes du voile et le pied. L'étranglement qui séparait cet entonnoir du reste du corps s'était accentué. Les diver-


- 185 -

ticules et l'estomac étaient encore nettement visibles, les pulsations de celui-ci continuant à créer un mouvement de brassage.

A partir de ce moment je n'ai pu continuer mes observations, toutes les larves étant mortes.

Avant de terminer ce chapitre, je dirai quelques mots de la coque de l'oeuf- Elle est très fragile, le poids d'une lamelle suffit à la faire éclater. Lorsque la larve végilère va sortir, elle fait éclater cette coquille, suivant une ligne régulière. La coque montre des bandes transversales alternativement sombres et claires.

Ce qu'il y a d'intéressant à retenir dans le développement d'A. modesta, c'est l'existence d'une larve véligère libre. On serait en droit de s'attendre, chez cette espèce, en raison de son mode de vie, à l'existence d'un développement condensé, dans lequel le stade pélagique qui caractérise les Opisthobranches serait passé. Il n'en est rien et A. modesta a conservé la forme larvaire de ses alliés marins.

2° Limapontia depressa. - Le développement de Limapontia depressa, qui semble très particulier, est difficile à observer sur le vivant en raison de l'opacité des pontes. Les premiers stades sont sensiblement les mêmes que ceux d'Alderia modesta, mais ils sont franchis beaucoup plus rapidement que chez cette dernière espèce.

Les oeufs ont une forme ellipsoïdale; leurs dimensions sont 160X140 µ; ces chiffres étant d'ailleurs légèrement variables.

Les premières divisions de segmentations de l'oeuf se produisent rapidement. C'est ainsi que dans une ponte émise un samedi j'ai pu dès le lundi suivant observer le stade morula. Cette morula tout d'abord globuleuse ne tarde pas à s'aplatir pour prendre peu à peu la forme


- 186 -

d'un disque dont le diamètre mesure environ 85 µ et l'épaisseur 50 µ. En même temps que cet aplatissement se produit, les stades blastula et gastrula s'indiquent et le quatrième jour la larve prend l'aspect d'une trochosphère : deux touffes de cils apparaissent, qui la font tourner dans sa coque. A ce moment deux grosses vésicules (vésicules directrices de Trinchese) prennent naissance sur le côté du corps de l'embryon.

Dans le courant de la cinquième journée la larve véligère commence à s'ébaucher : trois lobes apparaissent de chaque côté du blastopore, deux d'entre eux constituent l'ébauche du voile et acquièrent des cils, le troisième donnera le pied. Dans les jours qui suivent, la larve véligère, continue de s'organiser. Les vésicules directrices ont été rejetées et flottent dans le liquide que contient la coque de l'oeuf. L'embryon développe peu à peu son voile, son pied, ainsi que ses Organes internes. Le voile est petit, bien moins développé que chez A. modesta; le pied prend des cils et remue lentement de bas en haut. A sa base il est facile d'observer deux statocystes. Le corps de la larve est comprimé latéralement et on retrouve les trois grands lobes observés chez A. modesta : estomac, petit et grand diverticule.

Si jusqu'à ce moment le développement de L. depressa s'est effectué d'une manière identique à celui d'A. modesta il n'en est plus de même à partir du quinzième jour.

A ce moment, la larve véligère a acquis sa structure définitive, mais au lieu de se montrer active comme cela se passe chez Alderia modesta, elle semble au contraire engourdie et ne remue que faiblement.

De plus les pontes fixées sur le substratum sont entourées peu à peu de détritus qui masquent bientôt


- 187 -

les oeufs complètement. Il est facile d'observer alors, au fond du cristallisoir, un certain nombre de petites masses ovoïdes. Au sein de chacune d'elles se trouve une ponte. Le réseau formé par les algues et les détritus constitue un véritable feutrage, paraissant susceptible de remplir un rôle protecteur en maintenant les oeufs dans un milieu humide lorsque les dépressions du Schorre s'assèchent. Il faut voir là une adaptation particulière à la vie en eau saumâtre.

Mais les pontes ne demeurent pas indéfiniment dans cet état de vie ralentie. Au bout d'un temps variable qui oscille entre trois semaines et un mois, on voit les petites masses contenant les oeufs se gonfler. Le mucus des pontes se gorge d'eau et finit par se liquéfier en un point. A ce moment les embryons se montrent de nouveau actifs et bientôt, grâce aux cils de leur voile, ils font éclater la coque de l'oeuf suivant une ligne régulière eh forme de demi-cercle. Immédiatement après les larves quittent définitivement la coquille et nagent librement dans l'eau. Il est bon de remarquer que, contrairement à ce qui existe chez Alderia modesta, les larves de Limapontia depressa n'entraînent pas momentanément la coque de l'oeuf.

De même que chez Alderia modesta, à partir du moment où la larve est libre, je n'ai pu suivre son développement.

RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE

1° Alderia modesta- - Cette espèce fut trouvée en 1844 par Allman dans un marais salé près de Skibberen (Comté de Cork). En 1844 Loven avait également eu l'occasion de la recueillir. En 1850 M. Moggridge et M. Spence Bâte ont signalé sa présence dans le Loughor Marsh près de Swarisea « in the centre of a ditch made


-188 -

brakish by the occasional admission of sea water»: M. W- I. Beaumont a remis à Eliot plusieurs spécimens de cette forme intéressante, étiquetés « Ardfry County Galway, May 1904 ». Enfin A. modesta a été recueilli par A. Luther (1902) et K. M. Levander (1914) dans les eaux dessalées du Golfe de Finlande.

Jusqu'à présent à ma connaissance, le genre Alderia n'est pas connu des côtes de France : il n'est pas signalé dans les listes d'Opisthobranches données par Giard (Wimereux), Hecht (Roscoff), Labbé (Le Croisic), Cuénot (Arcachon), Pruvot-Fol (Banyuls), Vayssière (Marseille).

2° Limapontia depressa. - Cette espèce fut décrite par Aider et Hancock qui l'avaient recueillie en eau saumâtre parmi les Conferves près de Sunderland et de Swansea- D'après Eliot, elle ne paraissait pas, au moins jusqu'en 1910, avoir été retrouvée. Mes recherches bibliographiques ne peuvent que confirmer cette assertionLimapontia

assertionLimapontia serait donc également une forme nouvelle pour les côtes de France.

Laboratoire de Zoologie de la Faculté des Sciences de Caen.

INDEX BIBLIOGRAPHIQUE

1845. ALDER et HANCOCK.. - A monograph of the British nudibranchiate

nudibranchiate 1920. BUGNON. - Contributions à la connaissance de la flore

de Normandie : Observations faites en 1920. Bull

Soc. Linn. Norm., sér. 7, t. III. 1864-69. COSTA. - Divers mémoires in : Annuario del Museo

Zool. della R. Universita di Napoli. 1900. DYBOWSKI. - Beschreibungeiner Hinterkiemer Schnecke

aus dem Baïkal-See. Nach. deutsch. malakozool.

Ges. Jahrg., 32,. p. 143.


- 189 -

1910. ELIOT. - British Nudibranchiate, t. II.

1896. HECHT. - Contribution à l'étude des Nudibranches.

Thèse, Paris. 1914. LEVANDER. - Om förekomsten af Alderia modesta

(Loven) i Finska viken. Meddel. Soc. Fauna flora

fennica, haft 40, p. 51. LOVEN. - Index Molluscorum Scandinoviae. 1902. LUTHER. - Ueber das vorkommeh von Alderia modesta,

bei Helsingfors. Meddel. Soc. Fauna Flora fennica,

haft 28 B, p. 41. 1908. MASSART. -Essai de géographie botanique des districts

littoraux et alluviaux de la Belgique. Recueil de

l'Institut botanique Léo Errera, t. VII, Bruxelles. 1855. NYST. -Description succincte d'un nouveau Mollusque

marin des rives de l'Escaut. Bull. Acad. Roy. Belg.,

t. XXII, p. 435. 1877-79. TRINCHESE. - Aeolidiadae e famiglie affini del porto

di Genova, t. I, II. 1926. WEILL. - Le problème des Cleptocnides. Les nématocystes de Hermea bifida Mont. C. R. Ac. Sc,

t. CLXXXIII, p. 154.


- 190 -

ERRATA

Bulletin mensuel :

Page 70, ligne 20, lire 1906 au lieu de 1905. - 93, ligne 4, lire crassioribus au lieu de crassionibus.


- 191 -

LISTE DES COMMUNICATIONS

par noms d'Auteurs

Les renvois aux pages des Travaux originaux sont en Chiffres gras; les Chiffres ordinaires maigres se rapportent aux pages du Bulletin mensuel.

ANTOINE (M.) : Notes entomologiques. - VIII. Sur quelques Carabiques (Ins. Coléopt.) du Calvados et de l'Orne, p. 70.

BIGOT (A.) : Observations sur des oursins fossiles, p. 22.- Les Turgot et la culture de la pomme de terre en France, p. 30. - Cordiérite de la Bellière, p. 38. - Méduses bajociennes, p. 75. - A propos de l'échouage de Calmars sur les côtes du Calvados, p. 75. - Observations sur des fossiles bathoniens, p. 94. - Feuille Saint-Lô de la Carte géologique détaillée de la France, p. 94. - Analyse de travaux récents sur le Quaternaire du littoral Nord-Ouest de la France, p. 87.

BOUYGUES (Dr H.) : Considérations sur la circulation des liquides dans le tissu ligneux. Deuxième partie (Suite et fin), p. 102.

BUGNON (P.) : Notes de flore normande, p. 59. - Notes de mycologie normande pour 1928, p. 85. - Hypophyllodes et protophyllodes chez le Ribes sanguineum, p. 38. - Les cotylédons du Crataegus monogyna sont des protophyllodes, p. 48.

DALIBERT (M.) : Coléoptères de la Région de Barneville, inédits

pour le département de la Manche (Extrait

du Catalogue des Coléoptères de Normandie

de Fauvel et Dubourguais), p. 50. - Rectifica-


- 192 -

tion, p. 95. - Capture de Coléoptères, p. 95.

- Observations sur Vanessa levana L., p. 100. DALIBERT (M.) et LAISNE (G.) : Nouvelle rectification, p. 70. FOCET (R.) : A propos d'Eleocharis ovata R. Br., p. 95. FRÉMY (Abbé P.) : Polygonum bistorta L. dans le département

de la Manche, p. 49. - Sur la présence en Normandie de Fissidens Julianus (Sav.) Schimp., p. 69. - Gloeocapsa polydermatica Kütz. var. Duquesnayi n. var., p. 92.

GABRIEL (Abbé) : Présentation d'oeul's de coq, p. 65.

GALLIEN (L.) : Présence d'un Mollusque opisthobranche du genre Alderia Allmann dans la baie de Sallenelles (côte du Calvados). Note préliminaire, p. 18. - Sur deux espèces intéressantes de la faune des vases salées de Sallenelles, p. 31. - Etude de deux Mollusques opisthobranches d'eau saumâtre, p. 162.

GUILLAUME (L.) : Sur la présence de Cyclostoma elegans Müller dans la région littorale du Bessin, p. 3.

HUE (Ed.) : Cinq Nautilus découverts sur les plages de Luc et de Langrune, p. 57. - Deux racines de bois fossiles découvertes sur la plage de Luc, p. 58.

- Ossements quaternaires des limons du Corps-de-Garde de Luc, p. 58.

LAISSÉ (G.) : Contribution à l'étude des Hydrocorises de de Normandie. Insectes capturés aux environs d'Alençon et du Mesle-sur-Sarthe, p. 97. - Note sur quelques Hétéroptères nouveaux à ma connaissance peur la région, p. 98. - Observation sur Vanessa levana L., p. 100. Voir Dalibert, p. 70.

LEBIS (G.) : Aberration nouvelle du Chrysocarabus auronitens Fbr. Ab. Oberthüri Lebis, p. 28.

LEBOUCHER (J.) : Mesosa nubila Gmel. = Haplocnemia nebulosa

Fabr., p. 95. - Observations sur les Paludina

Paludina p. 100. - Vanessa (Araschnias)

levana L. et sa forme estivale prorsa L., p 100.


- 193 -

LE CANNELIER (P.),: Triton marbré, p. 91. - Gortyna flavago Schiff., p. 91. - Dytiscus circumflexus F., p. 91.

LELOUTRE : Polypodium cambricum L., p. 30.

LEMÉE (G) : Nouvelle localité du Limax cinereo-niger Woolf, aux environs d'Alencon, p. 7. - Le Gnorimus octopunctatus F. observé aux environs d'Alençon, p. 8. - Plantes rares des environs d'Alençon, p. 93.

LEROUX-LEGUEUX (Mme M.) : Sur un petit coléoptère fouisseur : Heteroceras maritimus Guér., p. 6.

MARIE (G.): Culture du Lupin à café à Sully près Bayeux, p. 24. - Pommes à cidre tératologiques, p. 25.

MAURY (A.) : Note sur les Gnathiidae (Crustacés isopodes) de la faune normande, p. 25. - Tanaïdaeés et Isopodes des côtes normandes (Excl. Epica. rides). - (Crustacés marins d'eau saumàtre et d'eau douce), p. 1.52.

MAZETIER (G.) : Captures récentes de Coléoptères rares ou paraissant nouveaux pour le Calvados ou pour la Normandie, p. 41. - Acanthinula aculeata Müller, p. 42. - Helix arbustorum L. dans le Calvados, p. 65. - Captures de Coléoptères rares ou paraissant nouveaux pour le Calvados ou pour la Normandie, p. 83. - Sphodrus leucophtalmus L., p. 85. - Voir POISSON (R.), p. 84.

MERCIER (J.) : Note sur un radiole de Cidaris calloviensis Cott. parasité, p. 16. - Notes échinologiques, III, p. 76. - A propos des variations de l'aire ligamentaire d'Ostrea Wiltonensis Lyc. et du genre Pernostrea Munier-Chalmas, p. 3. - Etude sur le contact du Bathonien et du Callovien en Normandie et dans la Sarthe et sur l'équivalent du Cornbrash anglais, p. 7. -Application des empreintes à la celluloïdine pour l'étude des Echinodermes fossiles, p. 129,

13


- 194 -

MERCIER (L.) : A propos de la présence de Cyclpstoma elegans Miiller dans la région littorale du Bessin, p. 5.

- Quelques Calliphorinae, types d'espèces jointives capturées à Luc-sur-Mer, p. 10. - Question posée par la distribution géographique de certains diptères, p. 51. - Diptères capturés au coups de l'excursion Carteret-Barneville, p. 80.

MERCIER (L.) et TOLMER (Abbé L ) : Anomalie dans la nervation des ailes chez Napaea coarctata Fall. (Diptère-Ephydridae), p. 33. - Introduction à l'étude des Ephydridae de la faune de France

- Catalogue raisonné des Ephydrides de Normandie, p. 132.

MOUTIER (Dr A.) : Présentation d'oursins fossiles, p. 22. - Fossiles bathoniens, p. 94.

POISSON (R.) : Présentation d'un Coenurus serialis Gerv., forme larvaire du Taenia serialis Baillet, p. 8. - Notes fauniques, p. 61. - Contribution à l'étude des Pentatomidae (Hém. Hétér.) de Normandie, p. 57. - Sur la rareté de plus en plus grande en Normandie de l'Hirondelle de fenêtre (Delichon urbica L.) et de l'Hirondelle de cheminée (Hirundo rustica L.), p. 93.

POISSON (R.) et MAZETIER (G.) : A propos de deux Coléoptères myrmécophiles du genre Atemeles Steph. (Staphilinidae-Aleocharinae), p. 84.

PORTE (P.) : Méduses bajociennes, p. 75. - A propos de l'échouage de Calmars sur la côte du Calvados, p. 75.

TOLMER (Abbé L.) : OEufs de poules nains ou oeufs de coq. Les légendes ; le déterminisme de leur formation, p. 39. - Note sur la Faune marine de la région de Luc-sur-Mer, juillet-septembre 1928, p. 77. - Essai sur la répartition géographique du genre Polycera Cuv., 1817 (Mollusque nudibranche) et des trois espèces : P. quadrilineata


- 195 -

Müller, P. Lessonii d'Orb., P. ocellata Aider et Hancock, p. 30. - La faune des côtes de la Manche au XVIe siècle d'après François Rabelais' p. 97. - (Voir L. Mercier), p. 33. - (Voir L. Mercier), p. 132. TOURTEAU (M.) : Notes entomologiques, p. 98. - Paludina vivipara Moq-Tand, p. 99. - Présentation de plantes, p. 100.


- 196

TABLE DES MATIERES

Pages Composition du Bureau de la Société pour l'année 1928 II Membres décédés pendant l'année 1927 II

BULLETINS MENSUELS

Bulletin mensuel du 9 janvier 1928 1

- 6 février 1928 14

- 5 mars 1928 23

- 16 avril 1928 37

- 7 mai 1928 44

- 3 juin 1928 46

- 2 juillet 1928 56

- 5 novembre 1928 67

- 3 décembre 1928 88

- 27 novembre 1928 (Section d'Alençon) 94

Admissions : MM. Gallien, Abbé Gourney, p. 2; P. Macaire, p. 16; Dr Gombert, p. 35; Dr Cauvin, p. 48; Pennes, p. 57;

P. Le Cannelier, p. 68; P. Henry, Touchet, p. 90. Allocution du Président à la séance annuelle du 3 juin : p. 57. Bibliographie : p. 66. Budget : p. 15.

Commission d'impression : p. 2, 89. Condoléances : p. 23. Correspondance : p. 1, 14, 23, 38, 56, 67. Démissions : p. 24, 90.

Dépôt de travaux : p. 3, 16, 24, 38, 45, 57, 69, 90. Distinctions honorifiques : MM. l'abbé Gabriel, p. 14; Aubert,

p. 68; Dr J. Hommey, p. 89. Dons à la Bibliothèque : p. 2, 16, 24, 38, 45, 48, 68, 90. Échanges de publications : p. 23. Élections : p. 2.


- 197 -

Excursion annuelle : p. 15, 46. Errata : p. 190.

Nominations : MM. A. Bigot, p. 24; P. Bugnon, p. 88. Présentations : p. 2, 24, 44, 48, 56, 68, 89. Prix Paul Drouet : p. 2. Prix Hébert : M. P. Sève, p. 1. Prix de Guerne : M. J. Roy, p. 44. Réunion annuelle : p. 43, 46.

Réunion de la Société Géologique et Minéralogique de Bretagne : p. 53.

TRAVAUX ORIGINAUX

Pages

1. - MERCIER (J.), A propos des variations de l'aire

ligamentaire d'Ostrea Wiltonensis Lyc. et du

genre Pernostrea Munier-Chalmas 3

2. - MERCIER (J.), Etude sur le contact du Bathonien

Bathonien du Callovien en Normandie et dans la Sarthe et sur l'équivalent du Cornbrash anglais 7

3. - TOLMER (Abbé L.), Essai sur la répartition

géographique du genre Polycera Cuv. 1817 (Mollusque nubibranche) et des trois espèces : P. quadrilineata Müller, P. Lessonii d'Orb., P. ocellata Aider et Hancock 30

4. - BUGNON (P.), Hypophyllodes et protophyllodes

chez le Ribes sanguineum 38

5. - BUGNON (P.), Les cotylédons du Cratsegus

monogyna sont des protophyllodes 48

6. - POISSON (R.), Contribution à l'étude des Pentatomidae

Pentatomidae hétéropt.) de Normandie.. 57

7. - POISSON (R.) et MAZETIER (G.), A propos de

deux Coléoptères myrmécophiles du genre

A temeles Steph. (Staphilinidae. A leocharinae). 84

8. - BIGOT (A.), Analyse de travaux récents sur le

Quaternaire du littoral Nord-Ouest de la France 87


- 198 -

9. POISSON (R.). Sur la rareté de plus en plus grande en Normandie de l'Hirondelle. de fenêtre (Delichon urbica L.) et de l'Hirondelle de cheminée (Hirundo rustica L.) 93

10. - TOLMER (Abbé L.), La faune des côtes de la

Manche au XVIe siècle d'après François Rabelais 97

11. - BOUYGUES (Dr H.), Considérations sur la circulation

circulation liquides dans le tissu ligneux. Deuxième partie (Suite et fin) 102

12. - MERCIER (J.), Application des empreintes à la

celluloïdine pour l'étude des Echinodermes fossiles.. 129

13. - MERCIER (L.) et TOLMER (Abbé L.), Introduction

Introduction l'étude des Ephydridae de la faune de France. - Catalogue raisonné des Ephydrides de Normandie 132

14. - MAURY (A.), Tanaïdacées et Isopodes des côtes

normandes (Excl. Epicarides) - Crustacés marins d'eau saumâtre et d'eau douce. 1S2

15 - GALLIEN (L.), Etude de deux Mollusques opisthobranches

opisthobranches saumâtre 162

Liste des Communications par noms d'Auteur 191


LE

BON A TIRER

DE CE BULLETIN

A ÉTÉ DONNÉ

LE 11 AVRIL

1929

Le Vice-Secrétaire, Gérant du Bulletin : J. MERCIER

Caen - Imprimerie E. LA.NIER, 81, boulevard Bertrand



PRIX

DES PUBLICATIONS DE LA SOCIETE LINNÉENNE

DE NORMANDIE

(Décision de la Société du 8 Avril 1929)

1. - Séances publiques de la Société

Séance tenue à Falaise le 5 juin 1834. In-8°, 152 pages. (épuisé)

» » à Bayeux le 4 juin 1835. In-8°, 92 p. . . (épuisé)

" » à Vire le 24 mai 1836. In-8°, 160 p. . . . 150

» » à Honneur le 28 juin 1837. In-8°, 74 p. . . 1 fr.

II. - Mémoires de la Société Linnéenne du Calvados

Tome Ier, 1824. In-8°, 300 pages, 10 planches 40 fr.

» II, 1825. In-8°, 600 p. et Atlas in-4°, de 26 pl.

(Atlas épuisé) 80

Mémoires de la Société Linnéenne de Normandie

Tome III, 1826-27. In-8°, 368 pages et Atlas in-4° de

6 planches coloriés (épuisé)

» IV, 1828. In-8°, 409 p. et Atlas in-4° de 8 pl. coloriées (épuisé)

2e Série, 1er vol., 1829 ; 1re partie. In-4°, 193 p., 4 pl. (épuisé). - C'est le seul fascicule de cette série que la Société ait publié.

Tome V, 1829-33. In-4°, 281 p., 6 pl. 40 fr.

» VI, 1834-38. » 312 p., 11 pl. 45

» VII, 1839-42. » 232 p., 12 pl (épuisé)

» VIII, 1843-48. » 369 p., 19 pl 80

» IX, 1849-53. » 257 p., 15 pl 60

» X, 1854-55. » 343 .p., 18 pl. .... . 70

» XI, 1856-59. » 276 p., 31 pl 80

» XII, 1860-61. » 177 p., 14 pl (épuisé)

» XIII, 1862-63. » 310 p., 18 pl 70

» XIV, 1863-64. » 404 p., 8 pl (épuisé)

» XV, 1865-68. » 408 p., 5 pl. ..... 40

» XVI, 1869-72. » 539 p., 26 pl. . . . . . 120

» XVII, 1892-93. » 346 p., 16 pl. (2e série, 1er vol.) 90

» XVIII, 1894-95. » 623 p., 19 pl. ( » 2e » ) 90

» XIX, 1897-99. » 376 p., 17 pl. ( » 3e » ) 90

» XX, 1900-01. » 327 p" 11 pl. ( » 4e » ) 90

» XXI, 1902-21. » 216 p., 4 pl. ( » 5e » ) 90

» XXII, 1904-07. » 336 p., 23 pl. ( » 6e ») 90

» XXIII, 1908-09. » 160 p., 10 pl. ( » 7e » ) 90

» XXIV, 1911-13. » 179 p., 9 pl. ( » 8 " 90


Sommaire des derniers volumes de Mémoires :

T. XXV (336 p., 6 pl.).- H. HUMBERT, Les Composées de Madagascar (Prix de ce volume : 100 francs).

T. XXVI (166 p., 12 pl.). - Aug. CHEVALIER, Octave Lignier, Professeur de Botanique à la Faculté des Sciences de l'Université de Caen, ancien Secrétaire et Président de la Société Linnéenne de Normandie (1855-1916). - P BUGNON, Contribution à la connaissance de l'appareil conducteur chez les Graminées. - Fr. PELLEGRIN, La Flore du Mayombe d'après les récoltes de M. Georges Le Testu (Prix de ce volume : 100 francs).

Nouvelle série. Section zoologique. T. I, 1er fasc. (20 p., fig. dans le texte). - Max KOLLMANN, Etudes sur les Lémuriens. La fosse orbito-temporale et l'os planum (Prix de ce fascicule : 15 francs).

Section botanique. (T. I, 187 p., 9 pl. et 1 carte). - H. PERRIER DE

LA BATHIE, Les Lomatophyllum et les Aloe de Madagascar. -

H. PERRIER DE LA BATHIE, Les Dioscoréacées de Madagascar.

Madagascar. F. PELLEGRIN, La Flore du Mayombe (Prix de ce

volume : 105 francs).

AVIS

La Société possède encore en magasin un certain nombre de volumes de son Bulletin ; elle les met en vente aux prix suivants :

1re SÉRIE.

Tome I, 1855-56 20 fr.

» II, 1856-57 .... 25

» III, 1857-58 . . (épuisé)

» IV, 1858-59 . . . épuisé)

» V, 1859-60 . . . (épuisé).

»? VI, 1860-61 . . . (épuisé)

» VII, 1861-62 . . . (épuisé

» VIII, 1862.-63 . . . (épuisé)

» IX, 1863-64 . . . (épuisé)

» X, 1864-65 . . . .8.0 fr.

2e SÉRIE.

Tome I, 1865-66 ... .24 fr. " II, 1867 ..... .. 24

» III, 1868 20

» IV, 1868-69 . . . .20

Tome V, 1869-70 . . . . 20 » VI, 1870-72 . . . .20

» VII, 1872-73 ... .35 " VIII, 1873-74 . . .. . 85 » IX, 1874-75 . . : (épuisé) » X, 1875-76 . . . (épuisé)

3e SÉRIE.

Tome I, 1876-77 (rare) . . 30 fr. » II, 1877-78 . . . 30 » III, 1878-79 . .. .30 » IV, 1879-80 . . . (épuisé) V, 1880-81 (rare) . . 30 fr. » VI, 1381-82 .... 27 » VII, 1882-83 .... 30 » VIII, 1883-84 .... 45 ». IX, 1884-85 .... 25 » X, 1885-86 . . : 20

4e SÉRIE

Tome I, 1886-87 . . (épuisé)

» II, 1887-88 .... 35 fr.

» III, 1888-89 . . . .30

» IV, 1889-90 .... 25

» V, 1890-91 . . . .30

» IV, 1891-92 . : . (épuisé)

» VII, 1892-93 . . . (épuisé)

» VIII, 1893-94 .... 25 fr.

» IX, 1894-95 . . . .25

» X. 189596 .... 25

Les volumes des SÉRIES suivantes sont vendus chacun 30 fr.

Le volume supplémentaire publié en 1926, à l'occasion du Centenaire, est vendu 10 francs. La table des travaux originaux parus dans les Mémoires de 1824 à 1924, est vendue 2 francs.

Pour toute demande d'achat, s'adresser à M. BIGOT, secrétaire, Faculté des Sciences, à Caen (1).

(1) Afin de permettre à ses Membres de compléter leur collection, la Société leur accordera une réduction de 1/5 sur les prix ci-dessus.