verve naturelle . Il ne cherchait pas ce genre d' esprit qui se fausse à vouloir briller et qui croit triompher de la raison quand il triomphe avec des mots . Il avait cet autre genre d' esprit , mille fois plus précieux , qu' on pourrait appeler : Le charme de la raison . Sa sympathie ne fut jamais hypocrite . Il racontait crûment les défauts des autres , et non moins franchement les siens , et cela ne l' empêchait pas de rendre justice à chacun . Il ne cachait ni l' excès de ses admirations ni l' excès de ses désapprobations . Il me dit un jour , en parlant de Moréas : « C' est un charmant garçon . Je l' aime beaucoup ... Il a fait quelques beaux vers ». Il ajouta , après une pause , comme une simple constatation : « J' ai rarement vu un cerveau aussi nul . Il ne sait absolument rien et n' a guère lu que les poètes du XVI e siècle », ce qui ne l' empêchait pas de louer les vers de Moréas et de les citer très souvent .
Un exemple montrera jusqu' à quel point Heredia poussait la franchise . Un homme de lettres de ses amis vint Un jour lui annoncer son mariage avec une femme galante très connue : « Mon cher Heredia , lui dit -il , je viens vous consulter ... Je me marie ». « Bah ! dit le poète ... Mes compliments ... Et avec qui ? » – « Je fais , reprit l' écrivain , un mariage