et Chateaubriand , fut attiré par la politique . Ses complications de sensibilité n' avaient rien d' absolument inconciliable avec le nouveau rôle de propagande patriotique qu' il a si éloquemment rempli depuis la guerre . Barrès n' est ni un politicien , ni un philosophe . Il est tout simplement un grand artiste , c' est-à-dire l' égal d' un très grand penseur . Sa gloire aura été de nous avoir donné dans plusieurs de ses livres ( La Mort de Venise , Du Sang et de la Volupté , etc. ), quelques accents impérissables d' une âme épuisée de satiété et d' infini . C' est en cela qu' il m' apparaît parfois comme le plus grand écrivain de notre temps .
Il me dit un jour , en parlant de Chateaubriand :
« Ah ! celui-là , il nous a tous créés . » Barrès est notre Chateaubriand en réduction . Avec plus de préciosité , il a le même désabusement , et son style a souvent la même image illuminatrice et hautaine . L' homme est déconcertant . Mélange de familiarité et d' ironie , Barrès a toujours l' air de se prêter , non de se donner . Il condescend , il ne se livre pas . Il est aimable pour ceux qui l' aiment , sans que l' admiration qu' on lui témoigne l' incline à connaître de plus près ses admirateurs . Je n' ai eu avec lui , pour ma part , que des relations agréables . Il m' a même fait un cadeau qui