d' opinions m' aient empêché de connaître un homme dont j' ai toujours sincèrement admiré le talent . J' ai cru devoir publier ces courtes lettres , pour montrer par quels éloges et quelles réserves Rémy de Gourmont atténuait la rigueur d' une critique qu' on eût pu croire irréductible .
Puisque j' en suis au chapitre des correspondances , je dois dire que la publication de mes livres sur le style m' a valu d' innombrables lettres , auxquelles j' ai toujours pris la peine de répondre et qui n' ont , d' ailleurs , d' intérêt que pour moi . En voici une , néanmoins , qui mérite d' être reproduite comme un curieux échantillon d' originalité macabre . Elle m' a été adressée par un inconnu qui fait appel à ma prétendue compétence littéraire pour lui rendre un service d' un genre tout à fait imprévu .
Paris , il , rue de Châteaudun 1 7 mars 1 9 1 4 .
Monsieur ,
Comme tous ceux qui ont lu et relu vos ouvrages , je suis un admirateur de vos œuvres . Pourquoi , pensez -vous , a - t - il fallu que ce sentiment m' ait poussé à me croire autorisé à venir vous demander un service moral ?
Voici les faits :
Je Suis actuellement sous l' aile de la mort , impavidus