Mistral s' est cru quitte envers la Provence du Var en insérant dans le dixième chant de Calendal la description de Cassis , Aix et les jeux de la Fête-Dieu . Le grand poète connaissait très peu notre beau pays de montagnes et ne sortait presque pas du territoire Avignonnais . Il est venu à Aix vers la fin de sa vie , pour assister à son apothéose , et il est reparti le soir même . C' est toujours avec cette hâte qu' il faisait ses voyages hors du Comtat . Supposez Mistral né à Aix ou habitant le Var , tout changeait . C' est notre Provence qu' il eût chantée ; Aix eut égalé la renommée d' Arles , et Sainte-Victoire eût été plus célèbre que les Alpilles . C' est ainsi que la terre elle-même suit les destinées de la poésie .
Ces réserves , encore une fois , n' ôtent rien à l' admiration que j' ai pour une œuvre qui m' apparaît parfois comme celle du plus grand poète du XIX e siècle . Je reste , malgré tout , provençal de cœur et d' âme , et j' avoue qu' il ne m' a jamais été possible de lire Mireille sans pleurer comme un enfant . J' ai passé les quarantes premières années de ma vie en Provence ; j' ai vu dans ma jeunesse les villageoises danser au son du fifre et du tambourin ; et aujourd'hui encore je ne puis entendre bourdonner cette lointaine musique dans une fête