charme . On ne résiste pas à sa bonhomie imperturbable , à sa diction sobre , réfléchie , qui appuie et détache tout ce qu' elle exprime et sait mettre parfois tant d' émotion dans les choses les plus simples , comme dans ces lignes sur Alphonse Daudet : « C' était un être merveilleux . Il était beau et il avait une âme infiniment tendre , frémissante , aimante . Il avait la pitié et l' intelligence la plus profonde des faiblesses et des misères ... Je ne pense jamais à lui sans un mortel regret de ne pas l' avoir vu autant que j' aurais pu le voir , ni sans un serrement de cœur au souvenir de ses souffrances et de l' interruption si douloureuse d' une si éclatante fortune . Il est celui que j' ai admiré , senti , aimé le plus directement , le plus familièrement ... »
Jules Lemaître a quelquefois , sans avoir l' air d' y toucher , des réflexions surprenantes . Lisez ceci sur le roman d' Halévy , L' Abbé Constantin : « Il se fait là trop de mélanges adultères de l' amour de l' argent et de l' amour . Je dis qu' un garçon pauvre , qui aime une fille dix fois millionnaire , ne peut savoir pourquoi il l' aime ; je dis qu' un garçon pauvre , au cœur bien situé , ne doit pas épouser une demoiselle de dix millions et que , au surplus , jamais il ne se mettra dans le cas d' avoir à se prononcer